Plus que jamais, Kate avait envie de faire ou de dire quelque chose pour garder Mark à ses cotés. Elle ne voulait pas le laisser partir sans essayer de réparer ce qu’elle avait brisé. Mais il y avait un fossé immense entre ce qu’elle voulait et ce qu’elle pouvait. Elle n’avait pas le droit de chambouler l’équilibre que Mark semblait avoir enfin mis dans sa vie, en grande partie grâce à Elisabeth. D’ailleurs, elle était convaincue que même si elle essayait de retenir Mark, ce dernier refuserait. Il faudrait être complètement cinglé pour se séparer d’une femme sans peurs ni doutes qui lui proposait un avenir simple et stable pour retourner avec une ex dont la seule réelle constante de vie était son travail. S’il était sans attaches, il serait à peu près probable qu’il prenne ce risque mais il avait Alyssa et il ne pouvait pas se permettre de baser son futur sur des incertitudes et des "on verra ce que ça donne".
Kate n’était toujours pas décidée à se retourner pour faire face à Mark. Ce serait trop dur de le regarder et même si sa voix trahissait déjà son émotion, elle ne voulait pas qu’il remarque ses yeux embués de larmes et l’effort qu’elle faisait pour ne pas les laisser couler. En s’avançant vers elle pour la serrer contre lui, il ne lui rendait pas la tâche plus facile. Comme pour marquer sa volonté de ne pas le retenir égoïstement, la jeune garda ses bras le long du corps et ne chercha pas à resserrer l’étreinte. Elle résista à l’envie de poser sa main sur celle de Mark et resta silencieuse. Elle ne comprit pas pourquoi il lui disait qu’il était désolé et même lorsqu'il ajouta qu’il n’aurait pas du venir jusque chez elle, la raison restait vague. Cela voulait-il dire qu’elle avait réussi à lui faire comprendre, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ce qui l’avait poussé à partir? Lui seul le savait.
L’ascenseur arriva à l’étage et le léger tintement qui l’annonçait était aussi le signal de départ pour Mark. Il souhaita à l’architecte d’être heureuse, l’embrassa sur les cheveux et la lâcha, n’ayant pour réponse qu’un silence toujours imperturbable. La jeune femme se voyait mal lui dire que le meilleur moyen de la rendre heureuse était qu’ils soient de nouveau réunis. Mark était sur le point de partir et il fallait qu’elle le laisse s’en aller, sans le retenir. Juste après que les portes de l’ascenseur se soient refermées derrière lui et pour éviter que son voisin ne se pose des questions sur ce qu’il se passait, Kate retourna chez elle et ferma la porte à clé. Comme si de rien n’était, elle se dirigea vers la cuisine et commença à préparer son dîner sans toutefois avoir vraiment l’intention de manger. Elle n’avait pas du tout faim mais il lui semblait qu’elle n’avait pas d’autre option que celle de poursuivre sa vie sans Mark. Elle n’irait pas lui courir après pour le retenir et elle ne sortirait pas non plus sur sa terrasse pour le voir monter dans un taxi. Elle allait juste cuisiner, manger ce que son estomac noué lui permettait, promener George, bref, elle allait passer une soirée somme toute banale et le lendemain, elle reprendrait sa routine.