Altéa & Mei Chan

Je posai le regard sur le cadran de ma montre à gousset, puis la rangeai. C'est pas vrai. Sept heures déjà. Pour la cinquième fois en une demie heure, je me levai de ma chaise et partit en direction de la chambre d'Hisashi. Bon. Il allait falloir employer les grands moyens, visiblement, puisque la méthode douce ne marchait plus. Je partis remplir un verre d'eau froide dans la cuisine puis revint dans sa chambre. Je tirai le rideau, laissant le jour éclairer la pièce, puis me dirigeai vers le lit de mon fils. Je l'observai quelques secondes, histoire de voir si la lumière le réveillait ou non. Toujours endormi. J'avançai le bras, et fit basculer le verre. Dès que son contenu tomba sur le visage d'Hisashi, il se réveilla, en hurlant, avant de poser son regard choqué sur moi. « Yah ! Tu veux me faire faire une attaque, c'est ça ? Avoue !! » Je le regardai, haussant les sourcils. « T'es trop jeune pour faire une attaque, idiot. Maintenant, bouge-toi un peu plus, il est sept heures. Tu vas encore être en retard. », dis-je en sortant de la pièce. Je l'entendis hurler de surprise, et devinai qu'il venait de voir l'heure sur son portable, constatant que j'avais raison. Vingt minutes plus tard, je le vis arriver en courant dans la salle à manger, avec ses doc martens aux pieds, un jean déchiré par endroits, un t-shirt noir et une chemise à carreaux rouge et noir et à manches courtes ouverte ses cheveux soigneusement en bataille, ses bijoux style rock et son trait de crayon sous les yeux. Il semblait essoufflé d'avoir tant accéléré le rythme, mais retrouva rapidement sa forme et son sourire en coin. Qui croirait qu'il y avait deux mois, ce même idiot avait fait une tentative de suicide ? Dont j'étais le seul responsable. Bizarrement, depuis sa sortie, il y avait un peu plus d'un mois, il semblait faire comme si de rien n'était. Je n'avais pas abordé de nouveau le sujet. Et c'était très bien comme ça. Une quart d'heure plus tard, il partit au lycée, la journée continua normalement. Rien à déclarer. Jusqu'en début d'après-midi. Je reçus un appel d'une vieille connaissance, Altéa. La fille des propriétaire du magazine qui m'avait fait revenir à New York après la mort d'Ah Reum. Apparemment, elle avait besoin d'un photographe pour un shooting. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de ses nouvelles. Plusieurs années. J'avais d'ailleurs mis quelques instants avant de me souvenir de qui elle était.  N'ayant rien d'autre de prévu aujourd'hui, j'acceptai de lui rendre ce service. Le temps de me maquiller, d'enfiler ma perruque blonde que je portais au travail et de me changer, et je partis, simplement muni de mon appareil photo, sur le lieu du shooting, espérant que le matériel pour l'éclairage était déjà sur place. Au bout d'un certain temps, je finis par arriver. Une discothèque... hormis pour des shootings, je n'avais jamais fréquenté ce genre de lieux. Disons que ce n'était pas comme ça que je m'amusais. Je troquais cette musique trop forte et cette promiscuité accompagnée d'une chaleur étouffante contre le fraîcheur de mon appartement et un livre. Je cherchais du regard Altéa, histoire de savoir en détails ce que j'avais à faire. Mon regard se posa sur une femme châtain aux cheveux courts. Elle se retourna un bref instant, je reconnus Altéa. Je m'approchai d'elle et posai un instant ma main sur son épaule pour attirer son attention. « Salut Altéa. Hm. Je crois que j'ai un peu d'avance, en fait... », remarquai-je en réalisant qu'elle était la seule personne présente sur les lieux. Je commençai à me demander si je n'avais pas mal entendu l'heure, d'ailleurs. La fatigue, ça fait entendre n'importe quoi...