Aujourd’hui c’était un jour intense. Il manquait un croupier, alors forcément, on faisait avec les moyens du bord. Et par conséquent, je devais le remplacer. Pas d’autres choix. Dans le fond, ça ne me dérangeait pas, je pouvais me faire de l’argent, et pas qu’un peu. C’était aussi un risque, surtout si les flics débarquaient, mais bizarrement, ici, il n’y avait jamais eu de souci… Tant mieux. Ayant déjà fait dix ans de taule, j’étais sûr, que je prendrais une peine exagérée, juste parce que j’étais un ancien taulard. La justice Américaine… Soupirant, je me regardais vite fait dans le miroir, avant de retourner dans la salle pour servir les cartes. Poker Time. Restant de marbre, devant ces jeunes femmes, riche comme jamais, qui se battait en duel, je récupérais un jeton de cent dollars que l’une d’elle venait de me lancer comme pourboire. La remerciant d’un sourire plutôt aguicheur, je le mis dans ma poche avant de distribuer des cartes. Les mises pouvaient être lancées. Observant la partie, restant muet, sauf lorsque les mises étaient lancées, je distribuais carte et poussais les jetons suivant le flue du jeu. La partie se terminant, je récupérais les cartes, et laissais les femmes partir. Rangeant le jeu et les jetons qui restaient, je retournais ranger la mallette de jeu avant de me poser sur un canapé, et fumer une clope. Une fille arrivait elle aussi, venant de finir la partie avant de prendre elle aussi une clope. Discutant avec elle, de tout et de rien, on attendant sagement que des joueurs en plus arrivent, ou qu’un jeu ayant besoin de deux croupiers débutent. C’était malgré tout une soirée calme. Tant mieux pour un remplacement, je n’en demandais pas mieux. Sortant de la pièce après avoir passé plus de trente minutes sans rien faire, je tournais, rangeant les tables, ou balayant le sol, m’occupant un peu, histoire de ne pas rien faire. Entendant du grabuge à l’entrée, je tournais vaguement le regard avant d’aller ranger le matos. C’était bien courant ça. Des nouveaux qui voulaient tenter de venir ici, mais il fallait avoir de l’argent, et surtout… Une bonne tête. Pas une tête de flic quoi. Poussant le rideau, je me figeais avant de cligner des yeux. What the… Alexia ?! Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Entrouvrant la bouche, je m’approchais d’elle avant de l’attraper par le bras et la tourner face à moi. « Qu’est-ce tu fous ici ? » Mon ton n’était pas méchant, mais… Surtout surpris et un peu inquiet. Je n’aimais pas la voir ici. Il n’y avait pas que des gens net dans le coin. Les riches pouvaient être parfois les pires. « Tu la connais Ryu ? » Me demanda alors une collègue en s’arrêtant à côté de moi. Hochant simplement la tête je pris la main d’Alex avant de l’amener dans la salle de repos, qui heureusement se trouvait vide. La lâchant je soupirais en passant une main sur mes yeux. « Tu m’expliques ? Comment t'as fait pour rentrer ici ? » Ouais. après tout elle était mineure bordel !

illegal things...

La journée était enfin finie. J'avais pas eu beaucoup de cours, juste suffisamment pour me crever. J'étais installée à la maison en pensant que Ryu n'allait pas tarder mais non il était de remplacement d'après ce que j'avais compris. Je commençais à en avoir marre je devais bien l'avouer. Non seulement je ne le voyais plus beaucoup ces derniers temps mais en plus c'était pour qu'il passe ses soirées avec ces pimbêches friquées plus que de raison qui le draguait ouvertement. Elles ne se gênaient pas pour lui donner des pourboires outrageux et même si j'avais confiance en Ryu, j'avais peur qu'elles attendent de lui plus que ce que devrait faire un simple croupier. Alors j'avais décidé d'aller le voir. Il m'avait toujours interdit d'y aller et puis je n'avais pas encore l'âge pour entrer dans un casino. Sauf que j'avais pu me procurer une fausse carte d'identité. On repassera sur les détails, bien sur illégaux, du comment j'avais eu cette carte car si ça venait à se savoir j'allais en prendre pour mon grade. Et je ne voulais pas mettre dans l'embarras Ryu non plus. Je savais que ce n'était pas une bonne idée de me pointer là bas mais j'y pouvais rien, j'étais impulsive, c'était comme ça. J'étais donc en route, ayant essayé de m'habiller un peu plus classe qu'à mon habitude. J'avais enfiler un jean noir slim, une blouse blanche et des bottines noires. Simple mais beaucoup plus passe partout que mes jeans couverts de peintures.

J'arrivais devant l'entrée et avait présenté ma carte. Je n'étais plus très loin de mes 21 ans maintenant donc un peu de maquillage suffisait à faire illusion. J'entrais dans le lieu qui ne ressemblait à aucun autre. Je pensais me faire discrète en me fondant dans un coin et en observant ce qu'il se passait mais évidemment j'étais trop optimiste. J'entendis du bruit derrière moi et n'eus pas besoin de me retourner pour savoir qui parlait.  « Qu’est-ce tu fous ici ? » Je me figeais sur place n'osant pas me retourner mais il en a décidé autrement. Il m'attrapa par le bras avant de me retourner assez sèchement face à lui. J'étais pas dans la merde là. Une jeune femme lui demanda s'il me connaissait et il ne prit même pas la tête de lui répondre oralement, se contentant d'un hochement de tête avant de m'entrainer dans un endroit à l'écart de l'agitation ambiante. La salle était vide et je n'étais pas sure que ce soit une bonne chose finalement.  « Tu m’expliques ? Comment t'as fait pour rentrer ici ? » J'allais m'en prendre plein la gueule, j'avais intérêt à choisir mes mots ou bien mentir. Ou mélanger les deux. De toute façon je n'allais pas pouvoir lui cacher ma fausse carte d'identité ça c'est sur. Mais je pouvais lui mentir sur ma raison d'être ici. J'inspirais avant de me lancer. « J'ai.. Je voulais t'attendre dehors et y'avait des mecs louches alors je suis entrée. » Ca ne réglait pas le problème de comment j'étais entrée alors je me jetais à l'eau. « J'ai une fausse carte... » lâchais-je d'un murmure n'assumant pas ce que je disais.

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S’il y avait bien une personne à laquelle je ne pensais pas tomber sur mon lieu de travail, c’était bien Alexia. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Et pourquoi ? En plus elle était mineure et c’était loin d’être une mince affaire. Si jamais. Sait-on jamais. Il y avait une décente des flics, elle était dans de beaux draps. Mais pour l’instant, depuis que je bossais ici, il n’y avait jamais eu de soucis. Lenzo et Renji s’occupait parfaitement bien du lieu. C’était ça d’avoir du fric surement. Pour ma part, malheureusement, ce n’était pas le cas. C’est bien pour ça que je miserais et m’étais retrouvé à bosser ici. « J'ai... Je voulais t'attendre dehors et y'avait des mecs louches alors je suis entrée. » Mouais. J’avais l’impression que ça sonnait comme un mensonge. Je commençais à la connaitre, je n’étais pas débile non plus. Et même si nous avions été séparés pendant dix ans, je la connaissais parfaitement. « J'ai une fausse carte... » Manquant de m’étrangler avec ma salive, je toussais franchement avant de me frapper le torse. « Quoi ?! » dis-je d’une voix presque coupé et inaudible pour le coup. Elle se foutait de moi là ? Elle avait une fausse carte d’identité ? Pourquoi ? Comment ? Oui, non surtout comment elle avait fait pour avoir ce genre de faux papier ? Ce n’était pas un truc qui courait les rues. Enfin, si presque, mais pour le faire, il faut de l’argent… Et dire que je lui donnais de l’argent en pensant qu’elle s’achetait à manger ou des fringues, des trucs de son âge quoi. Non, mademoiselle s’achète une fausse carte d’identité. « Tu m’expliques ou tu l’as trouvé ? Enfin, ou tu te l’es procuré. » Demandai-je calmement, parce que ça ne servait à rien de s’énerver. A quoi bon ? Elle n’était plus une enfant. Enfin, un peu, peut-être pour le coup. « T’as pas honte, d’utiliser une fausse carte d’identité ? Si tu te fais chopper, t’as pensé aux conséquences ? Je suis ton tuteur Alex. Et j’ai fait de la prison. » En clair, c’est moi qui serait jugé, et on risquait de me l’enlever… Même s’il ne lui restait plus que quelques années avant d’être majeur, je ne voulais pas être à nouveau séparé d’elle.

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J’allais passé un sale quart d’heure. Non mais quelle idée stupide j’avais eu sérieusement ! Qu’est ce qu’il m’avait pris de venir le voir ici. Comme ci il allait m’accueillir les bras ouverts pour être entré dans un casino illégalement. Ce que je pouvais être stupide des fois. Et totalement impulsive. Je n’avais pas le choix que de lui dire pour ma carte. De toute façon il ne croirait pas si je lui avais dit que j’étais entrée sans me faire voir. C’était trop bien surveillé pour ça. « Quoi ?! » a-t-il dit comme ci il avait vu un fantôme. J’avais presque dû lire sur ses lèvres pour le comprendre. J’avais croisé mes bras sur ma poitrine comme ci ça allait me protéger de sa colère qui allait déferler. Mais le ton de sa voix redevint presque normal. « Tu m’expliques ou tu l’as trouvé ? Enfin, ou tu te l’es procuré. T’as pas honte, d’utiliser une fausse carte d’identité ? Si tu te fais chopper, t’as pensé aux conséquences ? Je suis ton tuteur Alex. Et j’ai fait de la prison. » Et la je tiltais. En effet je n’avais pas pensé à ça. Vraiment pas. Je m’asseyais sur le fauteuil en prenant ma tête entre mes mains. Et merde, encore une fois ne pas réfléchir m’avait fait faire n’importe quoi. « Non.. » Je sortis ma tête de leur cocon mais n’osais toujours pas le regarder. « J’ai pas réfléchi à tout ça. On voulait juste aller en boîte avec les filles un soir et y’avait ce mec qui vendait des cartes… on voulait juste s’amuser en fait. » C’était passé tout seul à la boite, on était entrées sans problèmes mais peut être que nos tenues assez… peu décentes avaient été pour quelque chose. « Je suis désolée… Je veux pas que tu retournes en prison encore par ma faute. » La première fois c’était à cause de moi. Il avait tué mon père pour me sauver non ? Et même si grâce à lui je n’avais rien, enfin presque rien, ils l’avaient mis en prison. Ce système judiciaire est pourri. « Je voulais juste te voir… » dis-je en relevant enfin les yeux vers lui. Et là pour le coup j’étais honnête. Ca ne servait plus à rien se mentir de toute façon.

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« Non.. » sa réponse ne m’étonnait même pas. Bien sûr qu’elle n’avait pas réfléchit aux conséquences, elle n’avait vu que l’option pratique de la chose. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. A son âge, ce n’était pas facile de penser à tout. Elle était jeune et encore insouciante, malgré son passé assez sombre. « J’ai pas réfléchi à tout ça. On voulait juste aller en boîte avec les filles un soir et y’avait ce mec qui vendait des cartes… on voulait juste s’amuser en fait. » Bravo… Ce genre de personnes devraient se faire arrêter par la police. Qu’est-ce qu’ils foutaient en dehors de ça ? Des dealeurs, des violeurs et j’en passe, couraient les rues, mais ils ne faisaient rien pour les stopper. Le monde était trop corrompu à mes yeux et c’était une chose impardonnable. Tant que ça ne touchait pas les riches, personnes ne se bougeaient réellement. « Je suis désolée… Je veux pas que tu retournes en prison encore par ma faute » Ses mots me firent mal. Pas mal au point de me donner une douleur insupportable, mais ça me blessait. Ce n’était pas sa faute, elle n’avait pas à dire cela. J’en avais assumé les conséquences. Il était hors de question qu’à six ans, elle puisse se retrouver suivit pas des psychologues et j’en passe alors qu’elle n’avait même pas compris son geste. Avoir ce poids sur les épaules ne devait pas être donné à un enfant. « Je voulais juste te voir… » Cette phrase, par contre, me fit bizarre. Ça sonnait… Si… Différemment de d’habitude. Fronçant les sourcils, je la regardais quelques instants sans trop comprendre le sens réel de cette phrase. « Ne dis pas ça. Ce n’est pas de ta faute si je suis allé en prison. Crois-moi. » Dis-je en m’approchant d’elle pour m’accroupir devant elle et me mettre à son niveau, nos visages face à face. Pinçant son nez du bout de mes doigts, je souris faiblement comme pour détendre un peu l’atmosphère, parce que je ne restais pas énervé bien longtemps avec elle. « Et ne t’inquiète pas. Okai ? Si tu ne veux pas me revoir partir en prison, ne fait plus ce genre de chose. » Dis-je en ébouriffant ses cheveux. Un sourire au bout des lèvres, je la regardais longuement avant de cesser mon mouvement et retirer ma main de ses cheveux. « Pourquoi tu voulais me voir au fait ? »

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Ce que je lui avais dit était vrai. Enfin sauf la partie durant laquelle je disais que j'étais entrée à cause de mecs qui étaient louches. J'étais entrée bien volontiers ici. Et maintenant je le regrettais. Mais merde j'en avais marre de pas le voir. Il était venu me chercher pour qu'on vive ensemble - même si on n'avait pas la même vision des choses - et j'arrivais pas à passer du temps avec lui. Il bossait pour qu'on puisse vivre et je ne pouvais pas le lui reprocher. Et je savais aussi qu'en ayant été en prison il galérait à trouver du boulot. « Ne dis pas ça. Ce n’est pas de ta faute si je suis allé en prison. Crois-moi. » me dit il en s'accroupissant face à moi. Ses doigts attrapèrent le bout de mon nez ce qui me fit sourire automatiquement. Depuis petite il faisait ça lorsque j'étais contrariée. Et je n'avais jamais su résister. Et puis j'en avais pas vraiment envie. Surtout que c'était lui qui était censé être énervé à ce moment là. « Et ne t’inquiète pas. Okai ? Si tu ne veux pas me revoir partir en prison, ne fait plus ce genre de chose. » Je répondis à son sourire en faisant de même. J'acquiesçais en hochant la tête de haut en bas. Sa main jouait avec mes cheveux, ce geste qui aurait pu me plaire si je n'avais pas sans cesse cette impression qu'il me prenait pour une gamine. « Pourquoi tu voulais me voir au fait ? » Sa main était partie de mes cheveux mais ses yeux ne quittaient pas les miens. Je soupirais en essayant de trouver comment j'allais lui dire la raison de ma venue sans dire ce que je pensais réellement. « Parce que ça fait un moment qu'on s'est pas vus... Tu bosses tout le temps en ce moment et quand c'est pas toi qui bosse, c'est moi qui suis en cours. » Bien évidemment on se croisait le matin et le soir, mais entre son job, mes cours, le fait que je bossais au resto - chose que je lui cachais en passant. J'en avais marre d'être un boulet pour lui. J'avais trouvé ce boulot par hasard et je mettais de l'argent de côté pour payer mes études et tout ce dont j'avais besoin pour mes peintures. C'est que ça coutait cher quand même. « Tiens... » Je sortais de mon sac la carte qui m'avait permise d'entrer. « Je veux pas que tu risques de retourner en prison, fais en ce que tu veux. » J'évitais de plus en plus les conneries ces derniers temps mais bon je ne deviendrais pas une petite fille sage. Je n'avais pas été élevée comme ça et je ne le serais jamais. Mais je ne pouvais pas risquer qu'il retourne en prison. « Et si... Si tu n'étais pas intervenu ce soir là tu aurais pas eu à le tuer et tu serais pas aller en prison. »  On avait jamais vraiment reparler de cette soirée. J'étais petite à l'époque et les seules choses que je savais étaient celles qu'on m'avait dites. Que mon père soit mort n'était pas ce qui me dérangeait au final. Je n'avais jamais ressenti de tristesse pour ça. La seule chose qui m'avait rendue triste était que je ne voyais plus Ryu. « Tu finis à quelle heure du coup ? »

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« Parce que ça fait un moment qu'on s'est pas vus... Tu bosses tout le temps en ce moment et quand ce n’est pas toi qui bosse, c'est moi qui suis en cours. » C’est vrai qu’en ce moment, on ne se voyait pas souvent, mais c’était comme ça… elle avait cours, j’essayais de bosser autant que possible parce qu’il fallait payer le loyer, les charges, les impôts, la fac et tout le reste… Et que ça prenait pas mal d’argent tout cela. Et je devais avouer que pour le coup, le casino illégal était un bon endroit ou bosser. Tout simplement parce que les pourboires étaient conséquent, et pouvaient être des plus grand suivant la partie en cours. Certes, j’étais un homme et c’était bien plus difficile d’avoir des pourboires, mais justement, ça me permettait, d’en avoir lorsque les femmes venaient jouer. Et les femmes étaient en général moins radines que les hommes. « Tiens.. » Je baissais le regard sur ce qu’elle faisait, avant de voir la fameuse carte qu’elle avait prise pour venir ici. « Je veux pas que tu risques de retourner en prison, fais en ce que tu veux. » L’attrapant, je la fis légèrement tourner entre mes doigts avant de la regarder de plus près. On aurait dit une vraie. Mais de savoir que c’était une fausse, à mes yeux… Ben c’était une fausse. Soupirant faiblement, sans un mot, je la mis dans la poche de mon pantalon. Je verrais ce que j’en ferai une fois à la maison. Au calme. « Et si... Si tu n'étais pas intervenu ce soir-là tu n’aurais pas eu à le tuer et tu serais pas aller en prison. » Relevant le regard vers elle, je souris doucement. Je préférais cela, qu’entendre l’inverse. Elle était si jeune. J’étais content… Oui, content, qu’elle ait oublié que c’était elle, qui l’avait malheureusement tué. Posant ma main sur sa joue je me rapprochais pour déposer un doux baiser sur son front. « Si je ne l’avais pas fait, c’est toi qui serait peut-être morte à l’heure qu’il est… J’ai fait ça pour te sauver la vie. Et j’espère que tu ne m’en voudras jamais. » Parce qu’après tout, c’était aussi son père… Et je savais très bien, pour l’avoir vécu, que malgré tout, un géniteur, reste un géniteur. Même si je haïssais mon père du plus profond de mon être, je pensais souvent à lui, en me demandant, s’il était toujours vivant, s’il s’en sortait, et comment sa vie en France se passait… « Tu finis à quelle heure du coup ? » Clignant des yeux, je regardais l’heure avant de soupirer quelque peu. « Je ne sais pas. L’un des croupiers est malade alors je fais des heures supplémentaires. Ceci dit, je ne bosse que quand il y a une partie en cours. Hors là, y’en a pas. Donc, tu peux rester ici avec moi, si tu le veux. » Dis-je en me redressant pour me laisser tomber sur le canapé à côté d’elle. M’étirant de tout mon long, je fis craquer mes articulations avant de pencher la tête en arrière, la calant bien sur le dossier du canapé avant de fermer les yeux. J’étais exténué… Aujourd’hui je pouvais clairement dire que j’avais décoiffé la girafe. Mais ça, je ne voulais pas le lui dire. « Ta journée c’est bien passé ? » demandai-je en baillant faiblement.

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Il attrapa la carte que je lui tendais et l’observa. Je ne savais pas ce qu’il y cherchait mais fini par la mettre dans sa poche. Je lui souris timidement avant de lui dire que je regrettais qu’il soit allé en prison à cause de moi. On n’avait jamais discuté de ça au final. Peut être que remuer ce moment là n’était pas une bonne idée après tout mais je ne m’étais jamais excusée. Bon dans une salle de repos d’un casino… Ce n’était pas forcément l’endroit que j’aurai choisi mais tant pis. C’était fait et ce n’était pas plus mal. Il glissa sa main sur ma joue et me déposa un baiser sur le front. Je souriais en sentant ses lèvres sur ma peau. « Si je ne l’avais pas fait, c’est toi qui serait peut-être morte à l’heure qu’il est… J’ai fait ça pour te sauver la vie. Et j’espère que tu ne m’en voudras jamais. » Je lui attrapais la main et jouais avec mes deux mains, la faisant passer d’une main à l’autre. « Jamais je ne t’en voudrais. » dis-je en relevant mes yeux dans les siens. « Je sais pourquoi tu l’as fait et je t’en remercie… » Oh non la mort de mon père ne me gênait pas. Enfin au début forcément, j’étais trop petite pour saisir le sens de ses actes. Mais plus tard, lorsque j’avais compris, je m’étais rendue compte du salaud que c’était. Et puis même sur le coup je ne lui en avais pas voulu. Ryu était vivant, c’était tout ce qui comptait à ce moment là. Et maintenant aussi. Pour changer la conversation ou passer à autre chose je lui demandais à quelle heure il finissait. « Je ne sais pas. L’un des croupiers est malade alors je fais des heures supplémentaires. Ceci dit, je ne bosse que quand il y a une partie en cours. Hors là, y’en a pas. Donc, tu peux rester ici avec moi, si tu le veux. » me dit il alors. Il s’assit à côté de moi et s’étira avant de fermer les yeux, sa tête posée en arrière. « D’accord je reste. » dis en souriant avant de me blottir contre lui. Il était fatigué mais je l’étais aussi. Il me demanda ensuite comment ma journée s’était passée. Je souris contre son torse tout en dessinant des cercles imaginaires sur sa poitrine à l’aide de mon doigt. « Oui ça a été. J’ai rendu un dossier de management que je pense avoir géré et puis en art c’était top. On a vu les différentes peintures de Picasso et ce qu’elles représentaient. Et on doit faire un tableau en s’inspirant de ses œuvres. C’est top et j’ai plein d’idées. » On devait faire ce boulot la semaine prochaine lors du cours mais on avait le droit de faire des essais chez nous car après tout on n’avait que 2 heures de cours. « Je pourrais te peindre. » dis-je en rigolant. J’imaginais bien Ryu avec le nez tordu et les yeux dépareillés. « Tu m’apprendras à jouer au poker et les autres jeux ? » Non pas que je voulais jouer dans un casino ni rien mais j’étais curieuse de connaître l’univers qui l’entourait. Et puis j’aimais les jeux de cartes.

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