Bonnie avait rendez-vous avec le divin Darcy aujourd’hui. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés la jeune femme recherchait de plus en plus sa présence. Cela lui faisait du bien de côtoyer une personne aussi parfaite qu’elle, elle se sentait toujours plus à l’aise avec lui. Elle « nageait » toujours dans un océan plein de crapauds et le jeune homme était son îlot de sécurité et de réconfort si on peut dire. Bon, il y avait bien Sweva mais avec sa fille qui venait de naitre, elle avait quand même beaucoup à faire. Et comme elle n’avait pas vu Darcy depuis longtemps elle voulait d’autant plus être en sa compagnie. Soit. Il lui avait donné rendez-vous dans un restaurant italien et elle ne pouvait décemment pas arriver à l’heure. Elle se faisait toujours désirer et son ami était bien placé pour le comprendre. Il ne lui en voudrait donc pas qu’elle le fasse attendre. Et comme elle était exceptionnelle elle pouvait bien pousser jusqu’à trente minutes. « Gosh, tu sais que t'es pas obligée de te faire belle pour moi ? C'est pas comme si je te regardais vraiment ! » Bonnie le laissa l’embrasser sur la joue avant de répondre tout en relevant le menton : « Comme si je me faisais belle pour toi.  » Il n’y avait aucun intérêt à ça effectivement. « Je dois toujours être irréprochable tu sais bien, c’est pour les paparazzis. » ajouta-t-elle en lui faisant un clin d’œil malicieux. Elle plaisantait bien sûr mais l’arrogance lui allait tellement bien. « Comment tu vas ? » « Merveilleusement bien. » répondit-elle en soupirant. Ce n’était pas forcément vrai mais bon elle n’avait pas tellement envie de l’embêter avec ça là. « Et toi ? » Elle sentit ensuite James lui donner un coup de pied alors qu’elle était perdue dans la contemplation d’une fille mal habillée de l’autre côté de la rue. « Hey ! » pesta-t-elle en le regardant d’un air mauvais. Cela dit, elle comprit bien vite pourquoi il avait fait ça et elle ne put s’empêcher de faire une grimace en voyant le jeune brune qui passait devant eux. « Tu crois que tous les coiffeurs des jeunes sont morts ? C'est affreux cette nouvelle mode de cheveux, je remercie Dieu d'avoir toujours eu bon goût pour ma part » La jeune femme toisa son ami d’un air moqueur pendant quelques secondes. « Bon gout, c’est toi qui le dit. » Elle ne se privait jamais de lui lancer une petite pique comme ça, elle aimait tellement ça. Peu importe qu’elle blesse sa fierté ou non. « Enfin ouais, je ferais un procès à son coiffeur si j’étais lui. Ou je l’attaquerai en justice pour mauvais gout si ça vient de lui. » Sa coupe lui faisait sincèrement peur.

Bonnie ne voyait pas pourquoi elle aurait dû se dépêcher juste pour James. Il avait l’habitude depuis le temps qu’elle le fasse attendre comme ça et il n’avait pas le droit de lui en vouloir. Elle ne voyait pas non plus l’intérêt de se faire belle pour lui. Elle se faisait juste belle au cas où un photographe se trouverait dans le coin. C’était ça la rançon de la gloire. « Tu pourrais tout de même faire un effort, je suis ton futur mari n'empêche » Ah oui, cet accord lui avait vaguement échappé avec le temps. Ce n’était qu’hypothétique de toute façon alors ce n’était pas comme si c’était réellement important. « Mouais, raison de plus pour ne pas faire d’effort pour toi. » Pour elle, à partir du moment où deux personnes étaient mariées, tout était plus ou moins acquis. C’était avant qu’on faisait les efforts. Et comme c’était déjà prévu qu’elle se marie avec James, ce n’était plus la peine non plus. « Mais je t’aime quand même énormément. » ajouta-t-elle tout de même en lui pinçant la joue de manière affectueuse. Son ami lui demanda ensuite comment elle allait et elle ne lui répondit pas sincèrement même si on sentait facilement le sens cache de sa réponse. « Comme un charme, tu me dis ce qui cloche ou je dois le deviner ? » Elle soupira à nouveau avant de lui adresser un sourire moqueur. « Tu n’as qu’à deviner, si ça t’amuse. » Elle n’avait pas spécialement envie de parler du fait que Lynch l’ait lâchement abandonnée là alors qu’elle était censée passer un bon moment avec son meilleur ami. Fort heureusement, il changea lui-même de sujet lorsqu’il attira son attention sur un jeune qui venait de passer devant. Jeune dont la coiffure était pour le moins… surprenante. Ce n’était pas encore le mot adéquat mais c’était l’idée. Bien sûr, ils firent immédiatement des commentaires moqueurs dessus. Le jeune homme en profita même pour se lancer quelques fleurs au passage, toutes les occasions étaient bonnes. Bonnie s’empressa donc de le faire redescendre quelque peu sur terre. « Tu sais bien que tu mens, si t'avais eu honte de moi dans ta jeunesse, tu me l'aurais dit, ce n'est pas comme si t'étais une jeune fille tendre hein » La jeune femme afficha l’air le plus angélique possible. « Déjà, merci du compliment. Ensuite… j’aurais très bien pu te laisser croire que tu étais parfait juste pour que tu te ridiculises encore plus. » C’était plus subtile certes, mais elle en était capable aussi. « Mais ne t’en fais pas, tu es très bien maintenant. » le rassura-t-elle en lui tapotant l’épaule avant de changer de victime et de faire de nouveaux commentaires sur le garçon qui venait de passer. « Sans oublier la responsabilité des parents, si j'avais un fils, jamais je ne le laisserai avoir une tête pareil perso » « Clairement. Surtout que là il y a un très net prejudice pour autrui. C’est juste horrible pour les yeux… » Elle en avait même des frissons. « Tu crois que je devrais lui courir après pour lui donner le numéro de mon coiffeur ? » Seul le meilleur des meilleurs pourrait rattraper ça.

« Ta logique pue. » Bonnie haussa les épaules. Si James croyait qu’une telle « attaque » pouvait la blesser, il se trompait. Et en fait il la connaissait suffisamment pour le savoir et pour savoir qu’elle ne ferait rien pour aller dans son sens si elle était décidée à ne pas aller dans son sens. James la connaissait également assez bien pour voir quand elle n’allait pas bien et c’était plus ou moins le cas aujourd’hui. Sauf qu’elle n’avait pas vraiment envie d’en parler, elle n’avait pas envie de gâcher ce moment avec lui, elle appréciait tous les moments qu’ils passaient ensemble, ils étaient libérateurs, les seuls instants où elle pouvait être elle-même sans qu’on la juge ou qu’on la blâme. Si elle parlait de ce qui la tracassait avec lui, elle s’enfoncerait encore plus dans son « drame » et elle aurait moins le cœur à se moquer des passants et elle voulait juste se changer les idées. Cela dit, s’il y tenait tant que ça, il pouvait toujours deviner mais elle lui fit bien comprendre que ce n’était pas une bonne idée. « Fais pas ta tête, c'est moi, je ne vais pas te juger » Bonnie poussa un rire moqueur. Il n’avait plutôt pas intérêt à la juger en même temps. « Oh non je sais que tu ne le feras pas. Mais ce n’est pas intéressant, vraiment. » Elle poussa un long soupir et se remit à siroter sa boisson en silence, prenant bien son temps. Puis, elle releva finalement la tête et fixa son ami. « Il est parti, tu y crois toi ? » Elle serra les dents tout en secouant la tête, puis jugea que James devait être un peu perdu : « Lynch. Il a pris un avion pour la France sans me donner plus d’explications que ça et en me disant qu’il ne savait pas quand il rentrait. Qu’est-ce que je dois comprendre là-dedans à ton avis ? » Elle se montait peut-être un peu trop la tête mais elle le haïssait légèrement en ce moment. Un gamin avec une coupe étrange passa ensuite vers eux, les coupant dans leur conversation, redonnant un ton plus léger et plus appréciable à celle-ci. Bonnie allait pouvoir se défouler et ils ne se privèrent pas de commentaire sur le look improbable du jeune homme. Comment pouvait-il oser sortir comme ça ? La jeune femme était tellement bien lancée qu’elle n’hésita pas à lancer quelques piques à James, comme elle aimait si bien le faire. « Non, parce que tu te serait ridiculisée à trainer avec moi, et ça tu n'aurais juste pas pu ! »  Bonnie fronça les sourcils et lui tira la langue. Pourquoi il insistait toujours autant à avoir raison, il ne pouvait pas aller dans son sens une fois de temps en temps ? « Je sais, je croule sous les demandes en mariage » se vanta-t-il ensuite alors qu’elle lui faisait remarquer qu’il était parfait aujourd’hui. « Oh vraiment ? Tu veux que je te plaigne ou ça ira ? » Pauvre petit quand même, sa vie devait être difficile. Mais en vrai, elle ne savait pas trop où il en était de ce côté-là. Elle lui avait parlé d’elle mais lui… Elle ne savait rien. « Une en particulier qui a retenu ton attention ? » tenta-t-elle très subtilement. S’il ne voulait rien lui dire elle ne lui dirait rien mais bon elle tenait à être un minimum au courant, c’était logique vu qu’elle tenait à lui. Elle se remit ensuite à parler des coupes ridicules que les gens arboraient de nos jours. Elle se demandait comment les gens faisaient pour avoir aussi peu de gout et de bon sens et elle songea à devenir une sorte de super-héroïne en proposant de sauver les coupes de tout ce monde. « De qui pourrait-on se moquer si on sauve les coupes capillaires de tout un chacun ? » « Oh crois-moi il resterait beaucoup de choses dont on pourrait se moquer. Si les coupes étaient le seul problème le monde n’irait pas aussi mal. » soupira-t-elle avant de boire une nouvelle gorgée de sa boisson dans un geste de désespoir.