Bien que son métier de commis de cuisine ne corresponde pas spécialement à ce qu’il s’était imaginé faire quand il était enfant, Trevor semblait s’adapter de mieux en mieux à ce rôle-là. Mieux, il lui arrivait même de songer à monter en grade, à  occuper un poste plus important au sein du restaurant ou peut-être même d’un autre établissement. La seule chose qu’il voulait éviter au final, c’était le contact avec la clientèle. Ainsi, le fait de rester terré dans une cuisine à longueur de journée ne le dérangeait pas plus que ça, bien au contraire. L’italien avait trouvé là un moyen de passer inaperçu, de préserver un certain anonymat qui, il est était certain, finirait par lui servir. Car même s’il se sentait de plus en plus à l’aise à New-York, il n’en oubliait pas pour autant qu’il était en cavale, et que les hommes de son père devaient très certainement le rechercher activement. Bien sûr, les choses avaient changé récemment, lorsque le jeune homme avait retrouvé Marley, la fille d’un des parrains de la mafia sicilienne. Sans réellement pouvoir se défendre, Trevor avait alors été embarqué à ses côtés et accomplissait depuis quelques missions en prétextant qu’ils formaient un couple. Le seul but de ce petit manège était de garder un œil sur les ennemis de la mafia sicilienne et en échange, Marley avait promis au jeune homme de le protéger le jour où les milanais remettraient la main sur lui. Trevor avait tout d’abord très mal prit le fait de retomber dans ses pires travers à cause cette histoire, puis avait fini par s’en accommoder. Certes, son engagement n’était pas sans risques et la balle qu’il avait prise dans le bras en voulant défendre Marley à la sortie d’une soirée était là pour en témoigner. Mais entre le fait de se battre seul contre les milanais ou de bénéficier d’un soutien de taille tel que pouvait le lui apporter la jeune femme, l’italien avait fait son choix.

Ce soir, Marley n’avait pas fait appel à ses « services », et c’était donc une fin de journée plutôt calme qui attendait Trevor. Le restaurant n’avait clairement pas fait le plein de couverts, mais l’italien ne s’en plaignait pas, bien au contraire. De cette manière il pourrait rentrer tranquillement chez lui, ou bien continuer la soirée dans un bar… au choix. Les toutes dernières assiettes enfin lavées, le jeune homme salua donc ses collègues et attrapa son blouson avant de s’éclipser. Comme toujours, il sortit par la petite porte de derrière, qui donnait directement sur les cuisines, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se retrouva en face de… Jamie. Cette fille avec qui il était plus ou moins sorti pendant un temps, mais qu’il avait perdue de vue depuis plusieurs mois déjà. Entre le bouleversement que l’arrivée de Marley dans sa vie avait provoqué, et le fait que la jeune femme n’avait elle-même pas forcément donné de nouvelles, le deux jeunes gens s’étaient considérablement éloignés. « Jamie ? » s’exclama Trevor en fronçant les sourcils. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » L’italien aurait difficilement pu faire plus maladroit comme approche, mais la surprise l’avait fait parler trop vite. Il se garda d’ailleurs bien d’ajouter quoi que ce soit, soucieux de connaître les raisons qui avaient poussé Jamie à être ici avant tout.

« Jamie ? » Pour un agent de la CIA, habituée à garder un calme olympique, aux infiltrations et à toutes opérations périlleuses en tout genre, ce soir elle n’en menait pas bien large. Trevor venait de la faire sursauter rien qu’en prononçant son prénom.  « Qu’est-ce que tu fais ici ? » N’était-ce pas évident ? Attendre, adossée à un mur que le temps passe ne faisait pas forcément parti de ses hobbies favoris, bien qu’elle en est quelques-uns assez douteux ou tout du moins originaux. « Hum je suis venue… pour te voir. » finit-elle par lui répondre. Elle ne savait pas tellement comment aborder le sujet sans passer pour une stalkeuse ou une fille complètement jalouse. Elle n’avait rien d’une stalkeuse, c’était son métier et il s’était avéré qu’elle était tombée sur cette photo de Trevor avec cette fille un peu par hasard. Non pas parce qu’ils s’intéressaient à lui, mais plutôt à cette dénommée Sutton ou aux contacts qu’elle pouvait avoir. Quant à son côté jaloux… elle n’avait jamais été qualifiée comme telle. Elle pouvait l’être, mais rien d’être ou de pas légitime. Elle était un peu, comme tout le monde. Mais pas de là être qualifiée de fille jalouse comme un grand nombre pouvait l’être. Seulement là, en voyant cette photo, elle n’avait pu s’empêcher de reconnaitre qu’elle l’avait été. Cependant,  plus elle y pensait, plus elle trouvait ça totalement ridicule d’avoir écouté sa sœur et de s’être pointée sur son lieu de travail. « Au début je souhaitais quelques explications… Enfin, je sais pas, il me semblait que ça avait plutôt bien collé. Et puis, silence radio, même si je peux comprendre que j’en ai ma part de responsabilités… » Elle l’avait. Surtout avec le métier qu’elle faisait. Métier qu’elle avait bien évidemment passé sous silence auprès de Trevor. Il était hors de question qu’il sache ce qu’elle faisait réellement… De l’infiltration dans la mafia, dans des gangs, de la filature, de l’espionnage mais surtout tuer des gens. Après tout, son don, son talent, c’est lorsqu’elle avait son sniper dans les mains. Alors elle s’était contentée de lui dire qu’elle bossait dans l’administration. Ce qui dans certain cas, n’était pas bien loin de la réalité. Et heureusement pour elle, il n’avait jamais poussé le sujet de son métier très loin. Malgré ce qu’on pouvait croire, elle n’était pas franchement très à l’aide avec l’idée de mentir à quelqu’un à qui elle tenait. « … et je ne vais pas tourner autour du pot, j’ai ça. » finit-elle par lacher en lui tendant une enveloppe. C’était les quelques clichés qu’elle avait de lui et cette dénommée Sutton. « C’est pas de quoi ça a l’air… » commença-t-elle en voulant expliquer qu’elle ne le suivait pas. Pour commencer, elle n’avait pas que ça à faire, et ensuite parce que la confiance faisait partie de ses valeurs. Peut-être à tort. « Quoique, la photo parle d’elle-même, et le cliché est bien ce de quoi il a l’air… » ajouta-t-elle en faisant référence à ce qui avait l’air de se dérouler entre lui et cette jeune femme. Ils étaient assis au bar, mais ils semblaient bien s’entendre. Plus que bien. Vous savez, cette alchimie… On pouvait presque la déceler. « C’est à cause d’elle le silence radio ? » finit-elle par demander, un peu nerveuse. Elle n’était franchement pas habituée à être dans ce genre de situation, à faire une sorte de scène alors qu’elle n’en avait pas franchement le droit. Et ça la mettait plutôt mal à l’aise. Mais ce soir, elle n’avait pas pu s’en empêcher.

A question stupide, réponse stupide. Elle était venue pour le voir. Evidemment, si Jamie était plantée à la sortie du restaurant dans lequel travaillait Trevor, ce n’était pas pour attendre le bus, et le jeune homme l’avait compris dès l’instant où il avait aperçu sa silhouette. Néanmoins, l’italien ne comprenait pas pourquoi elle avait choisi ce moment précis pour venir le retrouver. Ils ne s’étaient pas vus depuis des mois entiers, alors pourquoi maintenant et pas avant ? Trevor lui-même avait souvent hésité à aller la voir, mais avait finalement toujours été rattrapé par son quotidien plutôt mouvementé, tout cela à cause des « responsabilités » qu’il avait désormais vis-à-vis de Marley. « Au début je souhaitais quelques explications… Enfin, je sais pas, il me semblait que ça avait plutôt bien collé. Et puis, silence radio, même si je peux comprendre que j’en ai ma part de responsabilités… » expliqua Jamie devant un Trevor des plus attentifs. Effectivement, elle avait sa part de responsabilités là-dedans mais l’italien avouait volontiers en avoir une aussi. Il était prêt à lui répondre mais en sentant qu’elle n’avait pas terminé sa phrase, il se contenta de la regarder avec insistance, la poussant ainsi à reprendre : « … et je ne vais pas tourner autour du pot, j’ai ça. »

Intrigué, le jeune homme ne tarda pas à se saisir de l’enveloppe qu’elle lui tendait, sentant déjà son cœur s’emballer sous le coup de pression qu’elle venait de lui mettre, volontairement ou non. Malgré tut, il s’efforça de cacher son malaise et ouvrit le moins fébrilement possible ladite enveloppe. Mais lorsque son regard se posa sur les premiers clichés qu’elle contenait, son sang ne fit qu’un tour. A quoi elle jouait exactement ? Il l’entendait parler sans vraiment saisir le sens de ce qu’elle disait tant son esprit était en ébullition. Trevor essayait de comprendre pourquoi, et surtout comment elle avait pu avoir de tels soupçons à son sujet alors qu’il ne s’était jamais senti en danger avec elle. L’italien releva un regard assassin vers la jeune femme, et ce fut ce moment qu’elle choisit pour déclarer : « C’est à cause d’elle le silence radio ? » Alors c’était ça qui l’inquiétait ? N’avait-elle rien d’autre à lui reproché que sa soirée passée dans les bras de Sutton ? Trevor ne pouvait pas le croire. Ces photos l’avaient définitivement mis sur la défensive, et il ne put s’empêcher de s’emporter. « C’est quoi ça ?! A quoi tu joues Jamie ? Est-ce que tu m’as espionné pendant tout ce temps ? C’est ça ? T’as mené ta petite enquête en te disant que je n’étais pas digne de confiance ?! Alors t’as trouvé quoi hein ? Dis-moi, tu connais tous mes secrets maintenant ? » cracha-t-il d’un ton des plus menaçants, tout en déchirant les photos qu’il tenait encore entre ses doigts.  

Trevor réalisa trop tard qu’en s’emportant de la sorte, il se vendait quasiment tout seul. Mais dans sa tête il n’y avait plus aucun doute, Jamie l’avait trahi et ce de la pire manière qui soit, en le surveillant sans rien dire. Alors quoi qu’il arrive, et quoi qu’il ait pensé d’elle jusqu’ici, il allait devoir lui faire payer cet excès du curiosité qui le mettait clairement en danger.

Jamie n’avait jamais été du genre à tourner autour du pot pendant des heures. Ca lui avait valu quelques problèmes plus d’une fois, cette tendance à foncer tête baissée dans la mêlée, à ne pas prendre de gants… Pourtant, ce soir, elle avait déjà retourné le problème dans sa tête un bon paquet de fois. Comment expliquer à Trevor qu’elle était tombée sur ces clichés sans se compromettre ? Et puis, elle se doutait qu’il ne réagirait pas bien à la vue de ces photos, personne n’aimait être surveillé ou en douter. Seulement elle était loin de s’être attendue à cette réaction particulièrement virulente. A vrai dire, elle ne comprenait pas tout.  ]« C’est quoi ça ?! A quoi tu joues Jamie ? Est-ce que tu m’as espionné pendant tout ce temps ? C’est ça ? T’as mené ta petite enquête en te disant que je n’étais pas digne de confiance ?! Alors t’as trouvé quoi hein ? Dis-moi, tu connais tous mes secrets maintenant ? » Non , elle ne comprenait définitivement pas tout. Elle s’attendait  à ce qu’il lui reproche son manque de confiance, ou pourquoi un quelconque emballement mal placé, qu’elle s’était faite des films sur leur pseudo début de relation, ou que c’était carrément flippant… Mais à ce qu’il lui balance cette histoire de secrets, pas vraiment. Et elle était particulièrement bien placée pour savoir que les personnes s’emportant aussi vite sur le sujet, et de cette façon, étaient celles qui cachaient leur passé. Un moment ponctuel, ou une durée plus longue, importante ou plus mineur, peu importe. Elle n’allait pour autant pas le questionner, elle se foutait de connaitre son passé, tant que ce passé ne faisait pas re-surface. Et puis, elle savait mieux que personnes qu’il ne valait que certaines choses restent cachées. « Tes secrets, Trevor ? » finit-elle par dire presque aussi fort que lui. « Mais de quoi tu me parles ?! » Elle secoua la tête avant de continuer. « Je ne t’ai jamais espionné. Tu vois, je pratique un truc qui s’appelle la confiance. Avec toutes les personnes auxquelles je tiens ! A tort visiblement. » Un soupçon de déception se faisait entendre dans sa voix. Déception d’avoir fait confiance à quelqu’un qui ne la méritait peut-être pas. Mais elle était comme ça, elle ne pouvait s’empêcher d’accorder sa confiance aux personnes à qui elle tenait. « J’étais chargée de transmettre les photos à un de mes supérieurs. Je faisais que la messagère. Et pour l’info, ça n’a rien à voir avec toi. Mais avec elle. ELLE était sous surveillance. » cracha-t-elle passablement énervée. Le truc dans cette histoire, c’est qu’elle lui mentait aussi… Sur la forme. Le fond restait le même… Elle ne l’avait jamais espionné, et il ne lui aurait jamais venu à l’esprit d’enquêter sur lui. Tout avait commencé parce que ses collègues avaient dû suivre cette dénommée Sutton. Une tête dans le domaine de l’informatique à ce qui se disait. La meilleure dans ce domaine… Et beaucoup d’affaires douteuses d’argent, de piratage, et de noms pas recommandables se retrouvaient sur la table, avec toujours les mêmes réponses : seule une personne suffisamment maitrisant ces domaines étaient capables de ça. Et un seul nom semblait ressortir, celui de la jeune Webster-Monroe. Mais elle était douée, trop douée, puisqu’ils n’avaient jamais réussi, jusque-là, à la coincer. Elle ne laissait aucune trace. Il était évident qu’elle était la meilleure dans son domaine.  « Je me fous de tes secrets Trevor. Je m’en fous ! Même si là, t’as sérieusement piqué ma curiosité… » Jamie passa ses mains sur son visage, en soupirant. Elle savait que c’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Mais en attendant, il n’avait toujours pas répondu à l’interrogation nommée Sutton.

Dès l’instant où il s’était emporté, Trevor l’avait regretté. D’une part parce qu’il appréciait vraiment Jamie, et qu’il réalisait qu’il n’avait pas cherché à comprendre avant de l’accuser. D’autre part, parce qu’il savait qu’il lui avait livré beaucoup trop d’informations à son sujet, même s’il n’avait rien dit. Son comportement avait clairement été celui d’un débutant, et il avait tout bonnement été incapable de rester de marbre comme il était censé le faire lorsqu’il était en mauvaise posture. Peut-être était-ce la déception, le fait de se trouver en face de Jamie… Quoi qu’il en soit, il s’était lui-même trahi et attendait désormais avec énormément d’appréhension la réaction de la jeune femme. « Tes secrets, Trevor ? Mais de quoi tu me parles ?! » s’exclama-t-elle, obligeant l’italien à détourner son regard pour ne pas montrer son malaise. « Je ne t’ai jamais espionné. Tu vois, je pratique un truc qui s’appelle la confiance. Avec toutes les personnes auxquelles je tiens ! A tort visiblement. » La dernière partie de sa phrase résonna dans l’esprit de Trevor, le blessant même bien plus que ce qu’il aurait pu imaginer. Après tout, il n’était sorti avec Jamie que durant quelques semaines, il l’avait complètement perdue de vue pendant des mois et pourtant, le fait qu’elle pense avoir eu tort de lui faire confiance lui faisait extrêmement mal. Relevant un regard empli de désespoir, il esquissa un pas vers elle avant de se raviser en soupirant, restant finalement stoïque en écoutant la suite de ses explications.

Comme il l’avait craint, Trevor s’était effectivement mis en danger pour rien puisque d’après Jamie, les photos avaient été prises à cause de Sutton et non de lui. Mais malgré cela, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de se méfier. Il avait confiance en elle, mais dès qu’il s‘agissait de son passé et de son lien avec la mafia, Trevor ne pouvait faire autrement que d’être extrêmement méfiant. Jamie était visiblement agacée, et c’était bien compréhensible. Pour le coup, Trevor ne savait plus exactement comment s’y prendre, ni quoi dire pour rattraper un tant soit peu la situation. D’ailleurs, la jeune femme ne lui laissa pas le temps d’y réfléchir et enchaina en lui assurant qu’elle se foutait de ses secrets. Légèrement rassuré, l’italien tenta de retrouver une attitude à peu près normale. Il ferma les paupières quelques instants en soupirant pour se calmer et sitôt qu’il rouvrit les yeux, les planta dans ceux de Jamie. « Je… Désolé Jamie… J’aurai pas du… enfin, tu avoueras que c’est quand même… particulier de me présenter ces photos comme ça ! De quoi tu m’accuses exactement ? Et puis… pourquoi est-ce qu’ils cherchent Sutton ? Qu’est-ce qu’elle a fait de mal ? »

Visiblement, il était comme elle sur certains points. Du moins, comme elle avait été pendant une période. Ne prenant pas le temps de poser les questions, une sorte de : je frappe avant et pose les questions ensuite. Il ne lui avait pas laissé le temps de s’expliquer et il avait réagi au quart de tour, même si elle pouvait aisément comprendre qu’il n’aimait pas la façon dont des photos de ce genre étaient arrivées entre ses mains. « Je… Désolé Jamie… J’aurai pas du… enfin, tu avoueras que c’est quand même… particulier de me présenter ces photos comme ça ! De quoi tu m’accuses exactement ? Et puis… pourquoi est-ce qu’ils cherchent Sutton ? Qu’est-ce qu’elle a fait de mal ? » La tempête avait l’air d’être passée, ou du moins le gros orage. Ils semblaient d’avoir tous deux retrouvés un semblant de calme. « Je ne t’accuse de rien Trevor. Je m’interroge. J’essaie de comprendre pourquoi ça semblait bien partie, puis plus rien. » expliqua-t-elle calmement avant de soupirer. C’était sans doute l’explication la plus simple, et peut-être aussi la plus décevante. Mais au moins, elle serait fixée. « Son nom apparait dans beaucoup de… témoignages. Apparemment, elle serait un crack en informatique. Ce dont on ne se douterait pas sous ses airs de gosse de riche. Et elle ne s’en servirait pas que pour des achats en ligne, si tu vois ce que je veux dire. » Elle ne pouvait décemment pas lui donner les détails de l’affaire. De un, parce qu’elle était censée ne bosser que dans un service ‘administratif’ et de deux, parce que ça lui était interdit de partager ce genre d’informations avec un tiers, encore plus avec quelqu’un qui semblait particulièrement bien la connaitre. Jamie soupira, avant de continuer à s’expliquer. « Il y a eu des affaires de piratage, d’escroqueries, d’argent volé sur des comptes de ce que j’ai compris. En ne laissant aucune trace et avec un schéma particulier. Je dois avouer ne pas y connaitre grand-chose. Tout ça pour dire qu’il faut maitriser ce domaine. Et elle semble être, selon les rumeurs, la plus calée là dedans. Donc si c’est bien le cas, ta… copine, semble ne pas avoir les meilleures fréquentations. » dit-elle avec un demi-sourire avant de hausser les épaules. « Mais quoiqu’il en soit, si encore une fois elle est impliquée, comme je l’ai dit, elle ne laisse aucune trace. Donc la seule chose qu’ils ont, ceux sont des rumeurs. Et il va sans dire que c’est le genre d’informations que je ne suis même pas censée savoir, et toi non plus. » finit-elle par ajouter pour lui faire comprendre qu’il ne devait pas dire un mot, et encore moins à l’intéressé. Jamie fit quelques pas, tournant en rond tout autant que les mots tournaient dans sa tête sans savoir comment les sortir, sans faire de gaffe et de la manière la plus juste possible. « Je suis consciente que c’était pas la meilleure manière de te présenter ces photos… J’ai juste été… jalouse. Ce qui est assez inhabituel… » Elle se tourna vers Trevor, la mine désolée, cherchant sans doute, un peu, peut-être, à s’excuser. « Pour ce qui est de tes… ‘secrets’… On en a tous Trevor. Alors c’est pas moi qui vais aller mettre mon nez dedans. J’imagine que tant que t’es pas un psychopathe –quoique, tu ne l’avouerai pas- et que t’as pas quarante femmes en même temps, j’accepte sans problème que tu veuilles garder une partie de ta vie sous silence… Moi la première. Certaines parce que j’arrive simplement pas en parler, d’autres parce que j’assume moins, et d’autres encore parce qu’elles sont bien mieux dans l’ombre qu’exposées… Alors peu importe tes raisons, je sais gérer ma curiosité. » Sauf quand ça lui tombe dessus apparemment. Elle ne le lachait plus du regard, tentant de guetter la moindre de ses réactions. Malgré ces quelques mois sans nouvelles, elle devait bien admettre qu’elle y tenait à Trevor. Malgré son impulsivité et ses réactions excessives. Alors elle espérait que cet épisode ne serait pas trop rédhibitoire, et qu’évidemment, cette Sutton n’était pas si présente que ça dans sa vie.



tu vois j'ai répondu "demain"
nan sérieusement, j'aurais pas eu le temps dans la journée,
je vais aller jouer les paparazzi avec EmStone & A.Garfield à Paris
well, j'espère que ça te va ma réponse
EDIT : en fait j'y suis pas allée, ma coupine que je devais accompagner est malade

Même si son cœur battait encore à tout rompre dans sa poitrine sous le coup de l’énervement, Trevor faisait de son mieux pour se calmer. Mais son tempérament impulsif ne l’aidait pas vraiment, et le retour au calme complet prendrait certainement bien plus de temps. Cependant, il adopta un ton et un regard bien moins agressifs pour s’excuser auprès de Jamie. Même si une sorte de rancœur l’habitait toujours, l’italien était résolu à comprendre ce qu’il s’était passé avant de s’en prendre à la jeune femme. Et la compréhension de cette histoire passait inévitablement par le rôle que Sutton y tenait… « Son nom apparait dans beaucoup de… témoignages. Apparemment, elle serait un crack en informatique. Ce dont on ne se douterait pas sous ses airs de gosse de riche. Et elle ne s’en servirait pas que pour des achats en ligne, si tu vois ce que je veux dire. » expliqua Jamie, alors que Trevor fronçait les sourcils en s’imaginant Sutton telle qu’elle la lui décrivait. En fait, il ne connaissait pas grand-chose de sa vie… Ils n’avaient partagé qu’une soirée, certes très agréable, mais durant laquelle ils n’avaient pas particulièrement prit le temps de parler d’eux. Et c’est d’ailleurs ce qui avait plu à Trevor qui restait indéniablement secret dès qu’il s’agissait de son passé. Alors apprendre que Sutton trempait dans des histoires pas très nettes ne le choqua pas lus que ça, au contraire. Il avait plutôt envie de sourire en constatant qu’elle cachait extrêmement bien son jeu, chose que Jamie lui confirma en déclarant qu’elle ne s’était pas encore fait pincée.

Trevor aurait pu continuer à écouter Jamie sans broncher mais un mot au cœur de son discours lui fit relever les yeux vers elle. Visiblement, elle pensait sincèrement que Sutton était sa « copine », et ce fait semblait l’ennuyer bien plus que ce qu’il aurait du.  « Je suis consciente que c’était pas la meilleure manière de te présenter ces photos… J’ai juste été… jalouse. Ce qui est assez inhabituel… » Bingo. Elle était donc jalouse. Le mot était lâché et fit un drôle d’effet à Trevor qui ne s’y attendait pas vraiment. Bien sûr il l’appréciait, bien sûr elle lui avait souvent manqué pendant les longs mois qu’il avait passé loin d’elle. Mais de là à considérer que leur histoire puisse être aussi sérieuse que ça… il ne s’y était clairement jamais risqué. Depuis la mort de sa petite amie en Italie, il avait toujours préféré n’accorder aucune importance à ses histoires de cœur. Pire, il avait fait en sorte de ne pas faiblir, de ne plus tomber amoureux, bien conscient qu’il n’en avait pas le droit. Son passé et la menace qui planait constamment sur sa tête et mettait indirectement en danger toutes les personnes qu’il côtoyait l’empêchaient clairement de se projeter dans une relation sérieuse. Mais soudain, le jeune homme comprenait que Jamie avait peut-être espéré plus de leur histoire. D’ailleurs, c’était peut-être aussi le cas pour lui, mais il se refusait catégoriquement à l’admettre.

Sans transition, Jamie aborda de nouveau le sujet des secrets de Trevor, en lui assurant qu’elle savait contenir sa curiosité. Gêné de se retrouvé ainsi mis à nu devant elle, l’italien détourna le regard en soupirant. Il ne pouvait absolument pas lui parler  des secrets en question et pourtant, il en mourrait d’envie. Il n’avait plus envie de lui mentir, il voulait jouer franc-jeu mais savait aussi qu’en le faisant, il la mettrait en danger. Alors il se résigna, et préféra évincer le sujet en revenant à quelque chose de toute aussi « intéressant » : « Ecoute… si je t’ai pas donné de nouvelles c’est que… j’ai été très occupé. Je sais que ce n’est pas une excuse mais… c’est la vérité. Et comme tu ne donnais pas de nouvelles non plus, j’ai pensé que tu étais passée à autre chose… alors j’ai fait pareil. Pour Sutton, je ne peux pas te dire qu’il ne s’est rien passé, ça serait te mentir… mais ce n’était rien de sérieux. Juste… enfin, tu vois. » termina-t-il, se gardant bien d’exposer les détails de la soirée torride qu’il avait passée avec la jeune femme.

Trevor semblait appliquer la méthode de Jamie : frappe d’abord et questionne ensuite. Enfin manière de parler. Il s’était mis à la questionner sur le pourquoi du comment des photos après s’être énervé. Bien qu’il semblait désormais plus calme, Jamie n’était pas dupe. Il fallait plus quelques explications pour calmer quelqu’un avec ce tempérament. Elle était bien placée pour le savoir. Alors elle se décida à lui en dire plus que ce qu’elle n’était censée dévoiler. Parce qu’elle se sentait coupable, mais aussi, sans doute, pour calmer Trevor. « Ecoute… si je t’ai pas donné de nouvelles c’est que… j’ai été très occupé. Je sais que ce n’est pas une excuse mais… c’est la vérité. Et comme tu ne donnais pas de nouvelles non plus, j’ai pensé que tu étais passée à autre chose… alors j’ai fait pareil. Pour Sutton, je ne peux pas te dire qu’il ne s’est rien passé, ça serait te mentir… mais ce n’était rien de sérieux. Juste… enfin, tu vois. » Jamie ne put s’empêcher de baisser la tête, se sentant légèrement idiote d’avoir fait… toute une histoire alors qu’elle était aussi coupable que lui. Même si visiblement, il y avait bien eu quelque chose entre Trevor et cette fille. En même temps, s’il lui avait dit le contraire, jamais elle ne l’aurait cru. Elle savait très bien ce qu’il voulait dire en précisant que ce n’était rien de sérieux avec Sutton. Elle comprenait, même si elle n’avait plus franchement ce rythme de vie. Et parfois ça lui manquait. Juste un coup d’un soir. Ou deux. Elle ne pouvait simplement plus se le permettre. Pas avec Owen dans sa vie. Elle ne voulait pas qu’il voit les hommes défilés ou qu’il se rende compte que sa mère était absente une bonne partie de la nuit si ce n’est la nuit entière, à cause d’un homme… Ca arrivait déjà bien trop souvent à son goût, à cause de son job. Elle ne considérait pas pour autant chacune de ses relations comme sérieuses, c’était plus du genre : on voit où ça nous mène sans se prendre la tête. Mais la jalousie qu’elle avait éprouvée en voyant les clichés de Trevor et la jeune femme lui avait fait se questionner. Elle n’était pas habituée à ce genre de réaction, pas aussi vite… Pas du tout en fait. « Je vois… » finit-elle par dire avec un demi-sourire, sincère. « Ecoute, je suis désolée. Je veux dire…. Ma jalousie. Enfin, j’ai jamais été comme ça. J’suis pas de nature jalouse. Alors, je savais pas trop quoi faire. En fait j’ai juste réussi à te faire flipper… » ajouta-t-elle précipitamment. « Enfin bref, c’est juste que… Je savais pas trop quoi pensé. Mais t’as raison, j’ai pas donné de nouvelles non plus. » Elle passa sa main sur sa nuque, relevant sa longue tignasse brune par la même occasion.  Une fois de plus, son travail s’était immiscé dans l’une de ses relations. « J’ai dû m’absenter. Pour le boulot. Pour une période assez longue. Enfin c’était pas prévu. »  Bon peut-être qu’en fait, ça l’était un peu. Jamie avait eu vent de sa mission deux avant de partir, ce qui était un exploit comparé à certaines fois où il n’était prévenu que deux jours avant. Et là tout de suite, elle avait définitivement besoin de trouver un autre sujet de conversation… Qui s’axait beaucoup trop sur son boulot à son goût. Elle détestait mentir à propos de ses activités. Surtout à Trevor. Elle était loin d’avoir honte de ce qu’elle faisait, mais c’était une question de sécurité. Et de discrétion. « hum ça te dit d’aller se boire un verre ? Ou café ? » finit-elle par proposer, en se demandant s’il allait sérieusement accepter. Elle était plutôt convaincue qu’elle l’avait fait flipper avec toute cette histoire. Et sans doute à juste titre. Si elle essayait de se mettre à sa place, elle devait avouer qu’elle aurait sans doute la même réaction que lui. Ou du moins dans le même genre.

Trevor n’aimait pas particulièrement devoir s’expliquer sur ses agissements, quels qu’ils soient. Et pourtant, ce soir il se retrouvait en face de Jamie, en train d’essayer de se justifier de son absence mais aussi et surtout, de cette soirée qu’il avait passée avec Sutton. Et sincèrement, ça lui faisait un drôle d’effet. Depuis qu’il était à New-York, il n’avait plus de comptes à rendre à personne. Il était libre comme l’air… du moins en apparence. Mais devant Jamie il s’était senti obligé d’apporter des explications, de l’empêcher de croire qu’il avait noué une histoire sérieuse avec quelqu’un d’autre. Pourtant, leur histoire à eux n’avait pas été spécialement sérieuse…. La preuve en était qu’ils avaient coupé les ponts pendant plusieurs mois sans chercher à se retrouver. Mais aussi bizarre que cela puisse paraitre, Trevor ne voulait pas la blesser. Il la savait sincère, et avait beaucoup apprécié le temps qu’ils avaient passé ensemble. Il ne voulait pas lui mentir, mais encore moins la mettre en danger par sa faute. Alors il passa sous silence les vraies raisons qui l’avaient poussé à s’emporter en voyant les photos, mit les choses au clair en ce qui concernait Sutton, et se tut, laissant le choix à Jamie de rester ou de le laisser planté là sans rien ajouter.

Contre toute attente, la jeune femme se mit à sourire timidement, et s’excusa à son tour d’avoir été jalouse. Finalement, toute la tension qui avait put s’immiscer entre eux quelques minutes auparavant semblait retomber aussi vite qu’elle était arrivée. Chacun d’entre eux reconnaissait ses torts, et bien qu’une sorte de malaise persiste, l’atmosphère était soudain bien moins électrique. Jamie justifia son absence de nouvelles par un déplacement lié à son job, ce qui fit froncer les sourcils de Trevor quelques instants, avant qu’il n’acquiesce, pas convaincu qu’il veuille connaître les détails de tout ça au final. Après tout, ils n’étaient pas mariés, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait… tout comme lui. Et puis au moins, cela lui éviterait peut-être de s’emporter à nouveau et ainsi de gâcher pour de bon leurs « retrouvailles ». « hum ça te dit d’aller se boire un verre ? Ou café ? » lança alors Jamie, laissant Trevor un peu dubitatif mais néanmoins ravi qu’elle ait prit l’initiative d’une telle proposition. A vrai dire, elle lui apparaissait comme le meilleur moyen d’oublier l’épisode qu’ils venaient de vivre et même s’il restait sur la défensive, il accepta bien volontiers. « Je… ouais, pourquoi pas ! Un verre ça me parait bien ! On peut essayer de se trouver un bar de le coin ou alors… je sais pas, on peut aussi aller chez moi, c’est comme tu préfères. » se risqua-t-il, conscient qu’ils seraient bien mieux dans un endroit calme s’ils voulaient parler sérieusement.

La tension était descendue fort heureusement, mais Jamie se sentait toujours aussi gênée. Plus le temps passait et plus elle se demandait ce qui lui était passée par la tête. Note à elle-même : ne plus demander d’aide à sa sœur en matière d’hommes. Peut-être ses méthodes marchaient-elles pour elle, mais définitivement pas pour l’ainée. Enfin, ça aurait sans doute pu être pire, mais ça aurait sans aucun doute pu être mieux. Ils avaient frôlé la catastrophe. Et à vrai dire, Jamie restait intriguée par la réaction de Trevor. Cependant, comme elle lui avait dit, elle préférait se concentrer sur autre chose que sur ce qu’il pouvait cacher.  « Je… ouais, pourquoi pas ! Un verre ça me parait bien ! On peut essayer de se trouver un bar dans le coin ou alors… je sais pas, on peut aussi aller chez moi, c’est comme tu préfères. » Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Il ne semblait pas la fuir, au contraire. Et elle était plutôt rassurée. Ca l’aurait réellement attristé de le voir s’éloigner un peu plus. Elle ne s’était pourtant pas attendue à ce qu’il lui propose de venir chez lui. Mais il était vrai qu’en y réfléchissant, c’était peut-être mieux. Mieux sans aucun doute si vous aviez des idées perverses plein la tête (HEIN MARION -->) mais c’était aussi nettement plus calme et plus sympa que n’importe lequel des pubs se trouvant en ville. C’était plus posé et plus tranquille pour avoir une discussion, que tous ces bars où on ne s’entendait plus parler tant la musique jouée y était forte. « J’imagine que chez toi, sera nettement plus calme que n’importe quel autre endroit. » répondit-elle en haussant les épaules avec un léger sourire. « Et je dois avouer ne pas être forcément d’humeur à supporter la foule… » ajouta-t-elle avec un sourire plus grand alors qu’ils se mettaient en marche pour l’appartement de Trevor.

Femme forte et largement capable de se défendre toute seule, Jamie n’avait pourtant jamais été rassurée en traversant le Bronx. Elle avait dû venir quelques fois pour des enquêtes de routine, pour s’occuper d’un gang, ou même pour retrouver Trevor. Mais à chaque fois, elle ressentait ce même malaise. Elle n’aimait définitivement pas ce quartier et n’aurait su dire pourquoi. Les agressions ne l’inquiétaient pas plus que ça, comme dis plus haut, elle pouvait aisément se débarrasser de tout agresseur. Même armé. Mais elle avait ce ressenti désagréable dès qu’elle traversait ce quartier. Une fois arrivée à destination, Trevor l’invita à s’asseoir, partant, de son côté, à la recherche d’une quelconque boisson. Installée sur le canapé, Jamie ne put s’empêcher de détailler une fois de plus l’appartement de Trevor. Elle n’émettait aucun jugement, c’était de la pure curiosité. Et pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle venait chez lui. Sa tête tournait à droite, puis à gauche avec une curiosité enfantine, oubliant presque où elle se trouvait, mais surtout avec qui. Après quelques minutes, Trevor revint vers elle, deux bières à la main. Il lui en tendit une, déjà décapsulée. « Merci. » Prenant une gorgée, elle réfléchissait aux quelques mots qui se bousculaient dans sa tête. Elle ne savait trop comment les formuler sans provoquer un quelconque silence gênant. « Hum, Trevor… Je voulais te dire… Encore désolée, pour tout à l’heure. Ma scène et euh… La presentation de photo. » finit-elle par dire avant de prendre une gorge de sa bière.

Même après la scène qu’elle venait de lui faire, Jamie restait Jamie et au fond, Trevor était tout simplement ravi de la revoir. Elle lui avait beaucoup manqué au cours de ces derniers mois, et la voir sourire ainsi lui faisait bien plus plaisir que ce qu’il aurait pensé. Alors, lorsqu’il lui proposa de venir chez lui pour boire un verre, Trevor espéra secrètement qu’elle ne prenne pas la fuite et qu’elle accepte de le suivre. Son appartement n’avait absolument rien de luxueux ni même d’extrêmement accueillant, mais après tout elle le connaissait déjà, elle savait donc à quoi s’attendre. Et pour sa plus grande satisfaction, Jamie partagea son avis, acceptant de venir chez lui afin de trouver un endroit calme où ils pourraient parler sérieusement. Ils en avaient bien besoin ! Après tous ces non-dits et ce temps passé loin l’un de l’autre, Trevor semblait avoir besoin de la retrouver. Il avait juste envie de passer un moment avec elle, un moment comme avant, comme lors de leur première rencontre dans ce même restaurant où il travaillait. Pendant une soirée entière, ils avaient joué l’un avec l’autre, s’observant à travers le hublot des cuisines sans pour autant pouvoir se parler ou même s’approcher. Puis, ce fut finalement Jamie qui fit le premier pas en venant le voir, et qui fut par conséquent à l’origine de la brève histoire qu’ils avaient ensuite vécue.

Le chemin qui les séparait de l’appartement de l’italien n’était pas bien long, et ils n’eurent même pas besoin de faire appel à un taxi. Après quelques minutes de marche seulement ils purent rallier ledit appartement, et ne tardèrent pas à s’y engouffrer. Bien loin de l’ambiance de leur première rencontre, il régnait toujours une certaine tension entre eux. Les longs moments de silence qui avaient jonché leur parcours jusqu’ici étaient là pour en témoigner, mais Trevor était tout de même satisfait de l’avoir auprès de lui. Il l’invita donc à s’installer au salon alors qu’il filait vers la cuisine. Ouvrant son réfrigérateur, l’italien fut soulagé d’y trouver un pack de bières encore intact, qui ferait parfaitement l’affaire pour cette soirée improvisée. Saisissant alors deux bouteilles qu’il décapsula d’un geste habile, Trevor revint vers le salon pour en offrir une à son invitée. Et à peine fut-il assis avec elle sur le canapé qu’elle reprit la parole un peu timidement : « Hum, Trevor… Je voulais te dire… Encore désolée, pour tout à l’heure. Ma scène et euh… La présentation de photo. » Ingurgitant plusieurs gorgées de bières, le jeune homme finit par se retourner vers elle en haussant les épaules. « J’avoue que… c’était un peu étrange comme façon de faire mais… je ne t’en veux pas pour ta scène… Et pour les photos non plus. Même si c’est pas très agréable de se sentir surveillé comme ça… » ajouta-t-il en voulant rester sincère. En vérité, elle lui avait fait la peur de sa vie et l’espace d’un instant, il avait bien cru se faire coincer comme un débutant avec ces foutues photos. Mais fort heureusement, il avait désormais la certitude que les soupçons étaient tournés vers Sutton et non vers lui. Cependant, une autre question lui trottait dans la tête depuis un moment, et il savait que le sujet serait particulièrement sensible. Mais qu’importe, il devait savoir ce qu’elle ressentait. « Jamie… » commença-t-il hésitant, en prenant bien soin de la regarder dans les yeux. « Si tu as fait tout ça, c’est parce que…tu crois que… enfin… c’était sérieux nous deux ? »

Une fois de plus, Jamie s’excusa pour son comportement quelque peu étrange d’un peu plus tôt. Elle devait sérieusement apprendre à se contrôler. Si son comportement impulsif commençait à s’incruster dans sa vie personnelle, où allait-elle ? Elle avait déjà bien assez à gérer au boulot. Seulement tout ne semblait pas totalement perdue, puisqu’ils étaient tous deux dans la même pièce, sans se hurler dessus, et qui plus est, chez Trevor. C’était plutôt bon signe ?  « J’avoue que… c’était un peu étrange comme façon de faire mais… je ne t’en veux pas pour ta scène… Et pour les photos non plus. Même si c’est pas très agréable de se sentir surveillé comme ça… » La jeune Mayfair haussa les épaules. Elle ne pouvait que deviner, elle n’avait jamais été surveillée. C’était son boulot à elle. Ou alors, c’est qu’elle ne l’avait jamais su. A vrai dire, elle espérait plutôt ne jamais y avoir le droit. Ni par son boulot, parce qu’elle savait qu’ils viendraient fouiller dans sa vie privée… Mais ni par quelqu’un d’extérieur à son travail, parce que ça signifierait découvrir les mensonges qu’elle avait pu dire pour se couvrir. « Jamie… » La jeune femme tourna immédiatement la tête vers lui, trouvant ça presque flippant la façon dont il venait de prononcer son nom. Comme si ça annonçait une discussion des plus importantes. « Si tu as fait tout ça, c’est parce que…tu crois que… enfin… c’était sérieux nous deux ? » Peut-être n’avait-elle pas si tort que ça vis-à-vis de la nature de leur conversation à venir. Peut-être allaient-ils avoir l’une de ces conversations quelques peu gênantes mais qui allait déterminer le futur de leurs relations. Jamie n’avait jamais réellement aimé parler de ce qu’elle pouvait ressentir. Elle ne le cachait pas non plus, elle n’aimait juste pas en parler. On ne l’avait jamais forcément habitué à mettre ses sentiments à plat, et à en discuter. Sans doute était-ce dû à sa mère. Une déformation professionnelle peut-être… Garder ses ressentis et ses émotions pour ça, c’était le mieux à faire. Dans un boulot comme le sien, oui, sans aucun doute, mais dans sa vie personnelle, c’était tout autre chose. A vrai dire, même avec Lucas, elle ne s’était que rarement épanchée sur ses sentiments et pourtant… Dieu seul savait à quel point ses sentiments pouvaient être forts. « Non… enfin oui mais… rhha je sais pas. » dit-elle en posant sa bière avant de se tourner un peu plus vers Trevor. « Ecoute… Je réfléchis pas à savoir si c’est sérieux ou pas. Je me lance, si ça marche tant mieux, sinon… au moins j’aurais essayé. Le truc c’est que… comme là, bah je sais pas trop où ça va. C’est pas clair. Pas pour moi en tout cas… » tenta-t-elle d’expliquer en se passant la main sur son front. « Et j’aime que les choses soient claires. » ajouta-t-elle avec un sourire amusé. Attrapant sa bière, elle en but quelques gorgées, se demandant par la même occasion si ses propos étaient clairs. Elle n’en était pas franchement convaincue. Pourquoi tout ça devait-il être aussi compliqué ? Pourquoi ne pouvait simplement-elle pas être comme toutes les autres femmes, avec un métier lambda, et des réactions un tant soit peu normales, bien que toujours aussi complexes auprès de la gente masculine. « Je t’apprécie Trevor. Vraiment… Enfin toute façon, si ce n'était pas le cas, on serait pas là... Et comme j’savais pas trop où on était… Quand je suis tombée là-dessus… Mes nerfs ont juste pris le dessus j’imagine. J’aime juste pas qu’il y est… deux personnes en même temps… » finit-elle par avouer. Elle ne voulait vraiment pas lui mettre la pression. Il était libre de voir qui il avait envie de voir, elle tenait juste à ce que tout soit clair, autant pour lui que pour elle. Surtout pour elle en fait.

Trevor n’était pas vraiment du genre à s’épancher, ni même à livrer ses sentiments à n’importe qui. Pourtant, ce soir il avait envie et besoin de savoir. Savoir où ils en étaient tous les deux, savoir s’il avait été le seul à regretter leur éloignement ou non. Mais à vrai dire, et quoi qu’elle puisse bien lui répondre, Trevor n’avait absolument aucune idée de l’attitude à adopter avec elle. Il était à la fois ravi de la retrouver, et totalement refroidi par la façon dont ces retrouvailles avaient été initiées. L’italien hésitait entre détendre l’atmosphère ou au contraire aborder les sujets épineux… et ce fut finalement cette dernière option qu’il retint, peut-être à tort. A peine eut-il commencé qu’il capta d’ailleurs toute l’attention de Jamie, et pour cause. N’étant pas spécialement à l’aise avec la question, Trevor eut un peu de mal à énoncer clairement ce qu’il voulait dire. Mais il fut bien vite rassuré en voyant que la jeune femme avait au moins autant de mal à s’exprimer que lui. Après avoir balbutié pendant quelques instants et posé sa bière sur la table basse, elle reprit finalement plus calmement : « Ecoute… Je réfléchis pas à savoir si c’est sérieux ou pas. Je me lance, si ça marche tant mieux, sinon… au moins j’aurais essayé. Le truc c’est que… comme là, bah je sais pas trop où ça va. C’est pas clair. Pas pour moi en tout cas… Et j’aime que les choses soient claires. » Elle esquissa un petit sourire auquel Trevor s’empressa de répondre. De son côté non plus il n’y avait rien de clair. Depuis Elena, il avait toujours refusé de se projeter dans une quelconque relation amoureuse, et avait prit soin de tirer un trait sur ses réels sentiments. Et sa relation avec Jamie ne faisait pas exception à la règle, bien au contraire. Au moment où elle lui avait manqué le plus, l’italien s’était évertué à l’oublier, à l’effacer purement et simplement de son esprit… chose qu’il était plus ou moins parvenu à faire jusqu’à son brusque retour quelques minutes plus tôt.

Alors que Trevor cherchait dans son esprit quelque chose à répondre à la jeune femme, cette dernière continua sans lui en laisser l’occasion. « Je t’apprécie Trevor. Vraiment… Enfin toute façon, si ce n'était pas le cas, on serait pas là... Et comme j’savais pas trop où on était… Quand je suis tombée là-dessus… Mes nerfs ont juste pris le dessus j’imagine. J’aime juste pas qu’il y est… deux personnes en même temps… » L’espace d’un instant, l’italien se mit à la place de Jamie et l’imagina au bras d’un autre homme. Presque aussitôt, il comprit parfaitement bien de quoi elle parlait lorsqu’elle disait que ses nerfs avaient lâché, et il fut lui-même surpris d’avoir une telle réaction. Se voulant alors le plus rassurant possible, Trevor s’empressa de reprendre : « Il n’y a personne d’autre ! » Mais en se rendant compte qu’il venait de sous-entendre tout un tas de choses auxquelles il n’avait pas forcément pensé, il baissa les yeux quelques instant, gêné. « Enfin je veux dire… il n’y a jamais eu deux personnes en même temps… ça faisait des mois qu’on s’était perdus de vue tous les deux et… et pour être tout à fait sincère, j’avais fait en sorte de t’oublier. Parce que je pensais que c’était mieux comme ça. Je pensais qu’on ne se reverrait jamais alors… » Trevor se justifiait sans même savoir pourquoi, puisque rien ne l’y obligeait vraiment. Mais bizarrement, il était soucieux de prouver sa bonne foi à Jamie. « Bon… je n’y suis pas vraiment arrivé mais… au moins j’aurai essayé ! » termina-t-il en se rabattant sur sa bière pour cacher sa gêne, tout en reprenant les mots que Jamie avait prononcés un peu plus tôt.

Jamie n’avait pas franchement eu le temps de penser à sa relation, du moins pas avant qu’elle ne repose les pieds sur le sol américain. Elle s’était laissée porter puis elle avait ensuite dû disparaitre pour le boulot sans franchement s’en inquiéter. Avant de se rendre, bien évidemment, une fois sur partie sur un autre continent, qu’il lui manquait. Plus qu’il ne l’aurait dû. Et sans doute plus qu’elle n’avait voulu l’admettre. Elle s’était finalement plongée dans sa mission, oubliant quasiment tout le reste. Plus vite c’était fait, plus vite elle rentrait.  « Il n’y a personne d’autre ! »  Jamie releva brusquement la tête, avec un sourire amusé qu’elle n’avait pu empêcher d’apparaitre. Elle aimait ce que ça sous entendait, encore plus la précipitation avec laquelle ses mots étaient sortis, cependant, elle préféra garder ses réflexions pour elle. « Enfin je veux dire… il n’y a jamais eu deux personnes en même temps… ça faisait des mois qu’on s’était perdus de vue tous les deux et… et pour être tout à fait sincère, j’avais fait en sorte de t’oublier. Parce que je pensais que c’était mieux comme ça. Je pensais qu’on ne se reverrait jamais alors… »  La jeune femme écoutait Trevor attentivement, curieuse de connaitre ses raisons. Elle fut cependant un peu étonnée en entendant qu’il avait fait en sorte de l’oublier ? Ca sonnait à ses oreilles comme s’il c’était forcé à le faire. Et non pas comme s’il s’agissait d’un des effets habituels du temps… Comme on avait l’habitude de dire : loin des yeux, loin du cœur. Ou quelque chose dans le genre.  « Bon… je n’y suis pas vraiment arrivé mais… au moins j’aurai essayé ! » finit-il par dire en attrapant sa bière. Un sourire timide s’était installé sur ses lèvres, amusée qu’il reprenne ses phrases pour illustrer ses dires. Ce qu’il y avait de bien avec Trevor, c’est que même si c’était lui qui avait lancé le sujet, il semblait aussi peu à l’aise qu’elle. Et sincèrement, ça la rassurait un peu. Elle finit cependant par froncer les sourcils, intriguée par ce qu’il venait de dire quelques secondes avant. « T’as fait en sorte de m’oublier ? Comme euh… faut que j’me force de t’oublier, en gros ? » demanda-t-elle réellement intéressée. Bon okay, elle allait un peu à la pêche aux informations, mais c’est lui qui avait lancé le sujet, alors fallait bien qu’elle en tire avantage et qu’elle en profite un peu. Ce n’était pas tous les jours qu’une occasion pareille se présentait. Buvant une autre gorgée de sa bière, elle profitait de la fraicheur de cette boisson au milieu de la lourde atmosphère new yorkaise à laquelle ils avaient droit depuis plusieurs semaines maintenant. « Enfin, dans tous les cas, je suis contente que t’es pas réussi. » ajouta-t-elle avec un sourire radieux sur les lèvres. Il était clair qu’elle ne cachait pas sa joie face à cet échec. Et elle était plutôt ravie de se rendre compte qu’elle commençait à réellement se détendre, malgré leur petit accrochage du début de soirée, ou cette conversation qu’elle aurait pu qualifier de complètement awkward. « Et qu’il n’y ait… personne d’autres. » dit-elle en faisant exprès de reprendre les mêmes mots qu’il avait utilisé, avant de se mordre la lèvre inférieure. Pour être honnête, peut-être qu’elle s’amusait de la situation et de la maladresse de Trevor, qui surpassait sans doute la sienne.


so sorry, c'est naze
et promis je vais tout faire pour te répondre

Trevor avait pour habitue de se montrer sûr de lui et inébranlable, quoi qu’il arrive. C’était sa façon à lui de se protéger de tout ce qu’il pouvait bien lui arriver, et aussi l‘une des nombreuses séquelles qui lui avait laissé son passage dans ma mafia. En effet, le jeune homme avait gardé un certain nombre de vieux réflexes, ce qui faisait parfois de lui quelqu’un d’assez secret. Et pourtant, ce soir il se montrait bien plus maladroit qu’autre chose, avouant même à demi-mot ses faiblesses et l’échec de ses nombreuses tentatives visant à effacer Jamie de sa mémoire. Cette dernière afficha d’ailleurs un petit sourire avant de froncer les sourcils, semblant particulièrement s’intéresser au récit de l’italien. « T’as fait en sorte de m’oublier ? Comme euh… faut que j’me force de t’oublier, en gros ? » Trevor la trouva brusquement bien curieuse mais s’il y en avait un des deux à blâmer sur ce coup-là, c’était bien lui. Après tout rien ne l’avait obligé à mettre ce sujet-là sur le tapis, maintenant il devait assumer. Un peu méfiant et sans savoir ce qu’il se passait réellement dans la tête de Jamie, le jeune homme acquiesça d’un simple hochement de tête. Mais très vite, la jeune femme lui assura qu’elle était satisfaite de cette difficulté qu’il avait eue à l’oublier. Tout à coup elle avait l’air radieuse, et se permit même d’ajouter un trait d’humour à propos d’une éventuelle autre personne dont Trevor ne voulait pas. L’italien lui rendit alors un sourire des plus sincères, en s’installant plus confortablement dans son canapé, totalement détendu ou presque.

Laissant s’installer un bref moment de silence, Trevor but quelques gorgées de bière en se délectant de chacune d’elles. Après le panel d’émotions par lequel il était passé, il méritait bien ça ! Néanmoins, son esprit cogitait toujours sur le cas « Jamie » et il était tout bonnement incapable de se mettre à penser à autre chose. Maintenant qu’elle était à côté de lui, Trevor était persuadé qu’il avait bien fait de ne pas l’oublier comme il avait souhaité le faire. Finalement, prendre son mal en patience avait été la meilleure solution et même si leurs retrouvailles avaient été un peu agitées, elles marquaient pour lui le début de quelque chose de neuf. Bien sûr, il ne savait mettre aucun nom là-dessus, c’était plus une sensation ou un pressentiment qu’autre chose… Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était apaisé et ravi de la retrouver. En fait, il aurait voulu rester comme ça, à côté d’elle pour être certain qu’elle ne s’en irait plus, et qu’ils ne seraient plus amenés à se perdre de vue pendant des mois. Alors, l’air de rien, il porta sa main jusqu’au genou de la jeune femme sur lequel il commença à dessiner des formes du bout du doigt. « La prochaine fois, on attendra moins longtemps avant de se retrouver… hm ? » questionna-t-il avec une certaine ironie, espérant simplement qu’il n’y aurait pas de prochaine fois.

Sans qu’elle ne s’y attende vraiment, Jamie sentit la main de Trevor se poser sur son genou, avant d’enchainer une suite de dessins du bout du doigt. Le contact et rapprochement physique était une bonne chose, ça ne pouvait que signifier que la tension s’apaisait et que la situation retrouvait un semblant de normalité. Un léger sourire vint s’installer sur ses lèvres à cette pensée. Un peu de calme et de tendresse n’était pas de refus. A vrai dire, ça lui manquait même. L’avantage de mener une vie comme la sienne était qu’elle ne s’ennuyait jamais, qu’elle le veuille ou non, seulement, de temps en temps, avoir une vie qui se rapprochait un peu plus de ce que les gens considéraient comme la normale pouvait être tout aussi plaisant.  « La prochaine fois, on attendra moins longtemps avant de se retrouver…hm ? » « Le mieux serait qu’il n’y ait pas de prochaine fois. » lâcha la jeune femme d’un air faussement innocent en glissant délicatement ses doigts entre ceux de Trevor, toujours en train de dessiner des formes imaginaires sur son genou. Elle se surprit à réellement apprécier ce moment. Un instant paisible qui ne se faisait que trop rare dans sa vie. « Aucun voyage à l’horizon. » affirma-t-elle d’un signe de tête, avant de froncer les sourcils en repensant forcément à sa dernière mission qui n’avait pas franchement été planifiée des mois à l’avance. « Sauf s’ils me refont un coup du même genre. Mais il y a peu de chances. » Un sourire qui se voulait rassurant s’installa sur les lèvres de la jeune femme. Il y avait bien cette mission en rapport avec d’anciens agents du KGB qui venaient foutre leur merde, puis ces histoires de taupes, ainsi que ce sujet brulant avec la Corée du Nord ou même l’Iran. Elle se savait sauve avec l’Irak, cette histoire durait depuis dix ans, ce n’était pas maintenant qu’ils allaient bouger le petit doigt… Mais elle avait plus de doute pour la Corée du Nord. Et Dieu savait qu’elle ne voulait pas mettre les pieds dans ce pays. Elle n’avait pourtant jamais été du genre à rechigner sur une mission malgré sa difficulté. Mais la Corée du Nord, ça relevait du suicide. Pour ce qui était de cette histoire de taupe au sein de leur agence, ça foutait tout le monde sur les nerfs, elle savait que pour aller à la pêche aux renseignements, ils étaient amenés à quitter le pays.

Jamie finit par se rapprocher de Trevor, légèrement, mais pas si discrètement. La proximité pouvait en  mois qu’ils avaient passé en silence radio, sans réelle raison apparente, si ce n’est peut-être leurs activités professionnelles respectives, elle n’en était pas moins attaché à lui. Ce début d’attachement qui lui faisait comprendre qu’elle pouvait tenter de continuer sur cette voie là avec lui, et non pas à directement laisser tomber. Elle planta son regard dans le sien, dans ce regard d’un bleu si profond qu’elle pouvait s’y perdre. Elle aimait sans aucun doute ce bleu. Bleu perçant qui la charmait autant que l’effrayait. Et c’est sans doute un peu sous le coup de cet atout auquel elle ne pouvait résister bien longtemps qu’elle posa délicatement ses lèvres sur celles de Trevor.

Trevor surveillait du coin de l’œil la réaction de la jeune femme lorsqu’il osa poser sa main sir son genou, et il fut ravi de constater qu’un sourire étira bien vite ses lèvres. Tout n’était donc pas perdu et une fois l’amertume de ces retrouvailles un peu particulières passée, l’italien pouvait se reconcentrer sur celle qui lui avait tant manqué ces derniers temps. « Le mieux serait qu’il n’y ait pas de prochaine fois. » répondit Jamie lorsqu’il évoqua une potentielle prochaine fois, qu’il ne souhaitait pas voir arriver pour autant. Cette réponse eut d’ailleurs un double effet plutôt inattendu sur le jeune homme qui après avoir été contente d’entendre cet avis, se prit à ressentir une certaine crainte. Est-ce qu’elle entendait par là qu’elle voulait s’engager dans une relation à long terme ? Une véritable relation amoureuse ?! Certes, Trevor ne voulait plus la perdre comme il l’avait fait ces derniers mois mais de là à se projeter dans une telle histoire avec elle… De toute façon, son quotidien et son implication dans la mafia le lui interdisait. Mais évidemment, il ne pouvait absolument rien dire et se contenta donc d’esquisser un petit sourire, s’efforçant de ne rien laisser transparaitre de son malaise.

Jamie affirma ensuite qu’aucun voyage du à son boulot n’était pas prévu au programme ce qui, une fois de plus, eut le mérite de réjouir Trevor. Peut-être un peu trop. « Pas de surmenage au boulot pour moi… » déclara-t-il en forme de réponse. La réalité était bien sûr toute autre mais ça, Jamie ne le saurait jamais. Car même s’il n’était pas totalement débordé par ses services au restaurant, les missions qu’il partageait avec Marley pour la mafia sicilienne lui prenaient de plus en plus de temps. Et malheureusement pour lui, il étai désormais pris dans un énorme engrenage, qui le rendait incapable de refuser un quelconque service à la jeune italienne. Elle assurait sa protection, alors il devait le lui rendre en jouant les petits amis modèles lors de soirées huppées durant lesquelles ils espionnaient les ennemis de la famille Don Vito. Au final, Trevor retrouvait ses vieux réflexes. Ceux qu’il avait eu à Milan quand il était au service de son père. Mais ici, tout était bien différent et malgré la rage qu’il avait ressentie en se voyant replonger dans le milieu mafieux, ses missions n’avaient rien à voir avec les règlements de compte dont il avait été l’auteur en Italie. Alors il s’accommodait de cette situation, se disant simplement que le destin avait choisi pour lui de la vie qu’il devait mener.

Alors que Jamie se rapprochait lentement mais surement de lui, Trevor ne tarda pas à capter son regard. Depuis le temps qu’il n’avait pas été aussi proche d’elle… Il se sentait presque attiré par ses lèvres comme par un aimant. Pourtant, l’italien s’efforçait de ne pas broncher, voyant clairement que si un des deux craquait, ce ne serait certainement pas lui le premier. Et effectivement, après avoir plongé ses yeux dans ceux du jeune homme pendant quelques instants, Jamie effaça la distance qui les séparait encore pour venir unir délicatement leurs lèvres. Après lui avoir offert un minuscule baiser, Trevor se recula quelque peu en affichant un sourire en coin. Il voulait la faire mariner un peu [Hahaha], la faire languir et voir jusqu’à quel point elle pouvait lui résister… ou pas. Le jeune homme laissa glisser la main qu’il tenait toujours sur son genou vers sa cuisse, et se repositionna un peu mieux en face d’elle. Se rapprochant une nouvelle fois d’elle comme s’il voulait l’embrasser, il dévia au dernier moment et se contenta d’enfouir son visage au creux de son coup en affichant un nouveau sourire des plus provocateurs.

« Pas de surmenage pour moi » Elle lui répondit par un sourire, sans pouvoir s’empêcher de se demander si c’était vraiment le cas ? Après tout, était-ce la vérité ? Enfin, elle était bien la première à lui mentir. Pourquoi ne ferait-il pas de même ? Elle lui mentait constamment sur sa vie professionnelle, et parfois même, ça impliquait de lui mentir sur des petites choses de la vie quotidienne qui auraient pu paraitre insignifiantes pour beaucoup de monde. Alors à chaque fois qu’elle entamait une conversation à peu près normale avec une personne qui était tout ce qu’il y avait de plus banal –et c’était loin d’être péjoratif à ses yeux- elle ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était la seule à mener une double vie. Elle laissait cependant bien vite tomber ses interrogations, avant de finir, à coup sûr avec une migraine carabinée si elle ne cessait de remettre en cause tout ce qu’on pouvait lui raconter.

Jamie fut bien vite distraite de ses pensées loufoques. Elle avait plongé son regard un peu trop longtemps dans celui de Trevor. Assez longtemps en tout cas pour en perdre le fil et avoir envie de l’embrasser. Il l’avait attiré dès qu’elle l’avait vu. Elle n’aurait su dire ce qui l’avait attiré exactement, parce qu’elle était consciente qu’il y avait des hommes plus parfaits que lui, physiquement parlant. Une mâchoire plus dessinée, une carrure un peu plus imposante, ce genre de choses. Non, Trevor, lui, il avait le charme que tous ces mecs ne possédaient pas. Un sourire irrésistible, un regard à se damner et des mimiques tout aussi craquantes. Sans parler de ce je ne sais quoi sur lequel elle n’avait toujours pas réussi à mettre le doigt. Ce petit truc qui lui avait fait se méfier d’abord, et qui avait fini par l’attirer de plus en plus. Encore maintenant.
C’est à cause de ce même regard –en quelque sorte- qu’elle l’embrassa. Un simple baiser qu’elle avait pourtant redésiré depuis un long moment. Il fut de courte durée, Trevor se recula légèrement, avec un sourire coin. Oh non, ça n’annonçait rien de bon. Elle connaissait cette tête, ce petit sourire. Elle décida pourtant de mettre cet avertissement interne dans un coin de sa tête lorsqu’elle sentit la main du jeune homme glisser de son genou à sa cuisse. Cette fois, ce fut lui qui s’approcha un peu plus de la jeune Irlandaise, comme pour l’embrasser à son tour, ce à quoi elle crut, avant qu’il ne fonde dans son coup. Elle pouvait le sentir sourire. Ce sourire qu’elle avait parfois envie de lui arrache, ce sourire joueur qu’il arborait lorsqu’il se  sentait sûr de lui. Cependant, elle ne put s’empêcher, elle aussi, de sourire, amusée de son comportement, quoique sans doute un peu légèrement frustrée. « Oh c’est à ça que tu veux jouer ? » demanda-t-elle en reculant légèrement le haut de son corps, en faisant glisser à son tour, l’une de ses mains sur la cuisse de Trevor. « Tu sais que tu risques de perdre ? » le questionna-t-elle avant de se mordiller la lèvre inférieure, alors que sa main se rapprochait un peu plus dangereusement de l’entrejambe de Trevor. Il voulait la faire languir ? Il allait tout autant mariner qu’elle. Si ce n’est plus.

Il avait suffi de quelques dizaines de minutes pour que Trevor oublie les circonstances dans lesquelles Jamie était venue le trouver à la sortie du restaurant. Le jeune homme avait en effet baissé sa garde bien plus rapidement que d’habitude, mais la confiance qu’il mettait en Jamie n’avait pas été ébranlée, même après tous ces mois d’absence. Elle avait quelque chose en plus, quelque chose d’imperceptible qui le faisait se sentir bien avec elle, et qui lui donnait la certitude qu’aucun danger ne pouvait venir d’elle. Au contraire, elle était devenue sa bouffée d’oxygène, celle avec qui il oubliait tout et surtout les tracas de son quotidien. Son absence lui avait d’autant plus pesé ces derniers temps, et la satisfaction de la retrouver avait donc rapidement prit le dessus sur tout le reste. Désormais il voulait se consacrer à elle, et ce pour le reste de la soirée.

Ne perdant pas ses vieilles habitudes, Trevor ne tarda pas à entrer dans un petit jeu de séduction dont il avait le secret. Jamie avait initié le rapprochement qu’il attendait depuis une éternité, et il était désormais prêt à aller bien plus loin. Mais, sûr de son pouvoir sur elle et désireux de savourer chaque seconde passée à ses côtés, l’italien entendait bien faire un peu trainer les choses. Et comme si elle avait instantanément compris où il voulait en venir, Jamie ne se fit pas prier pour entrer dans son jeu, se reculant légèrement de lui en glissant une de ses mains sur sa cuisse. C’était du donnant-donnant, et cette complicité ravissait littéralement Trevor qui n’en finissait plus de sourire. Se reculant à son tour, il plongea son regard dans celui de la jeune femme pour s’y perdre quelques instants, avant qu’elle ne lui fasse reprendre le cours des réalités en approchant sa main de son entrejambe. Il haussa alors un sourcil en affichant un air faussement surpris, et laissa échapper un éclat de rire lorsqu’elle déclara : « Tu sais que tu risques de perdre ? » Effectivement. S’il était certain d’avoir un certain pouvoir de séduction sur elle, Trevor était lui aussi victime d’une attirance pour Jamie qu’il avait bien du mal à réprimer. Si bien que si elle se mettait vraiment à jouer avec ses nerfs, le jeune homme n’était pas certain de pouvoir tenir le coup bien longtemps.

Sans se départir de son sourire charmeur, l’italien s’approcha de nouveau de Jamie et la poussa délicatement jusqu’à l’allonger sur le canapé. Il se hissa ensuite au-dessus d’elle jusqu’à ce que leurs deux visages soient à la même hauteur et déclara : « Pour une fois, je veux bien m’incliner… ça ne doit pas être si désagréable que ça de perdre… » Son regard était plein de sous-entendus, mais il ne se laissa tout de même pas avoir si facilement qu’il voulait bien le dire. En se penchant sur Jamie, il manqua une nouvelle fois de l’embrasser, se contentant de mordiller sa lèvre qui ne demandait pourtant qu’à retrouver le chemin des siennes. Puis, un peu plus sérieusement qu’avant, il capta de nouveau le regard de la jeune femme et murmura : « Tu m’as manqué… »

Si Trevor voulait jouer, il allait être servi. Non pas qu’elle avait très envie de le repousser, bien au contraire, mais à la chercher, il allait la trouver. Il jouait avec ses nerfs et ses envies. Leur soirée avait déjà été mise à rude épreuve par son entrée en matière des plus délicates –sentez l’ironie- mais si en plus il se mettait à jouer avec elle comme il avait l’air de vouloir le faire, ils n’allaient définitivement pas s’en sortir.
Le jeune homme poussa alors délicatement Jamie de manière à ce qu’elle se retrouve allongée sur le canapé, ainsi, il se hissa au-dessus d’elle, jusqu’à sa hauteur. Son visage était si près du sien que ça lui demandait un contrôle énorme pour ne pas reposer ses lèvres sur celle de Trevor. Elle n’allait tout de même pas le laisser gagner alors qu’elle avait fait le premier pas. Enfin, elle avait un minimum de fierté à conserver. « Pour une fois, je veux bien m’incliner… ça ne doit pas être si désagréable que ça de perdre… » Il n’avait pas besoin de mots pour lui expliquer tout ce qu’il avait en tête. Son regard était bien assez explicite. « Tu m’étonnes… » commenta-t-elle amusée. Il était vrai que vu sous cet angle, perdre n’avait pas franchement ce goût d’amertume qu’on lui associait. Seulement il ne céda pas pour autant, au plus grand désarroi de la belle irlandaise qui n’attendait que ça. Ou presque. Il se pencha vers elle, une fois encore, comme pour l’embrasser. Au lieu de ça, il se contenta de jouer avec la lèvre inférieure de la jeune femme, la mordillant, comme pour la provoquer un peu plus. Ce n’est que quelques instants après, qu’il la fixa un peu plus sérieusement. Damn no. Il se voulait être sérieux, mais la regarder ainsi ne provoquait en elle que le désir de le posséder un peu plus. « Tu m’as manqué… » Jamie glissa délicatement sa main sur la joue de Trevor, attendrit et touchée par ses quelques mots. Il n’imaginait pas à quel point ça pouvait lui faire du bien d’entendre ça. D’abord parce qu’elle avait besoin de savoir que sa vie ne se limitait pas à son boulot, à des missions d’infiltrations et à des mensonges tous plus gros les uns que les autres. Mais aussi parce que venant de lui et de leur début de soirée, ça voulait dire beaucoup. Elle tenait vraiment à Trevor, sans doute plus qu’elle ne voulait l’avouer. Y compris à elle-même. A vrai dire, depuis Lucas –ou Neven, elle ne savait même plus comment elle devait l’appeler- elle avait mis des distances dans toutes ses relations. Un peu malgré elle. La peur de revoir l’autre disparaitre, et surtout l’angoisse de devoir mentir constamment. D’un point de vu pratique, Lucas était sans doute le meilleur parti… Ils faisaient le même boulot, alors mentir sur ses activités n’étaient pas nécessaires… Sans pour autant qu’elle ne lui dévoile les détails de ses affaires. Après tout, ils bossaient pour deux agences différentes. Mais avec les autres, qu’ils surnommaient les civils, c’était plus compliqué. S’ils prenaient le risque d’entamer une relation, ils se devaient de mentir, constamment. Peut-être n’était plus aussi à l’aise avec le mensonge qu’elle ne l’était auparavant. « Toi aussi. » finit-elle par répondre, sincère, alors que sa main se glissait dans les cheveux de Trevor. « Tu n’as donc plus le droit de me laisser sans nouvelles... » ajouta-t-elle en jouant nerveusement en continuant de jouer nerveusement avec ses cheveux. « Sinon je te le ferai regretter. » finit-elle par dire avant de rigoler.




sorry pour cette nullité

Malgré l’ambiance beaucoup moins pesante qu’en début de soirée, et la proximité qui s’était de nouveau installée entre Jamie et lui, Trevor ressentit le besoin de reprendre son sérieux quelques instants. En effet, il y avait quelque chose qui l’avait tué durant ces dernières semaines, et qu’il voulait à tout prix partager avec la jeune femme. Comme pour lui prouver une bonne fois pour toute sa sincérité, et le fait qu’il n’y ait absolument personne d’autre qui occupe son esprit comme elle le faisait depuis leur rencontre. En lui avouant qu’elle lui avait manqué, l’italien se mettait un peu à nu mais curieusement, il ne prenait pas cela comme une faiblesse. Pas devant elle. Pourtant, depuis Elena le jeune homme s’était promis de ne jamais plus s’attacher à une fille comme il avait pu le faire avec elle. Et même s’il n’en était pas encore à ce stade-là avec Jamie, il sentait qu’avec elle… tout était différent. Sa présence, son regard, le manque qui grandissait lorsqu’elle n’était pas là… Toutes ces petites choses le rapprochaient de plus en plus d’elle et il n’avait même pas envie de lutter. Il savait que cette relation, comme toutes les autres d’ailleurs, ne pourrait rien lui apporter de bon ni à lui, ni à elle. Le danger qui planait constamment au-dessus de lui était bien réel, et finirait à coup sûr par tout gâcher. Mais dans les bras de Jamie, il n’avait plus envie de se poser tant de questions. Il se laissait aller, tout simplement, et laissait pour une fois les choses suivre leur cours sans les en empêcher.

La main que la jeune femme posa délicatement sur la joue de Trevor le fit d’ailleurs frissonner et sans  dévier un seul instant son regard de celui de Jamie, il esquissa un petit sourire en coin. « Toi aussi. » souffla-t-elle en glissant sa main jusque dans la tignasse brune de l’italien, dont le cœur sembla s’arrêter quelques instants. Au moment où elle le somma de ne plus jamais la laisser sans nouvelles, un nouveau sourire éclaira le visage de Trevor qui murmura « C’est promis… » en se rapprochant d’elle avec la ferme intention de l’embrasser. Quitte à perdre cette partie-là… il ne pouvait de toute façon pas attendre plus longtemps. Mais alors qu’il amorçait à peine son mouvement, Jamie ajouta : « Sinon je te le ferai regretter. » en riant. Instantanément, Trevor stoppa son geste en haussant un sourcil. Il se recula quelque peu pour mieux capter le regard de la jeune femme et questionna, visiblement très intéressé : « Ah oui ? Et… je peux savoir comment tu t’y prendrais pour ça ? » Plus joueur que curieux, le jeune homme se mordit la lèvre inférieure pour éviter que son sourire ne s’élargisse trop, et plongea une nouvelle fois ses yeux dans ceux de Jamie en attendant son « verdict ».

Jamie avait passé assez de temps loin de Trevor. Assez à son goût en tout cas. C’est pourquoi elle lui demanda de ne plus recommencer. « C’est promis… » murmura-t-il en s’approchant de l’irlandaise, prêt à finalement céder. Elle s’attendait à ce qu’il l’embrasse, après tout ce temps à attendre qu’il le fasse enfin. Mais non, au lieu de ça, il préféra rester interdit face à la remarque de la jeune femme. Elle savait qu’elle aurait mieux fait de fermer sa bouche. Se reculant légèrement de son visage, il avait l’air soudainement très intéressé.  « Ah oui ? Et… je peux savoir comment tu t’y prendrais pour ça ? » Ou peut-être était-il plus amusé que réellement intéressé. Elle détestait le voir se mordiller la lèvre inférieure comme il venait de le faire. Elle détestait ça, parce que ça le rendait plus irrésistible qu’il ne l’était déjà à ses yeux. Il jouait avec ses nerfs, encore un peu plus, et il le savait. Parce qu’en plus de son regard à faire fondre n’importe quelle femme, ou même son sourire, il avait ses exaspérantes mimiques qui finissaient de vous achever. Elle la première. Ça lui demandait des efforts considérables de se concentrer sur autre chose que sur ses lèvres. « Tu sais qu’une femme ne doit jamais dévoiler ses secrets ? » elle haussa les épaules, innocentes. « Et puis… On a des techniques qui ne te viendraient même pas à l’esprit. Tu ferais mieux de ne pas sous-estimer la gente féminine. » conclua-t-elle en haussant la tête. Il était vrai que ceux qui la connaissaient savaient qu’elle était capable, par de nombreux moyens et pas toujours des plus agréables, de faire regretter à quelqu’un le moindre de ses actes. Elle avait été entrainée, lors de ses premières années, par l’un des meilleurs agents du Mossad –l’ancien partenaire de sa défunte mère- à toutes leurs techniques, mais plus encore, à toutes sortes de tortures qui pourraient briser n’importe qui. Ou du moins, ce qui se disait, parce qu’il y avait bien quelques exceptions qui avaient fini par mourir des mains de ces agents sans divulguer la moindre information. Mais ce soir, il ne s’agissait pas de ça. Elle parlait d’une torture plus douce mais sans doute aussi plus cruelle dont seule la gente féminine avait le secret. Peut-être que certains auraient d’ailleurs préféré la manière forte. Jamie glissa ses mains jusqu’au de la chemise de Trevor, déboutonnant lentement les boutons un à un, avant de l’en débarrasser. Elle approcha son visage du sien, prête à l’embrasser, avant de dévier au dernier moment, jusqu’à son cou, comme il le lui avait fait quelques instants auparavant. Elle y embrassa dans le cou, une fois, deux fois, trois fois, avant de replonger son regard dans le sien. « Tu vois, ça pourrait commencer comme ça… » elle l’embrassa une fois de plus au même endroit, plus tendrement cependant, faisant durer le plaisir avant de se reculer légèrement. « Et continuer jusqu’à ce que ça devienne une torture. »

Bien qu’il s’amuse de la situation et de cette tension qui s’installait peu à peu entre eux, Trevor avait de plus en plus de mal à supporter ce petit jeu. Pourtant, il ne voulait pas craquer le premier mais sentait de plus en plus qu’il n’aurait pas vraiment le choix. Jamie était forte, très forte. Et même s’il pouvait lire dans son regard qu’elle était aussi impatiente que lui, elle tenait bon face à tous les assauts de l’italien. Pire, au moment où il ‘apprêtait à craquer, elle l’en dissuada en incluant une nouvelle part de mystère dans son discours. S’il la laissait encore une fois sans nouvelle, elle lui promettait de le lui faire regretter, éveillant ainsi toute la curiosité de l’italien qui s’empressa de lui demander plus d’explications. En toute innocence, la jeune femme lui affirma qu’il ne devait pas sous-estimer les femmes et bien que les italiens aient tous une réputation de macho collée sur le front, Trevor voulait bien la croire sur ce coup-là. D’ailleurs, Jamie ne tarda pas à lui faire une démonstration de ses pouvoirs… Les boutons de la chemise de Trevor sautèrent les uns après les autres sous les mains habiles de la jeune femme, qui le débarrassa rapidement de son vêtement pour lui offrir une multitude de baisers dans le coup. Ravi de cette prise d’initiative, l’italien ferma les yeux en se mordillant une nouvelle fois la lèvre, avant d’esquisser un sourire satisfait. Mais contre toute attente, Jamie prolongea leur jeu en mettant ses nerfs à rude épreuve. « Tu vois, ça pourrait commencer comme ça… » murmura-t-elle avant de déposer un nouveau baiser bien plus tendre dans son cou, et de reprendre : « Et continuer jusqu’à ce que ça devienne une torture. »

Trevor ne put cette fois empêcher un petit éclat de rire de s’échapper de sa gorge. Se prenant une nouvelle fois au jeu, il murmura d’un voix à peine audible : « Pourquoi continuer ? C’en est déjà une… » Mais au moment où il prononça ces mots, il vit le regard de Jamie dévier sur son épaule. Tout à coup, une sorte de panique s’empara de lui en se souvenant de ce qui avait probablement attiré l’attention de la jeune femme : les traces encore douloureuses laissées par la balle qu’il avait reçue dans le bras en voulant protéger Marley. Cette fois, il était foutu. Si Jamie devinait d’où provenait cette plaie, elle allait l’obliger à parler, à lui expliquer pourquoi cette blessure entravait encore son épaule… Alors, pour couper court à toute discussion houleuse, le jeune homme s’empara brusquement des lèvres de Jamie pour lui offrir un baiser à la hauteur de ce qu’il attendait depuis plusieurs minutes. Se permettant même de glisser ses mains sous le haut de la jeune femme, il fit de son mieux pour détourner son attention, et lui faire oublier cette blessure en forme de preuve qu’il portait bien malgré lui sur l’épaule.

Jamie aurait aimé avoir la même assurance dans sa vie privée que celle dont elle faisait preuve lors de ses missions. Elle aurait voulu avoir ce même sentiment non pas d’invincibilité, mais de force, et que rien ne pouvait lui résister. Mais il semblerait que ce soir, en présence de Trevor, elle retrouvait un peu de cette assurance qui la caractérisait dans sa vie professionnelle. La jeune Mayfair lui fit comprendre –d’une manière bien douce évidemment- qu’il valait mieux pour lui que ça soit la dernière fois qu’il la laisse seule aussi longtemps. Visiblement, ce qu’elle racontait avait l’air de beaucoup l’amuser. Tout autant que ça semblait l’exciter d’ailleurs. « Pourquoi continuer ? S’en est déjà une… » Oh parce qu’elle n’allait se contenter d’une si douce et courte torture. Ça allait durer plus longtemps, il pouvait en être certain. Cependant, son attention fut attirée ailleurs. Sur l’épaule de Trevor. Il y avait une petite cicatrice, quoiqu’assez grosse pour qu’on la remarque. Elle eut à peine le temps de se demander d’où il avait bien pu l’obtenir que Trevor coupa court à toutes ses réflexions. Et comment… Il captura ses lèvres dans un baiser qu’elle attendait depuis beaucoup trop longtemps. Elle y pensait depuis des mois, mais cette pensée était devenue obsédante et insoutenables depuis plusieurs minutes, depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Elle sentit les mains de Trevor se glisser sous son chemisier alors qu’elle passait ses mains autour de sa nuque, ayant quasiment oublié cette histoire de blessure. Là tout de suite, elle n’avait plus qu’une chose en tête : le plaisir que lui procuraient les caresses de Trevor. Ses jambes vinrent naturellement s’enrouler autour de lui, resserrant un peu plus leur étreinte. Jamie l’embrassa à son tour, laissant ses mains glisser jusqu’à son épaule. C’est là qu’elle sentit cette cicatrice sous ses doigts. Et ça lui revint en tête. L’épaule, la cicatrice, avant qu’il ne lui donne ce qu’elle attendait depuis un moment. Elle détacha difficilement ses lèvres de celles de Trevor, poussée par la curiosité. « Où c’est que t’as eu ça ? » demanda-t-elle haletante. Ça lui rappelait quelque chose, mais il lui était juste impossible de mettre le doigt dessus. Et puis, ça lui rappela cette légère cicatrice qu’elle a dans le dos, au niveau de ses reins. Un coup de couteau gentiment délivré par un mercenaire, deux ans plus tôt, lors d’une mission en Bosnie. Mais elle doutait cependant que Trevor ait obtenu cette cicatrice dans les mêmes conditions barbares qu’elle. Il était peu probable qu’elle soit le résultat d’une bagarre ayant très mal tourné. Quoique l’hypothèse d’une telle bagarre dans des bars irlandais ou même anglais n’était pas à exclure, à vrai dire, même très fortement envisagé. Seulement, ils n’étaient dans aucun de ces deux pays, bien qu’il fallait l’avouer, ce n’était pas ce qu’il manquait, les pubs irlandais, ici, à New York.

c'est court, et nulle ;___; sorry