Depuis la dernière visite qu’il avait faite à l’hôpital, Aaron n’avait pas la conscience tranquille. En effet, le jeune homme n’avait mentionné à personne dans son entourage que son insuffisance pulmonaire était maintenant telle qu’il devait recevoir une greffe de poumon assez rapidement s’il ne voulait pas y passer. Il ne l’avait pas dit à Athena car la demoiselle l’avait coupé dans son élan en lui disant qu’elle était enceinte mais qu’elle ne savait pas s’il était le père du bébé, en d’autres termes bien sur car elle lui avait dit bien moins directement pour ne pas qu’il s’énerve. Et il ne l’avait dit non plus à Alice, sa meilleure amie, la jeune maman de sa petite filleule qu’il aimait tant et avec qui il vivait. S’il ne lui avait pas dit c’était bien pour que la blondinette ne se fasse pas de souci et qu’elle ne s’imagine pas déjà le reperdre une nouvelle fois. Non il voulait juste profiter des derniers instants avec tout le monde si s’était bien les derniers et ça quoiqu’il arrive et surtout s’il ne recevait pas de greffe à temps. Cette greffe était donc toujours dans sa tête et bizarrement au seul moment où il ne l’avait pas car il passait du temps avec Charlie, sa filleule adorée, qu’il venait d’aller récupérer à l’école, son téléphone sonna affichant le numéro de l’hôpital dans lequel il allait à New York. Il était en tête de liste, et un accident de voiture venait de se produire dans le centre de la ville, il était donc le premier à pouvoir recevoir le poumon de la personne qui venait de décéder dans cet accident car il avait la chance d’être compatible avec. Aaron fut légèrement pris de panique lorsqu’on lui annonça qu’il devait être plus que rapidement à l’hôpital. Il tenta d’appeler plusieurs fois Alice pour qu’elle rentre du travail pour s’occuper de Charlie mais ne parvint pas à la joindre, trop occupée comme souvent surement. Il opta donc pour une autre solution et sur le chemin pour rentrer à l’appartement où il vivait il appela Nastazia pour qu’elle vienne garder la petite. Les deux jeunes gens étaient proches et Nasta savait qu’un jour où l’autre il lui faudrait une greffe, elle comprendrait donc rapidement l’urgence ce qui fut le cas et en plus elle savait s’occuper des enfants ce qui comblerait le temps avant qu’Alice ne rentre. Une fois les consignes données pour sa filleule à son amie donnée, le beau brun avait filé à l’hôpital où très vite on l’avait préparé pour la longue opération qu’il allait subir. Il paraissait parfaitement calme et pourtant il ne l’était pas du tout, il eut cependant une petit bouffée d’air frais lorsqu’il vit entrer dans la chambre où il était en attendant de passer sur le billard, Karina. Elle l’avait reçu la dernière fois, elle avait accepté de boire un verre avec lui ce qu’ils avaient fait et ils s’entendaient plutôt bien. Il savait qu’avec elle il n’y aurait pas de mensonge ! « Karina ! Ouf ! Enfin Docteur, je suis désolé… Euh je suis complètement paniqué, je ne pensais pas que cette operation interviendrait aussi rapidement… Personne dans mon entourage n’est au courant ! Il faut que tu, que vous tentiez d’appeler ce numéro, Alice Gardner, ma meilleure amie avec qui je vis, je m’occupais de sa fille quand vous m’avez appelé, elle doit rentrer au plus vite à la maison pour s’en occuper elle mais qu’elle ne s’inquiète pas une de mes amies la garde ! » Aaron était confus dans ses paroles mais Karina devait surement avoir l’habitude alors cela ne le dérangeait pas d’être dans ce cas.
Karina allait assister à l’une de ses toutes premières greffes de poumons. Ça avait toujours eu quelque chose d’impressionnant pour elle et elle aimait tout particulièrement assister et observer les chirurgiens sur un tel exercice. La greffe d’aujourd’hui était d’autant plus spéciale qu’elle était devenue amie avec le patient. A la base, il avait été son patient à qui elle avait fait passer des examens et avait qui elle avait discuté d’une révision, d’une amélioration plutôt, de son traitement. C’était elle qui lui avait annoncé qu’il avait besoin d’une greffe ce qu’il avait eu du mal à accepter. Elle avait essayé de le lui faire accepter et finalement elle avait réussi puisqu’il avait bien voulu qu’il l’inscrive sur la liste des personnes en attente de greffe. L’urgence provoquée par son état avait fait qu’il se retrouve rapidement tout en haut de cette fameuse liste et aujourd’hui ils étaient là, prêts à lui greffer son nouveau poumon. L’histoire d’Aaron avait touché la jolie brune qui savait pourtant qu’elle n’avait pas le droit de s’attacher à un patient. Il y aurait toujours des risques pour mettre en péril les soins, ou le bon déroulement d’une opération par exemple. La jeune femme était cela dit très professionnelle et elle savait qu’elle ne ferait rien qui puisse entacher son éthique ou faire douter ses supérieurs quant à son talent et son efficacité. Elle avait décidé d’aller voir le jeune homme avant son opération, pour le rassurer une nouvelle fois et qu’il puisse voir un visage connu et rassurant avant de passer sur le billard. Il semblait être content de la voir puisqu’il l’accueillit avec enthousiasme accompagné d’un flot de paroles. « Karina ! Ouf ! Enfin Docteur, je suis désolé… Euh je suis complètement paniqué, je ne pensais pas que cette opération interviendrait aussi rapidement… Personne dans mon entourage n’est au courant ! Il faut que tu, que vous tentiez d’appeler ce numéro, Alice Gardner, ma meilleure amie avec qui je vis, je m’occupais de sa fille quand vous m’avez appelé, elle doit rentrer au plus vite à la maison pour s’en occuper elle mais qu’elle ne s’inquiète pas une de mes amies la garde ! » Karina posa une main sur son épaule et lui sourit chaleureusement. Elle était vraiment contente pour lui, il le méritait. « Tu as eu beaucoup de chance. C’est une bonne chose, il ne faut pas t’en faire d’accord ? Ça va aller. » Elle tenta de le rassurer avec des phrases bateau mais qu’elle pensait pourtant sincèrement. Elle s’empara ensuite du numéro qu’il lui tendit et le nom qu’il lui indiqua lui rappelle tout de suite quelque chose. Elle se perdit un instant dans ses pensées jusqu’à ce qu’il la ramène à la réalité. « D’accord, je l’appellerais et je lui dirais de ne pas s’inquiéter. » Toutefois, son ton était moins assuré qu’un peu plus tôt. Elle n’arrivait pas à se souvenir d’où elle connaissait ce nom mais elle n’avait pas un très bon pressentiment. « Bon, tu es prêt ? Je dois t’emmener là. Puis tout sera fini dans quelques heures et tu seras comme neuf. » Un dernier grand sourire puis elle fit signe à l’infirmière qui l’avait accompagnée dans l’emmener dans le bloc opératoire. Tout se mit en marche rapidement, il fut endormi et l’opération put débuter.
Dernière édition par Karina Mikhailov le Jeu 4 Avr - 0:13, édité 1 fois
Aaron était déboussolée par la rapidité avec laquelle les choses se mettaient en place. On l’avait appelé il y a quelques dizaine de minutes, il était maintenant là près à se faire opérer alors qu’il n’aurait jamais pensé trouver une greffe aussi vite, il n’aurait jamais pensé trouver une greffe tout court… Enfin maintenant il allait être greffé et il devait rester calme pour aller en salle d’opération. Il pourrait rester calme si seulement tout roulait comme sur des roulettes mais ce n’était pas le cas. En effet, Alice n’était pas là, elle était injoignable et il avait donc du laissé la petite avec Nastazia en qui il avait une pleine confiance mais que Charlie ne connaissait pas du tout ce qui le contrariait. Lorsqu’il vit un visage familier il fut rassuré. C’était Karina, elle l’avait suivi, elle était là, il l’appréciait et ça avait l’air d’être réciproque alors si il y avait bien une personne à qui demander quelque chose s’était bien elle. Il lui demanda donc d’appeler Alice dès qu’elle le pourrait ce qu’elle lui promit de faire avant de lui dire qu’il était maintenant l’heure d’aller en salle d’opération et que tout serait terminé dans quelques heures. Le jeune homme tenta tant bien que mal de rester calme et se laissa conduire par la plus séduisante des infirmières. Il avait le sourire aux lèvres lorsqu’il s’endormit pour une longue opération. Très longue opération même puisqu’elle dura près de douze heures. Et oui c’était le poumon alors il fallait du temps et il valait mieux que les médecins prennent leur temps plutôt qu’ils fassent du sale boulot. Lorsque l’opération fut terminée, Aaron fut conduit en salle de réveil où il commença à émerger doucement. Il repéra de suite qu’il n’y avait personne auprès de lui alors il appela les infirmières demandant à voir Karina, enfin il l’appela bien sûr docteur avec son nom de famille même si pour lui c’était assez étrange et rapidement la jeune femme fut près de lui. Là les idées lui revinrent assez vite et il sut les questions qu’il avait à poser. « Alice… Tu as pu l’avoir ? Pourquoi n’est elle pas là ? Elle n’a pas pu faire garder Charlie ? » Presque au fur et à mesure qu’il enchainait les questions, le visage de Karina se fermait, elle tentait surement de cacher une certaine contrariété enfin il ne savait pas alors il préféra demander ce qu’il se passait. « Qu’est ce qu’il se passa Karina ? Qu’est ce qui ne va pas ? »
L’opération d’Aaron se déroula parfaitement bien, sans aucun incident notable. Une fois qu’elle fut terminée, Karina prit à peine le temps de faire une pause en sortant du bloc. Elle devait aller vérifier quelque chose. Ça concernait la meilleure amie d’Aaron, celle-là même qu’il lui avait demandé de joindre. En entendant le nom d’Alice Gardner, Karina avait eu l’impression d’avoir déjà entendu ou vu ce nom mais elle n’avait pas tout de suite su associer où. Elle y avait repensé depuis et maintenant elle savait peut-être pourquoi. Elle espérait juste se tromper. Elle avait beau apprécié avoir raison pour une fois, elle voudrait tellement avoir tort. Elle ne mit pas longtemps avant de mettre la main sur les papiers concernant le donneur du jeune homme. C’était une donneuse en fait. Alice Gardner. Karina soupira en voyant ça. Elle avait raison. C’était terriblement agaçant. Elle avait beau se dire qu’il y avait sûrement des tas de personnes répondant à ce nom sur terre, elle ne misait pas beaucoup là-dessus. Ça devait bien être la meilleure amie en question d’Aaron. Soit, elle ne pouvait plus faire grand-chose pour ça. La jeune femme soupira à nouveau avant d’aller se chercher un café et à manger à un distributeur. Elle avait besoin de ça maintenant, et puis pour l’instant le jeune homme n’était pas encore réveillé.
Il ne fallut pas si longtemps avant que Karina ne soit bipée à nouveau. Pour Aaron. Elle se dirigea vers la chambre où il se trouvait, il était bien réveillé et devait avoir des choses à lui demander. La preuve, il ne lui laissa même pas le temps de lui parler de l’opération qui s’était bien déroulé avant de poser ses questions. « Alice… Tu as pu l’avoir ? Pourquoi n’est elle pas là ? Elle n’a pas pu faire garder Charlie ? » Karina pinça les lèvres. Non, elle n’avait pas pu l’avoir et pour cause. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça parce que ça serait revenu à lui donner l’identité de son donneur et c’était quelque chose qui devait rester anonyme. La russe était très à cheval sur les principes et elle ne voulait pas négliger celui-ci. « Je n’ai pas pu la joindre encore, je réessaierais après. » dit-elle alors. C’était ridicule de dire ça vraiment. Du reste, le jeune homme sembla voir qu’il y avait quelque puisqu’il reprit aussitôt. « Qu’est ce qu’il se passa Karina ? Qu’est ce qui ne va pas ? » La jeune femme hésita encore. Elle ne devrait pas lui dire… vraiment. Mais elle ne pouvait pas non plus faire comme si elle ne savait rien. Ce n’était pas possible. Elle prit alors l’air qu’elle prenait toujours quand elle devait annoncer à un décès, elle ne se ferait jamais à ça. « Je suis désolée Aaron. Alice a eu un accident. Elle n’a pas survécu. » Elle marqua une petite pause avant de reprendre. « Le poumon était d’elle. »
En ne voyant personne à ses côtés Aaron n’était pas très rassuré et surtout pas très content. Même si il avait mis du temps à avouer à son entourage qu’il était sur la liste des personnes devant recevoir une greffe, il ne comprenait pas que l’on puisse lui en vouloir au point de ne pas venir le voir. La seule excusée était Nastazia qui s’occupait de sa filleule et qui ne pouvait donc pas être aux deux endroits en même temps. Cependant, Alice elle n’était pas excusable. Elle ne donnait pas de nouvelle au jeune homme pour dire quoi faire de sa fille et puis elle n’était juste pas là pour le soutenir… Il ne comprenait pas. Alors lorsqu’il vit Karina arriver, enfin un visage qu’il connaissait il fut un peu soulagé. Il espérait réellement qu’elle ait pu joindre son amie Alice et qu’elle ait une bonne excuse pour ne pas être là. La première chose qu’il lui demanda fut donc si elle l’avait appelé… Elle lui répondit rapidement qu’elle n’avait pas réussi à l’avoir mais le jeune homme comprit bien qu’il y avait un problème dans sa voix et aussi dans son regard assez fuyant. Aaron ne put se retenir de demander à la jeune docteur de lui dire la vérité. Finalement, lorsqu’elle le fit sans trop qu’il ne la force, surement pour ne pas trop le fatiguer surtout, il aurait préféré ne rien savoir… Ce fut le choc pour le jeune homme qui ne put retenir des larmes. Il ne les contrôlait pas, c’était une trop grande tristesse mais il était aussi dans un grand état de fatigue et avec l’anesthésie cela n’arrangeait rien. « Comment tu as pu laisser faire ça ? » Aaron n’avait pas réfléchit à ce qu’il avait dit, il ne pouvait pas réfléchir dans cette situation non. « Je veux dire, tu savais qu’elle était mon amie, je te l’ai dit avant l’opération… Comment est ce que je dois vivre moi maintenant ? Et ma filleule qu’est ce que je dois lui dire ? Désolé maman ne revient pas parce que je lui ai pris ses poumons ? Tu te rends compte ? » Le jeune homme était légèrement énervé mais il revint bien vite à la raison comprenant que Karina n’y était pour rien, qu’elle était même adorable car elle avait pris un risque en lui révélant l’identité de son donneur. « Je suis désolé Karina. Pardon pour ce que j’ai dit mais… pfff… » Il ne savait plus quoi dire, quoi faire, quoi penser… Il était juste complètement perdu et ne pouvait pas savourer du tout le fait de savoir qu’il n’aurait plus jamais d’insuffisance pulmonaire !
Face à la détresse d’Aaron, Karina n’avait pas pu s’empêcher de lui parler de l’accident d’Alice. Il n’arrêtait pas de la bombarder de questions et elle n’était pas douée pour mentir, surtout quand on n’arrêtait pas de le relancer comme il l’avait fait. Puis il avait l’air tellement inquiet qu’elle préférait lui dire ce qu’il en était vraiment plutôt que de le laisser se torturer l’esprit sans cesse, surtout vu dans l’état où il se trouvait. Ce n’était jamais évident de se remettre d’une opération, alors une greffe de poumon… Enfin, ça aurait pu s’arrêter là. Il aurait appris la mort de sa meilleure amie et puis voilà. Ça n’aurait pas été évident mais il aurait fait son deuil tôt ou tard. Karina aurait très bien pu attendre que ses idées soient plus claires. Mais il avait fallu qu’elle ajouta que le poumon qu’on venait de lui greffer était celui d’Alice. Il allait avoir du mal à se remettre de sa mort mais si en plus il devait vivre avec le fait qu’il avait son poumon… Il avait déjà eu du mal à accepter de se faire greffer le poumon d’un autre. « Comment tu as pu laisser faire ça ? » La jeune femme le regarda interloquée mais se tut pour le laisser continuer. « Je veux dire, tu savais qu’elle était mon amie, je te l’ai dit avant l’opération… Comment est-ce que je dois vivre moi maintenant ? Et ma filleule qu’est-ce que je dois lui dire ? Désolé maman ne revient pas parce que je lui ai pris ses poumons ? Tu te rends compte ? » Elle n’en croyait pas ses oreilles, est-ce qu’il savait au moins qu’elle était médecin ? Non parce qu’il n’avait pas l’air de le savoir et surtout de savoir ce que cela impliquait. « Comment j’ai pu laisser faire quoi ? Te sauver la vie ? Tu aurais préféré qu’on te laisse mourir ? Parce qu’avec l’état de ton poumon, c’était ce qui allait t’arriver tôt ou tard, et plus tôt que tard si tu veux que je sois franche. De toute façon la décision ne me revenait pas, je ne suis pas la chirurgienne en charge et je ne peux pas arrêter une procédure sous prétexte que tu ne veux pas de ce poumon. Nous sommes médecin, je suis médecin, mon rôle c’est de sauver des gens et en l’occurrence il fallait te sauver toi. Alice est morte et on ne peut rien y changer, je suis désolée hein, mais je suis sûre qu’elle aurait voulu t’aider à aller mieux, c’est sa façon de le faire. » Elle s’était un peu emportée mais il avait été un peu ingrat sur le coup. Elle aurait peut-être dû attendre avant de lui avouer tout ça mais il l’avait demandé et il lui aurait vite tapé sur les nerfs s’il avait continué à la relancer. « Je suis désolé Karina. Pardon pour ce que j’ai dit mais… pfff… » La jeune femme soupira et baissa la tête quelques secondes. « T’en fais pas, je n’aurais pas dû te le dire tout de suite, tu dois déjà te remettre de l’opération… Mais bon je n’y suis pour rien. Et je suis vraiment désolée. Mais ça va aller d’accord ? »
Il était injuste avec elle. Elle n’avait rien demandé à personne et en plus de cela, elle n’aurait jamais dû lui dire que le cœur qu’il avait été celui d’Alice mais pour lui elle avait franchi la barrière du secret médical. Il était vraiment très injuste oui sauf que s’était toute la tristesse de cette nouvelle qui ressortait dans ses accusations. Il ne se voyait pas continuer sa vie sans Alice alors qu’il venait déjà de faire une croix sur Athena. Il ne pouvait pas vivre sans sa meilleure amie, une meilleure amie toujours là dans tous les moments, même à distance lorsqu’il était à l’armée. C’était très dur pour lui d’accepter qu’elle n’était plus là mais en plus de se dire que Charlie n’avait plus de maman mais que le poumon de celle-ci vivait encore dans son corps. Il comprenait mieux pourquoi personne ne devait savoir à la base qui était son donneur car dans son cas c’était autant une déchirure qu’une joie, et pour Aaron s’était particulièrement une déchirure que d’enlever sa maman à sa filleule car, la tête un peu dans le potage c’était uniquement ce qu’il voyait dans cette opération finalement, tout ça avant tout de même que son amie ne lui ouvre les yeux et qu’elle lui dise, justement, le fond de sa pensée pour le recadrer et lui faire comprendre qu’il dépassait légèrement les limites. « Je sais que tu n’as fait que ton métier, que tu m’as sauvé aussi… Je suis encore désolé pour cette réaction, merci vraiment de me suivre et d’être là depuis que je suis à New York… » La relation qu’il entretenait avec la jeune femme qui était le docteur qui le recevait lors de chaque visite de contrôle depuis son rapatriement était assez étrange car il y avait le côté professionnel et le côté personnel qui se mélangeait. Ce n’était pas très bon mais Aaron s’en fichait, il avait, à ce moment même, besoin de cela, et se remerciait d’avoir une relation comme celle-ci avec la demoiselle. Cependant, il ne pouvait s’empêcher d’être triste et ne pouvait s’empêcher d’exprimer cette tristesse beaucoup trop présente dans tout son corps pour qu’il la garde pour lui-même, il allait exploser autrement et il ne savait pas comment cela se manifesterait, il préférait donc ne pas tenter. « Alice ne savait pas que j’étais sur la liste des personnes en attente de greffe… Je n’ai pas trouvé la force de lui dire que mon état s’empirait à ce point… Elle ne pourra donc jamais savoir l’utilité de son décès, de son don… Et moi je devrais continuer à vivre avec ma filleule, et le poumon de sa maman dans mon corps mais aussi avec ce remord de ne pas leur avoir dit avant…» Le jeune militaire n’avait jamais exprimé ce qu’il exprimait actuellement à quelqu’un auparavant. Karina était donc chanceuse, elle en apprenait un peu sur son jardin secret, d’un autre côté, si elle n’en avait rien à faire de ce qu’il disait, elle n’avait juste pas de chance que cela tombe sur elle pour qu’il déballe un peu sa vie. « Je suppose que personne ne doit savoir que c’est toi qui m’a dit qui était mon donneur, que personne ne doit faire savoir que je sais qui est mon donneur… ?»
Karina avait encore du mal à accepter le fait qu’Aaron s’en soit pris à elle. Elle comprenait pourquoi mais elle ne l’acceptait pas. Elle savait qu’il était déjà contre le fait de recevoir une greffe mais en plus de sa meilleure amie cela devait être encore plus difficile à avaler… Mais il lui avait demandé ! Il était son ami, elle n’avait pas pu le laisser dans sa détresse comme ça. Alors certes elle aurait pu faire preuve d’un peu plus de tact et ne pas lui dire ou attendre qu’il se soit remis de ses émotions mais il lui en aurait vraiment voulu si elle avait attendu. Cependant, elle n’allait pas s’excuser pour avoir exercé son métier. Aucun médecin ne l’aurait laissé avec un poumon en mauvais état si un nouveau poumon était libre pour lui. Il avait signé, il avait accepté la greffe. « Je sais que tu n’as fait que ton métier, que tu m’as sauvé aussi… Je suis encore désolé pour cette réaction, merci vraiment de me suivre et d’être là depuis que je suis à New York… » Karina baissa les yeux un instant, elle regrettait de s’être emportée de la sorte mais il s’en était plus ou moins pris à elle alors qu’elle n’y était pour rien et qu’il avait demandé… « C’est rien, je comprends… A ta place j’aurais surement réagi de la même façon. » Oui sauf qu’elle n’était pas à sa place et dieu l’en garde, elle espérait ne jamais l’être. Elle essaya de faire passer la pilule en lui disant qu’Alice aurait préféré l’aider en lui donnant poumon plutôt que de le laisser mourir sans rien faire. « Alice ne savait pas que j’étais sur la liste des personnes en attente de greffe… Je n’ai pas trouvé la force de lui dire que mon état s’empirait à ce point… Elle ne pourra donc jamais savoir l’utilité de son décès, de son don… Et moi je devrais continuer à vivre avec ma filleule, et le poumon de sa maman dans mon corps mais aussi avec ce remord de ne pas leur avoir dit avant…» Karina lui attrapa la main et la serra. « Je suis sure qu’elle sait. Elle veille sur toi et sur sa fille de là-haut, j’en suis convaincue. Et puis le fait que tu aies son poumon fait que grâce à toi, une partie d’elle vit encore. » Ça pouvait faire peur tout comme ça pouvait remonter le moral en quelque sorte. Mais il devait arrêter de s’en vouloir comme ça, ce n’était pas lui qui avait provoqué l’accident quand même. « Tu dois arrêter de t’en vouloir Aaron, tu n’y es pour rien d’accord. Tu dois te reprendre en main et tout faire pour récupérer, Charlie a besoin de toi et Alice compte sur toi. Tu dois être fort pour ta filleule. » Elle serra encore un peu sa main puis finit par la lâcher avant d’aller vérifier que rien n’était à signaler sur son état pour le moment. « Je suppose que personne ne doit savoir que c’est toi qui m’a dit qui était mon donneur, que personne ne doit faire savoir que je sais qui est mon donneur… ?»« Je n’étais pas censée te e dire, non… Tu ne dois rien dire à personne, je pourrais perdre mon travail. » répondit-elle sur un ton plus que sérieux.
« Non, non ne dis pas ça ! Tu n’aurais jamais réagi comme ça car ça ne te ressemble pas de perdre ton sang froid comme ça d’un coup, comme je viens de le faire. » Lorsque ma vie tombait en déconfiture, j’avais le don de m’en prendre à la première personne venue, c’était comme ça depuis des années, je faisais n’importe quoi et je le regrettais après. C’était exactement ce qu’il se passait maintenant et la pauvre Karina en avait pris pour son grade alors qu’elle n’avait rien demandé et qu’en plus de cela elle avait trahi le secret médical pour moi. Bref, j’étais injuste et je le savais c’était pourquoi je m’étais excusée et j’espérais qu’elle ne m’en voudrait pas trop même si elle disait que non je savais bien qu’elle était déçue de ma réaction. La jeune femme ne faillit cependant pas à son rôle malgré ma réaction, elle me réconforta bin rapidement et tenta tant bien que mal de m’ôter un peu de culpabilité. Cela n’avait rien de facile comme mission, rien du tout car au fond de moi j’étais plus que persuadé que je m’en voudrais toute ma vie. Mais vu comme elle le voyait, cela pouvait être une situation beaucoup moins dramatique que je ne la voyais… C’était vite dit mais tout de même, elle avait surement un don pour positiver les situations et dans la mienne s’était surement la seule chose à faire ! « Je pense que tu as raison, je vais tenter de travailler là-dessus… Pour Charlie… » Oui je devais le faire pour ma filleule pour lui offrir une vie potable ce qu’elle était loin d’avoir actuellement mais ce n’était pas si facile, j’avais, comme tout le monde, le droit de baisser un peu les bras parfois. « Je ne te ferais pas perdre ton travail ne t’inquiètes pas ! Avec mon travail, garder des secrets c’est la chose que je sais faire le mieux je pense, si t’en es que je sois encore bon à quelque chose après la déprime colossale que je vais surement traverser ! » J’espérais que mon travail allait évoluer et plutôt dans le bon sens, maintenant que j’étais greffé, j’allais enfin pouvoir retourner sur le terrain pour des reportages. Je n’allais pas perdre les qualités qui m’avaient fait embaucher il y a plusieurs années mais j’espérais en acquérir de nouvelles si jamais je parvenais à sortir du trou dans lequel je semblais glisser doucement plus le temps passait après cette opération. « Je pourrais sortir quand tu penses? Je ne sais pas si je tiendrais très longtemps ici, ça me rappelle de mauvais souvenirs… » Les hôpitaux n’étaient jamais un endroit apprécié mais pour moi c’était le pire lui qui puisse exister, j’avais perdu Alice et mon métier dans ce genre d’endroit j’avais de quoi le détester.
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