Coleen était allongée dans son lit et fixait le mur devant elle. Elle était réveillée depuis un moment déjà, en fait elle ne dormait plus beaucoup, mais elle n’avait pas envie de se lever. Pour faire quoi de toute manière ? Elle n’avait rien à faire de sa journée et envie de rien. Donc rester dans son lit était un très bon programme. C’était devenu son activité préférée ses derniers temps. Elle commençait quand même à avoir un peu faim là, elle ne savait pas quelle heure il était mais elle supposait qu’il serait bientôt temps qu’elle bouge jusqu’à la cuisine. Enfin plus tard, maintenant, elle n’avait juste pas le courage du tout.

La jeune femme entendit très nettement la sonnerie de son appartement. Elle ne daigna pas se lever. Elle ne savait pas qui c’était mais elle savait que peu importe de qui il s’agissait, elle n’avait pas envie de le voir. Elle n’avait envie de voir personne en fait c’était bien simple. Et puis de toute manière, elle n’habitait pas seule. Si Nora était là, elle pouvait bien se charger d’aller ouvrir la porte elle-même. Ou John, il passait tellement de temps ici qu’avec un peu de chance, il serait là maintenant. Enfin, elle ne misait pas trop sur ça, si le jeune homme avait été là, il aurait déjà été en train de traîner dans ses pattes. On sonna une deuxième fois et l’australienne poussa un soupir avant de quand même se lever. Pour voir. On ne savait jamais, il pouvait s’agir du facteur avec un colis, ou toute autre connerie du genre. Si c’était le cas, ça la ferait encore plus chier de ressortir après que d’aller ouvrir cette porte maintenant donc bon. Et puis, si la personne ne lui convenait pas, elle pouvait toujours lui claquer la porte au nez. La jeune femme enfila rapidement un pantalon avant de traverser le salon et d’arriver à l’entrée. Elle se trouva alors nez à nez à Karina. Karina… Elle ne lui avait plus parlé depuis… longtemps. Elle n'avait pas envie de repenser à cette fois-là, elle se donnait déjà tout le mal du monde pour oublier. En tout cas, sur la liste des personnes que Coleen ne voulait pas voir, la jeune femme arrivait sans aucun doute dans les premiers et c’est pour ça que la jeune femme regretta aussitôt d’avoir été ouvrir cette porte. Elle ne claqua pas la porte au nez de son amie néanmoins – enfin de celle qu’elle avait longtemps considérer comme son amie mais qui ne méritait plus ça. A la place, elle lui lança un regard mauvais et croisa les bras. « Je ne sais pas ce que tu fais là Karina mais quoique ce soit, tu perds ton temps. » dit-elle alors froidement.

Karina avait longtemps hésité avant de finalement rendre visite à Coleen. Elle avait passé plusieurs fois le pas de la porte, elle avait pris des congés même pour avoir le temps de tout lui expliquer et de s’excuser mille fois s’il le fallait. Mais elle n’était jamais arrivé jusqu’à l’immeuble de son amie. Enfin, si elle pouvait encore se permettre de la considérer comme tel. Avec ce qu’il s’était passé, elle était même certaine d’avoir perdu ce droit et d’avoir perdu toute place dans son cœur en fait. Elle n’était pas sûre de le mériter, tout ceci était de la faute de sa foutue famille, de sa foutue nièce qui n’avait rien trouvé de mieux que de faire du mal à Coleen pour l’atteindre elle. Elle n’aurait jamais dû passer un accord avec elle, mais sur le coup ça lui avait semblé être une bonne idée, en pesant le mot. Elle n’aurait juste pas pensé qu’elle aurait aussi loin, l’australienne n’avait absolument rien demandé et n’avait absolument pas mérité ça.

Aujourd’hui, Karina avait décidé de prendre son courage à deux mains et d’enfin aller voir Coleen. Elle ne voulait sans doute pas la voir et elle se doutait que le temps n’arrangerait rien, il fallait qu’elle lui explique tout ça et surtout qu’elle lui trouve qu’elle serait capable de la protéger et que elle vivante, plus rien ne lui arriverait. Mais pour ça il fallait qu’elle accepte de la voir. Karina en avait vraiment besoin de son pardon, elle avait besoin de Coleen. A ce jour, elle était la seule personne qui comptait vraiment pour elle depuis qu’elle avait perdu Vladimir. Sans Coleen, elle n’aurait plus personne et Elizaveta aurait réussi son coup, elle aurait réussi à la briser définitivement. Mais la jeune femme n’allait pas se laisser faire sans se battre. Avant de rejoindre l’australienne, la brune passa acheter des beignets et des cafés au Starbucks du coin. Après ça, elle se dirigea droit à l’appartement de son amie sans se retourner et sans hésiter. C’était aujourd’hui et elle y arriverait. « Je ne sais pas ce que tu fais là Karina mais quoique ce soit, tu perds ton temps. » L’accueil de Coleen ne l’étonna pas une seconde. Le contraire l’aurait même étonné pour le coup. « Merci de ne pas m’avoir claqué la porte au nez. » Elle la regarda un instant dans les yeux, essayant de lui montrer qu’elle était toujours la Karina qu’elle connaissait, inoffensive et sincère. « J’ai apporté le petit-déjeuner. » dit-elle en tendant son sac de beignets et ses deux cafés.

Evidemment, parmi toutes les personnes qui auraient pu se trouver à sa porte, il avait fallut que ce soit Karina qui vienne sonner aujourd’hui. Coleen ne savait pas ce qui la retenait de claquer la porte au nez de la jeune femme. Rien en fait, mais non, elle n’en fit rien. A la place de ça, elle fit juste savoir à Karina qu’elle perdait à son temps en venant ici. Coleen n’avait en effet ni envie de la voir, ni de l’écouter. Elle ne savait même pas pourquoi Karina était venue jusque là. Elle pensait pourtant la russe assez intelligente pour ne pas venir après ce que Coleen avait subit par sa faute. « Merci de ne pas m’avoir claqué la porte au nez. » Coleen leva la tête vers elle et eut un petit sourire sans joie. « Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manquait. » Elle en avait toujours envie d’ailleurs et elle se gardait le droit de changer d’avis au moment où elle le voudrait. Coleen croisa le regard de Karina pendant quelques secondes mais elle finit par détourner bien vite les yeux, se passionnant alors pour la contemplation de ses mains. Karina reprit finalement la tête. « J’ai apporté le petit-déjeuner. » Coleen releva brièvement la tête pour voir Karina qui lui tendait ce qu’elle avait amené. La jeune femme se saisit de ce que Karina lui tendait et regarda ce dont il s’agissait : un sac de beignets et deux cafés. « Vraiment Karina ? » interrogea-t-elle sur un ton froid en croisant à nouveau le regard de son amie. « Des beignet et du café. Tu crois vraiment réussir à quelque chose avec ça ? » Si c’était le cas, la jeune femme était vraiment pathétique, encore plus que Coleen ne l’imaginait. « Désolé de te décevoir, mais il t’en faudra sûrement un peu plus qu’un petit-déjeuner pour m’amadouer. » Beaucoup plus qu’un petit-déjeuner en fait. « Et puis, tu sais quoi, j’en veux même pas de ça. » Elle rendit sa nourriture à Karina. « Je ne veux rien venant de toi. » Et surtout pas quelque chose qui se mangeait, on ne savait jamais ce qui pouvait être caché là-dedans. Et dire qu’il y a quelques temps encore, elle n’aurait jamais pensé de telles choses de Karina mais elle s’était rendu compte qu’elle ne connaissait pas du tout Karina. Coleen soupira à nouveau. « Qu’est-ce que tu fais là alors ? A part amener le petit-déjeuner. Parce que c’est pas que tu me déranges mais un peu quand même. » Elle était très occupée.

« Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manquait. » Bon, elle l’avait mérité. Coleen allait sans doute lui claquer la porte au nez sans tarder et elle ne pourrait pas la blâmer pour ça. Elle espérait juste qu’au nom de leur forte amitié passée, elle accepterait de l’écouter et ne la chasserait pas. Karina lui fit ensuite savoir qu’elle avait apporté le petit-déjeuner. Elle n’espérait pas que cela arrangerait tout, c’était complique et ça prendrait du temps, mais elle s’était dit que ce serait un bon début. « Vraiment Karina ? » Apparemment non. « Des beignet et du café. Tu crois vraiment réussir à quelque chose avec ça ? » La jeune russe se mordit la lèvre et baissa les yeux. Ça allait vraiment être difficile, plus encore qu’elle ne l’avait pensé. Elle ne savait plus comment elle allait s’y prendre, toute sa confiance en elle venait de s’envoler en fumée. « Désolé de te décevoir, mais il t’en faudra sûrement un peu plus qu’un petit-déjeuner pour m’amadouer. » Bien sûr que non, elle n’était pas naïve et encore moins stupide. La jeune femme ne trouva rien à lui répondre. C’était mieux de garder le silence de toute façon, elle était plus assurée de ne pas commettre de nouvelle maladresse comme ça. « Et puis, tu sais quoi, j’en veux même pas de ça. » Karina releva la tête vers elle et récupéra son sac en papier et ses cafés. Tant pis. Elle n’avait même pas faim de toute façon. « Je ne veux rien venant de toi. » Ok, ça aussi ça faisait mal. Encore plus que tout ce que Coleen avait pu lui dire jusqu’à maintenant. Elle avait tous les droits de lui en vouloir mais elle ne comprenait pas qu’elle ne lui accorde pas une petite chance. Karina ne lui avait rien fait et n’avait jamais voulu qu’il lui arrive quelque chose, ce n’était pas de sa faute si sa famille était tordue. Mais bon vu comme c’était parti, Coleen ne le saurait jamais. « Très bien Coleen, je vais partir alors. » Mais elle n’en fit rien. Non, elle préféra rester plantée sur le palier de la brune jusqu’à ce qu’elle la chasse. Elle ne partirait pas tant qu’elle ne lui demanderait pas clairement. « Qu’est-ce que tu fais là alors ? A part amener le petit-déjeuner. Parce que c’est pas que tu me déranges mais un peu quand même. » Karina soupira. « Je voulais voir comment tu allais. » Elle avait dû avoir du mal à se remettre du cauchemar qu’elle avait vécu et ça devait toujours être difficile d’ailleurs. Elle voulait et devait l’aider à surmonter ça. « Contrairement à ce que tu peux penser, je ne veux que ton bien. Rien d’autre. » Elle n’avait rien fait pour lui prouver le contraire, les coups, les cicatrices qu’elle avait reçu ne venaient pas d’elle.

Ce n’était pas parce qu’elle avait laissé la porte ouverte à Karina que Coleen était pour autant décider à l’écouter. Loin de là. A l’heure qu’il était, Coleen en voulait énormément à la russe et la détestait comme elle avait rarement détesté quelqu’un. Karina lui avait mentit, elle lui avait caché des choses tellement importantes sur elle-même, et elle avait mis Coleen en danger. C’était plus que l’australienne ne pouvait le supporter. Comme en plus la faculté de pardon ne faisait pas partie de ses qualités principales, tout ça expliquait que la jeune femme ne veuille pas entendre parler du petit-déjeuner que lui avait amené la brune. Elle le lui rendit donc en déclarant ne rien vouloir d’elle. « Très bien Coleen, je vais partir alors. » « Bonne idée. » répondit la jeune femme. Elle attendit que Karina ne se décide, puisqu’elle avait dit qu’elle partait. Mais la jeune femme n’en fit rien et après avoir soupiré à nouveau, Coleen chercha à savoir ce qu’elle faisait là concrètement. Elle était curieuse de savoir ce que Karina allait répondre. « Je voulais voir comment tu allais. » Coleen fronça les sourcils et leva les yeux vers Karina. « Tu voulais savoir comment j’allais… » répéta-t-elle d’abord. Elle était vraiment très drôle cette Karina. « Et bah, je vais très bien. » répondit-elle sur un ton plus qu’ironique. Le fait était qu’elle n’avait absolument pas envie de parler avec Karina de comment elle allait. Avec personne en fait. Les gens l’agaçaient alors qu’elle demandait juste à ce qu’on la laisse en paix. Cela semblait être un principe bien difficile à comprendre pour le reste du monde. « Contrairement à ce que tu peux penser, je ne veux que ton bien. Rien d’autre. » Bah oui, bien sûr. « Je ne crois pas Karina. » répondit-elle agacée. Enfin si, peut-être, mais elle s’en moquait pas mal. Karina était la seule personne sur laquelle elle pouvait passer ses nerfs en toute légitimité donc il était juste logique que ce soit elle qui prenne. C’était comme ça. Et de toute façon, elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, le fait était que si la russe n’avait pas existé, rien de tout ça ne serait jamais arrivé. Alors elle n’avait pas à faire comme si Coleen était injuste avec elle, ça ne passait juste pas. « Et je t’en prie, ne fais pas ta victime. » Elle pouvait lui laisser ça quand même. « Tu n’as peut-être rien fais directement mais le résultat est le même Karina. Exactement le même. » Il fallait bien qu’elle comprenne ça aussi. « Et puis, je pense que tu avais oublié de me dire deux ou trois choses sur toi aussi. Ca n’arrange rien. »

« Tu voulais savoir comment j’allais… » C’était si difficile à croire que ça ? Est-ce qu’elle était tombée si bas dans l’estime de Coleen que celle-ci ne pouvait plus rien voir de bon et de sincère chez elle ? Non parce que c’était certes de sa faute si elle avait vécu un cauchemar, en partie, mais elle ne l’avait pas non plus fait intentionnellement, elle ne l’aurait jamais fait intentionnellement. Elle avait peut-être une famille descendant directement de Satan mais ce n’était pas son cas à elle. Elle avait une humanité, pour le moment en tout cas. Si elle perdait Coleen elle allait surement la perdre également. « Et bah, je vais très bien. » « Ça se voit oui. » répondit-elle ironiquement. Coleen ne pouvait pas lui faire, pas à elle. Elle savait ce que l’australienne avait vécu, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle allait bien et espérer que ça lui convienne. Elle ne releva cependant pas parce qu’apparemment c’était un sujet délicat, inutile de s’épancher dessus encore plus longtemps. Karina lui signifia qu’elle ne voulait que son bien ce qui apparemment était aussi difficile à croire. « Je ne crois pas Karina. » C’était injuste aussi ça. Si elle n’avait pas voulu son bien, est-ce qu’elle aurait passé trois jours à la chercher sans relâche ? Elle aurait très bien pu rester à travailler et s’en foutre totalement, laisser son ravisseur lui enlever tous ces doigts et lui raser entièrement la tête. Alors oui, elle avait peut-être été enlevée par sa faute, mais le fait est que si elle n’était pas allée la chercher, Elizaveta aurait fini par la tuer. Mais ça, ça avait semblé lui échappé. La jeune femme soupira, vaincue. « Ne me crois pas alors, que veux-tu que je te dise. Mais tu sais très bien au fond de toi que ce je dis est vrai. » « Et je t’en prie, ne fais pas ta victime. » Elle ne faisait pas la victime, loin de là. Elle essayait juste de la convaincre de l’écouter mais visiblement c’était peine perdue, quoiqu’elle fasse. « Tu n’as peut-être rien fais directement mais le résultat est le même Karina. Exactement le même. » « Tu aurais préféré que je ne vienne pas te chercher alors ? Que je te laisse aux mains d’Elizaveta ? Tu n’aurais jamais rien su et tu ne m’en aurais pas voulu. Enfin remarque tu serais morte à l’heure qu’il est donc je ne sais pas si ça nous aurait bien avancé. » commença-t-elle en soupirant. Coleen alors encore dire qu’elle faisait la victime ou quoi, mais elle tenait quand même à le lui rappeler, au cas où. « Souviens-toi juste de ça. Et ne va pas dire que je te dis tout ça pour me décharger de ma culpabilité, ce n’est pas le cas et rien ne pourra jamais l’enlever. »Elle aurait voulu dire plus mais elle n’en voyait pas l’utilité. Elle se voyait déjà être chassée par l’australienne là. « Et puis, je pense que tu avais oublié de me dire deux ou trois choses sur toi aussi. Ça n’arrange rien. » Karina eut un sourire triste. « Si je t’avais parlé de ma famille de psychopathes dès le départ tu aurais réagi comment honnêtement ? Tu aurais pris peur et tu ne m’aurais même pas donné une chance. Je ne t’en ai pas parlé parce que jusqu’ici, ils étaient en Russie et ils ne devaient jamais venir ici. » Elle se tut ensuite, laissant le temps à Coleen le temps de digérer ce début d’information.

Comme Karina n’avait pas l’air décidé à s’en aller, Coleen lui demanda finalement ce qu’elle faisait là. Elle savait qu’elle allait regretter de lui avoir demandé ça parce qu’elle n’avait pas vraiment envie d’écouter Karina en fait. Elle aurait bien mieux fait de planter la russe là et de retourner se coucher en fait. La jeune femme répondit finalement qu’elle venait pour voir comment Coleen allait. Evidemment. Sauf que, Coleen n’avait pas envie de discuter de comment elle allait. Ni avec Karina, ni avec personne d’autres en fait. Elle répondit alors qu’elle allait très bien mais elle ne se donna même pas la peine de cacher l’ironie de son ton. « Ça se voit oui. » Karina non plus ne se donna pas la peine de cacher son ironie. Mais Coleen choisit de ne pas relever. Elle haussa simplement les épaules avant de reprendre la parole d’un ton détaché. « Cool. » Il était certaine qu’avec une conversation comme ça, elles allaient aller très loin. Mais l’australienne pouvait très bien ce contenter de ça sans que ça ne lui pose de problèmes. Ce n’était malheureusement pas le cas de la russe qui jugea bon par la suite de préciser à Coleen qu’elle se souciait d’elle. Ca, Coleen avait du mal à le croire et elle le fit d’ailleurs savoir à la brune. « Ne me crois pas alors, que veux-tu que je te dise. Mais tu sais très bien au fond de toi que ce je dis est vrai. » Au fond. Coleen aimait bien la manière dont Karina disait ça. « Peut-être. Mais j’en ai juste rien à faire en fait. » Ca lui était égal que Karina se soucie d’elle ou non. Personnellement, elle ne se souciait pas de la russe et sa présence l’embêtait. C’était à peu près tout ce qu’elle voyait dans l’immédiat. « Tu aurais préféré que je ne vienne pas te chercher alors ? Que je te laisse aux mains d’Elizaveta ? Tu n’aurais jamais rien su et tu ne m’en aurais pas voulu. Enfin remarque tu serais morte à l’heure qu’il est donc je ne sais pas si ça nous aurait bien avancé. » Ah oui bien sûr, donc Coleen devait être reconnaissante à Karina bien sûr. Parce que sans elle, elle ne serait plus en vie. C’était dommage pour Karina que l’australienne n’arrive vraiment pas à voir les choses comme ça. Et Karina l’agaçait juste d’autant plus en jouant la carte de la sauveuse. « Souviens-toi juste de ça. Et ne va pas dire que je te dis tout ça pour me décharger de ma culpabilité, ce n’est pas le cas et rien ne pourra jamais l’enlever. » Coleen roula des yeux. « Ok, noté. Je m’en souviendrais. » répondit la jeune femme sur un ton sarcastique. « Sainte Karina, tu voudrais peut-être que je te fasse construire un temps en remerciement ? » Non parce que c’était clairement l’impression que la russe lui donnait en cet instant. Coleen évoqua ensuite le fait que Karina avait oublié de lui dire d’autres choses. « Si je t’avais parlé de ma famille de psychopathes dès le départ tu aurais réagi comment honnêtement ? Tu aurais pris peur et tu ne m’aurais même pas donné une chance. Je ne t’en ai pas parlé parce que jusqu’ici, ils étaient en Russie et ils ne devaient jamais venir ici. » Là, c’était elle qui était injuste. « Ne sois pas sotte Karina, bien sûr que je t’aurais laissé ta chance. Je laisse leur chance aux gens tant qu’ils ne m’ont pas donné de raison de ne pas le faire. » Ce que Karina avait fait maintenant. « Et même si je ne l’avais pas fait, j’aurais su. J’avais au moins ce droit là. »

« Peut-être. Mais j’en ai juste rien à faire en fait. » Ah oui bien sûr, une autre réponse l’aurait étonnée. Karina ne savait même pas pourquoi elle essayait, Coleen trouverait toujours quelque chose à redire, peu importe ce qu’elle dirait. Rien ne serait assez bien. C’était peut-être trop tôt. Enfin non, c’était sûr que c’était trop tôt. Cela ne faisait que quelques jours, Coleen n’avait pas encore digéré la chose si elle réussissait à le digérer un jour. Karina aurait dû attendre. Ou disparaitre complètement. Pas rentrer en Russie mais aller en France ou en Australie, elle avait toujours rêvé d’y mettre les pieds un jour. Sans Vladimir et Coleen elle n’avait vraiment plus rien qui la retenait à New York alors à quoi bon ? Autant qu’elle retourne en Afrique avec Médecins Sans Frontières, au moins là-bas elle aidait les gens. Mais en tout cas, elle n’aurait pas dû essayer de recoller les morceaux. C’était peine perdue. « Ok, noté. Je m’en souviendrais. répondit Coleen d’un ton à peine sarcastique encore une fois. Karina avait voulu lui rappeler qu’elle ne serait plus en vie à l’heure qu’il est sans elle, et c’était vrai mais bon ça aussi c’était inutile visiblement. « Sainte Karina, tu voudrais peut-être que je te fasse construire un temple en remerciement ? » L’intéressée soupira. Elle ne savait encore pas quoi répondre à ça, c’était franchement au-dessus de ses forces alors elle préféra une nouvelle fois garder le silence. C’était tellement douloureux. Elle avait vraiment mal à l’idée qu’elle ait pu faire du mal à Coleen, qu’elle ait failli mourir par sa faute. Puis elle avait mal parce qu’elle avait perdu son amitié la plus précieuse, la personne qu’elle aimait vraiment le plus au monde et parce qu’elle ne voulait lui donner une aucune chance, refusait de l’écouter et l’envoyer balader à chaque fois qu’elle tentait quelque chose. C’était douloureux et frustrant et elle se serait bien mise à pleurer mais elle n’avait pas le droit puis elle n’en serait que plus pathétique. Elle se mordit l’intérieur de la joue pour s’en empêcher. « Ne sois pas sotte Karina, bien sûr que je t’aurais laissé ta chance. Je laisse leur chance aux gens tant qu’ils ne m’ont pas donné de raison de ne pas le faire. » Ah bah ça, vu comment elle avait réagi, elle avait bien le droit d’en douter. « Et même si je ne l’avais pas fait, j’aurais su. J’avais au moins ce droit-là. » Bien sûr. Karina avait eu tort sur toute la ligne en ne lui parlant pas de son passé peu reluisant. Mais ce n’était pas une chose dont elle était fière et cela faisait une assez mauvaise entrée en matière. Soit. La russe choisit de passer sur ce que Coleen venait de dire puis se mit à la regarder dans les yeux avant de prendre une grande inspiration. « Je peux savoir pourquoi tu ne m’as pas encore chassé Coleen ? Pourquoi tu restes là à m’écouter si tu es si occupée que ça ? » Elle demandait juste comme ça. Ça en disait assez long quand même. Enfin, Karina le voyait comme ça. Elle n’avait pas envie de partir d’elle-même, Coleen devait le faire. Là, elle n’essayerait même plus, elle comprendrait le message et perdrait tout espoir. Pas avant.

A tout ce que venait de dire Coleen, Karina ne répondit rien. L’australienne voulait croire que c’était parce que la jeune femme savait qu’elle avait raison. Mais c’était peut-être aussi parce qu’elle avait finalement compris que c’était une perte de temps vu que Coleen ne daignerait entendre aucune de ses prétendues excuses ou explications. Elle avait mis le temps à comprendre ça quand même, que c’était une perte de temps. Pourtant, Coleen l’avait averti ce propos dès que la brune était arrivé. L’écouter au moins là-dessus n’aurait pas été forcément mal. En tout cas, ce n’est pas parce que la russe ne répondit rien à tout ça qu’elle se décida pour autant à bouger. Non, elle était encore là et Coleen ne pouvait que de demander pourquoi elle ne s’en allait pas encore. Qu’attendait-elle au juste ? Si c’était un pardon venu du ciel, elle pourrait toujours l’attendre longtemps. Finalement, son ‘amie’ reprit la parole. « Je peux savoir pourquoi tu ne m’as pas encore chassé Coleen ? Pourquoi tu restes là à m’écouter si tu es si occupée que ça ? » « Je… » La jeune femme se troubla un peu. « Je ne sais pas. » finit-elle par avouer. Peut-être parce qu’elle n’était pas si occupée que ça et qu’il fallait bien passer le temps. Ou peut-être encore parce qu’elle avait espérer que passer ses nerfs sur Karina et lui dire ce qu’elle pensait d’elle l’aiderait à se sentir un peu mieux quelque part. Ce n’était pas le cas bien évidemment, mais au moins elle aurait essayé. L’espace de quelques instants, Coleen avait eut l’air hésitante mais elle ne tarda pas à reprendre son air froid et lança un nouveau regard à la russe. Il s’agissait de Karina là, elle ne voulait vraiment pas lui montrer autre chose que ça. « Mais je pensais que je n’aurais pas besoin de te chasser vraiment pour que tu comprennes que ta présence ici n’était pas désirable. » Elle se donnait quand même toutes les peines du monde pour le lui faire comprendre. « Enfin, je ne pensais pas non plus que t’aurais l’audace de venir ici alors… on va dire que je me suis trompée. » Enfin, S’il fallait qu’elle le dise alors, elle le dirait. Ce n’était pas si difficile après tout. En fait si, ça l’était beaucoup. Parce que Karina avait été une personne vraiment importante pour elle avant… ça. Mais elle ne pouvait juste plus l’être. Coleen poussa un soupir las avant de croiser le regard de la brune. « Va-t-en Karina s’il te plaît. Si tu te soucies vraiment de moi comme tu l’as dis, ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. »

Karina n’avait vraiment plus la force d’essayer quoi que ce soit avec Coleen. Elle était totalement imperméable à tout ce que la russe pouvait lui dire, à quoi bon se battre dans le vie ? C’était franchement épuisant. Il valait mieux qu’elle parte du coup. Mais elle n’avait pas envie de le faire d’elle-même, elle ne se l’expliquait pas très bien mais elle ne pouvait juste pas le faire de son plein gré. C’était plus facile de laisser Coleen lui demander de partir plutôt que de partir d’elle-même. Au moins elle saurait qu’elle aurait tout essayé et elle n’aurait pas le sentiment d’avoir lâchement abandonné. Elle demanda donc à l’australienne pourquoi elle ne l’avait pas encore chassée. C’est vrai, dès le départ elle lui avait fait comprendre que sa présence n’était pas désirée ici et pourtant elle était restée sur le pas de sa porte à l’écouter et à lui parler. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Karina n’y vit cependant pas un espoir, elle l’avait perdu depuis longtemps. « Je… » commença-t-elle visiblement troublée. Karina resta muette et ne cilla même pas. « Je ne sais pas. » Karina continua de regarder Coleen dans les yeux. Elle put donc remarquer qu’elle ne tarda pas à retrouver son aplomb et son air froid. « Mais je pensais que je n’aurais pas besoin de te chasser vraiment pour que tu comprennes que ta présence ici n’était pas désirable. » « Je l’ai compris rassure-toi. Je ne suis pas stupide, naïve ou sourde. Je sais bien que tu ne veux pas de moi ici. J’ai juste besoin que tu me demandes de m’en aller. » Ce n’était pas difficile à comprendre, elle pouvait au moins lui accorder ça. Ce serait plus facile pour toutes les deux si l’australienne le faisait. « Enfin, je ne pensais pas non plus que t’aurais l’audace de venir ici alors… on va dire que je me suis trompée. » La russe soupira. Si elle savait combien de fois elle avait projeté de venir ici… Des jours auparavant même, alors elle l’aurait sans doute moins bien accueilli. Enfin, « bien accueilli » n’était surement pas approprié. « Va-t-en Karina s’il te plaît. Si tu te soucies vraiment de moi comme tu l’as dit, ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. » Karina se mit à sourire. Voilà, elle l’avait dit. « Merci. » lui répondit-elle dans un souffle. Elle voyait ça comme une… délivrance. « Fais attention à toi. » ajouta-t-elle avant de tourner les talons et de disparaitre.

sujet terminé~