Il était très rare que Luke se retrouve dans la partie « boutique » de la pâtisserie, lui préférant largement l’arrière-boutique où il travaillait, loin de l’agitation. Malheureusement pour le jeune homme, il lui arrivait de devoir aller aider, après son service qui commençait très tôt le matin, à 4h. Le plus souvent, c’est parce que l’une des vendeuses était absente, et qu’ils se retrouvaient submergés par le monde qui fréquentait la pâtisserie. Grâce aux délices que créait Luke de ses mains, l’endroit ne désemplissait jamais. En ce 26 janvier, Barbara – très maladroite de nature – se retrouva seule pour servir les clients. Un samedi, en plus. A savoir : le jour où ils voyaient défiler le plus de clients.

« Luuuke ? Si tu as terminé, j’t’en prie, viens m’aider ! » le supplia-t-elle durant un petit moment de calme. Le jeune homme était crevé, mais il savait très bien qu’elle ne s’en sortirait pas toute seule. Elle risquait d’encore faire des conneries, puis ça serait lui qui se ferait engueuler, parce qu’elle avait rempli le cahier des commandes n’importe comment ou parce qu’il y aurait des trous dans la caisse. Trop bon, trop con, vous savez ce qu’on dit. « J’arrive » soupira-t-il, en ôtant son tablier plein de pâte à sucre rose.

Une fois derrière le comptoir, le grand blond aida Barbara à servir le peuple. Il était là depuis presque une heure quand une jeune femme, brune, plutôt élégante, entra dans la pâtisserie. Heureusement, l’affluence s’était calmée. Il n’y avait plus qu’elle dans la boutique, ainsi que le client que servait la vendeuse. Luke observa la nouvelle venue, tandis qu’elle regardait les gâteaux qu’il avait confectionnés, l’air d’hésiter. Finalement, elle approcha du comptoir et fit un sourire au pâtissier, qui le lui rendit. « Je peux vous aider ? » la questionna-t-il. Grave erreur. Un flot de paroles commença à s’écouler de la bouche de la belle brune, qui ne s’arrêta qu’au bout d’un moment qui parut interminable au jeune homme en face d’elle. « Vous devez à tout prix m’aider », avait-elle dit. Luke avala sa salive et essaya de se concentrer. Le client de Barbara venait de partir… il avait bien envie de lui refiler sa cliente à lui et de prendre la poudre d’escampette, mais quelque chose dans le regard de la demoiselle l’en dissuada. « Euh… wah, je, euh… vous parlez beaucoup » ne put-il s’empêcher de faire remarquer, surpris par la tirade de la jolie brunette. Se reprenant, il tenta de faire son métier un minimum correctement : « Alors… pour commencer, je vous rassure, on est pas dans une menuiserie, et vous ne trouverez aucun clou dans mes gâteaux ! ». Sa petite plaisanterie avait pour but de détendre l’atmosphère, et il envoya un sourire avenant et commercial à sa cliente. « Plus sérieusement : vous avez une petite idée de ce que votre amie préfère, comme goût ? Ou pas du tout… ? ». Autant commencer par quelque part, n’est-ce pas ?

C’est dans une magnifique grimace que la petite brune répondit qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qui plaisait à son amie, niveau pâtisseries. Bon, cette information n’aidait absolument pas le blond, qui se mit à réfléchir : qu’est-ce qui se vendait le mieux, ici ? Les tartelettes aux fraises ? Ou peut-être une forêt noire ? Ou… en fait, tout se vendait très bien, c’en était presque désespérant. « Elle est hyperactive. Je ne sais pas si ça peut-aider » ajouta la cliente, ce qui fit rire Luke. Il n’avait malheureusement pas suivi de formation de psychologue couplée à celle de pâtissier, pour dénicher la douceur qui allait avec tel type de caractère. « Une autre info capitale ? » plaisanta-t-il en souriant, sans cesser de réfléchir à ce qu’il pourrait bien vendre à la jeune femme. En fait, il aurait très bien pu lui vendre le premier truc qui passait, ou même le plus cher de la boutique, et ainsi se débarrasser d’elle… mais ce n’était vraiment pas son genre. En plus, d’une certaine façon, cette fille était attendrissante. Sa façon excessive de parler devait sans doute être la preuve d’un grand stress, surtout vu les choses qu’elle lui avait dites. Du coup, il avait envie de vraiment l’aider, pour éviter justement que son amie connaisse la déception dans elle avait parlé en lui demandant son aide. « Elle est institutrice comme moi ! » ajouta la cliente, dans une nouvelle mimique. Luke songea alors que servir cette cliente allait lui prendre un sacré bout de temps. Tant pis, au moins elle était divertissante et, pour une fois, il se rendrait utile en conseillant quelqu’un, plutôt qu’en le faisant grossir. Ses anciennes copines l’avaient d’ailleurs quelques fois largué pour cette raison. Il prenait la liberté de leur amener des pâtisseries, et elles lui reprochaient de tenter de les engrosser. N’importe quoi ! Quand Luke faisait quelque chose, cela partait toujours d’une bonne intention.

« Ah, cela va peut-être nous aider ! Est-ce qu’elle aime son métier, ou alors c’est plutôt une corvée ? Si elle l’adore, un dessert un peu régressif devrait lui plaire. Si elle va au boulot en trainant les pieds, alors il lui faut quelque chose qui ne fasse pas penser aux enfants. Quelque chose de raffiné, d’élégant… un peu comme vous » répondit-il, petit compliment à l’appui. Quitte à dire à cette femme qu’elle était gracieuse et pleine d’élégance, autant le faire en toute discrétion. Ainsi, il ne passerait pas pour le pervers du quartier, mais juste pour un super gentil pâtissier. Ce qu’il était, du reste.

« Ah, cela va peut-être nous aider ! » « C’est vraiiii ? » demanda-t-elle avec un enthousiasme non dissimulé. Ce pâtissier était vraiment très fort. Il avait sûrement fait des études hyper poussé et compliqué, genre le master pâtisserie pour apprendre à savoir quel gâteau choisir rien qu’en observant sa cliente dans les yeux. Un peu comme les ostéopathe qui vous touche l’oreille et arrive à deviner ainsi que vous avez mal au pied. Et bien là c’était un peu pareil ! Il lui posait une question qui n’avait rien à voir et il arriverait à l’aider ! N’est-ce pas ??? Il pourrait donner le gâteau idéale de Kelly rien qu’en la regardant dans les yeux ??? Le problème c’est que Kelly n’était pas là. Summer et la blondinette s’entendait à merveille. Elle était institutrice remplaçante seulement et ne resterait sans doute pas mais c’était agréable d’avoir quelqu’un avec qui rigolait pendant les récréations, quelqu’un qui ne vous regarde pas comme un extra-terrestres

. « Est-ce qu’elle aime son métier, ou alors c’est plutôt une corvée ? » « Euh… Je sais pas on rigole beaucoup les deux et je la voie toujours sourire, ça veut dire qu’elle aime ce qu’elle fait ou juste qu’elle aime discuter avec moi ? En fait elle est instructrice remplaçante, elle a pour projet d’ouvrir un magasin de manga. Vous savez ses livres se livre à l’envers avec des petits personnages haut en couleur qui s’exprimer toujours beaucoup et respire de vitalité ? D’ailleurs un jour Kelly m’a dit que j’lui faisait penser à un personnage de Manga. » C’est vrai qu’à bien regarder Summer, toujours à s’agité pour un oui pour un non, elle aurait très facilement pût s’adapter en Manga. « Si elle l’adore, un dessert un peu régressif devrait lui plaire. » « Régressif ? Vous voulez dire avec des couleurs et des bonbons partout ? Oh ouiiiiiiiiii ça c’est chouette ! » S’exclama-t-elle des petites étoiles dans les yeux. Shaelynn raffolait des bonbons ! « Si elle va au boulot en trainant les pieds, alors il lui faut quelque chose qui ne fasse pas penser aux enfants. » « Un gâteau terne et sans couleur ? Non ça ne lui ressemble pas du tout ! » assura Summer avec une étonnante assurance. « Non quelque chose de raffiné, d’élégant… un peu comme vous » « Oh… » dit la jeune femme le rouge lui montant aux joues, baisant la tête et replaçant une mèche de ses cheveux derrière l’oreille, ne s’étant pas attendu à un tel compliment. Si Summer était bavarde quand elle était stressé, elle était également mal à droite quand elle était mal à l’aise… Elle posa son coude sur la vitrine pour essayer d’avoir un air décontracté afin de le remercier comme il se devait, mais son bras dérapa sur le verre, elle perdu l’équilibre avec ses talons haut – quel idée aussi ! - et glissa sur le sol, se retrouvant les fesses par terre !

La réaction de la jeune femme quand Luke évoqua un dessert plutôt régressif, à condition que sa collègue aime son travail, ne se fit pas attendre : « Régressif ? Vous voulez dire avec des couleurs et des bonbons partout ? Oh ouiiiiiiiiii ça c’est chouette ! ». Luke lui proposa tout de même l’inverse, mais cette idée ne sembla pas plaire à sa cliente. Vu ce qu’elle lui avait dit sur le fait que sa copine voulait ouvrir un magasin de manga – oui, il voyait ce que c’était, mais cela faisait tellement longtemps qu’il n’en avait plus lu qu’il avait même douté que cela existait encore, à vrai dire –, le côté coloré et acidulé devrait effectivement lui plaire. Voilà qui était déjà une bonne idée de base. Ne resterait plus qu’à trouver le dessert qui lui conviendrait parfaitement. Luke termina sa phrase par un petit compliment. Celui-ci fit rougir la petite brune, qui replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, visiblement gênée. La jeune femme posa alors son coude sur la vitrine, comme pour se donner une contenance. Malheureusement pour elle, le verre était parfaitement lisse, et probablement à cause du tissu de son vêtement, son coude ne trouva aucune accroche et dérapa sur la surface transparente. Luke, de derrière son comptoir, n’eut pas le temps d’intervenir et ne put qu’observer sa cliente glisser, perdre l’équilibre et tomber… pour finalement se retrouver allongée sur le sol de la pâtisserie.

Immédiatement après avoir compris ce qu’il venait de se passer, le pâtissier s’empressa de contourner son comptoir pour aller porter secours à sa cliente. Il poussa le petit battant qui séparait les clients des vendeurs et se retrouva en deux temps, trois mouvements aux côtés de la petite brune. Agenouillé tout près d’elle, il lui tendit la main et l’aida à se redresser. Quand elle fut remise sur ses jambes grâce à l’aide de Luke, celui-ci s’enquit de l’état de la demoiselle : « ça va mademoiselle, rien de cassé ? ». Il était un peu inquiet pour elle, parce qu’elle avait quand même chuté assez sévèrement. « Est-ce que vous voulez aller vous asseoir cinq minutes dans l’arrière-boutique ? Vous reprendriez vos esprits et j’aurais l’occasion de vous faire goûter quelques gâteaux, histoire d’en choisir un pour votre amie ». Il songea également – peut-être un peu égoïstement par rapport à sa collègue – que si la cliente acceptait, il serait débarrassé de la corvée de vente qu’il détestait. Surtout qu’il était levé depuis 3 heures et demi du matin, la journée commençait donc à être longue, et son connard de patron ne lui comptait pas ses heures supplémentaires.

Allongée sur le sol, Summer se mit à rire. Après tout il valait mieux en rire qu’en pleuré. Elle et son éternel maladresse ! Le pire c’est que c’était comme contagieux. Blodwyn sa colocataire commençait peu à peu à devenir une catastrophe ambulante. Mais si c’était dans les gênes de la Salvadore, cette dernière était pratiquement certaine que pour Blod il ne s’agissait là que l’élan de son cœur. Son amie avait beau ne pas s’en rendre compte, Jayden n’était pas désagréable à regarder. Et la vie sentimentale de Summer dans tout ça ? Oh… quelle vie sentimental ? La jeune femme ne se souvenait plus la dernière fois où un garçon avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle était une vraie catastrophe en amour. Bon elle avait au moins le mérite de ne plus être vierge comparé à Blodwyn mais elle ne pouvait pas trop se vanter de la façon c’était passer les choses… Elle était pratiquement certaine de rester à jamais célibataire mais Dieu merci ce n’était pas la première de ses préoccupations comparées à sa petite sœur Kassy. Mais ça une autre histoire…
Quoiqu’il en soit se fût avec une grande gentillesse que le pâtissier l’aida à se relever, tandis qu’elle avait un rire nerveux de petite souris. « Ça va mademoiselle, rien de cassé ? ». « Oui. Non. Enfin. Ça va » termina-t-elle en souriant, ne pouvant s’empêcher de le trouver vraiment gentil. « Est-ce que vous voulez aller vous asseoir cinq minutes dans l’arrière-boutique ? » « Non merci je… » « Vous reprendriez vos esprits et j’aurais l’occasion de vous faire goûter quelques gâteaux, histoire d’en choisir un pour votre amie » conclue-t-elle, se laissant tenter, n’étant au fond qu’une grande gourmande. C’est vrai qu’ils avaient l’air tous très bon et rien qu’à l’idée de gouter celui-là ou celui-ci, la faisait saliver. Elle n’était jamais venu dans cette pâtisserie mais une chose était certaine : elle reviendrait ! Luke n’avait qu’à déjà s’y préparé mentalement. Le pauvre. Summer balada encore un peu son regard sur les gâteaux de la vitrine, se passant malgré elle la langue sur les lèvres.[color=#8a395d] « Vous faites des cartes fidélités ? Vous savez comme dans certaine boutique, 10 acheter un offert Non ? » [/color]Demanda-t-elle avec un vif intérêt. Bin quoi ? Ça ne coutait rien de demander…