Assise devant la table de la petite salle à manger, les mains entourant la tasse de thé qu’elle s’était préparée, Maxime laissait son esprit vaquer ici et là. L’appartement dans lequel elle vivait lui semblait bien vide aujourd’hui. Selina était partie travailler laissant son fils à la garderie et Cameron était venu chercher Avery pour le garder pour la journée comme il en avait été convenu quelques jours plus tôt. Elle, elle se trouvait tristement seule chez elle depuis qu’elle avait été forcée de se mettre en congé, pouvant remercier un certain Chris McKay pour ça. Bien que sa blessure à la cuisse eut été soignée par les soins du sud-africain, ses employeurs – plus spécifiquement son grand-père – avaient tenu à ce qu’elle prenne du temps pour se reposer même si la russo-australienne considérait ne pas en avoir besoin. Peut-être aurait-elle pu travailler un peu, faire des recherches, mais l’envie n’était pas là et elle préférait rester assise à ne rien faire … du moins jusqu’à ce que quelques coups soient donnés contre la porte de l’appartement. Sourcils blonds froncés, mains toujours autour de sa tasse et tête tournée en direction de la porte, Maxime laissa quelques secondes s’écouler avant de se lever et de rejoindre la porte qu’elle s’empressa d’ouvrir avant de se retrouver comme figée. Face à elle se trouvait une jeune femme qui lui ressemblait traits pour traits et sans comprendre sa méfiance se mit à l’envahir à toute vitesse. « Si j’étais toi, je lâcherais cette arme tout de suite. » Par pur réflexe, elle avait commencé à se pencher en direction du meuble d’entrée sur lequel se trouvait son arme avant d’être arrêtée dans son élan par les paroles de la jeune femme tandis que ses sourcils se froncèrent. « Qui êtes-vous ? » Demanda-t-elle simplement sans être certaine de réellement vouloir le savoir. Pour tout début de réponse, la jeune femme lui tendit un dossier dont elle reconnut le sceau sans la moindre difficulté et son sang ne fit qu’un tour lorsqu’elle l’attrapa. « Je crois qu’il faut qu’on ait une discussion… » Son regard voyagea de l’inconnue vers le dossier qu’elle regarda un long moment, inquiète avant de relever la tête et de se décaler sur le côté en ouvrant sa porte en grand. « Je pense aussi … » Maxime lui fit signe d’entrer et referma derrière elle, passant ensuite devant pour retourner s’asseoir dans le salon face à sa tasse encore fumante, posant le dossier juste à côté et suivant son double du regard sans en dire plus, laissant le silence lui faire comprendre qu’elle attendait une explication.

Pourquoi fallait-il toujours que la vie se complique ? Elle n'aurait pas pu simplement devenir styliste et ne pas mener cette double-vie qui lui apportait toujours des ennuis et la mettait en danger ? Et bien non. Faisant face à sa soeur jumelle qu'elle découvrait pour la première fois, Skye faisait son maximum pour garder son assurance. Pourtant, au fond d'elle, c'était une véritable tempête de remise en question. Et cela devait relever du pareil au même pour Maxime, étant donné qu'elle semblait vouloir attraper de quoi se défendre au cas où. « Si j’étais toi, je lâcherais cette arme tout de suite. » Bien qu'elle avait elle-même son arme glissée à l'arrière de son jeans, elle n'était pas là pour déclarer la guerre à Maxime. Elle était là pour l'aider à faire tomber Orchideus, pour l'aider et également pour la connaître. « Qui êtes-vous ? » Jugeant qu'elle aurait tout le temps de lui expliquer, Skye se contenta de lui tendre le dossier, afin qu'elle comprenne tout d'abord pour qui elle travaillait. « Je crois qu’il faut qu’on ait une discussion… » ajouta-t-elle d'un ton toujours aussi neutre. Oui, une discussion était nécessaire, c'était d'ailleurs la raison principale de sa venue. Gardant son regard fixé sur la jeune femme, elle la regarda qui fit voguer son regard entre elle et le dossier qu'elle tenait en main. « Je pense aussi … » Skye se vit soulagée : elle avait craint que la rencontre se passe bien plus mal que ça, que la russo-australienne n'ait pas attendu une seconde pour l'attaquer. Mais tout au contraire, elle lui fit signe d'entrer, ce que la jeune mère n'hésita pas à faire. Suivant Maxime jusqu'au salon, elle observa le duplex où elle résidait, impressionnée par la grandeur et la décoration des lieux. Laissant son regard vagabonder autour d'elle, la brunette finit par le poser sur sa soeur, qui s'était installée sur le canapé et la fixait, en l'attente d'explication. Glissant ses mains dans les poches arrières de son pantalon, Skye soupira et se décida à prendre la parole. « J'imagine que c'est inutile de te dire pour qui je travaille… » commença-t-elle pour introduire le sujet. Humectant ses lèvres, elle garda son regard planté sur la blondinette et continua sur sa lancée. « J'ai reçu pour ordre de mission de te tuer... et j'ai été tout aussi surprise que toi en découvrant cette ressemblance. Je suis donc allée en Russie pour demander des explications. » Se rendant compte qu'elle parlait trop, la demoiselle se tue et dégagea ses mains de ses poches pour croiser ses bras contre son ventre. Elle ne voulait pas s'assoir, pas dans un moment aussi décisif. « Je suis ta soeur. » déclara-t-elle comme si cela coulait de source. Cela ne l'était pourtant pas : chacune avait grandi de son côté, avec sa famille, sans imaginer qu'elle avait une soeur jumelle quelque part su ce globe. Skye peinait encore à y croire et préférait même rester sur ses gardes. Dieu sait de quoi Orchideus était capable.

nul... pardon =(

Méfiante ? Absolument ! C’était, de toute manière, dans sa nature. Cette jeune femme avait beau lui ressembler comme deux gouttes deux – à quelques détails près – elle ne l’a connaissait pas le moins du monde et n’avait donc aucune confiance en elle. Qui savait ce dont Orchideus était capable pour appâter leur proie et ainsi mieux en finir avec elle … Elle se méfiait d’eux comme de la peste et même si jusque-là cette organisation n’avait jamais rien fait de tel que la chirurgie pour s’approcher de quelqu’un, Maxime les savait prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Toutefois, la russo-australienne devait bien avouer qu’il y avait un détail étrange chez cette jeune femme : elle avait beau clairement travailler pour Orchideus, elle n’avait pas fait le montre geste dangereux envers elle, au contraire. Tranquillement assise, la jeune femme savait être en terrain favorable. Elle connaissait son appartement par cœur et savait très bien comment se déplacer dans ce dernier pour s’en sortir en cas de besoin, expliquant ainsi la confiance qui se lisait sans le moindre mal dans son regard, regard qu’elle ne dévia pas de l’inconnue face à elle. « J'imagine que c'est inutile de te dire pour qui je travaille… » Maxime opina du chef. Le fait qu’elle se trouve avec un document au sceau d’Orchideus était très clair pour elle. Elle travaillait pour les faire tomber depuis quelques années déjà – et c’était sans compter toute sa famille qui en faisait de même depuis des années – et elle savait pertinemment ce que signifiait le fait de se retrouver un possession de l’un de ces dossiers et ce n’était absolument pas bon pour elle. « J'ai reçu pour ordre de mission de te tuer... et j'ai été tout aussi surprise que toi en découvrant cette ressemblance. Je suis donc allée en Russie pour demander des explications. Je suis ta soeur. » Son visage resta neutre et elle ne fit pas le moindre commentaire. Intérieurement tout un tas de questions se bousculaient. Était-ce possible ? Et si c’était le cas, pour quelles raisons ses parents n’avaient rien dit que ce soit à elle ou à Cameron ? La jeune femme porta sa tasse de thé à ses lèvres et en but une gorge en continuant de fixer la jeune femme. « Parce que maintenant Orchideus a les réponses à tout ? » Questionna-t-elle avec une pointe d’ironie avant de laisser échapper un soupire. « Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un de vos plans foireux pour que je baisse ma garde et ainsi me tuer plus facilement ? » Rien. Ce fut tout du moins la réponse qu’elle se donna à elle-même, toutefois elle comptait lui laisser le bénéfice du doute, la chance de s’expliquer avant de juger.

Maxime était sur les pattes arrières. Bien qu'elle semblait totalement neutre et sereine physiquement parlant, la tension qui émanait d'elle était palpable. Et la russo-norvégienne ne pouvait que le comprendre. Si elle inversait les rôles, si la jeune femme était venue la trouver chez pour lui annoncer leur lien de parenté, elle n'aurait certainement pas résister à la tentation de braquer son arme sur elle. Alors oui, elle comprenait tout à fait que sa soeur soit sur la défensive. Après tout, elle était dans le camp ennemi, et un camp réputé pour ses magouilles qui finissaient toujours par faire leurs preuves. Quoi de plus normal alors que de se montrer réticente et méfiante ? « Parce que maintenant Orchideus a les réponses à tout ? » finit-elle par demander, après avoir bu une gorgée de son thé en toute tranquillité. Skye était la première à se méfier d'Orchideus. Ils avaient comploté pour tuer sa mère et son fiancé, et elle-même risquait gros si elle n'obéissait pas aux ordres. Elle prenait d'ailleurs des risques énormes en venant trouver Maxime sans vouloir exécuter sa mission. Mais elle savait pertinemment qu'elle détenait là la chance tant attendue de pouvoir se retourner contre Orchideus et de frapper un grand coup, peut-être de sorte à pouvoir tenir les rennes à son tour et parvenir à se défaire définitivement de cette organisation. « Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un de vos plans foireux pour que je baisse ma garde et ainsi me tuer plus facilement ? » Elle avait tout à fait raison. Une nouvelle fois, si les rôles avaient été inversés, Skye aurait immédiatement cru à un stupide complot pour lui embrouiller l'esprit afin de mieux l'attaquer par derrière. Mais dans cette situation, ce n'était rien de tout ça. Le problème étant qu'à part sa parole, elle ne pouvait fournir aucune preuve à la jeune femme. Elle se contenta donc de garder son regard planté dans le siens, ses bras serrant toujours son ventre, et elle laissa parler son coeur. La sincérité était la seule carte qu'elle pouvait jouer pour tenter de gagner sa confiance. « J'ai un fils, comme toi. Il a cinq ans, et je donnerais ma vie pour lui. » Elle savait que parler de Maël allait retenir l'attention de la russo-australienne. D'après le dossier, elle était elle-même maman d'un petit garçon tout juste âgé d'un an, Avery, et toutes les mères sont censées ressentir ce même besoin de protection envers leur enfant. « Tu comprendras donc que je ne prendrais jamais le risque de venir te voir si mes intentions étaient mauvaises... » Et ce n'était que la pure vérité. Venir la trouver de manière aussi calme, sans effet se surprise, aurait été un risque énorme à prendre. Un risque d'échouer dans sa mission et donc de perdre la vie ou bien d'attirer les foudres d'Orchideus sur sa famille, et donc sur son fils. Raison pour laquelle elle n'était pas là pour faire du mal à Maxime. Preuve étant donnée, elle finit par décroiser ses bras pour aller glisser à nouveau ses mains dans les poches arrières de son jeans. Cette fois-ci, son visage se transforma : plutôt que de paraître neutre et insensible, elle laissa paraître son trouble. Après tout, elle-même était terriblement choquée d'apprendre que ceux qu'elle avait toujours considéré comme sa famille biologique n'avait en réalité qu'été une famille de substitution durant les vingt-quatre années de sa vie. « J'ai de la peine à y croire aussi mais... tout colle : la date de naissance, le lieu... sans compter cette ressemblance incroyable. » Cette fois ci, elle tentait de montrer à Maxime que la théorie qu'on lui avait fournie tenait la route. C'était incroyable, mais tout à fait justifié. Cela faisait beaucoup trop de traits communs pour que cela relève d'une simple coïncidence. Mais une nouvelle fois, il s'agissait de sa parole contre la sienne, elle ne pouvait pas prouver être réellement née à Casey à la même date qu'elle, même un certificat de naissance pouvant être truqué. Il ne restait donc qu'à espérer que la jeune femme la croit.

Avec tout ce par quoi elle était passée, elle trouvait tout à fait naturel d’être aussi. Enfant, elle avait été enlevée par un homme qu’elle pensait être là pour assurer la sécurité de sa famille mais qui, finalement, en avait après l’argent des Tchekov. Elle avait été séquestrée pendant de nombreuses années avant d’être retrouvée. Avec le temps, son caractère s’était forgé et Maxime avait tenu tête à bien des personnes, ses parents y compris, avant de rejoindre les rangs de leur agence même si, au départ elle avait eu bien du mal à y croire. Devenue agent, elle avait appris à se méfier de tout et n’importe quoi pour s’assurer de rester en vie mais également pour éviter qu’il arrive quoi que ce soit à ses proches ou à ses collègues. Laisser entrer la jeune femme – dont elle ignorait jusqu’à son identité – dans sa vie sans en savoir plus était la porte ouverte aux ennuis si jamais elle n’était pas ce qu’elle prétendait être. Pourtant, sans bien savoir pourquoi ni comment, au fond d’elle la russo-australienne ressentait une certaine confiance envers elle, comme si un lien semblait naître entre les deux femmes, un lien qu’elle avait plus intensément avec son frère. « J'ai un fils, comme toi. Il a cinq ans, et je donnerais ma vie pour lui. » Si son regard avait fini par dévier sur le tissu du canapé sur lequel elle était assise, Maxime s’empressa de relever la tête en direction de la jeune femme lorsqu’il fut question de leur enfant. Ses sourcils se froncèrent tandis qu’elle tentait de s’assurer qu’elle disait la vérité et, ceci fait, ses muscles se décontractèrent sans qu’elle en ait réellement conscience. « Tu comprendras donc que je ne prendrais jamais le risque de venir te voir si mes intentions étaient mauvaises... » Sans doute … mais elle n’en restait pas moins méfiante puisque, après tout, elle n’avait rien d’autre que les paroles de la jeune femme comme preuves. « J'ai de la peine à y croire aussi mais... tout colle : la date de naissance, le lieu... sans compter cette ressemblance incroyable. » Les mains entourant toujours la tasse de thé de moins en moins fumante, Maxime la posa finalement sur la table basse près d’elle et attrapa le dossier qu’elle y avait déposé quelques instants plus tôt, le posant sur ses jambes. « Tu devrais t’asseoir, je promets de ne pas te tirer dessus sans raison. » Dit-elle en lui jetant un bref coup d’œil avant de feuilleter le dossier qu’elle lui avait donné à son arrivée. Quasiment toute sa vie se trouvait dans cette pochette en carton et si elle savait que c’était ainsi qu’Orchideus informait leurs agents sur leur cible, il était frustrant de voir à quel point cette organisation en savait sur elle. « Tu as une idée de la raison pour laquelle je suis ciblée ? » Maxime en avait déjà une. Si elle était surveillée, Orchideus devait savoir qu’elle s’était approchée de Chris – et sans doute que Cameron en avait fait de même avec Nahla – mais peut-être lui manquait-il une information que la jeune femme pouvait avoir en sa possession.

La situation était loin de plaire à la russo-norvégienne. Se retrouver face à son double qu'elle était chargée d'éliminer mais qu'elle comptait bien rallier à sa cause était loin d'être l'événement qu'elle avait toujours rêvé de vivre. Pourtant, c'était là : elle se retrouvait face à sa jumelle dont elle n'avait appris l'existence que quelques jours auparavant grâce au dossier que lui avait envoyé Orchideus, et elle se devait à présent de se montrer convaincante pour ne pas faire d'elle son ennemie. Skye était une jeune femme bornée, un trait de caractère qui était un plus dans son métier. Lorsqu'elle avait quelque chose en tête, elle se donnait toujours les moyens de l'accomplir et, concernant sa soeur, elle comptait bien gagner sa confiance afin de l'avoir dans son camps. Mais gagner sa confiance restait justement le problème principal : Maxime avait vécu un tas de choses qui l'avait rendue méfiante et qui faisait qu'elle allait certainement mettre un bon bout de temps avant de croire en ses paroles. Elle n'avait donc malheureusement aucun autre choix si ce n'est de parler et de laisser le temps faire. « Tu devrais t’asseoir, je promets de ne pas te tirer dessus sans raison. » Tressaillant légèrement à l'entente de sa voix qui résonnait après un léger silence, Skye reposa son regard sur sa soeur et hésita un instant. Si la blondinette ne la connaissait pas et ne lui faisait pas confiance, il en allait de même dans l'autre sens. Skye avait beau avoir lu et relu une multitude de fois le dossier la concernant, elle n'en restait pas moins sur ses gardes. Elle connaissait Orchideus et sa tendance à enfoncer des couteaux dans le dos de ses agents, alors qu'est-ce qui lui prouvait que toute cette histoire n'était qu'une nouvelle mascarade de leur part pour la piéger à son tour ? S'assoir était synonyme de perdre un certain avantage si la situation dégénérait. Mais sans savoir pourquoi, Skye finit par prendre place face à sa soeur, sentant que, malgré tout, elle pouvait lui faire confiance. Un peu comme si leur lien sanguin de jumelle lui permettait de voir la vérité : elle ne risquait rien. « Tu as une idée de la raison pour laquelle je suis ciblée ? » finit-elle par lui demander après avoir déposé sa tasse sur la table et pris possession du dossier avant de le feuilleter. Cette question, Skye se l'était posée dans les premières minutes ayant suivi le moment où elle avait ouvert le dossier pour la première fois. Elle n'avait donc pas manqué de poser la question aux personnes qui l'avaient accueillie lorsqu'elle s'était rendue au siège d'Orchideus en Russie. Les réponses lui avaient semblé des plus évidentes, ce pourquoi elle hocha la tête brièvement en guise de première réponse. Croisant finalement ses jambes pour poser ses mains liées contre ses genoux, elle s'autorisa quelques secondes pour trouver ses mots et finit par prendre la parole. « Tu dois certainement penser que c'est parce que tu t'en es prise à un des agents d'Orchideus, Chris McKay... c'est ce qu'ils espèrent te faire croire. » Orchideus ou l'art d'embrouiller l'esprit des gens en un claquement de doigt. « En réalité, ils veulent me tester... » continua-t-elle en baissant le regard, la voix plus basse. Oui, c'était un test. En envoyant ce dossier à Skye, l'organisation savait pertinemment qu'elle allait venir leurs demander des explications. Et en lui expliquant la vérité, ils attendaient de voir si elle était capable de tuer sa propre soeur par fidélité pour Orchideus. Un véritable plan sadique comme ils avaient l'habitude de les mettre en place. Redressant tout de même ses yeux pour observer à nouveau Maxime, la russo-norvégienne tenta de se montrer plus claire. « Tuer ma soeur, c'est leurs jurer fidélité et leurs prouver que je ne les trahirai jamais. » Sauf que c'était exactement ce qu'elle avait l'intention de faire : les trahir et leurs planter un immense couteau dans le dos à son tour.

Fut un temps où sa vie avait été paisible … une époque qui lui semblait être bien loin derrière elle à présent. Cependant, si elle devait blâmer quelqu’un c’était uniquement elle. Maxime avait eu toutes les cartes en mains pour ne pas suivre cette voie qui semblait pourtant lui être destinée. Ses parents, ses grands-parents et même son frère étaient des espions et même s’il y avait peu de chance qu’elle y échappe, elle aurait pu tout de même le faire, mais ce n’était pas le cas. Ainsi, la jeune femme savait qu’en signant pour le gouvernement australien elle se mettait automatiquement une cible énorme sur la tête et que pourchasser la bête noire de ses supérieurs – dont son grand-père faisait partie – remontait d’autant plus le niveau du danger qui planait au-dessus d’elle. Néanmoins, elle ne pouvait pas nier la surprise qui s’était emparée d’elle lorsqu’elle avait eu le dossier de sa sœur entre les mains, comme si cette chemise en carton lui permettait enfin de réaliser pleinement à quel point elle pouvait risquer sa vie chaque jour. Cependant, Maxime ne laissa rien voir, elle était habituée à laisser entrevoir que ce qu’elle voulait et puisqu’elle était incapable d’avoir entièrement confiance en la jeune femme, elle ne comptait pas lui donner une seule occasion de remarquer sa faiblesse, juste au cas où. Toutefois, cette dernière semblait être plus enclin à baisser sa garde, ce que la russo-australienne remarqua lorsque, finalement, elle accepta de s’asseoir et prit place face à elle avant de répondre à sa question quant à la raison pour laquelle elle était subitement ciblée. « Tu dois certainement penser que c'est parce que tu t'en es prise à un des agents d'Orchideus, Chris McKay... c'est ce qu'ils espèrent te faire croire. » Autant dire que pour une fois ils réussissaient bien leur coup. Maxime était l’un des nombreux agents qui en avaient après Orchideus, mais elle était surtout la seule à s’être véritablement approchée d’un de leurs agents, Cameron continuant de garder ses distances avec Nahla. « En réalité, ils veulent me tester... » Son regard posé sur la jeune femme, elle arqua un sourcil sans pour autant prendre la parole. Un test, les dirigeants d’Orchideus étaient définitivement des sadiques et des psychopathes, plus aucun doute là-dessus. « Tuer ma soeur, c'est leurs jurer fidélité et leurs prouver que je ne les trahirai jamais. » Voilà qui était joyeux. Maxime lâcha un soupire et passa nerveusement une main sur son visage et frotta ses tempes avant de redresser la tête, son regard porté en direction de sa sœur. « Ils ont une manière bien particulière de forcer leurs agents à faire serment d’allégeance. » La russo-australienne ne put s’empêcher de grimacer, puis elle posa à nouveau son regard sur le dossier qu’elle tenait encore entre ses mains. « Enfin, ça me surprend pas, ils font d’une pierre deux coups, ils s’assurent de ta fidélité et élimine l’une des personnes qui se révèlent être un danger pour eux. » Elle ne se jetait pas des fleurs mais il était vrai que s’approcher de Chris signifiait qu’elle pouvait trouver le moyen de retourner le jeune homme contre et ainsi créer quelques petits problèmes au sein de leur organisation. « Alors grande question : vais-je mourir ? Et si non, pourquoi ? » Maxime toisa sa sœur du regard sans faire le moindre mouvement. Il était fou de voir à quel point elle était capable de paraître sereine alors que, visiblement, sa vie était en jeu.

Skye s'aventurait sur un terrain dangereux, elle le savait. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de faire confiance à sa soeur jumelle. Avant de venir lui rendre visite, elle avait pris le temps de prévenir son frère ainé -du moins, elle l'avait toujours considéré comme tel et continuait de le voir ainsi, malgré leur lien de parenté inexistant- et celui-ci n'avait pas réellement pris part au presque enthousiasme qu'avait éprouvé la demoiselle en voyant une opportunité en or pour faire chuter Orchideus. Aleksei restait méfiant et l'avait avertie, sans pour autant l'empêcher de faire ce qu'elle souhaitait. Mais Skye n'arrivait plus à être méfiante. Au fond d'elle, elle ressentait qu'elle avait fait le bon choix et que Maxime allait lui être d'une aide précieuse pour mener à bien son envie de vengeance et de liberté. Restait à lui exposer la situation, ce qui était en train de se faire progressivement. Et bien évidemment, la russo-norvégienne se sentait tendue, un peu plus à chaque mot prononcé. Elle redoutait l'instant où elle allait devoir parler avec sincérité à sa soeur, concernant ses envies de faire tomber l'organisation russe. Et en parler remuait toujours en elle la douleur qu'elle gardait enfouie, quand bien même le meurtre de sa mère et de son fiancé remontait à trois ans. Elle tentait donc de garder ses émotions dans un coin de son coeur, priant pour ne pas faiblir au moment fatidique. « Ils ont une manière bien particulière de forcer leurs agents à faire serment d’allégeance. » Elle était loin d'avoir tort. Orchideus avait toujours eu cette manie de manipuler ses agents presque de manière sadique, preuve à l'appui. Pourtant, Skye se contenta d'hausser brièvement les épaules en guise de réponse.« Enfin, ça me surprend pas, ils font d’une pierre deux coups, ils s’assurent de ta fidélité et élimine l’une des personnes qui se révèlent être un danger pour eux. » Non, ce n'était pas étonnant. Après avoir vérifié que Maxime était bel et bien sa soeur, la brunette ne s'était même pas vu surprise de sa mission. Si elle avait connu l'existence de sa jumelle dès le début, elle aurait attendu qu'on lui ordonne de la tuer. Cela semblait tellement évident venant de ses supérieurs. « Alors grande question : vais-je mourir ? Et si non, pourquoi ? » termina la blondinette. La question tant redoutée qui avait pourtant une réponse tout à fait logique. Pinçant ses lèvres, Skye hocha doucement de la tête en frottant ses mains l'une contre l'autre en les gardant contre ses genoux. « Tu dois te douter de la réponse... non, je ne vais pas te tuer. » répondit-elle calmement. Elle s'étonnait de réussir à maîtriser ses nerfs de la sorte, car elle se sentait bouillir. Une multitude de sentiment s'entrechoquaient, et elle se risquait à ce que l'un deux se fraye un passage pour l'envahir. Mais elle gardait le contrôle, se contentant de fournir les réponses que Maxime attendait tout en gardant un visage presque dénué d'expression. « J'ai l'intention de faire tomber Orchideus, comme a tenté de le faire ma mère avant de mourir... Et pour ça, tu peux m'être utile. » C'était aussi simple que ça. Bien entendu, il manquait un tas d'éléments concernant les raisons pour lesquels une agent d'Orchideus souhaitait se retourner contre eux, et ça, Skye espérait pouvoir le garder encore quelque temps pour elle.

Skye n’était qu’une étrangère … c’était du moins ce que lui aurait fait remarquer une tierce personne présente avec elles et consciente du fait que, involontairement, la russo-australienne semblait lui faire confiance. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne se méfie pas d’elle et pourtant, c’était plus fort qu’elle, Maxime sentait au plus profond de son être qu’elle pouvait avoir confiance en la jeune femme. C’était comme si le fait d’apprendre qu’elle avait une jumelle – et surtout l’avoir en face d’elle – réveillait en elle un lien fort qui l’unissait à la russo-norvégienne et lui faisait comprendre qu’elle n’avait rien à craindre. Mais si la jeune femme pensait ainsi à l’intérieur, à l’extérieur elle n’avait pas le moindre mal à paraître méfiante, que ce soit dans sa manière de regarder Skye ou dans celle de s’adresser à elle. Elle ne pouvait pas se permettre de jouer avec le feu sans savoir de quoi il retournait exactement. Maxime se doutait que si sa jumelle avait fait tout ce chemin pour lui parler et l’avertir que Orchideus avait mit un contrat sur sa tête ce n’était pas pour l’abattre chez elle dans les minutes qui allaient suivre, mais elle ne savait pourtant pas ce qui la poussait à venir ici, vers elle, la seule chose qu’elle savait était que ce n’était pas uniquement pour la retrouver, elle pouvait le lire dans le regard de Skye. « Tu dois te douter de la réponse... non, je ne vais pas te tuer. » Pour toute réponse, la russo-australienne se contenta d’opiner du chef. Oui, elle le savait et sa question n’en avait pas été tellement une, disons simplement qu’elle avait éprouvé le besoin de la poser à voix haute tout en connaissant la réponse, comme si le fait de la formuler allait pousser la jeune femme à dévoiler clairement le fond de sa pensée. « J'ai l'intention de faire tomber Orchideus, comme a tenté de le faire ma mère avant de mourir... Et pour ça, tu peux m'être utile. » Silence. Maxime dévisagea la russo-norvégienne sans prononcer la moindre parole, se contentant seulement de la toiser du regard pour s’assurer qu’elle ne plaisantait pas. Faire tomber Orchideus … venant de l’un de leurs agents la jeune femme ne pouvait que trouver ses paroles étranges et pourtant elle connaissait – un bien grand mot en réalité – deux personnes qui eux aussi avaient bien envie de voir cette organisation tomber. Maxime passa le bout de sa langue sur ses lèvres et se redressa sur le canapé sans quitter Skye du regard. « T’être utile ? C’est pas écrit dans ce dossier que mes employeurs espèrent en faire de même depuis des années et que c’est également l’une de mes missions ? » Demanda-t-elle calmement. Ce dossier, elle s’était contentée de le feuilleter et non pas de le lire dans ses moindres détails. Son regard se posa d’ailleurs sur ce dernier comme si uniquement par ce geste elle allait obtenir une réponse. « En quoi je pourrais l'être ? » Termina-t-elle par demander après un moment de silence, relevant les yeux vers Skye. Elle s’efforçait déjà de faire le maximum en ralliant Chris à son camp – et Cameron en faisait de même avec Nahla – elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait faire de plus que ça.

La partie la plus délicate de la mission que Skye s’était fixée à elle-même venait d’être lancée. Convaincre Maxime qu’elle ne lui voulait aucun mal était presque réussi, quand bien même elle continuait à ressentir une méfiance et une tension largement palpable entre elles, mais lui faire comprendre que, sans son aide, elle n’arriverait jamais à ses fins était une autres paires de manches. Après tout, elle connaissait Orchideus mieux que quiconque, mieux que sa jumelle et ses supérieurs étant donné qu’elle y travaillait depuis des années. Elle disposait de plus du soutien sans faille de son frère qui, tout comme elle, souhaitait venger la mort des deux personnes que leurs supérieurs avaient fait tuer sans ménagement. Alors pourquoi se tourner vers quelqu’un d’autre et, surtout, pourquoi se tourner vers elle ? Une femme du clan ennemi qu’elle était censée redouter et fuir à tout prix plutôt de se rendre chez elle pour conclure un pacte, avec une simple arme au cas où les choses tournerait mal. Elle prenait des risques énormes, allant jusqu’à risquer sa vie, mais elle savait ne pas avoir le choix. Maxime était sa seule chance de se libérer d’Orchideus, de libérer son frère, Nahla et Chris et d’éloigner définitivement le danger qui tournait autour d’eux et de son propre fils. Au moment de lui avouer la réelle raison de sa présence ici, le regard que posa la jeune femme sur Skye laissa cette dernière crispée. Tout se jouait maintenant. Si elle ne parvenait pas à la convaincre rapidement, tout risquait de se retourner contre elle et elle n’aurait plus qu’à compter les heures qui lui restaient avant de terminer dans un cercueil. « T’être utile ? C’est pas écrit dans le dossier que mes employeurs espèrent en faire de même depuis des années et que c’est également l’une de mes missions ? » finit par demander la russo-australienne sur un ton calme. En guise de réponse, la jeune mère hocha positivement la tête en gardant son regard fixé sur elle. Oui, tout était inscrit dans ce dossier et c’était principalement pour cette raison qu’Orchideus l’avait chargée de la tuer. Abattre les personnes qui faisaient tout pour les faire tomber était devenue une habitude du cartel russe, il était donc logique qu’un contrat ait été posé sur la tête de Maxime. « En quoi je pourrais l’être ? » Une vague d’espoir envahi alors la russo-norvégienne. Si elle la questionnait ainsi, c’était qu’elle n’allait certainement pas lui refuser son aide et, ainsi, Skye sentait qu’elle parviendrait à ses fins et qu’Orchideus allait finalement trouvé ce qu’il méritait : sa fin définitive. Baissant la tête quelques secondes pour se donner un tant soit peu de courage, la jeune femme humidifia ses lèvres et reporta son attention sur sa sœur pour lui expliquer ce qu’elle attendait d’elle, dans les grandes lignes. « Réfléchis… tu ne crois pas qu’avoir quatre agents d’Orchideus à votre disposition pourra vous être des plus bénéfiques pour anéantir cette organisation ? » commença-t-elle, pour lui faire premièrement comprendre qu’elle n’était pas la seule à se lancer là-dedans, suivie immédiatement de son frère, de Nahla et de Chris. « Si nous allions nos forces, je suis persuadée que nous y arriverons. Le fait que nous soyons jumelles peut fortement nous aider aussi. Et crois-moi, personne ne veut voir Orchideus tomber plus que moi. » assura-t-elle d’une voix posée. Glissant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, elle hésita un instant et finit par décider de se mettre presque à nu devant la demoiselle. Si elle voulait gagner sa confiance, elle ne devait pas lui cacher ses motivations. « Ils ont fait tuer ma mère et mon fiancé. Alors crois-moi quand je te dis que je donnerai tout pour leurs rendre la monnaie de leur pièce. » À ces mots, elle sentit son cœur se serrer. Jamais elle ne s’était remise de ces deux décès, quand bien même ils remontaient à trois ans à présent. Avoir vu Yuri mourir, écrasé par un plafond effondré suite à l’explosion d’une bombe et avoir entendu les coups de feu qui avait tué sa mère restaient le cauchemar qui la poursuivait nuits et jours. Et elle comptait bien éliminer ses supérieures un à un pour leurs faire amèrement regretter de s’en être pris aux personnes qui comptaient le plus pour elle.