Lindsay avait l'habitude que l'on se confie à elle. Elle était la bonne amie à qui l'on aimait avouer ses secrets, parce qu'on savait qu'elle ne dirait rien, ne jugerait pas... Elle était le genre de personne à qui l'on accorde facilement sa confiance. Et elle était toujours prête à écouter et conseiller quelqu'un dans le besoin. Pourtant, la démarche de Vitaly l'avait surprise. En général, les gens qui se confiaient à elle étaient des amis, des personnes proches. Et jusqu'à présent elle n'avait jamais vraiment été très proche de Vitaly. Et pourtant, d'une manière très naturelle et spontanée, il en était venu à se confier plus ou moins à elle. Il n'avoua cependant rien de bien honteux mais elle fut touchée par cette marque de confiance. Elle ne savait cependant pas si il avait fait ces confessions là à Serena ou si elle était la seule à être dans la confidence. Il était donc inimaginable pour elle d'en toucher le moindre mot à sa grande sœur. Et quand bien même elle serait au courant, Lindsay se voyait mal lui en parler. Tout simplement car cela attesterai d'un rapprochement entre elle et son beau frère et qu'elle culpabilisait presque de cette soudaine entente. Il n'y avait pourtant pas de quoi. Ils ne faisaient rien de mal et Serena se réjouirait sans doute de voir qu'ils s'entendaient plutôt bien. Mais au fond, elle culpabilisait surtout de ressentir certaines choses interdites envers lui. C'était pourtant bien plus fort qu'elle. Elle avait toujours été attirée par Vitaly et, malgré un essai catastrophique pour l'oublier, elle n'y parvint pas. Au contraire, plus elle le voyait, plus elle le trouvait attirant. Et ce petit tête à tête n'aidait en rien la jeune femme.

Elle ne savait même pas si il se doutait de quelque chose, s'il avait remarqué son comportement ou si leur relation était tout aussi ambiguë pour lui. Car si il n'était absolument pas touché par tout cela, le problème était bien moindre. Il continuerait sa vie sans soucis et elle continuerait également la sienne, essayant de faire abstraction du désir qu'elle pouvait éprouver pour lui. Mais si les choses étaient également ambigües pour lui aussi, il fallait mettre un terme à tout cela. Juste afin d'éviter que cela n'empire et que les choses dérapent. Et même si, jusqu'à présent, elle s'étaient persuadée que cette attirance n'était pas réciproque, elle commençait sérieusement à remettre les choses en questions. Parce qu'il s'était confié un peu trop facilement à elle... Parce que leur rapprochement physique dans la cuisine n'avait rien d'anodin... Et surtout, parce qu'il venait de lui caresser la joue. Ils avaient, dans un premier temps, évoqué la personnalité de Lindsay. Elle qui apparaissait toujours comme calme et réservée était une toute autre femme sur les clichés qu'il venait de découvrir. Et il ne se priva pas de le lui faire remarquer. Elle finit alors par avouer qu'il n'y avait quasiment que sous l'influence de Lindsay qu'elle osait se lâcher. « Il faut dire que Serena est plus ... Extravertie ? » Un large sourire apparût sur son visage. Même si elle s'entendaient très bien, Lindsay & Serena étaient presque l'opposé l'une de l'autre. Et en effet, la jeune trentenaire était bien plus extravertie que sa soeur. « C'est le moins qu'on puisse dire ! C'est fou ce qu'on peut être différente l'une de l'autre et malgré tout très bien s'entendre...» glissa-t-elle en riant. Elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il dépose sa main sur sa joue et se figea alors totalement à ce geste. C'est à ce moment là qu'elle se posa réellement des questions. Peut-être que sans cette attirance pour lui, elle aurait trouvé ce geste tout à fait innocent. Mais vu les rapprochements précédents et la soudaine proximité entre eux, l'innocence avait laissé place à l'ambiguité. Il se releva finalement, l'air de rien, et évoqua sa maladresse. Elle tenta alors d'oublier ce moment d'égarement et d'éviter toute ambiguité entre eux. Si c'était encore possible... Elle confessa donc qu'elle était en effet, assez maladroite, même si elle prit cela sur le ton de l'humour. « Je n'ose imaginer les dégâts au quotidien ! » Elle éclata de rire à sa remarque, quelque peu exagérée. Tandis qu'il s'approchait de la fênetre, elle alla s'assoir sur le canapé du salon, qui était dans la continuité de la salle à manger. « Oh, ça va ! Faut pas exagérer quand même ! » répondit-elle toujours en plaisantant.

Si ils avaient longtemps été si éloignés l'un de l'autre, sans aucun contact, c'était sans doute à cause de leur différence d'âge. Il fallait voir les choses en face, encore aujourd'hui, elle n'était qu'une gamine pour lui. Certes, leur différence d'âge était moins gênante aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Après tout, que pouvait-il avoir à faire d'une gamine de 12 ans ? Mais encore aujourd'hui, leur différence d'âge rendait un quelconque rapprochement plus difficile. Ils avaient pourtant passé plusieurs années sans vraiment se connaître, sans être très proches et bizarrement, après ce moment passé en tête à tête avec lui, elle avait réellement envie de se rapprocher de lui. Elle était, malgré tout, bien consciente que, vu leur différence d'âge, elle serait, tout au plus, une petite sœur de cœur. Pas plus. Et cette idée la dérangeait. Parce qu'elle rêvait de plus. Elle était dans une situation étrange. Vitaly lui plaisait et elle en arrivait à désirer qu'il se passe quelque chose entre eux, mais à côté de cela, elle culpabilisait d'avoir de telles idées et s'en voulait vis à vis de sa sœur. Elle ne pouvait rien ressentir pour lui. Il était le mari de sa sœur ! Et malgré tout, elle tentait de masquer cette attirance depuis cinq ans. Et visiblement, elle avait plutôt bien réussi. Du moins jusqu'à présent. Mais elle craignait de ne pas pouvoir masquer son trouble plus longtemps. Encore plus s'ils continuaient à se rapprocher ainsi, de manière physique. C'était peut-être anodin, sans importance pour lui, mais elle se sentait de plus en plus dans une position dangereuse. Et elle redoutait surtout de laisser paraître quoi que ce soit et qu'il comprenne qu'elle ne lui était pas indifférence. Et le pire serait bien sûr que cela soit découvert par Serena...

Les deux sœurs avaient toujours été très proches et Serena avait toujours été la seule personne à obtenir de Lindsay qu'elle ose se lâcher un peu. D'un naturel timide et réservé, elle n'était pas du genre à se faire remarquer. Pourtant, il suffisait qu'elle se retrouve avec Serena et que cette dernière la pousse un peu pour qu'elle se lâche. Enfin, qu'elle ose un peu plus faire la folle. Bien que la Lindsay habituelle reprenait souvent le dessus. Ce n'était pas pour autant qu'elle était « coincée » ou qu'elle passait son temps à étudier. Non, tout de même pas. Mais elle n'était pas dans les extravagances. Comme c'était à prévoir, Vitaly s'amusa de ses clichés où il découvrait une toute autre personne. Évidemment, il ne l'avait jamais vu ainsi. D'une part car elle n'en avait pas vraiment eu l'occasion et qu'elle n'était pas assez en confiance. D'autre part car elle avait peur d'être ridicule.
C'était d'ailleurs une des différences qui existaient entre Lindsay & sa sœur, ce qu'ils vinrent à évoquer. Il était clair qu'elle n'avaient, à première vue, aucun point commun. Pourtant, malgré leurs comportements opposés, elles s'étaient toujours très bien entendues. « Comme quoi, ça ne veut absolument rien dire ... » Elle acquiesça à sa remarque puis il caressa sa joue. Mais il se releva et s'éloigna aussitôt, sans doute conscient de l’ambiguïté de son geste. Il changea alors rapidement de sujet, commençant à la taquiner sur sa maladresse. Elle avait bel et bien deux mains gauches. Ne voulant pas avouer ce défaut à son beau-frère, elle tenta d'atténuer la situation en affirmant que cela n'était pas aussi terrible qu'il l'imaginait. Et pourtant, il se rapprochait bien de la réalité. « Moui ... Tu ne tombes jamais ? Tu ne casses pas la vaisselle à tout va ? Tu ne fais rien tomber à répétition et sans faire exprès ? » Elle laissa un rire s'échapper, levant finalement les yeux au ciel. Impossible de lui cacher quoi que ce soit, visiblement. « Mmmh.. Ca peut arriver...quelques fois... » avoua-t-elle avec une petite moue, atténuant une nouvelle fois la réalité. «..voire même régulièrement. M'enfin, que veux-tu ? j'peux pas être parfaite ! » ironisa-t-elle avec un léger sourire en coin. Parfaite, elle était loin de l'être et elle était suffisamment modeste pour s'en rendre compte.

Jusqu'à présent, cette attirance envers Vitaly, bien qu'elle existe depuis 5 ans, ne gênait pas vraiment Lindsay. C'était un désir à sens unique. Elle était une gamine pour lui et il paraissait bien trop éprit de Serena pour s’intéresser à elle. Et c'était tout à fait normal. Et c'était mieux ainsi; ils se voyaient rarement, et dans des contextes bien précis où ils n'étaient jamais seuls. Lindsay arrivait donc ainsi à passer outre cette attirance, à se concentrer sur autre chose... Bref, à ne rien montrer. Et, même si elle brûlait d'envie de se rapprocher de lui, de le connaître davantage, d'une part parce qu'il lui plaisait mais aussi parce qu'il semblait être un homme intéressant, elle savait également que rester à distance de lui était la meilleure chose à faire. Car il lui paraissait évident que plus elle se rapprocherait – ne serait-ce qu'amicalement – de lui, plus la situation serait difficile pour elle, et plus elle souffrirait de cette attirance, sans doute non réciproque. D'ailleurs, elle avait en quelques sortes installé cette distance, entre elle et Vitaly, un peu malgré elle. C'était sa timidité, son manque de confiance en elle et sa difficulté à être à l'aise avec les « inconnus » qui avaient surtout créés cette distance, finalement bienvenue. Oui mais voilà qu'aujourd'hui, après cinq années qui s'étaient très bien déroulées, il fallait qu'ils se retrouvent seuls. La pire situation qu'elle pouvait imaginer. Et bien évidemment, cette attirance à son égard ne fit que s'accentuer. Elle commençait à découvrir l'homme qui l'était et, il n'y avait pas à dire, Serena avait de la chance. Beaucoup de chance. Si seulement, elle aussi pouvait... C'était le genre de pensées qu'avait Lindsay durant ce tête-à-tête. Elle sentait que la situation commençait à lui échapper. Parce que ce désir, qui se faisait de plus en plus fort, la poussait à avoir des pensées, des idées interdites. Mais aussi parce que, par son comportement, peut-être innocent, il ne faisait qu'accentuer l’ambiguïté de la situation. Pour elle, du moins. C'était des petits détails, peut-être insignifiants pour lui, mais qui la mettaient encore plus mal à l'aise, comme cette caresse sur la joue. Alors qu'elle s'était toujours obstinée à croire que, parce qu'il avait la trentaine passée et qu'elle était, elle, tout juste sortie de l'adolescence, il n'y aurait jamais rien entre eux. Cela paraissait évidement. Et pourtant, suite à cette situation, elle en vint à se demander, à oser croire que peut-être, il y avait un infime possibilité qu'il puisse ne serait-ce que la trouver jolie, voire attirante...

Mais bien vite elle se ressaisit lorsqu'il se releva et s'éloigna. Elle fit de même en rangeant la boîte de photos. Elle ne parvenait pas à effacer de son esprit son regard, et surtout, cette légère caresse sur sa joue. Elle avait très clairement sentit, à ce moment là, son ventre se nouer. Sans doute car elle espérait, au plus profond d'elle-même, une suite à ce geste. Mais bien sûr, il n'y en eu pas. Heureusement. Elle culpabilisait déjà vis à vis de Serena, alors qu'elle n'avait strictement rien fait de mal...mis à part éprouver ce désir envers Vitaly. Mais malheureusement, elle n'était pour rien là dedans et subissait simplement cela. Malgré la distance physique qu'ils venaient de créer entre eux, ils ne cessèrent de discuter. De choses assez banales, comme de la maladresse de la jeune femme. Cette dernière, ne trouvant pas vraiment cela très glorieux, fit tout son possible pour minimiser la situation. « Quelques fois ? Genre rarement ? » Mouais..C'était pas crédible. Alors, malgré une légère moue qu'elle affichait depuis un moment, elle finit par avouer qu'elle était assez maladroite, en prenant cela sur le ton de l'humour. Cela le fit rire et c'était déjà une belle récompense pour elle. Et puis, il avait un magnifique sourire qui devait sans doute en faire fondre plus d'une...« La perfection est tellement ennuyeuse ! » Elle sourit en acquiesçant. Elle n'était pas parfaite, elle en était bien consciente. De toutes façons, qui est vraiment parfait ? Personne. « C'est pas faux... » Elle songea alors rapidement à la conversation précédente. Ou plutôt, aux confessions précédentes. Celles où il avait avouer s'ennuyer dans une vie trop parfaite. Il était, en quelques sortes, prisonnier de sa prison dorée. Et elle avait été touchée qu'il lui en parle, du moins si rapidement. Puis, elle n'avait pas l'intention d'aller en parler avec Serena. D'une part, elle ne savait pas si elle avait eu droit aux mêmes confessions et quand bien même, cela témoignerait d'un rapprochement et Lindsay craignait la réaction de sa sœur. Et si elle était jalouse ? Il n'y avait pas de quoi puisqu'ils ne faisaient rien de mal. Mais quoi qu'il en soit, Lindsay n'était pas vraiment d'avis à partager ce genre de choses avec Serena. « Tu es aussi maladroite que Serena est adroite. Et aussi modeste que Serena est sûre d'elle. Entre autre. » Il confirmait, une nouvelle fois, que les deux soeurs étaient totalement opposées. Et cela attrista légèrement Lindsay. Parce qu'au fond, il aimait Serena et étant donné que celle ci était l'opposé de Lindsay, il ne pouvait être intéresse par elle. Enfin, d'après elle. Elle fixa alors son beau-frère, penchant la tête tout en s'approchant légèrement de lui. « Et...comment j'dois prendre ça ? » demanda-t-elle doucement avec un doux sourire en coin. « 'fin... Etant donné que tu l'aimes, que c'est ton genre de femme et que je suis son opposé au plus haut point.. tu devrais plutôt ne pas m'apprécier... » Étrange logique, non ? C'était celle de Lindsay. Enfin, pas totalement puisque, vu la situation, elle ne doutait pas que Vitaly l'apprécie, ne serait-ce qu'un peu... Mais elle voulait s'aventurer sur ce terrain là, légèrement plus dangereux...

Lindsay avait, durant les 17 dernières années, adopté un comportement dit exemplaire. Sérieuse, travailleuse, serviable, raisonnable.. Elle n'avait jamais vraiment fait de conneries, ni même de crise d'adolescence comme certains en font souvent, se montrant désagréables et provocateurs. Non, elle restait une jeune femme sage. Et malgré cette attirance pour Vitaly, ce désir de rapprochement qu'elle ne maîtrisait pas, elle ne voulait en aucun cas que cela ne devienne réalité. Elle se devait de tout faire pour mettre un terme à cette ambiguïté et que leur relation redevienne tout ce qu'il y a de plus normal entre elle et le mari de sa soeur. Et pourtant, elle n'en avait pas envie. Parce qu'elle appréciait Vitaly et qu'en un sens, se rapprochement, aussi dangereux puisse-t-il être, lui convenait. Mais d'un autre côté, plus elle se rapprochait de lui, plus la situation devenait ambiguë et plus elle culpabilisait vis à vis de Serena. Il lui plaisait et, tout naturellement, elle avait envie de plus... Mais elle savait que si cela venait à se produire, ce serait le début de l'enfer pour elle. La situation serait terrible, surtout par rapport à Serena. Elle avait donc tout intérêt à rester éloignée de Vitaly. Comme elle l'avait si bien fait pendant 5 ans... Mais elle n'y parvenait plus. Sans doute à cause du contexte, mais aussi du fait qu'elle trouvait réellement intéressant, agréable de converser avec lui.. Et visiblement, lui non plus n'avait pas l'air gêné par ce rapprochement. Au contraire, il avait l'air d'apprécier Lindsay, ce qui donna lieu à quelques situations ambiguës. Mais était-il conscient de cela ? Voyait-il les choses de la même manière que Lindsay ? Savait il qu'ils jouaient avec le feu et qu'ils allaient finir par se brûler ? Au fond, peut-être pas. C'était peut-être pour lui qu'une simple discussion, qu'un simple geste affectueux. Tout en innocence. Et alors, la jeune femme se ferait donc des films, prenant peut-être ses désirs pour la réalité. Elle ne savait quoi penser de cela. Après tout, peut-être était-elle simplement en plein délire ? Ou alors, leur relation prenait bel et bien un tournant très dangereux. Quoi qu'il en soit, elle était sûre d'une seule chose, elle n'était pas indifférente à Vitaly. Mais pour ce qu'il en était pour lui, elle n'en savait rien et ne préférait pas savoir... Par peur d'être déçue, ou au contraire, de se retrouver dans une terrible situation.

Alors qu'ils venaient d'instaurer une nouvelle distance physique entre eux, ils continuaient de discuter comme si de rien n'était, évoquant alors les différences entre les deux soeurs. Et Vitaly ne manqua pas de souligner qu'elles étaient l'opposé l'un de l'autre, ce qui était exact. Pourtant, lorsqu'il dit cela, qui n'était qu'une constatation, Lindsay fût légèrement déçue, peinée. Après tout, oui, elles étaient opposées en tous points et il semblait éperdument amoureux de Serena. Lindsay, qui en était tout le contraire, ne devait donc pas vraiment intéresser le beau brun. Elle en vint à se demander si il n'était pas en train de lui faire la conversation par pure politesse, pour passer le temps. Sans plus d’intérêt de sa part. Et cette idée l'effrayait car elle avait réellement envie d'être appréciée par lui. Et il lui semblait que c'était le cas... Étrange, d'ailleurs, qu'elle soit aussi intéressée et fasciné par un homme bien plus âgé qu'elle. Il pourrait être son père – il l'aurait eu très jeune, certes – et elle en était parfaitement consciente. Et elle considérait cet écart d'âge comme un problème. Mais un problème à quoi ? Il ne pouvait y avoir entre eux qu'une relation fraternelle et pour cela, leur écart d'âge n'était pas un problème... Peut-être Vitaly soupçonnait-il l'attirance de Lindsay envers lui et, afin de la dissuader de quoi que ce soit, il venait de mentionner ses différences entre les soeurs Livingston. Elle ne savait pas vraiment comment prendre cette remarque et le lui avoua, espérant que ce n'était pas aussi négatif qu'elle le redoutait. Elle s'expliqua ensuite, détaillant son point de vue et sous-entendant qu'il ne devait pas l'apprécier. En théorie...Quoi qu'il en soit, en lui demandant cela, elle donnait une toute nouvelle dimension à leur conversation et partait en terrain inconnu. « Me limiter à un seul genre de personnes me ferait passer à côté de pas mal de gens biens, je pense ... Non ? » Elle haussa légèrement les épaules en souriant. Sous-entendait-il qu'elle était quelqu'un de bien ? C'était ce qu'il lui paraissait. « Si, t'as raison... Ça prouve que t'es un mec intelligent... » Au moins, il cherchait à la connaître et comme il l'avait dit, ne se limitait pas qu'à un seul genre de personnes. Signe d'intelligence et d'ouverture d'esprit. « Si je ne m'intéressais qu'aux personnes comme ta sœur, je serais passé à côté de toi. Du gâchis, non ? » Elle baissa alors immédiatement le regard, ne sachant quoi répondre. Elle afficha un léger sourire assez timide. Difficile pour elle de ne pas se faire de film après une telle réponse. « Ca, c'est pas à moi de le dire... » répondit-elle en relevant les yeux vers lui. Affirmer que le fait de ne pas la connaître était du gâchis n'était pas envisageable pour elle, bien trop modeste et trouvant déplacé d'affirmer que passer à côté d'elle était du gâchis. Elle n'avait nullement cette prétention là.

Lindsay n'avait, jusqu'à présent, jamais vraiment eu de petit ami. Juste un garçon de son âge, quelques années auparavant mais rien de bien sérieux. A l'époque, elle avait voulu faire comme tout le monde et était sortie avec le premier venue. Sauf qu'elle n'avait pas pu rester avec lui bien longtemps, ne ressentant pour lui que de la tendresse. Depuis, elle n'avait pas trouvé chaussure à son pied. Personne ne lui plaisait. Ou alors, ils étaient bien trop immatures et niais pour elle. Et bien sûr, ceux qui pourraient convenir étaient déjà pris... Et à ce niveau là, la jeune femme ne se voyait absolument pas piquer le copain d'une amie ou même d'une simple connaissance. Elle ne s'imaginait absolument pas être une briseuse de ménage. Ou encore être à la base d'une infidélité. Elle avait bien trop d'éducation et de respect pour envisager de telles choses. Encore moins avec le mari de sa soeur. C'était d'ailleurs une chose qu'elle s'interdisait d'imaginer, tout d'abord car il était marié, qui plus est avec sa soeur, mais aussi à cause des nombreuses différences qui rendaient une quelconque relation, autre qu'amicale ou fraternelle,vouée à l’échec. Et pourtant, malgré tout cela, elle ne pouvait s'empêcher d'apprécié ce rapprochement qui s'opérait entre eux. Elle était consciente que tout cela n'avait aucun sens, que même si cette attirance pouvait être réciproque, cela ne pouvait rien donner entre eux. Et malgré tout, ce petit jeu continuait entre eux. Toutefois, il ne dit ou ne fit rien à l'encontre de cela. Au contraire, il avait l'air de se complaire dans cette situation qui, réflexion faite, n'avait pas lieu d'être. Il était pourtant censé être le plus mature, le plus responsable. La logique voudrait que ce soit à lui d'imposer des limites à ce rapprochement entre eux. Mais peut-être n'était-il pas conscient que cela devenait dangereux ? Peut-être qu'il ne voyait pas de mal à se rapprochement qui pour le moment, restait tout à fait innocent ? Ou alors, lui même appréciait ce jeu dangereux auxquels ils risquaient de finalement se perdre...

Alors qu'il évoquait Serena, en soulignant qu'elle était son opposée, Lindsay se demanda s'il essayait de lui faire comprendre que tout cela devait s'arrêter, ou si c'était un simple hasard. Et quand bien même il voulait lui faire passer un message, Lindsay n'était nullement à l'origine de ce rapprochement et de cette ambiguïté qui naissait entre eux. Contre toute attente, elle se permit alors une étrange remarque. Justifiée, certes, mais sans doute gênante pour Vitaly. Elle insinua ainsi que, puisque pour lui Serena était la femme idéale, et qu'elle était son opposé, il ne devait guère l'apprécier. Du moins en théorie. Il rétorqua par la suite que ce serait passer à côté de personnes bien que de réagir ainsi. Et elle était entièrement d'accord avec lui, ce qu'elle ne manqua pas de souligner en lui disant qu'il était quelqu'un d'intelligent. « Il parait que je le suis, en effet ... » Elle sourit à cette réponse, toute en modestie, alors qu'il affirma plus clairement qu'il aurait pu passer à côté d'elle et que cela aurait été du gâchis. Sa timidité, qui commençait à disparaître avec Vitaly, réapparut et elle ne pût s'empêcher de baisser le regard et souriant timidement. Elle appréciait de recevoir un tel compliment de sa part. Surtout qu'elle n'avait pas beaucoup confiance en elle et qu'un homme comme Vitaly lui dise qu'elle était quelqu'un de bien la toucha. Elle glissa alors que ce n'était pas à elle de juger de ce genre de choses. Elle était bien trop modeste pour affirmer les propos de son beau-frère. « La seule chose que je regrette là, c'est de ne pas avoir pris le temps d'apprendre à te connaître, plus tôt. Et j'espère maintenant qu'on aura d'autres occasions de passer tout simplement du temps ensemble. » Elle releva le regard vers lui en souriant. « Je regrette aussi d'avoir perdu autant de temps... Quoi qu'il en soit, j'espère aussi qu'on aura l'occasion de passer de nouveaux moments ensemble... » avoua-t-elle avec sincérité. Outre cette ambiguïté entre eux, elle avait apprécié ce moment passé en sa compagnie et était enthousiaste à l'idée de passer plus de temps avec lui.

Durant les cinq années précédentes, alors qu'ils n'avaient pas encore vraiment fait connaissance ou du moins, eu une réelle conversation, Lindsay n'imaginait pas que, si un jour ils venaient à se rapprocher, cela prendrait si rapidement une telle tournure. Bien sûr, elle l'avait imaginé... Elle l'avait rêvé, tout simplement car il lui plaisait. Mais jamais elle n'aura pensé cela possible. Et encore aujourd'hui, alors qu'ils étaient seuls et jouaient à ce jeu dangereux, elle ne pouvait imaginer une suite à cela. C'était, pour lui, sans doute un simple jeu qui prendrait fin dès le retour de Serena. Rien d'important. Lindsay se surprenait elle-même à se plaire dans ce jeu. Pourtant, elle n'était pas du genre à jouer avec le feu. Au contraire, elle évitait généralement toutes ses situations dangereuses où elle risquait de se perdre... Mais cette fois-ci, la tentation avait été trop forte. Elle ne faisait rien pour arrêter cette chose qui prenait place entre eux. Elle ne savait pas quoi faire pour aller à l'encontre de cela, mais surtout, elle n'en avait absolument pas envie. Ce qu'elle se plaisait à rêver en étant plus jeune devenait réalité. Pourquoi y mettre un terme ? Mais d'un autre côté, plus elle appréciait la présence de Vitaly, plus elle culpabilisait vis à vis de Serena. Et si ils venaient à déraper ? Si elle l'apprenait ? Parce qu'au fond, elle savait très bien que cette relation avec Vitaly n'avait rien de normal, rien de commun. Et n'avait en aucun cas lieu d'être. Alors elle laissait faire, pensant que si cela devenait trop embarrassant, trop risqué, il y mettrait sans doute un terme. De son côté, elle en était purement incapable. D'une part car il lui faisait perdre presque tous ses moyens, et d'autre part, car secrètement, elle voulait voir jusqu'où ça pouvait aller. Et si jusqu'à présent, elle ne savait pas ce qu'il en était pour lui, ce qu'il pensait de ce rapprochement, elle commençait à avoir l'impression qu'il voyait les choses de la même manière qu'elle. Du moins, qu'il était conscient de ce qui était en train de naître entre eux et qu'il en jouait. Après tout, il venait de lui dire très clairement qu'il aurait regretté de passer à côté d'une personne bien, comme elle. Était-ce le genre de choses qu'un homme marié peut dire à sa belle soeur dans un tel contexte ? Elle se demanda alors si il n'avait pas vu cette attirance pour lui qu'elle tentait de masquer, et s'il ne s'amusait pas à lui tourner autour, juste pour la tester... Quoi qu'il en soit, ils se rapprochaient de plus en plus dangereusement. Et malgré tout, Lindsay appréciait cela. Elle découvrait enfin celui qui était, depuis plusieurs années, son beau frère. Et elle l'appréciait réellement. Alors bien sûr, elle espérait que ce genre de moment se reproduise encore de nombreuses fois. Même si c'était très risqué...

Elle confessa à son tour qu'elle regrettait que ce rapprochement n'ait pas eu lieu auparavant et qu'elle serait ravie de passer plus de temps avec lui. En toute innocence, bien sûr. Elle se demanda cependant ce qu'il en était pour Serena. Serait-elle au courant de tout cela ? Lindsay ne l'espérait pas, bien que dans le fond, elle ne faisait rien de mal avec lui. Et quand bien même elle serait au courant, comment réagirait-elle ? Tout un tas de questions auxquelles Lindsay ne savaient répondre...Après sa réponse, il resta quelques secondes à la regarder, sans un mot. « On devrait se programmer un truc, un de ces quatre ! Une sortie entre beau-frère/belle-sœur, ça se fait couramment, non ? » Bonne question ! Une sortie entre beau-frère/belle-sœur, oui, ça peut se faire couramment, mais généralement avec une tierce personne, celle qui les lie entre eux. Ici; Serena. Mais après tout, même sans elle ils pouvaient très bien se faire une sortie tous les deux. « Oui, ça me paraît être une... » elle se stoppa net lorsqu'il se rapprocha soudainement d'elle. Elle ne le quitta pas des yeux, restant muette. Une boule se fit dans son ventre tandis que les battements de son coeur s'accéléraient. Il vint alors replacer une mèche de cheveux, passant par la même occasion le bout des ses doigts sur son visage. « ...une bonne idée... » finit elle par dire à voix basse, terminant ainsi sa phrase précédemment commencée alors qu'il continuait à caresser son visage. Consciente que tout cela n'avait pas lieu d'être, elle voulait faire un pas en arrière et éviter ainsi tout dérapage. Elle n'en fut pas capable.

Dès leur rencontre, Vitaly avait fait bonne impression à Lindsay. Elle avait rapidement vu que c'était quelqu'un de bien. En tout cas, c'était ce qu'il dégageait. Et là, tandis qu'elle commençait à le découvrir, elle se rendait compte qu'elle avait vu juste. Et mieux encore, elle appréciait passer du temps avec lui. Au fond, il avait tout pour lui et elle en vint à la conclusion que Serena avait beaucoup de chance. Et même, qu'elle aurait bien aimé être à sa place. Mais elle n'avait pas le droit d'avoir de telles pensées. Elle devait juste se réjouir que Serena ait trouvé la perle rare et attendre que son tour vienne. Et éventuellement, elle pouvait se rapprocher – amicalement – de Vitaly. Ça, c'était en théorie. Sauf que maintenant qu'ils étaient seuls, ce rapprochement n'avait rien d'amical, au fond. C'était beaucoup plus complexe, beaucoup plus ambigu que cela n'aurait du l'être. Pourtant, c'était un fait indéniable, elle était terriblement attirée par Vitaly et ne pouvait lutter contre cela. Et elle savait que cela n'était pas passager, après tout, cela faisait déjà 5 ans que ce désir avait vu le jour. Et plus elle discutait et passait du temps avec lui, plus il s'intensifiait. Pourquoi avait-il fallu que cela tombe sur lui ? Ne pouvait-elle pas s’intéresser à un jeune homme de son âge ? Les choses auraient été tellement plus simples... Mais non, il fallait que ce soit tombé sur lui, un homme marié, son beau-frère, un trentenaire... Consciente que tout cela était déplacé, elle espérait vivement qu'elle rencontrerait rapidement quelqu'un d'autre qui lui permettrait d'oublier cette attirance pour le mari de sa sœur. Mais pour le moment, ce n'était nullement le cas. Et se retrouver seule face à lui ne l'aidait en rien à masquer cela. Et pourtant, elle ne souhaitait pas le retour de sa sœur. Tout ce qui l'importait, c'était de prolonger encore et encore ce moment. Ce fut donc naturellement qu'ils en vinrent à évoquer l'idée de se voir plus régulièrement pour faire des sorties. Juste tous les deux. Si, comme ce fut le cas après le départ de Serena et de leur mère, se retrouver seule avec Vitaly pouvait la mettre mal à l'aise, dans le cas présent, ce n'était plus un problème. Au contraire, elle était partante pour ces moments. Moments qui, en toute logique, n'avaient pas vraiment lieu d'être entre eux. Et surtout si rapidement. C'était terriblement dangereux, il devait bien finir par s'en douter, non ? Et pourtant, c'était son idée... Si elle avait été suffisamment sage et raisonnable, Lindsay aurait du refuser, ou du moins, ne pas accepter ces « tête-à-tête »... mais cela avait été plus fort qu'elle et elle avait accepté.

Cependant, elle ne cessait de penser à Serena. Plus elle se rapprochait de Vitaly, plus elle pensait à elle et s'en voulait. Mais de quoi ? Il n'y avait là dedans rien de mal. Pour le moment en tout cas. Et, si elle, trouvait ces futures sorties dangereuses et ambiguës, peut-être que de son côté, il ne voyait cela que d'un œil amical, innocent. Au fond, c'était bien le pire. Elle n'arrivait pas à savoir ce qu'il en était pour lui. Si ces sentiments qui l'animaient étaient réciproques, s'il était conscient de tout cela ou si au contraire, il n'y avait rien d'ambigu pour lui dans leur relation. Alors qu'il se rapprocha d'elle, elle se mit à opter pour la première solution. Ce n'était pas un hasard. Il y avait eu bien trop de rapprochements physiques entre eux pour que ce soit des coïncidences. Et dans le cas actuel, c'était clairement voulu puisqu'il vint afin de lui remettre en place une mèche de cheveux. Ce rapprochement si inattendu rendit la demoiselle muette quelques secondes. Quelques longues secondes durant lesquelles elle se sentait faiblir. Elle fixait tantôt son regard, tantôt ses lèvres, craignant un dérapage. Comme un baiser par exemple. Elle termina alors sa phrase, mentionnant une bonne idée. Même si elle était censée se rapporter à la sortie évoquée juste auparavant, elle pouvait aussi désigner ce rapprochement et surtout, un baiser. Baiser qu'elle brûlait de recevoir à ce moment là. Pourtant, elle savait que c'était mal.. Elle aurait pu partir, reculer ou simplement le remettre à sa place. Mais elle n'en eut pas la force. Elle resta alors là, immobile, comme paralysée. Il se pencha alors vers elle lentement, tandis qu'elle même approchait son visage doucement, redoutant que, dans un moment de lucidité, il arrête tout. Et finalement, leurs lèvres se rencontrèrent. N'ayant eu qu'un seul petit ami et ce, un bon moment auparavant, elle était encore novice dans l'art d'embrasser. Elle se fit donc quelques peu hésitante pour ce premier baiser avant de finalement prendre un peu plus confiance en elle et venir déposer doucement sa main sur la nuque de Vitaly. Quand soudain, le moteur d'une voiture se fit entendre dans l'allée. C'était trop beau pour être vrai... Il stoppa alors le baiser et s'éloigna rapidement de Lindsay, se dirigeant vers la porte d'entrée pour accueillir sa femme et sa belle-mère. Lindsay quand à elle ne bougea pas, se demandant si elle devait regretter ce baiser ou pas, et surtout, les conséquences qu'il pourrait bien avoir. Elle n'eut pas le temps de songer à tout cela que Serena et sa mère arrivaient. Alors qu'elle s'efforçait de sourire et de masquer son trouble, elle remarqua le sourire de son beau-frère et fut déroutée de voir à quel point il arrivait à reprendre le dessus et faire comme si de rien n'était tandis qu'elle ne savait comment réagir par rapport à ce baiser.