Généralement, il n'y a rien de plus barbant – pour une demoiselle de 17 ans – qu'un repas de famille. On imagine d'ailleurs les grandes tablées, les enfants qui courent et jouent de partout et un brouhaha persistant. Pourtant, ce repas de famille là était totalement différent.
Les parents de Lindsay avaient enfin réussis à convenir d'une date où Serena, leur fille aînée – et donc la grande sœur de Lindsay - et eux étaient libres. Depuis qu'elle avait quitté la maison, elle se faisait très rare, menant désormais sa propre vie. Cette séparation avait été très difficile pour la demoiselle, très attachée à sa grande sœur. Elle était pour elle sa meilleure amie, sa confidente et parfois même une seconde maman. Alors la voir quitter la maison si tôt lui brisa le cœur...Bien sûr, elle était toujours en contact avec sa famille, notamment avec Lindsay. Mais rares étaient les fois où les sœurs se retrouvaient. Il faut bien l'avouer, Lindsay est assez occupée par ses études et Serena, par son travail.
Mais ce samedi là, les parents Livinston s'étaient libérés et avaient enfin invités à déjeuner Serena et son mari, Vitaly. Lindsay était donc ravie de ce repas. Elle qui s'était toujours très bien entendue avec sa sœur avait hâte de la retrouver. On est donc loin des repas de famille traditionnels mais plutôt vers quelque chose de beaucoup plus intime et convivial.
La jeune étudiante avait d'ailleurs aidé sa mère dans la préparation du repas puis pour le ménage et rangement de la maison afin que tout soit parfait pour accueillir le couple.
Le repas se déroula donc à merveille. Ils avaient discuté de tout et de rien, s'étaient retrouvés, tout simplement. Lindsay était ravie de passer un moment avec sa sœur et c'était visiblement réciproque. Puis elle était contente de revoir Vitaly, son beau frère. Elle s'était toujours bien entendue avec lui et enviait parfois sa sœur, car c'était vraiment un homme bien... Enfin, passons...
Le repas terminé, Serena & sa mère s'éclipsèrent afin d'aller faire un tour dans une boutique toute proche venant d'ouvrir. Elles proposèrent à Lindsay de les accompagner, chose que la demoiselle refusa poliment. Il lui restait un devoir à terminer et surtout, elle n'aimait pas spécialement faire les boutiques. Elle préférait rester chez elle, ce qu'elle fit d'ailleurs en utilisant le prétexte précédent. Elle était une élève sérieuse et se priver d'une sortie pour travailler était tout à fait plausible venant d'elle. Elle savait donc qu'en utilisant ce devoir comme prétexte, on la laisserait tranquille. Et elle avait vu juste.
Son père, lui aussi resté à la maison, en profita pour aller se reposer dans sa chambre, laissant Lindsay & Vitaly seuls. Avant de retourner dans sa chambre afin de finir le devoir qu'elle devait rendre la semaine suivante, Lindsay débarrassa la table. Étrangement, elle était un peu mal à l'aise de se retrouver seule avec Vitaly. Pourtant, d'un côté, elle préférait cela. Étant célibataire depuis un bon moment et n'ayant eu qu'une seule histoire, pas très sérieuse d'ailleurs, Lindsay ne supportait pas de voir des couples se bécoter devant elle. Et c'était pire lorsqu'il s'agissait de Serena & Vitaly. Sans doute car, depuis qu'elle le connaît, Lindsay trouve Vitaly charmant et qu'une sorte de jalousie mal placée à vue le jour avec le temps.
Il n'y avait donc aucun problème de ce côté là à ce moment là puisque Serena s'était absentée. Sauf que la jeune femme se retrouvait seule avec l'homme qui l'attirait. Bon, elle ne comptait pas lui sauter dessus non plus. Puis, le problème venait uniquement d'elle... Il devait sans doute la considérer comme une gamine. Non, elle n'avait pas peur qu'il se passe quelque chose entre. C'était, à ses yeux, totalement impossible. Mais du coup, elle ne pouvait même plus aller finir son devoir. Qu'allait-il penser si elle le laissait seul ? Le pauvre risquait de ne rien trouver à faire et donc de s'ennuyer. C'était donc la moindre des choses que de rester avec lui, ne serait-ce que pour lui tenir compagnie en attendant le retour de quelqu'un. Elle continua donc de débarrasser la table, muette, jetant régulièrement de furtifs regards en direction du beau brun.

Assez réservée, Lindsay n'était pas du genre à raconter sans cesse sa vie et à taper la discute au premier venu. Non, elle pouvait même être décrite comme « pas bavarde ». Certes, il y avait dans cela une grande part de timidité dans cela. La jeune femme manquait de confiance en elle et se faisait généralement très discrète. Trop, même. Sans doute par crainte du regard et jugement des autres... Pourtant, même en compagnie de personnes proches, de confiance, elle n'était guère plus bavarde. Cela faisait partie de son tempérament et rien ni personne ne pourrait faire changer cela. Enfin, n'allez pas non plus croire que cela en était maladif et qu'elle n'avait aucune vie sociale. Non. Elle n'était tout simplement pas du genre à blablater durant des heures sur un sujet futile. Naturellement, elle avait parlé durant le repas, bien que ces interventions furent rares et surtout brèves. Et la situation empira lorsqu'elle se retrouva seul avec Vitaly. Elle non plus n'avait pas prévu cela et ne savait vraiment que dire ou que faire. D'ailleurs, même si elle le connaissait depuis 5 ans et qu'elle l'appréciait, elle ne le connaissait pas vraiment. Enfin, ils n'avaient jamais été hyper proches ou n'avaient jamais eu l'occasion de discuter pleinement. Après tout, les seules fois où ils se voyaient étaient lors de repas de fêtes, d'anniversaires et parfois lorsqu'elle rendait visite à sa sœur. Ils ne s'étaient donc jamais retrouvés seuls et cela la mettait encore plus mal à l'aise qu'auparavant.
C'était d'ailleurs une chose tout à fait stupide d'être mal à l'aise en la présence de Vitaly, elle en était bel et bien consciente mais n'y pouvait strictement rien. Il dégageait quelque chose, un certain charme, qui ne la laissait pas indifférente et qui provoquait sans doute cette légère gêne qu'elle tentait tant bien que mal de cacher.
Elle décida donc de débarrasser la table une fois le repas terminé et tout le reste de la famille – sauf Vitaly – parti. Cela ferait moins de travail à sa mère et surtout, cela lui faisait faire quelque chose. « Attend, je vais t'aider. » Elle leva le regard en direction de son beau-frère et sourit. « Merci... » Ils continuèrent alors de débarrasser la table et, lorsque cela fut terminé, il alla préparer le café. « Question stupide ... Tu bois du café ? » Tandis qu'il posait son magnifique regard sur elle, elle esquissa une légère moue en secouant la tête. « Non... j'y cours pas après... » C'était paradoxal. Elle adorait tout ce qui était aromatisé au café(crème dessert, glace, etc...) mais n'aimait pas vraiment le café pur. Elle pouvait en boire mais préférait largement un cappuccino ou du café au lait. Elle alla déposer les dernières bouteilles posées sur la table au frigo puis revint à la salle à manger. Il fallait bien qu'elle trouve quelque chose à dire, un sujet de conversation, quelque chose histoire de briser le silence qui s'installait de nouveau. « Alors, ton boulot, ça marche ? » Basique et pas vraiment original, mais elle n'avait que ça sous la main. Et puis, il s'était essayé à tellement de métiers différents qu'elle ne savait même plus ce qu'il faisait. Elle se souvenait qu'il avait créé son entreprise de web-designer et cela l’intéressait puisqu'elle même s’intéressait à l'informatique et commençait à maîtriser cela, bien qu'elle n'avait pas le talent de son beau-frère. Et puis, elle savait qu'il avait publié un livre. Et elle portait beaucoup d’intérêt à cela. Après tout, elle s'était lancée dans des études littéraires et se passionnait de littérature. Alors avoir un écrivain dans la famille était un chose qu'elle trouvait géniale. D'ailleurs, elle n'avait pas pu s'empêcher de lire son livre, qu'elle trouvait plutôt bon pour un premier essai. Et après tout, cela pouvait leur faire un sujet de conversation...

Sans doute à cause de ce côté timide et réservé, Lindsay était loin d'être populaire au lycée. Elle était même plutôt transparente. Une fille parmi tant d'autres sans doute. Et cela lui convenait très bien, elle qui avait horreur de se faire remarquer. Elle préférait largement mener sa petite vie tranquillement, comme bon lui souhaitait, sans chercher à être l'amie de tout le monde ou la fille la plus populaire du bahut. De toutes façons, même en le souhaitant, elle ne pourrait devenir très populaire. Tout simplement car elle n'était pas « comme les autres ». Enfin, elle n'était pas anormale non plus. Elle faisait simplement ce qu'elle aimait faire, écoutait la musique qu'il lui plaisait et s'habillait comme il lui plaisait et pas comme le dictait la société de consommation. A son goût, beaucoup trop de jeunes calquaient leurs actions, leurs choix, leur mode de vie sur les images renvoyées par la télévision ou la publicité. Et généralement, si l'on n'était pas comme eux, avec le dernier portable qui été sorti, la dernière paire de chaussures à la mode, on n'était pas accepté dans leur « groupe ». Et malheureusement, beaucoup de jeunes – sans doute encore en quête de leur identité – se rattachaient à ses modèles presque imposés par la société. Et tous ceux qui ne suivaient pas cela étaient en quelques sortes un peu exclus. Lindsay en avait bien prit conscience mais préférait rester elle-même; quitte à n'avoir qu'un petit cercle d'amis...
Malgré cette différence, certes très minime, Lindsay restait une jeune femme très mystérieuse. Le fait qu'elle n'était pas vraiment bavarde en était sans doute une des causes. En effet, peu de personnes la connaissaient bien. Y compris dans sa famille. C'était par exemple le cas avec Vitaly. Ce mystère était présent d'un côté comme de l'autre. Il n'en savait pas plus sur elle qu'elle n'en savait sur lui. En réalité, tout ce qu'elle savait de lui, c'était essentiellement par sa sœur qu'elle le savait. Mais il n'avaient jamais trop discutés. D'un côté, ils ne se voyaient pas souvent, ce qui rendait le contact plus difficile. Et puis, il avait tout de même 17 ans de plus qu'elle et donc elle n'était qu'une gamine pour lui. Leurs centres d'intérêts n'étaient sans doute pas les mêmes bien que, depuis quelques mois, la jeune femme ait beaucoup gagné en maturité et se considérait pleinement comme une adulte. Mais avant cela, lorsqu'elle n'était encore qu'une pré-adolescente, Vitaly n'avait sans doute que faire d'elle. Cela expliquait donc sans doute pourquoi ils n'avaient jamais trouvé l'occasion d'échanger et d'apprendre à se connaître.
Cela la rendait donc légèrement mal à l'aise car elle ne savait pas quoi lui dire, comment engager la conversation... Et puis, l'attirance qu'elle ressentait pour lui – et qui s'était renforcée durant ce repas, où elle venait de revoir le beau brun après plusieurs mois sans contact et après qu'elle même ait changée – n'arrangeait rien. Bien au contraire. Elle était plus ou moins intimidée, gênait. Tout comme elle l'aurait été avec n'importe quel homme qui lui aurait plu...Bref, tandis qu'elle finissait de débarrasser la table, il alla préparer le café. Certes, cela aurait été à elle de le faire mais entre la situation – quelque peu embarrassante - et le fait qu'elle ne buvait pas de café et donc n'avait pas l'habitude d'en faire, elle n'y songea que trop tard. Il l'avait largement devancé. « Un thé ? » Elle laissa un léger sourire apparaître sur son visage. Il aurait très bien pu se contenter de sa première réponse et faire du café sans se soucier d'elle. « Pourquoi pas... mais c'est bon, je vais m'en occuper... » dit-elle tout en allant dans le placard chercher les sachets de thé. Après tout, il ne vivait pas ici et ne savait sans doute pas où ils se trouvaient. Il s'occupait déjà du café – alors que ce n'était pas son rôle – , elle n'allait donc pas abuser de sa gentillesse pour qu'il lui prépare un thé alors qu'il n'était pas chez lui. Elle revint donc dans la cuisine où elle entreprit de préparer son thé. Une fois ce dernier prêt, elle retourna s'installer à la salle à manger où Vitaly la rejoint bien vite. Il était grand temps d'engager la conversation et c'est ce qu'elle fit en faisait mine de s'intéresser à son travail. « Parfaitement oui. Ma boîte marche toujours aussi bien. Peut-être même trop ! » Elle sourit à sa réponse en esquissa une petite moue. « Vu la situation actuelle, c'est une très bonne chose ! » Trouver un travail, ouvrir sa boîte et la faire marcher, tout cela n'était vraiment pas simple à l'époque actuelle. C'était donc une chance qu'il avait d'avoir vraiment réussi dans ce domaine là. « Et ton livre, je crois qu'il avait plutôt bien marché... T'envisage d'en écrire un autre ? » Ce domaine là la touchait et l’intéressait beaucoup plus et elle avait réellement envie de savoir, espérant même qu'il continuerait d'écrire. « Et toi tu es ... En terminale c'est ça ? Tu vas aller à la fac l'année prochaine ? » Elle hocha rapidement la tête en affichant un léger sourire. « Oui, terminale littéraire... Et oui, normalement j'irai à la fac.. » Elle appréciait vraiment qu'il se préoccupe d'elle, bien que sa question était tout à fait banale et logique vu le début de la conversation.

Étant la petite dernière de la famille, Lindsay avait grandi entourée d'adultes. Elle avait toujours été plus à l'aise, avait toujours préféré la compagnie des adultes que des enfants de son âge. Cela n'avait pas vraiment changé avec le temps. C'était peut-être car elle était assez mature pour son âge. Quoi qu'il en soit, même si elle aimait passer du temps avec ses amis, passer un moment uniquement avec des adultes – bien qu'elle en soit presqu'une – la ravissait également. Pourtant, la présence de Vitaly la gênait un peu. Elle appréciait pourtant le peu qu'elle connaissait de lui et était certaine qu'ils pourraient vraiment bien s'entendre. Il suffisait juste qu'ils se rapprochent un peu. Rapprochement qu'elle-même avait du mal à mettre en place. Tout simplement car il lui plaisait physiquement et donc que, malgré elle, elle préférait se montrer fuyante. Pourtant, il n'était pas question de fuir à ce moment là. Elle avait tout de même reçu une bonne éducation et ne pouvait pas le laisser seul dans leur maison. Ce ne serait pas du tout correct. Elle s'occupa donc de son thé tandis qu'il se préparait un café. Le silence qui commençait à prendre place n'était pas bon du tout et elle finit par le rompre alors qu'ils retournaient dans la salle à manger. Elle le questionna à propos de son travail. Il y a un début à tout, non ? Lorsqu'il lui raconta que son entreprise marchait bien, elle ne fut pas réellement surprise. Serena lui donnait régulièrement des nouvelles et Lindsay avait bien compris que Vitaly était un homme qui savait plutôt bien se débrouiller dans le domaine des affaires. La preuve, il avait réussi tout ce qu'il avait entreprit jusqu'à présent... Elle glissa alors que c'était une chance vu la situation actuelle. Trouver un travail voire monter sa propre entreprise était devenu quelque chose de difficilement réalisable. « En effet, je n'ai vraiment pas de quoi me plaindre de ce côté là. » Elle esquissa un petit sourire en guise de réponse puis lui parla de son livre. La passionnée de littérature qu'elle était n'avait pas résisté à l'envie de le lire et elle espérait bien qu'il continuerai à publier. « Tu l'as lu ? T'en as pensé quoi ? Sincèrement hm ... » Que ce soit pour ses cours ou pour le plaisir, Lindsay avait lu de nombreux livres de tous genres et de toutes époques. Bien sûr, certains lui avaient plu, d'autres beaucoup moins. Alors, lorsqu'il lui demanda son avis, elle tenta d'être la plus objective possible. Après tout, le fait que l'auteur soit un membre de sa famille pouvait influencer son avis. Elle tenta donc d'être la plus honnête possible avec son beau-frère. « J'ai beaucoup aimé.. Vraiment.. L'histoire était intéressante, bien écrite. Du bon travail, enfin à mon goût... » Et visiblement, ce n'était pas qu'à son goût puisque le livre avait eu son petit succès, comme il lui confirma juste après. « Et oui, il a plutôt bien marché. Ça m'a donné envie d'en écrire un second du coup. J'ignore juste quand ... J'ai un peu laissé mon entreprise de côté pour m'occuper de ce bouquin. Je me pencherai sur un éventuel second, quand j'aurais un peu tassé tout le boulot côté entreprise ... » Elle porta alors sa tasse de thé à ses lèvres et en but quelques gorgées tout en l'écoutant. Elle reposa ensuite la tasse et hocha la tête à ses derniers mots. « Ouais..Ça se comprend, ton entreprise est prioritaire. En tout cas, j'ai déjà hâte de lire le second... » dit-elle en esquissant un large sourire et en baissant légèrement le regard. Le regard – peut-être tout à fait innocent – qu'il posait sur elle commençait à devenir plus insistant et la mettait un peu mal à l'aise. Après un court silence, il lui demanda où elle en était dans ses études et ce qu'elle comptait faire l'année prochaine. « Tu vas continuer dans la littérature ? C'est un très bon choix ... » Visiblement, lui aussi portait un certain intérêt à la littérature, ce qui lui faisait déjà un point commun avec Lindsay. Elle sourit alors en relevant le regard vers lui. « Oui, ça me plait vraiment donc je pense continuer là dedans... Ou alors dans les langues... » Étudier les langues vivantes et en faire son métier, en tant que traductrice par exemple, était quelque chose qui tentait la jeune femme. Tout comme continuer à étudier la littérature. Elle n'était pas encore bien décidé mais savait déjà qu'elle resterait dans cette branche.

N'ayant pas beaucoup d'amis garçons et n'ayant qu'un petit ami, avec qui il ne s'était rien passé, Lindsay n'était pas très à l'aise avec la gent masculine. Les centres d'interêts n'étaient généralement pas les mêmes et elle ne savait pas vraiment quoi leur dire. C'était d'ailleurs plus ou moins ce qui se passait avec Vitaly. C'était même pire car il lui plaisait et se retrouver seule avec lui n'arrangeait rien. Pourtant, au fond, il était adorable avec elle et il avait l'air de l'apprécier vraiment. Mais, n'ayant jamais vraiment parlé ensemble, ils n'avaient rien à se dire. Elle décida cependant de faire un effort afin de lancer la conversation. Il n'y avait qu'ainsi qu'ils arriveraient à mieux se connaître et ainsi partager plus de choses. Même si, dans un premier temps, ils évoquaient des sujets tout à faits banals, elle espérait bien que cela déboucherait sur quelque chose d'autre. Ils vinrent alors à parler du livre qu'avait écrit le mari de Serena. En effet, passionnée de littérature, Lindsay n'avait pas pu résister à l'envie de lire – dévorer même ! - le livre de son beau frère. Elle fut donc aussi franche et objective que possible en lui donnant son avis, positif bien sûr. Et le voir sourire ainsi la fit esquisser un doux sourire. Il fallait bien avouer qu'il était difficile de résister à un tel sourire. Elle ne put s'empêcher de penser que Serena avait de la chance. Beaucoup de chance. Elle fut alors sortie de ses pensées par la voix du beau brun. « Eh bien ... Je suis content de te l'entendre dire ... » Elle haussa légèrement les épaules avec un léger signe de tête en guise de réponse. C'était la moindre des choses que de lui donner son avis sur son livre, d'autant plus qu'elle était sincère. « Tu sais, si tu veux un autographe sur ton exemplaire, c'est quand tu veux. » Elle laissa un petit rire s'échapper tandis qu'il essayait de rester sérieux, bien que le sourire qu'il affichait lui ôtait toute crédibilité. Étrangement, elle ne souhaitait pas spécialement de dédicace de sa part. Sans doute car il était de sa famille et que lui faire une telle demande lui paraîtrait insensé et ridicule. Il n'aurait pas fait partie de son entourage, elle aurait, en revanche, sans doute sauté sur l'occasion. Car en effet, Lindsay était du genre à aimer assister à des concerts, spectacles et rencontrer, à la fin de ceux ci, les artistes pour avoir des photos ou dédicaces d'eux. Enfin quelque chose qu'elle avait en commun avec les jeunes de son âge... « Je prends note... » dit-elle en affichant un grand sourire. Elle commençait à se sentir plus à l'aise et à vraiment apprécier la présence de Vitaly.
Ils évoquèrent ensuite le succès du livre et la possibilité qu'il en écrive un second. La jeune femme ne se priva pas pour lui dire qu'elle espérait aussi qu'il continue en tant qu'écrivain. Il était doué et avait aimé cette première expérience, alors pourquoi ne pas continuer ? « Tu pourras le lire en avant première si tu veux ... » Elle haussa les sourcils en affichant un grand sourire, touchée par cette proposition si spontanée. Elle ne put s'empêcher de se mordiller la lèvre inférieure sans le quitter des yeux. « J'en serais ravie...Merci pour cette proposition... » dit-elle timidement bien que terriblement excitée à l'idée de découvrir son livre avant tout le monde. Elle ferait sans doute de nombreux jaloux..
Il s’intéressa ensuite aux études qu'elle suivait et à l'avenir qu'elle envisageait. Naturellement, elle mentionna son envie de continuer dans la littérature ou les langues. Ces deux points la passionnait et elle envisageait vraiment de travailler dans une des deux filières. C'était déjà un point d'avance sur la plupart de ses camarades qui s'orientaient souvent au hasard, sur un coup de tête ou par manque de possibilités. « Tu es bonne en langues ? » Le sous-entendu ne passa pas inaperçu, cependant qu'elle n'y prêta aucune attention, imaginant que ce n'était pas le but de Vitaly. Elle fit une légère moue avant de répondre en souriant. « Oui, 'fin je me débrouille pas trop mal... » Assez modeste, elle n'allait pas clairement lui dire qu'elle était bonne en langues, voire une des meilleures de sa classe. « Certaines te tentent plus que d'autres ? » Encore une fois, elle ignora le sous-entendu, sans doute involontaire. De toutes façons, elle n'était pas assez à l'aise et ne se permettrait pas de continuer dans les sous-entendus avec son beau-frère. « Et bien, là j'étudie déjà le français et l'espagnol. J'aimerai également apprendre l'italien.. Ou alors des langues moins courantes, comme le chinois ou le russe... » S’intéressant un peu à tout, elle adorait apprendre de nouvelles choses, surtout lorsque cela concernant des pays, langues, cultures différentes. Et pour elle, maîtriser plusieurs langues était un atout essentiel pour trouver du travail, surtout à l'époque actuelle.

Vitaly prenait les devants en renouvelant la conversation, en s’intéressant à sa belle-sœur et cela convenait parfaitement à la demoiselle. Même si, dans un premier temps, ils parlaient de banalités, Lindsay préférait largement cela à un silence pesant. Et puis, discutait ainsi, alors qu'ils étaient tous les deux, faciliterait sans doute les futurs échanges. Il fallait bien avouer que ces derniers s'étaient faits rares durant ces 5 années depuis lesquelles ils se connaissaient. Cette légère distance qui s'était installée entre eux ne venait pas directement de l'un ou de l'autre, même si elle était en partie due au comportement de Lindsay. C'était pourtant tout à fait involontaire de sa part, mais elle avait du mal à aller vers les gens. D'autant plus qu'elle en avait rarement l'occasion, ne voyant Serena & Vitaly que très rarement. Bref, pour une fois où ils se retrouvaient tous les deux, ils vinrent à parler de leurs occupations respectives. La conversation porta, dans un premier temps, sur Vitaly et son entreprise, puis sur son livre. Livre qu'elle avait lu, bien entendu. Il plaisanta alors sur le fait qu'elle pouvait obtenir une dédicace, si elle le voulait. En temps normal, elle aurait sauté sur l'occasion mais le fait qu'il appartienne à sa famille enlevait à cette dédicace toute la valeur qu'elle pouvait avoir pour quelqu'un d'extérieur. Lindsay ne songeait donc pas sérieusement à se faire dédicacer le bouquin. Elle lui donna ensuite son avis et lui conseilla de continuer dans la littérature. D'après elle, il pouvait bel et bien avoir un avenir dans ce milieu là et elle comptait bien l'encourager à continuer. Lorsqu'ils évoquèrent donc un possible second livre, il mentionna l'idée qu'elle pourrait le lire en avant première. Elle était ravie à l'idée d'avoir ce privilège là et le lui fit remarquer, le remerciant bien de cette proposition. Découvrir un livre avant tout le monde, pouvoir faire les tous premiers commentaires à son auteur, etc... Elle en rêvait déjà ! C'était peut-être quelque chose de tout à fait naturel, voir sans importance pour lui mais cela en avait pour la jeune passionnée de littérature. « C'est normal ... Ça me ferait vraiment plaisir ! » Même s'ils n'étaient, jusqu'à présents, pas très proches, elle fût touchée par sa proposition et sa réponse. Elle sourit alors sans pouvoir se détacher de son regard. Elle avait vraiment l'impression qu'il s’intéressait à elle comme à une jeune femme, et plus comme à une gamine. Tandis qu'elle le dévisageait, essayant de rester discrète, elle songeait que cette attirance qu'elle ressentait envers lui depuis 5 ans s'intensifiait de plus en plus avec le temps...« A moi aussi... » glissa-t-elle timidement. Il lui demanda ensuite ce qu'elle envisageait de faire par la suite. Cela faisait déjà quelques temps qu'elle était plus ou moins fixée et elle lui expliqua rapidement ses envies. « J'ai toujours trouvé que le français était une très belle langue ! Pour ce qui est du russe et du mandarin ... Ce doit être un niveau supérieur quand même. Plus compliqué et long à apprendre, je pense ...» Elle sourit légèrement, contente de voir qu'ils partageaient leur même amour pour la langue française. « Oui, le français est une langue magnifique...mais très compliquée aussi ! Sinon, en effet, pour le russe et mandarin, 'paraît que c'est assez long et difficile, c'est pour ça que je pense rester sur quelque chose de plus classique, bien que j'aimerai, un jour ou l'autre, en maitriser au moins les bases... » Consciente des difficultés que l'apprentissage d'une langue tel le russe ou le chinois entrainait, elle préférait se diriger vers, comme troisième langue, l'italien. Pour le reste, elle verrait après. Elle a toute la vie devant elle ! « C'est bien de déjà savoir plus ou moins vers quoi tu veux te tourner ... » Assez réfléchie et prudente, elle ne prenait pas de décision à la légère, encore moins lorsqu'il s'agissait de son avenir. Peu de jeunes de son âge y pensaient d'ailleurs, préférant faire la fête jusqu'à pas d'heures plutôt que de se consacrer à leurs études. Enfin, Lindsay n'était pas non plus enfermée dans sa chambre, sur son bureau, nuit et jour. Elle sortait parfois avec des amis, bien sûr. Mais y compris dans ces moments là, elle restait égale à elle-même, c'est-à-dire assez réservée et discrète. « Ouais.. Surtout que, même si on nous parle d'orientation depuis des années, beaucoup ont encore du mal à faire un choix.. J'ai de la chance, de mon côté, ça m'a parut comme une évidence de continuer dans la filière littéraire... » dit-elle avant de boire à nouveau quelques gorgées de son thé.

Le silence pouvait parfois se montrer gênant, encore plus entre Linsay & Vitaly. Plus ce silence s'installerait, plus il serait difficile d'arriver à le briser. Il était donc important qu'ils arrivent à discuter, à parler de quelque chose afin d'éviter tout blanc qui pourrait s'avérer gênant. D'autant plus qu'il était l'invité des Livingston et, il paraissait donc insensé pour Lindsay de le laisser seul ou même de ne pas tenter de lui faire la conversation. Après tout, c'était la moindre des choses... Elle tenta donc de lancer une première discussion a propos du travail de Vitaly. C'était toujours mieux que rien et cela finit par déboucher par une discussion sur le livre écrit par Vitaly. Elle fut donc enchantée à l'idée de pouvoir lire son futur livre avant sa parution officielle. C'était une belle occasion et un début de rapprochement avec Vitaly. Elle confia ensuite que cette offre lui faisait plaisir, ce qui fit apparaître un sourire sur le visage de son beau-frère. Ce sourire la faisait littéralement craquer. Elle ne put s'empêcher de songer, une nouvelle fois, que Serena avait beaucoup de chance. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait ce type de pensées. Elle préféra les oublier bien vite, consciente qu'elle se faisait du mal.. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'envier sa sœur, espérant qu'elle aussi trouverait un jour un homme aussi bien que lui..Malgré cette attirance qu'elle ressentait pour lui, elle préféra ne pas prêter attention aux sous-entendus présents dans les questions de son beau-frère. Celles ci étaient sans doute involontaires. Du moins, c'était ce dont Lindsay se persuadait. Elle expliqua ensuite ce qu'elle envisageait de faire par la suite, notamment concernant les langues qu'elle souhaitait étudier. Elle comprit aussitôt que lui aussi s’intéressait au français. Elle évoqua alors rapidement le fait qu'elle souhaitait tout de même apprendre des langues moins courantes et plus compliquées. C'était un choix courageux de sa part que peu d'autres jeunes gens de son âge auraient fait. « Tu as vraiment de grandes ambitions, hein ? » Lindsay avait toujours été une grande rêveuse et faisait généralement tout ce qui était en son pouvoir pour parvenir à ses fins. Elle espérait réellement pouvoir un jour parler, ne serait-ce que les bases, d'une de ses langues. Elle sourit donc à sa remarque en esquissant un léger sourire avant d'hausser les épaules et afficha une petite moue. « De grandes ambitions, je ne sais pas si on peut aller jusque là mais... disons que je sais ce que je veux. » dit-elle un peu plus sûre d'elle, en plongeant dans son regard. « Et sinon, t'es déjà allé en France ? » demanda-t-elle en se passant rapidement la main dans les cheveux. Après tout, il venait de lui dire qu'il appréciait la langue française tout comme elle. Elle se demanda donc si il avait déjà visité le pays. Après tout, cela ne pouvait que leur permettre de faire plus ample connaissance. Il évoqua ensuite le fait qu'elle savait déjà plus ou moins ce qu'elle voulait faire, ce qui était une chance à son âge. « Tu es encore à un âge où on se cherche un peu ... Rares sont ceux qui savent déjà plus ou moins ce qu'ils veulent faire. Moi je le savais déjà. Et je ne me suis pas vraiment trompé ! » Elle hochait la tête en affichant un vague sourire. « Ouais, je pense que t'as fais bons choix... Enfin, t'as plutôt bien réussi ta vie.. » Elle posa alors son regard dans le vide après ces quelques mots, ne voulant pas paraître trop insistante en le fixant sans cesse. Elle termina ensuite son thé tandis qu'il buvait également son café.

Ses parents ayant plutôt une bonne situation, l'un comme l'autre, Lindsay avait elle aussi de grands projets. Elle savait ce qu'elle voulait faire et qu'elle était capable de le faire. Elle était, en ce sens, asez ambitieuse. Elle avait toujours été très déterminée se donnait les moyens de réussir. Cela surprenait parfois lorsqu'on la voyait si timide et fragile. Petit à petit, elle se dévoilait à Vitaly. Et elle découvrait également de plus en plus. Certes, Serena lui parlait tellement de lui qu'elle avait l'impression de très bien le connaître. Et pourtant,c'était faux. Totalement faux. Au fond, elle ne le connaissait que très peu et cette conversation qu'ils avaient tous les deux leur permettait d'apprendre à se connaître. La gêne du début commençait à disparaître. La jeune femme commençait réellement à apprécier la compagnie de son beau-frère et se sentait de mieux en mieux. « Ce qui revient sensiblement à la même chose selon moi. Tu sais ce que tu veux ... Et tu te donneras les moyen d'y arriver. Je me trompe ? » Lindsay était le genre de femmes très têtues, ne lâchant rien quoi qu'il arrive. Elle n'aimait pas échouer, que quelque chose lui échappe. Pourtant, c'était parfois les cas. Elle ne pouvait pas avoir tout ce qu'elle voulait, malheureusement. « Non, c'est exactement ça.. » confessa-t-elle avec un léger sourire en coin, amusée de voir qu'il commençait à la connaître.
Lorsque leurs regards se rencontrèrent, elle s'immobilisa, se laissant envouter quelques secondes par son regard. Rapidement, elle tenta ensuite de relancer la conversation. Il fallait absolument éviter qu'un nouveau blanc s'installe. Ils étaient plutôt bien lancés et il était dommage de tout briser maintenant. « Oui, j'y suis allé deux fois. La première, pour un contrat important. La seconde, pour des vacances. La première, à Paris. La seconde, dans le sud. De ce que j'ai eus le temps de découvrir, la France est vraiment un beau pays ! A la hauteur de la langue. » Tandis qu'il parlait, elle appuya son menton sur sa main, écoutant attentivement son beau-frère un léger sourire sur le bout des lèvres. Elle l'enviait un peu. Il avait l'air d'avoir pas mal voyagé, notamment pour son travail et elle qui était intéressée par tout ce qui concernait les autres cultures, langues & pays, ces voyages la faisaient rêver. « Wahou.. Quelle chance ! » dit-elle d'un ton rêveur. « Tu aimerais t'y rendre un jour ? » Son sourire s'élargit un peu plus tandis qu'elle s'appuyait contre le dossier de la chaise. « Ouais, j'aimerais beaucoup y aller. Surtout à Paris...Ça doit être une ville magnifique... » dit-elle, le regard dans le vide. Elle ne doutait pas qu'un jour, elle pourrait bel et bien y aller. Mais pour l'instant, elle n'avait ni l'indépendance, ni les moyens pour y aller. Ils évoquèrent ensuite le fait qu'elle savait déjà ce qu'elle voulait faire. Il confia que lui aussi, à son âge, savait vers quoi se tourner. Et il ne s'était visiblement pas trompé. « Il parait que oui, en effet ... » Elle pencha légèrement la tête à sa réaction. Il disait cela sans vraiment le ressentir, avec presque une certaine forme de passivité. « T'as pas l'air convaincu... » finit-elle par relever, prête à l'écouter si il désirait se confier à elle, ou du moins les causes de ce peu d'enthousiasme. Après tout, il avait peut-être d'autres soucis, d'ordre privés, qui étaient à l'origine de ce comportement si surprenant.

Vitaly était quelqu'un de très intéressant. C'était un homme cultivé, intelligent et avec un beau parcours professionnel qui l'avait amené à se rendre dans divers pays. Se retrouvant seule avec lui, elle avait lancé une conversation tout à fait banale. Elle avait réellement envie d'en savoir plus sur lui, de le découvrir davantage. En cinq ans, elle ne savait que des généralités sur lui. Ce moment était donc parfait pour en apprendre plus sur lui. Heureusement, lui aussi avait l'air curieux d'en savoir plus sur la jeune femme. En y mettant tous les deux du leur, ils réussirent à maintenir la conversation. Elle se sentait d'ailleurs de plus en plus à son aise et fut surprise de voir que son beau-frère arrivait déjà à la cerner. Ils avaient mis du temps mais arrivaient à se rapprocher, petit à petit. Elle même était contente de ce rapprochement, d'une part car il était normal qu'elle apprenne à connaître et à apprécier le mari de sa sœur, d'autre part car c'était quelqu'un de très charmant, aussi bien physiquement que par sa façon d'être. Elle se rendait compte que passer du temps seule, avec Vitaly et sans Serena était plutôt agréable. Et elle en venait même à espérer que le retour de sa soeur serait pour bien plus tard afin qu'elle passe un maximum de temps avec le beau brun. Enfin, elle pensait cela en toute innocence. Sans aucune arrière pensée. Du moins, elle était suffisamment raisonnable et réfléchie pour se persuader que leur relation ne pourrait devenir qu'amicale.
Bref, passons. Elle le questionna alors sur ses voyages, lui demandant s'il était déjà allé en France. De son côté, elle n'avait jamais vraiment voyagé. Du moins, jamais dans d'autres pays. Et cela la faisait rêver. La France en particulier car elle étudiait la langue, mais tous les autres pays également. Alors, ce fut naturellement qu'elle souligna qu'il avait de la chance d'y être allé à plusieurs reprises. Passer, ne serait-ce que quelques jours en France, dans une ville telle que Paris, la faisait rêver. « Sans hésitation, Paris est vraiment l'une des plus belles villes que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Et j'espère donc que tu pourras t'y rendre. » Elle sourit à ses mots sans le quitter des yeux. Paris n'était quand même pas le bout du monde. C'était, au contraire, une ville assez accessible – avec de nombreux vols et train à sa destination - et elle était certaine qu'un jour ou l'autre, elle y mettrait les pieds. « Oui, ça reste une ville facilement accessible, j'arriverai bien à y aller un jour ou l'autre... » Tandis qu'il évoquait, détournant son regard d'elle, sa vie et sa réussite, elle ne put s'empêcher de relever que son ton n'était pas très convaincant. Après quelques secondes d’hésitation, elle le lui fit remarquer, prête à entendre ce qui n'allait pas dans sa vie. Ce n'était pourtant pas vraiment son rôle et, au vue de leur relation, il aurait été légitime qu'il n'ose pas se dévoiler davantage et préfère se confier à sa femme. Si toutefois elle apte à comprendre et accepter les soucis de Vitaly... « T'as déjà eus l'impression de tout avoir mais de toujours vouloir plus, sans savoir ce qu'il te manque ? C'est à peu près ça ma vie ... » Surprise qu'il daigne se confier à elle, elle l'écouta cependant attentivement. Elle souriait doucement à ses propos, comme par compassion. « Oui, je crois comprendre ce que tu veux dire... » dit-elle en se rapprochant aussi de la table, posant également ses avant-bras avant d'entremêler ses doigts. « T'as tout pour être heureux et pourtant, tu l'es pas totalement, sans savoir ce qui cloche... » Contrairement à Vitaly, ce n'était pas sa vie mais elle connaissait cette horrible sensation. Elle l'avait déjà ressenti plusieurs fois avant que ce bonheur dans lequel elle était ne se brise. Et depuis, ce qu'il lui manquait pour être vraiment heureuse, elle savait ce que c'était...

Ayant toujours été entourée d'adultes, de personnes plus âgées et le plus souvent, plus mâtures qu'elle, Lindsay ne doutait pas qu'elle pourrait s'entendre avec Vitaly. Cela fut d'ailleurs rapidement prouvé, il suffisait de voir avec quelle facilité déconcertante ils s'étaient rapprochés. Non, le problème ne venait pas du fait d'être confronté à une personne bien plus âgée qu'elle. Il venait du fait qu'elle n'était pas très douée pour aller vers les autres, pour lancer une conversation, etc... Et etrangement, cela lui paraissait encore plus compliqué avec Vitaly. Sans doute parce qu'il lui plaisait. Quoi qu'il en soit, malgré ces quelques difficultés, ils avaient réussis à engager la conversation et à la faire évoluer, évoquant plusieurs sujets les intéressant tous deux, comme la ville de Paris. Et finalement, la gêne ressentie au tout début s'effaçait peu à peu, permettant à Lindsay d'apprécier cette discussion au départ si banale. Ils avaient mis 5 ans pour enfin se découvrir un peu mais ils y étaient finalement parvenus et c'était là le principal. Après tout, l'âge comptait sans doute dans l'évolution de leur relation. Lorsqu'elle n'avait que 12 ans, et lui 29, les sujets de conversation étaient bien plus limités. Ce qui rendait tout échange beaucoup plus difficile. Mais désormais qu'elle était quasiment une adulte, s'intéressant à divers sujets, elle était bien plus apte à s'entendre avec lui. Suite à leur échange sur la capitale de la France, il lui recommanda d'y aller, ce qu'elle avoua espérer faire un beau jour. « Je te le souhaite en tout cas ... » Il paraissait sincère et elle ne doutait pas qu'il l'était réellement. Dans un tout autre contexte, cette manière de la regarder, si longuement et si intensément, aurait pu semer le doute dans l'esprit de la demoiselle. Mais c'était son beau-frère, il n'y avait donc aucune raison pour que ce regard soit déplacé, malsain ou quoi que ce soit dans le genre. C'était ce qu'elle se disait tandis qu'elle aussi essayait de ne pas trop le dévisager. « Merci »
Ils vinrent finalement à parler d'un sujet beaucoup moins banal et Vitaly osa se confier un peu à la jeune femme. Elle fut bien sûr touchée d'une telle démarche et surtout, elle comprenait tout à fait ce qu'il pouvait ressentir. Bien sûr, ce n'était pas à la même échelle. Elle avait encore toute la vie devant elle, beaucoup moins de vécu que lui mais cette sensation qu'il décrivait ne lui était pas inconnue. En effet, elle avait quasiment toujours eu, grâce à ses parents ou à sa propre persévérance, ce qu'elle avait voulu. Elle avait eu tout pour être heureuse mais ne l'avait jamais réellement été. Enfin, il paraît que l'être humain est un éternel insatisfait... Et puis, si elle avait bien appris une chose durant ses cours de philo, c'était que l'homme était toujours en quête d'un bonheur absolu. Bonheur qu'il ne trouvait généralement jamais vraiment.. Bref, elle lui répondit en affirmant qu'elle comprenait ce qu'il ressentait tout en se rapprochant de la table. Machinalement, bien sûr. Et aussi car elle avait envie de se sentir plus proche de lui. Comme pour évoquer quelque chose de honteux, que lui seul pouvait savoir. « Parce que quand on a tout, on n'a plus rien à désirer de plus ... Et c'est ... Ennuyeux ! » Elle sourit légèrement, comprenant qu'ils étaient bel et bien sur la même longueur d'onde. Bien que pour elle, cet ennui ne soit qu'un vague souvenir. Elle ne s'ennuyait plus dans sa vie car elle avait des choses à désirer. Beaucoup de choses. « C'est exactement ça... » conclut-elle également à voix basse. Cette proximité qu'il y avait désormais entre eux rendait son attirance envers Vitaly encore plus présente, encore plus forte. Elle n'en avait d'ailleurs jamais parlé à qui que ce soit. Même si sa sœur était sa principale confidente, lui dire « Oh fait, ton mari me plait, tu sais ! » n'était sans doute pas une très bonne idée. Et ce n'était pas non plus le genre de choses qu'elle pouvait avouer à ses parents.
Ayant fini son thé, elle finit par se lever afin de mener en cuisine sa tasse, laissant Vitaly finir son café.

Discuter avec le mari de sa soeur. C'était une chose tout à fait basique que Lindsay n'avait malheureusement jamais prit le temps de faire. Pourquoi ? Elle-même ne saurait l'expliquer. Il y a tellement de facteurs qui rendaient ce rapprochement difficile; leur différence d'âge, le fait qu'ils ne se voyaient pas souvent, le contexte dans lequel ils se voyaient, cette gêne qu'elle ressentait envers lui... Et pourtant, il avait fallu composer avec puisqu'ils s'étaient retrouvés bien rapidement en « tête à tête ». Ce fut après avoir échangé quelques paroles qu'elle réalisa qu'ils avaient perdu 5 ans. Cinq longues années pendant lesquelles ils auraient pu se rapprocher. Enfin, on parle là d'un rapprochement tout à fait innocent. Il s'agit là de simplement s'entendre et partager un maximum de chose avec Vitaly, le mari de sa sœur. Bien sûr, dans l'esprit de la jeune femme, ce n'était pas si simple. Tout cela pour la bonne et simple raison que, depuis qu'elle l'avait rencontré, elle était attirée par Vitaly. Un gros problème étant donné qu'il s'agit de son beau-frère. C'était donc sans doute pour cela, et inconsciemment, qu'elle maintenait toujours une certaine distance entre eux. Pourtant, même si elle était troublée en sa présence et qu'elle enviait Serena, cela s'arrêtait là. Et de toutes façons, cela ne pouvait aller plus loin. Cette attirance ne paraissait – jusqu'à présent – pas réciproque et c'était d'ailleurs tant mieux. Imaginez l'horreur si cela avait été le cas.
Tandis qu'ils évoquaient de divers sujets, ils parlèrent rapidement de la ville de Paris, que Lindsay avoua vouloir visiter. Évidemment, il lui souhaita d'y parvenir, ce à quoi elle répondit en le remerciant, même si cela pouvait paraître inutile.
Elle s'était elle-même surprise à discuter, au final, si facilement avec lui. Elle n'était, en général, pas très bavarde. Pourtant il avait réussi à la mettre à l'aise et les barrières qui, jusqu'à présent, avaient empêché tout rapprochement, disparaissaient peu à peu. Il vint même à se confier. Il évoqua sa vie, qui ne le satisfaisait pas. Pourtant, il avait tout pour être heureux... Beaucoup de personnes n'auraient pas compris sa réaction, mais Lindsay, pour avoir déjà ressenti ce manque venu de nulle part, le comprenait parfaitement. Étrangement, Serena ne lui avait jamais touché un mot là dessus. Cependant, Lindsay n'y porta pas beaucoup d'attention. Ce n'était pas forcément des choses qui la regardaient et elle supposa donc que le silence de sa sœur sur le « faux bonheur » de Vitaly était voulu. Jamais elle n'aurait imaginé que Serena elle-même n'en savait rien...
Elle finit par se lever afin d'aller déposer sa tasse de thé, désormais vide, dans la cuisine. Elle fut rapidement suivie par son beau-frère. Sans vraiment comprendre ce qui s'était passé, elle se retrouva proche de lui. Très proche. Surprise par cette soudaine proximité et ayant derrière elle le plan de travail, elle ne bougea pas, quasiment figée sur place. Son regard ancré dans celui de Vitaly, elle sentit son cœur s'accélérer tout à coup. Il recula alors d'un pas, permettant à la demoiselle de retomber sur terre. Ce n'était vraiment pas bon que son beau-frère puisse autant la troubler. Car, quand bien même il n'y avait rien de réciproque à cela, c'était une situation loin d'être banale et facile à gérer pour la lycéenne. « T'as une idée de combien de temps elles ont besoin pour leur emplettes ? » Encore un peu chamboulée par la situation précédente, elle se dirigea de nouveau vers la salle à manger en se passant une main dans les cheveux. « Heu... Ma mère est du genre à traîner et je crois que Serena aussi, alors je pense qu'elles sont pas encore rentrées... » confia-t-elle en réalisant que cela risquait de devenir compliqué pour elle de faire comme si de rien n'était avec Vitaly, encore plus si d'autres situations ambigües venaient à se présenter.