« Viens me retrouver ce soir. 18h. Sois à l'heure. » Ce message, Lys l'avait reçu durant la nuit . Elle ne l'avait vu qu'en se réveillant ce matin-là et sa bonne humeur s'était aussitôt envolée. Parce qu'il ne venait pas d'une amie ni aucune chose de ce genre là. Non, il lui venait d'un membre de sa famille, si encore elle pouvait considérer son demi-frère comme un membre de sa famille, ce qui restait à prouver. Elle fut tentée de faire comme si elle n'avait rien vu mais se ravisa au dernier moment, c'était peut-être important. « Je vais voir ce que je peux faire. Toi aussi passe une bonne journée. » Après quoi, elle se leva et partit se préparer.

20 heures, Lys se garait devant l'immeuble où vivait Jack avec juste deux heures de retard. Elle n'était en rien responsable de ce retard d'ailleurs, elle avait passer sa journée en cours pour après aller travailler. La politesse aurait sûrement voulu qu'elle le tienne au courant de son retard mais elle ne l'avait pas fait. Manque de temps. Elle claqua la portière de l'antiquité qui lui servait de voiture et verrouilla la porte. « Ne bouge pas surtout. Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. »  Son regard se fixa sur la troisième fenêtre du quatrième étage où la lumière était allumée. « Enfin j'espère. Je ne sais pas ce qu'il me veux vraiment. » Elle s'appuya contre la portière et rangea ses clés dans son sac avant de chercher son téléphone. Elle n'aurait pas été surprise d'y trouver au moins un ou deux messages et quatre ou cinq appels manqués. « Tu le sais toi ? Non bien sûr suis-je bête, tu n'es rien d'autres qu'une stupide voiture, tu ne peux pas savoir ce genre de choses.à » Et elle était une stupide personne en train de se taper la causette à sa voiture. « C'est le froid qui me monte à la tête. » Elle s'éloigna de sa voiture pour pénétrer dans l'immeuble.

Elle avait bien tenté de prendre les escaliers mais un simple regard pour eux l'avait convaincu de prendre l’ascenseur. Il était vide quand elle y pénétra, tant mieux. Elle appuya sur le bouton du quatre et les portes commencèrent à se refermer. Malheureusement, elles se rouvrirent bien vite pour laisser place à quelqu'un. Quelqu'un qu'elle connaissait. C'était Pablo, elle l'avait rencontré dans une soirée. Elle savait que cette fois-là, il aurait bien aimé finir la soirée avec elle, c'était peut-être son cas à elle aussi mais la réputation de ce dernier l'avait un peu inquiété. Ils s'étaient donc contenté de se parler et cela avait largement suffit à la jeune femme. Elle lui fit un signe de tête et lâcha un vague. « 'lut. » Elle n'avait pas vraiment beaucoup de temps à consacrer à parler de toute façon. Enfin, ce fut le cas jusqu'à ce que d'un coup, l’ascenseur s'arrête quelque part entre le deuxième et le troisième étage. « Merde ! »

Après une bonne journée de travail, quoi de mieux que de retrouver son petit chez soi ? Même si son métier lui plaisait énormément, et qu'il le considérait comme le meilleur du monde, Pablo appréciait toujours ce moment. Cet instant paisible, où il prenait conscience que la journée était bel et bien finie et où il pouvait souffler un peu, profitant ainsi de sa liberté... jusqu'au lendemain matin. Son plaisir était d'autant plus grand lorsqu'il atteignait son immeuble après avoir bravé la pluie, ou les bouchons qui encombraient invariablement les rues New-yorkaises à l'heure où il rentrait. Pablo ressemblait parfois à s'y méprendre à un papy, mais il aimait ça. Certes, ça ne durait jamais très longtemps mais ces quelques minutes de tranquillité étaient délicieuses. Elles étaient très certainement essentielles pour tenir le cap, et ne pas flancher face à l'emploi du temps qu'il avait au quotidien. En effet, le jeune homme ne tenait pas en place. Tantôt sur les circuits de course à bord de son bolide, tantôt derrière ses platines de l'Awesome... Parfois même dans les rues de la ville en vélo ou en courant, Pablo n'avait guère le temps de se poser chez lui plus d'une demi-heure, de temps en temps. Mais ce soir, rien n'était prévu sur son « planning », alors il en profiterait pour se reposer un peu.

Quitte à s'économiser, autant le faire jusqu'au bout. Contrairement à ce qu'il faisait d'habitude, le latino renonça à grimper les escaliers de son immeuble qui le mèneraient jusqu'à son appartement, et il se précipita vers l'ascenseur qui était déjà en train de partir. Au dernier moment, il parvint à passer une de ses mains entre les deux portes de l'appareil ce qui eut pour effet de le stopper, et de l'ouvrir à nouveau laissant ainsi assez de place à Pablo pour s'y introduire. Le jeune homme entra donc dans l'ascenseur en y discernant une forme, mais sans vraiment prendre le temps de la détailler. Il se contenta de sourire et d'appuyer sur le bouton qui l'emmènerait jusqu'au bon étage. Ce n'est que lorsque les portes se refermèrent qu'il daigna lever les yeux vers cette silhouette qui se tenait à côté de lui. Pablo resta interdit quelques instants, sans vraiment y croire, jusqu'à ce que sa voisine lui adresse un « 'lut. » timide. « Salut ! » lui répondit-il en esquissant un sourire qu'il aurait voulu séducteur. Au lieu de ça, son expression apparut plutôt comme peu assurée et timide, mais soit, il espérait que Lys ne le regarde pas vraiment à ce moment-là. Cette fille, il l'avait rencontrée quelques semaines plus tôt au cours d'une soirée. Et tout de suite, elle lui avait tapé dans l’œil. Ses grands yeux, ses longs cheveux blonds, ses formes parfaites... Tout en elle l'avait attiré et pourtant, ils n'avaient pas terminé la soirée dans le même lit. Pas que Pablo ne l'aurait pas voulu, au contraire ! Mais Lys, elle, n'avait pas été très enthousiaste à cette idée. En fait, c'est sa réaction qui avait freiné les ardeurs du jeune pilote : Lys n'avait pas été réceptive à ses tentatives d'approches, et elle avait préféré s'en « débarrasser » en se contentant de discuter, tout bien tout honneur.

Pablo n'était pas spécialement à l'aise, et regardait plus ses pieds que sa voisine. Mais, sans aucune raison apparente, l'ascenseur s'immobilisa dans un grand fracas. En écarquillant les yeux, le latino leva le nez vers Lys qui paraissait un peu décontenancé. « Qu'est-ce que c'est que... » Le jeune homme appuya frénétiquement sur le bouton correspondant à son étage, mais rien ne se passa. Enfin, rien qui ne soit rassurant. Quelques secondes après seulement, la lumière qui éclairait la cabine clignota, puis finit par s'éteindre. Désemparé, Pablo écarta les bras puis les laissa retomber le long de son corps en baissant la tête. « C'est une blague ?! Pas maintenant... ! » Ce n'était pas la première fois que la « bête » faisait le coup de la panne, mais en général Pablo empruntait les escaliers. Il avait fallu attendre ce soir pour que ça recommence... Décidément, la soirée détente du jeune pilote s'annonçait compromise !

Lys sortit son téléphone de sa poche, elle tenait là une excellente excuse pour ne pas lever les yeux vers Pablo. Pas comme si elle en avait envie du reste, mais un ascenseur, c'était petit et il aurait été tellement facile que ces yeux se posent malencontreusement sur le jeune homme. Elle l'entendit répondre à son salut mais ne fit pas l'effort d'engager ne serait-ce qu'un début conversation. En même temps, pour à peine trois minutes, ça n'était pas d'un grand intérêt. A la place de ça, elle ouvrit un des nombreux textos de son demi-frère. Elle n'en lut qu'un seul avant de répondre brièvement qu'elle arrivait tout de suite. Ce qui était vrai au moment où elle appuya sur la touche envoyer.

Malheureusement, cela ne resta pas vrai longtemps. A peine le message était-il parti que l'ascenseur s'arrêta bruyamment. « Qu'est-ce que c'est que... » Lys leva la tête vers Pablo. Il avait l'air quelque peu décontenancé et elle se retint de lui expliquer que l'ascenseur venait de s'immobiliser les bloquant tous les deux. Ça, il devait déjà l'avoir compris et à voir la manière dont il s'acharnait sur les pauvres touches de l'objet, il valait mieux de pas l'énerver en le prenant pour un imbécile. Comme si cela ne suffisait pas, la lumière s'éteignit bientôt et Lys poussa un profond soupir. C'était bien sa chance, vraiment. Et dire que Jack n'arrêtait pas de critiquer son immeuble sans ascenseur ! Il valait mieux ne pas en avoir qu'en avoir un qui ne marchait pas. « C'est une blague ?! Pas maintenant... ! » Et si, maintenant... Mais, il pouvait être rassuré, il n'était pas le seul que ça dérangeait. Encore que, en soit, le fait d'être bloquée dans l'ascenseur gênait peu Lys. Bon, c'est vrai qu'elle aurait sûrement préféré arriver directement où elle voulait pour pouvoir rentrer plus vite chez elle, mais elle n'était pas claustrophobe et elle savait prendre son mal en patience. Non, ce qui dérangeait vraiment Lys, c'était le fait d'être coincé dans cet ascenseur avec Pablo. Elle n'avait rien contre lui, non, au contraire. Si elle avait été du genre à se lamenter, elle aurait pu dire à ce moment-là que le destin s'acharnait contre elle.

Ne sachant trop que faire ni que dire, Lys se passa la main dans les cheveux, nerveusement après avoir glissé son téléphone dans sa poche. Le silence dans l'ascenseur était complet, à tel point que la jeune femme trouvait cela oppressant. Si, pour trois minutes ça ne valait pas la peine qu'elle essaie d'engager la conversation, maintenant c'était différent. Quelque chose lui disait qu'ils n'étaient pas prêts de sortir d'ici. Elle inspira un grand coup avant de se décider à prendre la parole. « Euh, tu crois qu'on a une chance qu'il reparte là ? Comme par magie... » A n'en pas douter, elle avait un talent considérable pour engager une conversation. En plus de ça, ce qu'elle venait de dire était d'une stupidité considérable mais bon, c'était comme ça maintenant. Peut-être qu'en frappant un grand coup sur les boutons, qui sait ça marcherait ? On pouvait toujours rêver hein. La jeune femme secoua la tête en lançant un regard désespérée aux portes fermées. « Je déteste les ascenseurs. Celui qui a inventé ça ne devait pas avoir d'autres buts dans la vie que de torturer les gens. » C'était vrai, surtout dans ce cas-là mais Lys préférait ne pas trop en dire. Pablo n'avait pas besoin de savoir que ce qui l'embêtait le plus était sa présence. Elle choisit donc d'éluder les sujets et reprit du ton le plus naturel du monde comme si tout aller bien. « En fait, qu'est-ce que tu fais là ? T'y habite ou tu rends visites à... une quelconque fille ? » C'étaient les deux hypothèses les plus probables aux yeux de la jeune femme, elle connaissait assez bien la réputation du jeune homme pour savoir que la deuxième se tenait autant que la première. Réputation qu'elle aurait bien préférer ignorer d'ailleurs.

Pablo avait beau s'acharner sur ces pauvres boutons, rien n'y faisait. La seule pseudo-réaction de l'appareil fut d'éteindre toutes ses lumières, et de ne plus faire aucun bruit. Ça n'avait rien de rassurant quant à la suite des événements, mais ce n'est pas ce qui inquiétait le plus le jeune pilote. Non, la « chose » dont il se souciait le plus à cet instant précis, c'était Lys. Et si elle était claustrophobe ? Et si elle se mettait soudain à paniquer ? Que ferait-il, et quelle stratagème trouverait-il pour la rassurer ? Discrètement, le latino lui jetait des regards en coin, simplement pour essayer de saisir l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait. Mais fort heureusement pour lui, la jeune femme ne semblait pas particulièrement paniquée à l'idée d'être enfermée dans l'ascenseur pour une durée actuellement inconnue. En même temps, Pablo avait un peu de mal à comprendre ce qu'elle pensait vraiment... Pas une seule fois il ne réussit à capter son regard, et le jeune homme commença à penser qu'elle faisait tout pour l'éviter. Ce qui, en soi, s'annonçait plutôt compliqué dans un espace aussi exigu que cette cabine d'ascenseur.

Et en effet, Lys finit par « craquer » et engagea même la conversation la première. Pas de la meilleure manière qui soit, certes, mais elle ôta ainsi une belle épine du pieds à Pablo. « Euh, tu crois qu'on a une chance qu'il reparte là ? Comme par magie... » Le jeune pilote arqua un sourcil, pour le moins surpris par cette question dont elle avait déjà la réponse, mais il ne se formalisa pas et répondit le plus naturellement du monde. « Non, aucune. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, il faut juste prévenir la concierge et... attendre. » A question stupide, réponse stupide. Sans plus attendre, Pablo sortit à son tour son téléphone portable et appela la concierge qui se trouvait simplement quelques étages en-dessous d'eux. Cette dernière râla un peu, mais lui assura tout de même qu'elle faisait son possible pour faire venir quelqu'un. Avec le monde qu'il y avait sur la route à cette heure-ci, l'idée de rester coincé toute la soirée ici traversa l'esprit de Pablo, mais se dissipa bien vite dès que Lys reprit la parole. Décidément, et contrairement à ce qu'il avait pu voir lors de leur première rencontre, la jeune femme avait décidé d'être bavarde aujourd'hui ! « Euh... tu n'es pas une de ces filles qui paniquent dans les ascenseurs hein ? Non parce que... ça risque de prendre un peu de temps. » A peine eut-il terminé sa phrase qu'il se trouva particulièrement stupide. Ce n'était pas vraiment une chose à dire dans ces cas-là, et encore moins quand on ne connaissait pas bien sa voisine. Mais au moins, elle savait à quoi s'attendre maintenant.

« En fait, qu'est-ce que tu fais là ? T'y habites ou tu rends visites à... une quelconque fille ? » Interloqué par cette question, le jeune pilote écarquilla les yeux, et se tourna pour porter un regard amusé sur Lys. Elle parlait de lui comme si elle le connaissait, et il devait avouer qu'elle avait bien cerné un des principaux traits de sa personnalité. « J'habite ici ! Et toi ? Je ne t'ai jamais croisée dans le coin avant aujourd'hui ! » Pablo se repassa la dernière phrase de Lys en tête, et ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. « Et, je peux savoir d'où tu tiens que je suis... comme ça ? Je veux dire, on ne se connaît pas vraiment, qu'est-ce qui te fait croire que je viendrai ici pour une « quelconque » fille ? » lui demanda-t-il plein de curiosité, en mimant des guillemets avec ses doigts sur le mot « quelconque » qui était à son sens plutôt péjoratif.

C'était une chance qu'il ne se moque pas d'elle après la stupidité de ce qu'elle venait de dire. En même temps, il lui devait bien ça, elle s'était abstenue de rire en le voyant s'acharner comme un forcené sur les boutons, ça revenait au même. Ils étaient donc quitte, si on pouvait dire ça comme ça. « Non, aucune. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, il faut juste prévenir la concierge et... attendre. » La jeune femme fronça les sourcils. C'était déjà arrivé. C'était déjà arrivé et on n'avait pas cru bon de l'avertir, de lui déconseiller de prendre ce maudit ascenseur. Une chose était sûre maintenant, elle allait se faire une joie de passer ses nerfs sur son demi-frère lorsqu'elle serait sortie d'ici. D'ici là, elle n'avait plus qu'à attendre que Pablo téléphone à la concierge et que celle-ci daigne faire quelque chose pour eux. Enfin, elle n'eut au moins pas à patienter longtemps avant que Pablo ne prévienne la concierge. Juste après qu'il ait fini de parler, il avait sorti son téléphone pour mettre cette dernière au courant. Pour le reste, c'était un autre problème et Lys ne misait pas grand-chose sur le fait qu'ils puissent sortir d'ici vite. Pablo ne tarda pas à confirmer ses inquiétudes justes après avoir raccroché. « Euh... tu n'es pas une de ces filles qui paniquent dans les ascenseurs hein ? Non parce que... ça risque de prendre un peu de temps. » En tout cas, on ne pouvait pas dire qu'il état très doué pour rassurer les gens. En admettant qu'elle avait été ce genre de filles – ce qu'elle n'était pas, ces paroles auraient simplement réussi à la faire paniquer plus qu'autre chose. Il aurait tout gagné. La jeune femme sourit en imaginant ce qu'aurait pu être la situation dans ce cas-là. Tout ça aurait été tellement plus drôle. « Dis toi bien une chose, si j'avais été une de ces filles, je serais déjà devenue hystérique à l'heure qu'il est. Surtout après ce que tu viens de dire. Très rassurant vraiment, tu m'impressionnes. » Son ton était quelque peu bien sûr mais elle avait besoin de ça pour cacher son malaise et le fait qu'elle aurait préféré être n'importe où ailleurs qu'ici à l'heure qu'il était.

Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait demandé ça, elle ne le voulait pas, les mots étaient sortis trop vite de sa bouche, sans même qu'elle ait pu y réfléchir réellement. Elle pria pour qu'il ignore ce qu'elle venait de dire, enfin au moins la dernière partie de sa question. Il fallait vraiment qu'il l'ignore. C'est pour cela qu'elle fut soulagée quand il lui répondit et quand elle entendit ce qu'il dit. L'espace d'une instant, elle cru vraiment qu'il allait faire comme elle le voulait et ignorer ce qu'elle voulait. Mais cela ne dura qu'un instant. En effet, Pablo laissa d'abord échapper un petit rire qui ne laissait rien présager de bon avant de reprendre la parole. « Et, je peux savoir d'où tu tiens que je suis... comme ça ? Je veux dire, on ne se connaît pas vraiment, qu'est-ce qui te fait croire que je viendrai ici pour une « quelconque » fille ? » Elle se mit à jouer avec son bracelet nerveusement mais reprit bien vite le contrôle d'elle même. Elle haussa alors les épaules avant de faire un geste évasif avec son bras. « Ne fais pas l'innocent. Ta réputation te devance et il y a certaines choses que je sais sans avoir besoin de te connaître. C'est comme ça. » Elle haussa de nouveau les épaules et s'appuya contre le mur de l'ascenseur derrière elle avant de reprendre d'un ton tranquille. « Et pour répondre à ta question, je suis juste de passage ici, je venais voir quelqu'un. »

« Dis toi bien une chose, si j'avais été une de ces filles, je serais déjà devenue hystérique à l'heure qu'il est. Surtout après ce que tu viens de dire. Très rassurant vraiment, tu m'impressionnes. » En l'entendant, Pablo laissa échapper un petit rire amusé. Sur ce coup-là, elle n'avait pas tout à fait tort : il n'avait pas été très fin dans son intervention qui se voulait pourtant être prévoyante et protectrice. Pour faire passer la chose sur le ton de la plaisanterie, il esquissa une grimace et reprit comme si tout était évident : « Bah, je savais bien que tu n'étais pas une fille comme ça, ça se voit ! » Sans le savoir, le latino était en train de se trahir tout seul. En jouant les grands médium très au courant, et surtout très connaisseurs en matière de femmes, il devançait la réflexion de Lys, qu'il n'allait d'ailleurs pas tarder à connaître. Mais pour l'heure, Pablo tentait de se faire à l'idée qu'il allait certainement passer la soirée en compagnie d'une fille magnifique, qu'il ne pouvait même pas approcher tant elle lui semblait inaccessible et ce, depuis leur première rencontre à l'Awesome. D'ailleurs, il n'avait pas tellement compris pourquoi elle se tenait à bonne distance de lui comme ça... Il n'était pourtant pas si repoussant, du moins c'est ce qu'il espérait ! Elle devait bien avoir une raison pour ça... Peut-être avait-elle un petit ami ? Même si c'était le cas, ce n'était vraiment pas le genre de chose qui effrayait ou freinait le jeune pilote ! Quoi qu'il en soit, l'attitude de la jeune femme le déstabilisait au plus haut point, et il devait prendre cet incident comme une opportunité pour en savoir un peu plus.

« Ne fais pas l'innocent. Ta réputation te devance et il y a certaines choses que je sais sans avoir besoin de te connaître. C'est comme ça. » Ah oui ? Vraiment ? Pablo oscillait entre le fait d'être flatté ou vexer. Il faut dire que pour un garçon comme lui, c'était plutôt flatteur... mais d'un autre côté ça réduisait à néant toutes les chances qu'il aurait put avoir avec bien des filles ! Surpris, le latino arqua un sourcil, et esquissa un demi-sourire en répondant : « Ma réputation ? Je vois... Alors tu es du genre à écouter tout ce que les gens disent et à les croire, sans chercher à savoir s'ils ont raison ou tort... » Les paroles qu'il était en train de déblatérer étaient à la limite du mensonge mais qu'importe, elle n'était pas censée le savoir. Bien sûr, Pablo aimait s'amuser. Il adorait faire la fête, et son statut de pilote de F1 couplé à celui de DJ faisait qu'il ne rentrait que très rarement seul chez lui. Mais est-ce que ça faisait de lui un coureur de jupons ? Il était intimement persuadé que les autres gars étaient à l'origine de cette « rumeur », et ce par pure jalousie.

Pour se mettre plus à l'aise, Pablo posa son sac dans un coin de l'ascenseur et s'appuya nonchalamment contre une des parois. Il enfonça ses mains dans les poches de son manteau et regarda en l'air d'un air distrait. Puis, il laissa à nouveau échapper un faux éclat de rire avant de reporter son attention sur sa « coéquipière de galère ». « C'est à cause de ça que... enfin, que l'autre soir tu n'étais pas très... à l'aise avec moi ? » A quoi bon tourner autour du pot alors qu'il venait d'avoir l'idée du siècle ? Elle le prenait pour un Don Juan, et c'est précisément ce qui l'aurait fait fuir ! Son raisonnement se tenait, et le jeune pilote sondait Lys du regard pour tenter de déceler dans ses yeux un indice qui confirmerait sa théorie.

Visiblement, ce qu'elle venait de lui dire l'avait fait rire. Pourtant, elle n'avait rien fait d'autre que de mettre en évidence à quel point ce qu'il lui avait demandé était stupide. C'était sûrement une bonne chose dans ce cas-là, qu'il en rit. « Bah, je savais bien que tu n'étais pas une fille comme ça, ça se voit ! » Ça se voyait. Évidemment... Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Que Pablo lui dise ça ne l'étonnait guère, cette manière d'avoir l'air de tout savoir, de tout connaître confirmait exactement ce que la jeune femme avait déjà entendu sur lui. Et le pire, c'est qu'elle était sûre qu'il ne s'en rendait même pas compte quand il le faisait. Sans que son sourire ne quitte son visage, elle prit la parole pour lui répondre, le ton légèrement moqueur. « Mais bien sûr, ça se voit tellement bien. » Chez lui aussi, il y avait des choses qui se voyaient très bien quand on avait un minimum de perspicacité et de sens de l’observation. Et Lys en avait, fort heureusement pour elle.

Il avait l'air surpris parce qu'elle lui disait. Lys se demanda un moment si c'était un air qu'il se donnait ou s'il ne voyait vraiment pas où elle voulait en venir. Il devait pourtant bien être le mieux placé pour savoir comment il était non ? Comme elle ne voulait pas croire que les rumeurs au sujet du jeune homme n'était pas fondé, la seule explication plausible que Lys vit à tout ça était que peut-être Pablo ignorait-il simplement ce qu'on pouvait dire sur lui. « Ma réputation ? Je vois... Alors tu es du genre à écouter tout ce que les gens disent et à les croire, sans chercher à savoir s'ils ont raison ou tort... » Il fallait croire que non finalement. Lys secoua la tête, elle aurait presque pu se sentir vexé par ces paroles. Elle n'était vraiment pas le genre de filles à écouter toutes les rumeurs et à leur accorder une entière confiance. Non, elle vérifiait d'abord si elles pouvaient être fondées avant de les croire sur parole et cette fois n'avait pas fait exception. Ce n'était pas sa faute si tout ce qu'elle avait pu voir chez Pablo les confirmait plus ou moins. « Bien sûr que non. J'écoute, j'évalue et je décide après si je crois ou non. » Elle lui lança un regard très sérieux avant de poursuivre. « Et, j'ai écouté, j'ai évalué, j'ai décidé. Ce n'est pas de ma faute si tu confirmes les rumeurs quand même ! » Elle haussa vaguement les épaules et s'appuya quelques minutes contre le mur de l’ascenseur qui se trouvait derrière elle.

« C'est à cause de ça que... enfin, que l'autre soir tu n'étais pas très... à l'aise avec moi ? » La jeune femme regarda fixement la paroi de l'ascenseur au dessus de Pablo. Elle ne voulait pas croiser son regard tant qu'elle n'aurait pas décidé quoi lui répondre. En attendant, elle faisait de son mieux pour rester impassible. Elle n'aurait pas du être gênée, elle aurait du pouvoir lui répondre que oui c'était pour ça sans problème. Mais non, elle n'y parvenait pas et cela l'agaçait. Elle aurait pu mentir mais elle n'avait jamais été douée pour ça, tout comme elle n'avait jamais été douée pour cacher ce qu'elle pouvait pense. Alors au bout de plusieurs minutes, son regard se posa sur Pablo et elle prit enfin la peine de lui répondre. « Oui... oui c'était pour ça. » Dans le genre pas assurée du tout, on pouvait très difficilement faire pire qu'elle à ce moment-là. Se rendant compte de cela, elle tenait de se reprendre. « Mais c'était aussi parce que j'étais... préoccupée d'autres choses plus importantes et que j'avais mieux à faire. » Voilà qui était mieux. Pas forcément très convaincant mais déjà mieux.

Dès qu’il eut terminé de prononcer ses dernières paroles, Pablo comprit qu’il avait vu juste. Le simple fait d’observer la réaction de Lys lui avait donné tous les indices nécessaires pour être sûr de lui, et un petit sourire discret se dessina au coin de ses lèvres. Lys, quant à elle, fixait la paroi de l’ascenseur en face d’elle, et semblait chercher ses mots alors que la seule réponse que le latino attendait était « oui ». Ce n’est qu’après quelques secondes, peut-être même quelques minutes de réflexion qu’elle daigna reprendre la parole. « Oui... oui c'était pour ça. » Bingo. Le jeune homme posa un regard presque attendri sur Lys, mais il n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que déjà, elle reprenait : « Mais c'était aussi parce que j'étais... préoccupée d'autres choses plus importantes et que j'avais mieux à faire. » Cette fois, le sourire que le jeune pilote afficha fut bien visible, et il ne chercha en aucun cas à le dissimuler. Elle le menait en bateau, il en était bien conscient. Lorsqu’on était « préoccupé par d’autres choses et que l’on a mieux à faire », on ne trainait pas dans le genre de soirées que Pablo avait l’habitude de fréquenter. En premier lieu, il fit mine d’acquiescer, mais ne put se retenir bien longtemps de rétorquer : « Je t’ai écouté, j’ai évalué et je décide que tu mens. » lui dit-il en reprenant ses propres mots. « Si tu avais eu autre chose à faire, tu ne serais pas venue à cette soirée. Enfin, quoi qu’il en soit t’inquiètes pas, je ne vais pas te sauter dessus ou te harceler jusqu’à ce que tu cèdes… ».
En effet, Pablo était bien trop respectueux pour oser ce genre de chose. Dans le cas de Lys, ce n’était pas l’envie qui lui manquait, mais il savait qu’un seul geste déplacé suffirait à la faire fuir à tout jamais. Elle avait l’air tellement imide comparé aux filles qu’il avait l’habitude de fréquenter ! Secrètement, le latino espérait qu’elle ait autant envie que lui de « faire connaissance », mais il s’efforçait de ne rien laisser paraitre. La seule chose qu’il n’était pas en mesure de contrôler était son regard, et lorsqu’il croisa celui de Lys, il y resta accroché pendant un long moment. Comme si tout s’était subitement arrêté, il ne voyait plus que ses yeux. En fait, il voyait plus un reflet que des yeux à proprement parler, l’obscurité aidant, mais ça lui suffisait. Lorsqu’il détacha enfin son regard de celui de Lys, il esquissa un nouveau petit sourire puis se redressa. « Donc… si tu crois que je confirme la rumeur, ça veut dire que tu m’as épié pour savoir ce que je faisais de mes soirées, et avec qui ?! » ajouta-t-il finalement d’un ton plus qu’ironique. « T’es un peu effrayante comme fille… ».

Elle avait fait de son mieux pour expliquer son comportement de la dernière fois autrement que par le simple fait qu'elle aurait pu être impressionnée par la réputation du jeune homme. Malheureusement cela sonnait tellement faux qu'il ne l'avait pas cru le moins du monde. Un sourire se dessina sur ses lèvres sitôt que Lys se tut et la jeune femme dut prendre sur elle pour ne pas montrer à quel point elle était vexée. « Je t’ai écouté, j’ai évalué et je décide que tu mens. » Lys secoua la tête. Il se moquait franchement d'elle maintenant. Quelque part, elle l'avait mérité mais bon, ce n'était pas une raison pour qu'elle ne réponde rien à ça. Néanmoins, avant qu'elle n'ait pu trouvé quoi répondre, Pablo reprit la parole. « Si tu avais eu autre chose à faire, tu ne serais pas venue à cette soirée. Enfin, quoi qu’il en soit t’inquiètes pas, je ne vais pas te sauter dessus ou te harceler jusqu’à ce que tu cèdes… » Il n'avait pas tout à fait tord là-dessus. Si seulement elle s'était contenté de dire qu'elle été préoccupée alors là son excuse aurait pu être un tant soit peu valable. Mais bien sûr, il avait fallu qu'elle en rajoute. «  Admettons oui. Tu as peut-être raison là-dessus. Un tout petit peu. » Et elle était très légèrement de mauvaise foi mais bon. « En tout cas, je ne m'inquiétais pas à ce propos. Mais c'est très gentil à toi de vouloir le rassurer. Et puis je sais me battre aussi. Au pire quoi, si jamais t'avais voulu me sauter dessus sans que je n'en ai envie, ça ne m’aurait pas dérangé de me défendre. » Enfin pour ça, il aurait fallut qu'elle arrive à garder la tête froide assez longtemps. Parce que le problème c'était justement que ça ne lui aurait pas déplu tant que ça qu'il lui saute dessus. En fait, c'était juste une question d'ego, si la rumeur était fondée, elle ne voulait juste pas être une des nombreuses filles à succomber aux charmes du jeune homme.

« Donc… si tu crois que je confirme la rumeur, ça veut dire que tu m’as épié pour savoir ce que je faisais de mes soirées, et avec qui ?! » La jeune fille fixa Pablo incrédule pendant plusieurs secondes. Quand elle fut sûre d'avoir bien compris ce qu'il venait de dire, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. C'était tellement insensé, ridicule et prétentieux. S'il pensait vraiment ce qu'il venait de dire, cela signifiait juste qu'il se prenait pour le centre du monde. « T’es un peu effrayante comme fille… » La jeune femme avait arrêté de rire mais un petit sourire se dessina quand même sur son visage. « J'avoue, je suis démasquée. C'est dur à admettre mais bon. Un soir, je m'ennuyais profondément, je buvais, j'étais déprimée et puis là, je t'ai vu. Tu as illuminé ma soirée Pablo et sûrement ma vie. Sauf que tu étais avec une fille. Ça m'a brisé le cœur et si j'avais eu une hache sous la main je l'aurais tué. Et après... j'ai rêvé de toi toute la nuit. C'était très chaud comme rêve d'ailleurs. Depuis... je suis obsédée par toi... C'est vrai, je te suis partout, chez moi j'ai un mur avec pleins de photos de toi et je projette secrètement de tuer toutes les filles qui t’approcheraient à l'avenir. ou qui t'ont approché dans le passé. Mais... ça reste entre nous hein. » Elle aurait pu tout simplement démentir en disant qu'elle avait d'autres choses à faire (et cette fois ça aurait été vrai) mais bon, ça aurait été perdre une formidable occasion de se moquer du jeune homme qui se croyait seul au monde. La seule chose qu'elle regrettait, c'était d'avoir eu autant de mal à garder son sérieux pendant qu'elle parlait ce qui ôtait toute crédibilité à son discours.

La petite plaisanterie de Pablo semblait fonctionner à merveille. A l’entendre, on comprenait directement que Lys était persuadée que Pablo était un de ces mecs arrogants qui se prennent pour le centre du monde. Ca ne paraissait pas trop difficile à imaginer apparemment, après tout il avait peut-être une tête à ça ! Néanmoins, la jeune femme avait littéralement éclaté de rire, ce qui permettait à Pablo d’espérer qu’elle ait compris qu’il plaisantait. En réalité, et même s’il se donnait des airs comme ça, il ne faisait pas parti du clan des frimeurs. Bien sûr, il aimait plaire et être vu, mais il n’en faisait jamais trop pour ça. Lorsque les gens ne le connaissaient pas, oui, ils auraient pu le prendre pour un garçon imbu de sa personne mais il n’en était rien. Ceux qui avaient pour habitude de le fréquenter savaient très bien qu’au fond, Pablo était quelqu’un de bien, loin de toutes ces manières et ces artifices qu’il se donnait pour plaisanter.

Lys lui fit l’honneur d’un discours interminable, retraçant une soirée fictive où elle l’aurait vu en compagnie d’une fille, chose qui lui aurait brisé le cœur. Les efforts de Pablo pour rester sérieux tout au long de ce monologue furent surhumains, et vains… En effet, il ne put se retenir de pouffer de rire en baissant la tête d’abord, puis en relevant les yeux vers son interlocutrice qui n’avait pas l’air plus sérieuse que lui. Tentant de continuer son petit jeu avec le plus d’application possible, Pablo leva les yeux au ciel en prenant un faux air détaché. « Oui… oui je sais, c’est dur. Mais je suis très demandé, tu le sais hein, ma réputation te l’as déjà dit ! » ironisa-t-il en faisant référence à ce qu’elle lui avait dit un peu plus tôt. Puis il secoua la tête en souriant, et s’éloigna de la jeune femme. En voyant que la situation avec l’ascenseur n’était pas prête de s’arranger, il soupira et se laissa glisser le long d’une des parois de la cabine afin de s’asseoir par terre. A vrai dire, il faisait un peu comme si Lys n’était pas là. Mais après tout, qu’aurait-il à faire avec une fille qui était persuadée de sa réputation de tombeur et qui le prenait, en plus, pour le mec le plus arrogant de la terre ? Pablo n’abandonnait pas, ce n’était pas son genre. Mais il s’accordait simplement une petite pause. De toute façon il avait le temps pour ça, c’était une certitude ! Le latino sortit son téléphone portable de la poche de son manteau et commença à tapoter dessus sans se soucier de la jeune femme à côté de lui. Mais bien vite, il reprit la parole sur un ton qui trahissait néanmoins son manque de concentration et d’intérêt pour la réponse qui allait suivre. « Alors comme ça tu connais quelqu’un ici ? Tu viens souvent lui rendre visite ? » Le but de Pablo était plus de briser le silence que d’en apprendre davantage sur la vie de Lys. Puisqu’ils étaient coincés ici pour encore quelques heures, au moins, autant ne pas laisser le silence s’installer trop vite. Il serait bien assez pesant au moment où ils n’auraient plus rien à se dire…

Le petit discours que venait de faire Lys semblait avoir beaucoup amusé Pablo. En effet, la jeune femme vit celui-ci en train de rire suite à ses paroles. En même temps, qui n'aurait pas ri suite à ça ? Peut-être quelqu'un qui se serait vraiment trouvé en compagnie d'une tarée à moitié psychopathe. Mais Lys n'était pas ça, certes, elle pouvait parfois se montrait un peu bizarre mais ça n'avait rien à voir. « Oui… oui je sais, c’est dur. Mais je suis très demandé, tu le sais hein, ma réputation te l’as déjà dit ! » La jeune femme sourit. En disant ça, le jeune homme devait vouloir entrer dans son petit jeu mais il n'avait pas pu le faire sans faire référence à ce qu'elle lui avait dit un peu plus tôt sur sa réputation. « C'est bien triste. Tu ne sais pas ce que tu perds, une fille merveilleuse comme quoi quoi... » Elle se tut et secoua la tête d'un air désolé.

Après ça, Pablo sembla avoir momentanément oublier sa présence. Lys le vit se laisser glisser le long de la paroi pour s’asseoir puis jouer avec son téléphone. Elle ne put s'empêcher de trouver cela un peu vexant quand même. Elle était là, elle était jolie, intelligente (assez) et pleine d'humour (au moins un peu) et lui, il préférait jouer avec son téléphone. Logique. Elle ne fit cependant rien pour essayer de lui rappeler qu'elle était là aussi et s'assit à son tour sur le sol. C'est tout de même lui qui se décida finalement à briser le silence qui s'était installé dans l'ascenseur. « Alors comme ça tu connais quelqu’un ici ? Tu viens souvent lui rendre visite ? » Dans le genre question inutile dont on se fiche de la réponse, Lys avait rarement vu mieux. En plus de ça, ça ne le regardait absolument pas. Elle haussa les épaules avant de se donner quand même la peine de répondre. « Oui, je connais quelqu'un. » C'était stupide de sa part de lui demander ça quand même, elle n'était pas venue jusqu'ici pour se retrouver coincer dans un ascenseur juste pour le plaisir. D'ailleurs, elle était encore moins là juste pour les beaux yeux de Pablo. « Et je ne venais pas très souvent mais je crois que ça va changer. Maintenant que si je viens ici, j'aurais peut-être la chance de te croiser, je peux passer mon temps dans cet immeuble. » Elle laissa échapper un petit rire moqueur et saisit son téléphone pour prévenir l'autre crétin qui devait l'attendre que pour une fois, si elle était en retard ce n'était (presque) pas sa faute mais celle de son ascenseur nase. Il y avait fort à parier que même avec ça, il la rende totalement responsable de ça quand même mais bon. « Et sinon, ça va redémarrer bientôt ? » laissa-t-elle finalement échapper d'un air lasse. Elle venait de ranger son téléphone et avait reposé son regard sur Pablo. Elle commençait à en avoir assez et c'était la seule chose qu'elle avait trouvé à dire pour éviter qu'un silence trop long ne s'installe à nouveau. « Pas que je n'aime pas passer du temps avec toi non. Ce qu'on se dit est tellement intéressant que je pourrais passer ma nuit là. Mais bon, j'ai pas que ça à faire. »

Pablo commençait à en avoir franchement marre d’être coincé ici en pouvant à peine bouger, et sans rien à manger. Lui qui ne tenait d’ordinaire pas en place se retrouvait privé de tout mouvement et de toute activité, et il n’en avait pas DU TOUT l’habitude, ni l’envie. Et le fait d’être bloqué dans cet ascenseur avec une belle plante n’y changeait rien, puisqu’il s’agissait le Lys, qui ne voulait visiblement pas entendre parler lui parce que sa « réputation » était trop lourde. Bref, à chaque seconde qui passait, le latino se maudissait un peu plus de ne pas avoir emprunté les escaliers. Tapotant distraitement sur son portable, Pablo avait posé une question à Lys plus pour faire du bruit et éviter le silence que pour réellement en apprendre plus sur sa vie. Et d’ailleurs, même si ça avait été le cas, il n’aurait pas appris grand-chose : « Oui, je connais quelqu'un. » Le jeune pilote hocha la tête en prenant un faux air intéressé, alors qu’il n’avait écouté qu’à moitié a réponse. C’est alors que Lys enchaina sur le fait qu’elle passerait désormais plus de temps dans cet immeuble, simplement pour le croiser plus souvent. Comme s’il commençait à être agacé par ce petit jeu, Pablo leva les yeux au ciel puis secoua la tête, sans prendre la peine de répondre quoi que ce soit à cette pseudo-attaque.

Ce n’est qu’au moment où elle parla de sortir d’ici qu’il daigna relever les yeux vers elle. « Et sinon, ça va redémarrer bientôt ? » Pablo se contenta d’un haussement d’épaule et d’un regard médusé, puis répondit : « Qu’est-ce que j’en sais moi… De toute façon la seule chose qu’on peut faire ici c’est… attendre ! » Tout un programme… En effet, lorsqu’il ne faisait rien (comme maintenant) Pablo avait toujours l’impression que le temps s’arrêtait, que les secondes duraient des heures entières et que quelqu’un s’amuser à remonter les aiguilles de sa montre. C’est à peu près ce qu’il était en train de ressentir à présent, et il devinait qu’il en était plus ou moins de même pour la jeune femme. « Pas que je n'aime pas passer du temps avec toi non. Ce qu'on se dit est tellement intéressant que je pourrais passer ma nuit là. Mais bon, j'ai pas que ça à faire. » Cette fois, Pablo était réellement agacé. Cet espace clos sans rien à faire et les remarques acerbes de Lys n’avaient pas fait bon mélange, et il n’avait plus qu’une seule envie : qu’elle se taise. D’un bond, il se releva et se planta devant elle avec un regard à la limite du menaçant. Il ouvrit la bouche pour lui faire comprendre qu’il en avait assez mais aucun son ne sortit de sa bouche. Son regard resta juste accroché à celui de Lys sans pouvoir s’en détacher. Lui et sa foutue réputation regrettaient définitivement qu’elle ne veuille pas d’eux. Mais qu’importe, poussé par cet élan d’agacement qui l’avait fait se lever, et n’étant pas capable de décharger cette frustration par la parole, il s’approcha brusquement de la jeune femme pour l’embrasser en la poussant contre une des parois de l’ascenseur. Il mis quelques instants à se rendre compte de ce qu’il était en train de faire puis, ceci étant fait, il se recula légèrement sans savoir s’il devait s’excuser ou pas. Dans l’attente d’une quelconque réaction, Pablo préféra rester silencieux, en gardant ses yeux toujours rivés sur Lys.

« Qu’est-ce que j’en sais moi… De toute façon la seule chose qu’on peut faire ici c’est… attendre ! » Tout un programme. Si elle avait voulu attendre ce genre de choses, elle se serait abstenue de poser toutes questions. Enfin non, elle ne l’aurait pas fait, parce qu’elle mettait un point d’honneur depuis qu’elle était là à ne pas laisser le silence s’installer trop longtemps. Mais quand même ! En plus, il était sûrement mieux placé qu’elle pour savoir quand son ascenseur de malheur allait redémarrer, il vivait là après tout. Il devait bien être habitué à ses caprices. Une chose était certaine en tout cas, plus les minutes s’écoulaient, plus la jeune fille avait du mal à continuer de patienter calmement. Et elle n’était pas la seule dans ce cas-là, Pablo semblait être aussi de plus en plus agacé au fil du temps. Sauf que dans le cas du jeune homme, la jeune femme doutait que ce ne soit qu’à cause de ça. Elle pensait bien en effet qu’elle pouvait avoir sa part de responsabilité là-dedans. Comme pour lui montrer qu’elle avait raison lorsqu’elle pensait ça, Pablo se redressa brusquement suite à quelque chose qu’elle venait de dire. Elle ne savait même plus dire ce que c’était exactement en tout cas, quelque chose lui disait qu’elle aurait mieux fait de s’abstenir. Encore une fois quoi. En tout cas, il lui faisait légèrement peur là tout de suite avec son air menaçant. Elle ne savait pas ce qu’il allait dire mais une chose était sûre, il y avait peu de chance que ça lui plaise. Cependant, il ne se passa rien. Ou du moins pas tout de suite. Parce qu’après quelques instants passés à se regarder, elle à attendre ce qui allait se passer, lui à elle ne savait pas quoi, Pablo s’avança finalement vers elle et l’embrassa. La première pensée de la jeune femme fut qu’il n’avait pas le droit de faire ça mais celle-ci disparut bien vite. A tel point que lorsque Pablo se recula, la jeune femme ressentit de la déception.

En tout cas, maintenant elle se sentait très conne. Parce qu’elle voyait bien que Pablo attendait de voir qu’elle allait être sa réaction et celle-ci n’était pas ce que Lys aurait souhaité avoir. Là par exemple, elle était en train de sourire et c’était complètement idiot. Ce qu’elle aurait du faire c’est juste l’engueuler ou même lui gifler. Parce qu’il lui avait bien dit qu’il n’allait pas la harceler ou lui sauter dessus pour la faire céder et pourtant, il venait quand même de l’embrasser. Or, franchement, pour faire flancher les maigres défenses de la jeune femme, il n’en fallait pas beaucoup plus. Elle continua de penser à ça en se disant qu’à force de se focaliser là-dessus, elle arriverait peut-être à réagir de la sorte. « Pourquoi t’as fais ça ? T'avais pas le droit ! » En même temps, elle n’était pas totalement innocente non plus dans cette histoire, c’est elle qui n’arrêtait pas avec ses remarques depuis qu’il était là. Finalement, elle en eu marre de feindre la colère – même si elle le faisait très mal, et secoua la tête avant de s’avancer vers lui. Elle allait l’embrasser à son tour et il n’allait pas pouvoir lui en vouloir car il en était le seul responsable. Elle était juste trop faible pour s’en tenir encore à ce qu’elle ne cessait de répéter depuis le début. Elle se pencha vers lui et l’embrassa. Pour le plus grand malheur de la blonde, c'est à peu près ce moment-là que choisit l'ascenseur pour faire mine de vouloir refonctionner.

Pablo avait craqué sans vraiment comprendre pour quels motifs, mais il l’avait fait. Bien sûr il en avait eut envie à plusieurs reprises lors de leur première rencontre à l’Awesome, mais la distance qu’avait instauré Lys entre eux l’en avait dissuadé. Et aujourd’hui, alors qu’il était énervé et qu’il commençait à en avoir après elle, il l’avait embrassé. Drôle de manière de régler un conflit, mais visiblement cette méthode se révélait efficace puisque la jeune femme resta silencieuse mais néanmoins souriante après l’assaut du latino. Plutôt surpris mais satisfait, Pablo se mit à sourire à son tour, du moins jusqu’à ce que Lys reprenne la parole : « Pourquoi t’as fais ça ? T'avais pas le droit ! » Complètement décontenancé, le jeune homme ouvrit la bouche pour protester, mais la seule chose qu’il fut capable de faire fut de se mettre à rire, au moins pendant quelques instants. Pourquoi n’aurait-il pas eut le droit de l’embrasser après tout ? En plus, ce n’était pas du tout son intention première au moment où il s’était levé ! Alors qu’il allait enfin lui dire ce qu’il en pensait, quelque chose dans l’attitude de la jeune femme lui dicta de se taire. En effet, malgré le fait qu’elle lui ait passablement reproché son geste, elle ne semblait pas lui en vouloir tant que ça. Mieux, elle s’approchait de lui, encore et encore, comme dans un film romantique où ce genre de scènes se passe au ralenti.

Discipliné, Pablo se tut et ne bougea pas d’un millimètre, n’ayant plus qu’à accueillir Lys dans ses bras, et à prolonger le baiser qu’elle lui rendait avec un peu plus de fougue. Ils y étaient enfin ! Après tout ce temps passé à se tourner autour et à se jouer l’un de l’autre, ils avaient fini par craquer. Au moment où Pablo allait prendre les choses en main, ce maudit ascenseur commença à s’ébranler. Etait-ce une blague ? Les réparateurs avaient-ils vraiment choisi ce moment là pour le remettre en marche ? Le jeune pilote se détacha un instant des lèvres de Lys pour regarder autour d’eux, et put constater que les lumières fonctionnaient de nouveau. Il laissa échapper un long soupir teinté de déception et de frustration, avant de replonger son regard dans celui de Lys. Là, il grimaça, ans pour autant retirer ses mains qui étaient désormais en bonne place sur les hanches de la jeune femme. « C’est pas vrai… ! »

En tendant un peu l’oreille, Pablo pouvait distinguer des voix au rez-de-chaussée, celles des réparateurs de l’ascenseur qui reprit sa course vers le haut, comme si rien ne s’était passé. Et ce, juste au moment où le jeune pilote aurait préféré rester coincé encore quelques heures… La vie était parfois injuste. A contrecœur, il se détacha complètement le Lys, et passa machinalement un doigt sur ses lèvres en se raclant la gorge. Il récupéra son sac, et arrangea sa chemise pour faire bonne figure. Pablo sortit de l’appareil aux côtés de Lys, l’air de rien, et remercia brièvement les ouvriers qui les avaient sortis de là, sans pouvoir s’empêcher de leur lancer un regard accusateur. Puis il s’éloigna d’eux, se dirigeant d’un pas lent vers la porte d’entrée de son appartement. Finalement, il se retourna et regarda Lys qui était plantée dans le couloir. Après quelques secondes d’hésitation, un sourire étira ses lèvres et il se précipita vers elle pour attraper sa main, et la tirer jusque dans son appartement avant de claquer la porte pour un peu plus de tranquillité.

Ils avaient mis le temps, par la faute de la jeune fille d’accord, mais ils y étaient enfin. Comme quoi, tout pouvait arriver un jour. Pablo prolongea le baiser que Lys lui donna et celle-ci pensa que finalement, ce n’était pas une si mauvaise chose que ça d’être coincée dans cet ascenseur. Sauf que, voilà, coincés ils ne l’étaient plus. En effet, après s’être simplement ébranlé, l’ascenseur redémarra franchement. La jeune femme n’y croyait pas. Depuis le temps qu’ils étaient là, il avait choisit que les réparateurs choisissent maintenant pour faire leur job ? Maintenant alors que ni Pablo, ni elle, n’avait plus réellement envie d’être secouru. « C’est pas vrai… ! » C’était le cas de le dire. La jeune femme soupira et haussa les épaules. « Il fallait bien que ça arrive un jour. » Oui mais pourquoi maintenant quoi ? Le destin s’acharnait contre eux, c’était la seule explication que Lys voyait.

Jusque là, Pablo n’avait pas encore relâché les hanches de la jeune femme mais il finit quand même par s’écarter d’elle tandis que l’ascenseur remontait. Les portes de l’appareil s’ouvrirent bientôt et Lys en sortit aux côtés de Pablo. Elle le vit sourire à ce qui devait être les réparateurs et s’avancer dans le couloir. Elle, elle ne bougea pas, elle avait presque oublié où elle devait aller en fait. Enfin si, elle savait qu’elle devait aller trouver son demi-frère et qu’elle n’était absolument pas au bon étage mais bon, elle n’avait aucune envie de monter à l’étage du dessus. En fait, ce qu’elle aurait voulu là tout de suite, c’est resté un peu plus avec Pablo pour qu’ils puissent continuer ce qu’ils avaient commencé dans l’ascenseur mais ce n’était apparemment pas possible. Elle le regarda donc s’éloigner en soupirant et en pestant contre elle-même, c’était de sa faute ça, elle était trop bête. Si elle n’avait pas agit comme elle l’avait fait, elle aurait eu ce qu’elle voulait depuis longtemps. Enfin, c’était comme ça. Résignée, elle se mit alors à chercher vaguement des yeux l’escalier sans plus d’entrain que ça – parce qu’il était hors de question qu’elle reprenne l’ascenseur maintenant – quand elle remarqua que Pablo s’était arrêté dans le couloir et la regardait. Il revint alors vers elle et la jeune femme se mit à sourire. Finalement, elle n’allait peut-être pas avoir besoin de les trouver ces escaliers.

Elle se retrouva bientôt dans l’appartement du jeune homme et remarqua à peine qu’il venait de claquer la porte derrière eux. Sans faire très attention à l’appartement en lui-même, la blonde croisa le regard du jeune homme et déclara d’un ton très sérieux. « J’ai vraiment cru que tu allais me laisser dans le couloir tu sais. » Et ça l’avait frustrée, énormément mais ça, elle n’avait pas besoin de le dire. « Ca aurait été sûrement mérité mais bon. » Elle haussa les épaules et observa rapidement la pièce autour d’elle. C’était un appartement normal quoi, rien d’extraordinaire. « C’est joli chez toi. » Elle se tut. Elle ne savait pas pourquoi elle disait des choses aussi inutiles, c’était plus fort qu’elle. En tout cas là, Pablo allait encore croire qu’elle avait changé d’avis et qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Il allait sûrement même regretter de ne pas l’avoir planté. Mais ce n’était certainement pas le cas. Elle se rapprocha de lui et posa à nouveau ses lèvres sur les siennes, pas très longtemps. Quand elle s’écarta légèrement, elle murmura. « Et si on reprenait là on en était ? »

Pablo n’avait pas spécialement oublié Lys lorsqu’il avait entreprit de rentrer chez lui, mais il avait comme un mauvais pressentiment. A vrai dire, il pensait que la situation dans l’ascenseur avait joué en sa faveur, et qu’elle avait baissé la garde sans même s’en apercevoir, sous le coup de l’agacement ou d’il ne savait quel sentiment. D’ailleurs, elle le lui avait bien fait comprendre: sa réputation de coureur de jupon l’effrayait, et elle se refusait catégoriquement à s’approcher de lui sous peine d’être elle aussi ajoutée à son long tableau de conquêtes. Une fois sorti de l’ascenseur, de retour à la « vraie vie », Pablo était quasiment persuadé qu’elle allait retrouver son attitude d’avant, et redevenir distante. Mais au moment où il croisa son regard dans le couloir, le latino comprit instantanément qu’il ne l’avait décidément pas très bien cernée. Elle paraissait tout aussi enthousiaste que dans l’ascenseur, et n’avait évidemment rien perdu de ses atouts pour le faire chavirer. C’est donc avec un grand sourire qu’il l’avait faite entrer chez lui.

« J’ai vraiment cru que tu allais me laisser dans le couloir tu sais. » Amusé, le jeune homme esquissa un sourire en coin avant de répondre d’une voix suave : « Vraiment ? Quand même… » Sans le laisser finir, Lys ajouta que c’était certainement mérité, ce que Pablo ne put nier. Au lieu de ça, il haussa les épaules d’un air innocent, sans se dépeindre de son petit sourire charmeur. Comme s’il s’était agit d’une simple visite immobilière, la jeune femme s’avança dans l’appartement en regardant autour d’elle. Une fois de plus, le latino fut amusé de son comportement et laissa même échapper un petit rire en la suivant de près. Le prenant totalement au dépourvu, Lys se retourne finalement pour venir embrasser Pablo qui s’approcha pour prolonger ce baiser, mais la jeune femme s’écarta presque aussitôt. « Et si on reprenait là où on en était ? » Satisfait, le jeune pilote réduisit la distance entre eux, et entoura Lys de ses bras en acquiesçant silencieusement. La faisant reculer de force tout en l’embrassant, le latino prenait la direction de sa chambre sans aucune hésitation. Mais au bout de quelques pas, il s’arrêta et détacha une nouvelle fois ses lèvres de celles de la jeune femme. Il plongea alors son regard azur dans celui de Lys, et murmura en restant tout près de ses lèvres : « Oubliée ma réputation ? Tu es sûre de toi ? » Certes, Pablo était un coureur de jupon. Mais il n’avait aucune envie de forcer Lys à quoi que ce soit si ce n’était pas ce qu’elle voulait elle aussi. Il ne voulait pas qu’elle déchante au dernier moment, au moment crucial, ou qu’elle regrette son geste le lendemain. Pour cela, le jeune pilote voulait simplement s’assurer que tout allait bien, et que Lys ne retrouverait pas cette distance qu’elle avait instaurée entre eux depuis bien trop longtemps.

Il n’était pas vraiment étonnant que Lys ait finit par faiblir et que sa résolution de ne pas succomber aux charmes de Pablo se soit envolée comme par magie. Elle était même étonnée d’avoir réussi à tenir aussi longtemps quand elle voyait la manière dont le jeune homme souriait. C’est sûr qu’avec ça, il était normal qu’il ait la réputation qu’il avait. Il était presque aussi irrésistible qu’elle ( ). Lorsqu’elle l’embrassa, il répondit à son baiser et si elle n’avait pas eu quelque chose de très important à dire, la jeune femme aurait laissé le baiser duré encore plus longtemps. Oui parce que c’était vraiment très important ce qu’elle venait de dire. Elle était persuadée que si elle s’était contentée de l’embrasser, elle aurait pu admirer l’entrée de l’appartement de Pablo encore longtemps. Et franchement, elle s’en moquait pas mal. Alors que là, Pablo l’entoura de ses bras et l’embrassa de nouveau tout en la faisant reculer. Il ne fallait pas être voyant pour savoir qu’ils prenaient la direction de la chambre.

Néanmoins, Pablo s’arrêta au bout d’à peine quelques pas et mit fin à leur baiser. La jeune femme le regarda vaguement surprise et fronça les sourcils. Qu’est-ce qu’il voulait ? Il n’avait pas changé d’avis quand même ? Non parce qu’elle avait le droit de se faire désirer pendant le temps qu’elle voulait, mais pas lui. « Oubliée ma réputation ? Tu es sûre de toi ? » Elle secoua la tête amusée avant d’éclater de rire. Elle ne pouvait vraiment pas croire que ça soit ça qui l’inquiète là maintenant. Elle n’allait plus le planter maintenant. Quoique ça aurait pu être amusant de l’abandonner au dernier moment mais bon, elle n’était vraiment pas comme ça. « Tu ne devrais pas me dire ça, je pourrais changer d’avis. » Comme si ça aurait pu réellement été possible. Elle était définitivement trop faible pour résister à un garçon dès le moment qu'elle avait eu l'occasion d'échanger un baiser avec lui. Enfin, pour pas que le gars en question n'embrasse pas comme un crapaud quoi. Et Pablo n’embrassait définitivement pas comme un crapaud (du moins elle le pensait, parce qu'elle n'avait jamais eu l'envie d'embrasser un crapaud pour de vrai juste pour vérifier ça). « Tant pis pour ta réputation, je ne serais qu’une pauvre fille de plus à avoir succomber à ton si merveilleux charme. Et ne fais pas l’innocent, tu as tout fait pour. En tout cas, je ne vais pas me défiler maintenant. » Elle s’approcha de nouveau très près de lui et déposa ses lèvres sur celles du jeune homme un bref instant avant de murmurer. « Je crois qu’on allait dans ta chambre là avant que tu nous interrompes. » Pour une fois que ça avait été lui quoi. Mais ça n’avait franchement plus grande importance maintenant.

Alors qu’il s’efforçait de ne pas trop la brusquer et de prendre soin d’elle, Pablo ne récolta qu’un éclat de rire de la part de Lys. Surpris, il arqua un sourcil et lui lança un regard interrogateur. Tu ne devrais pas me dire ça, je pourrais changer d’avis. Ahah. Dans un autre contexte, le jeune pilote aurait pu prendre cette phrase au sérieux, ais l’expression du visage de Lys ne laissait aucun doute possible. Elle n’avait pas du tout envie de revenir en arrière, et ils allaient bel et bien passer la soirée dont ils avaient eut envie tous les deux depuis si longtemps. La jeune femme l’accusa d’avoir tout fait pour qu’elle tombe sous son charme et le latino se retrouva sans aucune arme pour se défendre. Oui, c’est ce qu’il avait fait, et aux vues du résultat, il en était plutôt fier. Un nouveau sourire charmeur se dessina alors sur ses lèvres, et il répondit avec délectation aux baisers que lui offraient Lys. « Je crois qu’on allait dans ta chambre là avant que tu nous interrompes. » Et ses charmes fonctionnaient sur elle encore mieux qu’il n’aurait osé le penser ! Mieux que d’accepter ses avances, c’est désormais Lys qui le pressait de continuer et d’en venir aux faits le plus vite possible. Amusé, Pablo ne se gêna pas pour laisser glisser ses mains le long des fesses de la jeune femme, l’attrapant ainsi pour la porter jusqu’à sa chambre qui était toute proche. Il la déposa sur le lit le plus délicatement possible, et remonta à sa hauteur pour capturer ses lèvres, enfilant du même coup sa main sous son haut.

Comme prévu, la suite de la soirée et même de la nuit fut pour le moins mouvementée. Pablo s’était imaginé ce moment à plusieurs reprises, mais il avait découvert une Lys pleine de surprises, qui avait rendu leur nuit tout simplement parfaite avant de s’endormir à ses côtés. Le lendemain matin, ce sont des bruits de marteau ou de tout autre outil désagréables qui réveillèrent le latino. Ce dernier grogna en grimaçant, et heurta Lys en voulant se tourner pour se cacher sous son oreiller. « Hmmmm ! » Tant bien que mal, il parvint à extirper le dit oreille de sous la tête de Lys qui en avait piqué un bout, et l’écrasa sur son visage sans que cette solution n’atténue le bruit qu’il voulait fuir. Certainement de nouveaux ouvriers venus pour réparer l’ascenseur pour de bon… Quoi qu’il en soit, et surtout après la nuit qu’ils avaient passé, ce n’était vraiment pas une heure pour venir les déranger !

Lys n’eut pas besoin de répéter ce qu’elle venait de dire deux fois. En même temps, depuis le temps qu’il devait attendre ça. Il devait se sentir tellement sûr de lui et de son charme maintenant. Demain, ou plus tard, il faudrait qu’elle songe à le remettre à sa place mais ça pouvait attendre un peu là. Peu après qu’elle ait parlé, Pablo la porta jusqu’à sa chambre et la jeune femme se retrouva alors allongée sur le lit du jeune homme. Il l’embrassa alors à nouveau.

Après, une nuit comme celle-ci, Lys aurait bien mérité de dormir jusqu’à très tard dans la matinée. Elle ne demandait pas grand-chose là, juste un peu de sommeil. Elle n’eut cependant pas le droit à ça. Ce n’est en aucun cas les bruits provoqués par les ouvriers non loin qui la réveillèrent. Non, ce fut juste Pablo lorsqu’il retira violemment son oreiller de sous la tête de la jeune femme. En vérité, ce n’était peut-être pas si violemment que ça, mais c’est comme ça que la jeune femme le ressentit. Il l’aurait poussé du lit qu’elle ne l’aurait pas plus mal pris. Parce que s'il y avait bien une chose dont la jeune femme avait horreur, c'était de se faire réveiller. Il n'y avait rien de mieux pour la mettre de mauvaise humeur. Elle se redressa brusquement un peu et lança un regard assassin au jeune homme. C’était inutile parce qu’il ne pouvait pas la voir. En effet, l’oreiller lui servait maintenant à elle ne savait pas trop quoi. Il l’avait écrasé sur son visage, sûrement à cause du bruit mais s’il croyait vraiment que ça pouvait changer quelque chose, il se trompait lourdement. En tout cas, maintenant qu’elle était réveillée, elle se retrouvait à hésiter entre plusieurs solutions : soit elle rentrait chez elle maintenant sans prêter plus attention au latino, soit elle tentait de se rendormir même si ça ne s’annonçait pas évident parce que maintenant, elle entendait bel et bien les coups de marteau et autre. Il y avait aussi une autre solution qui consistait à tuer le jeune homme pour se venger de son manque complet de galanterie mais elle se disait qu’il ne valait vraiment pas la peine qu’elle risque des ennuis avec la justice… Si elle avait su ça hier, elle n’aurait sûrement pas faiblit comme elle l’avait fait. Finalement, elle se contenta d’attraper l’oreiller que tenait Pablo qu’elle réussit à récupérer avec difficulté et le frappa une fois avec. « T’es vraiment trop nul, je dormais moi ! » Elle le frappa une nouvelle fois pour faire bonne mesure avant de se recoucher, la tête sur l’oreiller. « Et estime toi heureux que j’ai pas choisi de te tuer en t’étouffant avec ! »


MInuit est pas dépassé depuis longtemps je suis fière de moi Enfin juste pour ça parce que le reste ~ Je t'avais prévenue ~

Pablo ne put passer que quelques secondes seulement l’abri sous son oreiller. En effet, Lys ne tarda pas à le lui retirer violemment, lui arrachant par la même occasion un nouveau grognement plus bestial qu’humain. « T’es vraiment trop nul, je dormais moi ! » Encore à moitié endormi, le jeune pilote ne saisit pas tout le sens de sa phrase. A vrai dire, il ne s’était même pas réellement aperçu qu’il lui avait tout simplement volé l’oreiller sur lequel elle dormait paisiblement. « Je sais ! Moi aussi ! » articula-t-il de cette voix rauque caractéristique du matin. Sans qu’il ne puisse en dire plus, la jeune femme lui asséna un coup de coussin qui le fit sursauter, et finalement ouvrir un œil. « Mais aïe ! Qu’est-ce que tu fous ?! » Le latino voulut attraper le bras de Lys pour la stopper mais déjà, la jeune femme se recouchait à ses côtés. Pablo se renfrogna en constatant qu’elle avait bel et bien récupéré son coussin, et tourna la tête vers elle en fronçant les sourcils. « Et estime toi heureux que j’ai pas choisi de te tuer en t’étouffant avec ! » Aussitôt, un des sourcils du jeune homme s’arqua et il ne put réprimer un sourire en coin. Désormais il était prévenu, Lys était du genre violente lorsqu’on la réveillait en sursaut.

« Oh ça va… pardon ! » déclara-t-il toujours aussi amusé. Il pivota pour se retrouver tourné vers elle, et la regarda en silence pendant un long moment. Partagé entre le désir d’un réveil tout en douceur, et l’envie de se venger, le latino opta dans un premier temps pour un simple baiser sur la joue. Constatant qu’aucune représailles ne semblait se préparer, il se fit plus audacieux et avança sa main jusqu’à la taille de Lys sans la lâcher des yeux. Son regard de séducteur activé, Pablo espérait bien gagner le pardon de sa dulcinée pour le réveil en fanfare qu’il venait de lui faire vivre. Mais comme souvent, il avait une autre petite idée en tête. Le jeune homme s’approcha au maximum d’elle, allant même jusqu’à effleurer ses lèvres puis remonta sa main jusqu’à hauteur des côtés de Lys. Et là, sans prévenir, Pablo se mit à la chatouiller dans le but de lui rendre l’affront de son coup d’oreiller. Il n’avait absolument aucune idée de la réaction que pourrait bien avoir Lys, mais il n’en avait rien à faire. Il venait de passer une nuit des plus parfaites avec elle, et il se disait que quoi qu’il arrive, ils seraient toujours en mesure de recoller les morceaux sous la couette. Si elle avait apprécié cette nuit autant que lui, elle ne pourrait décemment pas lui en vouloir…

Lys n’était absolument pas du matin déjà ne temps normal alors quand elle n’avait pas dormi la nuit, c’était pire que tout. Les gens qui la côtoyaient régulièrement avait fini par apprendre cela, à leur dépens parfois et arrivaient à s’en accommoder. La seule personne à qui elle ne faisait pas regretter quand elle la réveillait, c’était sa mère. Déjà, parce qu’elle n’avait pas le choix et aussi parce que d’elles deux, c’était cette dernière qui gagnait au concours de la plus détestable. Lys préférait mieux éviter d’avoir à subir la mauvaise humeur de l’autre pendant toute une journée. Pablo n’était donc en aucun cas une exception et il pouvait s’estimer heureux qu’elle se soit contenté de lui reprendre son oreiller quoi. Pourtant, à en juger par la manière dont, il s’exprimait, c’était tout sauf le cas. Il ne savait vraiment pas sa chance décidément ! « Je sais ! Moi aussi ! » La jeune femme soupira, il ne dormait pas puisqu’il venait de la réveiller, il ne fallait pas pousser non plus. Elle lui asséna alors un coup d’oreiller, simple vengeance. « Mais aïe ! Qu’est-ce que tu fous ?! » Mais Lys ne l’écoutait déjà plus, elle s’était rallongée bien décidée à se rendormir. Enfin presque, elle ajouta quand même quelques mots sur le fait qu’il pouvait s’estimer heureux, histoire qu’il lui soit un peu reconnaissant quoi. C’est vrai que tout le monde rêvait de se faire frapper par un coussin au matin, c’était tout à fait normal et justifié d’être reconnaissant pour ce genre de choses.

A présent, pour elle, l’épisode était fini. Elle fermait déjà les yeux, malgré le bruit, elle ne doutait pas de retrouver le sommeil. « Oh ça va… pardon ! » Encore une fois, elle l’écoutait à peine, elle lui pardonnerait peut-être plus tard, quand elle aurait un peu de sommeil en plus, en attendant, s’il voulait juste bien se taire, tout serait parfait. Comme elle ne formulait pas tout ça, elle espérait vraiment qu’il savait lire ça dans ses pensées et comprendre qu’il fallait lui foutre la paix. Malheureusement, elle fut bien forcée de se rendre compte que ce n’était pas le cas lorsque Pablo se rapprocha d’elle. Elle ne se méfia même pas, pensant qu’il voulait juste se racheter avec un baiser ou quelque chose dans ce genre-là. Il pouvait toujours courir d’ailleurs, il ne l’aurait pas si facilement cette fois, elle savait se montrer forte une fois de temps. Son intention n’était cependant celle-là et il se mit soudainement à la chatouiller. La jeune femme se mit aussi tôt à rire, elle avait toujours été très chatouilleuse et c’était quelque chose qui, malheureusement pour elle, ne disparaissait pas si facilement. Elle était encore ado quand elle en était arrivée à la conclusion qu’il n’existait pas pire torture que les chatouilles. Là, elle se défendit du mieux qu’elle le pouvait entre deux éclats de rire. Elle avait envie de le tuer, vraiment. « Arrête… S‘te plaît… »Elle le frappa vaguement mais elle n’était pas certaine qu’il ait sentit grand-chose vu le peu de force qu’elle avait mis dans son coup. Respirer lui demandait trop d’effort et elle avait un peu mal au ventre à cause de rire. « Je t’en supplie… je vais mourir sinon. » Et elle n’exagérait rien, elle était presque certaine que cela allait arriver sous peu, surtout vu l’effort que ça lui avait réclamé d’articuler ça. Il s’arrêta quand même et elle en profita pour respirer à nouveau tranquillement. Si jamais il s’avisait de recommencer ça, elle le tuer c’était décidé. En lui arrachant la tête ou quelque chose comme ça, elle trouverait bien au moment venu. « Sache que… je te déteste. Vraiment. Tu pues et tu mérites tellement pas d'avoir passé la nuit avec moi ! »

L’effet de l’assaut de Pablo ne se fit pas attendre bien longtemps. Dès qu’il commença à chatouiller Lys, cette dernière se mit à se tortiller dans son lit tout en riant aux éclats. Et le simple fait de l’entendre rire et de la voir agir suffit à le faire rire également. De toutes les maigres forces qu’elle avait, la jeune femme tenta de le frapper mais son assaut était tellement ridicule qu’il ne servit qu’à ce que Pablo reprenne de plus belle. Entre deux éclats de rire, elle lui demandait d’arrêter, et le supplia même au bout d’un moment. Intéressé et toujours aussi amusé, le jeune pilote stoppa son offensive en souriant. « Vraiment ? Tu viens de me supplier ? Wow, alors je viens de trouver ton point faible hein ? » Plutôt fier de lui, le latino ne se laissa pas avoir pour autant et, histoire de garder le contrôle de la situation, empoigna les mains de Lys dans les siennes pour l’empêcher de trop bouger.

« Sache que… je te déteste. Vraiment. Tu pues et tu mérites tellement pas d'avoir passé la nuit avec moi ! » Lui laissant reprendre un peu son souffle et ses esprits, Pablo resta immobile quelques instants en la fixant avec un sourire, puis reprit : « Je ne t’ai pas forcée à passer la nuit ici il me semble ! Et pourtant tu es toujours là… » Son regard était plein de sous-entendus et il faisait clairement allusion à la nuit torride qu’ils venaient de passer et qu’ils avaient, il en était certain, tous les deux apprécié. Comme pour s’assurer qu’elle ne tenterait pas une vengeance tardive, le jeune homme s’installa à califourchon sur Lys, en prenant bien soin de ne pas l’écraser pour autant. Ses poignets étant toujours enserrés dans ses mains, elle était désormais plus ou moins prise au piège. « Tu savais que quand tu ris, on voit ta veine du front ? » déclara-t-il en riant et sans vraiment de rapport avec ce qu’il se passait. Mais c’était bel et bien quelque chose qu’il avait remarqué pendant qu’elle riait et qui avait retenu son attention. La voyant venir, pointa son doigt en l’air sans pour autant la lâcher et déclara très solennellement : « Attention, je n’ai pas dit que c’était moche ! Au contraire… » ajouta-t-il d’un ton plus doux, adoptant sa voix la plus suave. Il s’approcha lentement d’elle, allant jusqu’à effleurer ses lèvres mais juste au moment de l’embrasser, il se retira et la libéra de son emprise pour quitter subitement la chambre sans plus d’explications.

Ce n’est que quelques minutes plus tard que le latino refit son apparition dans la pièce, trouvant Lys toujours allongée dans son lit. Pablo arborait un sourire satisfait et portait avec lui un énorme plateau garni d’un petit déjeuner complet. Il se concentra pour ne rien renverser en s’installant de nouveau à côté de la jeune femme, et posa son plateau sur leurs genoux. « Tu prendras bien ton petit déj’ avec moi ? » questionna-t-il sans vraiment lui laisser le choix dans la réponse, entamant sans attendre son bol de café noir.

Pablo avait enfin daigné arrêter de la torture. Ce n’était vraiment pas trop tôt ! Cependant, Lys n’était toujours pas satisfaite, elle aurait préféré qu’il ne soit pas si souriant et qu’il n’est pas l’air si satisfait et fière de lui. Il avait failli la tuer après tout, il se serait trouvé malin si elle était morte dans son lit quoi. « Vraiment ? Tu viens de me supplier ? Wow, alors je viens de trouver ton point faible hein ? » La jeune femme secoua la tête. « Ne dis pas de bêtises, je le faisais exprès, je n’ai pas de point de faible. Aucun » Et elle n’était pas du tout de mauvaise foi en plus de ça.

En tout cas, elle le détestait vraiment. Elle venait de le lui dire d’ailleurs mais elle n’avait pas l’impression que ses paroles aient eu un très grand impact sur lui puisqu’il était toujours en train de sourire comme un débile. « Je ne t’ai pas forcée à passer la nuit ici il me semble ! Et pourtant tu es toujours là… » Ouais, il n’avait pas tout à fait tord là-dessus. Mais ça, elle n’allait sûrement pas me lui dire. Quant à savoir ce qu’elle faisait encore là, elle-même l’ignorait. Elle se posait la question maintenant d’ailleurs mais n’arrivait pas à trouver une seule raison valable à part peut-être qu’elle avait été trop fatiguée et pas assez courageuse pour quitter l’appartement quand elle y avait pensé tout à l’heure. Ca n’avait rien à voir avec lui quoi. Elle le regrettait beaucoup maintenant mais elle n’envisageait quand même pas de partir. Maintenant, elle devait se venger de ce qu’il venait de lui faire subir. Après seulement elle pourrait partir en paix. Malheureusement, Pablo semblait s’être douté de ce qui pouvait lui traversait l’esprit et avait bien veillé à ce qu’elle soit incapable de mettre en place sa vengeance. Parce que pour se venger, il aurait d’abord fallu qu’elle soit capable de bouger et là, ce n’était pas le cas. Elle était donc limitée à simplement lui lancer un regard noir pour le moment. « Tu savais que quand tu ris, on voit ta veine du front ? » Surprise, la jeune femme fronça les sourcils. Elle ne voyait pas trop pourquoi il lui disait ça maintenant. Un nouveau doute envahi son esprit, est-ce qu’il était en train de se moquer d’elle en soulignant ça ? Parce que si c’était le cas, ça n’allait pas arranger son cas. Il reprit la parole bien vite. « Attention, je n’ai pas dit que c’était moche ! Au contraire… » Elle restait très dubitative là-dessus. Elle n’eut néanmoins pas le temps de le lui dire puisqu’il s’approcha d’elle, presque au point de l’embrasser et puis… il se redressa et quitta la pièce. Crétin !

Lorsqu’il revint, Lys n’avait toujours pas bougé. Elle ne savait pas pourquoi d’ailleurs, elle n’avait pas apprécié du la manière dont il venait de la planté. Elle faisait à moitié la gueule mais ceci ne dura pas quand elle aperçut le plateau de petit-déjeuner bien garni que Pablo ramenait. Il s’installa sur le lit avant de lui demander : « Tu prendras bien ton petit déj’ avec moi ? » Là, elle n’avait plus vraiment le choix de dire oui. Mais bon, elle n’aurait jamais dit non à ça de toute façon, surtout quand elle mourrait de faim comme là. En guise de réponse, elle attrapa un bol de café. « Tu remontes un peu dans mon estime là. »En lui apportant le petit-déj, il s’était presque racheté de l’avoir réveillé et de l’avoir torturé. Presque seulement. Et si elle acceptait de prendre le petit-déjeuner tranquillement, ça ne voulait pas dire qu’elle avait renoncé à se venger. Ca attendrait juste un autre moment.