25 Décembre, Noël. Depuis que je suis petit, Noël est une fête qui a une signification particulière pour moi. Non pas que je sois croyant ou quoi, loin de là. J’étais à mille lieues de la religion, des cultes, des croyances occultes. Mais lorsqu’on est jeune, encore enfant, Noël est une période importante, parce que c’est un mythe. L’enfant est à la fois inquiet de voir que quelqu’un le surveille toute l’année pour voir s’il mérite ses cadeaux, mais en même temps rassuré : si jamais il arrive quelque chose, cette personne pourra toujours l’aider. Le jour où j’ai compris que le Père Noël n’existait pas, j’ai vu une partie de mon monde rassurant s’écrouler. Je me sentais trahi ; mes parents m’avaient menti sur un sujet que je pensais grave. Mais ils avaient essayé de me consoler, de mieux possible, mais il manquerait toujours quelque chose ; il manquerait toujours cette impression de savoir que quelqu’un veille sur vous. Parce qu’au fond, vous êtes seul, définitivement seul. Et cette sensation ne fit que se renforcer avec les années ; elle atteint même son apogée quatre ans plus tard, lorsque ma mère avait décidé de débarrasser le plancher, sans aucune explication. Mon père avait tenté de me faire croire qu’elle était partie en vacances ; mais quelle mère aurait envie de partir en vacances un 25 décembre, plutôt que d’être avec son fils unique ? Aucune, ou en tout cas, aucune mère digne de ce nom. « Stanislas, tu rêves là ! » S’exclama mon père, passant une main devant mes yeux, comme pour me faire réagir. Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais resté assis, à le fixer, les yeux perdus dans le vague. Apo, qui se trouvait à ma droite, parlait avec la nouvelle femme de mon père, ma belle-mère donc, qui était aussi la mère d’Azure. « Oui, excuse-moi. Noël, tout ça… Ce n’est pas franchement mon truc. » Dis-je en roulant des yeux. Et si avec ça il ne comprenait pas, franchement, il était complètement à côté de la plaque. « Ce n’est pas le moment de parler de ça ou de penser à ça. » Répliqua mon père d’un ton glacial, en français. Tiens, aurait-il quelque chose à cacher à sa nouvelle épouse ? Hypothèse à creuser, sait-on jamais, ça pourrait peut-être les faire se séparer. « Azure n’est pas là ? Décidément, c’est à se demander si elle fait bien la différence entre festivités et obligations. » Continuais-je sur un ton beaucoup plus amusé. Ahh mon cher père, tu ne veux pas parler de ton ex femme ? Très bien, parlons de ta belle-fille. Et amusons-nous un peu. Ma belle-mère nous regardait, sentant la tension monter entre nous. Pourtant, elle ne fit rien pour réagir. Mon père tapa du point sur la table, se redressant brusquement. « Je commence à en avoir sérieusement marre de toi, Stanislas. Tu es ingrat, indigne, toujours là à faire des commentaires désobligeants ! Tu ne fous rien de tes journées, tu passes ton temps à critiquer, et t’es même pas foutu de faire le moindre effort ! » Je voulais bien être gentil, mais trop, c’était trop. Et là, je n’allais certainement pas laisser passer ce qu’il venait de me dire. Il allait me le payer. J’ai roulé des yeux, me redressant à mon tour. Les deux De Courbel face à face, le combat était lancé. Et je comptais bien le gagner. « T’en as marre ? Parfait. Excellent même, comme ça on est deux. J’en ai ras-le-bol de ta petite vie parfaite, que tu joues au redresseur de tort avec moi alors que tu es loin d’être parfait ! » M’exclamais-je, un doigt pointé sur lui. « T’es toujours là à me faire la morale, sous prétexte que je suis ton fils, mais tu ne me connais pas ! » Continuais-je, toujours plus fort. Trop, c’était trop. Je ne supportais plus cette situation, et plutôt que de continuer à faire semblant, j’ai repoussé ma chaise, quittant précipitamment la pièce.

Apollinaria souriait depuis quelques minutes maintenant et commençait à ressentir ses muscles de la joue. Elle se serait cru dans un dîner mondain officiel où elle devait paraître à chaque instant mais il n'en était rien. Elle était invitée à un dîner de Noël avant de prendre l'avion ce soir pour se rendre pour cette fête familiale au Luxembourg. Noël était très importante pour la jeune duchesse et elle comptait se rendre au plus vite en famille pour la fêter comme tous les ans, dans le château de Berg où elle retrouvait ses ex beaux-parents, Nathan et son père. Ca n'était pas toujours l'éclate totale mais elle ne manquerait pour rien au monde cette partie de l'année. Elle avait été surprise quand Stan lui avait annoncé qu'elle était invitée avec sa famille mais avait finalement accepté, plus par amitié pour lui que pour autre chose. Elle ne pensait pas qu'il y avait une quelconque idée cachée. A table, à son côté se trouvait Stan et sa belle-mère avec qui elle avait commencé une conversation. Elles parlaient des nouvelles collections printemps/été et, bien que la conversation ne soit des plus importantes, Apo passait une relative bonne soirée. Tout ne se passa malheureusement pas de ce même acabit. Stanislas avait commencé à parler d'un ton un peu sec à son père et celui-ci lui avait répondu en français. Apo, surprise, comprit naturellement tout ce qui venait de ce dire car le français était une des langues officielles du Luxembourg et s'interrogea sur la signification des paroles. Qu'est-ce que c'était que "ça" ? Une chose honteuse dont il ne fallait pas parler ? Apollinaria continua de parler avec la femme à ses côtés mais tendit l'oreille pour voir comment aller tourner la suite de la conversation. Mais... « Je commence à en avoir sérieusement marre de toi, Stanislas. Tu es ingrat, indigne, toujours là à faire des commentaires désobligeants ! Tu ne fous rien de tes journées, tu passes ton temps à critiquer, et t’es même pas foutu de faire le moindre effort ! » Apo se redressa brusquement, hérissée par de telles paroles. Elle n'y était pas habituée. Dans son monde, tout le monde faisait des sourires et ne disait pas ce qu'il pensait réellement. Mais, plus tard, ils ne se gênaient pas pour faire ressentir ce qui n'allait pas. Ils réglaient cela en privé. C'est pourquoi Apo trouva ça bizarre de faire ressurgir tant de contradictions à table, devant des invités qui plus est. Stan réagit comme la jeune femme le pensait, en se dressant contre son père. Elle le connaissait maintenant un peu pour anticiper ses réactions. C'est pourquoi elle ne fut pas étonnée quand il claqua la porte. Elle prit alors son temps, reposant la serviette qu'elle avait à la main et se levant avec grâce. « Excusez-moi... » Elle ne perdait pas son sang froid et son savoir-vivre quelle que soit la situation. Elle sortit de la pièce en prenant soin de refermer délicatement la porte. Elle suivit Stan avant de se planter devant lui, bras croisés. « Ca ne pouvait donc pas attendre cette mise à mort ? » s'exclama-t-elle, un peu contrariée. Puis elle soupira légèrement avant de demander doucement tout en posant une main sur son bras pour le calmer « Qu'est-ce qui se passe Stan ? »

La situation n’avait rien d’agréable pour moi. Les tensions avec mon père ne dataient pas d’hier ; à vrai dire, je crois même qu’elles remontaient au départ de ma mère, quinze ans plus tôt. Il n’avait pas su faire son deuil, n’avait pas été capable de m’aimer comme il aurait dû le faire. Peut-être que je ressemblais trop à ma mère, peut-être que j’étais trop indépendant, peut-être que. Je n’en savais rien, après tout. Mon grand-père, qui m’avait toujours soutenu, était parvenu à combler ce manque affectif. Il avait été la figure paternelle de mon enfance, tandis que mon propre père passait sa vie à courir le monde pour trouver de meilleurs investissements. Mais ça, bien sur, Apo ne pouvait pas le savoir. C’est pour cela que j’ai préféré quitter la table, avant que les choses ne s’enveniment davantage. Mieux valait prendre la tangente, avant que la troisième guerre mondiale n’éclate. D’un pas pressé, je suis allé me réfugier dans ma chambre ; j’ai commencé à faire les cent pas, dépassé par la situation. Puis, quelques instants plus tard, Apo vint me rejoindre. Elle referma la porte derrière elle, avant de me faire une remarque. « Je t’en prie Apo, ce n’est vraiment pas le moment. » Lâchais-je, glacial. J’appréciais vraiment Apo ; avec le temps, elle était devenue une véritable amie. Mais comme elle le savait très bien, il y avait certains moments où il était préférable de ne pas trop me chauffer. Ce qui était exactement le cas aujourd’hui. « Excuse-moi Apo, j’voulais pas être désagréable avec toi. » Dis-je en m’avançant vers elle, posant mes lèvres sur son front. Ultime geste de tendresse, avant le retour à un profond énervement. La luxembourgeoise n’y était pour rien dans cette situation catastrophique, et passer mes nerfs sur elle n’aurait pas arrangé les choses, bien au contraire. « J’ai des problèmes avec mon père. » Avouais-je en relevant les yeux vers elle, électrisé par cette main qu’elle venait de poser sur mon bras. Je lui étais reconnaissant de vouloir me calmer. « Mais tu avais dû le comprendre… » Dis-je en roulant des yeux. Fatiguant, usant. Les choses étaient de plus en plus difficiles à vivre pour moi, ici, et ça n’allait pas en s’arrangeant. J’ai soupiré, blasé, las. Puis je me suis dirigé vers mon placard, avant d’en retirer ma valise, que j’ai déposé sur mon lit. Avec des gestes précipités, je l’ai ouverte, avant d’aller récupérer les piles de fringues qui se trouvaient dans mon armoire. « Je dégage d’ici, définitivement. » Lâchais-je en soupirant. Les secondes passaient, et la valise se remplissait. J’avais mon propre appartement dans l’Upper East Side – que je comptais bien retrouver dès ce soir, contrairement à ce qui était prévu – mais je conservais une chambre dans l’appartement de mon père. En tout cas, jusqu’à ce soir, parce que je ne comptais pas rester ici plus longtemps. J’ai refermé ma valise, puis j’ai attrapé la main d’Apo. « Tu viens avec moi ? Ou tu comptes finir la soirée ici ? » Demandais-je, espérant sincèrement qu’elle allait choisir la première option. J’ai été posé ma valise dans l’entrée, avant de me rendre dans le salon, pour m’excuser auprès de ma belle-mère. Je ne la portais pas dans mon cœur, certes, mais je n’avais pas non plus voulu lui gâcher son repas de Noël. « Désolé. » Dis-je en allant l’embrasser. « Je ne voulais pas que ça se déroule comme ça. » Murmurais-je, conscient que mon comportement et celui de mon père laissaient à désirer. « Quant à nous, je pense que nous n’avons plus rien à nous dire. » Renchérissais-je, toujours aussi glacial, et en français. La messe était dite ; je n’avais plus rien à rajouter… Jusqu’à ce que ma demi-sœur fasse son entrée en piste. « Tu arrives un peu tard, on s’en va. » Dis-je en posant mon regard sur elle. « Joyeux Noël. » Murmurais-je, sans grand enthousiasme.

Apollinaria ne se voyait pas rester dans la salle à manger dans cette ambiance pour le moins étrange sans Stan, le seul qu'elle connaissait réellement ce soir-là. C'est pourquoi elle ne s'était pas posé de questions et avait suivi son ami qui venait de se prendre la tête avec son père, sans qu'elle comprenne pourquoi. Elle ne voulait pas rester sur un échec et voulait comprendre ce qui l'avait poussé à partir ainsi de la table de Noël, sensé être une fête familiale. Alors qu'elle l'avait rejoint dans sa chambre, il était toujours aussi énervé et en train de faire son sac. « Je t’en prie Apo, ce n’est vraiment pas le moment. » Elle leva les yeux au ciel. Bien sûr que ça n'était pas le moment, elle le savait, mais elle voulait avoir des explications. Bien qu'ils ne sortent pas ensemble, elle se sentait concernée par tout ce qui se passait dans sa vie et elle ne voulait pas le voir souffrir. « Excuse-moi Apo, j’voulais pas être désagréable avec toi. » lui dit-il en l'embrassant sur le front. Elle ne lui en voulait absolument pas, elle commençait à le connaître désormais depuis le temps qu'ils jouaient à ce jeu de chat et de souris devant les caméras. Elle esquissa un léger sourire pour lui montrer qu'elle ne lui en prenait pas rigueur.

Plus doucement, elle tenta une autre approche en posant une main sur son bras, espérant qu'il lui en dise plus. « J’ai des problèmes avec mon père. Mais tu avais dû le comprendre… » Elle hocha la tête sans pourtant répondre quelque chose. Elle attendait qu'il continue les explications car, pour l'instant, ça n'était pas vraiment très explicite. Elle ne saisit toujours pas ce qui l'avait poussé à réagir de la sorte mais comprenait que les histoires familiales pouvaient être plutôt compliquées et gênantes. La famille peut nous pousser à faire des fois des choses dont on ignorait qu'on en était capable, dans le bon comme dans le moment sens... Malheureusement pour sa curiosité, il n'en dit pas plus et se contenta d'affirmer qu'il partait d'ici définitivement. Apollinaria souleva un sourcil et demanda laconiquement « Pour aller où ? ». C'était donc aussi grave que cela comme crise ? Pas d'aménagements et de médiation possible ? Stan referma sa valise et lui attrapa la main avant de demander, un peu suppliant « Tu viens avec moi ? Ou tu comptes finir la soirée ici ? » La jeune femme lui serra la main par compassion avant de rire légèrement « Bien sûr que je viens avec toi ! Tu as quelques explications à me fournir je crois... »

Ils descendirent les marches et se retrouvèrent finalement dans le salon. Un peu surprise qu'il ait tout de même la courtoisie de dire au revoir, Apollinaria le suivit pendant qu'il s'excusait auprès de sa belle-mère. A ce moment précis, elle remarqua la présence d'une autre jeune femme qui lui tendait une main tout en se présentant. Azure... Elle connaissait ce nom... N'était-ce pas la belle-soeur de Stan ? Ca serait logique, dans une fête familiale. Apollinaria, qui répondait toujours aux convenances, quelle que soit la situation, serra la main de la jeune femme avant de se présenter à son tour. « Enchantée, Apollinaria. » Mais Stan ne semblait pas avoir pour autant faibli dans son envie de s'enfuir au plus vite de cet endroit. La jeune Luxembourgeoise esquissa un léger sourire avant de remercier les hôtes de ce dîner. « Merci de m'avoir conviée à cette soirée mais je vais y aller... » Elle se tourna alors vers Stan, attendant qu'il se décide à bouger de là.

« Je rentre Apo. » Apollinaria hocha la tête. Ça, elle avait compris, elle serait capable de faire une dissertation dessus. Elle avait bien vu que la situation avec son père était arrivée à un stade catastrophique et qu'il ne voyait comme moyen que de retourner en Russie. Bien qu'elle comprenne, elle n'adhérait pas tout à fait à cette logique. Elle n'était pas du genre à abandonner facilement et elle allait jusqu'au bout, coûte que coûte. Elle ne savait pas trop où en était la rééducation de Stan ni même s'il était capable de rejouer à un niveau international mais tout semblait être commandé par ses émotions et par rien d'autre. Et ça, c'était quelque chose qu'elle ne cautionnait pas. Prendre des risques prématurés sur sa santé juste parce qu'on s'entend plus avec son père... No way. « Chez moi. J’ai laissé ma vie entre parenthèses trop longtemps. » La jeune princesse fit la moue, pas vraiment sûre de la véracité de ses propos. « Et ici, c'est pas ta vie ? » Elle avait presque envie de rajouter "et moi, je ne fais pas parti de ta vie ?". Même si rien n'était figé et défini entre eux deux, une complicité et une amitié s'était formée, bien qu'elle soit étrange, il faut l'avouer.

Ils descendirent tous les deux dans le salon, faisant la connaissance d'une nouvelle jeune invitée et s'affranchissant de l'invitation de la famille de Stanislas. Un sourire contrit se forma alors sur le visage de la jeune princesse, histoire de se donner une contenance le temps de prendre congé. « C’est Azure, ma demi-sœur. » Un peu surprise, Apollinaria se tourna vers la jeune homme et laissa échapper un léger « Oh. » Elle aurait pu s'en douter mais franchement, elle avait autre chose à penser. Après un dernier sourire, ils sortirent de l'appartement et se mirent à héler un taxi. « Je m’excuse pour la soirée. Je ne pensais pas que ça se déroulerait comme ça… » Apollinaria souleva un sourcil avant de répondre du tac au tac « Moi non plus. Je ne m'attendais pas à un mélodrame familial... Je croyais que ça arrivait que chez moi, quoi que, chez moi, c'est un peu plus contrôlé... » Elle eut un petit sourire avant de caresser doucement la joue de Stan pour le rassurer. Elle le voyait, il n'était pas très à l'aise et était encore énervé de ce qui venait de se passer. Ils montèrent dans le taxi et Stan reprit la parole « Tu avais des questions, je crois ? » Apollinaria s'installa confortablement contre le dossier avant de reconcentrer son regard sur Stanislas. Elle prit un ton concerné et un peu angoissé « Tu es sûr que tu es suffisamment rétabli pour reprendre ta carrière ? » Puis, se rendant compte de son ton et ne voulant pas paraître pathos, elle reprit « Je dirais quoi aux journalistes quand ils me demanderont comment j'ai pris le fait que tu me quittes pour un club de foot... »

« Si, mais ça ne l’était que momentanément. » Ca, Apollinaria le savait ou du moins, elle tentait de s'en souvenir. Il avait très rapidement pris de la place dans sa vie et en faire sortir aussi vite serait un peu compliqué et bizarre. Bizarre d'aller à des soirées sans lui, de rentrer seule. Quoi que maintenant, elle avait Milo et elle ne rentrerai pas vraiment seule. Finalement, à bien y penser, c'était peut-être une bonne idée qu'il s'en aille en Russie. Elle n'aurait pas de tentations alors qu'elle essayait de créer une relation simple et basée sur la vérité et la tendresse avec le brésilien. Stan dans les parages l'amènerait à réfléchir, voire à fléchir. Mais elle n'avait nullement envie de lui expliquer tout cela, il trompait bien Aloysia et ça ne gênait pas Apollinaria d'être celle avec qui il faisait cela. Comment lui expliquer alors qu'elle ne voulait pas être infidèle à Milo ? Alors qu'elle avait eu quelques difficultés plus jeune à mettre à bien tous ses principes. Quand elle était adolescente, elle s'est un peu amusée avec d'autres gars qu'Alexandr, Aaron par exemple, mais lorsqu'ils s'étaient mariés, elle avait arrêté tout, bien que leur mariage n'eut pas duré longtemps avant qu'Alexandr meure sous le revolver de son amant. Raison de plus pour ne pas tromper Milo avec Stan, bien qu'elle doute qu'il puisse tuer le brésilien par jalousie. Mais après tout, valait mieux être prudente... « S’il te plait, ne le prends pas comme ça… » Apollinaria fit la moue comme si ça ne l'atteignait pas. Elle ne voulait absolument pas se montrer fragile à ses yeux. Pas question. « Qu'est-ce que tu crois ? Je vivais avant toi ! » s'exclama-t-elle en haussant les épaules, l'air faussement détaché. « Tu sais bien que ça n’a rien à voir avec toi. Et si tu ne le savais pas, maintenant, tu es au courant… » Un sourire naturel vint se poser sur les lèvres de la jeune femme. Bien sûr qu'elle le savait mais ça faisait toujours plaisir de se l'entendre dire... Apollinaria était sûre d'elle-même, pas imbue, juste réaliste. Et la réalité était qu'ils passaient toujours de bons moments ensemble et que jamais il n'avait dit qu'il voulait partir loin d'elle à cause de ce qu'elle aurait pu dire ou faire.

Apollinaria et Stan se retrouvèrent dans la voiture. « Je ne sais pas. Le kiné m’a dit que c’était bon, mais que je devais rester vigilant… » La jeune princesse hocha la tête sans répondre quelque chose. Tout était dit. Il savait qu'elle tenait un minimum à lui mais elle ne voulait pas en rajouter, souligner le fait qu'il avait pris beaucoup de place dans sa vie à présent et qu'elle s'inquiétait de son état de santé. Puis elle demanda ce qu'elle devait déclarer aux journalistes lui demandant comment elle se sentait après leur "séparation" puisqu'ils pensaient qu'ils étaient en couple. « Tu leurs diras que je suis un vrai goujat. » Elle eut un petit rire « Ca, c'est plutôt vrai... » déclara-t-elle, malicieuse. « Ou que je t’ai trompé. » Cette fois-ci, elle ouvrit en grand la bouche, choquée par ses paroles. « Tu crois vraiment que je vais leur dire ça ? » Il était hors de question, absolument pas question de dire ce genre de choses à la presse. Déjà qu'être trompée ne devait pas être franchement agréable alors le dire au monde entier alors que c'était faux... Hors de question. « Ah nan, mieux ! Que nous nous sommes séparés pour différents irréconciliables. C’est bien, ça, non ? » Nouveau sourire tandis qu'elle hochait la tête, convaincue par cette excuse cette fois-ci. « Ca, c'est beaucoup mieux ! »