❝ Heinz,
Je viens de dire au revoir à ma mère, mon père ne m’adresse toujours pas la parole... Je crois qu’il prend mal le fait que sa petite fille unique parte comme ça rejoindre un inconnu -selon lui- à des centaines de kilomètres de lui et de sa protection. Je ne voulais pas partir sur cette situation mais maintenant l’heure du départ approche et je n’ai plus le temps de revenir en arrière. Mas je l’ai voulu, j’y ai pensé. Tu comprends ce que je ressens je suppose... Partir comme ça loin de chez moi pour vivre de la photo alors qu’à New York il doit y avoir beaucoup de personnes bien plus douées que moi... C’est effrayant. Mais ça me rassure de me dire que je ne serais en fait pas si seule que ça puisque tu seras là, à m’attendre à la sortie de cet avion ! Je te le dis, tu n’as pas intérêt à me poser un lapin ! Je te le ferais payé mon p’tit bonhomme ! Surtout que j’ai imaginé des dizaines de scènes de rencontre alors je serais déçus de ne pas savoir ce qui, finalement, va se passer ! Au fait, je me demandais comment tu allais me reconnaître puisque tu ne m’as jamais vu... En désespoir de cause j’ai fouillé dans mon armoire un vêtement bien particulier que tu ne pourrais pas raté et je me suis décidé pour un chapeau de cowboy que je me suis offert quand je suis allé au Texas pour mes 20ans ! Je serais donc la fille déguisée en cowboy avec un appareil photo à la main, je suppose qu’il n’y en aura qu’une ! Je pense à toi et j’espère que tu ne m’auras pas oublié !
Charlie J.
P.s : tu pourras m’apporter un coca ? J’en meurs d’envie et je n’ai pas le droit d’en prendre dans l’avion ! Tu serais vraiment un amour ! ❞

Enzo pourrait presque avoir sa propre place de parking à l'aéroport de JFK. Entre les fois où il rejoignait son père sur l'une des dates de sa tournée, celles où il rejoignait ses plus jeunes frères et soeurs à Girona, ses voyages humanitaires ou bien encore des simples vacances pour le fun ou aller rendre visite à un vieil ami, il avait fini par connaître par coeur tous les détours menant aux différents terminaux. Il trouva d'ailleurs sans souci une place où se garer pas trop loin d'où il savait que Charlie allait atterrir et vérifia sa montre avant de courir jusqu'à l'intérieur de l'un des halls de l'aéroport. Réalisant qu'il avait tout juste le temps, il s'arrêta dans l'une des premières brasseries qu'il trouva pour prendre une cannette de coca et, fier de lui, se dirigea vers le hall des arrivées.

Il ne savait pas comment décrire comment il se sentait, à quelques instants seulement d'enfin se retrouver face à face avec Charlie. Il appréciait la jeune femme, l'admirait même depuis plusieurs années, d'une admiration d'ailleurs réciproque qui avait vu naître une amitié loin des conventions, à travers leurs blogs respectifs. Paradoxalement, il avait l'impression de connaître moins bien certains des amis qu'il cotoyait tous les jours que Charlie, avec qui il ne communiquait qu'à travers les différents outils de la Toile, bien qu'il ai peur de ne savoir pas du tout comment agir avec elle une fois qu'ils se retrouveraient face à face. Mais forcément, lorsqu'elle avait exprimé le désir de venir à New York pour tenter sa chance en tant que photographe, il n'avait pas hésité à lui proposer de partager son appartement : il croyait en elle, et il en avait la possibilité. Il s'appuya contre l'une des colonnes du hall en attendant d'apercevoir un chapeau de cow-boy dépasser de la foule de voyageurs qui se pressaient de tous les côtés.

Lorsqu'il l'aperçut enfin, un sourire apparut sur son visage et il se redressa. Remarquant qu'elle semblait le chercher sans être capable de l'identifier, et remarquant pour sa part qu'il la trouvait légèrement plus petite que ce qu'il n'aurait imaginé, il lui laissa un instant avant de la rejoindre, se glissant derrière elle sans attirer l'attention. « Effectivement, c'est plutôt voyant... » entama-t-il sur une teinte d'humour une fois qu'il fut assez proche d'elle en posant un doigt sur son chapeau pour le tirer légèrement en arrière, un sourire toujours collé sur les lèvres.

: «- Heinz ! Tu m’as pas oublié ! » s'était exclamé Charlie en tombant immédiatement dans ses bras pour l'y serrer rapidement. Ravi de cette euphorie, Enzo répondit à son étreinte avant de se laisser observer par la jeune femme qui s'était reculée pour l'observer, avec tout de même un regard légèrement inquiet par ce qu'elle pourrait bien trouver à lui dire. : «- Hum... Je ne t’imaginais pas aussi grand ! A moins que ce soit moi qui suis trop petite ? » Le visage du jeune homme s'éclaira d'un sourire encore plus large et il rit avant de secouer la tête. « Je crois que c'est définitivement toi ! » répondit-il en commençant immédiatement par la taquiner. Alors il avait raison, c'était bien elle qui était plus petite ! Enfin, il savait ce qu'on disait des petits...

La jeune femme se fit bousculer et Enzo lança un regard meurtrier à l'homme qui l'avait poussée sans vergogne en se laissant entraîner un peu plus loin dans le hall. : «- Tu sais, un instant j’ai cru que tu allais m’oublier ! » reprit-elle. Le jeune homme posa son regard sur elle avant de lever les yeux au ciel, tendant la canette de coca si désirée à une Charlie désormais déstetsonée. « J'ai dit que je serais là ! Et j'ai même pensé à ton coca. » déclara-t-il très fier de lui avant de prendre d'office la valise de la jeune femme pour l'entraîner vers l'extérieur. « Viens, j'ai garé la voiture par là-bas. » expliqua-t-il en souriant avant de saluer un des hommes de la sécurité qu'il connaissait désormais et de sortir dans l'air étrangement doux de février. Tout en marchant, le jeune homme reprit la parole. « Le vol a pas été trop fatiguant ? » entama-t-il sur le ton de la conversation, pas le moins du monde gêné. Rapidement arrivé à la voiture, il en ouvrit le coffre pour engouffrer la valise de son amie à l'intérieur et l'invita à prendre place du côté passager. En entrant à son tour derrière le volant, il reprit la parole en mettant sa ceinture. « Ta chambre a déjà été sobrement préparée, si t'as besoin de te reposer. » crut-il bon d'indiquer pour la rassurer alors qu'il enclenchait le contact.

Maw désolée c'est minuscule, je me rattraperais

Enzo se contenta de rire à la remarque de Charlie sur le fait qu'elle avait une voiture ; pour lui, c'était tout bonnement naturel. D'abord, l'aspect financier ne s'était jamais mis sur le chemin, et même si il connaissait parfaitement la valeur de l'argent, si il avait besoin d'une voiture, il en avait une dans l'heure. Même si il aimait prendre le métro ou le bus, la plupart du temps pour s'adonner à des concerts improvisés, il s'était douté qu'avec un bagage, la voiture était la meilleure solution. Si elle était étonnée de ça, il n'imaginait même pas comment elle serait après avoir découvert son appartement !

Sur le chemin, il lui demanda comment c'était déroulé son voyage, et il ne fut pas étonné de la réponse. : « En fait si, un peu. Mais tu as déjà prit l’avion donc tu dois connaître ça, non ? Les enfants qui jouent, les gens qui dorment sur ton épaule... » Il répondit d'abord par un rire, hochant la tête pour approuver ses dires, et enchaîna immédiatement au souvenir de quelques perles qui lui étaient arrivées lors de l'un de ses innombrables voyages. « Les bébés qui pleurent, les bruits insupportables des chariots au milieu de ta sieste, l'inconfortabilité des sièges, les gens qui parlent fort... Ouais, je vois de quoi tu parles ! » s'exclama-t-il en lui adressant un regard complice avant de se reconcentrer sur la route. : « Je pensais plutôt prendre une douche, me changer et puis aller visiter la ville ! Je suis sûre que tu connais des endroits sympa ! Pour mon premier jour ici je ne veux pas le passer à dormir... A moins que tu aies prévu quelque chose aujourd’hui ? Parce que moi je m’invite mais.. Je peux visiter seule si tu ne peux pas. » Enzo, cette fois-ci, nia de la tête en tapant sur son volant. Il réfléchit un instant à ce qu'il avait prévu de faire de sa journée, mais la plupart du temps il était plutôt à improviser en fonction de qui l'appellerait, ce qu'on lui proposerait, son envie du moment... « Non, t'en fais pas, j'ai rien de prévu pour ces prochaines heures. » la rassura-t-il immédiatement en pénétrant dans Brooklyn. « Je suis pas sûr de savoir où t'emmener, encore... » réfléchit-il en grimaçant ; il y avait tellement d'endroits à New York qu'il ne savait même pas par où commencer. « Toi, tu dois forcément connaître un endroit qui te fait rêver, non ? » lui demanda-t-il en tournant brièvement les yeux vers elle. Sinon, il trouverait bien une petite hauteur dans l'immensité de New York qui ferait leur plaisir. « Enfin, allons déjà à l'appart. »

Il ralentit sur les bords de l'East River et saisit un boîtier dans sa boîte à gants pour ouvrir la porte d'un parking dans lequel il pénétra. Il trouva une place au premier niveau et se gara rapidement, sortant de la voiture en invitant à faire de même et en reprenant la valise dans le coffre. « Par ici ! » s'exclama-t-il en avançant jusqu'à un porte de service menant droit à un ascenseur, qu'il appela. Une fois à l'intérieur, l'engin les amena rapidement jusqu'au dernier étage. Pendant le trajet, il lui présenta plusieurs clés et pass dont il expliqua rapidement les fonctions. A la sortie de l'ascenseur, le choix fut vite fait : il n'y avait qu'une porte. Il montra la clé à Charlie, l'enfonça dans la serrure et ouvrit la porte.

Pour Enzo, c'était un bel appartement. S'étendant sur tout l'étage, surplombé d'une terrasse qui lui était exclusivement accessible, entourée dans toute sa superficie de baies vitrées, l'endroit était spacieux, pour ne pas dire gigantesque. Rassemblé en une seule pièce, la moitié de l'appartement servait de salon, cuisine, salle à manger, en quelques mots : pièce à vivre. L'endroit aurait d'ailleurs pu être digne d'un magazine si il n'avait pas été si encombré de souvenirs de tous les endroits où il avait été et de tous ses instruments de musique. Ses bijoux high-tech cotoyaient des pulls laissés là ; la femme de ménage ne passait définitivement pas assez souvent. Laissant à peine le temps à Charlie de détailler l'endroit, il l'entraîna vers la droite. « Tes appartements. » entonna-t-il solennellement en ouvrant une porte pour laisser la jeune femme passer en premier, la suivant dans la grande chambre d'amis. Il déposa la valise dans un coin avant de mettre ses mains dans ses poches. « La salle de bain, c'est cette porte, t'as la tienne. » l'informa-t-il. « ... Hm, voila. Prends ton temps, tu veux un truc à manger ? » lui demanda-t-il en retournant vers le salon.

Bon c'est pas top, beaucoup de blabla, sorry x)