Un mois de mars, lunette soleil sur le nez, car il n'y a jamais de lumière pour en profiter. Vagabonder dans les rues de New York, me semblais de plus en plus familier. La grande ville était bien loin de me faire peur. Bien qu'elle soit beaucoup plus conséquente qu'Ottawa, avec un bon sens de l'orientation on s'y fait vite. Le monde la foule qui arpente les rues, ça peut paraître nouveau au début, mais en fin de compte on est seul face on longues rues bétonnées. Portable dans une main, café starbuck dans l'autre, telle une petite américaine au look un peu grung, je dévalais les rues en ce beau lundi de boulot. Rassurez-vous, je ne suis pas en train de sécher mon stage pour faire un tour dans Big Apple, bien au contraire. J'aime beaucoup trop mon lieu de stage et la paye qui va avec. Quand vous êtes stagiaire pour une marque de mode, on peut vous demander d'examiner la concurrence, un peu comme une fouine. Payé, pour faire le tour des vitrines, ce n'est pas sans me déplaire, bien que j'ai une petite préférence quand je passe derrière la machine à coudre. Mais je préfère faire cette excursion, à celle de gérer la boutique, ce n'est pas de la vente que je veux faire. Mais mon avis importe peu, je suis bien un pion parmi tant d'autres dans ce vaste échiquier. On me place quelque part, et comme un gentil toutou obéissant j'exécute ma tâche sans broncher.

Aujourd'hui je devais trainer dans la cinquième avenue, un lieu que je connaissais bien à force de trainer non loin. Réputé pour abriter pas mal de concurrents. Ce qui m'étonnais toujours quand je faisais cette 'tournée' c'était de remarquer que toutes les marques vendaient la même chose, avec des prix bien différents, et tout ça était loin d'être mon style. Je préfère acheter des hauts de groupes dans des marchants de disques, ou encore dans de petits marchés, ou dans des lieux dont les gens pensent qu'ils sont mal fréquentés. C'est toujours là qu'on niche parfois des perles. En ce qui concerne la marque, qui a eu la bonté de me prendre comme stagiaire, elle est une marque Rock de luxe, le style néo-punk qui marche assez bien, d'où l'intérêt d'avoir un oeil permanent sur ce qu'il se vend à côté. Bien que je ne sois pas convaincue, étant donné que peu aborde ce style et préfèrent revêtir tout le monde d'un foulard en soie pour la collection printemps-été 2012. Je trouvais ça totalement absurde, mais si on fait cela avec un motif de foulard à cranes je sens qui l'idée va finir pas me plaire.

Une fois la tasse de café vide, je la jetée dans la poubelle puis repris d'une démarche assurée vers le rockefeller center. Depuis quelques heures je parcourais çà et là en prenant bien soin de noter dans ma tête ce qu'il fallait que je dise dès mon 'rapport' ce soir. Je prenais cela vraiment très au sérieux, bien qu'avec mes goûts je me moquais de certaines atrocités que je pouvais voir. C'était plutôt amusant comme journée, bien qu'en les accumulant elles finissaient par être vraiment,... répétitives. Je franchis donc les portes coulissantes du complexe commerciale, puis je mis mes lunettes de soleil sur le front afin de pouvoir y voir plus claire. Je m'avançais dans le premier magasin qui se trouvait à ma droite, tout en notant bien le nom dans un coin de ma tête je parcourus les allées, en piochant quelques articles au hasard, tout en regardant ce que les clients pouvaient bien choisir. De plus je regardais les vendeuses avec leurs sourires béats comme si le monde n'était que joie et bonheur. Je n'esquissais même pas l'ombre d'un sourire, me demandant si c'était bien la peine au final, mais je ne restais pas pour le moins poile en leur adressant un 'Bonjour' qui sonnait un peu faux.

Les articles que proposaient ce magasin étaient loin d'être à mon goût, mais il est vrai que parfois une pièce comme celle-ci bien mixée et accessoirisée peu toujours avoir une âme rock. Je restais quand même abasourdie face aux prix que proposaient l'enseigne, ils n'étaient pas non plus des plus exorbitants, comme ceux d'une très (et j'insiste sur le très) grande marque, mais s'en rapprochait. Je regardais à nouveau le nom du magasin celui-ci n'évoquait en moi aucun souvenir de prestige, encore un établissement qui se veut avoir un nom. Je débectais la mauvaise qualité des tissus, si encore les finissions étaient irréprochables, et le tissu de qualité, je pourrais comprendre le prix, mais pour moi, cela revenait plutôt à de l'arnaque sur le coup.

Je vis au fond du magasin une cliente brune qui essayait le haut que j'étais en train d'inspecter. Je faisais de mon mieux pour rester discrète, car l'espionnage de la concurrence n'est pas vraiment quelque chose d'autorisé, c'est pour cela qu'on envoie la stagiaire, c'est beaucoup plus facile à virer et après de donner une excuse tel que « Nous ne savons pas vraiment ce qui lui est passé par la tête, jamais nous ne ferrions ça, de plus elle n'est plus stagiaire chez nous désormais. » Un petit haut marine simple de bons goûts, mais qui ne vaut pas du tout son prix. Déjà qu'ils mettent cachemire dessus, or dedans il n'y en a que 2 %, c'est ça que de ne pas lire toutes les étiquettes, on préfère les gros titres à ceux qui sont bien cachés. Elle rentra dans la cabine puis sorti un instant après le haut dans les mains se dirigeant vers la caisse. J'eus l'absurde idée de la mettre en garde, mais je n'aime pas quand les clients se font bernés aussi facilement, surtout avec des vendeuses, aussi... peu naturelles. Je m'avançais donc vers cette dame, et oui car elle est plus âgée que moi, à moins que ma vision me joue des tours... Tout en m'assurant de ne pas parler trop fort, pour ne pas attiser la curiosité des vendeuses, je lui dis franco. « Vous allez payer autant pour ce haut aussi bas de gamme, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais vous allez vous faire arnaquer... » C'était absurde vu que je venais effectivement de m'en mêler, et au niveau visuel cette femme semblait loin d'être arriérée...