La journée semblait plutôt sec, chose étonnante fin octobre à New York, et Aladiah se sentait d'attaque aujourd’hui. Depuis deux semaines, elle avait évité tout effort, ne s'était pas rendue au bureau et n'avait rien fait de bien concret, si ce n'était se reposer et regarder les nouvelles séries du moment pour faire passer le temps. Le weekend ou elle avait été opérée, c'est en Corée qu'elle était censée le passer, pour le Grand Prix de Pablo mais elle avait du y renoncer, sans même avoir l'occasion de le prévenir. Elle s'était d'ailleurs excusée le lendemain dés qu'elle s'était réveillée et l'avait félicité pour sa troisième place, sans préciser ce qui l'avait empêché d'être là. Le médecin lui recommandait fortement d'encore envisager deux semaines de repos complet mais la jeune femme ne l'entendait plus de cette façon. Elle avait toujours eut une vie active, que ce soit avec ses amis ou au niveau professionnel, et elle n'en pouvait plus de cet enfermement. Elias était sur son dos la moitié du temps, le gros désavantage de vivre avec lui, et surveillait le moindre de ses faits et gestes. A croire que l’hôpital l'avait engagé en garde du corps personnel, même si elle savait parfaitement qu'il prenait ce rôle à coeur sans que personne ne lui ai demandé quoi que ce soit. Là, il avait du aller travailler puisque contrairement à elle, l'heure de la reprise avait déjà sonné, ce qui lui laissait l'appartement pour elle seule toute la journée et surtout la liberté d'en sortir.

Il ne lui fallu pas plus d'une heure pour s’apprêter et décider de sa destination. Puisqu'elle avait raté le Grand Prix, elle allait s'incruster à la séance d'essais qui avait lieu à Watkins Glen, dans l'Etat de New York. Le circuit ne servait à présent qu'au NASCAR, bien qu'autre fois des grands prix de F1 y avaient eut lieu, mais certaine séance d'essais s'y donnaient toujours. Ça lui permettait ainsi de faire une sortie pour prendre l'air, sans avoir à trop se fatiguer puisqu'elle n'avait qu'un peu plus d'une heure de route. Et puis, ce n'était pas au volant de sa voiture qu'elle se fatiguait réellement, le tout était surtout d'éviter les bains de foule puisqu'elle avait encore très peu de défense immunitaire. La jeune femme ne prenait pas la peine de prévenir son ami, ça lui ferait comme ça la surprise, elle était de toute façon certaine qu'il y serait. La jeune femme avait toujours été une grande passionnée de Formule un mais surtout une fan de vitesse. Son rêve, petite, était d'ailleurs d'y entrer un jour mais elle avait rapidement compris que le temps ou les femmes seraient acceptées dans ce sport n'était pas encore venu.

Enfin arrivée au Watkins Glen international, elle prenait le chemin des paddocks et emportait son badge pour n'avoir aucun ennuie. Même si ce n'était là qu'une séance d'essais, personne n'entrait là bas comme si de rien n'était. Elle se dirigeait vers son écurie et saluait la plupart des gars qu'elle connaissait, de vue du moins. L'un des mécaniciens lui montrait d'ailleurs l'écran qui suivait la voiture de Pablo et elle s'installait avec eux, en attendant la fin des tours. La plupart des mecs étaient sympas, si ce n'était qu'ils étaient tellement concentrés que c'était plutôt rare d'obtenir un mot de leur part. L’essai terminé, Aladiah recevait une petite tape sur l'épaule avant de voir une partie de la team déserter, elle ne bougeait pas pour être certaine de ne pas le louper. La jeune femme se levait d'ailleurs en le voyant arrivée tout en tapant dans les mains pour l'applaudir, un grand sourire aux lèvres. « Tu m'impressionnes de plus en plus Fernandez! » dit-elle avant de le prendre dans ses bras et de finalement s'éloigner pour le laisser ouvrir sa combinaison qui devait surement l’étouffer. Même si elle n'était au final qu'une actionnaire, c'est dans ce milieu qu'elle se sentait le mieux, là ou elle aurait aimé être chaque semaine voir tous les jours.

Ces derniers temps, l'emploi du temps de Pablo était pour le moins chargé... Mais en réalité, toute cette agitation ne lui déplaisait pas. Du moment que tout tournait autour de son métier, qui était aussi sa passion, tout allait bien. Il aurait pu passer ses jours et ses nuits au volant de sa voiture sans aucun problème. De plus, il avait la chance d'avoir un métier grâce auquel il pouvait voyager à travers le monde. Au grès des courses, des Grands Prix, le jeune pilote découvrait de nouveaux continents et de nouvelles cultures. Et il devait bien avouer que ce volet de son job n'était pas désagréable non plus. Le week-end précédent, le jeune homme se trouvait justement en Corée, afin d'y courir un grand prix. Mais ce voyage qui s'annonçait sous les meilleurs hospices avaient finalement eut un petit goût d'amertume. En effet, son amie Aladiah lui avait promis de l'accompagner mais au dernier moment, le jeune pilote avait pu constater qu'elle n'était pas là pour le soutenir. Quoi qu'il en dise, son soutien lui était pourtant extrêmement précieux. A la base, Aladiah était la fille de celui qui avait permis à Pablo de réaliser son rêve le plus cher. S'il avait eut l'opportunité de percer en F1, c'était grâce à la famille Walker qui avait accepter de financer sa carrière. Et depuis le début, il avait fait de son mieux pour ne pas leur faire regretter leur décision. Évidemment, le jeune homme avait plus ou moins toujours eut cette envie de séduire la jeune femme. C'était inévitable, elle était belle, gentille, et elle partageait les mêmes centres d'intérêts que lui... D'ailleurs, Aladiah était bien la seule femme avec qui Pablo pouvait parler voiture, et rien que ça, ça lui donnait une sacrée longueur d'avance ! Mais le jeune pilote s'était toujours interdit de la draguer, par peur de perdre sa précieuse amitié, et du même coup tous les financements qui lui permettaient aujourd'hui de poursuivre sa carrière en Formule 1.

Aujourd'hui, la concentration était maximale pour Pablo qui devait participer à un séance d'essais non loin de New-York. Et bien que la séance en question se déroule tout près de ses amis, il ne pouvait compter sur personne pour le soutenir. La plupart des filles qu'il fréquentait n'en avaient pas grand chose à faire, et les garçons étaient tous plus ou moins occupés ce week-end. Quant à Aladiah, elle devait absolument se reposer. En effet, cette dernière avait subi il y a peu une opération chirurgicale assez lourde. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle n'avait pas pu se rendre en Corée, mais Pablo n'avait pas été mis au courant à temps. Ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle décida enfin de lui dire la vérité. La jeune femme était atteinte d'insuffisance rénale, et son état s'était brusquement dégradé, la plongeant alors dans le coma. Alors qu'il allait faire sa course en Corée, et terminer à une honorable troisième place, son amie recevait le rein d'un donneur dans un hôpital de New-York. Bien sûr, en apprenant toute cette histoire le jeune pilote s'était inquiété, mais il était trop tard pour ça. L'intervention s'était visiblement bien passée, et la seule chose dont Aladiah avait besoin était de se reposer. Pablo ne disposait donc que de son équipe technique habituelle pour l'épauler durant ces essais.

Ses tours de pistes se déroulèrent plutôt bien, mais en éternel insatisfait, Pablo afficha une grimace en sortant de sa monoplace et en retirant son casque. La tête basse, et d'un pas un brin agacé le jeune homme s'éloigna du véhicule. C'est alors qu'il entendit quelqu'un applaudir. En arquant un sourcil il releva la tête, intrigué. Et quelle ne fut pas sa surprise en tombant nez-à-nez avec Aladiah ! Dans un premier temps il resta immobile, et elle dut venir le prendre dans ses bras pour qu'il réalise précisément qu'elle était là. Il la serra à son tour contre lui avec un large sourire aux lèvres. « Aladiah ?! Mais... qu'est-ce que tu fais ici ? » Ses yeux étaient écarquillés, et après avoir ouvert sa combinaison histoire d'avoir un peu d'air, il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme. « Ça va ? Tu... tu es venue toute seule ?! »

Aladiah n'avait pas caché sa maladie à ses amis par hasard, même les plus proches avaient ignoré tout de cette histoire, jusqu'au demi journée passées deux fois par semaine à l’hôpital pour ses dialyses. La jeune femme avait en premier lieu penser que leur cacher serait trop difficile, que tôt ou tard elle vendrait la mèche, mais il n'en avait rien été. il faut croire qu'elle était plutôt bonne menteuse et manipulatrice puisqu'ils n'y avaient vu que du feu. Ce n'est pas qu'elle avait voulu traverser cela tout seule, mais s'il y a bien un sentiment qu'elle détestait, c'était la pitié des gens, qu'on la prenne pour une petit chose fragile à protéger alors qu'elle était l'inverse. Elle n'avait pas le narcissisme de dire qu'elle n'avait besoin de personne, mais pour sa maladie, elle avait souhaité agir sans aucune aide. Aujourd'hui, même si elle remerciait tous les jours Elias pour son geste, qu'elle se sentait en forme comme elle ne l'avait pas été depuis des mois, elle regrettait chaque jour de l'avoir mit comme "la personne à prévenir en cas d'hospitalisation ou d'accident". Si un jour il venait à avoir le moindre problème avec son unique rein, elle s'en voudrait à mort de lui avoir prit le deuxième, même si elle ne qui avait pas demandé. Et puis c'était une lourde opération, une décision qui ne se prenait pas à la légère et il l'avait fait attifement en apprenant tout d'un coup, dont le fait qu'elle était dans le coma. Résultat, elle avait peur pour son avenir et peur qu'il le regrette tôt ou tard.

Soit, après son opération, elle avait mit quelques jours à prévenir ses amis, le temps de retrouver des forces puisque certains lui avaient rendu visite et elle voulait avoir bonne mine pour n’inquiéter personne. La fatigue était toujours là, mais elle avait au moins repris des couleurs. Pablo était l'une des personnes qu'elle avait prévenu près d'une semaine après l'opération, elle savait qu'il n'aurait de toute façon pas le temps de passer la voir et c'était bien logique. Son métier était prenant, lui faisait faire des milliers de kilomètres chaque mois et avec la fin de saison qui approchait, la concentration était de rigueur. Elle avait eut une petite remarque pour avoir osé lui cacher mais ça lui était passer au dessus de la tête, puisque c'était en somme ce que tout le monde lui avait reproché, Pablo ne faisait pas l'exception. « Je rattrape ma promesse d'il y a deux semaines! » Bon, elle avait une bonne excuse, tout à fait justifiée, mais une promesse était une promesse. Elle lui avait dit qu'elle serait là pour le soutenir, donc elle l'était. Peut-être pas au bon moment, mais l'avion lui était encore interdit pour l'instant. « Oui... comme une grande! » Répondait-elle, souriante, ironisant légèrement. Le jeune homme ne semblait pas convaincu pour autant, il lui semblait pourtant avoir bonne mine lorsqu'elle était partie de l'appartement, preuve qu'elle s'en remettait vite et bien. « Je vais bien, je t'assure! Et j'en peux plus de mon appart... A croire que les médecins ont payé Elias pour m'y enfermer. Et être ici me manque vraiment! » Ici, ou ailleurs. Elle parlait des paddocks en général et d'être à ses côtés. Le boulot lui avait pris pas mal de temps et ensuite l'opération, cela faisait bien deux mois qu'elle n'avait pas assisté à un Grand Prix ou une séance d 'essais et ça commençait réellement à faire long. Au final, elle vivait un peu son rêve à travers Pablo, elle se satisfaisait comme elle pouvait puisqu'il était clair qu'elle n'aurait jamais sa place! Elle avait de toute façon besoin d'air et de sortir de chez elle, Aladiah n'avait jamais été casanière, ici ou ailleurs, elle n'avait pas eut l'intention de se reposer aujourd'hui. Les magasins c'était bien, boire un café aussi, être ici c'était mieux.

Pablo était à la fois surpris, heureux et furieux de trouver son amie ici. Sans avoir la prétention de jouer les héros et de tout décider pour elle, il aurait tout de même préféré la savoir bien au chaud au fond de son lit. Après l'opération qu'elle avait subi, le jeune homme se doutait bien que les médecins avaient du la sommer de rester tranquille. Et il se doutait également qu'elle ne les avait pas écouté... C'était Aladiah. Et depuis le temps, il commençait à la connaître sur le bout des doigts. Elle ne tenait que très rarement en place, et il devait bien s'avouer qu'il ne l'imaginait même pas rester plus de deux jours enfermée chez elle. Ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour sa convalescence, mais personne ne pouvait l'empêcher de faire ce dont elle avait envie sous peine de s'attirer ses foudres. Pablo se résigna donc, et se refusa à lui faire une quelconque leçon sur le fait qu'elle n'avait rien à faire ici en ce moment. Au lieu de ça, il lui adressa un large sourire, sincère, empreint de sympathie et d'impuissance à la fois. « Tu n'étais pas obligée... Enfin, tu aurais du me le dire, je serai venu te chercher ! » Bien évidemment, le jeune pilote disait tout ça en désespoir de cause. Il savait bien qu'elle détestait dépendre de qui que ce soit, et qu'elle avait l'habitude de tout gérer plus ou moins seule. C'est exactement ce qu'elle avait cru pouvoir faire avec sa maladie, mais la réalité l'avait rattrapée un peu trop vite. Pablo s'en était un peu voulu d'être en pleine période de rush, et de ne pas vraiment avoir le temps ni l'occasion de lui rendre visite... Après tout elle était son amie, et elle avait fait tellement pour lui ! Mais il ne pouvait résolument pas lâcher sa carrière et ses courses pour elle. Au contraire, la meilleure chose qu'il avait à faire était d'essayer d'en remporter le plus possible.

« Je vais bien, je t'assure! Et j'en peux plus de mon appart... A croire que les médecins ont payé Elias pour m'y enfermer. Et être ici me manque vraiment! » En entendant une réalité qu'il connaissait déjà, Pablo se put s'empêcher de rire en secouant la tête. Elle était vraiment terrible... mais dans un sens il la comprenait. Lui-même aurait été bien incapable de rester des journées entières dans son appartement. Et encore moins si quelqu'un l'y obligeait ! Mais le jeune homme était aussi rassuré qu'Elias prenne soin d'elle. Sa présence était en quelque sorte l'assurance qu'elle ne ferait pas (trop) d'extras durant sa convalescence. « Je te crois, tu as bonne mine ! » lui dit-il en posant le bout de son doigt sur son nez, comme il aurait appuyé sur le bouton d'appel d'un ascenseur. Ce faisant, il s'aperçut qu'il n'avait pas encore retiré ses gants, et le fit sans traîner pour les balancer sur une table tout près d'eux. « Ouais, je comprends. Mais économise-toi quand même encore un peu ! T'as pas le droit de nous faire d'autres frayeurs pour le moment, compris ? » La menaça-t-il gentiment. Puis il lui fit signe de le suivre. Il imaginait bien à quel point l'ambiance de la course avait du lui manquer, elle qui avait pour habitude d'accompagner Pablo dans les paddocks en période de GP. Il se redirigea donc vers sa voiture, en compagnie d'Aladiah. Tout en marchant à ses côtés, il ne put s'empêcher de lui demander son avis sur la séance d'essais à laquelle elle venait visiblement d'assister. « Alors ? Tu en as pensé quoi aujourd'hui ? » Cette question était peut-être un brin déplacé si on considérait qu'il avait bien d'autres interrogations concernant l'opération, ainsi que l'état d'Aladiah. Mais le jeune pilote s'efforçait de ne pas trop lui parler de tout ça. Si elle était là avec lui, c'était pour se changer les idées, rien d'autre. Alors il se retenait de lui en demander plus.

« Tu n'étais pas obligée... Enfin, tu aurais du me le dire, je serai venu te chercher ! » Certes, mais elle savait aussi qu'il était attendu très tôt ici, qu'il avait sans doute des tonnes de choses à régler avec ses mécaniciens avant de commencer la séance d'essais, donc elle n'avait aucune raison de lui demander de passer la chercher. Il était pilote, pas taxi-man. Le trajet n'était pas bien long elle n'avait donc besoin de personne, conduire n'avait rien de fatiguant, après tout elle était assise et avait juste à fournir un-très- maigre effort pour appuyer sur la bonne pédale. « Tu plaisantes? Tu as un programme bien assez chargé comme ça! Et puis j'ai un peu plus d'une heure de route seulement, c'est pas la mort. » Terminait-elle en haussant les épaules. Aladiah avait déjà parcouru des milliers de kilomètres mais c'est vrai que généralement, c'était dans le cadre de son boulot et donc, papa avait toujours insister pour qu'elle prenne un chauffeur. C'était aussi un moyen de travailler à l'arrière de la voiture plutôt que de perdre 4 heures au volant. Là, elle était en congé prolongé - beaucoup trop même - et une heure au volant, c'était une heure de tuée.

« Je te crois, tu as bonne mine ! » Elle ne put s'empêcher d'afficher un petit sourire, presque gênée, lorsqu'il posait son doigt sur son nez. Elle avait l'impression d'avoir son père en face d'elle, lorsqu'elle avait dix ans. « Ouais, je comprends. Mais économise-toi quand même encore un peu ! T'as pas le droit de nous faire d'autres frayeurs pour le moment, compris ? » Était-ce possible de s'économiser plus qu'elle ne le faisait pour l'instant? Certainement pas. Elle n'avait pu s'empêcher de vérifier deux ou trois dossiers sans pour autant quitter son fauteuil et avait regardé pas mal de matchs, même dans des sports qui ne l’intéressait pas le moins du monde. Un bon contrat était toujours intéressant, que ça lui plaise à elle ou non. « Je suis en convalescence totale, difficile de me reposer plus qu'en ce moment ! Je peux reprendre le boulot dés la semaine prochaine, donc c'est pas une petite virée qui va m’assommer. » Et tant qu'elle prenait ses médicaments antirejet. Malgré eux, les médecins l'avaient avertie qu'il était toujours possible que son corps n'accepte pas un organe étranger, cela pouvait se remarquer tout de suite ou à long terme mais Aladiah avait tendance à être optimiste. Elle ne s'était pas sentie aussi en forme depuis des mois, elle n'allait pas s'en faire sur des possibilités, surtout que celles ci arrivaient assez rarement en vue des progrès de la médecine de nos jours.

« Alors ? Tu en as pensé quoi aujourd'hui ? » Ah ! ils en venaient à un sujet beaucoup moins dramatique, ce qui lui donnait un sourire encore plus radieux en quelques secondes. Malheureusement elle n'avait vu que la fin de la séance d'essais mais ça lui avait suffit pour se faire un avis. « Hum... pour être honnête... c'était pas terrible. » Affichant une légère grimace, Aladiah faisait mine d'être triste de devoir lui dire clairement ce qu'elle pensait. Elle fini par lui donner un léger coup de coude. « Parfait, comme d'habitude! Les autres ont interet à s'accrocher ou on a notre nouveau champion du monde! » ou pas? Elle n'en avait pas la moindre idée, elle avait suivit la plupart des courses mais n'avait pas réellement prêter attention aux points marqués par chaque pilote. Elle savait que Pablo était dans les premiers mais il ne devait pas être seul, la compétition était de plus en plus difficile, maintenant que de "petites" écuries arrivaient à atteindre le niveau des légendes.

BOUH VETTEL!

Comme Pablo avait pu s'y attendre, il paraissait inconcevable pour Aladiah de lui demander de l'emmener jusqu'ici. Pourtant, la proposition aurait fait réellement plaisir au jeune pilote qui se serait empressé d'aller la chercher chez elle. Mais comme toujours, elle préférait se débrouiller seule ce qui, en soit, n'était pas plus mal. A vrai dire, Pablo l'avait toujours connue aussi indépendante, et il fallait donc croire que ce trait de caractère faisait aussi partie de son charme. Comme elle le lui expliquait, Aladiah était censée demeurer en convalescence totale. Par conséquent, elle n'avait rien à faire ici, mais elle savait ce qu'elle faisait : si elle s'était sentie capable de venir jusqu'ici, le jeune homme n'était pas en mesure de lui reprocher quoi que ce soit. Il songea un instant qu'elle devait déjà en avoir assez de tous ses proches qui étaient sur son dos à longueur de journée, et en imaginant l'air exaspéré qu'elle prenait probablement à chacune de leur intervention, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il ne voulait en aucun cas être lourd, ni même banal en lui posant des questions que tout le monde devait lui poser, ou en lui donnant des conseils que lui-même ne suivrait pas en pareille situation. Le jeune pilote décida donc sagement de changer de sujet, et ce revirement sembla ravir son interlocutrice qui afficha alors un sourire à tomber.

Le fait de parler d'une de ses passions ne pouvait faire que du bien à la « convalescente ». Pablo savait à quel point son amie aurait aimé être à sa place. Comme lui, elle entretenait une réelle admiration pour la vitesse, et les belles voitures. Dès les premiers instants o leurs chemins s'étaient croisés, le jeune homme s'était senti proche d'elle. Une fille qui n'avait pas froid aux yeux, qui savait exactement ce qu'elle voulait et qui en plus partageait les même passions que lui, c'était tout ce qu'il aimait. Tout en se dirigeant vers son bolide en compagnie d'Aladiah, Pablo lui demanda donc son opinion avisé sur la séance d'essais à laquelle il venait de participer. Dans un premier temps, elle déclara on on ne peut plus sérieusement qu'il n'avait pas été très brillant. Le jeune homme, qui avait pourtant mis tout son cœur dans la bataille comme d'habitude ouvrit la bouche en écarquillant les yeux, un peu abasourdi par cette révélation à laquelle il ne s'attendait pas vraiment. Il sonda le regard de son amie pour tenter d'y déceler une bribe de sourire, d'amusement ou de moquerie, mais la jolie blonde cachait très bien son jeu et rien ne filtra de ses yeux clairs. Contrarié, Pablo fronça les sourcils et baissa la tête en continua son chemin en silence, jusqu'à ce qu'il reçoive un léger coup de coude. Un peu boudeur, il releva les yeux vers Aladiah qui affichait désormais un large sourire, et qui mit fin à sa petite supercherie en lui avouant finalement qu'il avait particulièrement brillé pendant sa séance d'essais. Elle déborda alors de compliments, et au lieu d'être flatté Pablo fut un peu gêné. Ses joues prirent un petit teinte rosée, et il rebaissa immédiatement la tête par pudeur. Le jeune homme détestait qu'on le voit dans un de ses moments de faiblesse, quels qu'ils soient. Après s'être raclé la gorge un peu nerveusement, il reprit la parole : « Oh... merci ! Je ne sais pas si j'ai les capacités de passer devant tous les autres... Enfin, je vais faire de mon mieux, n'en doute pas ! » s'empressa-t-il de rajouter, comme pour la rassurer sur ses objectifs et donc l'avenir de leur partenariat. Les deux jeunes gens arrivèrent alors à hauteur de la voiture de Pablo. Ce dernier posa alors un regard presque attendri sur son bolide. Pour beaucoup, son comportement était ridicule, mais il s'occupait de sa voiture comme si elle avait été son enfant. « Mais j'ai un super voiture cette saison... Il faut que je sois digne d'elle ! » Comme souvent, Pablo parlait de sa voiture comme s'il avait parlé d'une fille. La seule différence était que son histoire avec son bolide était vraie, qu'elle durait depuis toujours et qu'il n'avait aucune envie que tout s'arrête. Avec les filles, c'était différent, et il préférait en général que les choses soient brèves, sans trop d'attaches afin d'éviter tout risque de déception. Avec un vrai regard de gamin, Pablo fixa Aladiah d'un air rêveur. « Tu imagines, si je pouvais gagner ? Ça serait... trop beau. »

Aladiah était parfaitement consciente qu'en rentrant, elle se prendrait plusieurs reproches d'Elias et comme toujours, elle lui ferait comprendre que personne ne dictait sa vie, pas même lui. Elle lui était certes redevable et elle comprenait parfaitement qu'après le geste qu'il avait fait pour elle, le jeune homme n'accepterait pas qu'elle foire tout, mais elle savait juger de ce qui était trop risqué ou non. Même en pleine forme, Aladiah aurait des reproches de toute façon, parce ce qu'il s'agissait de Pablo. Ils partageaient cette passion pour le sport automobile qu'elle n'avait jamais partagée avec Elias et elle remarquait à quel point ça le gênait par moment. Aladiah ne pouvait pas lui en vouloir totalement puisqu'elle était tout aussi possessive, voir beaucoup plus, il n'empêche que ça avait le don de l'énerver.

En voyant la tête renfrognée de Pablo, Aladiah ne pouvait que sourire de plus belle. C'était limite inconcevable qu'il la pense sérieuse, sachant que même lorsque ça allait moins bien, elle ne l'avouait jamais. Elle rabaissait parfois les gens, à commencer par ses employés puisqu'elle ne supportait pas payer des incompétents, mais Pablo, elle l'encourageait simplement et le rassurant qu'il ferait mieux la prochaine fois. Il faut dire que c'était assez rare que ça se passe mal. « Tu devrais avoir un peu plus confiance en toi ! Bien sur que t'en as les capacités... » Apparemment il ne doutait que de lui puisqu'il confirmait avoir une très bonne voiture cette saison. Aladiah passait d'ailleurs sa main sur celle-ci, en l'observant sous les moindres coutures tout en l'écoutant parler. Le monde était réellement cruel, quelle idée de garder ce sport pour la gente masculine. « Ce serait le rêve ! Et en tant que champion du monde, ton avis compterait beaucoup plus... Tu pourrais suggérer que les femmes sont douées au volant... pas toute mais certaines! » Elle affichait un large sourire. Du rêve! Toute sa vie, ce ne serait qu'un rêve, même en tant que directeur de la FIA, Pablo n'y arriverait pas, ni lui ni un autre. Le jour ou une femme disputerait un Grand Prix n'était pas venu et ne viendrait sans doute jamais. « Plus sérieusement, je devrais écouter tout tes caprices parce que je suis certaine que les sponsors se battraient pour t'avoir. » Plus sérieusement... ou pas. Aladiah devait gérer ses contrats du mieux qu'elle le pouvait, faire en sorte de ne pas perdre les équipes qu'elle sponsorisait à la faveur d'autre sponsors mais elle avait plutôt confiance en Pablo. Il était plus un ami qu'un contrat et elle ne doutait pas de sa fidélité, contrairement à certaines équipes qui changeaient de sponsors à tue tête.

Parlant contrats, elle avait déjà peur de son retour au bureau. Elle avait tout délégué et n'avait confiance en personne si ce n'était en elle même. La jeune femme baignait dans ce milieu depuis son plus jeune âge, elle avait été élevée plus à l'entreprise qu'à la maison. Contrairement à n'importe quel enfant qui aurait pu courir d'un couloir à l'autre, Aladiah avait été très vite observatrice et à l'écoute, même si on ne lui demandait rien. Son père lui balançait des méthodes de travail dans le vent, se confiait à cette petite tête blonde de dix ans sur l'incapacité de certains, mais elle n'avait pas juste sourit, elle avait enregistré au fur et à mesure des années. C'était d'ailleurs sa plus grosse réussite, ce qui lui avait permis d'obtenir la confiance de son père.

Aladiah avait toujours été là pour le réconforter et le rassurer quand il se mettait à douter. En général, il ne le montrait pas et paraissait être continuellement sûr de lui, surtout en ce qui concernait son métier. Mais en réalité, il se posait toujours tout un tas de questions. En bon perfectionniste qu'il était, et surtout grâce à son dégoût prononcé pour la défaite, Pablo voulait toujours être le premier. Mais dans un monde comme celui de la F1, et surtout lorsqu'on était nouveau, ce n'était pas chose facile. Heureusement pour lui, il avait un soutien de taille : les Walker. Mais le pilier central de tout ça avait toujours été Aladiah. Avec elle, il pouvait parler de tout, et il savait qu'elle le comprenait. La jeune femme maîtrisait à la perfection toutes les ficelles de son métier, et s'y connaissait bien plus que la plupart des hommes quand il s'agissait de parler « voitures ». D'ailleurs, le regard qu'elle posait en ce moment sur le bolide du jeune pilote traduisait toute la passion qui l'animait. Distraitement, presque attendri par autant d'attention, Pablo regardait la main de son amie courir le long de la voiture. Ce n'est que lorsqu'elle lui parla du titre de champion du monde que le jeune homme s'extirpa de ses pensées. Son regard s'illumina, et un sourire vint se figer sur le coin de ses lèvres. Tout dans le discours d'Aladiah, et dans ses gestes montrait qu'elle aurait rêvé d'être à la place de Pablo. Rien que pour ça, il devait faire de son mieux, histoire qu'elle vive un peu son rêve à travers lui. Amusé par sa proposition, il répliqua immédiatement : « Douées, douées... Ça reste encore à prouver ! » Un petit éclat de rire s'échappa alors de sa bouche, et il guetta avec amusement la réaction probablement cinglante de la jeune femme. Évidemment, il ne pouvait s'empêcher d'être un brin macho... Non pas qu'il le soit au quotidien, mais ses origines de latino et le milieu dans lequel il évoluait tous les jours y étaient sûrement pour beaucoup.

« Plus sérieusement, je devrais écouter tous tes caprices parce que je suis certaine que les sponsors se battraient pour t'avoir. » Comme une évidence, Pablo leva les yeux au ciel avant de répondre : « Alors là ! Ils peuvent toujours se brosser ! Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement jeune fille ! » Pablo riait, mais le message était passé. Jamais il ne quitterait la compagnie Walker. Du moins, il n'en avait pas l'intention, même pour tout l'or du monde. Cette famille lui avait tant apporté... C'est grâce au père d'Aladiah que Pablo avait pu réaliser son rêve et pousser les portes de la F1 et ça : il ne l'oublierait jamais. Et puis elle était là, elle. Et il lui était tout simplement impossible de l'abandonner au profit d'autres sponsors. Leur relation allait bien au-delà de ça, et Pablo n'aurait pas pu s'en passer. Sans le soutien d'Aladiah, il ne s'imaginait même pas prendre le départ d'une course. Bien sûr, elle n'était jamais à ses côtés pendant ses tours de piste, mais un simple mot, un simple regard avant le départ suffisait.

La voyant tourner de plus belle autour de son bolide, Pablo s'éloigna quelques instants, pour revenir avec son casque à la main. En s'adressant à Aladiah, il désigna alors la place du pilote de sa monoplace d'un mouvement de tête, et tendit la main qui tenait son casque dans sa direction.

Lui donnant un léger coup de coude dans les côtes, elle levait les yeux au ciel, jouant la contrariée. « J'ai dit certaines! J'ai beau être une femme, j'avoue que certaines ont du gagner leur permis... mais c'est pareil pour les mecs! » Aladiah avait toujours été une jeune femme assez féministe, à revendiquer l'égalité des femmes. Malheureusement, elle avait choisi un métier qui lui prouvait chaque jour que c'était loin d'être le cas au niveau sportif. Il y avait pourtant de grandes joueuses de basket mais en dehors de très rare exceptions, comme le gain d'un titre important, personne n'en parlait jamais alors que le basket masculin était vénéré par le quart de la population. Et ce n'était qu'un exemple! A part en natation et à la limite au tennis, rare étaient les disciplines ou les femmes faisaient autant parler d'elles que les hommes. Rien que pour ça, elle aurait bien postuler pour devenir la nouvelle ministre des sports!

« Alors là ! Ils peuvent toujours se brosser ! Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement jeune fille ! » Sans même qu'il ne lui confirme, elle s'en doutait et tant mieux. « Tant mieux! T'es ma plus grande fierté tu sais? J'en ai signé pas mal des contrats mais mister Walker est très fier de celui là! Et moi avec... » C'était en effet son plus beau contrat, en premier lieu parce qu'il était dans la discipline qu'elle aimait par dessus tout mais surtout parce qu'il était tout sauf un simple contrat. Il était devenu un ami, considéré comme de la famille presque par son père. Elle savait que parfois elle était un peu trop enthousiaste, qu'elle donnait l'impression de vivre tout avec Pablo mais elle avait du mal à se modérer. Heureusement pour elle, il ne l'avait jamais considéré que comme sa "fournisseuse" et ne s'était jamais plein de son envahissement.

Lorsqu'elle le vit lui montrer la voiture en lui tendant le casque, elle le dévisageait d'une manière assez interrogative. C'était juste impossible qu'il veuille lui laisser le volant, ce n'était pas une petite voiture à 90.000€ mais sa formule un. Et puis même si c'était son rêve, elle n'y avait jamais touché, elle n'en connaissait pas toutes les commandes. « Tu plaisantes? Non... C'est vraiment sympa, plus que ça même! Et tu sais que je meurs d'envie de prendre ce casque... mais c'est ta voiture, c'est trop risqué. Je n'sais même pas comment ça se pilote... » Elle savait pourtant que l'occasion ne se présenterait peut-être pas deux fois dans sa vie et mourrait d'envie de prendre ce casque et de sauter dans sa Formule un, avant de laisser passer sa chance. Elle essayait de rester un minimum rationnelle mais il la prenait par les sentiments, il en était d'ailleurs conscient. Conduire une Formule un était son plus grand rêve.

Le fait de se prendre un coup de coude dans les côtes n'eut pour seul effet que de l'amuser encore plus. Un instant, il fit mine de se tenir le thorax comme si elle venait de lui faire mal, mais son sourire l'emporta sur sa plaisanterie, et il se redressa finalement en adressant un clin d’œil à son amie. Avec elle, il ne craignait pas de passer pour un goujat car elle le connaissait trop pour ça. Avec le temps, elle avait appris les moindres traits de la personnalité du jeune latino, et elle devait bien savoir que l'humour (plus ou moins fin, d'ailleurs) en faisait partie. La phrase qui suivit alors le mit presque mal à l'aise. L'espace d'un instant, Pablo baissa même les yeux avec un sourire en coin de petit garçon timide. Aladiah venait tout simplement de lui avouer qu'elle était fière de lui... Et même mieux : qu'il était sa plus grande fierté ! Même s'il avait du mal à y croire, cette déclaration avait touché le jeune pilote au plus profond de lui-même. Malgré ses airs de dur à cuire, et surtout cette façade qu'il voulait bien se donner, Pablo était quelqu'un de sensible. Et le fait qu'on lui dise des choses pareilles ne le laissait jamais indifférent. Surtout lorsqu'il s'agissait d'Aladiah. Le jeune homme releva timidement la yeux vers son amie, et lui adressa un nouveau sourire. « Hé... Je n'aurai jamais rien fait sans vous, sans toi... Je te dois tout Aladiah, absolument tout. » C'était stupide, mais Pablo n'était pas coutumier de ce genre de déclarations. Sur ce point-là, le jeune homme était un brin « pudique », et il préférait ne pas trop s'étalait sur ce qu'il ressentait. Mais même si elle devait le savoir, il avait trouvé essentiel de souligner que sans Aladiah, il ne serait rien. Sans elle et sa famille, il n'aurait jamais pu atteindre ce monde de la Formule 1 qui le faisait tant rêver. Et sans ça, il aurait probablement fini dans une branche qui ne lui aurait pas convenu, avec un métier qui l'aurait ennuyé, et poussé à faire n'importe quoi.

La réaction de la jeune femme au moment où il lui tendit son casque le fit rire. Elle essayait de se montrer raisonnable, mais son regard trahissait l'envie de se laisser tenter. En arquant un sourcil, Pablo approcha encore son casque d'Aladiah, comme pour l'aider à craquer. « Et alors ? Tu crois qu'il est trop tard pour apprendre ? » Il avait prononcé ces mots sur le ton de la provocation, car il se doutait bien qu'avec le tempérament de la jeune femme, ça avait toutes les chances de fonctionner. « Installe-toi, je vais te montrer quelques trucs. Et si tu es une élève attentive, je te laisserai la conduire un jour... » Pablo avait reprit un faux air sérieux, tel un vrai professeur en face de son élève. Il entreprit de s'asseoir à califourchon sur son bolide, en tournant le dos à l'avant de la voiture, de sorte qu'il soit juste en face de l'habitacle où, il l'espérait, Aladiah allait s'installer. La seule raison qui le poussait à lui faire une telle proposition était de la remercier. La remercier pour tout ce qu'elle avait pu faire, et ferait encore pour lui. Il savait combien elle avait toujours rêvé d'être à sa place, et aujourd'hui il voulait l'aider à réaliser ne serait-ce qu'une petite partie de ce rêve.

La jeune femme avait parlé naturellement, sans réellement chercher à le complimenter. Il ne s'agissait là que de la vérité, même si elle l'admettait pour la première fois. Aladiah ne pouvait que sourire bêtement, attendrie par la réaction de Pablo. Qui ne le serait pas devant une bouille pareille? Elle ne devait pourtant pas être la seule à lui faire des compliments... Loin de là même. Il avait sans doute une longue liste de fan prête à dire et faire n'importe quoi pour simplement l'approcher et plus si elle avait de la chance. Aladiah pensait rarement à cet aspect du métier de Pablo, le simple fait de l'imaginer entouré de filles hystériques l'agaçait, alors elle préférait se contenter de parler "sport", enfin tout sauf fan. Arquant un sourcil, elle rougissait un peu et avait du mal à accepter à son tour ce compliment, parce qu'il était complètement faux. « Tu ne me dois rien, c'est à toi et à ton talent que tu dois tout! » Elle n'était qu'un moyen financier de parvenir à ce stade, parce que dans ce milieu ça comptait parfois plus que le talent. Mais s'il était là, c'était bien parce qu'il le méritait. Si ce n'était pas elle, ça aurait été quelqu'un d'autre, il aurait toujours bien trouver un sponsor quelque part vu ses résultats. Elle n'en restait pas moins fière d'être celle qui l'avait fait signer!

Aladiah se mordait à présent la lèvre inférieure, à deux doigts de céder à la tentation. Le bolide était là et semblait n'attendre qu'elle... sans compter Pablo qui la tentait un peu plus avec son casque. « Il n'est jamais trop tard ! Du moins si tu as de la patience... » Elle attrapait le casque avant que Pablo ne retire son offre. C'était le genre d'occasion qui ne se présentait qu'une fois dans votre vie, il était impossible de passer à coté. Après l'avoir enfiler, elle montait dans la voiture pour se retrouver face à face avec son ami, sentant son estomac se nouer. Elle était stressée et on ne peut plus heureuse. Une fois installée, elle emboitait à nouveau le volant, les mains posée de part et d'autre. C'était impressionnant le nombre de bouton différent qui pouvait se trouvé là dessus. Parfois, elle se demandait comment ils arrivaient à rester concentré, à ne pas faire une seule mauvaise manœuvre lancé à une telle vitesse. Le simple fait de n'avoir aucune pédale était assez déconcertant quand vous n'aviez jamais conduit plus que votre voiture. « C'est une impression ou chaque année le nombre de bouton augmente? Je sais vraiment pas comment vous faites pour gérer tout ça... » Il fallait avoir les yeux partout, une seule seconde de déconcentration et tout pouvait voler en éclat, à commencé par votre voiture et vie, voir celles de vos coéquipiers. Aladiah était toujours assez confiante quand elle voyait Pablo prendre le départ et en oubliait souvent le danger qu'il encourait à chaque course. « Je t'écoute... » Concentrée sur Pablo, elle lançait de petits regards vers son volant pour déjà en mémoriser quelques touches avant qu'il ne lui explique comment s'en servir. Heureusement qu'elle ne venait pas d'être opérée du cœur, car il n'aurait sans doute pas survécut à cette journée.

Bien sûr qu'il lui devait tout ! Et elle le savait aussi bien que lui. Mais les deux amis se ressemblaient beaucoup, tant au niveau de leur passion que sur le plan de la modestie. Leur échange aurait pu durer des heures entières sans qu'aucun des deux protagonistes ne veuille avouer que tout était bien du à son talent ou à son audace. Mais la réalité était là, et si la compagnie Walker n'avait pas existé Pablo n'aurait jamais pu réaliser son rêve. Cet accomplissement avait certainement contribué au fait que le latino porte un regard... différent sur Aladiah. En général, il voyait les filles comme des « proies » potentielles, des partenaires de jeu ou de soirées. Mais la jeune femme avait une place à part : même si elle était particulièrement séduisante, Pablo n'avait jamais tenté de la mettre dans son lit. Sa présence et son soutien étaient bien trop précieux pour risquer de les perdre à cause d'une histoire sans lendemain.

Tout ce que le jeune pilote désirait était de la voir rire et sourire, et encore plus en ce moment. Aladiah sortait à peine d'une période particulièrement pénible pour elle, et le seul moyen que Pablo semblait avoir pour l'aider, c'était de lui changer les idées. Ce qu'il fit sans aucune hésitation en lui tendant son propre casque. Quelques instants plus tard, la jolie blonde avait prit place dans sa voiture, et le regardait en attendant ses instructions. Pablo tenta en vain de masquer le petit sourire qui prenait naissance sur ses lèvres. Aladiah avait cette expression qu'arborent les élèves attentifs du premier rang. Et en face d'elle, le latino se sentait comme un professeur... Mais il l'avait bien cherché ! Après tout, c'était son idée et il se devait désormais d'assumer ce rôle. Mais comment ne pas le faire devant tant d'enthousiasme ? Cet éclat particulier qu'il discernait dans les yeux de son amie finit de le convaincre, et le jeune homme se pencha vers elle pour lui expliquer à quoi servait chacun des petits boutons ornant le volant de son bolide. De temps à autres, il lançait un regard discret vers Aladiah, plus pour s'attendrir devant son expression concentrée que pour voir si elle suivait, d'ailleurs. La leçon dura plusieurs dizaines de minutes, plusieurs heures peut-être... Pablo n'en savait rien. Mais son élève ne s'en plaignait pas, et c'est tout ce qui comptait pour lui. Il espérait sincèrement pouvoir la voir rouler un jour, toute seule, réalisant ainsi son rêve le plus cher. Le jeune homme était bien conscient qu'elle le vivait actuellement à travers lui, et il voulait vraiment lui offrir cette opportunité, puisqu'il en avait les moyens.

Ce n'est que lorsque la nuit commença à tomber que les deux amis daignèrent stopper leur discussion, et songer à rentrer chez eux. New-York, ce n'était tout de même pas la porte à côté, et Pablo ne voulait pas qu'Aladiah rentre chez elle totalement exténuée. Par conséquent, il insista lourdement pour la raccompagner, et conduire sa voiture à sa place. Elle était venue seule, certes, mais dans son état un seul voyage dans la journée était bien suffisant. Lui, il était venu jusqu'ici avec son équipe de mécaniciens, et ces derniers pourraient rentrer sans lui sans aucun problème. Le trajet fut pour Pablo et Aladiah une nouvelle occasion de discuter de leur passion commune, du moins jusqu'à ce que la fatigue se fasse trop pesante, et que la jeune femme s'endorme à côté de lui. Le latino parcourut donc les quelques kilomètres restant en silence, et déposa son amie juste devant sa porte, lui promettant un nouvelle leçon de pilotage très prochainement...

OMGGGG j'avais pas vu ta sign'
Ils sont beaux :')
Et... pardon pour cette pitoyable réponse de fin