La journée fut assez longue pour Pippa Holden. Peu de monde était venu au magasin et à cause de ça, le temps était passé très lentement. Il était dix neuve heures et Pippa accueillait son dernier client. Derrière sa caisse, elle l'observait. Il était planté devant une guitare. Il avait sûrement envie de l'acheter puisqu'il la regardait avec envie. Pippa se dirigea alors vers lui et essaya de le conseiller en tant que vendeuse du magasin. Grâce à sa persuasion, le jeune homme finit par acheter la jolie guitare accoustique. Bon, mine de rien, Pippa termina bien sa journée avec un achat, elle n'allait pas rentrer triste. Car, oui, à chaque journée où elle ne réussissait pas à vendre de guitares, Pippa rentrait triste et pas d'humeur. Le magasin où elle travaillait était très populaire, autant dire que les journées comme celle d'aujourd'hui étaient rare et très habituellement elle réussissait à vendre au moins deux voire trois guitares au minimum. Enfin, soit, après cette vente, Pippa ferma le magasin. L'idée de rentrer chez elle lui donnait le sourire. Elle allait voire son colocataire qu'elle aimait tant. C'était fou comme en si peu de temps ils s'étaient attachés l'un envers l'autre. Elle le considérait comme son frère, et elle ne pouvait plus imaginer sa vie sans lui. Vivre avec lui était la meilleure chose qui soit arrivé à Pippa. Elle avait énormément besoin de lui. Il avait été là depuis qu'elle était arrivé à New York, c'était donc pour ça qu'une vie sans lui ne pouvait pas avoir lieu d'être pour la jeune femme.

Une fois le magasin fermé, la jeune femme se dirigea vers sa voiture. Elle conduisait tranquillement vers chez elle lorsque sa voiture fit un bruit très bizarre. En premier lieu, sa chère voiture cala. “Ohhh, tu vas pas me lâcher toi hein !” Pippa essayait de redémarrer sa voiture mais en vain. La jeune femme était en plein milieu de la route, créant une panique autour d'elle. Un homme vint taper à la vitre de sa voiture. Pippa baissa la vitre et se mit à parler avec l'homme qui lui proposa son aider pour pousser la voiture jusqu'au bas côté, pour ne plus qu'elle gêne la route. La jeune femme remercia l'homme qui lui proposa d'appeler le dépanneur. Pippa lui dit alors qu'elle le ferait et remercia une nouvelle fois ce monsieur. La jeune femme sortit son portable de sa poche. Instinctivement, Holden appela Pablo. Elle tomba sur le répondeur. “Oh non Pablo, me lâche pas maintenant ! Rappelle moi dès que t'as ce message s'il te plaît. Ma voiture vient de tomber en panne. C'est pas une blague. J'suis à l'ouest de Greenwich, sur Houston Street. Vieens m'aaaaaaaider !!!!” La jeune femme raccrocha alors. L'idée d'appeller un dépanneur ne lui venait pas, il fallait que ce soit Pablo qui vienne, une habitude qu'elle avait pris, désormais, au grand 'bonheur' de Pablo ...

La journée touchait à sa fin, et Pablo était comme bien souvent en voiture. Aujourd'hui, il était arrivé sur le circuit vers huit heures du matin, et n'en était pas sorti jusqu'à maintenant. Pablo préparait avec acharnement ses prochaines courses, il voulait vraiment être prêt pour ce week-end. Et puis il fallait dire que c'était loin d'être une corvée pour lui ! Même les semaines où il n'avait aucune course, il pouvait passer des jours entiers sur un circuit, juste « pour le fun », et en prétextant de difficiles mais nécessaires entraînements. Néanmoins, tous ceux qui le connaissaient assez savaient qu'il s'éclatait vraiment, et qu'il n'avait en aucune façon l'impression de se rendre au boulot. S'il s'était écouté, Pablo serait bien resté encore un peu sur le circuit, mais tout le monde était déjà parti depuis un bon moment. Il décida donc de rentrer son bolide au garage, de faire un brin de rangement et de récupérer sa voiture personnelle pour rentrer chez lui.

A cette heure-ci, les rues de New-York étaient un peu encombrées et Pablo se retrouva bloqué dans les bouchons habituels de fin de journée. Il commençait à pester contre les autres automobilistes, à faire de grands gestes, à soupirer bruyamment, bref il languissait juste d'arriver chez lui. Il aurait voulu pouvoir se téléporter, ou voler au-dessus de tous ces gens pour atterrir le plus rapidement possible dans sa douche. Alors que le jeune homme était une nouvelle fois arrêté, devant un feu rouge cette fois, son téléphone sonna. Pablo avait prit soin de le garder à portée de main, et il l'attrapa d'un air désabusé, en continuant de râler contre ce feu qui ne voulait visiblement pas passer au vert. Son visage fermé se fendit tout à coup d'un petit sourire. Il venait juste de voir qui était en train de lui téléphoner, et comme souvent, il s'agissait de Pippa. Dans quelle galère s'était-elle encore mise ? Ou plutôt, quelle excuse avait-elle encore inventé pour pouvoir l'appeler et le faire venir ? En effet, la jeune femme avait prit l'habitude d'appeler Pablo dès qu'elle avait un problème. Le pilote se prêtait au jeu avec un certain amusement, mais depuis peu, Pippa l'appelait souvent pour rien. Si bien qu'il ne savait plus différencier les moments où elle avait réellement besoin de lui, et les moments où elle plaisantait. Cette fois, il décida de ne pas lui répondre, et reposa son téléphone sur le siège à côté de lui. Il ne rêvait que d'une douche, et n'était pas vraiment d'humeur à aller lui rendre visite comme ça, pour rien. Bien sûr, il appréciait sa compagnie, et il aimait pouvoir l'aider. Plusieurs fois, il s'était même retrouvé chez elle, sur son lit, à l'écouter parler de ses journées de boulot qui l'avaient démoralisé, ou de n'importe quoi d'autre qui la rendait triste ou amère. Mais cette fois, Pablo avait le pressentiment qu'elle l'appelait pour un truc bidon alors il laissa sa messagerie répondre pour lui.

Le feu avait finalement daigné passer au vert, et le jeune homme avait pu rentrer chez lui tant bien que mal. Il était garé en bas de son immeuble, et sortait de sa voiture en attrapant son téléphone pour écouter le message de Pippa. Il ouvrit la porte d'entrée, et commença à monter les escaliers mais il s'arrêta avant d'arriver devant son appartement. Son amie lui parlait d'une voiture en panne, et même si ce n'était pas vrai, Pablo avait vraiment envie d'aller voir. Peut-être le mot « voiture » qui l'avait intéressé... En tous cas, Pablo fit demi-tour et redescendit les quelques marches d'escalier qui le séparaient de son véhicule. En arrivant dans la rue, il retomba au milieu de la circulation et se mit à grimacer. Par moment, Pippa l'agaçait vraiment. Si jamais cette histoire n'était pas vraie, il ne serait certainement pas tendre avec elle. Pablo grimpa dans sa voiture et avant de démarrer, il décrocha son téléphone pour la rappeler. Il ne lui laissa pas le temps de parler et commença : « Pippa ? Si c'est une connerie, dis-le tout de suite ! Tu as vu les embouteillages là ? Je viens de me les cogner jusqu'à chez moi, alors j'ai vraiment pas envie de recommencer pour rien ! Je rigole pas hein ! Qu'est-ce qui se passe ? »

Pippa était coincée dans cette rue. Elle était adossée à sa voiture, son portable à la main, et guettait les voitures arrivées afin de voir si le jeune Pablo allait arriver. Elle espérait qu'il la rapelle, qu'il lui dise qu'il arrivait. C'était étrange la façon à laquelle elle pensait toujours à Pablo. Pour elle, il n'y avait que lui qui pouvait venir et l'aider avec sa voiture, elle ne pensait à aucun moment à appeler une dépanneuse. Son portable sonna alors. C'était Pablo. Un grand sourire s'afficha sur son visage. Elle décrocha. Elle sortit un seul son de sa bouche mais fut interrompu par le jeune homme qui voulait à tout pris parler le premier. « Pippa ? Si c'est une connerie, dis-le tout de suite ! Tu as vu les embouteillages là ? Je viens de me les cogner jusqu'à chez moi, alors j'ai vraiment pas envie de recommencer pour rien ! Je rigole pas hein ! Qu'est-ce qui se passe ? » La jeune Pippa l'écoutait parler et ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il avait l'intention de venir, c'était le plus important. “Bon, je sais que très souvent je t'appelle pour rien, je le reconnais mais là c'est pas une blague. Je me permettrais pas de rigoler pour ça mais j'ai vraiment besoin de toi. Et dépêche toi s'il te plait, j'en ai marre de rester là.” Pas croyable. En plus de lui demander de l'aide, elle était exigeante. Mais elle rajouta, quelques secondes après. “Et merci mon Pablo chéri, t'es adorable tu sais !” La jeune femme retourna dans sa voiture, tout en gardant son portable, collé à son oreille. Depuis qu'elle avait rencontré Pablo, elle ne savait plus vraiment si elle pouvait vivre sans lui. Bon, d'accord, c'était un peu extrême, mais il fallait qu'il soit là pour elle, c'était un genre de soulagement pour elle, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, pour n'importe quoi, et bien sûr, elle en abusait toujours mais quand elle l'appelait pour rien c'était plus une sorte de jeu. Mais c'était dans ces moments là qu'elle regrettait de l'appeler aussi souvent car il pouvait très bien refuser de lui venir en aide, et là c'était limite tout de même. Mais bien heureusement, elle réussissait toujours à le faire venir. Pippa avait besoin de son Pablo, son superPablo comme elle aimait si bien l'appeler.

Pippa semblait insister sur le fait que cette fois, elle ne plaisantait pas. Pablo qui était encore un peu hésitant à l'idée de retraverser la ville, démarra donc la voiture tout en écoutant son amie qui continuait. Il s’inséra de nouveau dans l'horrible circulation new-yorkaise en soupirant, mais sans pour autant lâcher son téléphone. Cependant, quelque chose fit que le jeune pilote ouvrit la bouche, comme choqué. « Quoi ??? Attends, je fais ce que je peux hein ! T'imagines même pas le monde qu'il y a sur la route ! Non mais... sans rire, tu choisis vraiment bien tes moments toi... » Elle se permettait de le presser alors qu'il avait déjà été plus qu'aimable d'accepter de l'aider ! Ça, c'était Pippa. S'il ne la connaissait pas, il aurait certainement très mal prit sa réflexion. Mais avec le temps, il commençait à la cerner, et avait appris à passer au-dessus de ce genre d'exigences. Et puis, il fallait dire qu'elle faisait toujours en sorte de se rattraper très vite lorsqu'elle disait une bêtise de ce genre... Elle lui fit alors savoir qu'il était adorable... Sans blague ! C'était trop aimable de sa part ! Il lui répondit en souriant, tout en continuant son cheminement à travers les embouteillages. « Oui, je sais... Ça me perdra, je devrai arrêter. »

Pablo continuait à conduire en direction de l'adresse que Pippa lui avait indiquée, mais il gardait son téléphone à la main. Il profita d'un nouveau feu rouge pour activer le haut-parleur, et posa son portable sur le tableau de bord, histoire de rester en contact avec elle pendant le trajet. « Tu me reçois toujours Holden ? Vas-y, explique-moi ce que tu as fait pour tomber en panne comme ça ? » Souvent, Pablo s'amusait à écouter son amie se lamenter sur ce qui lui était arrivé dans la journée, sur des petits histoires sans importance, et pourtant si drôles aux yeux du jeune pilote. Et cette fois, il allait être acteur de l'histoire du jour ! Il ne savait pas encore si c'était une bonne, ou une mauvaise chose pour le moment, mais l'avenir très proche le lui dirait ! En fait, même si elle l'agaçait parfois, Pippa était la plus belle rencontre que Pablo ait faite à New-York. C'est elle qui l'avait abordé à la suite d'une soirée où il avait mixé, ils avaient pris un verre ensemble et s'étaient découvert une passion commune : la conduite. Aussitôt le pilote y avait vu une occasion de lui montrer sa chère voiture dont il était si fier. Les deux jeunes gens étaient donc partis tous les deux, pour faire un tour de la ville dans son bolide. Ils avaient passé une très bonne soirée, et celle-ci s'était d'ailleurs terminée chez Pablo. Ou plus exactement dans son lit... Histoire de ne pas « salir » sa voiture... Enfin bref, très bonne soirée doublée d'une très bonne nuit. Ils s'étaient très vite recroisés, et petit à petit, Pippa était devenue une des figures inévitables dans le paysage du jeune homme. De plus, il avait réellement l'impression de compter pour elle. Il était toujours disponible pour elle, et le fait de l'aider partout où elle avait besoin de lui lui avait valu l'agréable surnom de SuperPablo.

Afin de ne pas faillir à sa réputation, il s'approchait donc le plus vite possible du lieu où Pippa l'attendait avec impatience. «Tu vois, je suis complètement bloqué dans je ne sais quelle rue par ta faute... Dis-moi que ça roule mieux de ton côté... Ou, essaye de redémarrer tiens, on ne sait jamais ! » Par tous les moyens, il essayait de rentrer chez lui le plus tôt possible. En effet, il rêvait toujours de cette fameuse douche, et n'avait pas spécialement envie d'aller plonger ses mains sous le capot de la voiture de Pippa tout de suite. Pablo priait vraiment pour que son « sauvetage » ne dure pas trop longtemps, et qu'il puisse retrouver le calme de son petit appartement pour la fin de la soirée.

Pippa ne se rendait pas vraiment compte que c'était vraiment pénible pour Pablo de devoir refaire face à la circulation du soir. Elle ne se demandait pas s'il était fatigué, peut être qu'il avait grand besoin de rentrer chez lui, et non de venir aider cette jolie bruner qui se retrouvait toujours dans les situations les plus folles. Ce soir, Pippa s'était retrouvée avec une voiture en panne et Pablo avait été la première personne à laquelle elle avait pensé. Les voitures, c'étaient son métier. Il était pilote de formule 1 et Pippa avait plus confiance en lui qu'en un dépanneur qui allait mettre aussi longtemps que Pablo à venir, elle préférait donc en rester sur son grand ami. Pippa était au téléphone avec lui. Et lorsqu'elle lui avoua qu'il était adorable, il lui dit que ça le perdrait un jour. Pippa souriait. “Mais non ça ne te perdra pas !! ... donc t'arrête pas.” dit elle d'un ton tout à fait innocent.

La jeune Pippa s'était donc de nouveau retrouvée dans sa voiture, toujours au téléphone avec son ami Pablo. « Tu me reçois toujours Holden ? Vas-y, explique-moi ce que tu as fait pour tomber en panne comme ça ? » La jeune femme regarder la rue à travers sa fenêtre et commenca donc à lui expliquer. “Bon, déjà, je t'assure, ce n'est pas de ma faute. Je sais pas vraiment comment c'est arrivé. Ce matin elle roulait très bien. Ce midi je l'ai repris pour aller manger un bout à la maison avec Tommy et quand je suis retournée au magasin, elle roulait encore très bien et je sais pas, au retour, elle m'a fait un caprice et elle ne veut plus rouler. Je ne sais pas pourquoi et je crois que le seul, apte à répondre à ça, c'est toi mon super Pablo chéri. Tu crois qu'elle rend l'âme? Non c'est pas possible elle est trop jeune pour ça, elle mérite pas ça ! Elle a rien vécue encore!” Et pendant qu'elle parlait, encore et toujours, Pablo écoutait. C'était souvent ça. Elle lui parlait de tout et de rien, et ça déviait toujours sur du n'importe quoi. Elle osait tout dire au jeune homme. Il était devenu son confident alors qu'au départ il était partit pour être une conquête d'un soir pour la jeune femme. Et c'était la première fois, après une jolie nuit au lit, qu'elle devenait si proche d'un garçon. Généralement, quand elle n'avait pas envie d'aller plus loin qu'une simple relation d'un soir, Pippa en restait là, mais là, la jeune femme avait toujours trouvé Pablo intéressant et elle avait voulu en savoir plus sur le jeune homme. Désormais, ils ne pensaient plus à se retrouver dans le lit de l'un ou de l'autre, ils se contentaient d'être là l'un pour l'autre, enfin, surtout Pablo pour Pippa x)

«Tu vois, je suis complètement bloqué dans je ne sais quelle rue par ta faute... Dis-moi que ça roule mieux de ton côté... Ou, essaye de redémarrer tiens, on ne sait jamais ! » La jeune Pippa jeta de nouveau un oeil sur la route, ça ne roulait pas très vite mais pour ne pas que le jeune homme change d'avis, enfin maintenant qu'il était en route ça n'allait pas être le cas, mais elle lui dit: “Euh, ça va, ça roule.” Puis il lui dit d'essayer de redémarrer. Des fois Pippa se sentait vraiment bête, elle n'y avait pas pensé. Mais elle avait peur d'essayer. Si la voiture allait redémarrer, Pablo allait s'énerver. Pippa essaya tout de même mais elle ne redémarrer pas. “Oh, elle redémarre !!!!!!” Elle laissa quelques secondes afin d'entendre la réaction de Pablo puis enchaîna: “Je plaisante ... allez avoue que je suis drôle. Bon, tu y es presque?”

Pablo avançait toujours au pas dans les grandes rues new-yorkaises, et bien qu'il maudisse Pippa pour ça, il l'aimait toujours. Même s'il l'avait voulu, il n'aurait jamais pu la détester comme il le prétendait parfois. Sans savoir quoi, il avait l'impression que quelque chose faisait que Pippa était plus proche de lui qu'aucune fille ne l'avait jamais été. Enfin, qu'aucune fille avec laquelle il avait couché... En effet, il ne gardait que très rarement contact avec ses relations d'un soir. De toute façon, par définition, les coups d'un soir ne duraient pas plus longtemps que... un soir. Jamais Pablo n'aurait imaginé entretenir une relation pareille avec une « ex-conquête » ! Il était devenu le confident privilégié de Pippa, et bizarrement il aimait ça. Lui qui ne faisait que bouger, qui ne tenait pas en plus plus de cinq minutes, il pouvait rester des heures entières à l'écouter parler. Car oui, la jeune fille avait souvent énormément de choses à dire ! Lorsque Pablo se retrouvait sur son lit à l'écouter, il savait qu'il en avait pour un certain temps, mais il était toujours curieux de savoir ce qui était encore arrivé à son amie. Il aurait fait n'importe quoi pour elle, juste parce qu'il tenait vraiment à elle, et qu'elle était la seule à entretenir cette relation spéciale avec lui.

« Non t'inquiètes, je m'arrêterai pas maintenant que je suis lancé ! » Durant tout le trajet, Pablo garda son téléphone en mode haut-parleur, posé juste devant lui sur le tableau de bord. Il pouvait ainsi rester en contact avec elle, et l'écouter, même à distance ! Décidément, cette habitude avait tendance à le suivre partout, même jusque dans sa voiture ! Pippa lui racontait donc qu'elle n'avait rien fait de spécial pour que son véhicule la lâche comme ça, sans prévenir. En l'imaginant désespérée sur le bord de la route, plantée devant sa voiture qui refusait de démarrer, Pablo ne pouvait s'empêcher de sourire. Loin de lui l'idée de se moquer ! Mais il trouvait tout de même la situation un peu amusante... comme souvent avec Pippa. « Oui enfin, je ne suis pas mécano hein ! Et puis si ça se trouve, elle est vraiment morte, je sais pas moi ! » Bien sûr, il la taquinait. Les voitures, c'était vraiment son truc, et même si la mécanique n'était pas le domaine dans lequel il excellait le plus, il en connaissait les bases depuis longtemps. Et puis il se disait que le problème de son amie ne devait pas être trop grave du moins il l'espérait ! Si il échouait dans cette nouvelle mission, son statut de super héros allait très certainement en prendre un coup...

Pablo approchait tant bien que mal du lieu indiqué par Pippa, et contrairement à ce qu'elle lui avait promis, ça ne roulait pas... du tout. Au moment même où il l'entendit dire que sa voiture redémarrait, il aperçut l'arrière de son véhicule sur le trottoir. D'un air désabusé, il regarda la voiture qui ne bougeait pas du tout, et leva les yeux au ciel sans même prendre la peine de répondre à la jeune fille. De toute façon, elle devait bien savoir qu'il doutait souvent de ses plaisanteries ! Le jeune pilote avança encore un peu, et enclencha son clignotant pour venir se garer derrière Pippa, alors qu'elle lui demandait justement s'il arrivait bientôt. La jeune fille ne semblait pas l'avoir vu dans son rétroviseur, et Pablo lui répondit l'air de rien : « Oui, oui, j'arrive. Il y a encore un peu de circulation là, mais j'approche. » Le jeune homme attendit encore quelques secondes, et constata avec humour qu'elle ne regardait décidément jamais derrière elle. Tout en souriant, et alors qu'il n'avait pas encore coupé le contact de sa voiture, il avança doucement. En essayant d'être le plus discret possible, il avança encore, jusqu'à percuter la voiture de Pippa. Évidemment, il savait ce qu'il faisait, et il s'approcha juste assez pour la secouer, sans rien abîmer de son pare-choc. Et puis de toute façon, après les petits différents qu'il avait eut avec une certaine fleuriste, son pare-choc à ui était à refaire, à son plus grand désespoir...

Pablo prenait un grand plaisir à taquiner Pippa car il savait que la plupart du temps elle jouait le jeu. Et une fois encore, elle n'avait pas fait d'exception à la règle. Elle avait prit son ton de dramaturge, et l'avait presque accusé de ne plus être son ami, et de lui vouloir du mal. Pour toute réponse, il avait juste rit, comme souvent. Au-delà de l'amitié qui se nouait entre eux, Pablo s'amusait aussi beaucoup avec elle. Et parfois, il devait bien avouer qu'il flirtait avec la moquerie, mais sans jamais être méchant. Il en était bien incapable de toute façon, et surtout avec Pippa !

Pour l'instant, Pablo était assez fier de lui car son petit plan foireux avait fonctionné à merveille. Pippa était sortie en trombe de la voiture, et avait commencé à crier sans même regarder qui se trouvait devant elle. Quand elle tomba sur Pablo, elle se tut d'un coup, juste avant de prononcer un mot que le jeune homme pouvait très bien imaginer même si elle n'avait rien dit. La jeune femme se précipita vers lui pour le frappa, et en bon public, Pablo grimaça et se frictionna l'épaule... comme s'il avait eut mal ! « Ohoh, des menaces ? Méfie-toi Holden, ta voiture est entre mes mains ! » affirma-t-il avec un air vainqueur dans les yeux. Il faut dire qu'il était en position de force, et pouvait obtenir ce qu'il voulait d'elle ! Mais pour le moment, c'était elle qui commandait. Il fallait que Pablo la sauve... rien que ça. D'un air désabusé, le jeune pilote remonta ses manches et s'avança vers le véhicule de son amie. Il se posta alors devant le capot de la voiture, et l'ouvrit en reculant un peu. En effet, une légère fumée s'en échappa et Pablo fit de grands gestes pour la dissiper un peu. « Dis, elle est vieille ta voiture ? » s'écria-t-il d'un air un peu ironique. Pour le moment, il ne savait pas trop quoi faire de tout ça, et en s'approchant un peu du mécanisme, il remarque que quelque chose clochait. Fort heureusement pour lui (enfin, surtout pour elle d'ailleurs), il se baladait toujours avec une caisse à outil dans le coffre. Ça pouvait paraître échange comme habitude, mais en tant que passionné d'automobiles, il se disait que ça pourrait toujours servir un jour ou l'autre. Et Pippa lui en apporta la preuve. Sa caisse à outils allait devoir l'épauler dans son rôle de SuperPablo.

Le jeune homme revint vers la voiture sous le regard de Pippa. Il sortit quelques clés, et étala un tas d'autres outils sur le trottoir. Les passants le regardaient d'ailleurs de travers. En effet, il n'avait ni la tête ni la salopette d'un dépanneur, et sa sublime voiture noire garée juste derrière lui donnait plutôt des airs de mafioso. Mais il plongea la tête sous le capot du véhicule, et commença à triturer quelques boulons. Il avait visualisé le problème assez rapidement : juste quelques pièces à resserrer et le tour serait joué. Mais il voulait faire languir Pippa. Pour cela, il faisait semblant de gromeler tout seul, il se grattait la tête d'un air contrarié et pestait contre telle ou telle pièce qui ne fonctionnait soi-disant pas comme il le fallait. Au passage, il laissa sur son front une grande trace de cambouis, sans vraiment y faire attention, trop occuper à jouer la comédie. Tout à coup, une idée lui traversa l'esprit. C'était plutôt nul, et surtout très puéril, mais il en souriait d'avance. Pablo donna un coup de clé dans une des nombreuses pièces métalliques, histoire de faire du bruit, puis se mit à crier : « AIIIIE PUTAIN ! SALETE !! » Il cacha alors sa main contre son t-shirt, comme s'il s'était réellement blessé en voulant réparer la voiture. Il grimaçait de douleur (du moins, il le feignait à la perfection) et attendait la réaction de Pippa en se concentrant au maximum pour ne pas rire.

D'accord, Pippa ne pouvait rien dire contre le jeune homme. C'était lui qui était en force vu qu'il devait tout faire pour réparer la voiture de Pippa, cette dernière n'avait pas le droit à l'erreur, elle ne devait rien dire qui pourrait le dissuader de l'aider. Le jeune homme remonta ses manches et il était enfin prêt à l'aider. La jeune femme attendait impatiente. Elle le vit se pancher afin d'ouvrir le capot et elle le suivait de près des yeux. Elle ne disait rien de peur de le déconcentrer. Quand elle vit la fumée s'échapait, Pippa grimaça. “Euh non pas vraiment. C'est mauvais signe cette fumée?” Pippa paniquait intérieurement, elle ne voulait vraiment pas qu'il s'agisse d'un grave problème, elle avait besoin de sa voiture, elle s'en servait pour aller au boulot tous les jours, elle ne se voyait vraiment pas prendre les transports en communs du jour au lendemain. Elle suivait toujours Pablo des yeux qui se dirigeait vers sa voiture, son coffre plus précisemment. Il y sortit une caisse à outil. Il fallait avouer que, concernant les voitures, Pablo était parfait. Il pensait à tout, fort heureusement pour Pippa. “Tu me fais rêver Fernandez, tu le sais?” dit elle avec un grand sourir. Elle se disait que grâce à cette caisse à outil, l'affait allait vite être résolue.

Pippa décida de s'asseoir sur le trottoir, à côté des outils qu'il venait d'étaler. Elle le regardait faire, et se disait qu'elle aurait jamais été capable de faire ça. En même temps c'était normal, vu qu'elle ne s'étais jamais interessée à la mécanique. La jeune femme fronça les sourcils lorsqu'elle l'entendait gromeler dans son coin. Ce n'était pas trop bon signe ça. Elle recommençait à paniquer. Elle se voyait déjà donner sa voiture au dépanneur et payer une fortune. Parce que si Pablo n'y arrivait pas c'était que le problème n'était pas petit. « AIIIIE PUTAIN ! SALETE !! » Pippa se leva alors précipitemment, inquiète de ce que Pablo avait du se faire. Arrivé devant lui, elle parla à toute vitesse, signe de panique. “Ca va? Qu'est-ce que tu as fait? Tu devrais faire attention, purée ! Montre moi ça !” Pippa tira alors sur le bras de Pablo mais il ne voulait pas enlever sa main qu'il cachait de son autre main. “Sois pas bête Pablo ! Montre moi!” Elle insista en tirant sur son bras, et il finit par sortir sa main ! Elle examina cette dernière, il n'y avait aucune trace de blessure. Pippa regarda alors Pablo et le tapa de nouveau sur l'épaule. “T'es vraiment trop con, sérieusement !! J'ai eu peur que tu t'étais vraiment fait mal !”

Pablo prenait un malin plaisir à rouler des mécaniques devant Pippa. Non pas que ce comportement fasse partie de ses habitudes, mais il se plaisait tout simplement à exagérer ces traits avec elle. Elle qui était si proche de lui, il savait qu'il pouvait plaisanter sans prendre le risque de passer pour un vieux dragueur ringard. D'ailleurs, la plupart du temps la jeune fille jouait le jeu, pour le plus grand plaisir de Pablo. Encore une fois, elle le suivit, et lança même un : « Tu me fais rêver Fernandez, tu le sais ? ». Le jeune pilote se retint pour ne pas éclater de rire, et se contenta d'adopter un air vainqueur et supérieur en répondant : « Oui, je sais, on me le dit souvent... » Puis il passa fièrement tout près de Pippa avec sa caisse à outil. Décidément, même ce genre de choses d'ordinaire inutiles pouvait le faire passer pour un super héros ! La vie était vraiment bien faite. S'il avait su ça plus tôt, il aurait placé un tournevis dans chacune de ses poches de jean !

Pippa était désormais assise sur le trottoir juste à côté de lui, et le mécano d'un jour reprit son sérieux pour arranger le problème de son amie. En quelques coups de clé, il pensait avoir résolu son problème mais préférait tout de même faire durer le suspense. Puis son idée « diabolique » lui traversa l'esprit, et il se mordit la langue pour ne pas rire, une fois de plus. Il s'empressa de faire du bruit, et de crier comme s'il s'était coupé un doigt... ou deux. Au moins ça. Comme il pouvait s'y attendre, la jeune fille se précipita vers lui d'un air paniqué. Pablo qui était un très bon comédien continuait de grimacer, et reculait au fur et à mesure. Comme un enfant qui a peur du produit qui pique que sa maman lui mettrait si jamais elle découvrait sa blessure, Pablo cachait sa main. Mais Pippa insistait, elle tirait sur son bras, et il avait beau essayer de se retourner, elle ne le laissait pas faire. « Aïe ! Mais non, ça fait mal, laisse-moi ! » Ne pouvant plus se retenir, il finit par lâcher prise, et laisser apparaître sa main intacte. Évidemment, la jeune femme le frappa, le traita de con et cetera... Mais Pablo, trop fier de lui riait de bon cœur. Elle avait entièrement raison : il était trop con, puéril et immature sur ce coup-là, mais ça l'amusait tellement ! Et Pippa démarrait tellement au quart de tour à chaque fois, qu'il aurait été dommage de se priver d'une telle scène. Et puis, ses plaisanteries étaient légitime : il avait bien le droit de se venger après tout ! D'habitude, c'est elle qui lui faisait croire qu'elle avait besoin de lui, alors que ce n'était qu'un mensonge pour qu'il vienne la voir … Alors chacun son tour.

Pablo la regardait avec un petit air de chien battu, ce regard qu'il savait si bien faire. Ce regard de gamin qui vient de faire une bêtise, et qui est certain que tout lui sera pardonné s'il s'applique a bien refaire le regard du Chat Potté. Puis un large sourire illumina son visage. « C'est mignon ! Tu t'es inquiétée ! » lui dit-il en riant un peu. « Tu étais terrifiée même ! Tu aurais du voir ta tête ! Magique... Je suis trop drôle ! » ajouta-t-il encore en riant devant Pippa qui le transperçait du regard, très certainement vexée par cette fausse frayeur qu'il venait de lui faire, juste pour rire.

Pippa venait de frapper son cher et tendre ami. Elle n'avait pas vraiment apprécié qu'il fasse semblant de se faire mal. S'il s'était réellement blessé, Pippa aurait culpabilisé jusqu'à ce qu'il soit pleinement rétabli, c'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait réagit si vite et avec autant de panique. Elle s'était tout d'un coup sentit responsable de sa blessure, comme ci, c'était elle qui l'avait blessé alors que ce n'était pas le cas. Quand la jeune femme avait découvert qu'il n'avait rien, aucune blessure, la jeune femme avait sentit un grand soulagement mais qui était surpassé par sa colère. Elle n'aimait pas vraiment que l'on plaisante de cette façon là et elle allait bien se venger, et le montrer à son cher super héro, Pablo.

« C'est mignon ! Tu t'es inquiétée ! Tu étais terrifiée même ! Tu aurais du voir ta tête ! Magique... Je suis trop drôle ! » Pippa le regardait sans même un sourire, elle essayait de lui faire croire qu'elle lui en voulait. Elle voulait qu'il s'excuse et des excuses sincères et pour cela Pippa allait vraiment être désagréable. La vengeance était un plat qui se mangeait froid et entre les deux jeunes gens, ils savaient de quoi il en était capable. Ils jouaient souvent à ce petit jeu. Cela devenait limite une habitude, quand l'un faisait une blague à l'autre, ce dernier faisait tout pour se venger. D'ailleurs elle était persuadée que ce mensonge à propos de sa blessure venait du fait que Pippa l'avait dérangé pour qu'il vienne l'aider avec sa voiture. Il riait de la situation, de la façon dont Pippa avait paniqué. La jeune femme le regardait de travers, elle prenait un malin plaisir à le regarder de la sorte. “Tant mieux pour toi si ça t'amuses, écoute! Tu l'as réparé?” Et sans attendre aucune réponse du jeune homme la jeune femme le regardait toujours de ce même air, méchant puis elle décida de retourner à la voiture, elle entra et enclencha la clef pour faire démarrer la voiture. Cela fonctionnait. Elle sortit sa tête de la fenêtre en regardant Pablo: “Tu peux fermer le capot stp?” Elle attendait la réaction du jeune homme, impatiente ...

Pablo était une fois de plus assez fier de lui. Fier de ses bêtises, mais aussi fier du fait qu'elle se soit autant inquiétée pour lui. A vrai dire, en concoctant sa petite mascarade, il n'avait pas du tout imaginé qu'elle réagisse aussi promptement... Bien sûr, en contrepartie elle allait bouder, c'était écrit. Mais Pablo était bien trop amusé par la situation pour s'en préoccuper, et il ne comptait pas lâcher l'affaire aussi facilement. Comme il l'avait prévu, la jeune fille ne souriait même pas, ou plutôt : elle s'efforçait de ne pas sourire ! Car oui, il commençait à la connaître par cœur, et il lisait dans ses yeux qu'elle se concentrait pour ne pas rire. Elle voulait juste lui faire regretter ce qu'il venait de faire, et pour ça elle allait bouder pendant un bon moment. Mais comme il le savait, ça ne faisait ni chaud ni froid au jeune pilote qui comptait bien continuer à la taquiner.

Pippa tourna alors les talons et s'engouffra dans sa voiture sans rien dire. Elle démarra, et à ce moment précis Pablo regretta presque d'avoir réparé l'anomalie aussi vite. Elle lui demanda alors plus ou moins aimablement de fermer le capot de sa voiture pour qu'elle puisse repartir et le laisser planté là. Il afficha alors un large sourire, puis se décala un peu afin de faire face à son amie. Le jeune homme arqua alors un sourcil et s'écria « Hé Holden ! Je suis venu te sauver j'te rappelle ! T'as pas le droit de partir comme ça... » Bien entendu, il avait laissé le capot grand ouvert, et il n'avait d'ailleurs aucune intention de le refermer avant un bon moment. Au contraire, il prit la décision de s'asseoir sur le bord de la voiture, juste à côté du capot en question, et de regarder la circulation devant lui avec un léger sourire. Pablo prit bien soin d'adopter un air nonchalant, ce qui, il l'espérait, allait pousser la jeune fille à bout. C'était peut-être un peu étrange, mais il adorait la voir s'énerver. Et puis de toute façon, il savait que ce genre de situation finissaient toujours bien. Elle ne pouvait tout simplement pas lui faire la tête, et encore moins aujourd'hui, après qu'il ait tout quitté pour venir la secourir ! Alors il ne se privait pas pour profiter de la situation, même s'il était bien conscient d'être invivable parfois. C'était la contrepartie du fait qu'elle ne cesse de l'appeler pour tout et pour rien.

Le jeune pilote admirait toutes les voitures qui passaient devant lui avec un air absent. D'ailleurs, la plupart des conducteurs de ces voitures tournaient la tête en passant devant lui. Le capot ouvert, Pippa au volant, et lui appuyé contre le pare-choc, il y avait effectivement de quoi se poser des questions ! Mais finalement, Pablo avait tout son temps. En arrivant ici il avait espéré avoir terminé assez rapidement pour retrouver le calme et la tranquillité de son petit appartement. Mais désormais, plus rien ne pressait. Après tout, le temps qu'il passait en compagnie de Pippa était bien plus précieux que ces heures de solitude qu'il pouvait passer chez lui ! Même si à l'heure actuelle, elle ne devait certainement pas être du même avis !

La jeune femme s'était réinstallée sur le siège auto de sa voiture, seulement Pablo n'était pas décidé à fermer le capot pour qu'elle puisse rédémarrer. En revanche, il s'était posé contre le bord de sa voiture et il regardait, tranquillement, les voitures qui passaient. La jeune Pippa posa sa tête contre le volant de sa voiture et elle se mit à rire. Il n'y avait que lui pour faire ça, pour embêter cette chère jeune femme. Et elle se cachait pour rigoler. Elle ne voulait pas lui montrer qu'elle riait. Rappelez vous qu'elle devait lui montrer qu'elle lui en voulait d'avoir fait semblant de s'être fait mal. Mais il fallait qu'elle voit la vérité en face, Pippa était une piètre comédienne et elle allait sûrement se vendre toute seule en esquissant un sourire ou un rire qu'elle n'aurait pas réussis à retenir. La preuve, là, elle était obligée de se cacher pour rire, de peur que Pablo se retourne brusquement et la voie toute souriante.

Lorsqu'elle se redressa, la jeune femme enleva sa ceinture, car oui elle s'était préparée à partir dès qu'elle avait reposé ses fesses sur le siège. Elle sortit alors de son auto et se posa juste devant Pablo. “T'es vraiment chiant quand tu t'y met, sérieusement !! Bouge toi !” Elle essayait de paraître sévère, pour lui montrer qu'elle était en colère, mais même elle, elle n'y croyait pas. Pippa, en colère contre son cher Pablo? Vous y croyez vous? Surtout que le jeune homme s'était déplacé exprès pour l'aider avec sa voiture, elle, elle lui faisait sois disant la gueule pour avoir fait semblant de s'être fait mal, il fallait être idiot pour le croire. Mais ça amusait Pippa de continuer à jouer à ce petit jeu. Les deux jeunes gens étaient tellement habitués à s'amuser entre eux, c'était leur secret pour que leur amitié soit aussi belle et forte. La jeune femme lui prit la main et elle le tirait mais il résistait. La situation était assez comique à voir de l'extérieur. “Casse toooooooi!” dit elle en tirant sur son bras. Mais il ne bougeait pas. Pippa était bien trop menu pour faire le poids face à Pablo. Elle décida alors de s'installer à côté de lui. “On dîne içi en cas? Pourquoi pas hein? Il fait beau dehors.” dit elle en regardant droit devant elle.

Pablo se trouvait donc appuyé contre le bord du capot, et n'avait pas daigné broncher quand Pippa le lui avait demandé. Elle voulait partir ? Très bien, il allait tout faire pour l'en empêcher, juste par principe, juste pour l'embêter et la contredire. Alors que son regard se baladait sur les files de voitures qui s’enchaînaient devant lui, le jeune homme attendait simplement que son amie sorte de son véhicule, certainement pour le sermonner une nouvelle fois. Dans le sens dans lequel il était, il ne pouvait pas la voir rire et sourire toute seule derrière son volant, mais en réalité il n'avait pas besoin de la regarder pour savoir ce qu'elle faisait. C'était toujours pareil dans ces situations là : elle l'engueulait, elle faisait semblant de bouder, mais elle se cachait pour rire. Pablo connaissait aujourd'hui toutes les ficelles de leurs petits jeux, et prenait un malin plaisir à s'en servir contre elle.

Puis, le jeune pilote sentit que Pippa s'agitait dans l'habitacle. Elle retira sa ceinture, et sortit enfin, pour venir se planter devant lui. Comme il l'avait deviné depuis bien longtemps déjà, elle lui demanda de bouger, en soulignant le fait qu'il était chiant. Sur ce point là, il ne pouvait pas dire le contraire, et c'était justement tout l'effet qu'il recherchait en la taquinant ainsi. Le faux air sévère de la jeune femme l'amusait tellement qu'il dut se mordre la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire. Cependant, il ne put dissimuler un sourire en coin, mais resta silencieux et immobile devant Pippa. C'est alors qu'elle lui agrippa le bras, et tira de toutes ses forces pour le faire bouger. Bien sûr, Pablo mit tout son poids dans l'autre sens, et malgré tous les efforts de son amie, il ne bougea pas d'un pouce. Pour l'agacer encore plus, il ne la lâchait plus du regard, arborant toujours son sourire limite moqueur.

Contre toute attente, Pippa décida finalement de s'installer sur le bord de la voiture, à côté de lui. Elle cherchait par tous les moyens à le déstabiliser, mais Pablo comptait bien rester impassible, quoi qu'il advienne. Il croisa alors les bras, et ne daigna même pas poser un regard sur elle. Au lieu de ça, il continuait à admirer la circulation, en suivant telle ou telle voiture un peu plus longtemps que les autres en fonction de sa marque ou de sa couleur. Comme dans un dernier espoir, la jeune femme lui proposa alors de dîner ici. Pablo afficha un sourire encore plus grand à l'énoncé de cette proposition, mais il ne tourna pas la tête pour autant. « Si tu veux. » répondit-il avec un petit rire dans la voix. « Tu n'as qu'à commander une pizza, débrouille-toi pour l'adresse que tu leur donneras... » Elle croyait le faire craquer avec une proposition aussi déroutante ? C'était bien mal le connaître ! Au contraire, tout ce qui sortait un peu de l'ordinaire et qui le faisait passer pour fou, Pablo adorait ça. Un jour, il avait même passé un long moment assis en tailleur en plein cœur d'une allée de Central Park, en compagnie de Zélie, et au beau milieu de la foule de joggeurs qui étaient contraints de faire des écarts pour ne pas les écraser. Tout le monde les regardait de travers, et Pablo avait simplement rit, sans jamais éprouver le moindre sentiment de honte. Il était comme ça, et le fait de faire des choses improbables était également pour lui un moyen de profiter de la vie, et de goûter à tout ce dont il s'était longtemps privé tant il avait de responsabilités aux yeux de sa mère.

Bref, à cet instant précis, Pablo était toujours posté sur la voiture, et attendait la réaction de Pippa devant sa réponse favorable. Dans un nouvel élan de taquinerie, il ajouta : « Oh, et sans poivrons la pizza ! »

Pippa ne savait plus quoi faire pour faire bouger Pablo. Il était bien décidé à rester là, posé contre la voiture de la jeune femme. Elle avait essayé de le bouger elle même, mais en vain. Et maintenant il jouait le jeu pour l'histoire de la pizza. « Tu n'as qu'à commander une pizza, débrouille-toi pour l'adresse que tu leur donneras... » Il avait pas tord au niveau de l'adresse, si la jeune femme se mettait à commander à manger elle aurait un petit soucis quand au point de livraison de la nourriture. Pippa baissa la tête pour sourire, et elle donna une tape sur l'épaule à son cher ami. Puis, pour bien la taquiner encore plus qu'il ne le faisait déjà, il ajouta qu'il préférait la pizza sans poivrons. La jeune femme le regarda d'un mauvais air et répondit. “Tes poivrons ils finiront pas sur la pizza si tu continus!” dit elle en le tappant encore une fois. La jeune femme se mit aussi à regarder les voitures qui passaient. Ils n'allaient quand même pas rester là toute la soirée? “Bon, écoute, j'ai une idée. J'arrête de te faire la gueule. Tu arrêtes de m'embêter. Tu retournes dans ta voiture. Je retourne dans ma voiture. Tu rentres chez toi. Je rentre chez moi. Et voilà, on est tous contente comme ça, non?” Elle se posa devant lui et lui adressa un sourire colgate.

Pablo et Pippa pouvait être comme chiens et chats mais également comme de réels frères et soeurs. Bon, ok, ils avaient couchés une fois ensemble mais ils n'en parlaient plus. Désormais leur amitié était devenue plus forte que tout. La jeune femme ne pouvait pas se passer de lui. La preuve était là, lorsqu'elle l'appelait pour un rien. Ils n'avaient jamais pensé à aller plus loin, ils auraient pu après leur première nuit, et pourtant ils ont préférés l'amitié et l'amour et ils ont eu bien raison. La jeune Pippa se tenait toujours devant lui, la situation était drôle à voir et à entendre, tout de même.

Pablo n'était pas loin de faire craquer son amie, et il était plutôt fier de lui. A vrai dire, il attendait impatiemment de voir de quelle façon elle comptait s'en sortir. Pour le moment, sa seule solution était visiblement de le frapper, et de le frapper encore, ce qui n'avait pour seul impact de le faire sourire, bien que son épaule ne commence à être un peu meurtrie par tous ces coups. Mais bien sûr, il ne disait rien, et continuait à sourire comme si rien ne l'atteignait. Puis, Pippa craqua définitivement, et lui proposa une nouvelle solution. Tout en se postant devant lui, elle lui proposa de partir. Chacun rentrerai chez soi, sans faire d'histoire, comme si rien ne s'était passé ce soir. Pablo ouvrit la bouche, comme choqué. Puis il secoua la tête, et s'écria : « Je le crois pas ! Je quitte tout pour venir te sauver, et tu vas me laisser repartir comme ça ? » Lui qui espérait maintenant se faire inviter, manger une bonne pizza et passer une bonne soirée en compagnie de Pippa ! Tout ça n'était visiblement pas dans les projets de la jeune femme. Malgré son beau sourire, très certainement destiné à l'amadouer, Pablo ne lâcha pas l'affaire : « Non ! Moi je ne suis pas content ! J'ai faim, et je suis sûr que toi aussi... Et tu me dois un quelque chose maintenant ! Souviens-toi, je viens de me sacrifier ! » ajouta-t-il en prenant un air d'enfant malheureux.

Devant le peu de réactions positives de la part de la jeune femme, Pablo lui asséna une tape derrière la tête, sans vraiment pouvoir s'empêcher de rire. « Écoute moi, je vais te montrer... Par exemple, tu aurais pu me dire : Oh, mon SuperPablo, comme je t'aime et que tu viens de me sauver la vie, je t'invite à manger une pizza sans poivrons chez moi ! Tu vois, genre... Comme ça. Et en me faisant un bisou, juste là ! » lui expliqua-t-il en posant un doigt sur sa joue droite. Cette fois, le jeune pilote était on ne peut plus sérieux, et ne lâchait pas Pippa des yeux. Maintenant qu'elle avait gâché sa soirée de repos, il fallait qu'elle assume son rôle jusqu'au bout. Étant donné qu'il se sentait totalement épuisé après cette journée de boulot, le jeune homme se voyait parfaitement débarquer chez son amie, mettre les pieds sous la table et ne rien avoir à préparer de son côté. De toute façon, il se disait qu'elle ne pouvait pas lui refuser cette invitation. Même s'il lui forçait la main, et même si elle faisait un peu la tête, il savait qu'au fond d'elle, elle l'appréciait vraiment. C'était d'ailleurs un sentiment réciproque, et malgré les taquineries et les piques qui fusaient, l'amitié était bien présente entre les deux jeunes gens.

« Alors ? Mon idée est bien meilleure que la tienne non ? » ajouta-t-il encore en lui adressant un clin d’œil complice. Pablo prit tout de même la précaution de ne pas broncher de son poste d'observation. S'il se relevait, Pippa était capable de sauter sur le capot pour le fermer, et de partir en trombe en le laissant planté là, il en était certaine. Pour parer à toute éventualité, il la gardait donc en ligne de mire, juste devant lui, et gardait une main posée sur la voiture.

Le visage choqué de Pablo faisait sourire Pippa, sourire bien évidemment en intérieur. « Je le crois pas ! Je quitte tout pour venir te sauver, et tu vas me laisser repartir comme ça ? » Pippa fit mine de réfléchir à la question que venait de poser son cher et tendre super héros. “Bah euh ... oui. Tu sais je demandais pas plus que de me réparer ma voiture hein.” dit elle d'un ton ironique et en lui adressant un immense sourire. Dans ces moments là, à la place de Pablo, on aurait eu envie de tordre le cou de la jeune femme. « Non ! Moi je ne suis pas content ! J'ai faim, et je suis sûr que toi aussi... Et tu me dois un quelque chose maintenant ! Souviens-toi, je viens de me sacrifier ! » La jeune femme soupira. Il n'était jamais content. Bon, en même temps, c'était compréhensible. Pippa ne le traitait pas correctement. Il lui avait sauvé la vie, entre parenthèse, et en voilà le remerciement? La jeune femme n'assurait pas. Avec tout les services que ce jeune homme lui avait rendu, c'était comme ça qu'elle montrait à quel point elle était reconnaissante de tout ce qu'il faisait pour elle. Mais c'était un jeu avant tout, un jeu qui c'était installé entre eux. Tous les deux savaient pertinemment qu'ils termineraient leur soirée chez elle à déguster ces pizzas (sans poivrons) dont ils parlaient depuis quelques minutes déjà. “Ah oui j'ai faim mais t'en fais pas, je vais très bien manger ce soir.” dit elle avec le même sourire de tantôt.

Mais cette fois, changement de situation, ce fut Pippa qui recut une tape de la part de Pablo. Elle fit une grimage en posant sa main derrière la tête et elle tira la langue à son ami. « Écoute moi, je vais te montrer... Par exemple, tu aurais pu me dire : Oh, mon SuperPablo, comme je t'aime et que tu viens de me sauver la vie, je t'invite à manger une pizza sans poivrons chez moi ! Tu vois, genre... Comme ça. Et en me faisant un bisou, juste là ! » Pippa fit semblant d'éclater de rire. Mais Pablo enchâina en lui disant que son idée était bien meilleure que la tienne. Pippa soupira et répondit. “Très bien ... Oh, mon superPablo ... comme je ... tu m'as dit quoi déjà? je me souviens plus de la suite.”. Elle fit mine de réfléchir et regarder Pablo dans les yeux. Qu'ils étaient mignons tous les deux!

Ce soir, Pippa avait donc décidé de le provoquer. En réalité, ce fait n'étonnait qu'à moitié le jeune pilote qui la connaissait mieux que quiconque et qui savait très bien de quoi elle était capable. Au fil du temps, ce genre de petits jeux avaient prit une place primordiale dans leur relation. D'ailleurs, Pablo devait bien avouer qu'elle était la seule personne avec qui il pouvait s'adonner à ce genre de « pitreries ». Même si parfois, il ou elle dépassait presque les limites, rien ne finissait jamais mal entre eux. Cette complicité et la compréhension mutuelle qui les liait faisaient sans doute toute la force de leur amitié. Pablo, qui ne croyait pas spécialement à ce genre de relations entre un homme et une femme, découvrait peu à peu que tout était possible. Certes, le soir où ils s'étaient connus, ils avaient commencé par coucher ensemble. Mais depuis ce moment-là, jamais l'idée de recommencer ne lui avait traversé l'esprit. Souvent, il avait plus envie de l'étrangler que de la remettre dans son lit, tout en restant bienveillant et amusé devant ses blagues et ses petits sourires espiègles.

Justement, à ce moment précis Pablo écoutait son amie sans pouvoir s'empêcher de secouer la tête. La jeune femme jouait avec ses nerfs, mais il ne comptait pas spécialement la laisser faire. En s'approchant d'elle, il passa alors ses mains autour de son cou et fit semblant de l'étrangler pendant quelques instants. Il lui lança alors un « Espèce de.... humpf ! » avec une voix qui traduisait son agacement. Tout en souriant, il s'éloigna brusquement et passa une de ses mains à l’intérieur de la voiture de Pippa. Aussitôt, il s'accapara les clés du véhicule et repartit en courant vers sa propre voiture. Pablo claqua sa portière, puis baissa la vitre du côté conducteur, sortant ainsi sa tête à l'extérieur pour observer la jeune femme restée seule sur le trottoir. « Et maintenant ? Tu te souviens, ou je te laisse seule ici ? » Particulièrement fier de lui, le jeune pilote toisait son ami avec un large sourire. Ce faisant, il enfonça ses clés bien au fond de la poche de son jean, histoire qu'elles ne lui échappent pas, et que Pippa n'y ait aucun accès. Elle avait voulu jouer avec lui, et il l'avait suivie. Désormais, c'était à elle de trouver une solution pour les sortir de là, et autant dire que Pablo n'était pas un adversaire facile à désarçonner !