Il était environs 21h00 du soir lorsque Leo rentra enfin du boulot. Ce fut une journée plutôt tranquille, chose qui était rare ces temps-ci. À cause de l’hiver, les New-Yorkais haussait le chauffage et les plus fortunés faisaient un feu dans leur foyer, entraînant souvent des conséquences désastreuses. La saison de la neige était donc celle qui était la plus active pour les pompiers qui ne cessait de faire de la prévention, mais un bris électrique ne se résous pas par de la prévention, évidemment. Heureusement, Leo adorait son travail malgré les horreurs qui lui passait sous le nez à chaque jour. Il avait décidé de faire ce métier après qu’il ait vu tous ces pompiers essayer d’éteindre les flammes qui consumaient la maison familiale, ainsi que son frère. Leo ne leur en voulait pas, car il avait vu tous les efforts que ceux-ci avaient mis pour sauver le jeune homme qui était à l’intérieur, même que le pompier qui était chargé d’aller chercher le jeune homme à risquer sa vie, puisqu’il a reçu une poudre de bois en feu dans le dos. Il a réussis à ramener le corps de Braden, un corps qui n’en était plus un. Suite à cette tragédie, Leo comprit le courage de ces hommes et lui qui ne savait pas quoi faire de sa vie, venait enfin de trouver sa vocation.

Avant d’entrer chez lui, le jeune homme prit son courrier, ainsi que le journal qui avait été déposé dans la case à son nom. Il gravit les étages en montant les marches pour finalement arriver chez lui. À peine avait-il mit les pieds dans son appartement qu’il entendait son divan l’appeler. Le jeune homme déposa ses clés sur le comptoir de la cuisine, se dirigea vers le sofa moelleux et s’y laissa tomber comme s’il pesait 200 kg. Le journal toujours entre ses mains, il regarda la une du journal pour ensuite aller lire les nouvelles intéressantes. Enfin, une femme assassiné par son fils et son mari, ainsi qu’une fillette happé à mort par un chauffard ivre n’avait rien d’intéressant, mais c’était quand même là, alors Leo les lisait pour en apprendre plus. Après avoir fait le tour des nouvelles de l’heure, il se dit qu’il pourrait bien aller voir le score final du match des Rangers de New-York contre les Bruins de Boston qui avait lieu hier. Pour se rendre jusqu’à la fin du journal, là où se trouvait les résultats, il devait sauter quelques pages. Il tomba sur le courrier du cœur, il tourna la page, mais quelques choses le ramenèrent en arrière. Une fois sur cette page, il reconnut le visage de Thea, qui était la rédactrice de cette rubrique, ce qui était marrant, quand même. Il se mit à lire les réponses qu’elle donnait aux gens, puis il lui vint un idée de génie ; il allait lui écrire une lettre. Il se leva d’un seul bond, sortie un papier et un crayon et il commença son écriture.

Citation :

Chère Thea,

Mon histoire pourra te sembler un peu compliquée, mais je sens qu’il y a juste toi pour m’aider. Il y a de cela 5 ans, je sortais avec une jeune demoiselle dont j’étais fou amoureux. Malheureusement, elle n’était que de passage à mon école et allait devoir repartir après l’été. C’était clair entre nous qu’après le prochain été, notre relation serait de l’histoire ancienne, mais nous avons tout de même décidé d’en profiter. Après 8 mois de relation, il y a eu un drame dans ma famille et je perdis mon frère dans un incendie. Ma copine m’a laissé du temps à moi pour que je puisse me remettre de mes émotions, sans chercher à m’emmerder avec ça. Elle était vraiment adorable, je te jure. Après 2 semaines, mes parents qui vivaient chez mes grands-parents devaient se trouver un endroit où vivre et je sentais que je n’avais plus envie d’être ici, dans cette ville avec eux. Il était temps pour moi de commencer une nouvelle vie, car je commençais à étouffer et à devenir fou avec ce drame. Je suis donc allé la voir et je n’ai rien trouvé de mieux que de lui faire l’amour comme jamais je ne l’avait fait, pour finalement partir en douce lorsqu’elle dormait. Aujourd’hui, je vis à New-York et je sais qu’elle y est aussi, mais j’ai été tellement lâche avec elle, que je ne veux pas aller la voir, elle m’en veut surement à mort, non ? Je ne peux pas dire que je l’aime encore, mais je ne peux pas nier le fait que je pense à elle très souvent et que je regrette amèrement mon geste, même si je n’en pouvais plus.

Aide moi Thea,
L.

L’un des avantages du métier de Théa résidait dans le fait qu’elle pouvait le faire n’importe où. Il suffisait à Théa de passer le matin à la rédaction, de prendre les lettres qui avaient été présélectionné pour elle et elle pouvait tout à fait décider de rester au bureau ou de partir s’installer dans un jardin ou dans un café newyorkais.

La seule chose qui comptait vraiment pour le rédacteur en chef, c’était qu’à la fin de la journée, il trouve un mail de la jeune italienne avec les réponses qu’il devrait publier. Seulement 10 réponses. C’était assez injuste par rapport aux centaines de lettres que recevait la rédaction, Théa en avait bien conscience et c’est pour cette raison que souvent, elle gardé les lettres qui n’était pas publié pour répondre personnellement aux expéditeurs.

Ce Jeudi, la jeune fille arriva au travail aux alentours de neuf heures et attrapa sur son bureau le courrier qui lui été adressée puis repartit.
Aujourd’hui, Théa n’avait pas vraiment envie de s’enfermer dans un bureau… Elle adressa un signe de la main à son rédacteur en chef puis arriva 20 minutes plus tard dans un café près de Brooklyn.
Ce café n’avait rien d’une grande multinationale ; il s’agissait en vérité d’un tout petit café, coincé entre un cyber-café et un immeuble.

Installée dans un grand fauteuil, la jeune femme dégusta son muffin en regardant par la fenêtre. Elle adorait son travail il fallait l’avouer… elle adorait conseiller les gens sur l’amour et savoir que peut-être, elle apporterait un peu de réconfort ou influencerait peut-être le futur de certaines personnes.
La jeune femme attrapa la tasse de café près d’elle et but doucement en commençant à dépiauter les lettres sélectionnées, elle les lut toutes tranquillement afin de faire sa sélection.

Même si elle adorait lire ce que les gens lui confiait, la petite brune n’avait pas de problème à avouer que les histoires étaient souvent les mêmes : des divorces, des tromperies à pardonner ou à faire pardonner, des amours secrets inavouables… Toutefois, ce matin-là, une lettre interloqua la jeune femme… Le bout de papier, aussi surprenant qu’il soit, lui racontait son histoire.
Théa avait vécu un an au Canada lorsqu’elle était jeune… Ses parents ayant des problèmes d’argent avait décidé d’envoyer leurs enfants chez leur tante afin qu’il puisse reprendre pied tranquillement.
Durant cette année, la jeune italienne avait découvert une autre culture et surtout des gens merveilleux. Dont un : Leo… il avait été sa première histoire d’amour, ils n’avaient aucun avenir et le savait parfaitement, pourtant elle était tombé amoureuse et la séparation avait été difficile.

Au cours de cette année, la jeune femme avait découvert l’amour et même si il l’avait « abandonné » sans lui donner de réelle explication, elle ne lui en voulait pas vraiment.
Elle s’était fait une raison, même si elle ne le revoyait jamais, elle avait voulu garder un beau souvenir de lui… il était tout de même son premier amour et même si son comportement semblait avoir un peu changé après le décès de son frère, le jeune homme avait toujours été parfait avec elle.

La jeune femme relut la lettre une demi-douzaine de fois et finit par se faire une raison, les détails étaient trop précis pour que ça ne soit pas lui.
Finalement, elle commença doucement à taper sur son clavier :

Citation :

Cher L,
Tout d’abord, rassure-toi, je ne trouve pas ton histoire très complexe. Il s’avére que je pense même la comprendre totalement.
La difficulté d’un drame familiale comme celui que tu as vécu explique souvent des réactions extrêmes comme celle que tu as eue par la suite. Fuir n’est pas toujours une solution mais dans le cas présent, il semble que l’étouffement que tu vivais n’aurait aidé personne à se sentir mieux… ni toi, ni ta famille, ni elle.
Nous avons tous au moins une fois eu le désir de tout reprendre à zéro et si pour cela, tu avais besoin de tout laisser derrière toi (cette jeune fille y compris) alors ne t’en veux pas, ton comportement est excusable.
Tes sentiments semblent sincères et le pardon est une qualité que cette demoiselle doit posséder. Néanmoins, sache-le… briser une histoire comme celle-là n’est pas sans conséquences. On y perd souvent la confiance de l’être que l’on a abandonné.
Toutefois, si tu ressens le désir de la revoir, sache que si cette jeune femme tient à toi (et je suppose que c’est le cas), il te suffira de lui parler avec ton cœur, lui expliquer pourquoi tu as agis ainsi et pourquoi tu regrettes.
Prend d’abord le temps de la revoir, de découvrir ce qu’elle est devenue, de lui expliquer tes actes…
Les sentiments de ces histoires inachevées ne disparaissent jamais complétement, ils peuvent s’estomper mais ils ne sont jamais bien loin.
Théa.

La jeune femme relut sa lettre une dizaine de fois pour être sur de répondre correctement, pour la première fois depuis le début de sa carrière de rédactrice, la réponse qu’elle envoyait allait changer son avenir à elle.

Ce fut la première fois que Leo attendait impatiemment que son quart de travail s’achève. Habituellement, il ne comptait jamais les heures qui lui restaient à travailler, tellement il était fou de son boulot. En fait, s’il était si excité de terminer sa nuit, c’était qu’il savait que c’était aujourd’hui qu’il allait probablement avoir sa réponse dans le journal. C’était un journal quotidien et il avait envoyé cette lettre il y a deux jours. Il se disait qu’elle avait peut-être été trop troublé par ce message qu’elle n’y avait pas répondu ou peut-être qu’elle n’avait pas envie de revoir celui qui l’avait carrément laissé tomber après une relation aussi passionnelle que la leur. Au fond de lui, il espérait avoir une réponse et enfin savoir à quoi s’en tenir, car en réalité, s’il était autant énervé par ce truc, c’est surement parce qu’il avait encore quelque chose pour elle, ou peut-être que ça avait tellement été fort entre eux, qu’il ne pouvait rien n’oublier.

Il quitta la caserne vers les 10h30 du matin en prenant soin de saluer les gars pour pas qu’il se pose de questions sur sa vive envie de partir chez lui. Leo prit sa voiture et roula jusqu’à chez lui, essayant vivement d’imaginer ce qu’elle lui avait écrit. Il gara son automobile, sortie rapidement en prenant ses effets personnels dans la valise. Il ouvrit la première porte, prit son courrier et surtout, le journal. Il s’empressa de se rendre jusqu’à chez lui, car sinon, il allait le lire dans le hall d’entrer, tellement il était curieux. Il ouvrit sa porte, déposa ses trucs et referma derrière lui. Il ouvrit rapidement le journal qu’il avait déposé sur le comptoir de la cuisine et se rendit immédiatement à la page du courrier du cœur. Elle lui avait répondu. Il se mit à lire la réponse que Thea lui avait écrite avec une attention déconcertante.

Sa réponse était plutôt positive et laissait supposer qu’elle était ouverte à une éventuelle rencontre. Leo ne savait plus s’il devait lui écrire ou prendre son courage à deux mains pour aller la rencontrer en personne. Demain, il avait congé. Il se mit à réfléchir et il se dit que d’aller la voir à son boulot ne serait pas une mauvaise idée, même s’il allait peut-être la déranger. Du moins, si elle était occupée, elle pourrait lui dire ses disponibilités.


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Pour une rare fois, le jeune pompier s’était levé tôt pour aller à la rencontre de Thea. C’était peut-être con de sa part de vouloir autant la voir, lui qui repoussait les filles, les unes après les autres, mais cette femme faisait partie de son passé, un passé douloureux. Leo détestait repenser au passé, mais elle avait tellement été une personne importante pour lui, qu’il se disait qu’il devait la revoir, si ce n’était que pour lui faire des excuses, car elle les méritait.

Le jeune pompier s’était fait un petit déjeuné, avait pris sa douche et s’était habiller proprement, comme à son habitude. Il se sentait un peu nerveux, bizarrement, mais il savait que c’était parce qu’il allait revoir ce qui faisait partie de son malheureux passé. Thea avait été le premier vrai amour de Leo, alors ça lui faisait tout drôle. On oublie jamais la première personne que l’ont à aimer et dans son cas, le jeune homme ne l’avait pas oublié. Il dévala les escaliers, prit sa voiture et se rendit au centre-ville, là où la jeune femme travaillait. Il se stationna près de l’entré principal du journal, de l’autre côté de la rue, attendant de peut-être la voir arrivé ou sortir, il ne le savait pas. Il se sentait un peu con d’être dans sa voiture et d’attendre, il avait l’impression d’être un psychopathe, mais bon, il ne l’était pas.

Après quelques minutes d’attente, Leo aperçu la jeune femme au loin, café à la main qui marchait sur le trottoir. Il ouvrit la portière, traversa la rue en prenant soin de regarder pour ne pas se faire heurter, puis il la regarda se diriger vers lui.

« Thea ? »