Devenir quelqu’un d’autre était devenu l’une des priorité de Morgan. Depuis quelques temps déjà, son étiquette de mec trop gentil le dérangeait & sincèrement, il en avait terriblement marre de se faire marcher dessus sans cesse. Son caractère allait donc être tout aussi affirmé que son apparence et cela promettait d’être explosif.
Pendant plus d’un an, Morgan s’était encore rapproché de Loyce. Tous les deux étaient sérieusement inséparables et parfois, cela allait au-delà de l’ambigüité. Évidemment, le brun ne se voyait pas aller trop loin avec son meilleur ami… mais il ne pouvait s’empêcher de chercher toujours plus de proximité. Après tout, le londonien avait été la seule personne présente pour lui lorsque ça n’allait pas. Sans lui, Morgan se serait très certainement jeté sous un train, ou il se serait peut-être passer la corde au cou. Qui sait ?

Ce soir, tous les deux avaient donc prévu d’aller passer une bonne soirée, entre amis. Loyce tenait absolument à ce que son meilleur ami se change les idées ; et ce dernier n’était évidemment pas contre. D’ailleurs, il comptait bien prouver à tout le monde qu’il était assez fort pour encaisser tous les malheurs de sa putain de vie. Qui pourrait l’anéantir ? Personne sans doute. Son père n’y était pas parvenu, et Kylian non plus - quoi que ce n’était pas passé loin. Heureusement que les deux garçons s’entendaient maintenant à peu près bien, chose que le londonien ne semblait évidemment pas accepter. Néanmoins, ceci était uniquement le problème du styliste, qui avait le droit de prendre ses propres décisions.

« Loyce, chéri, tu passes chez moi vers 19h ? On mangera ensemble comme ça, et j’aurais le temps de me préparer =D Gros bisous, je t’aime fort !

Message envoyé, Morgan put terminé tranquillement son après-midi, à la boutique. Les clients étaient toujours fidèles et cela touchait d’autant plus le jeune allemand, qui se donnait à fond pour leur apporter entière satisfaction. Les vêtements qu’il faisait étaient véritablement tout ce qu’il aimait ; et il savait que rien d’autre - sur cette putain de terre - ne pourrait lui convenir. Être styliste était sa seule destinée. Quoi qu’il en soit, le brun ne s’attarda pas au magasin. L’heure, c’est l’heure. Et à 18h30, le garçon s’empressa de quitter son travail afin de rentrer chez lui en quatrième vitesse. Heureusement d’ailleurs qu’il ne vivait pas très loin, sinon Loyce aurait été à la porte, à coup sûr.
Une fois chez lui, Morgan souffla un bon coup et attrapa son paquet de cigarettes. Ce n’était pas un grand fumeur, néanmoins, il ne pouvait nier le fait que cela lui faisait énormément de bien - de temps en temps.

Décidant qu’il avait largement le temps de se changer, Morgan fila dans sa chambre et sortit les vêtements qu’il désirait mettre. Si les meilleurs amis allaient en boite de nuit, ce soir, alors l’androgyne voulait que les gens le remarquent. Il voulait plaire & surtout, provoquer. Le petit garçon timide et coincé allait rester au placard, pour une fois. D’ailleurs, n’était ce pas ce qu’attendait Loyce ? Et bien ce soir, il pourrait être fier de l’allemand. Cigarette posée dans le cendrier, Morgan s’habilla et sursauta légèrement en entendant frapper à la porte. Le sourire aux lèvres, il reprit son bâtonnet nocif et trottina jusqu’à l’entrée.

-J’arrive !, cria t-il en ouvrant la porte. Son sourire ne fit que s’agrandir et il s’approcha rapidement de Loyce pour le serrer dans ses bras, contre toujours. Sa bouche se plaqua contre sa joue et il lui adressa un clin d’œil tout en agrippant son poignet, dans le but de l’entrainer jusque dans la cuisine. J’ai même eu le temps de me changer, dit-il, fier de lui. Son torse fut bombé l’espace de quelques secondes et il éclata de rire, visiblement heureux. Rien ne pourrait lui faire perdre sa bonne humeur de toute façon. Ce soir, l’androgyne comptait sérieusement s’amuser et ne se soucier de rien d’autre.

-T’as pas mangé hein j’espère ?, demanda t-il en lançant un air accusateur à son meilleur ami. Ses pas le guidèrent jusqu’à la cuisine et il lui sourit largement.

« Just the two of us. »


« Je serai là pour toi, quoiqu’il arrive. Je te protègerai Morgan. » Combien de fois Loyce avait-il râbaché les oreilles de son petit protégé avec cette phrase ? Suffisament pour lui faire comprendre qu’il ne mentait pas et qu’en effet, il ne l’abandonnerai pas. Pas après leurs années d’amitié, pas après tout ce que le styliste avait fait pour lui. Et en cette période, c’était au tour du jeune guitariste de montrer que Morgan n’était pas seul dans sa galère, que quelqu’un l’accompagnait pour combattre la tempête qui brassait sa vie de puissantes vagues.

Loyce avait fait confiance à Kylian. Malgré sa possession envers Aileen, malgré sa jalousie, il avait laissé le couple vivre convenablement et il en était même heureux. Heureux de voir son petite bout ivre de joie et soulagé de savoir que son petit ami était un homme correcte, stable et en qui on pouvait avoir confiance. Mais le châtain s’était trompé sur toute la ligne. Le jeune Smith avait montré par A plus B qu’il n’était pas l’homme qu’il fallait à Morgan, qu’il ne méritait pas son amour, qu’il n’était qu’un imbécile qui réfléchissait avec ce qu’il avait entre les jambes. Il avait tué le styliste par sa trahison et il en avait perdu la précieuse amitié de Loyce -précieuse, car il ne la donne pas facilement- ainsi que la confiance qu’il lui inspirait.
Le jeune artiste avait passé des jours entiers à consoler Morgan. Des jours et des nuits à le prendre dans ses bras, à le cajoler, à le rassurer, à sécher ses larmes, à lui expliquer que Kylian ne le méritait pas et qu’il trouverait un homme digne de ce nom. Mais l’androgyne était resté inconsolable, quand bien même il avait fini par le dissimuler. Il avait fini par arrêter de se plaindre, mais Loyce savait que son ami souffrait. On n’oublie pas celui que l’on considérait comme l’homme de sa vie aussi vite. Le châtain n’avait cependant rien dit, laissant son protégé se débrouiller. Après tout, il n’était pas son père et Morgan était libre de faire ce qu’il souhaitait. Le jeune Livingston restait simplement présent s’il avait besoin de lui.

Ce jour là, Loyce s’était levé tôt, étrangement, pour cause d’examens médicales. Bien que sa greffe remontait à un bon bout de temps maintenant, il continuait se faire suivre par son médecin. Il devait donc se rendre à l’hôpital tous les deux mois environ afin de passer toutes sortes de tests, qui s’étaient montrer positifs pour le moment. Le corps du jeune homme avait parfaitement accepter l’organ extérieur, bien que le cerveau ne s’y soit toujours pas habitué. Bien qu’il ait fait tous les efforts possibles pour accepter que le foie qu’il portait en lui était, à la base, celui de son père, Loyce en restait toujours dégoûté. Dés qu’il se retrouvait seul, livré à ses réflexions, il finissait par y penser et c’était, à tout les coups, un cataclysme de sentiments qui se déclanchait dans son cœur. Il avait finit par trouver la solution : rester seul au minimum possible. Il était toujours dehors, à trainer avec des amis, à passer le temps dans le bar où il travaillait pour donner un coup de main à ses collègues. Il faisait le maximum pour voir du monde et se changer les idées. Cela dit, une fois dans son lit, ses pensées refaisaient surface, jusqu’à ce qu’il trouve le sommeil.
Le londonien s’était donc levé de bonne heure et avait directement prit une douche avant de s’habiller. Il avait ensuite prit son petit-déjeuner sans trop se presser puis il avait prit ses affaires nécessaires pour se rendre à l’hôpital. Il en ressortit une petite heure plus tard, avec des résultats toujours aussi concluants. D’humeur plutôt joyeuse, il décida d’aller rendre visite à son ami d’enfance, Luke. Ils passèrent la fin de la matinée ensemble, assis à une terrasse à discuter. Ensuite, ils mangèrent un morceau puis allèrent se poser au bord de l’East River, histoire de prendre un peu le soleil tout en continuant à discuter. Au milieu de l’après-midi, il fut interrompu dans sa discussion par son Iphone qui lui anonçait un messages.


< De : Morgan. À : Loyce. >
Loyce, chéri, tu passes chez moi vers 19h ? On mangera ensemble comme ça, et j’aurais le temps de me préparer =D Gros bisous, je t’aime fort !


Il est vrai que les deux meilleurs amis avaient décidé de passer la soirée ensemble. Ou plutôt Loyce avait décidé d’emmener Morgan en boîte, histoire de lui changer les idées. Le fait que ce dernier lui propose de dîner avec lui ne fit que l’enchanter un peu plus. Ce fut donc en souriant qu’il répondit à son meilleur ami.


< De : Loyce. À : Morgan. >
Ta proposition me fait vraiment plaisir mon chou ! Je serai donc chez toi à 19h, sans faute. Et sois prêt hein ! J’ai pas envie que tu viennes m’ouvrir avec ton linge encore autour de tes hanches ! À tout à l’heure, je t’aime <3


Puis il reprit sa conversation avec Luke.
Les deux amis d’enfance se quittèrent vers les alentours de 17h. Loyce voulait avoir le temps de rentrer et de se faire tout beau avant de se rendre chez son androgyne de meilleur ami. Il se précipita donc chez lui et fila directement se doucher, une nouvelle fois. Serviette enveloppant le bas de son corps, il se dirigea dans sa chambre, le corps encore recouvert de petites gouttes d’eau, et chercha de quoi s’habiller pour aller en boîte. Quand sa tenue fut choisie, il se sècha correctement et s’habilla avant de se coiffer. Un peu de parfum et il ajouta quelques bijoux à sa tenue vestimentaire pour se retrouver fin prêt. Il regarda l’heure et constata qu’il était dans les temps. Il prit avec lui son Iphone, son porte-feuille, ses clés et ses cigarettes, puis il fila en quatrième vitesse chez Morgan.

Il était un peu en avance, mais tant pis. Il prenait le risque de voir son meilleur ami tout juste sorti de la douche. Une fois devant la porte, il toqua donc sans attendre et entendit derechef la voix de Morgan lui hurler qu’il arrivait. Il ne patienta que quelques secondes avant de voir la porte s’ouvrir, laissant ainsi le visage angélique d’un Aileen parfaitement habillé -comme toujours- apparaître dans l’encadrement. Directement, le châtain sourit puis il l’entoura tendrement de ses bras quand il vint l’étreindre, lui posant ses douces lèvres sur la joue en guise de bonjour.

-J’ai même eu le temps de me changer.

Un rire automatique s’échappa de la bouche du londonien. Se changer ? Quelle belle ironie ! Morgan était déjà parfait habillé de la sorte. Le doute restait tout de même présent, car l’allemand était tout à fait capable de changer de tenue au moins dix fois dans une journée. Sur ce, il suivit son ami jusqu’à la cuisine après avoir refermé la porte, puis il répondit d’une vois amusée :

-Quoi ? Tu te sens pas assez beau comme ça ?

Il rigola encore. Décidément, se trouver près de lui le rendait vraiment heureux.

-Sérieusement Morgan, t’es obligé de changer de tenue ?, demanda-t-il en sortant le jeu de l’enfant qui redoutait quelque chose. Il montra cela avec une petite moue attendrissante et finit par sourire normalement. Non parce que je te connais, tu vas encore mettre des plombes à choisir tes habits et on va finir par passer la soirée chez toi parce que ce sera trop tard pour sortir.

Un nouveau rire éclata dans l’appartement. La soirée semblait bien commencer et le châtain allait tout faire pour que cela suive le même cours. Il garda ses yeux chocolats posés sur Morgan et lui sourit gentiment, le suivant encore jusqu’à atteindre la cuisine. Là, il alla directement s’asseoir sur la plan de travail, sans laisser le temps à son ami de dire quoi que ce soit. C’est seulement à ce moment là que Morgan demanda :

-T’as pas mangé hein j’espère ?

Son regard menaçant le fit rire intérieurement mais lui donna envie de rentrer dans le jeu. Il prit donc un air totalement effrayé et ramena ses mains devant son visage, comme s’il voulait se protéger de quelque chose qui allait l’attaquer.

-Je plaide non coupable monsieur Màïky !, déclara-t-il d’une voix forte et paniquée. Je vous promets que je n’air rien avalé depuis midi, comme vous me l’avez ordonné ! Par pitié, ne me faites rien !

Quel gamin ! Mais sachant que cela faisait souvent rire son meilleur ami, Loyce ne manquait jamais une occasion de se rendre « ridicule ».



C'est TRES bien comme ça ma Déesse, arrête ! (:

Après avoir emmené Loyce jusque dans la cuisine, Morgan repoussa son ordinateur - qui trainait sur la table - afin de ne pas être dérangé. Ces derniers temps, facebook marchait à fond et il avait un peu de mal à s’en décoller. Il faut dire que tous ces petits cancans & tous ces tests - bidons - l’amusaient fortement. Quoi qu’il en soit, maintenant que Loyce était là, c’était juste impensable de le délaisser en faveur de son pc. S’en passer n’était de toute façon pas un problème pour lui.

-Quoi ? Tu te sens pas assez beau comme ça ?
Pas assez beau ? Pourquoi est ce que Loyce disait cela ? Morgan fronça doucement les sourcils, montrant son incompréhension, et pencha la tête sur le côté. Sa langue passa sur ses lèvres et il finit par hausser les épaules. Devait-il se sentir beau ? L’apparence de l’androgyne avait changé au cours de son adolescence. Auparavant, il ne se sentait pas bien dans sa peau, alors qu’aujourd’hui, c’était totalement le contraire. Dire qu’il se trouvait beau était peut-être exagéré. Quoi que peut-être pas. Morgan ne s’était jamais plaint de son physique et il ne voudrait pas ressemble à autre chose. Soit. Ce n’était pas réellement le problème pour le moment. Loyce semblait avoir mal comprit les mots de son meilleur ami.

-Sérieusement Morgan, t’es obligé de changer de tenue ?
Bingo. Loyce était à côté de la plaque. Morgan hocha donc la tête négativement, ouvrant même la bouche dans le but de répondre mais trop tard. Le londonien le devança ; et en plus, il se permettait de se moquer gentiment du styliste. Ce dernier redressa progressivement sa main et mit ses mains sur ses hanches - comme le ferait une « diva ».

Non parce que je te connais, tu vas encore mettre des plombes à choisir tes habits et on va finir par passer la soirée chez toi parce que ce sera trop tard pour sortir.
D’un côté, ce n’était pas faux. Quand Aileen décidait de sortir, il fallait absolument que ses vêtements soient choisi méticuleusement et parfois, il prenait un peu trop de temps. Rares étaient les fois où les sorties furent annulées ; néanmoins, Morgan pouvait comprendre Loyce. Le pauvre devait en avoir terriblement marre de voir son brun se plaindre parce que « ça ne va pas » ou parce que « le style ne va pas avec la coiffure ». En bref, l’allemand s’avérait être une véritable plaie quand il voulait. Heureusement, ce soir, ça s’annonçait différemment puisqu’il était déjà changé et surtout prêt à sortir, afin de montrer ses talents de danseur.

-Stop Loyce, ne t’enflamme pas, fit-il en touchant ses cheveux noirs. Tranquillement, Morgan s’approcha du londonien et lui tapota la cuisse - plus facilement puisqu’il était installé sur le plan de travail. Je suis déjà changé, assura t-il en se reculant d’un pas. Rapidement, il tourna sur lui-même et écarta ses bras, un grand sourire étirant ses lèvres pulpeuses. J’te pardonne, au moins, je fais de l’effet… si j’te trouble à ce point.

Et voilà, c’est parti. Comme toujours, Morgan charriait Loyce & connaissant ce dernier, il allait tout faire sauf nier ou se braquer. Tous les deux vivaient dans l’ambigüité depuis qu’ils se côtoyaient et sincèrement, l’androgyne n’avait aucune envie que ça change. Il savait pertinemment qu’il ne finirait jamais dans le lit de son meilleur ami, alors pourquoi ne pas pousser leur amitié jusqu’au bout de ses limites ? Le sourire aux lèvres, l’allemand s’approcha du frigo et l’ouvrit. Les courses n’avaient pas été faites mais ce n’était pas dérangeant. Morgan avait toujours une pizza qui trainait et dans le pire des cas, les livreurs se montraient parfois très rapides et très efficaces.

-Je plaide non coupable monsieur Màïcky !
Levant ses yeux au ciel, Morgan ne put qu’éclater de rire juste ensuite. Depuis quelques temps, il avait énormément besoin de se détendre et ça, Loyce le savait. Son comportement protecteur n’était pas nouveau ; néanmoins, il s’était fortement développé -selon l’androgyne - suite à la rupture brutale qu’il avait subi. Le brun sortit une bouteille d’eau fraiche du frigo et la déposa sur la table avant de repartir à la quête de nourriture.

Je vous promets que je n’ai rien avalé depuis midi, comme vous me l’avez ordonné ! Par pitié, ne me faites rien !
Amusé, Aileen se redressa et ferma la porte du frigo. Ne rien lui faire ? Pour le moment, non. Loyce pouvait donc être rassuré. Cependant, Morgan s’approcha de lui et écarta ses cuisses afin de se retrouver plus proche de lui. Ses petits bras passèrent autour de son cou & il plongea adorablement son regard dans le sien. Pourquoi autant de tendresse ? Lui-même n’en avait aucune idée. Peut-être qu’il en manquait… bien qu’il doute que ce soit ce genre de tendresse qu’il attendait. Être aimé d’amour ; c’est ça qu’il aimerait. Mais pour le moment, il devrait patienter.

-Bon… j’te crois ! Mais juste parce que c’est toi et que j’ai confiance, assura t-il avant de rire silencieusement. J’met une pizza dans l’four ? J’ai de la glace aussi pour après & plein de cochonneries, ajouta t-il en levant les yeux. Bonbons, chocolats, Morgan n’avait que des choses de ce genre & il ne se nourrissait pratiquement que de ça. Étonnant qu’il ne prenne pas un gramme d’ailleurs.

Reculant tranquillement, Morgan n’attendit pas vraiment la réponse de Loyce. Il ouvrit le petit congélateur - placé au dessus du frigo - et sortit la pizza. L’emballage fut vite ôté et il la laissa dans le plastique quelques instants, le temps de faire préchauffer le four. Heureusement, cela ne prenait pas trop de temps ; le ventre de l’allemand grondait déjà. Une grimace prit place sur son visage alors qu’il massait son estomac. Ses doigts s’enfonçaient gentiment sur l’endroit douloureux quelques instants, avant qu’il ne prenne l’initiative de mettre la table.

-Tu veux boire quelque chose ? Sers toi hein, dit-il, comme à chaque fois que Loyce venait ici. D’ailleurs, c’était user sa salive pour rien puisque le londonien agissait toujours comme s’il était chez lui, et heureusement.

« Just the two of us. »


À voir le regard étrange que lui lançait Morgan, le jeune londonien avait bien peur d’avoir fait une petite boulette. Se mordillant la lève inférieure, son esprit se mit à travailler, réfléchissant à l’élément qui aurait décroché une telle tête à son meilleur ami. Il faut que Loyce était un jeune homme qui n’entendait pas toujours correctement ce qu’on lui disait, ce qui est sûrement dû à un trop plein d’amplis mis à fond dans son appartement. Il était donc très probable qu’à ce moment là, les paroles de l’androgyne ne se soient pas montrées très claires au niveau de son audition, ce qui l’aurait forcé à répondre quelque chose n’ayant aucun rapport avec ce qu’avait exprimé Morgan.
Prenant place sur le plan de travail, notre jeune et talentueux guitariste se gratta machinalement la nuque en fronçant ses sourcils. À se torturer les méninges pour tenter de retrouver les vraies paroles de son meilleur ami, il allait finir par avoir le cerveau en surchauffe. Heureusement, Morgan le devança et l’aida dans sa recherche.

-Stop Loyce, ne t’enflamme pas. Je suis déjà changé.

C’était donc vérifié, l’audition de Loyce lui avait encore jouer des tours. Il soupira doucement tout en hochant la tête négativement ; il fallait vraiment qu’il apprenne à se concentrer, surtout quand on lui parlait.

-La honte…, marmonna-t-il, un léger sourire amusé au coin des lèvres. Pour sûr, il n’était pas du tout honteux de ce qu’il venait de se passer, mais c’était une manière comme une autre d’exprimer le fait qu’il avait compris à quel point il s’était égaré dans ses paroles.
-J’te pardonne, au moins, je fais de l’effet… si j’te trouble à ce point.

Loyce redressa immédiatement sa tête en direction de Morgan, qui s’était retourné pour étirer ses bras. Un sourcil haussé, il ne pu que sourire à ces propos. Voilà qu’une nouvelle fois, le jeune styliste lança une phrase qui faisait ressortir toute l’ambiguïté -totalement stable- de leur relation, qui forçait parfois les gens à les voir comme un joli couple tout amoureux. Leur relation avait toujours fonctionner ainsi, et c’était loin de leur déplaire. Bien que certaines personnes n’apprécient guère le comportement qu’ils avaient l’un envers l’autre, jamais Loyce n’oserait changé ce qui faisait toute la beauté de leur amitié ; ces jeux de mots, ces taquineries, ces câlins, cette tendresse débordante. Il en avait besoin.
Bien évidemment, le jeune Livingston n’allait pas filer une occasion comme celle-ci ! Il prit donc tout de suite un regard quelque peu pervers et se redressa, tout en restant assis sur le plan de travail. Il attendit qu’Aileen se retourne afin de planter ses yeux chocolats dans les siens, presque noirs, et lui sourit doucement.

-T’as même pas idée, répondit-il d’une voix quelque peu suave. Tu sais bien à quel point ton charme inné agit sur moi… depuis le temps.

Un petit clin d’œil, et le sujet dévia.
Après avoir juré à son meilleur ami qu’il n’était pas coupable, le bel androgyne se mit à rire à gorge déployée. Cette vision réchauffa le cœur de Loyce. Ces derniers temps, il avait vu un Morgan détruit par une relation en laquelle il avait mis toute sa confiance et qui avait finit par le faire souffrir au plus haut point. Le châtain ne supportait pas la vision de ce Morgan triste, dépité et sans confiance. Car oui, ce Kylian avait emporté une bonne partie de la confiance de l’androgyne. Celui-ci avait le don de toujours se poser trop de questions. Alors imaginez ce que cela pouvait être après une rupture… il n’avait cessé de se demander ce qu’il avait fait pour en arriver là. Alors qu’au fond, le tressé était le principal fautif dans l’histoire.
Bref. Tout cela pour dire que voir le styliste rire, le voir à nouveau heureux rendait Loyce totalement fou de joie. Le bonheur de son meilleur ami faisait le sien et là, il semblait arriver au bout du tunnel, lentement mais sûrement. Car le londonien le savait bien, son androgyne de meilleur ami aimait encore son ex et ça n’allait pas changer aussi rapidement qu’il l’espérait. Cela dit, la tendresse que lui offrit l’allemand à cet instant précis, en se posant entre ses jambes pour entourer son cou de ses bras, ne pu que réjouir Loyce.

-Bon… j’te crois ! Mais juste parce que c’est toi et que j’ai confiance. J’mets une pizza dans l’four ? J’ai de la glace aussi pour après et plein de cochonneries.
-T’as intérêt à me croire ! Limite je me suis mis à la diet’ exprès pour toi, s’exclama-t-il en tapant des poings sur ses genoux, comme s’il se révoltait. Et oui, une pizza ça va très bien… même si c’est pas de la grande gastronomie ce que tu me proposes là.

Loyce pouvait parler ! Il n’était pas vraiment le genre de personne à manger sainement, au contraire même ! Son frigo regorgeait de pizzas, lasagnes précuites, plats congelés, sodas. Sans oublier le nombre de sachets de pâtes qui régnaient dans un des placards de la cuisine. Le pire dans tout cela était qu’il ne prenait pas un gramme, quand bien même il se nourrissait uniquement de ce qu’on appelle « malbouffe ».

-Tu veux boire quelque chose ? Sers toi hein.

Visant la bouteille d’eau fraîchement posée sur la table par Morgan, le jeune londonien sourit aimablement et acquiesça d’un faible signe de tête. Toujours suivi par les médecins, il devait encore faire attention à son foie qui était encore un peu fragile. Une greffe mettait long à se « soigner », il devait donc rester vigilent et faire attention à ce qu’il buvait. L’eau serait donc tout à fait adéquate.

-J’vais me restreindre à de l’eau, assura-t-il doucement, tout en se levant pour retrouver le contact du plancher avec ses pieds.

Mais à ce moment précis, le londonien remarqua que son ami était en train de mettre la table. Loyce s’approcha donc directement de lui et posa la paume de sa main contre son dos afin d’attirer son attention. Quand celle-ci fut captée, il lui sourit doucement et lui dit :

-Laisse, je vais au moins mettre la table en bon ami qui se respecte.

Encore un clin d’œil et il devança Morgan, dressant les couverts à une rapidité jamais vue. En moins de trente secondes, la table était prête. Souriant de fierté, Loyce saisit ensuite son verre pour le remplir d’eau et demanda à son androgyne s’il voulait aussi de ce liquide translucide mais agréablement frais.



Chut ! J’AI raison, TU as tort ! Par contre, désolée pour ma réponse, j'étais pas trop inspirée x)

-La honte…
Cette remarque fit légèrement rire Morgan, qui leva les yeux juste ensuite. La honte ? Et pourquoi ça ? Ça arrive à tout le monde de ne pas bien entendre les paroles de son interlocuteur. D’ailleurs, depuis quand est ce que les deux meilleurs amis devaient ressentir de la gêne ou de la honte l’un envers l’autre ? En tout cas, l’androgyne ne se trouvait jamais dans cet état face au seul homme qui le connaissait très certainement plus que par cœur. Soit. C’était de toute façon une excellente occasion de jouer un peu plus avec leur relation ambiguë, se provoquant alors ouvertement et sans aucun remords. Comme toujours. Les jeux de regards, les sourires, les gestes, les postures. Tout y passait et évidemment, rien n’était épargné.

-T’as même pas idée. À ces mots, Morgan rit silencieusement. Visiblement, le jeu était lancé et ce n’était pas pour lui déplaire. De toute façon, il était persuadé que son meilleur ami allait rentré dans son jeu sans attendre ; c’était un peu comme la base de leur amitié. Sans ça, ce ne serait plus pareil. Tu sais bien à quel point ton charme inné agit sur moi… depuis le temps. Encore une fois, Morgan rit. Son charme inné ? Peut-être. Il n’était pas vraiment du genre à se vanter ou quoi que ce soit d’autre - hormis pour plaisanter… et dans ce cas là, Morgan était sans doute le mec le plus prétentieux qui puisse exister. Finalement, n’était pas ce pas quelque peu dans sa nature ? Loin de se trouver laid, Morgan montrait sous n’importe quelle forme qu’il s’assumait entièrement - maquillage, coiffure extravagante, vêtements ultra moulants etc.. Et si son attitude donnait parfois envie de le gifler, ce n’était pas pour rien.

-Oh oui j’en suis conscient…J’le vois à ta façon de m’bouffer des yeux, lança t-il avant d’éclater de rire. Depuis combien de temps n’avait-il pas rit comme ça ? Sa rupture avec Kylian l’avait quand même sacrément achevé et Morgan a fait peu de choses pour s’en sortir - loin de là. Les sorties en boite dégénéraient souvent et ce n’était pas étonnant de le voir se dandiner sur le podium, s’attirant les acclamations de tous les hommes en manque. Le brun se souvenait même avoir accepté un joint ou deux. Mais qu’est ce que ça pouvait bien faire ? Sa seule envie était celle de crever et d’être enfin tranquille… d’ailleurs, si Loyce n’était pas là, il aurait déjà préparé le nœud de sa corde. Mais était-ce la solution ? Aileen n’avait plus qu’à profiter de la vie et vivre sans regarder en arrière.

-T’as intérêt à me croire ! Limite je me suis mis à la diet’ exprès pour toi. Et oui, une pizza ça va très bien… même si c’est pas de la grande gastronomie ce que tu me proposes là.
Les yeux de Morgan se retrouvèrent rapidement comme exorbités. Pas de la grande gastronomie ? Dès que l’information arriva au cerveau du brun, il donna une petite tape sur l’épaule du londonien - même s’il avait parfaitement raison. Néanmoins, ce n’était pas très étonnant. Chez Morgan, c’était toujours des repas très déséquilibrés et ceux qui avaient tendance à prendre du poids n’étaient évidemment pas très satisfaits. Heureusement, ce n’était pas le cas des deux meilleurs amis… ils seraient déjà en surpoids autrement. Morgan haussa tranquillement ses épaules et pencha un peu sa tête sur le côté.

-Tant pis, on a l’habitude de toute façon, avança t-il avant de s’apprêter à mettre la table. Malheureusement, il fut rapidement coupé dans son élan par Loyce, qui sortit tout ce qu’il fallait en un temps record. L’androgyne n’aurait même pas eu le temps de le rattraper. Ses yeux se posèrent directement sur la table dressée et il plaça adorablement ses mains sur ses maigres hanches - comme il avait l’habitude de le faire. Non vraiment, il était bluffé. Wah… et bien, ça c’est fait. Merci, souffla t-il avant de rire silencieusement. Morgan colla sa bouche contre la joue de son meilleur ami et peu de temps après, il glissa la pizza dans le fou chaud. Le temps qu’elle cuise, tous les deux pourraient se raconter leur vie - comme toujours - et d’ailleurs, Aileen ne perdit pas une seule seconde avant de faire part des derniers évènements au jeune homme.

-Dit…, fit-il en attrapant la main de Loyce. Tranquillement, il l’amena jusqu’au salon. Morgan posa ses petites fesses sur le canapé et il croisa ses interminables jambes. On m’a proposé de poser pour quelques photos… C’est un peu osé, j’sais pas quoi faire…T’sais, ça fait super longtemps que j’suis pu avec Kylian & j’ai l’impression que j’fais rien de bien depuis, expliqua t-il avant de baisser un moment ses yeux. Ces photos étaient peut-être osées mais si Loyce n’y voyait rien de négatif, alors Morgan se lancerait sans se soucier de rien.

« Just the two of us. »


-Oh oui j’en suis conscient… J’le vois à ta façon de m’bouffer des yeux.

Le rire joyeux de Loyce résonna dans la pièce en même temps que celui de l’androgyne. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire du bien de passer à nouveau des instants de partage, de fou-rires, de bonheur ; des moments heureux où seule leur amitié régnait. Tout cela lui avait vraiment manqué depuis la soudaine rupture qu’avait subite Morgan. C’était ce qu’il aimait, ces petites choses anodines qui faisaient pourtant la beauté et la préciosité de leur relation. Car, oui, cette amitié était précieuse pour Loyce, si ce n’est plus. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Morgan était une des trois personnes qui lui étaient indispensables, il ne pouvait se passer de lui. Il avait besoin de sa présence, de ses paroles, de ses sourires, de sa joie de vivre, de lui tout entier. Sans son androgyne, il n’était plus rien qu’un orphelin sans repères ni désirs, une poupée de cire qui brûlerait sous la chaleur accablante d’une solitude inéluctable.
Riant de bon cœur, le guitariste secoua la tête de gauche à droite sans brutalité, levant même les yeux au ciel pour montrer son amusement. Laissant un petit soupir s’échapper entre ses lèvres étirées de bonheur, il fixa ensuite le visage angélique de Morgan et lui lança un regard tirant sur la débauche, accompagné par un mordillage de lèvre rempli de sensualité.

-Fais gaffe à tes fesses toi, lâcha-t-il d’une voix suave et séduisante. Le jeu pouvait se poursuivre jusqu’à l’infini, Loyce ne serait jamais lassé de ces taquineries. De plus, il n’était jamais à court de répliques qui allaient dans le sens de l’ambiguïté, alors autant en profiter, non ? Laissant son regard toujours aussi sensuel se noyer dans les yeux cernés de noirs du styliste, il continua donc sur sa lancée sans trop attendre. Parce que si tu continues à m’chauffer comme ça, j’risque de ne pas tenir en place.

Il termina sur un léger clin d’œil, preuve qu’il plaisantait bien évidemment. Mais cette précision n’avait même pas besoin d’être placée, Aileen savait parfaitement que ce n’était que des paroles en l’air et rien de sérieux. Jamais Loyce ne prendrait le risque de gâcher leur si belle amitié. Il aimait Morgan, certes, mais comme son meilleur ami et il était hors de question qu’ils traversent l’étroite frontière qui séparait amour et amitié.

La tête que tira le jeune Màïcky après la réflexion de son ami amusa ce dernier. Des yeux exorbités et une légère tape sur l’épaule alors que Loyce avait simplement prononcer -à juste titre- qu’une pizza surgelée mise au four n’entrait pas dans la catégorie « haute gastronomie ». Bien entendu, le jeune londonien savait pertinemment que son androgyne de meilleur ami plaisantait et ne prenait pas mal sa réflexion, encore heureux d’ailleurs ! Ce fut la raison pour laquelle son sourire s’élargit encore plus.

-Tant pis, on a l’habitude de toute façon.

Ce n’était pas faux, en effet. Rares étaient les fois où les deux amis mangeaient correctement. Il faut dire que les fruits et légumes n’étaient pas leurs meilleurs amis et trouvaient, par conséquent, rarement une place dans leurs assiettes. Cela dit, cela n’avait pas l’air de leur coûter cher niveau santé, ils étaient tout ce qu’il y avait de plus équilibré. Aucun des deux n’étaient en surpoids et ils n’avaient pas de problème de foie -du moins, pas à cause de cette malbouffe-.

-Ouais, ça fait partie de notre quotidien, rigola-t-il tout en se précipitant devant Morgan de sorte à dresser la table.
-Wah… et bien, ça c’est fait. Merci.

En guise de réponse, le londonien sourit amicalement à Morgan tout en lui adressant un gentil clin d’œil, signe qu’il n’y avait pas de quoi le remercier. La serviabilité avait toujours été un mot d’ordre dans sa vie. Sa mère l’avait élevé en lui apprenant à toujours faire en sorte d’aider les autres, ce qui lui avait valu ce côté très altruiste de son caractère. Le styliste le connaissait d’ailleurs depuis assez longtemps pour savoir qu’il était prêt à donner sa vie si c’était pour rendre service à ses proches.

Rapidement, le châtain fut entraîné par son meilleur ami en direction du salon, dans le but de s’installer sur le canapé le temps que la pizza chauffe. Le ventre de Loyce chantait déjà sa faim, mais il était heureusement capable d’attendre que le repas soit prêt à être dégusté. Il s’assit donc sans plus attendre auprès de Morgan et s’affala en soupirant. Il était plutôt du genre à se mettre à l’aise, surtout quand il était chez son meilleur ami, et heureusement, cela ne dérangeait pas celui-ci. Le styliste prit ensuite rapidement la parole, signe qu’il avait quelque chose à partager avec le londonien. Ce dernier se redressa un peu et l’écouta attentivement, les yeux rivés sur son visage.

-Dit… On m’a proposé de poser pour quelques photos… C’est un peu osé, j’sais pas quoi faire…T’sais, ça fait super longtemps que j’suis pu avec Kylian & j’ai l’impression que j’fais rien de bien depuis.

Si quelqu’un avait proposé à l’androgyne de poser, c’est qu’il en avait le profil ! Loyce trouva ceci plutôt positif, surtout que cela permettrait à Morgan de gagner un peu d’argent en dehors de sa boutique et de ses affaires, ce qui n’était pas un mal. Mais qu’entendait-il par osé ? Il était fort probable qu’il amplifie un peu le tout, par peur d’être mal vu. Ce pourquoi le londonien n’attendit pas long feux pour lui répondre, un sourire décorant son visage.

-Il y a osé et osé tu sais ? Tout dépend ce que tu entends par là. Sa voix était très calme, tendre même, comme s’il cherchait à rassurer son meilleur ami. Si c’est des photos genre Les Dieux du Stade, là, je te freinerai, c’est clair. Mais si c’est simplement des poses un peu sexy ou si tu es simplement légèrement dénudé, je vois pas où est le problème. Il posa délicatement sa main sur le genou de Morgan, établissant ainsi un de ces nombreux contact qui faisaient leur amitié et dont ils ne pouvaient se passer. Son but était simplement d’aider l’androgyne dans son choix et de lui redonner confiance en lui, confiance qu’il avait plus ou moins perdue depuis sa rupture avec Kylian. Tu dois saisir ta chance. Si on t’as proposé ça, c’est que tu as le profil, alors pourquoi te priver d’être mis en avant et de gagner un peu d’argent en sortant de ton business quotidien ?



Ca te va bien de stagner alors ;D

-Fais gaffe à tes fesses toi.
En entendant ces mots, le jeune allemand leva ses yeux au plafond. Pourquoi est ce que ça ne l’étonnait pas que Loyce prononce quelque chose de semblable ? Certes, tous les deux jouaient beaucoup sur l’ambigüité de leur relation mais tout de même, dorénavant, ça faisait presque parti de leur routine. Ceux qui ne les connaissaient pas les prenaient souvent pour un couple et c’en devenait presque agaçant. Quand est ce que les gens comprendraient qu’ils n’étaient « que » meilleurs amis ? Soit. De toute façon, Morgan ne s’en formalisait pas. Où était le problème puisqu’il était célibataire à présent ? Il savait pertinemment qu’il ne se passerait jamais rien entre Loyce & lui alors autant se laisser aller non ? L’un comme l’autre ne faisait que s’amuser… rien de plus.

- Parce que si tu continues à m’chauffer comme ça, j’risque de ne pas tenir en place.
Amusé, Morgan rit silencieusement. Comme si Loyce allait se laisser aller par aussi peu de choses… C’est vrai, l’androgyne n’avait absolument rien fait hormis dire ouvertement qu’il était conscient de l’effet qu’il faisait sur les gens. S’il avait souhaité chauffer son meilleur ami, autant dire qu’il s’y serait prit autrement & il aurait usé de ses atouts pour le faire succomber. Ses fesses, ses regards bouillants, sa langue sur ses lèvres… Bref, Morgan ne manquait jamais de ressources pour arriver à ses fins- bien qu’il les utilise toujours à bon escient. Et j’pourrais savoir pourquoi c’est toujours mes fesses qui prennent ? Je sais qu’elles sont parfaites mais quand même !, lança t-il avant de plonger son regard dans celui du londonien. N’était pas véridique ? Morgan n’était pas contre la soumission - au contraire - mais il était curieux de savoir pourquoi est ce que c’était presque… logique pour les hommes que ça soit cette place qui lui soit attribuée. Peut-être à cause de son apparence androgyne ? Oui, sans doute. Heureusement que ça ne l’embêtait absolument pas.

Vint le moment de mettre la table ; et puisque Loyce se montra pire que rapide, Morgan ne mit pas longtemps avant de l’entrainer jusqu’au salon. Lui faire part des derniers évènements de sa vie était quelque chose d’essentiel. Après tout, le châtain était son meilleur ami & le styliste souhaitait tout partager avec lui. Ses joies, ses doutes, ses peines, ses chagrins, ses remises en question. Tout, absolument tout… & les fameuses photos en faisaient parties. Est-ce qu’il était censé se lancer ? Morgan n’en savait sérieusement rien & il avait donc besoin de l’avis de Loyce avant de donner une réponse ferme et définitive aux photographes. Ceux-ci paraissaient très gentils mais étaient-ils clairs ? Avaient-ils de bonnes intentions ou pas du tout ?

-Il y a osé et osé tu sais ? Tout dépend ce que tu entends par là. Ce qu’il entendait par là ? Morgan n’avait pas l’habitude d’exagérer quand il parlait… ainsi, si - selon lui - les photos étaient osées, c’est qu’elles l’étaient réellement. Il haussa doucement ses fines épaules et se mordilla la lèvre inférieure en écoutant la suite des propos de son meilleur ami. Si c’est des photos genre Les Dieux du Stade, là, je te freinerai, c’est clair. Mais si c’est simplement des poses un peu sexy ou si tu es simplement légèrement dénudé, je vois pas où est le problème. Un petit rire s’échappa des lèvres de Morgan. Heureusement que le londonien venait de donner un exemple ; ça l’aidait grandement. Ses yeux maquillés se baissèrent en direction de son maigre genou et il inspira profondément. Sentir les gestes de Loyce lui faisait du bien… De cette façon, il avait l’impression d’être écouté, épaulé et c’est tout ce dont il avait besoin. Depuis quelques mois déjà, le styliste avait la sale sensation de n’être qu’un bon à rien, incapable de prendre ses propres décisions & ça l’agaçait au plus haut point.

-Bah… c’est un peu ça mais sans le ballon tu vois, avoua t-il en grimaçant faiblement. Néanmoins, Morgan était contre tout ça.Mais j’ai dit non…, souffla t-il en regardant ailleurs. Il ne voulait pas montrer son corps nu dans tous les magasines et puis son image de styliste en prendrait un coup… Il tenait quand même un magasin & il tenait à sa fidèle clientèle. Sans oublier tous ces cons qui l’embêtaient à chaque fois qu’il faisait un pas. Entre les « poupée », « ma belle », « chaudasse », « bonnasse » ; Morgan craignait que sa réputation en prenne un coup. & puis est ce que cette offre était gratifiante ? Ne passerait-il pas pour ce qu’il n’était pas ?

- Tu dois saisir ta chance. Si on t’a proposé ça, c’est que tu as le profil, alors pourquoi te priver d’être mis en avant et de gagner un peu d’argent en sortant de ton business quotidien ?

C’est vrai. Ça pourrait être une belle opportunité pour le jeune allemand… Il pencha un peu sa tête sur le côté, signe qu’il partait dans ses intenses réflexions, puis il mordilla sa lèvre inférieure. Poser ne l’avait jamais dérangé ; d’ailleurs, il était le seul & unique mannequin de sa boutique. À la base, c’était uniquement à cause d’un manque d’argent ; il ne pouvait pas se permettre d’engager quelqu’un pour porter ses créations. Mais Morgan devait bien admettre qu’il y avait prit gout… d’ailleurs, voir les mines presque admiratives de ses clients le rendait fier - et ça n’arrivait pas tous les jours. En fait, c’est osé dans le sens où il veut me faire porter des trucs que j’trouve très féminins… Des cuissardes, des trucs super courts. J’te parle même pas des poses… Fin j’ai pas envie de passer pour une pute tu comprends ?, osa t-il en lançant un timide regard vers son meilleur ami. Soupirant silencieusement, il plaça sa tête brune contre sa clavicule et glissa sa main sur son genou - à son tour. Fin voilà…Pi t’imagines si Kylian… ouais, non rien, s’empressa t-il d’ajouter. C’était plus fort que lui… même s’ils n’étaient plus ensemble, Morgan l’avait dans la tête à longueur de journée.