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Just a Nobody. Miserable. [Pv Andrea]

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MessageSujet: Just a Nobody. Miserable. [Pv Andrea] Just a Nobody. Miserable. [Pv Andrea] EmptyMar 29 Déc - 13:40


    Une légère brise murmurait à l'extérieur et s'engouffra dans l'appartement, se frayant un passage par la fenêtre ouverte. Assise sur le rebord glacé, elle fumait une cigarette dont l'odeur se dispersait dans l'air. La fatigue se lisait sur son visage de porcelaine, une intense fatigue bien supérieure à celle que le corps peut éprouver. Elle frissonna, trop peu vêtue sans doute pour s'exposer à de si basses températures. Et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à refermer la fenêtre. Elle aimait tant les matins. Tout y semblait si pur, si frais, comme lavé des souillures de la veille. Neuf. Elle songea alors qu'elle aurait aimé qu'il en soit de même pour elle. Que les matins la lavent également. Qu'elle puisse de nouveau se sentir propre, et neuve. Absurde, et insensé sans doute. Elle avait travaillé, la veille au soir, effectuant cette tâche machinalement sans ne plus réellement y penser. Trop penser la mènerait à sa perte. Lorsque l'on réfléchit, on réalise ce que l'on éprouve. Mieux valait pour elle avoir autant de sentiment qu'un robot. Et puis, avec le temps, les choses passaient toujours mieux. Elle avait appris que l'on pouvait s'habituer à tout. Et puis, elle n'avait pas réellement le choix. Il fallait qu'elle paie son loyer, ce qu'elle mangeait et les drogues qu'elle prenait. Sans compter son maquereau qui lui prenait encore davantage. Il l'aidait à survivre, elle lui en était redevable, il le lui avait fait comprendre. Les choses fonctionnaient ainsi, et il n'y avait nulle raison qu'il en soit un jour autrement. Elle devait faire avec ce semblant d'existence qui lui avait été imposé. Mais qu'avait-elle connu d'autre au fond? Peu de choses, sinon rien. Elle ne connaissait rien d'autre que cette vie là. Elle ne se demandait alors pas si cela lui plaisait ou non. Elle était tel un fantôme. Invisible. Jamais ou presque, on ne lui avait demandé son avis.

    Une volute de fumée s'échappa de ses lèvres entrouvertes. Elle rabattit de sa main gauche son chemisier en coton, qui seul couvrait ses sous-vêtements. Elle aimait ces moments. Il lui semblait être hors du temps, de son existence sans le moindre but. Elle pouvait se figurer ressembler à ces autres, qui marchaient dans la rue, riaient, partaient le matin effectuer un travail dont ils pouvaient être fiers. Elle ne leur ressemblait en rien. Elle n'était rien. Rien d'autre que ce semblant d'être humain dont certains aimaient à se servir.
    Elle écrasa le mégot contre le rebord de la fenêtre, puis le lâcha dans le vide. Agile comme un petit chat, elle se laissa tomber sur le sol. Elle savait où elle voulait se trouver à cet instant précis, et surtout, ce qu'elle désirait faire. D'un geste rapide, elle enfila un jean, ainsi qu'un pull trop grand et informe. Son regard croisa son reflet dans le miroir. Elle ne ressemblait en rien à celle qu'elle avait été la veille. Les traits cachés sous d'épaisses couches de maquillages. Quelques vêtements, mais sans doute trop peu, et trop vulgaires pour ne pas contraster avec son visage rappelant celui d'une poupée de porcelaine. Là, sans le moindre soupçon de maquillage, la crinière rousse décoiffée, il lui semblait retrouver l'enfant qu'elle avait été autrefois. La petite, sauvage, une diablesse. Seuls ressortaient, sur son visage pâle, ses yeux bleus, ses yeux de biche que l'on remarquait inévitablement. Elle attrapa sa veste, et l'enfila, puis vérifia en tâtant l'emplacement de sa poche que son portefeuille se trouvait bien à l'intérieur. Elle sortit enfin, prenant soin de fermer la porte derrière elle. Précaution bien inutile. Nul n'aurait l'idée de voler quoique ce fut chez elle. Même son violoncelle, qui pourtant était l'objet le plus précieux qu'elle possédait. Elle mit quelques minutes à descendre la multitude d'escaliers qui la séparaient de l'entrée. Mais elle s'y était habituée. Elle ne croisa personne dans l'immeuble. Tous devaient dormir, ou vaquer à leurs diverses occupations. Ils savaient quelle était sa profession. Mais la plupart la laissaient tranquille, les leurs n'étant sans doute pas plus glorieuses. Quartier de misères, de délaissés. Nul ne se tournait vers eux. Ils dérangeaient. Elle traversa la rue, et continua de marcher, d'un pas assurer. Sa veste tentait avec difficulté de faire barrage contre la morsure du froid. Elle savait exactement où se rendre. Elle avait découvert ce luthier quelques semaines auparavant, luthier chez qui l'on trouvait les meilleurs instruments qu'elle ait eu l'occasion de voir au cours de son existence. Depuis, elle s'y était rendue, souvent.

    Une fois arrivée, elle passa la porte, et salua l'homme qui se trouvait là d'un simple signe de tête. Il eut du mal à dissimuler son agacement. Elle était venue trop souvent pour passer encore pour une cliente qui essayait divers instruments avant de se décider. Il avait compris son petit manège, et ne se considérait pas comme une école de musique. Mais, tant qu'elle n'abîmait rien et ne dérangeait personne, il ne pouvait rien lui dire. Cependant, il semblait la guetter au tournant, attendant l'occasion de pouvoir mettre cette intruse dehors. Elle semblait ne pas s'en apercevoir. Elle connaissait trop bien les hommes pour se soucier de quelqu'un comme lui. Ce qui l'intéressait étaient les instruments, et rien d'autre. Elle s'approcha doucement, presque religieusement, les observant, les effleurant du bout des doigts, attendant de choisir celui qu'elle voudrait essayer. Elle finit par arrêter son choix sur l'un d'entre eux, dont elle aimait le son. Elle ignorait de quoi il était fait, ne connaissant rien à ces choses là. Jouer était l'unique chose qu'elle savait faire. Elle s'assit sur un petit tabouret qui se trouvait là, et, de sa main droite, enlaça délicatement l'archet. Puis, elle se mit à jouer, et en un instant, fut transportée dans un autre monde, un univers sans rapport aucun avec le sien. Elle jouait un air qu'elle connaissait, pour elle, et uniquement pour elle, sans plus se soucier des allers et venues dans ces lieux.
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