Apollinaria avait un énième rendez-vous dans je ne sais quelle radio obscure mais pour une raison tout aussi obscure, elle avait accepté de s'y rendre. Sans doute un moment de faiblesse. Elle avait une sainte horreur des interviews et de la façon dont ils pouvaient transformer ce qu'elle disait. Et surtout, ils lui posaient toujours les mêmes questions, après les salutations d'usage et les quelques questions sur sa vie de princesse, ils s'intéressaient de près de très près à sa vie privée. Elle avait toujours été réticente à l'idée de parler de ce qui se passait dans sa vie privée et c'était d'autant plus vrai depuis la mort de son mari. Tout le monde voulait savoir comment elle vivait cette tragédie, si elle avait réussi à s'en relever, si elle avait trouvé quelqu'un d'autre. Ca faisait quelques années maintenant et ils pensaient sans doute qu'il était temps pour elle de se remontrer au bras d'un homme. S'ils savaient ce qui se tramaient dans la famille royale ! Bien que la princesse sache parfaitement se contrôler et contrôler ce qui sort de sa bouche, elle préférait ne pas tenter le diable en parlant avec des journalistes qui peuvent tenter de la mettre à bout afin de prélever quelques informations. Grappiller ce genre de choses étant la panacée des journalistes et c'était bien pour cela qu'elle détestait par dessus tout ce métier. Certains traitent les avocats de voleurs, la jeune femme pourraient en faire de même avec les journalistes si elle n'avait pas reçu une éducation princière. Car c'était bien là la pierre angulaire de ce problème, Apollinaria esquissait toujours un sourire quand une question la dérangeait.

Pourtant donc, en cette journée d'été elle se dirigea près de chez elle dans un studio radio. Elle n'avait enfilé qu'une petite robe légère accompagnée de chaussures à talons d'été. Oui mais regardez-y bien, cette robe qui parait identique à une autre coûte probablement beaucoup plus que votre salaire mensuel. N'est pas princesse qui veut. Apollinaria sortit de sa limousine et grimpa les marches quatre à quatre. Finalement, elle arriva au bon étage, enfin, elle le croyait. Il n'y avait personne à l'entrée pour la guider ou lui souhaiter la bienvenue. Elle regarda tout autour d'elle, un peu perdue. Et puis deux personnes arrivèrent en courant, l'un poursuivant l'autre. Le regard interloqué, elle les vit se prendre les pieds dans le tapis avant d'éclater de rire et les deux hommes se relever avant de se chamailler comme deux gamins. La jeune femme se demanda où est-ce qu'elle avait débarqué avant d'apercevoir un homme adossé contre un mur un peu plus loin. Elle s'approcha avant de demander, petit sourire mi-figue mi-raison accroché à la figure « Est-ce que l'asile de fous a été déplacé ici ou bien ? »