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Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special

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MessageSujet: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyLun 8 Déc - 0:30


but i'm a creep, i'm a weirdo...
kaya & noam
Tout était arrivé assez rapidement. Brusquement, même. Une mission de routine qui avait tourné à l’improbable sans qu’aucun de nous ne sache vraiment pourquoi, ni comment. Je n’avais pas été particulièrement anxieux, j’étais certes resté sur mes gardes, mais n’avais pas fait d’excès de zèle.  Être vigilant en toute circonstance, c’est ce qu’on vous apprend en premier. Ne pas se laisser déconcentrer par une feinte accalmie, un calme quotidien. Il n’existait pas de quotidien dans ce coin-là, juste un jour de plus de survie. C’était ainsi qu’il fallait réfléchir, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Après plusieurs semaines de tranquillité, tous les esprits s’étaient apaisés. Un peu trop. On s’était accordé un repos bien mérité, selon nous, et nous allions le regretter... Il s’agissait de rallier un autre village plus au sud, traverser une zone désertée pour apporter du matériel à notre équipe à plusieurs kilomètres. Leur radio avait grillé juste après qu’ils nous aient missionné, mais le satellite estimait que la zone était sans danger. ‘Sans danger’, un terme discutable dans cette zone du globe. On aurait du le savoir que rien n’était réellement sans danger. Il n’y avait d’abord eu aucun bruit... Le silence. Le silence assourdissant. Le rire des gars, parfois. Le cliquetis de mon arme venant heurter mon abdomen à chaque pas. Le silence. Et le roulement de mon briquet tandis que je m’allumais une cigarette, les yeux fixés sur le bout incandescent. Je ne voyais que ça, tout le reste, au-delà, m’apparaissait flouté, comme l’arrière plan d’un tableau impressionniste. Du jaune, de l’orange, des teintes sable et terre. Et puis, le tac tac tac ! Tac tac tac ! Je connaissais ce bruit. On connaissait tous ce bruit. Ce son, cette musique. Quelqu’un gueula « A couvert ! » mais il n’y avait rien pour se couvrir, justement. On était totalement à découvert, traversant un village abandonné, cerné par les bâtiments en ruine d’où, des êtres invisibles, nous pointaient de leurs armes. Tac tac tac ! Ce son... Ce son... Tac tac tac ! Je courais au rythme des tac tac tac, ne sentant rien d’autre que l’air bouillant s’engouffrant dans mes poumons. Tac tac tac, et un bruit sourd. Celui du corps de Mike s’effondrant à deux mètres devant moi. Tac tac tac, chaque tac soulevait un nuage de poussière sur ma route. Tac tac tac, les tac frôlaient Mike tandis que je l’agrippais par le col pour le trainer derrière moi. « Ici ! » je ne sais pas qui criait, je ne sais pas quel ici ça désignait. Était-ce seulement un des miens ou un autre ? Tac tac tac ! Mike ne faisait aucun effort. Je ne sais pas où il était touché, peut-être à la jambe, mais il se laissait trainer, ralentissant mon ascension, nous exposant plus de temps que nécessaire. Tac tac tac ! J’achevais ma course derrière un mur en ruine. Il n’en restait plus qu’un morceau, si bien que je du me jeter sur le sol pour ne pas dépasser. Joe nous avait rejoint. Il hurlait, mais je n’entendais rien. Je n’entendais que les tac tac tac qui pleuvaient encore et toujours, sans discontinuer. On ne les voyait pas, ces enfoirés, alors on ne pouvait pas riposter. On leur était tellement inférieur. Tellement stupide. Tellement américain. Joe arma son fusil d’assaut, se réhaussa, dépassa du mur, et tira n’importe où. Il le fit à plusieurs reprises, sans réfléchir, sans raisonner. Oeil pour oeil. À perte de munition. Tac tac tac. L’ennemi ne cessait pas, il ne ralentissait pas, ne se réduisait pas. Je cherchais à attraper Joe par le bras pour lui hurler de s’arrêter, qu’il ne servait à rien de gaspiller ses munitions de la sorte, mais visage levé vers lui, toujours à l’abri de mon mur, tout ce que je perçu furent ses traits déformés par la rage, puis son cou éclater, et son sang se répandre sur mon visage. La jugulaire, ça ne pardonne pas. L’instant d’avant il était en vie, bouillonnant de vie, et désormais il s’affaissait, lentement, très lentement. Il tomba d’abord à genou, puis chancela sur son bassin, avant de chuter contre moi, sa veine pulsant encore au rythme de son coeur mourant, teintant tout alentour de rouge écarlate. Je m’affaissais sous son poids, incapable du moindre mouvement, avant de songer à Mike, toujours inconscient dans la terre, à moins d’un mètre de moi, là où je l’avais trainé derrière ce mur. J’essayais de l’appeler, mais face contre terre, il ne répondait pas. Alors, je cherchais à le retourner, mes propres jambes coincées sous le poids du corps de Joe. Il me fallut m’y reprendre à plusieurs fois, avant de percevoir son visage, et ce trou sanglant entre ses deux yeux. Net. Précis. Esthétique presque. D’une esthétique froide et macabre. J’aurais voulu hurler, mais j’en étais incapable. Plus rien ne fonctionnait chez moi. Ni mes jambes, ni ma voix, ni mes poumons qui ne faisait que cracher et inhaler sans discontinuer et avec frénésie. Nous étions huit en quittant la base. Deux étaient déjà morts. Combien d’autres. Le tac tac tac n’avait pas cessé, mais je ne l’entendais plus. J’étais sourd. Je n’étais plus qu’un corps inutile, puisque refusant de me répondre, souillé du sang de mon ami. Combien de temps étais-je resté ainsi ? Des heures ? Des jours ? J’avais le sentiment indéfinissable qu’il s’agissait de secondes et en même temps de mois. Interminable et fugace. Mais lorsque le tac tac tac cessa, l’espoir m’avait quitté. Ils étaient morts. Ils étaient tous morts. On était tous morts. On était tombé dans une embuscade. Tout n’avait été que coup-monté. Dans l’autre village, nos hommes étaient probablement morts depuis longtemps. Et moi ? Moi j’étais un fantôme en sursit. Inerte, je reposais contre le corps sans vie de Mike, et le corps sans vie de Joe reposait sur moi. J’avais entendu leurs voix avant leurs pas. Mais j’étais déjà mort, alors je ne craignais plus rien. Je perçu un gémissement, puis un tac, et plus de gémissement. Maintenant, tout le monde était mort. Je comptais les pas, j’évaluais la distance. Pragmatique, froid, j’épiais leurs rires sinistres pour visualiser leur position. Ça ne me servirait à rien, mais mon cerveau fonctionnait par automatisme. Et étrangement, alors qu’ils n’étaient plus qu’à moins d’un mètre du mur, j’eus le réflexe bizarre de fermer les yeux. Je ne voulais pas les voir. Je ne voulais pas lire leur fierté, leur satisfaction, en découvrant les corps de mes amis. J’aurais voulu hurler, encore, mais rien ne sortait, même plus ma respiration douloureuse qui s’était faite plus lente, plus chaotique. Les yeux clos, je les entendis rire, je les sentis fouiller les poches, nous défaire de nos armes. J’étais vivant, mais mort. Prisonnier d’un corps refusant de bouger. Je les entendis tester les armes. Tout près. Probablement sur Mike, pas assez ensanglanté pour eux. Et puis, je les entendis s’éloigner, parler de rentrer et de ce qu’ils allaient manger ce soir. Ils m’avaient oublié. Et quelque part, je leur en voulais. J’aurais voulu hurler pour les rappeler, leur demander de m’achever, mais là encore, mon absence de voix s’obstina. Et je restais là, des heures durant, la nuit tombant, les corps se solidifiant. Le sang de Mike m’avait sauvé la vie. Avec autant de sang sur moi, je ne pouvais qu’être mort. Et pourtant, j’étais en vie. Une vie qui reprit peu à peu ses droits, d’abord dans mes bras, puis dans mes jambes, et pour finir ma voix. Ma voix qui se répandit, se propagea, combla le silence, troua la nuit. Désormais seul, je hurlais. Errant entre les corps de mes compagnons, je hurlais... Je hurlais... Je hurlais... Désarmé, en sang, esseulé, j’avançais, retournais sur mes pas, et je hurlais... En pilote automatique jusqu’à la base, je hurlais... On me secouait, et je hurlais... Je hurlais... Comme un cri d’alerte, le son du désespoir... On me secouait, on me secouait, on me secouait, et je hurlais jusqu’à la suffocation, jusqu’à n’être plus capable que de tousser et tousser encore, la respiration lourde et frénétique. Je ne hurlais pas, je geignais, et dans une énième secousse, j’ouvrais les yeux en aspirant l’air comme au sortir d’une apnée prolongée. C’était pas l’Irak autour de moi, mais je ne comprenais pas où je me trouvais pour autant. Des mains enserraient mes épaules, et je ne cherchais pas à identifier la menace. J’attrapais, je coinçais, je projetais sur la terre, immobilisant bras et jambes d’un mouvement rapide, avant de songer à désarmer l’adversaire. Mais il n’y avait ni arme, ni terre. Juste un canapé et... Kaya. L’action avait été très rapide, la réaction le fut tout autant. Je relâchais tout, immédiatement, bras et jambes, effrayé par mes propres agissements incontrôlables. « Pardon. » je soufflais de cette voix rendue quasi inaudible par le manque d’air dans mes poumons, et les morceaux de verres qui semblaient fichés dans ma gorge. « Pardon. » je répétais encore, désespéré, profondément perdu, en me laissant retomber, mon visage en nage s’enfonçant dans l’oreiller. J’aurais voulu m’y perdre, disparaitre, et surtout qu’elle parte. Ou plutôt qu’elle ne soit jamais venu. Qu’elle n’ait pas vu. Au lieu de quoi, à l’aveugle, j’attrapais un poignet, je crois, y enroulant mes doigts, l’empêchant de s’éloigner. Je voulais pas être tout seul. Pas tout de suite, pas encore. Pourquoi ? Parce que l’autre c’était elle, et que... Tout était arrivé assez rapidement. Brusquement, même. Une mission de routine qui avait tourné à l’improbable sans qu’aucun de nous ne sache vraiment pourquoi, ni comment. Je n’avais pas été particulièrement anxieux, j’étais certes resté sur mes gardes...  

    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyJeu 11 Déc - 11:41

Kaya se réveilla en sursaut. Elle se redressa dans son lit et resta immobile pendant une seconde. A l'écoute. Peut-être qu'elle l'avait rêvé. Sauf que lorsque le cri se répéta, déchirant le silence de la nuit, elle quitta aussitôt son lit pour aller dans le salon. Elle n'avait aucun doute sur l'auteur du cri, et ça en était d'autant plus effrayant et perturbant. Parce qu'elle n'aurait jamais imaginé un tel cri possible. C'était Noam. Il ne pouvait pas hurler de la sorte. Elle ne prit même pas le temps d'allumer la lumière, se ruant auprès du jeune homme pour voir ce qui n'allait pas. Il était allongé sur le canapé, comme s'il dormait, le visage cependant tordu et les yeux fermés, rêvant visiblement de quelque chose d'assez traumatisant pour hurler. Un véritable cri de désespoir qui secoua la jeune femme, restée figée un instant, sous la surprise. « Noam réveille-toi. » Sauf qu'il ne réagissait pas du tout. Alors elle commença à le secouer en l'appelant par son prénom. Elle ne savait pas de quoi il rêvait mais ça n'avait pas l'air d'être agréable. Du tout... Ça ne la dérangeait pas tant que ça, la présence de Noam dans son appartement. Il n'y avait pas de réels changements, à part que le soir, au lieu d'aller à côté, il s'installait sur le canapé. Elle aurait aimé dire que les choses étaient revenues à la normale. Kaya faisait comme si. Mais dans le fond, elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir un certain malaise. Malaise qu'elle ne voulait pas questionner. Mais qui n'avait pas de réelle importance en cet instant. Elle se demandait si un simple cauchemar pouvait provoquer une telle réaction. Mais surtout elle voulait qu'il se réveille, parce qu'elle n'appréciait pas du tout de voir son visage comme ça, transcendé par la souffrance et le désespoir. Elle voulait qu'il se réveille et qu'il retrouve son expression habituelle. Et d'un seul coup, il ouvrit effectivement les yeux. « Noa... commença-t-elle à articuler. » Sauf qu'elle se retrouva complètement immobilisée par le jeune homme, bras et jambes coincés, en l'espace de quelques secondes. Ses yeux s'arrondirent sous la surprise, se contentant de regarder le jeune homme, trop sous le choc pour parvenir à articuler quoi que ce soit. Elle remarqua l'instant où il sembla, enfin, vraiment se réveiller et qu'il la relâcha. Elle se redressa. Elle aurait pu s'énerver. Lui demander ce qu'il lui prenait. Sauf que l'expression de Noam, la manière dont il avait réagi, ses cris, tout ça, montrait que quelque chose n'allait pas. Vraiment pas. Loin d'être énervée, elle était surtout perturbée et très inquiète. « Pardon. » Il le répéta, encore, s'affalant sur le canapé. Elle se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise, regardant le jeune homme avec inquiétude. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Noam lui attrapa soudain le poignet, ce qui la coupa dans son élan. Elle relâcha sa respiration – elle ne s'était pas rendue compte qu'elle la retenait – avant de bafouiller : « It's okay. » Non ça ne l'était pas. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle ne savait pas quoi dire ou quoi faire alors elle demanda simplement, d'une voix qu'elle voulait douce : « Est ce que... ça va ? » Probablement la question la plus stupide à poser. Il était clair que ça n'allait pas. Mais qu'était-elle supposée dire ? Elle était encore elle-même sous le choc des cris, de la souffrance qui était apparue et avait littéralement transformé son visage. Méconnaissable. Elle souleva sa main libre, la levant au dessus des cheveux de Noam, hésitant un instant à l'y poser, comme elle aurait fait à l'époque où son père buvait souvent le verre de trop, où elle tentait de le consoler pour la mort de sa mère, dont il ne s'était jamais vraiment remis. Mais elle la retira au dernier moment, le flash de la réaction de Noam quand il s'était réveillé encore frais dans sa mémoire. Il valait peut-être mieux ne pas le surprendre. Puis il maintenait toujours son poignet avec fermeté. Elle déglutit avant de demander à voix basse : « Est ce que tu veux en parler ? » Elle ne savait pas si c'était vrai cette histoire de raconter son cauchemar pour se sentir mieux. Mais s'il voulait, elle était là.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptySam 13 Déc - 3:53


but i'm a creep, i'm a weirdo...
kaya & noam
Je crois... Je crois que c’était au-delà du fait de se sentir con. Au-delà de l’agacement de m’être endormi, je veux dire vraiment endormi au point de laisser mon inconscient prendre le dessus. Il y avait cette vulnérabilité, évidemment, que j’affichais clairement, et qui n’avait pas raison d’être, mais il y avait aussi ce coup à mon égo. Je l’avais réveillé en pleine nuit parce que... Parce que quoi ? Parce que je hurlais ? Je ne pouvais que le supposer, je ne gardais que peu de souvenir de ce qui avait précédé mon éveil. Dans mes songes, je hurlais. En allait-il de même dans la réalité ? Voilà pourquoi cette décision de la rejoindre dans son appartement était une bonne et une mauvaise idée, tout à la fois. Certes j’étais sur place, certes je n’avais plus à épier les bruits de l’autre côté du mur, et tenter de deviner s’il s’agissait d’une menace ou d’une simple maladresse, mais j’étais plus exposé aussi. Désormais que je pouvais dormir, je dormais réellement, et chez moi, ce n’était pas synonyme de ronflements ou de «Ooooh, on dirait un ange». J’avais des rêves agités, très agités. Des rêves qui n’en étaient pas. Des rêves qui me forçaient, depuis des années, à ne jamais beaucoup dormir, ni très profondément. Je luttais contre ces nuits-là, contre les nuits comme celle-là. Une de ces nuits dont elle venait d’être témoin. « It's okay. » Non, ça ne l’était pas. J’étais censé la rassurer, pas l’inverse. J’étais censé me montrer fort et sans faille, sinon comment pourrait-elle, au juste, me faire confiance pour sa sécurité ? Comment avoir confiance en un mec qui hurle la nuit ? Ecrasé dans l’oreiller, je tentais d’étouffer ce mal-être teinté des réminiscences de mon rêve toujours intact. J’aurais voulu lui demander de partir et d’oublier tout ce qu’elle venait de voir et entendre, mais dans un mouvement contraire, j’avais attrapé son poignet pour l’empêcher de m’abandonner. Je ne voulais pas être seul, je ne voulais plus être seul. C’était ce qui me terrifiait le plus, dans ce souvenir, l’immensité de ma solitude. Seul survivant, seul rescapé, seul médaillé. Seul et plus tout à fait, puisque ces camarades, mes camarades, me suivaient partout désormais. J’avais croisé beaucoup de fantômes, ceux-là étaient les miens. « Est ce que... ça va ? » Non, ça n’allait pas. La réponse était évidente, et j’aurais probablement eu le réflexe de la lui cracher violemment si, dans sa voix, l’inquiétude n’avait pas été aussi présente. Je m’en voulais de ça aussi. J’aurais voulu revenir en arrière, rembobiner le film et ne jamais, jamais lui imposer ma présence ici, la nuit, entre ces murs. Alors j’aurais été de l’autre côté, j’aurais pu hurler autant que je le voulais, elle n’en aurait jamais rien su. Personne n’en aurait jamais rien su. Personne n’aurait jamais du savoir. Et désormais, personne ne savait hormis elle. Mon père, ma mère, ma soeur, le psy qui m’avait suivi pendant des années, à mon retour d’Irak, et le psy du Bureau, tous ignoraient la manière dont ma culpabilité se manifestait. Peut-être que si je m’étais confié à quelqu’un j’aurais été en mesure de reconnaître les signes évidents d’un trouble de stress post-traumatique. Mais j’étais bien trop fier pour l’admettre. Non, moi j’avais fait l’Irak, et je m’en portais comme un charme. C’était la version officielle. Ça resterait la version officielle. J’y veillerais. « Ca va passer. » je répondais, alors, d’une voix que j’espérais mesurée, mon visage s’extirpant de l’oreiller pour se tourner du côté opposé à elle, côté dossier du canapé. Je ne relâchais pas son poignet pour autant, je n’étais pas encore prêt. Il me faudrait encore un peu de temps pour m’y résoudre. « Est ce que tu veux en parler ? » Oh bah oui, tiens, quelle excellente idée ! « Et après on cherchera ensemble dans ton dictionnaire des rêves, autour d’une tisane à la rose ? » je crachais, cette fois, sans parvenir à m’en empêcher, malgré son ton doux et son évidente volonté de bien faire. Je n’y pouvais rien, j’étais énervé, bouillonnant, nerveux et tendu. Elle n’y était pour rien, n’en était pas responsable pour une fois, mais elle était là, et écopait de mon sarcasme amer. « Excuse-moi... Je suis sur les nerfs... » je soufflais, tout de même, conscient de l’injustice dont je faisais preuve, tout en relâchant son poignet afin de me redresser en position assise, mes mains venant frotter mon visage dans l’espoir, illusoire, de chasser les vestiges de mes songes. « C’est... C’était pas un cauchemar... C’était un souvenir. » j’avouais après un long moment de silence, et avant d’entreprendre de fouiller à l’aveuglette sur la table d’appoint, dans mon dos, pour y trouver un paquet de cigarettes et en glisser une entre mes lèvres. « J'aérerais pendant le reste de la nuit, s’tu veux, mais, par pitié, grogne pas. » je prévenais avant même qu’elle gueule. Je ne fumais jamais à l’intérieur. Je fumais rarement, de toute manière. Mais là... Là, c’était différent. Là, j’en avais besoin. Et, en silence, mes bras entourant mes genoux, les yeux dans le vide, je tirais comme un damné sur la clope. Ça m’obligeait à retrouver une respiration espacée, apaisée, et le geste répété occupait suffisamment mon cerveau pour m’éviter de trop penser. Calmement, je portais et déportais la cigarette à mes lèvres, sans jamais déposer mon regard sur elle, sur Kaya. Je ne l’ignorais pas, je savais qu’elle était là, j’avais besoin qu’elle soit là. Sans pour autant me l’expliquer. Mais je ne parlais pas. Pas encore. Je l’entendais respirer, je la percevais remuer, même imperceptiblement, même très discrètement, et c’était tout ce dont j’avais besoin. De cette vie-là, après toutes ces morts. « Tu veux bien rester un peu ? » je fis, alors, rompant le silence et rétablissant le contact visuel. Très court, le contact, fugace même, mais c’était déjà un premier pas vers le contrôle de moi. « Pas longtemps, mais juste... » je bafouillais, d’ailleurs, en reportant, à nouveau, mon regard dans le vide, m’agaçant tout seul face au pathétique de ma requête. Comme un gamin effrayé par le noir, suppliant sa mère de rester encore un peu. Super la protection instaurée par le FBI, non ? « J’te dois une explication, j’crois. » je me résignais en frottant rageusement une paupière, puis une tempe, avant de désordonner mes cheveux déjà en bordel. « Je vais le faire, mais... Avant ça, parle-moi, raconte-moi un truc sur toi que personne ne sait, histoire de rétablir l’équilibre. » je quémandais, après ma cigarette, en me rallongeant, sur mon flanc, tourné vers elle, désormais. « Et si ça pouvait être un truc bien ridicule, ce serait encore mieux. » afin de détendre l’atmosphère, cette fois. Ce que j’allais raconter ensuite, et que je n’avais plus confié depuis des années, allait suffisamment ruiner l’ambiance pour s’octroyer un peu de légèreté au préalable. « Empêche-moi de penser. » je soufflais dans le silence, le regard braqué sur elle. Dans l’attente. Dans son attente.

    
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyLun 22 Déc - 21:31

« Ca va passer. » La jeune femme n'était pas pour autant rassurée, encore choquée par l'expression qu'elle avait vu sur son visage, par ses cris, déchirants. Ce n'était peut-être qu'un mauvais rêve mais aussi loin que remontait sa mémoire, Kaya ne se rappelait pas d'un seul cauchemar qui aurait pu la marquer à ce point. Inquiète et en même temps mal à l'aise, elle finit par demander s'il voulait en parler. Elle pouvait aussi le laisser tranquille. Elle était prête à faire ce qu'il voulait si ça pouvait l'aider à se sentir mieux. Elle n'avait même pas l'intention de râler, pour dire. Elle était juste inquiète de l'avoir vu aussi vulnérable. Vraiment inquiète. Ce n'était pas l'heure de se demander pourquoi elle s'inquiétait à ce point pour lui, pour quelque chose qui n'était peut-être qu'un cauchemar. Ou peut être pas. Parce que la réponse était évidente. Elle tenait à lui. D'une certaine façon. Ça, elle ne voulait pas se l'expliquer, ou du moins, pas se l'avouer. Mais elle ne pouvait pas rester de marbre après ce qui venait de se passer, peu importe les raisons de son inquiétude pour lui. « Et après on cherchera ensemble dans ton dictionnaire des rêves, autour d’une tisane à la rose ? » Oui bon ok, mais qu'était-elle supposée dire ? Il n'existait pas de notices, et quelques coups de tournevis pour tout réparer ne seraient clairement pas adaptés à la situation. Elle n'était pas douée pour... C'était quoi au juste ? Elle n'en savait rien. En revanche ce qui était sûr c'est qu'elle réprima l'insulte qui lui démangea le bout de la langue. Parce qu'elle ne voulait pas s'énerver. Ne voulait pas l'énerver. « Excuse-moi... Je suis sur les nerfs... » Elle ne répondit toujours rien, se contentant d'un hochement de tête, plus pour elle-même que pour lui, qui ne pouvait pas le voir. « C’est... C’était pas un cauchemar... C’était un souvenir. » Kaya fronça aussitôt les sourcils. Elle ne savait pas si elle voulait vraiment savoir quel type de souvenir pouvait provoquer ce genre de réactions. Elle le regarda chercher à tâtons quelque chose avant de mettre la main sur son paquet de cigarettes, toujours muette. « J'aérerais pendant le reste de la nuit, s’tu veux, mais, par pitié, grogne pas. » Elle le regardait toujours quand il commença à fumer. Installée sur ses genoux, le dos droit, elle demeura immobile. Elle se posait à peu près mille et une questions mais les réponses n'étaient que des hypothèses qui renforçaient encore plus son inquiétude. Elle se passa une main dans ses cheveux, lâches et en batailles. Était-elle supposée dire quelque chose ? Parce qu'elle n'avait aucune idée de quoi dire. Aucune idée de si elle pouvait l'apaiser ou faire quoique ce soit qui puisse l'aider. Elle se sentait... impuissante. Encore plus en le regardant, les genoux serrés contre lui, le regard perdu dans le vide. Aussi... Fragile ? Elle aurait aimé être dans sa tête pour savoir ce qu'il pensait. Elle aurait aimé savoir quoi dire. « Tu veux bien rester un peu ? Pas longtemps, mais juste... » Elle releva son regard, qui s'était perdu sur le plancher, pour le regarder lui. « J’te dois une explication, j’crois. » Elle déglutit avant de répondre : « Tu n'as pas à... » Certes, elle était curieuse de savoir mais il n'était pas obligé. « ...Si tu n'as pas envie, compléta-t-elle, consciente en même temps qu'elle répondait du peu de cohérence de sa phrase. » Si les souvenirs étaient aussi douloureux à revivre, elle imaginait bien qu'en parler ne devait pas être plus agréable. Mais elle pouvait rester, si c'était ce qu'il voulait. « Je vais le faire, mais... Avant ça, parle-moi, raconte-moi un truc sur toi que personne ne sait, histoire de rétablir l’équilibre. » L'équilibre ? C'est elle qui détourna le regard cette fois-ci. « Et si ça pouvait être un truc bien ridicule, ce serait encore mieux. » Évidemment. Elle se mordilla la lèvre en relevant les yeux vers lui. « Empêche-moi de penser. » Elle soutint son regard pendant quelques secondes avant de pousser un soupir et de baisser ses yeux sur ses mains, qui jouaient avec le t-shirt qui lui servait de pyjama. Elle esquissa finalement un petit sourire. Elle n'avait pas l'habitude de parler d'elle. Elle gardait tout, explosait souvent, mais au final ne se confiait jamais vraiment. Elle releva à peine son regard, l'observant derrière les cils pour demander : « Tu promets de ne pas te moquer ? » Elle n'attendit pas la réponse pour continuer, regardant de nouveau ses propres mains. S'il voulait du ridicule, elle en avait, même si elle le cachait. Elle choisit quelque chose de léger et plutôt d'inattendu, quand on la connaissait... « J'ai encore... le doudou que j'avais quand j'étais petite. Pas rangé dans un placard ou sur une étagère. Mais dans mon lit, avec moi. » C'était une petite couverture. Délavée, abîmée par les années. Elle ne s'en rappelait pas mais sa mère lui avait offert et elle n'avait jamais su s'en séparer. Parce qu'elle s'était toujours accrochée au moindre souvenir sur sa mère. Parce qu'elle n'en avait aucun. Seules les histoires de son père et de ses frères avaient alimenté au cours des années l'image qu'elle avait d'elle. « C'était... à ma mère. Je croyais que ça me donnait un genre de connexion magique avec elle quand j'étais petite. » Ce qui était ridicule, car elle n'aurait jamais su mettre un visage sur sa mère sans les photos. « Je l'ai perdu plus d'une fois et je n'arrive jamais vraiment à m'endormir tant que je ne l'ai pas retrouvé... Encore aujourd'hui. » Elle n'était pas aussi 'dure à cuire' qu'elle voulait laisser paraître. Elle grimaça en le regardant enfin, arrêtant de parler un instant avant de demander : « Est ce que l'équilibre est rétabli ? »
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyLun 22 Déc - 23:29


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kaya & noam
« Tu n'as pas à... » à quoi ? À aborder ce sujet ? Vu l’état dans lequel elle m’avait retrouvé, si, ça me semblait même plutôt inévitable. J’avais pas été du genre discret, j’avais pas juste ouvert les yeux en pestant, j’avais probablement hurlé longtemps avant de la plaquer contre le canapé en la prenant pour... J’sais pas, Saddam ou Oussama. Flatteur, non ?   « ...Si tu n'as pas envie... » Je la contemplais un instant en silence. Non, j’en avais pas envie, je pense que c’était assez clair et qu’elle-même s’avérait apte à le percevoir. Mais je le devais. Parce que c’était pire de ne pas savoir, pas vrai ? Ça obligeait à imaginer. Et puisque je n’avais aucun contrôle sur son imagination... Non, je préférais qu’elle sache. Elle en ferait ce qu’elle voudrait ensuite, mais au moins, elle aurait les grandes lignes. C’est ce que je lui affirmais, en gros, tout en lui demandant de lancer les hostilités. Si je devais confier un truc pareil, il fallait que je puisse le faire l’esprit passablement tranquille, en détenant une information sur elle, apte à contrebalancer ma bombe. C’était illusoire, parce que rien de ce qu’elle pourrait m’apprendre ne serait au niveau de ce que je m’apprêtais à conter, mais... Au moins, l’espace d’un instant, elle m’aurait vidé la tête de mes soucis pour la remplir avec les siens. Depuis le sol, elle soutint mon regard un instant, avant de fuir, hésiter... S’angoisser ? Quoi ? Elle avait vraiment des trucs si dingues que ça à confier ? J’avais lu son dossier, je savais tout d’elle, qu’est-ce qui pouvait bien être si terrible ? « Tu promets de ne pas te moquer ? » finit-elle par demander, tandis que pousser par la curiosité, j’exécutais une croix contre mon torse, avant de simuler un crachat. Juste le bruit, pas le reste, sinon elle aurait hurlé pour de vrai. Non, moi, ce que j’aimais, c’était le regard noir précédant les cris. C’était le plus excitant. « J'ai encore... le doudou que j'avais quand j'étais petite. Pas rangé dans un placard ou sur une étagère. Mais dans mon lit, avec moi. » Attends... Quoi ?! Merde, j’avais juré ! Pourtant, je peinais à maintenir ce simple sourire en coin qui crevait d’envie de se transformer en rire. Kaya, la lilipuce sous stéroïdes, dormant avec un doudou ? J’en lâchais un ricanement involontaire, irrésistible, avant de le réprimer tant bien que mal. « Ouais, non, non, pardon. » je m’excusais en pinçant mes lèvres pour ne plus rien laisser passer. Et quand elle avait un mec ? Parce qu’elle avait forcément eu des mecs, non ? Ils faisaient ménage à trois, elle, le mec et doudou ? Sans oublier Rambo. Putain, en fait, on était vachement nombreux dans cet appart’. « C'était... à ma mère. Je croyais que ça me donnait un genre de connexion magique avec elle quand j'étais petite. » reprit-elle, me coupant, brusquement, toute envie de rire. C’était définitivement moins drôle, ainsi. Si je savais pour sa mère, j’ignorais tout de ce ressenti. Elle n’en parlait jamais, ni n’abordait le sujet. J’aurais pu m’en douter, mais... Non, ça ne rentrait pas dans mes attributions. Pas plus hier qu’aujourd’hui, mais... On n’était plus hier, justement. « Je l'ai perdu plus d'une fois et je n'arrive jamais vraiment à m'endormir tant que je ne l'ai pas retrouvé... Encore aujourd'hui. » Elle était là, au sol, confiant cette histoire sans jamais oser un coup d’oeil dans ma direction, fixant le parquet et ses mains, tandis que j’attendais là, tranquillement installé sur le canapé, exigeant qu’elle se confesse parce que j’étais un peu mal à l’aise ? Bien, Noam ! Au top, comme toujours ! « Est ce que l'équilibre est rétabli ? » Hein ? Quoi ? Ha oui, heu... « Est-ce que tu le laves, de temps en temps, ce doudou ? » j’interrogeais, subitement, presque sérieux, avant de me fendre d’un sourire en coin. Je ne me moquais pas vraiment, je faisais juste preuve d’un peu de dérision, histoire de la détendre un minimum. C’était moi qui venait de hurler en pleine nuit, et c’était elle qui semblait le plus mal à l’aise ? Ok... C’était mon tour, je suppose. Quittant mon flanc au profit de mon dos, je fixais le plafond un moment. Pendant l’espace d’une confession, elle m’avait vidé la tête, mais, à présent... Par où commencer ? « Tu te souviens de ce que ma soeur a dit, la dernière fois ? » je demandais, en tournant la tête vers elle, avant de soupirer face à son attitude. « Si tu comptes prier La Mecque, t’es dans le mauvais sens. » Je râlais, oui, parce que c’était ridicule. « J’comprends, j’suis intimidant, et l’attraction sexuelle entre nous est insoutenable, mais... Sans déconner, tu veux pas grimper là, avant de choper la maladie du carreleur ? » Arrogance et provocation, l’équation idéale pour la faire céder. Ou presque... Il suffisait de rajouter une petite pincée de : « T’as la trouille de pas pouvoir me résister ? Ouais, j’comprends. » Chatouillement d’égo plus soulèvement de sourcils, et sourire de connard. Je la connaissais si bien. Le sourire satisfait et triomphant, je reportais mon attention sur le plafond. Il fallait que je me débarrasse de ça, que je lui explique le pourquoi de ma nuit agité, lui fasse comprendre qu’elle ne devait pas en parler, et qu’on passe à autre chose. Rapidement, très rapidement. Je marquais un silence, long le silence, afin de me remettre les idées en place, et chercher à juguler les diverses émotions qui m’animaient les tripes. « Ma soeur m’appelle le héros de guerre. » je trouais le silence, sans cesser de contempler le luminaire éteint. « Elle n’est pas la seule, ma mère en fait autant, et... Bref. J’ai reçu des médailles, ce qui, quelque part, doit légitimer ce titre, mais... C’est pas vrai, tout ça c’est des conneries. J’suis pas un héros de guerre, j’suis pas un héros tout court. J’ai juste survécu. J’ai juste été le seul survivant. Et depuis, chaque fois que je m’autorise à dormir, dormir vraiment, je revis l’attaque où ils sont tous morts. » D’une main, je venais frotter mes cheveux, puis mon front. J’aurais pu en dire plus, mais j’étais pas sûr qu’entrer dans les détails l’aurait aidé. « J’en parle pas. J’en parle jamais. J’l’ai fait une fois, pour mon rapport, et depuis... » depuis je gardais tout ça sous silence. « Ca servirait à rien, on m’accuserait de ne pas avoir les idées claires, ou pire... Mais ils savent pas, ils n’étaient pas là. Et les seuls à savoir sont morts. Alors... S’il te plait, garde ça pour toi. Tout ça. » Incluant le réveil sonore. « Ca va me passer. » Je l’espérais. Je l’espérais vraiment, parce qu’à force, je m’épuisais. Je la fixais un instant, cou tordu vers elle, avant de me retourner carrément, à nouveau sur mon flanc, à distance raisonnable. « Est-ce qu’on peut en revenir à ton histoire de doudou, maintenant ? » je proposais, en plissant les paupières, ce qui, en général, n’annonçait rien de bon pour elle. « Tu sais, si tu envisages un sevrage, et que t’as du mal à dormir, j’veux bien me dévouer pour le bien de ton sommeil, ma puce. » Et revoilà le sourire de connard. Étais-je suffisamment efficace dans la noyade de sujet ? J’me trouvais pas trop mal.
    
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyMer 24 Déc - 12:19

Le pire peut-être c'est qu'elle n'avait pas vraiment honte. Certes elle était mal à l'aise et ne l'avait confié à personne avant, mais dans le fond, qu'y avait-il de mal à garder une simple couverture ? Pour les autres ce n'était qu'un bout de tissu, pour Kaya c'était un souvenir. L'importance qu'elle avait pour elle ne concernait personne d'autres. Même s'il avait juré de ne pas se moquer, Noam échappa malgré tout un ricanement et elle releva aussitôt sa tête pour le dévisager de son regard noir. « Ouais, non, non, pardon. » Elle rabaissa ses yeux pour continuer à expliquer, même si elle se contenta de l'essentiel. Il n'y avait pas de quoi déblatérer pendant 15 ans sur un bout de tissu. Le ridicule de sa confession le satisfaisait-il ? « Est-ce que tu le laves, de temps en temps, ce doudou ? » Elle secoua aussitôt la tête. « Non jamais. Et je m'assure de baver dessus au moins une fois par jour pour entretenir l'odeur. Dit-elle avec sarcasme. » Elle le regarda ensuite d'un air un peu blasé mais esquissa un sourire pour montrer qu'elle plaisantait elle aussi. C'était à son tour maintenant de raconter et elle avait le sentiment que ce serait bien moins drôle. « Tu te souviens de ce que ma soeur a dit, la dernière fois ? » Elle avait dit tellement de choses c'était difficile de se rappeler de la totalité. Elle allait répondre sauf qu'il la coupa. « Si tu comptes prier La Mecque, t’es dans le mauvais sens. J’comprends, j’suis intimidant, et l’attraction sexuelle entre nous est insoutenable, mais... Sans déconner, tu veux pas grimper là, avant de choper la maladie du carreleur ? » Elle retrouva son air blasé, même si elle ne comptait pas admettre que ce n'était pas très confortable par terre. « T’as la trouille de pas pouvoir me résister ? Ouais, j’comprends. » Kaya leva finalement les yeux au plafond en même temps qu'elle se redressait pour aller le rejoindre sur le canapé. « Alors pousse toi, parce que tu prends toute la place. Dit-elle en le poussant en même temps. » Elle s'allongea ensuite à côté de lui, regardant d'abord le plafond puis tournant la tête vers lui pour l'écouter. « Ma soeur m’appelle le héros de guerre. Elle n’est pas la seule, ma mère en fait autant, et... Bref. J’ai reçu des médailles, ce qui, quelque part, doit légitimer ce titre, mais... C’est pas vrai, tout ça c’est des conneries. J’suis pas un héros de guerre, j’suis pas un héros tout court. J’ai juste survécu. J’ai juste été le seul survivant. Et depuis, chaque fois que je m’autorise à dormir, dormir vraiment, je revis l’attaque où ils sont tous morts. » Ce qui expliquait les cris. Kaya détourna la tête, prenant conscience que c'était plus sérieux encore que ce qu'elle avait pu imaginer. Elle ne pouvait pas imaginer l'horreur que ça devait être pour lui, de revivre ça. D'avoir vécu tout ça. « J’en parle pas. J’en parle jamais. J’l’ai fait une fois, pour mon rapport, et depuis... Ca servirait à rien, on m’accuserait de ne pas avoir les idées claires, ou pire... Mais ils savent pas, ils n’étaient pas là. Et les seuls à savoir sont morts. Alors... S’il te plait, garde ça pour toi. Tout ça. » Kaya n'était pas du genre à confier ses secrets alors elle s'imaginait mal confier ceux des autres. D'autant plus qu'elle pouvait comprendre la difficulté de Noam à en parler. Personne n'aurait envie de penser à ça. « Ca va me passer. » Elle tourna la tête vers lui, sans masquer son inquiétude, toujours présente. Elle avait envie de le croire mais les cris, la souffrance qui s'était affichée sur son visage était encore trop présente dans sa mémoire. « Est-ce qu’on peut en revenir à ton histoire de doudou, maintenant ? » Surprise par le changement de conversation, elle échappa un petit rire, secouant la tête d'un air fatigué. « Tu sais, si tu envisages un sevrage, et que t’as du mal à dormir, j’veux bien me dévouer pour le bien de ton sommeil, ma puce. » Bien sûr. Elle lui donna un petit coup de poing dans l'épaule. « Je préfère garder mon doudou, merci. » Elle tourna ensuite son regard vers le plafond, une nouvelle fois. Elle demeura sans rien dire pendant quelques instants avant de demander : « Est ce que tu crois que tout garder pour toi est la bonne solution ? » Si ses souvenirs le hantaient encore dans ses rêves, n'était-ce pas une sorte d'appel ? Mais existait-il seulement une bonne solution ? Elle ne pouvait pas se mettre à sa place, seulement essayer de comprendre. Peut-être que relancer le sujet n'était pas la bonne solution non plus. Alors elle ajouta, pour le taquiner, tout en se tournant vers lui : « Sinon je peux t'offrir une veilleuse. » Elle ponctua sa phrase avec un petit sourire. Elle n'avait plus envie de voir cette souffrance sur son visage. Elle aurait aimé pouvoir effacer tous ses mauvais souvenirs mais elle savait que ce n'était pas possible. Malgré leur proximité en cet instant, d'ici quelques temps il partirait, et elle ne pourrait plus rien y faire.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyJeu 25 Déc - 17:29


but i'm a creep, i'm a weirdo...
kaya & noam
« Non jamais. Et je m'assure de baver dessus au moins une fois par jour pour entretenir l'odeur. » Il ne s’agissait que d’une tentative de diversion, de ma part, mais sa réponse, et sa façon de répondre, me tirant un rire bref, me permirent de me délester de suffisamment de pression pour accepter d’en parler, de parler du véritable sujet. Je m’y préparais, amorçais même une phrase d’introduction avant de rendre les armes, et dévier vers autre chose, à nouveau. Cette fois, c’était sa position géographique qui ne me convenait pas. J’exigeais qu’elle soit plus proche, voir carrément très proche. Évidemment, je ne présentais pas les choses de cette façon, j’enrobais le tout de sarcasmes et provocations afin qu’elle cède, sinon ce ne serait pas réellement nous, n’est-ce pas ? « Alors pousse toi, parce que tu prends toute la place. » tonna-t-elle, comme pour apporter une preuve supplémentaire de notre fonctionnement atypique. Et je me décalais, sans perdre de mon sourire triomphant. Je n’allais pas l’admettre, ni même me l’admettre, mais sa présence avait quelque chose de rassurant, et sa promiscuité plus encore. Je n’étais rien d’autre qu’un gamin après un affreux cauchemar, se faufilant dans le lit de ses parents pour retrouver un peu de sécurité et d’apaisement. À la différence de cet enfant, ce n’était pas de la protection que je venais chercher, juste un rappel de l’endroit où nous nous trouvions. Et de la vie. Et de ça, Kaya n’en manquait pas. « Peut-être que si tu faisais un break sur les chocolats de Noël, t’aurais moins de mal à te faufiler. » je rétorquais, le sourire toujours aux lèvres, tandis qu’elle trouvait sa place sans la moindre difficulté. C’était d’ailleurs assez fascinant. Certes, le canapé était large, mais ça restait un canapé, sur lequel on tenait à deux sans trop se marcher dessus. Du moins, pas de manière gênante. Est-ce que la chose aurait été possible quelques mois plus tôt ? Chassant ces questions inutiles de mon esprit, je gardais un instant le silence avant de lui confier les raisons de ce réveil bruyant. Je n’entrais pas dans les détails, mais c’était déjà trop. Un sujet que je n’abordais pas, jamais, une opération dont je ne parlais plus. Ce n’était pas douloureux, c’était juste compliqué de mettre des mots pour décrire l’horreur à laquelle je ne voulais pas repenser. Je préférais, de loin, l’image insouciante que je projetais partout et tout le temps. C’était plus simple, les gens n’avaient pas besoin de savoir. Aussi, dès mon explication donnée, je changeais de sujet, la ramenant sur l’histoire du doudou, lui proposant un sevrage via moi, en guise de soins palliatifs. « Je préfère garder mon doudou, merci. » me répondit-elle après un pseudo coup de poing dans l’épaule. « Aïe ! » Ouai, au moins. « C’est très douloureux. » Bien sûr ! « J’vais finir par contacter sos homme battu. » Evidemment. Mais elle était à nouveau silencieuse, le regard perdu au plafond, affichant un air que je ne connaissais que trop bien, pour l’avoir eu moi-même quelques instants auparavant. Ma diversion avait foiré, elle était encore en train d’y penser. Elle allait en reparler. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment j’avais pu envisager qu’elle se contente de mon explication et se taise à jamais ? « Est ce que tu crois que tout garder pour toi est la bonne solution ? » Et voilà, elle avait troué le silence, provoquant, chez moi, un soupir résigné, que j’espérais discret. « Sinon je peux t'offrir une veilleuse. » Belle tentative, ponctuée d’un sourire que j’observais du coin de l’oeil. « Si par veilleuse tu entends : toi, penchée au-dessus de moi pour m’observer dormir, merci mais, sans façon, trop flippant. » je m’essayais, à mon tour, à un peu de légèreté sans grande conviction. Oui, non, ça ne marchait pas. Ça ne marchait plus. Alors je soupirais, encore, pas contre elle, plutôt contre moi-même et ces démons dont je ne parvenais plus à cacher la présence. Sur mon flanc, je me surélevais sur un bras, le menton dans la paume, observant, réfléchissant au-delà d’elle, vers la télé éteinte. « Je sais ce qui s’est passé, je sais ce que j’ai fait, ou plutôt ce que je n’ai pas fait. Je n’ai pas besoin d’entendre un psy réinventer mon histoire à sa sauce. J’en ai vu un à mon retour, c’était... c’était obligatoire et totalement inutile. Alors, je ne sais pas si c’est la bonne solution, je sais juste que c’est une solution. La mienne. » j’expliquais, calmement, mes doigts allant et venant, machinalement, inconsciemment, dans ses cheveux. Très très inconsciemment, d’ailleurs, puisque dès que mon regard fut à nouveau habité, et que je prenais connaissance de mes gestes, j’ôtais ma main, décontenancé, avant de me frotter le visage comme au sortir d’un rêve, et me laisser retomber lourdement, à l’horizontal. Oh, ce n’était pas pour mes caresses incontrôlées que je m’inquiétais, j’avais déjà décidé de mettre ça sur le compte d’une familiarité dont je faisais preuve avec ma soeur, oui, voilà, disons que, pendant un instant, j’avais cru qu’il s’agissait de ma soeur. Bonne excuse ? Excellente excuse. Non, ce qui m’inquiétait c’était sa prédisposition à ne pas lâcher l’affaire. Elle avait beau n’avoir aucune envie de me forcer à parler, si elle estimait que c’était ce qu’il y avait de mieux pour moi, elle s’obstinerait. Et puis je ne supportais plus son regard de chien battu posé sur moi. « Ok. » je lâchais, brusquement, sans plus d’explication, comme si je répondais à une supplique muette et qu’elle serait à même de traduire la réponse plus en détail. « Mais avant, j’vais nous faire du chocolat, t’en auras besoin. » Tout passait bien mieux avec du chocolat chaud, non ? M’extirpant du canapé, lui ordonnant, d’un simple regard, d’y demeurer, je n’eus que quelques pas à faire afin de rejoindre le coin cuisine, et ouvrir les bons placards comme si j’étais j’avais vécu ici toute ma vie. « J’étais en Irak, dans une zone plutôt tranquille. Le périmètre était sécurisé depuis des semaines, et... Je passais mes journées à apprendre les joies de la PS3 aux gamins du village. » je commençais en versant du lait dans une casserole avant de la déposer sur le gaz. « C’est pas vraiment l’image qu’on se fait de la guerre, mais pour l’avoir fait, je sais, maintenant, qu’il n’y a pas de définition exacte pour la guerre. On devait occuper le terrain, assurer la sécurité des villageois. C’était pas tous les jours comme ça, évidemment, mais on s'est laisser berner par l’apparente tranquillité. On avait des campements disséminés un peu partout, et les retours étaient toujours les mêmes, comme si l’ennemi avait, finalement, décidé d’une trêve. Et puis... » je poursuivais, sans la regarder, ne me concentrant que sur mes gestes, les tasses que je tirais d’un placard et plaçais sur la table, le chocolat que je déposais, à la cuillère, dans chacune d’elles. « Et puis, il y a eu ce contact radio. Une équipe, plus au sud, rencontrait des difficultés avec son matériel. Et comme pour apporter une preuve supplémentaire, leur radio rendit l’âme juste après qu’on ait capté le message. Comme on n’avait plus de contact, on s’en reporta aux images satellite qui ne montrait aucune activité anormale. On aurait du envoyer un drone, mais... C’était juste une mission lambda, et puisque le calme régnait depuis des semaines... On a été négligent. » C’est le moins que l’on puisse dire. « On est partit à huit, Mike, Joe, Luis, Ty, Lamar, Topher, Dan et moi. » C’était important que je cite leur prénom. Je ne pouvais plus parler d’eux sans les nommer. Peut-être qu’ainsi j’avais le sentiment de les faire vivre encore un peu. « Chargés du matériel de remplacement, on devait traverser une zone désertée de plusieurs kilomètres. Il n’y avait pas de route praticable, ça avait été une zone de combat. Alors, on y est allé à pied, ce n’était qu’à deux jours de marche, et on avait prévu de faire une halte pour la nuit dans un village en ruine, à mi-chemin. » je continuais, toujours très calme, trop calme, en servant le lait chaud dans les tasses se teintant d’une belle couleur. J’y plongeais quelques guimauves, comme ma mère l’avait toujours fait, et une cuillère partout plus tard, je revenais vers elle en embaumant la pièce de cette odeur réconfortante. « On a atteint les ruines au coucher du soleil. Mais on était pas seul. Postés dans les étages délabrés, ils nous ont tiré comme des pigeons, nous, à découvert, juste au centre. On les voyait pas, du moins, je ne les voyais pas, alors j’ai même pas sortit mon arme. J’ai juste pensé à courir et chercher un endroit où me planquer. J’ai repéré Mike au sol, et comme un con, je l’ai ramassé et trainer sur plusieurs mètres, acceptant de me laisser ralentir par un cadavre. Pour ma défense, j’ignorais qu’il était mort, j’imaginais qu’il pouvait juste être blessé, bien qu’il ne bougeait plus du tout, et ne répondait à aucune de mes injonctions. » Mon ton était détaché, presque mécanique, alors que je lui tendais sa tasse bouillante, et récupérais ma place dans le canapé. « J’ai poussé la connerie jusqu’à le protéger lui, avant moi, derrière ce mur, jetant son corps et restant à découvert un moment, pour ce faire. Puis Joe nous a rejoint, bien en vie, lui. Lorsque je l’ai vu se redresser pour tirer en aveugle, je me souviens lui avoir hurlé dessus, lui avoir reproché de griller nos munitions pour rien. Et puis il est mort. Mes derniers mots pour lui ont du être « Mais qu’est-ce que tu branles, enfoiré ? » avant qu’il ne se prenne un balle dans le cou, atteignant sa jugulaire, et m’éclaboussant de son sang. Ils ont tué tout le monde, Mike et Joe, évidemment, mais Ty, Luis, Dan, Lamar et Topher également, pendant que je restais là, inerte, tâché de sang, planqué derrière mon bout de mur. J’ai rien fait, strictement rien, j’ai pas bougé, j’ai pas parlé, ni hurlé, j’ai même pas armé mon arme pour tirer. J’suis resté immobile et silencieux, en état de choc. Lorsqu’ils ont eu fini de tuer tout le monde, ils ont fait le tour des cadavres, et j’étais tellement immobile et ensanglanté, qu’ils m’ont prit pour l’un d’entre eux. J’les ai entendu parler et rire. Et puisque j’étais l’interprète du groupe, j’ai compris chacun de leurs mots, chacune de leurs insultes. Je n’ai rien fait, j’ai rien dit, j’suis juste resté là, quasi sans vie, ralentissant ma respiration pour leur donner raison. Et puis, ils sont partis, et moi je suis resté là, unique survivant. Je ne suis sortis de ma tétanie que plusieurs heures plus tard, et je suis rentré. Seul. » j’achevais, sourcils froncés, regard dans le vide, avant de m’autoriser une gorgée de chocolat me brûlant la trachée. « Et j’ai reçu une médaille, pour ça. Donc sache que si tu foires totalement une mission et ta tape une petite crise de tétanie au combat, y a des chances que le gouvernement américain te récompense pour ça. » Amertume teintée de sarcasmes, c’est ce qui m’aidait à survivre au souvenir. « Cette année-là, il y a eu 55 morts a déplorer. Les 48 soldats du village au sud du notre, et mes sept compagnons. Et j’ai pas tiré une seule balle. Héros de guerre, ma puce. » je concluais en faisant tinter ma tasse contre la sienne, trinquant à mon courage et héroïsme sans tâche. Voilà, désormais, elle savait, et je n’avais rien gardé pour moi. Est-ce que je me sentais mieux ? Non. Mais elle, elle devait se sentir beaucoup moins bien, là, non ? Juste ce que je voulais éviter. « Et là, c’est pas le moment où t’es supposée retirer tes fringues pour me remonter le moral ? » Ouai, non, même ça, ça marchait moyen. Le contenu était là, mais le contenant pas du tout. Même le sourire en coin manquait de conviction, et s’effaça bien trop rapidement, presque instantanément.  
    
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyDim 28 Déc - 1:18

« Peut-être que si tu faisais un break sur les chocolats de Noël, t’aurais moins de mal à te faufiler. » Elle ne daigna même pas le regarder tant sa remarque était futile, mais elle attendit d'être confortablement installée pour répliquer : « C'est mon canapé, je prends la place que je veux. Estime toi heureux de ne pas dormir par terre. » Elle lui jeta un regard un coin comme si elle comptait mettre la menace à exécution s'il n'était pas content. Maintenant qu'il était satisfait de sa position, il expliqua la raison de son réveil brutal. Toute trace de sourire quitta le visage de la jeune femme, qui comprenait maintenant les cris. Il tenta ensuite de changer de sujet, ce qui ne lui apporta qu'un petit coup de poing de la part de Kaya. « Aïe ! C’est très douloureux. J’vais finir par contacter sos homme battu. » Elle s'abstint de faire remarquer qu'il faisait effectivement un peu pitié et lui jeta à la place son regard blasé favori. Malgré la tentative pour alléger l'atmosphère, Kaya ne put s'empêcher de revenir sur le sujet. Elle savait qu'elle ne pouvait pas réellement faire quelque chose pour aider mais.... Elle ne supportait pas l'idée qu'il puisse revivre ces scènes à chaque fois qu'il s'endormait. Elle termina cependant par une petite provocation, tentant elle aussi de ne pas alourdir l'ambiance, même si elle était celle qui avait relancé le sujet. « Si par veilleuse tu entends : toi, penchée au-dessus de moi pour m’observer dormir, merci mais, sans façon, trop flippant. » Kaya poussa un soupir qu'elle exagéra intentionnellement mais elle ne parvint pas à réprimer un sourire, qui s'effaça rapidement en voyant l'air sérieux sur le visage de Noam. « Je sais ce qui s’est passé, je sais ce que j’ai fait, ou plutôt ce que je n’ai pas fait. Je n’ai pas besoin d’entendre un psy réinventer mon histoire à sa sauce. J’en ai vu un à mon retour, c’était... c’était obligatoire et totalement inutile. Alors, je ne sais pas si c’est la bonne solution, je sais juste que c’est une solution. La mienne. » Pour tout avouer, elle n'entendit pas la moitié de ce qu'il venait de dire. La faute à sa main qui commença à jouer dans ses cheveux et brouilla complètement l'attention de la jeune femme. Son cœur se mit à cogner un peu trop fort dans sa poitrine. Leur proximité lui apparut d'autant plus et ce n'est que lorsqu'il retira soudain sa main, semblant se rendre de compte de ce qu'il faisait, que la jeune femme relâcha son souffle. Elle s'en voulut aussitôt d'être aussi faible. Ce n'était rien. Il n'avait fait que lui caresser les cheveux. Elle rejeta la faute sur l'heure tardive. Le manque de sommeil exacerbait sûrement ses impressions, ses sens. « Ok. » Le regard de Kaya se fixa sur Noam. « Mais avant, j’vais nous faire du chocolat, t’en auras besoin. » Elle se redressa une fois qu'il s'éloigna, préférant la position assise pour écouter ce qui allait venir. Elle suivit sa silhouette du regard et resserra ses bras autour d'elle à mesure que Noam racontait. La tasse de chocolat fut la bienvenue, apportant un peu de réconfort, mais ça n'empêcha pas Kaya de se sentir de plus en plus mal. Pour lui. Parce qu'elle ne voulait, et ne pouvait, pas imaginer l'horreur que ça avait du être. Tout semblait dérisoire à côté de ça. Elle pouvait comprendre en revanche pourquoi c'était si difficile de vivre avec. « Et j’ai reçu une médaille, pour ça. Donc sache que si tu foires totalement une mission et ta tape une petite crise de tétanie au combat, y a des chances que le gouvernement américain te récompense pour ça. Cette année-là, il y a eu 55 morts a déplorer. Les 48 soldats du village au sud du notre, et mes sept compagnons. Et j’ai pas tiré une seule balle. Héros de guerre, ma puce. » Kaya se mordilla la lèvre. Elle était contente d'avoir la tasse dans les mains pour les occuper. Elle n'osait pas le regarder, pas même lorsqu'il cogna sa tasse contre la sienne, de peur qu'il lise le malaise et la tristesse dans son regard. « Et là, c’est pas le moment où t’es supposée retirer tes fringues pour me remonter le moral ? » Elle tourna finalement la tête vers lui et tenta un sourire elle aussi. Mais il s'effaça. Et elle porta son attention sur la tasse entre ses mains. Elle en but une gorgée, comme si ça pouvait l'aider à trouver quoi dire. Il était vraiment bon. Elle ne se rendit d'ailleurs pas compte qu'elle marmonna un « C'est bon. » de surprise. C'est avec une seconde de retard qu'elle en prit conscience et releva les yeux. « Désolée. » Elle déglutit avec difficulté avant de parvenir à articuler, cherchant ses mots en même temps qu'elle parlait. « Peut-être que tu n'es pas un héros... Mais tu es un survivant... Et tu as fait ce que tu as pu pour survivre. » Ses paroles étaient peut-être vide de sens mais elle avait besoin de le dire. Elle posa sa tasse sur la table basse et s'approcha doucement de lui, ne réfléchissant pas vraiment à ce qu'elle était en train de faire. Elle hésita une seconde mais cette fois-ci alla au bout de son geste, relevant sa main pour lui caresser doucement la joue. Elle était rugueuse sous sa peau mais le contact était agréable. Tous ses sens s'éveillèrent et elle rejeta une nouvelle fois la faute sur l'heure tardive. Oui c'était la faute de l'heure si son cœur s'emballait, si son esprit s'embrouillait dès qu'il était trop proche, au moindre contact. Complètement de sa faute. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle retira sa main, elle continuait doucement à le caresser du bout des doigts, la main légèrement tremblante. « Et c'est le plus important non ? Dit-elle finalement pour continuer le train de sa pensée. Tu as survécu. Tu es là. » Elle n'osait pas le regarder dans les yeux car elle n'avait que trop conscience du peu de distance qui les séparait. Elle regardait sa joue, la courbe de sa mâchoire, ses lèvres... Non surtout pas ses lèvres. Sauf qu'elle approcha encore son visage, son corps clairement pas en connexion avec son esprit, et répéta à voix basse : « Tu es là. » Elle sentait son souffle contre son visage alors qu'elle tentait de contrôler le sien. Elle risqua un regard vers le sien, bref, avant de finalement déposer ses lèvres sur les siennes. Comme ça. Sans prévenir. Sans aucune logique. Il avait un goût de chocolat. Ils s'étaient déjà embrassés, baisers furtifs pour entretenir l'image du couple qu'ils étaient supposés former. Mais c'était différent. Il n'y avait aucun spectateur à convaincre. Personne. Seulement Noam et Kaya. Et cette heure tardive qui lui faisait faire n'importe quoi. Elle oublia pendant un instant. Oublia complètement toute raison. Puis se recula soudain, yeux écarquillés, prenant conscience une nouvelle fois avec un temps de retard de ce qu'elle était en train de faire. Elle posa les yeux partout sauf sur lui. Elle tenta une petite grimace pour se donner une composition et haussa les épaules pour faire comme si de rien était. « Désolée. Je sais que t'aurais préféré que je retire mes vêtements... Dit-elle d'un ton qui se voulait léger mais même à elle sa voix lui parut peu assurée. » C'était la faute de l'heure. Forcément la faute de l'heure.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyDim 28 Déc - 5:44


but i'm a creep, i'm a weirdo...
kaya & noam
« C'est mon canapé, je prends la place que je veux. Estime toi heureux de ne pas dormir par terre. » Son regard en coin pseudo menaçant n’avait pas vraiment d’effet sur moi. Raison pour laquelle je répondais, très calmement, presque sérieusement, un sourire tenace aux lèvres, que... « J’ai pissé tout autour pour marquer mon territoire. » ce qui changeait le nom sur le titre de propriété, techniquement. « Et puisque tu es dessus, à présent... » j’amorçais sans achever ma phrase pour autant, me contentant de la ponctuer d’un soulèvement de sourcils équivoque. Mais cette légèreté n’était qu'éphémère, le sursit nécessaire, le répit, l’introduction douce au récit qui allait suivre. Parce qu’il en allait ainsi, je l’avais su dès l’instant où j’avais ouvert les yeux pour la découvrir là, témoin involontaire d’un de mes épisodes de terreur nocturne. Cette fois, je n’allais pas pouvoir l’éviter, j’allais devoir me raconter. Mais comment on confie un truc pareil ? Qu’est-ce qui prépare les gens à cette plongée en apnée dans un univers dont ils ignorent tout, à part les quelques images diffusées sur les chaines d’info en continue, ces mêmes images validées, au préalable, par un gouvernement cherchant à ne surtout pas freiner l’enrôlement, un gouvernement souhaitant motiver et non l’inverse ? Rien. Pas même ce chocolat que je m’évertuais à préparer, plus pour m’occuper les mains et le corps, que pour lui apporter un quelconque pendant réconfortant. Une diversion qui m’était destinée, et qui me permettait de me conter, me confier de manière presque détachée, comme extérieur à moi-même. Un chocolat que je apportais en achevant mon récit, une promiscuité, une présence que je venais quérir afin de pouvoir le faire. Je n’étais pas prêt de l’admettre, mais j’avais besoin de la sentir tout à côté, son aura contre mon flanc, afin de continuer et attaquer la fin tragique et ridicule d’un supposé acte héroïque. Non, j’avais rien du héros de guerre, j’étais son parfait contraire. J’avais manqué de courage, manqué d’audace, j’avais pas eu les tripes de faire ce que tout parfait soldat se doit : donner sa vie pour son pays. J’avais pas vraiment réfléchit sur le coup, mais après... À quoi bon se sacrifier en vain ? C’était ainsi que j’avais survécu mentalement, psychologiquement, en me persuadant que mourir ce jour-là n’aurait rien apporté à mon pays, si ce n’est une perte supplémentaire, un nouveau drapeau déposé sur un cercueil aligné à côté des autres, sur le tarmac. Un drapeau qu’on aurait plié et replié avant de le remettre entre les bras trop maigres de ma mère digne derrière ses lunettes noires. Non, rien. Ma mort n’aurait servit à rien. « C'est bon. » s’exclama-t-elle, me tirant de mon regard vide qui se fixa sur elle sans comprendre. De quoi parlait-elle ? Oh, du chocolat ? Quoi, c’était la première fois de sa vie qu’elle buvait un chocolat, ou quoi ? « Désolée. » Elle n’avait pas de raison de l’être, et mon sourire au coin difficile était censé traduire cet état de fait. Non, elle n’avait pas de raison de l’être. C’est moi qui l’était, tentant de noyer le tout au fond de ma tasse. « Peut-être que tu n'es pas un héros... Mais tu es un survivant... Et tu as fait ce que tu as pu pour survivre. » Tenta-t-elle. En vain. Je lui étais reconnaissant de me chercher des excuses, mais je les avais moi-même toutes épuisées. « On ne part pas à la guerre pour survivre. » je rétorquais, voix basse et regard au fond de cette tasse dont je touillais le reste. Non, on ne partait pas à la guerre pour survivre, c’était même plutôt l’inverse. Toute personne souhaitant une vie longue et prospère évitait de s’enrôler comme je l’avais fait. Dans l’armée, on offrait sa vie pour des conneries. On faisait comme Joe, on se condamnait dans l’espoir de toucher, éventuellement, un mec du camp adverse. On s’enrageait, et on tirait dans le tas, sans chercher à comprendre, et surtout, sans craindre pour sa vie. Dans l’armée on avait plus rien à perdre, à part la guerre. Je ne relevais les yeux qu’en la sentant se rapprocher. Mais pas le rapprochement habituel et presque naturel désormais. C’était un rapprochement plus hésitant, un rapprochement intriguant puisque pas brusque, pas violent, pas... nous. On était souvent proche l’un de l’autre, la force de l’habitude, mais nos contacts s’avéraient toujours justifiés et légitimés par une provocation ou la réponse à une provocation. Pas là. Là c’était très différent. Et je relevais un regard plein d’interrogation dans sa direction. Et puis, soudainement, sa main sur ma joue. Une main douce, rien à voir avec nos précédents contacts qui auraient voulu que sa main sur ma joue ne soit que le résultat d’une gifle. Et mes lèvres s’en entrouvrir de surprise. Elle cherchait quoi ? Elle voulait quoi ? Me perdre un peu plus ? J’étais déjà en train de lui confier l’épisode le plus intime et humiliant de ma vie, un épisode que je n’avais offert à personne d’autre qu’elle... Ma mission. Oui, il fallait que je me rende à l’évidence, elle était plus que ça, mais... J’espérais encore pouvoir me dire que c’était le fait de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble qui avait créé ce trompeur sentiment de confort. « Et c'est le plus important non ? » Oui... Non. Enfin, quoi ? Qu’est-ce qui était le plus important ? J’étais perdu. Je ne savais plus de quoi elle parlait, ou même si elle avait parlé juste avant de me poser cette question. Si c’était le cas, je ne l’avais pas entendu, je n’avais pas écouté, j’étais trop... Je ne sais pas ce que j’étais, mais je n’étais pas normal. « Tu as survécu. Tu es là. » Oh, ça ? Elle l’évoquait comme si... je ne sais pas... comme si c’était le plus important, oui, mais pour elle. Comme si mon retour auprès d’elle, vivant et survivant était le plus important. Mais... Je n’étais pas de retour auprès d’elle, puisque je n’étais jamais partit. Enfin, je l’étais, mais je n’étais pas, à ce moment-là... Quoi ? À elle ? Je n’étais pas à elle, à ce moment-là ? Est-ce que ça voulait dire que maintenant je l’étais ? Non ! Évidemment que non ! Pourquoi mon cerveau déraillait maintenant, spécialement maintenant, alors que j’avais le plus besoin de lui ? Et son regard qui ne cessait de sonder chaque parcelle d’épiderme sans jamais remonter jusqu’au mien. Qu’est-ce que tu fais, Kaya ? Je ne le savais que trop bien, et pourtant je refusais encore l’évidence. J’imaginais une myriade d’hypothèses allant de la blague vraiment pas drôle, à l’empoisonnement au monoxyde de carbone. Elle allait s’approcher encore et encore, puis me tapoter la joue en se reculant à la dernière minute, lâchant un « t’y as cru ! » des plus agaçants, parce que oui, malgré tout, j’allais y croire. Je l’espérais, même. Du moins, une partie de moi. L’autre était trop occupée à l’insulter mentalement, à lui ordonner de reculer. On avait pas le droit. Je n’avais pas le droit. Pas sans le prétexte d’un éventuel public, et Rambo ne comptait pas, je m’étais déjà renseigné. « Tu es là. » Tout comme elle. Un peu trop. Obligeant ma bonne volonté à déborder et se barrer en courant, à l’instant même où ses lèvres vinrent se déposer sur les miennes. Elle m’avait jeté un regard juste avant. Pourquoi ? Me demander mon avis ? J’avais mal du répondre alors. J’avais du répondre avec mes envies et non ma raison. Tout comme je répondais à ses lèvres. Ça n’avait rien de vorace, ni de très passionné. C’était... C’était... Doux, timide, peut-être un peu maladroit, aussi. Innocent, et absolument charmant. C’était juste un baiser déposé, des lèvres s’ourlant contre d’autres qui, après une brève hésitation, réagir automatiquement et de la même manière, doucement, avec surprise. Juste ça. Rien d’autre. Rien de plus, mais surtout rien de moins. Et trop déjà. Bien trop. Et puis elle se recula. Très rapidement, cette fois. La panique se lu presque immédiatement sur ses traits et dans son regard qui s’échappa dans la foulée. Tant mieux, ça m’offrait le temps de me composer une nouvelle attitude, moins craquelé. « Désolée. Je sais que t'aurais préféré que je retire mes vêtements... » essaya-t-elle dans un haussement d’épaules. Il fallait au moins lui reconnaître ça. Elle essayait. « J’ai pas à me plaindre. » je rétorquais, nettement plus convaincant après des années d’entrainement. J’avais même le sourire en coin, pas compliqué à sortir. « Même si, sans les fringues, aurait été clairement un bonus. » j’ajoutais dans une moue désapprobatrice censé l’agacer juste assez pour qu’elle en oublie sa gêne et son malaise. Je ne l’invitais pas à y revenir... Quoique... Non ! Une partie de moi en avait évidemment envie, mais l’autre ne souhaitait pas qu’elle me tente à nouveau. J’étais un mec. C’était ça mon excuse. Non, ce n’était pas elle spécialement, c’était... C’était n’importe quelle nana plutôt pas dégueulasse après autant d’abstinence. Une excuse parfaitement valable, selon moi. Mais dans ce cas, pourquoi je n’y allais pas franchement ? Mission ou pas, mon professionnalisme avait ses limites, et... Personne ne le saurait, finalement. Alors qu’est-ce qui me retenait si ce n’est le fait qu’elle n’était pas n’importe quelle nana, justement, et que je n’avais pas envie de tout foirer ? « Et du coup, si j’te demande de m’embrasser, il se passe quoi ? Tu vires tes fringues ? » je poursuivais sur ma lancée, bizarrement animé d’un but altruiste, la faire chier pour l’apaiser. « Me regarde pas comme ça, ma puce, j’essaie juste de comprendre ton fonctionnement. » et j’avais l’air plutôt doué pour ça. Sauf que... La suite logique aurait du être de l’inviter à retourner se coucher, dormir un peu et oublier tout ça, de cette parenthèse étrange et interdite. La logique aurait voulu que je l’éloigne de moi, et non que je repose ma tasse vide avant de récupérer ma place allongée, et lui soulever silencieusement un bout de cette couette sous laquelle je m’étais installé. Ça n’avait pas de sens, c’était même un contre-sens stupide et risqué. Mais je le faisais quand même, sans rien dire, du moins pas avec des mots. J’avais pas envie d’être seul, c’était ça mon excuse. Et puis, elle pouvait toujours refuser et se montrer raisonnable à ma place, se relever et quitter le salon au profit de sa chambre. Encore une fois, une dualité en moi, me poussait à l’espérer réellement. Tandis que l’autre, bien plus puissante, la suppliait de rester, de ne pas me laisser. Pas comme ça, pas après ça. Tout ça. Alors, ne souhaitant pas laisser entrevoir quoique ce soit, la couette toujours écartée juste assez pour l’y inviter, je fermais les yeux et recouvrait le tout de mon avant-bras. Ainsi, elle ne verrait pas. Quelque soit sa décision, même celle de retourner dans sa chambre, elle ne verrait rien de ma déception. Ma frustration. Et mon appréhension.   
    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyJeu 8 Jan - 11:59

« J’ai pissé tout autour pour marquer mon territoire. Et puisque tu es dessus, à présent... » Elle lui adressa une grimace dégoûtée pour simple réponse, faisant exprès d'exagérer un peu son expression. Un chien à la maison ça suffisait... Mais la situation ne resta pas légère longtemps. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû relancer le sujet. Certes, elle était curieuse, mais pas au point de vraiment réclamer son histoire. Parce que maintenant qu'elle savait, elle ne savait pas comment réagir. Il était difficile d'imaginer ce qu'il avait du traverser. Difficile de trouver les mots pour tenter d'effacer cette expression sur son visage. Difficile d'oublier les cris qui l'avait réveillé. Mais peut-être qu'elle comprenait un peu plus maintenant. Cette armure de sarcasme et d'assurance qu'il arborait au quotidien... Elle tenta des paroles, maladroites, sachant qu'elles ne changeraient rien, mais ne pouvant rester muette après sa confession. « On ne part pas à la guerre pour survivre. » Peut-être bien. Mais il demeurait malgré tout un survivant. Il était là. A côté d'elle. Et elle releva une main, pour caresser sa joue. Il était là. Et à ses yeux, il n'y avait pas grand chose de plus important. Peut-être que c'est pour ça qu'elle s'approcha. Encore. Elle ne savait pas exactement ce qui l'animait en cet instant, et n'avait clairement pas envie d'y réfléchir. Pas maintenant. Elle s'arrêta juste avant. Comme dans une dernière hésitation, mais à vrai elle était déjà lancée. Et elle combla la distance jusqu'à ses lèvres. Elle rejeta la faute sur l'heure. Sachant pertinemment que c'était plus que ça. Elle n'avait pas envie de voir cette expression sur son visage. Peut-être qu'elle avait juste voulu l'effacer. Peut-être qu'elle avait juste voulu apporter un peu de réconfort. Peut-être que c'était juste pour elle. Mais ce n'était rien. Juste un baiser. Alors quand elle se recula, légèrement paniquée, masquant sa confusion sous des paroles légères, elle essaya de se convaincre que ce n'était rien du tout. Ils s'étaient déjà embrassés. Certes, toujours en public. Mais c'était juste un baiser. Ce n'était rien. Ou peut-être déjà trop ? Ça ne voulait rien dire, n'est ce pas ? « J’ai pas à me plaindre. Même si, sans les fringues, aurait été clairement un bonus. » Mais un véritable désastre. Parce que ça ne pouvait qu'être ça, non ? Elle le remercia intérieurement de faire comme si ce n'était rien, ce qu'elle avait fait. Peut-être qu'il pensait que c'était le cas. Alors elle devait s'en convaincre elle aussi. Ce n'était rien. Ça ne voulait rien dire de plus. « Et du coup, si j’te demande de m’embrasser, il se passe quoi ? Tu vires tes fringues ? » Ahah. Non. Elle pouvait reprocher son moment d'égarement à l'heure tardive, à la situation un peu particulière, mais ça elle aurait du mal à le justifier. Ou du moins elle n'aurait pas été prête à le faire. « Me regarde pas comme ça, ma puce, j’essaie juste de comprendre ton fonctionnement. » Mais elle savait qu'il essayait de détendre l'atmosphère en la titillant. Alors elle joua le jeu. « Désolée de te décevoir mais non. Si tu tiens tant à voir des femmes dénudées, tu peux descendre un peu plus bas dans la rue, tu devrais y trouver ton compte. » Petit sourire pour ponctuer sa phrase. C'était probablement la bonne heure... Noam s'allongea puis souleva la couette pour signifier à la jeune femme qu'elle pouvait s'allonger aussi. Elle le regarda, le visage couvert par son bras. Il était probablement l'heure de regagner son lit à elle. Mais peut-être qu'elle n'en avait pas envie. Peut-être qu'elle avait envie de rester à côté de lui. C'était toujours la faute à l'heure. Au manque de sommeil. A ce qu'elle avait appris. Il n'y avait pas d'autres raisons. Elle ne se permettait pas d'en avoir d'autres. Comme tout était clair. Oui tout était clair. Tout était tellement et parfaitement clair, elle s'allongea. Elle tira un peu la couette pour en avoir plus. Après un instant de silence, elle demanda à voix basse : « Noam ? » Elle laissa son prénom en suspend, comme pour laisser un peu de suspense pour ce qu'elle allait ajouter. Elle avait fait exprès de parler à voix basse, comme si elle s'apprêtait à demander quelque chose de vraiment sérieux, et elle prit d'ailleurs une voix très sérieuse quand elle ajouta enfin : « Si tu ronfles, j'ai le droit de t'étouffer avec un coussin ? » On devinait le sourire sur son visage. C'était peut-être juste une tentative pour s'assurer que rien n'était changé. Malgré ce qu'il avait raconté, malgré ce qu'elle avait fait, elle ne voulait pas que les choses changent. Ou peut-être que si. Elle se persuadait qu'elle ne voulait pas plus, que cette relation, plus complice et surtout plus naturelle qu'au début était ce qu'elle voulait. Qu'elle n'avait besoin de rien d'autre. Parce qu'ils ne pourraient être rien d'autre. Elle était sa mission. Il était là pour la protéger, faire son travail. Évidemment les mois passés ensemble, à se voir tous les jours, les avaient rapproché, ça aurait été le cas avec n'importe qui. Elle se persuadait que c'était le cas. Ce n'était rien. Ça ne pouvait être rien de plus. C'était toujours Noam, qui lui tapait sur les nerfs plus rapidement que n'importe qui. Noam, qu'elle faisait exprès de provoquer elle aussi, juste pour l'embêter. Noam, qui provoquait en elle toutes sortes de contradictions. C'était juste Noam. Il était trop tard pour répondre à toutes ses questions. Expliquer ses gestes. Expliquer les réactions de son corps quand il était près du sien. Parce que ce n'était rien. Ça ne pouvait pas être davantage. Alors elle devait faire comme si ce n'était rien elle aussi. Elle devait faire comme si c'était normal. Rien de plus qu'une situation de travail. Ils s'étaient rapprochés. Mais ce n'était rien. Pare que si c'était plus... Si c'était plus, cela voudrait dire que c'était trop tard. Elle ne pourrait pas ignorer ce qu'elle ressentait. Sauf qu'elle le devait. Parce qu'il finirait par partir. Ce n'était qu'une mission. Un travail. Ce n'était rien. Ça ne pouvait pas être plus.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyVen 9 Jan - 0:44


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« Désolée de te décevoir mais non. Si tu tiens tant à voir des femmes dénudées, tu peux descendre un peu plus bas dans la rue, tu devrais y trouver ton compte. » Sans déconner, elles avaient quoi, les deux, là, avec les nana du coin de la rue ? J’étais le seul à ne rien avoir remarqué ? D’abord ma soeur, puis elle... Ça devait être un truc de meuf. « De la vulgaire à maladie vénérienne ? Ouai, bah tu m’en voudras pas de m’abstenir. » je rétorquais, tout de même, sur le même ton, mais sans sourire. Sans sourire parce que je venais de prendre une décision malgré moi. Ce n’était pas ma raison qui avait contrôlé ma main, c’était autre chose d’indéfinissable. Un besoin ? Une faiblesse ? J’avais rien dit, mais j’avais écarté la couette, l’invitant très clairement à m’y rejoindre. C’était rien, trois fois rien, même, et pourtant c’était beaucoup. Je le savais, elle le savait aussi très probablement. Comment j’allais expliqué ça ? Je ne l’expliquerais pas. J’avais renoncé à expliquer les choses, même à me les expliquer à moi-même. Je ne faisais que me trouver des excuses, et j’étais plutôt doué pour ça. Là ? Là c’était mon cauchemar, mon réveil agité, et cet arrière-goût dégueulasse qui squattait, encore, mon gosier. N’avoir pas envie de dormir seul, rechercher la présence rassurante de l’autre, c’était pas très glorieux, mais acceptable. Ce qui le serait moins, c’était la déception qu’on pourrait, évidemment, lire sur mes traits lorsqu’elle refuserait l’invitation pour s’en retourner dans sa chambre. Alors, les yeux clos, je ramenais un avant-bras dessus comme si ça pouvait m’assurer une forme d’invisibilité. C’était logique, en même temps, je veux dire logique qu’elle retourne dans sa chambre, où se trouvait un lit deux places tout confort, plutôt que ce canapé, certes large, mais toujours très étroit pour deux personnes. Elle allait refuser, il était évident qu’elle ne pouvait, ni ne devait accepter. Et j’avais beau me dire que c’était elle qui avait raison, je ne parvenais à réfréner cette envie, ce besoin de la supplier de rester. Du moins, jusqu’à ce que je sente le matelas bouger, et sa présence réchauffer mon flanc. Sérieusement ?! Je soulevais légèrement l’avant-bras et entrouvrais un oeil pour m’en assurer, avant de tout remettre en place pour ne surtout pas effrayer la bête sauvage. Oui, c’était exactement l’effet que je me faisais. J’étais le chasseur se faisant discret, et elle la proie. Je ne bougerais pas, pas d’un cil, avant qu’elle ne soit ici depuis trop longtemps pour qu’un départ soit encore acceptable. Alors, je respirais à peine, me focalisais sur les bruits alentours, le froissement des draps, son souffle régulier, les griffes de Rambo cliquetant sur le parquet tandis qu’il venait nous rejoindre, l’alarme d’une voiture au loin... Et puis sa voix. « Noam ? » avait-elle appelé, chuchoté, murmuré. « Hum ? » j’avais répondu, faussement somnolent, faussement indolent, soulevant définitivement le bras, et tournant un oeil vers elle. « Si tu ronfles, j'ai le droit de t'étouffer avec un coussin ? » J’esquissais un sourire dans un souffle amusé. La question ne se posait pas, essentiellement parce que je ne ronflais pas, mais surtout parce que je n’avais pas l’intention de dormir. Il restait encore quelques heures avant le lever du soleil, mais je savais d’avance que je ne parviendrais à fermer l’oeil. J’avais suffisamment dormi, et je ne voulais pas prendre le risque de la réveiller à nouveau, avec mes conneries. « Y a mon semi-automatique sous l’oreiller, ce sera plus rapide et sans douleur. » je répondais tout de même, glissant ma main sous l’oreiller, d’ailleurs, afin de vérifier qu’il était toujours là, qu’il n’avait pas glisser durant mon réveil sportif, et que le cran de sûreté était toujours en place. Rassuré, je me réinstallais confortablement, ou presque. Autant qu’il était possible de l’être en ayant conscience du manque de professionnalisme dont je faisais preuve en cet instant, me laissant complètement dominé par mes pulsions bizarres, cédant à ses pulsions bizarres. Je ne voulais pas la toucher. Entendons-nous bien, j’adorerais la toucher, mais je ne devais pas le faire, je n’en avais pas le droit. Elle m’avait embrassé, certes, mais ça ne voulait rien dire, pas vrai ? Elle voulait juste me réconforter. Elle avait eu pitié. C’était sur l’instant, ça n’avait pas vocation à être répéter. Et si elle restait ? Et bien, je ne sais pas. Peut-être toujours cette foutue pitié ? Il allait vraiment falloir que je me rachète une virilité après ça. « Dors. » je tentais, d’ailleurs, façon ordre, histoire de réinstaurer un peu de notre relation initiale, lorsque je commandais et qu’elle obéissait -de temps en temps. Parce que, si moi je ne dormais pas, il était hors de question qu’il en aille de même pour elle. J’avais déjà ruiné une partie de sa nuit, j’avais pas l’intention de supporter ses regards noirs ponctués de bâillements dès le petit matin. Elle devait dormir. Elle allait dormir. Et je guettais cet instant en étudiant son souffle. Les yeux clos, le calme apparent, je ressentais plus que je ne voyais. Sa présence, sa chaleur, ses infimes mouvements qui tendaient à disparaitre de plus en plus. Je ne rouvrais les yeux qu’après que son souffle se soit fait lent et lourd, preuve qu’elle dormait. Profondément ? Peut-être pas, mais elle dormait. Et je l’observais, sombrant indéniablement dans le pathétique mielleux. Faut dire, qu’elle était nettement plus agréable lorsqu’elle était silencieuse et apaisée. Tellement agréable, que je me demandais s’il n’y avait pas moyen de la conserver, à jamais, dans cet état, à coup de somnifères matin, midi et soir. Ça simplifierait la protection, en plus. J’pourrais la garder continuellement à l’appart, et lorsqu’il faudrait sortir, je la mettrais dans un fauteuil roulant, avec des lunettes noires, et j’aurais plus qu’à la pousser en sifflotant. Le plan parfait ! Sauf qu’après une éternité d’observation, j’en vins à me dire que... Non, définitivement, sans sa voix, sans ses provocations, sans ses soupirs et ses yeux incendiaires, ça avait moins de saveur. Ça restait plaisant, mais... Ok, elle était jolie, peut-être même plus que ça, d’ailleurs, bien plus que ça, et oui, c’était agréable de l’observer de la sorte, réorganiser un peu le bordel de ses cheveux en toute impunité, et sans avoir à m’expliquer, mais... C’était pas ça qui me torturait le bide, c’était pas ce qui me donnait envie de lui hurler dessus la plupart du temps, et de la détester cordialement. C’était... C’était... Haaaaaaaa ! Bordel ! C’était le manque de sommeil qui me bouffait le cerveau ! Et arrachant ma main de ses cheveux, je me laissais lourdement retomber sur mon oreiller, m’insultant mentalement dans toutes les langues de mon répertoire. ‘Connard’ revenait assez souvent, tout comme ‘crétin’, ‘abruti’ et même ‘pauvre merde’. Soupirant, râlant un peu, mais toujours discrètement, je lui tournais le dos, me privant de son vis-à-vis immédiat qui me rendait si con, et fermais les yeux si fort que mes pommettes m’en firent mal. Le nez contre le dossier, je la sentais toujours. N’était-ce pas pire, finalement ? C’est ce que j’avais réclamé, sa présence, et oui, dans un sens, elle m’apaisait. Elle chassait les fantômes et comblait le vide. Elle le comblait tout entier, me remplissant la tête de son image, et de tout le reste. Un reste que je revivais en pensée, sans me sentir partir. Pourtant je partais. Je ne voulais pas dormir, juste réfléchir, reprendre un à un tous les évènements de ces dernières semaines, y chercher des goodies, comme dans les DVD, ces scènes coupées au montage et qui changeaient tout le sens du film. Avais-je raté quelque chose d’important, quelque chose que ma conscience ne reconnaissait pas, mais que mon inconscient savait ? Un inconscient qui prit le pas sur tout le reste, et me plongea dans un sommeil partiel. Puis total. Le blackout. Sans rêve, mais surtout sans cauchemar. Juste le repos. Profond. Salvateur. Un sommeil dont je ne pris conscience qu’en m’en extirpant. Progressivement et brusquement à la fois. C’était comme gravir un escalier en grimpant les marches quatre à quatre, au rythme des coups. Les coups. C’est ça qui m’avait tiré de mon sommeil profond, me conduisant vers ce sommeil paradoxal duquel je sortais en grognant. J’étais bien, j’étais vraiment trop bien pour qu’on vienne me faire chier maintenant. Je n’avais toujours pas conscience d’où je me trouvais, ni de quelle époque il s’agissait, je ne me souvenais même plus de mon prénom, je savais juste que là, j’avais aucune envie d’ouvrir un oeil, ou même de bouger d’un millimètre. Sauf que les coups ne cessaient pas, ne s’espaçaient pas, au contraire, ils redoublaient d’ardeur et de fréquence. Alors, toujours amnésique, je l’ouvrais, cet oeil, sur cette peau chaude et lisse, qui n’avait rien à foutre là. Sourcils froncés, j’ouvrais l’autre oeil, celui qui me permit de reconnaître les murs, le plafond, la porte contre laquelle on frappait sans relâche, et ce cou au creux duquel j’avais élu domicile. Enfin, mon corps astral. Parce que moi, conscient, j’aurais jamais eu l’idée de me foutre là, évidemment. Sauf qu’en voulant m’échapper de ce cou, avant que le cou ne se réveille et me repère, je réalisais que j’étais coincé. J’étais peut-être un squatteur de cou, mais, en contrepartie, on me squattait un bras qui disparaissait sous la forme humaine détentrice du cou. On était comme des écouteurs d’iPhone oublié au fond du sac : en bordel. Et je ne pourrais pas me démêler d’elle sans la réveiller. J’pouvais toujours me bouffer le bras, afin de me libérer, mais cette option me semblait un peu trop radicale. Du coup, je me redressais à moitié, sortant définitivement de son cou, et tentant de tirer mon bras de là, le plus doucement possible. En vain, évidemment, et lorsqu’elle me découvrir, j’argumentais : « Si tu te soulèves juste un peu, on pourra éventuellement sauver mon bras. » Le tout avec sérieux et cette pointe d’urgence dans la voix. Manquait plus que la musique dramatique en fond sonore, et Bruce Willis débarquait pour utiliser son corps en guise de levier. Libéré, j’en faisais des caisses, secouant mon bras pour, soit-disant, que le sang y circule à nouveau, et enjambant la demoiselle pour atteindre la porte où un poing devait être en fin de vie, puis ouvrant cette dernière dans une démonstration parfaite de mon agacement saisissant. Parce que oui, putain, j’avais p’t’être faillit perdre un bras, mais j’aurais même donné le deuxième juste pour retrouver ce sommeil parfait que je n’avais plus connu depuis tellement longtemps, que ça devait remonter à l’enfance. « Quoi ? » je rugissais sur l’importun tout en jetant un coup d’oeil à ma montre. 9h05. « Vous dormiez ? » ponctua, avec surprise, la vieille concierge en étudiant ma tenue, mon air et probablement ma coupe de cheveux, aussi. « C’est ce qu’on fait, en général, le samedi matin. » je grognais, en me radoucissant un peu, face à la joviale -mais agaçante- mamie de l’immeuble. « Je suis confuse, j’imaginais que vous seriez levé, à cette heure-là. » d’ordinaire oui, mais puisqu’on avait été interrompu en pleine nuit par... Moi-même. « Un monsieur est venu apporter ça, pour vous, ce matin. » poursuivit-elle en me tendant une grosse et épaisse enveloppe blanche que je reconnaissais trop bien. « Il vous l’a laissé à vous ? » C’était à mon tour d’être surprit. « Oh, pensez don’ ! Il a insisté pour vous le remettre en main propre, mais... Pas d’ça ici, je laisse pas rentrer n’importe qui dans mon immeuble. Sécurité, sécurité, sécurité avant tout. » Ouai, en gros, elle avait soulé, gonflé et épuisé un agent du gouvernement. Mais ça, elle ne le savait pas, évidemment. « Et puis, j’en ai profité pour vous monter votre courrier, aussi. » annonça-t-elle fièrement en me refilant une liasse de trois pauvres enveloppes, que je consultais rapidement. « Vous avez un problème avec votre lit ? » Sa question eu le mérite de me faire relever le nez, puis suivre son regard jusqu’à Kaya émergeant du canapé. L’avantage, c’est qu’il était clair qu’elle n’y avait pas dormi seule. « Ouai, on a bousillé le sommier. Vous savez ce que c’est, la fougue de la jeunesse, tout ça ? » je rétorquais, très sérieux. Et sans lui laisser le temps de répondre, je refermais la porte sur un « Merci et bonne journée. » Elle n’était pas méchante, et dans le fond, peut-être même que je l’aimais bien. Mais sa curiosité et ses intrusions répétées avaient tendance à m’agacer, la plupart du temps. Retournant vers le canapé pour m’y laisser tomber -en prenant soin de ne pas écraser Kaya-, je faisais le tri dans son courrier à elle, pas vraiment pressé d’attaquer le mien. « Facture... Facture... » j’annonçais en lançant les enveloppes sur la table basse. « Et... Oh, une enveloppe rose. » Sérieusement, rose ?! « T’as un admirateur ? Un amoureux secret ? » j’insistais dans un sourire en faisant jouer l’enveloppe entre mes doigts, et mes sourcils aussi. « J’savais pas que t’avais rencontré quelqu’un. » j’ajoutais, détaché, en lui tendant son bien. C’était qui ce connard qui se permettait de lui envoyer des lettres roses alors qu’elle était en couple ? Oui, en couple ! Fake couple, mais couple quand même. Fallait être croisé canard, en plus, pour se fendre d’une missive rose ! « Il l’a parfumé, aussi ? » je poursuivais, malgré moi, tout en ouvrant ma propre enveloppe pour en sortir la liasse de papiers officiels. « Est-ce qu’il a glissé des pétales de rose séchées ? Et une mèche de ses cheveux ? » Ok, le ton n’était peut-être plus si détaché que ça. Toujours moqueur, mais... Rien que le fait d’insister de la sorte, de toute manière. Sauf que, brusquement, je quittais mon air pour en afficher un plus sérieux, oubliant tout du mec en costume désuet que j’imaginais dans ma tête, avec son parfum bas de gamme, et sa boîte de chocolat en forme de coeur. Tout avait disparu, en réalité. Tout, sauf ça, 7 février 2015. Une date. La date. Un clap de fin.   
    
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyMar 27 Jan - 19:34

« De la vulgaire à maladie vénérienne ? Ouai, bah tu m’en voudras pas de m’abstenir. » Elle pouffa mais ce n'est pas pour autant qu'elle était plus à l'aise. Elle faisait seulement semblant de l'être. Elle n'était pas très douée pour mentir. Son père lui avait fait remarqué une fois qu'elle était un véritable livre ouvert. Elle avait répliqué en lui demandant pourquoi elle le battait aussi souvent au poker alors. La chilienne était pleine de contradiction. Alors qu'elle aurait dû retourner dans sa chambre, éviter de compliquer ce qui était arrivé ce soir, elle décida de rester là. Il avait soulevé la couverture mais ça ne voulait probablement rien dire de plus. Elle aurait pu regagné son lit. Elle aurait pu. Mais elle ne l'avait pas fait. Elle s'était allongée, avait décidé de rester. Mais ça ne voulait rien dire. Bien sûr que ça ne voulait rien dire... Elle trouvait juste son canapé très confortable. Voilà. Puis elle avait la flemme de se déplacer. C'était de bonnes raisons. Parfaitement valables. Qu'elle ne questionnerait pas du tout à son réveil. Absolument pas. Il n'y avait aucune ambiguïté. Elle s'installa donc, et s'appropria un bout de couverture puis appela Noam. « Hum ? » Elle n'avait rien de sérieux à dire en fait. Elle lui demanda simplement si elle avait le droit de l'étouffer si jamais il ronflait. Elle avait juste envie de dire n'importe quoi. Peut-être parce qu'elle avait besoin de rassurer. Voir si rien était changé. « Y a mon semi-automatique sous l’oreiller, ce sera plus rapide et sans douleur. » Bon à savoir. « Super , dit-elle d'une voix ensommeillée, souriant en même temps. » Elle bailla. Elle ne voulait pas savoir l'heure qu'il était mais il était probablement temps de dormir. Noam lui ordonna d'ailleurs de le faire. Elle marmonna un 'oui' et un 'bonne nuit', s'agitant pour trouver une position confortable sur la place restreinte qu'elle avait. Elle aurait pu se torturer l'esprit en réfléchissant à tout ce qui venait de se passer. Sauf qu'elle s'endormit comme une masse. D'un côté, elle préférait ne pas trop réfléchir à tout ça. Parce qu'il n'y avait rien à conclure. Ce n'était rien. Rien de vraiment important. Non ce n'était rien... Sentant quelqu'un bouger à côté d'elle, elle ouvrit soudain les yeux. Elle cligna des yeux plusieurs fois avant de se rendre compte de Noam, vraiment très près, et de sentir son bras sous son corps. Ah. « Si tu te soulèves juste un peu, on pourra éventuellement sauver mon bras. » Elle se souleva un petit peu pour libérer le bras de Noam qui se redressa. Elle entendit aussi quelqu'un frapper à la porte – elle avait un sommeil de plomb oui. Qui venait frapper à une heure pareille ? Ah mais il était déjà 9 heures. Du moins c'est ce qu'annonçait le décodeur en dessous de la télé. Elle regarda Noam passer par dessus pour aller ouvrir la porte. Elle se frotta le visage et à ce moment là, elle se posa la question à trois millions : qu'est ce qu'elle foutait là ? Qu'est ce qu'elle faisait ? Elle avait du perdre la tête. Il n'y avait pas d'autres raisons. Quelque chose dans ce qu'elle avait mangé hier soir. Il ne pouvait pas y avoir d'autres explications. Elle se redressa tout doucement, se passant une main dans ses cheveux parfaitement emmêlés. Elle se rappelait très bien de tout ce qui s'était passé cette nuit. Ce qu'il lui avait raconté. Ce qu'elle avait fait. Elle eut presque envie de se recoucher et de garder sa tête bien cachée sous un coussin. Rester là quelques heures, le temps de démêler le bordel dans son esprit. Mais il ne fallait pas. Ce n'était rien. Elle se répéta en boucle cette phrase pour finir par s'en convaincre. Elle redressa la tête alors que Noam revenait. « Facture... Facture... » Rien de tel pour mettre de bonne humeur. Elle y jetterait un coup d’œil après un bon café, elle n'avait pas envie de désespérer un peu plus tout de suite. « Et... Oh, une enveloppe rose. » Elle tourna la tête pour regarder ledit courrier d'un œil curieux. « T’as un admirateur ? Un amoureux secret ? » Oui bien sûr, parce que c'était parfaitement le genre de Kaya. Surtout que le rose était sa couleur préférée. Tout le monde savait ça. « J’savais pas que t’avais rencontré quelqu’un. » Elle attrapa l'enveloppe qu'il lui tendait enfin. Qui pouvait bien lui envoyer un courrier, et ce, dans une enveloppe rose ? Elle voyait mal sa grand-mère du Chili faire ça. « Il l’a parfumé, aussi ? Est-ce qu’il a glissé des pétales de rose séchées ? Et une mèche de ses cheveux ? » Elle ouvrit l'enveloppe. « Évidemment. » répliqua-t-elle sans le regarder, tirant la carte qu'il y avait à l'intérieur. Blanche, à l'écriture fine, Kaya lut le contenu en souriant puis enchaîna. « C'est l'homme qu'a choisi mon père. Au Chili. On est promis l'un à l'autre depuis toujours... » Elle porta sa main au cœur d'un air faussement enjoué. « Je dois l'épouser dans deux semaines. » Puis elle le regarda d'un air un peu blasé avant de balancer la carte sur la table, et de s'étirer en baillant. « Un de mes amis se marie dans deux semaines. Je suis invitée... Donc toi aussi. » Elle lui jeta un regard curieux face à l'air sérieux qu'il affichait devant son courrier. Sûrement quelque chose en lien avec son boulot. Elle employait un air détaché, parce qu'il n'y avait pas de raison d'agir autrement. Parce que c'était la meilleure solution. « Ne fais pas cette tête, faut voir les bons côtés, y aura de la bonne bouffe. » Et gratuite. Le rose de l'enveloppe n'était pas rassurant quand au thème de couleurs pour le mariage – son ami n'avait probablement pas eu son mot à dire. Mais elle se devait d'y aller. Elle le connaissait depuis quelques années déjà et elle avait bien besoin de sortir. Avec toutes les heures qu'elle faisait au travail en ce moment elle n'avait pas vraiment le temps de se détendre. Surtout qu'une fois à la maison c'était... Non. Ce n'était rien. Tout se passait bien. Tout allait bien. Inutile d'analyser chaque réaction qu'avait son stupide de corps en présence de Noam. Ou ce qu'elle avait fait. Ou ce qu'elle ressentait. Ce n'était rien. La fatigue. C'était juste la fatigue. « Tu veux du café ? Demanda-t-elle en s'asseyant au bord du canapé. » Ce n'était rien.
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyMer 28 Jan - 2:28


but i'm a creep, i'm a weirdo...
kaya & noam
Non, cette enveloppe ne me perturbait pas du tout. Pas le moins du monde. Nop. Pas plus que tout le reste, d’ailleurs. J’étais parfaitement serein. Zen. Un vrai maître Yogi. À côté de moi le Dalaï Lama passait pour un hyperactif sous coke. Nous n’avions fait que passer la nuit ensemble, en tout bien, tout honneur, certes on s’était réveillé un peu enchevêtrés, mais ça s’expliquait facilement par l’étroitesse du canapé, et elle avait reçu du courrier comme tous les matins. Une enveloppe rose ça pouvait être n’importe quoi, finalement, un bon d’achat pour du cosmétique, de la pub pour un spa, un truc commercial à la con, quoi. Un truc commercial qui se faisait chier à calligraphier ses nom et prénoms sur l’enveloppe. Oui, parfaitement logique. Bon sang, pourquoi elle l’ouvrait pas, cette foutue chose de mauvais goût ? C’était de qui ? Son mec ? Enfin, son vrai mec ? Non pas que ça m'intéresse vraiment, mais... Pour les besoins de ma mission, c’était mieux que je sache. C’était purement professionnel, évidemment. Et puis, un mec qui envoyait des lettres roses, et probablement parfumées, en plus, c’était forcément inquiétant. « Tu l’as googlé ? » je poursuivais sur ma lancée, après son « Évidemment.  » qui répondait à ma question concernant les mèches de cheveux. Elle avait tiré le carton avec une telle lenteur que j’eus envie de la secouer dans tous les sens. À la place de quoi, c’était moi qui gigotais, plus ou moins discrètement, en cherchant à lire par-dessus son épaule sans en avoir l’air. « J’peux rentrer son nom dans le CODIS, si tu veux, on saura de suite à quel type de tordu t’as à faire. » je continuais en m’étirant tant et si bien que... Non ! Fuck ! Je voyais toujours rien ! Parce que c’était forcément un tordu, ce mec, déjà pour s’intéresser à Kaya, et surtout pour avoir opté pour du rose lors de son choix d’enveloppe. Fallait être con. Tiens, c’est marrant comme j’avais sauté de l’hypothèse à la conclusion. Ce n’était plus potentiellement un mec, c’était absolument son mec. Ou au moins un prétendant. Et ça ne me plaisait pas à en croire la bête grognant dans mes entrailles, à qui j’avais attribué le gentil surnom de ‘conscience professionnelle’, alors que n’importe quel observateur extérieur aurait compris qu’elle se prénommait déjà, Jalousie. « C'est l'homme qu'a choisi mon père. Au Chili. On est promis l'un à l'autre depuis toujours...  » Hein ? Elle plaisantait, pas vrai ? Pas vrai ? PAS VRAI ? Oui, forcément, j’aurais été au courant. On n’aurait pas omis de me signaler un détail de cette taille... Si ? Ses gestes, ces grands airs... Ça puait le sur-jeu. C’était forcément une blague. Et elle allait éclater de rire dans 3... 2... 1... « Je dois l'épouser dans deux semaines.  » Wait... What ? Ok, cette fois elle se foutait ouvertement de ma tronche, et ça, c’était mon rôle à moi. Mais puisqu’elle m’offrait le loisir de jouer, et que je me sentais brusquement d’humeur joueuse -rien à voir avec une quelconque forme de soulagement euphorique, non, non, rien.à.voir !-, je sautais sur l’occasion pour resserrer l’écart de points. « Est-ce qu’il prend beaucoup de selfies ? Il a été prouvé qu’une propension aux selfies était un bon indice de psychopathie. Ça et les enveloppes roses, évidemment. Je m’en voudrais de te laisser aux mains d’un narcissadique, après avoir survécu à ma présence et à un cartel de drogue. Surtout que... Ça ressemble à quoi, un chilien du Chili ? C’est un genre de Pépito comme celui sur la boîte de biscuit ? Petit avec un poncho ? » je questionnais, sans discontinuer, tout en m’étalant de plus en plus sur le canapé, empiétant sur son espace vital et sonore, achevant mon dégoulinage, les deux bras en croix sur le dossier, et ma position du lotus écrasant l’une de ses cuisses. « Est-ce que tu as déjà vu sa... » « Un de mes amis se marie dans deux semaines. Je suis invitée... Donc toi aussi. » me coupa-t-elle en baillant, et s’étirant à son tour. Elle rendait les armes, ou bien mes habitudes de gros emmerdeurs ne lui faisaient plus aucun effet ? Mon égo décida que j’avais gagné, et un sourire victorieux aux lèvres, je récupérais mon enveloppe personnelle pour m’informer du contenu, sans vraiment penser à réagir à ce qu’elle venait de m’annoncer. Dans ma tête, c’était juste un petit truc de rien du tout à la mairie du quartier. Quinze minutes de notre vie, à tout péter. Et dans deux semaines, autant dire un siècle. C’est marrant comme d’un contexte à l’autre, deux semaines peuvent revêtir des airs d’éternité, ou ceux d’un claquement de doigts. Deux semaines. C’était, à près, le même délai que je venais de calculer rapidement, alors qu’une date dansait sous mes yeux. Sept février. Autant dire demain. Pourquoi demain ? Pourquoi j’avais l’impression que c’était demain, alors qu’une seconde auparavant, cette même période me semblait si loin ? C’était comme comparé une horloge au-dessus d’un bureau, au décompte d’une bombe. Dans les deux cas, l’impatience n’était pas la même. J’aurais du être ravi, la date du procès, c’est tout ce que j’attendais. Et pourtant... Bizarrement... Je ne l’étais pas. Pourquoi ? À quel moment mes attentes avaient changées ? « Ne fais pas cette tête, faut voir les bons côtés, y aura de la bonne bouffe. » Dans un sursaut à peine perceptible, je réintégrais la pièce, replaçais les murs et les meubles dans mon champ de vision, et fourrais le papier, précipitamment, tout au fond de la grosse enveloppe kraft. Elle ne devait pas savoir. Pas encore. Pas avant que j’ai eu le temps, moi, de me faire à l’idée, et me composer une attitude totalement détachée. « C’est quand, exactement ? » je demandais, après un instant de silence, d’une voix se voulant assurée, sans y parvenir, tout en récupérant le faire-part sur la table basse. Cinq février ? Sérieusement ? Life is a bitch ! Deux semaines. Pas une de plus. Et en attendant, faire comme si de rien était. « Tu veux du café ? » Putain, oui ! « Double dose, même. » voir triple, voir carrément du maté, en fait. « En intraveineuse... » C’est comme ça que tu agis normalement, toi ? Ne rien laisser paraître, tu parles ! J’étais à deux doigts de lui demander un shot de vodka pour me remettre. « Au fait, c’est quoi comme mariage ? Du genre où je dois mettre une cravate ? » je demandais, en me relevant, quittant le canapé au profit de la cuisine. Elle avait proposé le café, mais j’allais me retrouver à le faire, comme toujours, ses propositions n’étant jamais rien d’autres que des ordres déguisés qu’elle me dispensait. Enfin, c’est comme ça que je les prenais. En réalité, j’y avais jamais réellement réfléchit, je m’étais toujours exécuté inconsciemment, docilement. Peut-être que si, au moins une fois, je lui avais laissé le temps... « Je déteste les cravates. » je poursuivais, en récupérant le café et les tasses dans les placards, m’activant, au radar, dans une forme d’automatisme, autour de la cafetière, mon esprit focalisé sur cette cravate qui m’étranglais déjà, virtuellement. Pour peu qu’elle me demande de sortir le smoking, aussi. Est-ce qu’au moins j’en avais un ? Pour les grandes occasions, normalement, j’avais mon uniforme d'apparat. Mais là, j’étais pas supposée être Noam le soldat médaillé et agent du FBI, j’étais Noam l’étudiant sans distinction quelle qu’elle soit. Mais... Si moi je portais un costume, ça voulait dire qu’elle... « Tu vas enfiler une robe ? » je réalisais soudain, laissant tout en plan pour me retourner vers elle, un sourire mi-moqueur et mi-jenesaisquoi, aux lèvres. « Une vraie robe ? Une de celles qui dévoilent les jambes ? Avec des talons ? Et une bouche carmin ? » Voilà, je savais exactement ce qu’était ce je-ne-sais-quoi, à présent. De l’envie. De la curiosité aussi. De l’impatience. Mais surtout beaucoup d’envie. Et une pointe de désir... « Et je vais t’avoir toute docile et câline toute la journée ? Dans ta petite robe et tes talons ? For real ? Oh merde, c’est le plus beau jour de ma vie ! » je ricanais, dans un sourire prometteur, avant de retourner à ma tâche. Cette occasion était trop belle pour transformer l’un de nos derniers jours ensemble, en un feu d’artifice... Un champignon atomique de toute beauté, dévastateur. Et tellement prometteur...   
    
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyDim 8 Fév - 21:14

« J’peux rentrer son nom dans le CODIS, si tu veux, on saura de suite à quel type de tordu t’as à faire. » Comme si son père lui aurait choisi un tordu... Il ne lui aurait jamais fait un plan pareil de toute manière. Il était plutôt du genre à dire qu'il préférait que Kaya reste seule jusqu'à ses trente-cinq ans minimum. Il aurait même préféré qu'elle reste chez lui encore quelques années. Autant dire que c'était un échec. « Est-ce qu’il prend beaucoup de selfies ? Il a été prouvé qu’une propension aux selfies était un bon indice de psychopathie. Ça et les enveloppes roses, évidemment. Je m’en voudrais de te laisser aux mains d’un narcissadique, après avoir survécu à ma présence et à un cartel de drogue. Surtout que... Ça ressemble à quoi, un chilien du Chili ? C’est un genre de Pépito comme celui sur la boîte de biscuit ? Petit avec un poncho ? » Kaya adressa une grimace à Noam. Il avait une image bizarre, et surtout très clichée, du Chili. « Oui bien sûr. Et il a une moustache. Tout le monde à une moustache au Chili, même les femmes. » Elle le coupa dans sa connerie avant qu'il n'aille plus loin et lui avoua qu'elle était – et donc lui aussi – invitée à un mariage. Elle n'aurait su dire la dernière fois qu'elle avait assisté à un mariage. C'était pas trop son truc. Mais tant que c'était pour les autres, ça ne lui dérangeait pas d'y assister. Surtout que la pause serait la bienvenue. Peut-être que c'était juste son courrier mais Noam lui n'avait pas l'air très enchanté. Kaya y voyait uniquement les bons côtés. Une fête, avec de la bouffe gratuite, et des amis. « C’est quand, exactement ? » Elle allait lui répondre sauf qu'il attrapa le faire-part avant. Dans deux semaines, c'était encore loin. « Il y a le temps encore. » Elle aurait le temps de se trouver une robe. Elle en avait – quelques unes quoi – mais elle avait bien envie de faire un peu de shopping. Elle ne se le permettait pas souvent, ça semblait être une bonne occasion de le faire. La jeune femme se redressa finalement et proposa du café. « Double dose, même. En intraveineuse... » Carrément. Elle le regarda d'un drôle d'air mais préféra ne pas commenter. Elle voulait bien une double dose elle aussi. Ne serait-ce que pour lui donner la force de faire comme si tout était normal. Mais tout l'était évidemment. Rien n'avait changé. « Au fait, c’est quoi comme mariage ? Du genre où je dois mettre une cravate ? » A l'allure du faire-part, il n'y avait pas de doute. « Oui. » Ça avait même l'air du mariage en grande pompe. Elle suivit Noam jusqu'à la cuisine. Elle sortit quelques trucs à manger sur la table pendant qu'il faisait le café –  puisqu'il tenait tant à le faire. « Je déteste les cravates. » Elle haussa les épaules d'un air indifférent, ce n'était pas vraiment son problème. Elle était plutôt curieuse au contraire de le voir vraiment bien habillé. Enfin plus classe que d'habitude. Il aurait probablement l'air trop sérieux. Ça serait sûrement bizarre. Mais la curiosité demeurait présente. « Tu vas enfiler une robe ? Une vraie robe ? Une de celles qui dévoilent les jambes ? Avec des talons ? Et une bouche carmin ? » Elle leva les yeux au plafond, tout en s'installant sur une chaise. « Et alors ? » Ce n'était pas grand chose. Certes inhabituel. Très même. Mais il n'y avait pas de quoi en faire tout un foin. « Et je vais t’avoir toute docile et câline toute la journée ? Dans ta petite robe et tes talons ? For real ? Oh merde, c’est le plus beau jour de ma vie ! » Il fallait toujours qu'il exagère. « Ça va, ça n'a rien de si exceptionnel, dit-elle d'un air bougon. » Elle savait qu'elle faisait rarement d'effort quand elle s'habillait. En même temps quand on allait travailler dans un garage, ça ne servait à rien de s'apprêter comme une princesse. Et ce n'était pas son truc de toute manière. Mais elle savait faire un effort, quand il le fallait. Kaya n'avait pas vraiment réfléchi au fait qu'ils devraient jouer au couple toute la soirée, bien habillés l'un et l'autre. Elle s'imagina une seconde la scène puis elle eut soudain une montée de stress, sentant une chaleur au niveau de ses joues. Elle remerciait souvent le teint hâlé de sa peau qui masquait les rougeurs de son visage. Ils faisaient semblant. C'est tout. Elle n'y avait pas de quoi s'emballer. Kaya se racla la gorge avant de demander, d'un ton qu'elle voulait râleur, mais manquant un peu de naturel : « Bon il arrive ce café ? » Elle ne savait plus si elle devait se montrer impatiente pour le mariage ou si ça n'allait pas être encore plus compliqué de faire comme si tout était parfaitement normal. Parce que tout l'était, n'est ce pas ?
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MessageSujet: Re: Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special EmptyDim 8 Fév - 22:59


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« Oui bien sûr. Et il a une moustache. Tout le monde à une moustache au Chili, même les femmes. » Ha oui ?  Instantanément, je coulais un regard vers elle, ou plutôt vers sa lèvre supérieure afin d’y déceler l’ébauche de l’ombre d’une moustache. Et oui, surtout pour la faire chier, aussi. Mais les évènements suivants, le mariage, le procès, et toutes ces dates, me détournèrent de l’essentiel, finalement. Parce que c’était l’essentiel, non ? Ce besoin de la mettre hors d’elle, en tous cas, m’était devenu absolument essentiel. Pas plus que celui de la protéger, mais en toute honnêteté, ça se valait. En attendant, tout ça serait bientôt fini. D’ici quelques semaines, elle serait remise au procureur général qui assurerait sa protection durant toute la durée du procès, et aviserait en fonction du verdict. Évidemment, on connaissait déjà l’issu du procès, grâce à son témoignage justement, et si elle s’y prenait bien, elle pourrait tous les faire tomber et assurer sa tranquillité. Quelques semaines et elle pourrait reprendre sa vie, sans mensonges, sans faux-semblants. Et moi ? Moi... Moi j’aurais fait mes preuves et serais probablement affecté à une nouvelle mission d’infiltration... Moins confortable. Mais avant ça, on avait le droit à un dernier feu de joie : un mariage. Dans deux semaines. « Il y a le temps encore. » Non, pas vraiment, mais elle ne le savait pas encore. Je le lui avouerais le plus tard possible, lorsque je n’aurais plus le choix. Genre le matin du procès, par exemple. C’était bien, ça, le matin du procès ? Nikel. Donc, un mariage. Un vrai de vrai. Avec cravate, visiblement. Oui ? « Oui. » Et merde ! J’avais horreur des cravates, j’avais l’impression de monter à l'échafaud avec la corde, déjà, autour du cou. Cela dit, si ça voulait dire une Kaya toute apprêtée et douce comme un agneau, ça valait le coup de risquer l’asphyxie en fin de soirée. Et elle allait mettre une robe, des talons et du make-up ? « Et alors ? » Comment ça, et alors ? Et alors c’était juste improbable, inquiétant et terriblement intriguant, tout à la fois. « Ça va, ça n'a rien de si exceptionnel. » Elle en robe et toute docile ? « Ouai, t’as raison, c’est hyper commun. » je lançais, sarcastique, tout en appuyant mon propos en l’observant de pied en cap, la cafetière à la main, avant de réaliser que, en l’occurrence, avec son tee-shirt lui faisant office de pyjamas, ses jambes n’avaient rien de sous-exposées. « Bon, ok, mauvais exemple. » je concédais dans un sourire en coin, histoire, tout de même, de l’entendre grogner. Je lui donnais raison, déjà, j’pouvais bien m’offrir un petit plaisir en contre-partie. Non ? Lui tournant le dos, je m’affairais à l’aspect liquide du petit-dej, puisqu’elle avait déjà déposé tout le solide sur la table. J’prenais plus de risque niveau café, une fille qui aimait le maté ne pouvait pas être digne de confiance pour le reste. Je poussais même le vice jusqu’à découper une orange et la presser, parce que son jus d’orange en brique, là, j’en pouvais juste plus. Trop de sucre, couleur chimique et goût venu tout droit d’une autre planète, j’avais l’impression de m’offrir un nouveau cancer à chaque gorgée. « Bon il arrive ce café ? » Ouai, avec élan, dans ta tronche, mon amour. Ça c’est que j’aurais voulu lui répondre. Au lieu de quoi, je pivotais pour lui faire face, l’observais un instant en m’appuyant le fessier sur le plan de travail, bras croisés sur le torse, et demandais : « C’est le fait d’avoir dormi sans doudou qui te fout de si mauvais poil ? »  derrière moi, la cafetière émit ce pschiiiit caractéristique, et après avoir servit les deux tasses, j’en déposais une à ma place, et l’autre à la sienne. « T’es une grande fille, maintenant. Faut t’y faire, ma puce. » j’ajoutais en lui gratouillant le sommet du crâne, moqueur, mais surtout provocateur. Elle savait que je ne me moquais pas réellement. Pas après son explication de cette nuit. Rejoignant mon siège, je remontais un pied sur l’assise, offrant mon autre cuisse au museau de Rambo, venu quémander, comme chaque matin, le partage de mon petit-déjeuné. Je lui avais donné de mauvaises habitudes, c’est ça ? D’une main, j’attrapais le journal du jour, apporté, dans le tas de courrier, par la concierge, lui filais le supplément Courrier International du Times, et conservais la section politique et judiciaire. Comme chaque matin. De même, je récupérais le sucre dont elle ne voulait pas, et lui cédais les croissants aux amandes, dont je ne voulais pas. Comme chaque matin. Et comme chaque matin, je récupérais une tranche de brioche dans son assiette, une de celles qu’elle découpait, et partageais la moitié avec Rambo, petit bout par petit bout. Il ne décrocherait de ma cuisse que lorsque Kaya se lèverait pour débarrasser, dans une petite quinzaine de minutes, d’après son timing quotidien. Après quoi, il irait stationner devant la porte jusqu’à ce qu’on daigne le sortir. Sauf que ce matin, ce fut moi qui me levais avant elle pour débarrasser mon mug vite avalé. « Va falloir que tu me fasses un topo sur ton pote, je suppose que tu en auras parlé à ton mec, surtout si tu l’invites à t’accompagner au mariage. Y aura tes frères, au fait ? » j’interrogeais en envoyant ma tasse rejoindre celles de cette nuit, dans l’évier, avant de revenir passer un coup d’éponge sur mon coin. Rambo, perturbé, avait déjà été chercher sa laisse et tournait en rond comme un con au niveau de la porte. Et ma douche alors ? Ok, inversion des priorités. Du coup, je jetais des fringues, au hasard, sur ma peau, et laissais un oeil trainer à la fenêtre, comme toujours. « Dépêche-toi de finir et t’habiller... » je la prévenais en revenant vers le chien, accrochant sa laisse à son collier -tant bien que mal puisque cet idiot, jugeant que c’était le bon moment pour me remercier de cette initiative, tentait de me lécher le visage pendant que je tentais d’esquiver sa langue- avant de me redresser et ouvrir la porte. « ...quand je reviens, on va t'acheter une robe. » Et... Un sourire carnassier et un soulèvement de sourcils plus tard, je disparaissais.   

The End.
 
    
electric bird.
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Noam & Kaya - i wish i was special, so fuckin' special

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