Michael faisait les cent pas devant la petite pizzeria à l’angle de la rue. Il regarda une énième fois sa montre avant de se rendre compte que les aiguilles n’avaient avancé que de cinq minutes. La patience n’était pas son fort, mais tout de même ! Cela faisait vingt minutes qu’il poireautait sur le trottoir et il commençait sérieusement à perdre son sang-froid.
Le jeune homme d’affaires avait un entretien avec l’un de ses investisseurs dans moins d’une heure et demie, alors son temps était compté. Pourtant, son rendez-vous ne pointait toujours pas le bout de son nez. Soupirant une dernière fois, Michael saisit son téléphone et composa de mémoire le numéro de l’intéressée. Evidemment, il tomba directement sur sa messagerie.
« Bon sang, Bonnie, mais qu’est-ce que tu fiches ! »
Michael adorait sa petite sœur mais elle avait aussi le don de le mettre parfois hors de lui. Comme en cet instant précis, par exemple. Cela ne durait jamais bien longtemps, mais il savait qu’il ne pourrait pas s’empêcher de lui faire la remarque dès qu’elle arriverait.
Surtout qu’en plus, c’était elle qui avait demandé à le voir, elle qui l’avait appelé la veille au soir pour lui demander de manger ensemble. Ce n’était pas trop dans leurs habitudes, étant tous les deux très pris par leur travail au sein de la boite, mais il leur arrivait de partager un repas de temps en temps, pour prendre des nouvelles. Bien que travaillant tous les deux chez Dior, Michael et Bonnie ne se croisaient pas souvent dans les couloirs, ou quand c’était le cas, ils parlaient chiffres d’affaires, rendements, campagnes de pubs, organisations d’évènements promotionnels… Rien de très personnel.
En outre, Michael se l’avouait un peu honteusement, cela faisait un moment qu’il n’avait pas pris le temps d’avoir une véritable conversation avec sa cadette. Il savait qu’elle avait traversé des moments difficiles suite à l’adoption de sa fille, et il regrettait de ne pas avoir été assez présent pendant cette période. En grand frère qui se respecte, il aurait pourtant dû déceler derrière les sourires de façades et les « ça va » de Bonnie que la pilule était malgré tout dure à digérer, même si c’était son choix.
Finalement, vers 12h30, sa sœur apparut sur le trottoir d’en face. Lorsqu’elle arriva à son niveau, il leva les bras et la tête vers le ciel, en s’exclamant :
« Hallelujah ! Merci de me gratifier de ta présence, sœurette ! »
Après quoi, Mic’ lui adressa son plus beau sourire avant de déposer un baiser sur la joue de Bonnie. Il transpirait comme un beau diable dans son costume noir, aussi décida-t-il d’entrer pour profiter de l’air conditionné. Le jeune homme tint la porte pour laisser passer sa sœur avant de s’introduire lui-même à l’intérieur du restaurant. Ils prirent une table à l’écart, comme toujours, et on leur apporta la carte des menus. Enfin tranquille, Michael attaqua.
« Alors dis-moi, Bonnie, comment ça va en ce moment ? »
Sans se soucier de ce qu’il allait manger même s’il avait une faim de loup, il se concentra sur la réponse de sa sœur. Il voulait une réponse franche, honnête, pas l’une de ces réponses rapides que l’on donne aux gens pour faire bonne figure et pour éviter de s’étaler sur sa vie perso.
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