marleynne-rose & juliette

A CHANCE ENCOUNTER

  

  

Quelle idiote ! Mais quelle idiote ! Juliette regarda autour d’elle, complètement perdue. Ce n’était pas une image, elle était littéralement perdue. Voilà ce qui arrivait quand on s’endormait dans le bus… Le chauffeur l’avait éjectée du véhicule au terminus sans écouter ses protestations, puis il était repartit au dépôt et maintenant, elle se retrouvait seule au milieu de nulle part, à 22 h 30. La jeune fille avait d’abord cherché à joindre quelqu’un pour qu’on vienne la chercher, mais elle s’était aperçue qu’elle avait oublié son portable sur la table de chevet de sa chambre ce matin-là. Et il semblait que toutes les cabines téléphoniques de ce quartier étaient hors d’usage. Juliette frissonna et releva le col de son manteau, traversée par un courant d’air froid. Bon, elle allait marcher et allait bien finir par tomber sur une bouche de métro ou une borne de taxi… On était à New York, tout de même ! Mais plus elle errait dans ces rues anonymes, plus elle s’éloignait de quelconque vie, semblait-il. Nulle lumière aux fenêtres des immeubles crasseux. Nulle présence sur les trottoirs… quoique dans ce cas précis, Juliette remerciait le ciel de ne croiser personne, elle n’aurait pas été très rassurée, c’était le moins qu’on puisse dire. Elle ravala les larmes qui lui montaient aux yeux et hâta le pas. Un chat traversa la chaussée en miaulant et elle sursauta. Mon Dieu, qu’allait-il lui arriver ?

Tout ça parce qu’elle était en période d’examens et qu’elle était restée très tard à la bibliothèque pour étudier. D’habitude, elle prenait le métro pour rentrer à l’appartement qu’elle partageait avec son frère, dans SoHo, mais il y avait eu un problème électrique sur la ligne du métro ou quelque chose dans le genre, et elle avait dû prendre ce fichu bus. Elle était tellement fatiguée par son rythme des derniers jours qu’elle s’était endormie sur son siège, le visage contre la vitre.

Soudain, elle tourna au coin d’une rue et il lui sembla que l’endroit était un peu plus vivant qu’auparavant. Au moins, il y avait des personnes sur les trottoirs qui déambulaient. Bon, peut-être pas les plus recommandables, pensa Juliette en apercevant ce qui était sans aucun doute un échange d’argent contre de la drogue. Elle pressa le pas, baissa les yeux et continua son chemin, sans surtout regarder autour d’elle. Là, elle entendit des voitures passer et elle reprit espoir. Elle releva la tête et sentit son cœur faire un bond. Une personne qu’elle connaissait, elle n’en revenait pas ! Marleynne-Rose était une amie de Lawrence, son frère. Enfin… une amie… Juliette ne savait pas exactement qu’elle était la nature des relations qu’entretenait son grand frère avec la jeune femme, mais il lui semblait qu’elle les avait vus sortir plusieurs fois ensemble faire des courses ou se balader. Elle n’avait jamais eu vraiment l’occasion de parler à Marley, juste de lui ouvrir la porte quand elle venait à l’appartement pour voir Lawrence, mais elle lui semblait sympathique et pleine de vie, tout ce qu’il fallait à son grincheux de frère. Quoiqu'il en soit, jamais Juliette n'avait été aussi contente de voir quelqu'un. Elle pressa le pas et s'approcha de la jolie blonde. « Marley ? »
  

 

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A CHANCE ENCOUNTER

  

  

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Marley parut très surprise de la présence de Juliette dans ce quartier. La blonde la dévisagea. « Juliette ? Qu’est-ce que tu fais ici ? C’est dangereux… » La jeune fille était tellement soulagée de la voir qu’elle n’entendit pas la dernière partie de la phrase. Elle était avec quelqu’un qu’elle connaissait, et enfin, son calvaire allait prendre fin. Elle se mit à débiter son explication sans prendre le temps de reprendre sa respiration. « Le métro est tombé en panne alors j’ai dû prendre le bus mais j’étais si fatiguée que je me suis endormie et le chauffeur m’a laissée au terminus et je ne savais pas où j’étais et j’ai oublié mon portable dans ma chambre et je me suis mise à marcher et je ne sais pas où je suis et il faut que je prévienne Lawrence sinon il va s’inquiéter et est-ce que tu as un portable et oh Marley je suis tellement tellement contente de te voir ! » Elle s’arrêta pour reprendre pour son souffle tandis que Marley lui faisait signe de la suivre. Juliette lui emboîta le pas bien sagement, trop heureuse de s’en remettre à quelqu’un qui semblait savoir où aller. « Tu connais quelqu’un dans le coin ? Tu veux que je te ramène ? » Juliette lui sourit faiblement. Elle avait repris ses esprits, à présent. « Oh non, je ne connais personne. Et oui, je veux bien que tu me ramènes, merci. »

À présent que tout semblait rentrer dans l’ordre, Juliette ne pouvait s’empêcher de se demander ce que Marley faisait là. La jeune femme avait beau être naïve, elle avait bien remarqué que le quartier n’était pas des plus recommandables et des plus fréquentables. Elle secoua la tête. Ce n’était pas ses affaires, après tout. Marley avait le droit d’aller et venir là où elle avait envie. Juliette tenta donc de chasser les pensées qui lui venaient à l’esprit. Mais quand même, la jolie blonde marchait d’un pas assuré, comme si elle savait précisément où elle allait dans ce dédale de rues. Et maintenant qu'elle y pensait, Juliette se rendit compte qu'elle ne connaissait rien de Marley, à part qu'elle connaissait Lawrence et qu'ils sortaient de temps à autre ensemble. La curiosité de Juliette fut la plus forte. « Et toi, tu viens souvent par ici ? » Aussitôt posée, elle se rendit compte de la stupidité de la question. Comme si Marley allait lui avouer si elle faisait des choses inavouables ! Sa curiosité la perdrait un jour, Juliette en était sure…

 

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A CHANCE ENCOUNTER

  

  

Au rire de Marley lorsqu’elle lui raconta ses déboires, Juliette comprit que la situation l’amusait. La jeune Mauricienne faillit s’en offusquer, mais elle se reprit et se dit que de toute façon, bientôt, elle rirait elle aussi de son aventure. Marley lui tendit son portable que Juliette prit avec reconnaissance. « Quand t’as pas de chance, tu ne l’as pas, jusqu’au bout toi… Tiens, ton frère est enregistré sur le pseudo de grincheux… » La jeune femme ne put s’empêcher de rire à son tour. « Tiens ? Moi, je l’appelle Schtroumpf Grognon, ça lui va bien aussi. » Elle appela donc Lawrence et en quelques phrases, lui résuma la situation en l’assurant qu’elle serait bientôt à l’appartement. Elle raccrocha et rendit son smartphone à une Marley amusée. « Tu veux qu’on mange un bout ? On peut prendre à emporter ça fera plaisir à ton frère de me voir… J’en suis sûre… » « Je ne dirais pas non, j’ai passé l’après-midi à étudier, j’ai l’estomac dans les talons », confessa Juliette en posant une main sur son ventre. « On va bientôt arriver à la voiture, je me gare toujours loin, ma voiture est trop luxueuse pour ce quartier… Si tu vois ce que je veux dire. » Juliette acquiesça. Elle voyait très bien. Maintenant qu’elle était accompagnée, elle était plus rassurée, mais malgré tout, elle était pressée de sortir de ces ruelles sombres et sales. « Et toi, tu viens souvent par ici ? » « Pas vraiment, c’est aussi rare que je mange de la bouffe Américaine. », répondit Marley avant de rire doucement. Une nouvelle fois, Juliette comprenait et opina de la tête. Lorsqu’elle était arrivée aux États-Unis,  elle avait été effarée par la qualité de la nourriture et par la quantité des portions servies. Malgré tout, elle était aussi émerveillée par la diversité de la cuisine new-yorkaise. Qu’elle veuille manger chinois, mexicain ou italien, elle trouverait toujours de quoi se sustenter. En parlant de nourriture italienne… Juliette venait de se rappeler soudain que la première fois que Marley lui avait été présentée par son frère, elle avait appris qu’elle venait de Sicile. « Au fait, est-ce que tu… ? » Elle s’arrêta au milieu de sa phrase lorsqu’elle entendit l’Italienne soupirer avant de rire tout bas. Celle-ci avait l’air mi-amusée, mi-ennuyée, et Juliette se demanda pourquoi. Marley se retourna et regarda derrière elles comme si elle voulait vérifier quelque chose. Elle prit la main de Juliette et y glissa quelque chose. « Écoute Juliette, quoi qu’il se passe, quand je te dis de courir, tu cours, okai ? » La jeune femme baissa les yeux ; Marley venait de lui donner ses clés. Elle ouvrit de grands yeux inquiets, mais l’air de la jolie blonde ne souffrait d’aucune objection. « Euh… d’accord. » « Tu vois la ruelle a ta droite de l’autre côté de la rue ? Tu la prendras et de l’autre côté il y a ma voiture, t’as qu’à cliquer sur l’alarme et tu verras laquelle c’est… », lui souffla Marley. Juliette hocha frénétiquement la tête. Elle venait d’apercevoir un groupe d’hommes qui venaient vers eux. Des hommes qui, à leur expression, n’étaient pas là pour la discussion. Juliette sentit la main de Marley dans la sienne et elles traversèrent la rue.

 

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