Rosalie était enfermée dans son bureau depuis le matin. Techniquement, elle était en journée de congé, mais elle avait plusieurs papiers à rendre pour ses recherches et elle devait finir le bilan de santé de tous ceux qui allaient être sur la ‘mission’ en attique. La pile de papier sur son bureau ne semblait pas descendre depuis qu’elle s’était réveillée, mais son travail avançait tranquillement et les dix tasses de thé qu’elle s’était faites depuis le matin refroidissaient avec sa petite tranche de toast à moitié manger sur le rebord du grand meuble. Elle se passa la main dans ses cheveux en soupirant. Quelque chose clochait dans les résultats d’analyse qu’elle lisait depuis tout à l’heure et elle était penché sur les mêmes données depuis près de quarante minutes, elle sentait que sa tête allait exploser. La table devant elle se mit à vibrer et la blonde mit quelques minutes à réaliser que son téléphone sonnait sous une des piles de papier. Sautant sur la première opportunité pour lâcher sa torture, elle se mit à fouiller sous ses trucs pour finalement trouver l’engin avec un numéro long qu’elle n’avait jamais vu avant. Elle décrocha tout de même en attrapant un crayon et une feuille au passage pour se mettre à dessiner dessus. « Hello? » Elle regarda le numéro encore une fois et fronça les sourcils. « Sofia? Are you okay? » Ses doigts se serrèrent sur son crayon. Elle essayait le moins possible de s’en faire pour sa sœur, mais bon, elle n’était pas idiote et avait les nouvelles du monde plusieurs fois par jour devant les yeux et à chaque fois son estomac se serrait un peu plus.

Sofia avait chaud mais elle ne pouvait pas se découvrir, elle n'était pas une touriste ici, elle devait donc s'adapter à la culture égyptienne, et les égyptiens ne dévoilaient pas leur corps facilement, du coup, la jeune américaine portait des chemises longues et des pantalons légers. Après, tous ses vêtements avaient été troqué en couleur très claire afin qu'ils ne captent pas plus le soleil. Elle arriva devant sa maison de fonction et fit un signe de main à sa vieille voisine qui fumait une chicha devant sa maison, la vieille femme la salue avec son sourire édenté. « Wa alaykoum salam » répondit Sofia avec respect, l'arabe... se passait pas si mal, elle apprenait beaucoup en ce moment car elle n'hésitait pas à aller vers les gens. La vieille femme lui fit un signe de main et Sofia alla partager avec elle son karkadé qu'elle sirota avec un plaisir réel. Quand elle allait rentrer en Amérique, elle allait en garder. La vieille femme l'interrogea sur son intégration et sur les progrès qu'elle faisait, le visage de la blonde se fermait toujours à tout ça... elle n'avait pas pu résider au Caire, trop... agité, du coup, on l'avait mise à Louxor, au début, on avait tenté de la mettre dans un quartier riche mais au final, elle avait préférée se fondre un maximum malgré ses cheveux blonds... après, elle avait commencé à mettre un foulard dans ses cheveux afin de les dissimuler quelque peu et surtout afin de mieux s'intégrer, elle ne voulait offusquer personne, et puis si elle voulait obtenir des réponses à ses questions, il fallait qu'elle montre qu'elle connaissait la culture à laquelle elle s'adressait. Elle finit par quitter la vieille et ce fut au tour des enfants de venir la voir, ils adoraient venir chez elle et elle leur offrait toujours à manger, des trucs "typiquement américains" comme se moquaient ses divers voisins mais soit, elle n'allait pas refuser des cookies à des enfants ! Malgré l'agitation de son salon, elle était contente, elle offrit aux enfants des crayons des feuilles et ils se mirent aussi tôt à dessiner avec plaisir, la blonde se dirigea ensuite vers son combinée et elle composa le numéro de Rosalie qu'elle connaissait par coeur, en théorie, Ashem devait lui avoir installé sa ligne et elle espérait sincèrement que l'homme ne l'avait pas trompé ou arnaqué... quand elle entendit la tonalité dans son combiné, elle fut satisfaite. Elle entendit Rosalie lui répondre de loin et elle colla un peu plus l'appareil contre son oreille, sa soeur li manquait... mais ce qu'elle faisait était beaucoup trop important pour rentrer maintenant. « Hello? Sofia? Are you okay? » gosh, toujours aussi inquiète, elle roula des yeux avant de parler. « As-salām ʻaláykum Rosalie » lança-t-elle d'une voix sereine. « Je vais bien, je voulais juste m'assurer que toi, tu allais bien » avoua Sofia avant de s'appuyer contre le mur blanc de sa maison.

Il y avait toujours un moment dans la journée où Rosalie devait s’assoir et appeler sa famille, les uns après les autres. Ce n’était pas naturel pour elle de passer plus d’une journée sans avoir été en contact avec ses parents, ses frères ou ses sœurs. La seule exception était Fred lorsqu’il était en mission en étranger, mais son frère l’appelait au moins une fois par semaine sur Skype de son campement. Sofia était partie sans même la prévenir et elle n’avait pas eu des nouvelles depuis. Rosalie avait beau avoir un tas de choses dans la tête en ce moment, une grande partie de ses pensées allait pour sa sœur. Elle s’inquiétait en regardant les nouvelles du soir, et se demandait ce qu’elle pouvait bien faire quand elle lisait son journal le matin. Elle savait que Sofia avait sans doute ses raisons, mais la blonde ne pouvait pas s’empêcher de souhaiter que sa sœur reste près d’elle. « As-salām ʻaláykum Rosalie » L’anglaise sourie au téléphone et soupira discrètement, soulagée. « Wa-ʻaláykum as-salām. » Son accent n’était pas parfait, elle avait appris qu’en lisant après tout, mais bon, Sofia devra s’en contenter. « Je vais bien, je voulais juste m'assurer que toi, tu allais bien » Rosalie leva les sourcils sans pouvoir s’en empêcher. Oui, parce que c’était elle qui était prise en pleine guerre civile. C’était un fait. « I’m okay. I miss you. » Comme son cerveau avait décroché de ses données pour répondre à sa sœur, une fois qu’elle reposa les yeux dessus par hasard, la réponse qu’elle avait cherchée pendant des heures lui sauta au visage. Elle se dépêcha d’attraper un papier pour la noter rapidement. « How’s Egypt? How’s your work going? Tell me everything. I can’t wait to read it! »  

« Wa-ʻaláykum as-salām. » en entendant l'accent de sa soeur, Sofia se mit aussi tôt à rigoler et elle colla un peu plus fort le combiné à son oreille. Sa petite soeur... Rosalie lui manquait, elle savait qu'elle n'avait pas assuré avec elle, mais malgré ses airs de dures, Sofia connaissait la jeune femme, elle avait vu comment Rosalie avait réagi au départ de Fred alors... elle avait voulu éviter toutes les luttes inutiles, que se soient ses frères et soeurs mais également ses parents, ils devaient sans doute tous lui en vouloir un peu... mais ce n'était pas si grave, elle aimait ce qu'elle faisait et elle savait qu'elle trouverait bien quelque chose pour se faire pardonner.

Elle demanda à sa soeur comment elle se portait, c'était normal dans le fond qu'elle s'intéresse à sa petite soeur, elle ne pouvait plus aller la rejoindre aussi facilement qu'avant... mais c'était difficile en fait, du moins, plus qu'elle ne l'aurait imaginée, le fait de ne pas voir son visage, ne pas voir ses expressions qu'elle connaissait par coeur et qu'elle savait lire si facilement. « I’m okay. I miss you. » Sofia eut un petit sourire triste et garda le silence quelques secondes. Elle se mordit la lèvre tout en se passant la main dans les cheveux. « D'accord... » elle ne pouvait pas en dire autant, c'était elle qui était partie, ça n'aurait pas été correcte n'est-ce pas ? « Tu es sage hum ? » s'enquit Sofia afin de converser avec Rosalie... c'était vraiment spéciale de devoir parler ainsi, elle avait le sentiment de parler de choses tellement bateau...

Elle entendit sa sœur rire à l’autre bout du combiné et lui fit une grimace, bien qu’elle ne pouvait pas la voir. Elle était certaine que Sofia pourrait la deviner tient. « Don’t laugh. I try! » C’était loin d’être facile, en plus. Ce n’était pas comme si elle pouvait le pratiquer tous les jours elle. Enfin, il lui arrivait parfois à l’hôpital, mais sans plus. Et même, c’était seulement pour expliquer qu’elle allait chercher un medecin qui pouvait servir d’interprête et rendres les choses plus faciles. Rosalie se mit à joueravec un bout de ses cheveux et quand sa sœur lui demanda comment elle allait, elle ne put s’empêcher de lui dire qu’elle lui manquait. Elle n’avait pas pu s’en empêcher parce que c’était vrai et tellement rare. Elle avait l’impression que Sofia était toujours là, même quand elle ne la voyait pas pendant quelques jours, la savoir à New York où elle pouvait la trouver facillement était suffisant. Puis elle avait cette habitude de lui parler quand même ou bien que ses parents lui donnent le 411, mais là, c’était différent et dépaysant un peu. Enfin, elles étaient déjà partie au paravant, pour l’univesité et autre, mais c’était juste… Pas la même chose. « D'accord... Tu es sage hum ? » Elle fronça les sourcils un peu, pas certaine si sa sœur n’avait pas entendu ses questions ou bien avait juste décidé de les ignorer. Soit, elle laissa couler pour le moment. « As always… Working a lot tough. » Elle pencha la tête pour regarder ses papiers d’un nouvel angle et continua de prendre des notes dessus. « Where are you actually? Did you travel a little bit? Or you’re too busy? » C'était des questions triviales pour le coup, mais elle ne savait pas quel sujet était OK ou pas.

« Don’t laugh. I try! » Sofia ricana sans pouvoir s'en empêcher, elle savait que sa soeur devait être entrain de grimacer ou l'autre, elle ne supportait pas qu'on la critique ou qu'on lui fasse la moindre remarque, elle était drôle à faire la fière. Sauf que Sofia ne pouvait pas réellement le voir, du coup, elle se contentait de l'imaginer. « Pardon, la prochaine fois je me moquerais juste intérieurement » se contenta-t-elle de répondre un sourire suspendu aux lèvres. C'était plus fort qu'elle, elle devait se moquer et taquiner la blonde.

Puis il y eu comme... ce n'était pas un silence, mais c'était tellement étrange, il n'y avait ni malaise, ni rien ce genre, et pourtant, le calme avec lequel elles parlaient étaient confus pour Sofia, avec sa soeur, elle avait plus l'habitude de se fâcher, de se moquer, de... parler pour rien... et là qu'elle devait partager avec sa cadette quelque chose, elle ne savait juste pas comment faire et par où commencer. C'est pour ça qu'elle s'assura que Rosalie était sage. « As always… Working a lot tough. » elle haussa les épaules. « C'est de famille » répondit-elle simplement. Ce qui était vrai, tous, ils se laissaient dévorer par leur passion au détriment du reste, elle en était la preuve même tout en étant en Egypte. « Where are you actually? Did you travel a little bit? Or you’re too busy? » elle se gratta l'arrête du nez avant de finalement répondre. « Je suis à Luxor, près du temple de Karnak » avoua simplement la blonde, elle simplifiait, mais c'était le mieux pour que sa soeur puisse... faire ses recherches. « J'ai un peu voyagé oui et je bosse beaucoup mais ça va » elle se gratta nerveusement l'oreille où elle était devenue sourde... elle préférait ne même pas abordée ce thème avec sa soeur, elle allait paniquer et débarquer avant qu'elle ait fini de terminer son histoire. « T'as vu notre famille récemment ? Tu dirais qu'ils m'en veulent beaucoup ou... ? » demanda-t-elle prudemment.

Rosalie faisait la moue devant ses papiers alors que sa sœur se moquait d’elle ouvertement à l’autre bout du téléphone. Pourquoi est-ce qu’elle lui manquait déjà celle-là? « Pardon, la prochaine fois je me moquerais juste intérieurement » La blonde hocha la tête l’air le plus sérieux au monde. « You do that. And when you come back, you could help me with my accent, ok ? » Parce qu’elle détestait avoir l’air ridicule. Puis elle savait qu’elle ne voudrait pas perde la face devant sa sœur, ça la forcerais à apprendre à très vite. Mais même séparer par un océan, perdu pratiquement dans le désert, Sofia ne pouvait pas s’empêcher de la narguer un peu en lui demandant si elle était sage. De la même manière que ses parents l’auraient fait quand elles avaient cinq ans. Elle lui répondit simplement qu’elle travaillait. Elle n’avait pas le temps de faire des bêtises de toute façon. Enfin… Si on ne comptait pas préparer un voyage au pole-nord, dans le dos d’après tout le monde, mais Sofia était celle qui pouvait moins lui en vouloir pour ça. « C'est de famille » « Yeah… It really is. » Même Elena qui n’avait rien d’académique comme carrière, elle était toujours prise par son art. Oubliant jusqu’à ce nourrir. Ils étaient tous plus ou moins très graves avec leurs carrières. « Well, except James. He’s a bug I guess. » Un défaut de fabrication. Elle lui demandait où elle était, parce que dans le fond, c’était Sofia qui avait des choses à dire, pas elle. Elle était littéralement prise sous la paperasse alors. Sa sœur en revanche… Elle ne voulait même pas imaginer ses journées. « Je suis à Luxor, près du temple de Karnak » Rosalie laissa échapper un soupir envieux. « Yeah I replace it. » Elle ne se souvenait pas d’avoir entendu parler de la ville dans les journaux donc bon, ça ne devait pas être si mal. « The city must be half empty without the tourist. It’s a good choice. » Enfin, elle imaginait. « J'ai un peu voyagé oui et je bosse beaucoup mais ça va » L’Anglaise hocha une nouvelle fois la tête, oubliant encore que sa sœur n’était pas devant elle. Elle prit, la voix de leur mère pour lui réponde. « Well, don’t forget to drink and eat, and put sunscreen on, or you’re gonna get wrinkles. » C’était toujours ce qu’elle lui disait, peu importe sa destination. « T'as vu notre famille récemment ? Tu dirais qu'ils m'en veulent beaucoup ou... ? » La blonde ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Elle avait presque envie de répondre que non, elle n’avait vu personne, elle était déménagée dans un monastère, mais se retient de justesse. « I did… Last weekend, Diego, Fred, Elena, Sirius and I went to the Hamptons, just us. Was fun… » Elle se mordit la lèvre en se rappelant qu’elle avait promis à Sirius de ne rien dire à propos du rejet qu’il s’était pris en pleine face. « And don’t worry. You’re still everyone’s favourite. We’re just worried. Well, Mum and Dad mostly… » Elle finit une formule et leva la tête, ramenant ses cheveux derniers. « You can’t blame us to worry. I mean, I understand why you wanted to go and it’s fine really. I’d have done the same. But we’re still going to worry, doesn’t mean we ressent you. » Dans son cas du moins. « But you’re safe right? You’re alright, you said so… »