Vin n'avait jamais été destiné à être un intellectuel. Déjà enfant, l'école avait été une sorte de torture pour lui, il se rappelait encore son premier jour où on lui avait demandé comment ça avait été, avec un air sombre, il avait dit que ça allait sans aucun doute le tuer. C'était des mots d'enfants très dur quand on y pensait, mais sérieusement, être assis sur un banc à apprendre l'histoire, la littérature, les sciences ou les mathématiques... c'était pas pour lui, il le laissait aux autres sans une once d'hésitation. Lui préférait utiliser ses mains, c'était pour ça qu'il s'était beaucoup plus épanoui sur un chantier de construction qu'à l'école. Il avait fait un minimum d'effort pour son oncle mais une fois l'highschool terminée il avait refusé de continuer plus et les différents travailleurs du chantier l'avait véritablement formé un peu partout, il avait des bonnes bases mais il avait un faible pour le sanitaire, l'électricité et la maçonnerie, il avait suivi des formations là-dedans d'ailleurs, il ne voulait rien laissé au hasard et c'est pour ça qu'une dizaine d'années plus tard il était un bon entrepreneur. Il n'était pas vraiment irréaliste, il connaissait les capacités de ses hommes, et il savait le temps que prenait une chose à s'installer, il avait été à tous les niveaux de la chaine et il encourageait ses employés à donner leur maximum et s'il voyait que les choses trainaient, il n'hésitait pas à enlever la veste de son costume et rebrousser ses manches pour donner lui-même un coup de main.

Aujourd'hui, il analysait l'avancée du nouveau chantier qu'il avait, on lui avait demandé de construire un bâtiment pour de nouveaux appartements, ils installaient les bases et faisaient venir les matières premières. Les différents architectes lui montraient leur plan pour tel ou tel détails et il observait, imaginait et dirigeait les opérations. Il demanda à ses hommes d'accélérer la cadence, ils avaient terminés une partie mais c'était encore loin d'être suffisant pour l'instant, l'hiver arrivait à grand pas, et il était hors de questions pour lui de trop en demander à ses hommes en période de grand froid, plus vite ceci serait donc terminé, plus vite ils pourraient aller ailleurs. Occupé à parler budget avec son bras droit, le regard de Vin tomba par hasard sur la silhouette de Serena. Troublé, il s'arrêta au milieu de sa phrase et cligna des yeux, légèrement perturbé. Il raccourci la discussion pour pouvoir rejoindre sa meilleure amie. Sa présence était la bienvenue évidemment mais... il enleva son manteau et le passa aussi tôt autour des épaules de la blonde, sans lui laisser le temps de protester. « Salut mon cœur. Je ne voulais vraiment pas t’interrompre, tu avais l’air tellement occupé. Je n’avais plus aucun rendez-vous de la journée alors je me suis dit que j’allais venir te voir un moment. Cet endroit est … magnifique. Enfin, il le sera quand les travaux seront terminés.» il sourit aussi tôt et passa le revers de sa main sur la joue de la blonde, il grimaça légèrement. « Je dois être gelé, désolé. Et toi aussi ! Depuis quand es-tu là ?! Tu n'aurais pas dû, il y a plein de poussière dans l'air et... » gosh, ce petit bout de femme l'inquiétait toujours autant, mais il devait bien s'inquiéter pour elle vu qu'elle ne semblait pas le faire pour elle-même ! Elle lui attrapa la main et il se sentit aussi tôt plus calme et posé, il avait toujours eu cet effet sur lui. « J’ai apporté un livre pour m’occuper… j’avais juste envie de passer te voir et d’être un peu auprès de toi. C’est fou mais j’en avais réellement besoin. Je ne me l’explique pas. J’aurais peut-être mieux fait de te prévenir avant … » il haussa les épaules avant de passer son bras autour des épaules de la blonde pour la rapprocher de lui et l'embrasser tendrement sur le front. « Tu seras toujours la bienvenue » lui signala-t-il simplement avant de les faire marcher jusqu'à sa "bureau" de fortune. Ce n'était pas vraiment le grand luxe, il ne s'autorisait pas des dépenses inutiles, mais il avait besoin d'un abri d'infortune pour lire ses rapports à l'abri des regards, il fit rentrer Serena dans sa sorte de "caravane". Il la prit dans ses bras pour lui frotter le dos avec vigueur. « Si tu tombes malade je m'en voudrais à mort » soupira-t-il alors tout en secouant la tête. Elle était si têtue. « J'espère qu'il était bien au moins ton livre... tu veux un café ? J'ai du jus de fruit aussi non... » se rappela-t-il avant d'offrir un sourire doux à Serena, il alluma le radiateur électrique et invita Serena à se mettre tout près. Les livres n'avaient jamais été sa passion, mais c'était celle de sa meilleure amie donc ça ne le dérangeait pas de l'écouter elle parler, elle était si passionnée par la chose que quand elle se mettait à lui expliquer un livre, on pouvait lire la passion sur son visage et il se laissait emporté par son enthousiasme, quelqu'un part, Vin était persuadé que Serena était capable d'intéressé les personnes les plus bourrues, du moins, elle y arrivait très bien avec lui.  

« Je vais très bien Vin, ne t’en fais pas. J’étais au soleil et le fond de l’air n’est pas si frais. » l'italien plissa le nez et il observa sa meilleure amie d'un air un peu ennuyé. Elle pouvait tenir tous les propos qu'elle voulait, il ne savait clairement pas s'il pouvait lui faire confiance là-dessus. Agacé, il secoua la tête. « Tu es juste trop bornée ! » finit-il par soupirer tout en se passant la main dans les cheveux, et il savait d'avance que s'il insistait, elle allait juste continuer de tenir les mêmes propos, il la connaissait bien depuis le temps maintenant. Mieux que quiconque, il avait longtemps considéré la blonde comme une sorte d'extinction de sa propre personne, ils étaient différents mais ils se ressemblaient en même temps, c'était un peu... compliqué à saisir, mais pas quand on se retrouvait dans leur amitié.

Il l'amena rapidement à l'intérieur de son bureau de fortune et il se mit aussi tôt à la réchauffer, l'idée qu'elle soit malade par sa faute le tiraillait, il ne souhaitait pas ça, surtout à Serena. Pour le déconcentrer, elle l'embrassa sur la joue, elle tentait de l'amadouer et ça marchait ! C'était ça le pire. « Si je tombe malade, tu pourras prendre soin de moi et j’adore ça. Mais pour le moment mon cœur, je te répète que je vais bien. Mais si tu me câlines encore un moment, je ne suis pas contre. » il eut un petit sourire avant de continuer à la câliner avec affection, il l'embrassa sur le haut du crâne avec douceur. « Évidemment que je prendrais soin de toi, je l'ai toujours fait ! » lui fit-il remarquer alors qu'il se mettait à lui caresser le dos à l'aide de son pouce. Il s'intéressa alors à sa lecture parce qu'il était aimable comme ça, il n'était pas vraiment... très littéraire, il avait peu de connaissance sur la chose, enfin, ce qu'il savait c'était que Serena lui avait appris, mais les livres étaient une partie de sa meilleure amie, du coup il faisait un effort pour tenter de comprendre. « Je boirai volontiers un jus de fruit, merci. Et pour répondre à ta question, mon livre était fort intéressant. Le personnage principal est doté d’une grandeur d’âme semblable à la tienne … autant dire que je l’adore.» à sa demande, il alla dans le frigo chercher le jus d'orange qu'il servit dans un grand verre qu'il offrit aussi tôt à son amie. Il écouta alors ses propos sur le livre et il sourit, à ses yeux, Vin n'avait rien d'un héros dans un livre, ces personnages lui semblaient toujours très... différent de lui. « Alors … quoi de neuf depuis notre dernière rencontre ? » le brun fit mine de réfléchir avant qu'un sourire n'étire ses lèvres. « Je vais partir en vacance, retrouver mon frère en Italie un peu pour lui annoncer la nouvelle » sa relation avec son frère avait toujours été étrange. Orphelins séparés et élevés dans des endroits différents par des gens de leur famille opposé les uns et aux autres... ils se ressemblaient physiquement mais peu de choses les reliaient par le caractère. Ils étaient une famille mais ils n'étaient pas réellement unis, il avait un lien bien plus profond avec Serena... mais quelque part, il ne pouvait juste pas tourner le dos à son frère, c'était... son dernier lien avec ses parents, Leonardo était le souvenir de la famille qu'il avait eu dans le passé. Avec la venue au monde de son bébé, il savait qu'il allait enfin pouvoir se construire une nouvelle famille, quelque chose qu'il avait toujours souhaité. « Et toi ? Tu me voulais quelque chose ? » demanda Vin curieusement. « Tu as besoin d'aide dans ton appartement ? » ajouta-t-il d'une voix douce, c'était possible après tout, elle était une littéraire, lui était un pur manuel, il avait des bases pour tout ce qui était ménager, il s'y connaissait en électricité et en plomberie alors bon, il préférait qu'elle se tourne vers lui, qu'elle sache qu'elle pouvait toujours compter sur sa personne.