Vingt heures. C’ian poussa la porte de l’appartement qu’elle occupait avec Jeremiah à pas de loup, craignant au-delà des mots de tomber sur le lieutenant immédiatement et d’avoir à lui expliquer… une situation inexplicable, à vrai dire. Ce qui la frappa en premier en entrant, ce fut un message de la femme de ménage qu’elle avait embauché juste pour une heure cette semaine et qui lui a laissé le plat qu’elle préparait pour son cher et tendre avant que de devoir quitter en trombes de l’appartement… autant dire que celui-ci n’a pas la tête la plus humaine de la création mais C’ian se contenta de hausser les épaules à cette constatation pour mieux ôter sa veste collant contre son dos blessé. Des coups de fouet… autant dire que son père adoptif n’y était jamais aussi fort pour lui faire payer son impudence ainsi que le « déshonneur » qu’elle pouvait bien apporter à la famille Maeda. L’envie de disparaître ne pouvait pas se faire plus pressante alors que son dos n’a de cesse de la lancer atrocement. Il n’y a plus qu’à espérer que son boulot à la criminelle retiendra suffisamment Jeremiah pour que la jolie blonde ait le temps de se soigner et de faire comme si de rien n’était… Jeremiah était bien assez stressé comme ça, inutile de l’inquiéter encore davantage. Il risquait de lui en vouloir mais une fois encore, cela partait d’un bon sentiment car cette fois-ci, des coups parsemaient le dos de la pauvre blondinette, la faisant atrocement souffrir. « Oh la vache c’est affreux… comment je vais cacher ça ! » grimaça-t-elle en voyant l’ampleur des dégâts parsemant son dos pour mieux essayer de désinfecter toutes les blessures, utilisant quasiment tout le stock de coton possédé par le lieutenant de son cœur tandis que ses propres soins l’épuisaient, au point de ne la forcer à faire un simple bandage de fortune et de s’endormir sur le canapé, sans même prendre conscience de la montagne de cotons tous hourdés de sang sur la table basse. Sa vie n’était pas en danger à priori mais elle risquait une infection meumeu, surtout avec l’ampleur des dégâts… à sa décharge, sa grossesse la crevait et le choc qu’elle venait de subir n’arrangeait rien à ce qu’elle subissait actuellement.

C’ian s’était endormie depuis vingt bonnes minutes lorsqu’elle se fit secouer au point de ne revenir vers le commun des mortels pour découvrir un Jeremiah quasi livide, dont l’expression du visage était manifestement marquée par l’inquiétude. La jolie blonde n’avait pas été consciente une seconde de s’endormir en laissant un tel champ de bataille derrière elle, et si elle voulait jouer la carte de la discrétion, c’était loupé. A entendre le ton employé par Jeremiah, il valait mieux qu’elle joue la carte de la franchise car après tout, elle n’était pas fautive… « Mon père adoptif… il m’a appelée en me faisant croire que Cixi avait un souci et qu’il fallait à tout prix que je vienne l’aider mais c’était juste un traquenard. Il m’a fait attacher à une colonne de pierres par ses deux molosses de gardes du corps et il m’a frappée pendant si longtemps que je ne pourrais même pas être précise ! » C’ian tremblait tout en pleurant toutes les larmes de son corps, choquée, blessée et peinant à reconnaître ce corps si douloureux. Elle était ni plus ni moins en peine mais le pire, c’est qu’elle avait l’impression d’être un boulet. « J’aurais dû le savoir et ne pas y aller… mais je pensais tellement bien faire… ! Je ne pensais pas mériter ça… je suis tellement désolée si tu savais… » C’ian laissa son front s’échouer contre l’épaule de Jeremiah, finalement libérée en lui avouant ce qui s’était passé. Cela n’enlevait rien à la douleur physique, mais elle ne se sentait plus totalement seule dans son malheur. « Non, j’ai déjà nettoyé pitié n’y touche pas ça fait trop mal ! » ne put-elle s’empêcher de geindre en se redressant aussitôt, le regard suppliant.

C’ian pâlit aussitôt à la simple idée que Jeremiah retouche l’étendue de ses blessures pour désinfecter comme il fallait. Si ses paroles concernant sa culpabilité inexistante et le baiser qu’il lui donna lui firent le plus grand bien, la jolie blonde s’allongea avec appréhension tout en serrant par avance le coussin entre ses deux mains car ses blessures lui faisaient déjà un mal de chien au naturel alors dès lors que Jeremiah allait y toucher, ce serait l’apocalypse, il n’y avait pas d’autre mot. Oh elle étouffa ses cris en mordant littéralement le coussin mais elle se brisa à moitié les cordes vocales au passage en pleurant toutes les larmes de son corps tant la douleur était insupportable. C’ian n’était pas la personne la plus résistante à ce genre de choses, et à sa décharge, elle était aussi frêle qu’un fétu de paille… elle attendit avec autant de patience qu’elle put que Jeremiah eut fini ses soins avant de devoir calmer sa respiration des plus haletantes après coup. La blondinette avait vraiment cru que son cœur allait exploser. « Non, non, non ! » s’exclama-t-elle subitement dès lors qu’il eut fini un pansement nettement plus efficace que celui qu’elle avait fait avec ses propres moyens et d’une mauvaise façon. « Tu risques de déclencher un incident diplomatique, de ruiner ta carrière ! Tu ne sais pas comment il est et moi je ne veux pas qu’il te fasse du mal ! Non je refuse tu m’entends ?! Je veux bien encaisser tout ce que je peux mais je ne supporterais pas qu’il te blesse ou qu’il cherche à te nuire… je t’en prie Jeremiah… » C’ian connaissait suffisamment le tempérament sanguin du lieutenant de son cœur pour savoir qu’il n’irait certes pas de main morte, surtout s’il laissait la colère le dominer. Et s’il revenait blesser… son petit cœur fragile ne le supporterait pas. « Je t’en prie ne fait pas ça… »

Il fallait s’y attendre, Jeremiah refusa aussitôt que C’ian ne s’inquiète pour lui mais elle n’y pouvait rien, avec ce qu’elle venait de subir, elle ne voulait pas qu’il lui arrive la moindre bricole. Elle voulut d’ailleurs répliquer quelque chose mais il ne lui en laissa pas le temps, l’habillant et prenant son sac pour mieux l’installer dans sa voiture, mettant en quelque sorte son plan à exécution. Certes, le fait qu’il s’inquiète pour elle ainsi que pour leur enfant lui faisait diablement plaisir, cela lui faisait du bien au milieu de sa douleur mais son inquiétude n’en n’était pas moins véridique. Voilà pourquoi, après qu’il ait démarré et lorsqu’il s’arrêta au premier feu, C’ian s’empara de sa main avec la sienne, nettement plus tremblante, rien que pour lui signifier qu’elle ne s’opposerait pas à lui à nouveau mais que ça ne l’empêchait pas de s’inquiéter. « Je sais que tu t’inquiètes pour nous mais moi aussi je m’inquiète pour toi, je n’ai pas envie de te perdre, qu’il t’arrive une bricole ! Je n’y arriverais pas sans toi. Laisse-moi au moins t’accompagner ! Ou si tu veux je porterai plainte, je ne sais pas, je ferai quelque chose ! Et tu n’as peut-être pas peur mais moi si, parce que je ne sais pas de quoi il est capable… je ne pensais pas qu’il lèverait la main sur moi et pourtant il l’a fait. Jeremiah je vais être comme une lionne en cage si tu me laisses chez mon père et que je ne te vois pas revenir ! » C’ian n’y pouvait rien, elle avait un tempérament facilement inquiet… c’était plus fort qu’elle, et à cette simple idée, elle serra d’autant plus fort la main de l’irlandais dans la sienne. « Mon amour regarde-moi… »

Hélas, Jeremiah disait vrai : son père adoptif possédait l’immunité diplomatique et quand bien même C’ian porterait plainte, ça ne servirait à rien. Pire, on risquait de lui rire au nez ! La jolie blonde était donc coincée et le pire dans tout ça, c’est qu’elle s’en voulait de ne rien pouvoir faire. « Bien sûr que j’ai confiance en toi ! La question ne se pose même pas mais aussi vrai que tu t’inquiètes pour moi et pour notre petit bout, je m’inquiète aussi… mais si tu promets de revenir je veux bien essayer de prendre mon mal en patience. » Notamment parce que son regard s’était illuminé l’espace de quelques secondes alors que Jeremiah l’avait qualifiée à voix autre de « la femme qu’il aime ». Rien qu’avec cela, C’ian se sentait mue par une grande force malgré la douleur même si elle avait l’impression qu’un autre détail devait être connu par le lieutenant de son cœur. « Chéri il y a autre chose… heureusement qu’il ne sait pas que je suis enceinte parce qu’il m’a clairement fait comprendre qu’il serait prêt à tout si j’avais un, je le cite, « bâtard ». Il me fait peur… j’ai bien cru qu’il ne me laisserait jamais partir… je ne veux pas qu'il puisse s'en prendre au bébé ! » Par chance, l’appartement qu’ils occupaient tous les deux n’étaient pas très éloigné de la maison de Léo et Quinn, qui s’y trouvaient d’ailleurs tous les deux. C’ian était penaude rien qu’à l’idée de frapper et pourtant elle s’occupa de le faire avant que Jeremiah ne s’en charge, histoire de prouver sa bonne volonté même si elle continuait à penser qu’il allait risquer gros. « A cette heure-ci il doit être dans son hammam donc peu entourés de gardes alors je t’en prie, fais attention car je n’ai pas envie que ces bouledogues te molestent ! » C’ian paniquait littéralement à cette idée et avant même que la porte d’entrée ne s’ouvre, elle s’empara des lèvres de Jeremiah. C’était vital, elle n’y pouvait rien.

« Si je ne te l’avais pas dit et que tu l’avais découvert autrement tu m’en aurais voulu ! Pourquoi il aurait mieux valut que je me taise ? Je te promets de chercher à tout faire pour oublier cet épisode navrant de ta mémoire mais il vaut mieux qu’il soit seul dans son hammam plutôt qu’entouré de sa douzaine de gorilles ! » Par chance, Jeremiah ne rechigna pas à lui rendre son baiser avec passion et c’est presque avec un sentiment d’inachevé qu’elle se sépara du lieutenant de son cœur pour mieux faire face à son père. « Tu as intérêt à être de retour dans une heure ou deux » fit-elle d’un air on ne peut plus sérieux, tout en le regardant partir avec une appréhension incroyable dans le regard. Certes, c’était un agent de terrain mais là, il ne s’attaquait pas à n’importe qui : il voulait casser la gueule d’un ambassadeur tout de même ! Non seulement il allait au devant d’un incident diplomatique mais en prime de se faire détruire la tronche par une bande de gardes du corps tous plus surentraînés les uns que les autres. Mais en attendant, C’ian fut entre de bonnes mains chez son père et Quinn, bien qu’elle ne montra l’étendue de ses blessures qu’à son père, refusant d’imposer une telle vision à sa belle mère qui ne semblait pas encore s’être remise de sa propre agression. « Écoute je n’ai pas besoin d’un médecin, juste que l’on me change les idées pendant une heure ou deux et que l’on m’empêche d’aller le rejoindre, c’est tout ! Je ne sais pas moi, une discussion, un jeu, faire la cuisine, n’importe quoi !! »

C’ian tournait comme un lion en cage rien qu’en imaginant le pire, ayant l’impression au passage de se morfondre comme une petite fille venant juste de faire un cauchemar. Sauf qu’elle ne venait pas juste de le faire, elle le vivait, ce fameux cauchemar. A de très nombreuses reprises, la jolie blonde regarda sa montre, refusant de voir tout médecin car elle ne pouvait décemment se concentrer sur autre chose que son attente. Quinn lui proposa à plusieurs reprises de manger un morceau ou à tout le moins de savoir, mais à chaque fois, C’ian refusa l’offre en accompagnant son refus d’un sourire pour ne surtout pas la heurter. Mais l’écossaise savait ce que traversait sa belle-fille pour la simple et bonne raison qu’elle avait été secouée par des hormones de grossesse avant elle… ce fut pourquoi elle parvint à calmer la nervosité de la blondinette en finissant par la serrer dans ses bras, la berçant tout en prenant en compte le fait qu’elle soit blessée tandis que Jeremiah arrivait sur ces entrefaites. « Maman ? » s’étonna-t-elle avant de ne courir à son cou pour le serrer contre elle, ayant bien évidemment l’impression d’en faire trop mais s’en moquant totalement au passage. Rien n’était plus important que le fait qu’il ait tenu sa promesse et soit revenu en prime pas trop amoché. Elle le conduisit bien évidemment dans la cuisine de son père pour mieux prendre une bouteille d’eau dans le frigo, la lui tendant par la même occasion tandis qu’elle retenait sa sensibilité de s’exprimer par des larmes. « Tu n’as pas trop mal au visage ? » C’ian n’osait pas lui demander comment cela s’était réellement passé alors à défaut, elle l’interrogeait d’une façon différente.

Pour sûr, Léo allait très certainement s’amuser dès lundi avec les grands patrons sur son dos mais à bien y réfléchir, ce n’était pas forcément certain que Maeda père aille jusqu’à se plaindre aux hautes sphères. D’une part car son hammam n’avait pas de caméras – pudeur oblige – mais aussi parce qu’il avait tellement besoin d’écraser tout le monde que de faire valoir qu’il s’était pris une rouste dans la tronche ne serait sûrement pas sa priorité première. Néanmoins, C’ian laissa un instant ce genre d’idée de côté pour sourire en le voyant siffler l’intégralité de la bouteille pour mieux rire en l’imaginant faire un double kick à la façon Walker, Texas Ranger. Cela lui faisait du bien et elle laissait même retomber la pression se faisant, même si le fait qu’il ne la serre dans les bras et ne l’embrasse avec cette tendresse n’achève définitivement de la rassurer. « Je n’ai pas forcément envie de penser à son « attirail » comme tu dis si bien, je préfère de loin le tien ! Mais j’avoue que je respire… désolée, tu dois trouver ça ridicule mais je tiens un peu trop à toi pour mon propre bien j’en ai peur… » C’ian émit une légère moue avant de ne se blottir plus encore dans ses bras, se laissant doucement bercer par les battements réguliers de son cœur, qui lui prouvait définitivement qu’il était en vie, en bonne santé et que ses assaillants avaient certainement davantage mangé dans la tronche que lui n’avait pris de coups. « D’accord, je te fais un beusou parce que tu as joué les preux chevaliers mon Rocky ! » lâcha-t-elle dans un petit rire avant de ne mettre à exécution sa phrase, lui offrant un baiser commençant tout en tendresse avant de ne prendre une sacrée dose de passion pour mieux se terminer en manque de souffle. « Jeremiah, tu n’aurais pas envie de partir en weekend ? Je n’ai pas envie de rester à cauchemarder ici… »

Oh dear. A peine C’ian avait-elle émis l’idée de partir en weekend en compagnie de Jeremiah que déjà, il s’exclamait à la porte de la cuisine non sans faire rougir la jolie blonde au passage car il allait sans dire que préciser qu’il lui ferait l’amour quotidiennement n’était probablement pas le meilleur argument à avancer face à Léo… d’ailleurs, rien que les voir se courser valait son pesant de cacahuètes en plomb, aussi C’ian ne manqua pas de rejoindre Quinn en regardant la scène d’un air à la fois désespéré et amusé pour finalement éclater de rire lorsqu’ils s’écroulèrent de concert aux pieds de la brunette. Une chance que son père ait épousé une femme au caractère doux et compréhensif, car pas sûr qu’il aurait été autant à la noce avec quelqu’un du tempérament de Lyanna par exemple… « Techniquement parlant si, tu fais du sport depuis quelques semaines… » précisa-t-elle non sans rougir, se planquant à moitié derrière Quinn qui éclata de rire pour mieux aller serrer son père dans ses bras. Si lui savait très bien être gêné à l’idée de serrer ses enfants dans ses bras, C’ian ne faisait pas tant de chichis et puis… merde, c’était le père dont elle n’osait plus rêver même dans ses rêves les plus fous ! Elle avait bien le droit d’être douce avec quelqu’un qui ne ferait jamais de son dos un vrai champ de bataille… « Je devrais te remercier, c’est la première fois qu’il m’appelle Mamour ! Mais tu n’as pas grand-chose à craindre, il va veiller sur moi… » La blondinette s’écarta pour mieux déposer un bisou sur la joue de son père et se blottir près de Jeremiah. « Merci d’avoir veillé sur moi, Quinn je te promets de venir passer du temps avec toi la semaine prochaine, et Papa ne t’inquiètes pas, je suis entre de bonnes mains. » Histoire d’éviter un bain de sang, c’est C’ian qui prit l’initiative de tirer le lieutenant de son cœur vers la sortie. Après tout, ils avaient un weekend à préparer, non ? Même si en marchant elle grimaçait tant les blessures dans son dos la tiraillaient littéralement, elle trouva la volonté de s’exprimer histoire de penser à autre chose. « Dis Jeje… tu voudrais une fille ou un garçon toi ? »

C’ian ne savait pas exactement pourquoi elle avait demandé à Jeremiah s’il préférait une fille ou un garçon, la question était partie toute seule et c’était un moyen comme une autre d’en parler. Avec tout ça, ils n’avaient guère eu le temps de se pencher plus sérieusement sur la question et autant dire que même du haut de toute son inexpérience, la jolie blonde voulait être parfaitement prête le moment venu. « Moi j’aimerais bien un p’tit gars… oh je serais très contente si c’est une fille bien sûr !! Mais un p’tit gars ça me plairait bien quand même. J’ai hâte de savoir d’ailleurs ! Puis rien n’empêche que dans le futur, quand le bébé sera un peu plus grand, qu’on agrandisse la famille… en tout cas, en sachant le sexe, je pourrais faire certains habits moi-même, commencer à décorer la chambre… d’ailleurs, il faudrait peut-être que je pense à investir dans un autre atelier que ta chambre d’ami parce qu’il serait mieux qu’on fasse une chambre pour le bébé, qu’est-ce que tu en penses ? » La blondinette avait déjà pensé à ce genre de questions mais le fait de s’étendre sur le sujet lui permettait surtout de faire retomber la pression à vrai dire. « Tu me ferais rencontrer tes grands-parents, c’est vrai ?? J’étais tout à fait sérieuse ! On est jamais partis en amoureux, ce serait une grande première, et comme je sais que tu aimes bien me faire vivre mes premières expériences, si en prime je peux rencontrer ta famille, moi je suis à cent pour cent partante ! Bon je ne pourrais pas te relayer au niveau de la conduite… il y a pas mal de choses que je ne vais pas pouvoir faire en attendant que ça cicatrise, d’ailleurs… »

« Hey je n’ai pas dit que je n’aiderai pas pour le montage des meubles, je suis douée avec mes mains ! » s’exclama-t-elle subitement avant de ne rougir aussi sec. « Ne vas pas t’imaginer des trucs pas net hein, je parlais de bricolage… » Il ne fallait pas croire, derrière la couturière et la créatrice, il y avait avant toute chose quelqu’un de profondément démerde, qui savait s’occuper de son séant personnel mais aussi s’aménager un cadre de vie agréable en un rien de temps et surtout avec pas grand-chose. Certes, elle voulait que leur bébé soit accueillit dans une chambre bien décorée, afin de lui prouver que non seulement il aurait une famille aimante, mais en prime un coin privilégié où il serait choyé et protégé comme il se doit. « J’ai déjà plein d’idées ! Et je pense que ce serait mieux si tu t’occupais de la déco d’ailleurs, car si je ne suis pas mauvaise pour tout ce qui est dessin de vêtements, tu es bien meilleur que moi pour le reste. Ca te plairait ? Oh tu… veux qu’on habite une maison ? » s’étonna-t-elle en allant jusqu’à s’arrêter en pleine rue, l’œil pétillant, le sourire éclatant. « Moi je suis pour, pour, pour ! Je n’ai pas envie que notre bébé grandisse ailleurs que dans un coin tranquille, tu vois ? Je veux qu’il puisse jouer dans le jardin sans avoir la sueur au front dès qu’il va faire un pas… » Il ne fallait pas croire, C’ian démontrait des trésors de maturité en la matière, même si la seconde d’après, elle se mit sur la pointe des pieds pour embrasser le lieutenant histoire de lui faire pleinement comprendre à quel point elle était flattée qu’il pense aussi au futur avec elle… « J’angoisse un peu pour la rencontre mais je veux bien partir ce soir si toi tu n’es pas trop fatigué ! »

« Pourquoi des illusions ? Si tu as la démo, c’est encore mieux non ? » se plut-elle à le suivre dans la plaisanterie et ce de bon cœur car tout ce qui pouvait lui faire oublier le fait qu’elle souffrait actuellement au niveau de son dos était bon à prendre. C’ian ne se plaindrait jamais à voix haute, préférant de loin souffrir en silence mais il n’empêche que cela tirait atrocement et qu’elle ne voulait pas que Jeremiah ne s’inquiète. Il avait déjà bien assez été en mode Rambo pour le reste du weekend… « Ne t’inquiètes pas on en choisira une proche de la brigade et promis, si tu ne dis pas que je suis créatrice de lingerie, chose qui me ferait avoir toutes nos voisines en train de me raconter leurs vies sexuelles, ton secret est sauf avec moi ! Ceci dit je viens de t’entendre dire « nos enfants » ou j’ai la berlue ? » s’amusa-t-elle non sans reprendre ses lèvres avec tendresse, ayant toujours autant de mal à s’en détacher surtout maintenant qu’ils parlaient d’un futur possible entre eux, où son père biologique ne viendrait pas émettre de doutes vu qu’il avait pour ainsi dire donné son aval. Le reste n’appartenait qu’à eux, donc… « Ne t’inquiètes pas Jeje… mon père a pris ma tension, elle était bonne, ça tire je ne vais pas dire le contraire mais à priori tout va bien alors si vraiment j’ai des angoisses j’appellerai Lyanna mais je ne veux pas avoir à faire à quelqu’un d’autre… je n’ai vraiment confiance qu’en elle. Et puis je ne veux pas la déranger à cette heure-ci, alors je préfère que l’on rentre, qu’on se prépare et qu’on laisse toute cette salle journée derrière nous. Vraiment, j’ai envie de me dire que l’on va rencontrer ta famille, leur parler du bébé, le reste ça peut attendre. D’autant que ma prochaine échographie est programmée à mercredi prochain. »

« Je n’ai pas parlé d’équipe de basket ! Mais j’aime bien les chiffres pairs, alors deux, je trouve que c’est une bonne idée ! » C’ian ne s’était jamais permis de rêver à une très grande famille, et pour cause, à la base elle était censée épouser un vieux chnoque dégarni qui n’aurait sûrement jamais pu lui faire d’enfant… alors forcément, se retrouver amoureuse ET enceinte changeait considérablement la donne et la jolie blonde se surprenait à se laisser à nouveau aller à ses rêveries. Celles-ci lui semblaient tellement réalisables tout d’un coup ! « Pour sûr, pompes funèbres, on ne risque pas de t’embêter ! Moi je ne sais pas… sûrement comptable ! En général les gens considèrent les comptables comme ultra chiants donc on ne risque pas de m’emmerder ! Même si bon, techniquement, je serai sexy pour une comptable ! » ironisa-t-elle avant de ne sourire face à l’attention de Jeremiah au sujet de la douleur qu’elle ressentait et de lui faire une liste de quelques petites choses dont elle aurait besoin. Il avait un aperçut du fait que bien qu’elle soit une femme, C’ian ne s’attachait qu’au minimum vital, à savoir un change, un pyjama, une brosse à dents avec dentifrice, une brosse et point barre final ! « Mon écho est à huit heures… Lyanna avait une journée très chargée et elle m’a vraiment calée entre deux ! » précisa-t-elle avant de ne se pencher légèrement pour embrasser sa joue, n’hésitant pas une seconde à avoir de petites attentions ou à se montrer tactile parce qu’elle adorait ça. Bien sûr, la voiture fut bientôt peuplée d’un silence quasi mortel et, aussi vrai qu’elle détestait ce genre de choses, C’ian ne put s’empêcher de passer par la case confession, sans pour autant regarder Jeremiah : elle observait l’extérieur d’un air vague. « Il ne faut pas croire mais tu sais, je ne pensais pas que j’aurais une famille à moi un jour. A la base, Maeda voulait me marier avec un vieux chnoque d’une cinquantaine d’années et il avait l’air tellement maladif le pauvre que j’étais quasi certaine qu’il ne me toucherait jamais. C’est pour ça qu’il voulait se venger, en fait… parce que j’ai fuis le Japon pour prendre mon indépendance à New York contre son avis. Mais je m’en fous… maintenant j’ai ma vie, une vie que j’aime et dont je peux être fière. Et maintenant, je peux rêver à une famille sans craindre que mon lendemain soit morne et sans intérêt. »