Sutton aimait que les choses se passent comme elle le voulait. Elle détestait les surprises et les imprévus. Et la venue de ses parents était loin de la réjouir. De un, parce que ça signifiait que son immature et idiote petite sœur de Bryanna allait se ramener aussi, de deux, parce qu’ils pouvaient tomber sur Mia totalement par hasard et qu’elle ne les avait toujours pas mis au courant de son existence. Pourquoi l’aurait-elle fait d’ailleurs ? Ce n’était pas comme s’ils avaient été franchement honnêtes à propos de son adoption… Mais aussi, et surtout, de trois, parce qu’elle n’avait tout simplement pas envie de les accompagner à cet espèce d’évènement où sa chère mère serait la vedette. Il y avait ce magnat de l’immobilier de la côte Est qui avait organisé une soirée en l’honneur de Dieu savait quelle association entre lui et sa mère. Alors elle se devait d’y assister. Pour montrer qu’en plus d’être puissante, riche et par conséquent que sa vie professionnelle lui réussissait, sa vie de famille était sur le même modèle, mais surtout, il fallait montrer que ses rejetons avaient autant de potentiels. Autant dire qu’elle avait misé sur les mauvais chevaux. Ils avaient chacun un domaine où ils excellaient… Mais Sutton n’aspirait pas à être avocate ou chirurgien… Encore moins reprendre un quelconque business pseudo familial. Elle ne se voyait pas franchement y aller seule. Elle savait qu’Anton se ramènerait avec l’une des nombreuses prétendantes qui faisaient la queue pour se retrouver à ses côtés. Quant à Bryanna, Sutton espérait juste qu’elle ne ramène pas ce désespérant adolescent qui lui servait de petit-ami depuis quelques années. Ils passaient leur temps à se séparer et à se remettre ensemble… Pour être honnête, la jeune Californienne avait bien pensé à inviter Peter… Mais elle s’était demandée si ce n’était pas totalement minable de se pointer avec son meilleur ami. Encore plus lorsque celui était dingue de votre sœur jumelle. Et puis, une idée avait germé. Après tout, il était plutôt canon, et surtout, il lui en devait une.  

Comme elle l’avait deviné, Taz ne lui refusa pas cet étrange service. A vrai dire, elle avait quelque peu hésité. Enfin, de quoi elle avait l’air ? Mais Sutton avait, pour une fois, mis sa fierté de côté, et avait été honnête en lui disant qu’elle n’avait simplement personne avec qui y aller. Et puis, se pointer seule, était juste pire. La jeune Webster-Monroe lui avait donné rendez-vous à son appartement, à 19h30, histoire d’être là-bas pour 20 heures. La jeune femme sûre d’elle qu’elle était habituellement avait laissé place à une petite fille anxieuse pas franchement sûre de se trouver à sa place. Et pourtant, ces soirées, c’est ce qu’elle avait toujours connu. C’est où elle avait été élevée, et d’une certaine façon, c’est ce monde-là qui l’avait façonné. Mais aujourd’hui, quelque chose la dérangeait, et elle n’arrivait à mettre le doigt dessus.
Sutton poussa un énième soupir en se regardant dans le miroir. Elle avait opté pour une robe bleu électrique [ loook ] qui faisait bien évidemment ressortir la couleur de ses yeux. Elle était aussi affreusement décolleté, mais c’était ça, ou une robe bordeaux moulante comme pas possible. Et elle ne se sentait pas d’avoir l’air d’un saucisson toute la soirée. Elle attrapa ses escarpins noirs lorsqu’elle entendit la sonnette de la porte d’entrée. Sans réelle surprise, elle trouva Taz sur le pas de la porte. « Salut. » dit-elle faiblement, avant de se pousser pour le laisser rentrer. « Entre. Ca te va bien… J’veux dire, le costume. » ajouta-t-elle sincère en refermant la porte derrière lui. Elle lui désigna le canapé, pour l’inviter à s’asseoir s’il le désirait. Ce qu’elle fit pour enfiler ses chaussures. « Merci… De m’accompagner ce soir. » Elle se retint de lui dire qu’il allait surement regretter sa décision une fois qu’il aurait fait la connaissance de sa mère et de sa petite sœur. La limousine n’allait pas tarder à arriver. Sa mère l’avait presque forcé à accepter que le véhicule passe les prendre… En fait, c’était surtout pour éviter un quelconque retard de la part du ‘couple’.

« Merci... J'étais pas sûr, pour la cravate, mais... enfin, c'était vraiment trop. » « T’en fais pas, c’est vraiment très bien. » affirma-t-elle avec un léger sourire, consciente que ce n’était pas franchement sa manière habituelle de se vêtir. Sutton le remercia de l’accompagner ce soir, même s’il lui devait un service, il n’était pas dans l’obligation d’accepter. Même si elle avait quelques difficultés à l’avouer, le fait de ne pas se savoir seule à se rendre dans cette fausse aux lions la soulageait un peu.  « Well, it's not the worst favor you could ask me... » répondit-il en lui adressant un sourire alors qu’elle se relevait, chaussures aux pieds. Il n’avait pas totalement tort dans le fond. Il ne s’agissait, à première vue, que de boire quelques coupes de champagne, faire des sourires polis et se goinfrer à un buffet hors de prix. Seulement, Sutton ne se voilait pas la face, ses parents et sa fratrie –adoptifs- seraient là et ça pouvait rapidement tourner en drama familial. Tout ce qu’elle désirait, c’était que cette soirée se passe le plus rapidement possible.  « Comment on y va, d'ailleurs ? Parce que c'est ma sœur qui a la voiture ce soir. » « Don’t worry about that. My mother has planned everything. She’s a control freak. » lacha-t-elle avec un sourire en coin en allant récupérant une veste. « D’ailleurs… Je préfère te prévenir… Ne fais pas gaffe à ce qu’elle pourrait dire. Elle a tendance à… descendre les gens. » Peut-être bien qu’en y réfléchissant, Sutton avait hérité ça d’elle. Enfin, hérité d’une certaine manière. Pas de manière génétique. Comme quoi, tout ne résidait pas dans la science pure et dure. Sa mère, c’était ce genre de femmes qui arboraient un sourire quasi chaleureux les trois quarts du temps, s’exprimant d’une voix douce avec des phrases bien tournées, vous faisant croire qu’elle vous mangeait dans la main alors qu’elle n’attendait qu’une brèche pour vous achever. Sutton l’avait déjà vu faire dans ses différentes affaires. Et d’une certaine manière, elle n’était pas si différente dans sa vie privée. Du coup, ce n’était sans doute pas si étonnant de se rendre compte que ses enfants étaient tous aussi tordus les uns que les autres, même si, Bryanna en gagnait sans doute la palme. Une sonnerie sortit la jeune Webster-Monroe de sa rêverie, c’était l’interphone. Elle se rendit jusqu’à la fenêtre et aperçut la limousine. Elle poussa un soupir et se tourna vers Taz. « Notre carrosse est là. »  

Sutton n’avait fait que changer de position toutes les trente secondes dans la limousine, se tortillant comme un verre, anxieuse. Elle aurait pu être ravie à l’idée de voir ses parents, qu’elle n’avait pas vus depuis plus de six mois… Mais c’était plutôt le contraire. Elle ne prenait pas très bien cette surprise, même si elle avait moins de réticences à voir son paternel que l’invité d’honneur de cette soirée.
Ils arrivèrent à vingt heures tapantes, et comme elle s’en était doutée, une horde de journalistes avaient fait le déplacement pour immortaliser l’évènement. Les flashes fusèrent tandis que le ‘couple’ entamait sa marche jusqu’au porte du bâtiment, où Sutton avait déjà reconnu la silhouette d’Anton, son frère. Sutton jeta un bref coup d’œil à Taz. « Ca va ? » se risqua-t-elle avant de se demander si ce n’était pas plutôt à elle-même qu’elle posait la question. Les troupeaux de journalistes pouvaient être impressionnants, et étouffants… Elle n’avait pas vécu avec cette pression constante, mais elle s’était habituée à leur présence lors de ce genre d’évènements, encore plus lorsque ça avait lieu dans des villes de cette envergure. Elle désigna à Taz, d’un geste du menton, le jeune homme en costard, accompagné d’une jeune femme à l’allure de mannequin, portant une robe rouge, à quelques mètres d’eux. « C’est Anton, mon frère. Le seul supportable dans cette soirée. » avoua-t-elle avec une légère grimace. « Enfin, après mon très serviable partenaire, évidemment. » ajouta-t-elle avec une pointe d’humour.  

« J'ai eu de l'entraînement. » « J’vois absolument pas de quoi tu parles » lâcha-t-elle aussitôt, se retenant par la même occasion de ne pas laisser son sourire malicieux prendre place aux coins de ses lèvres. Elle était parfaitement consciente du sous-entendu qu’il venait de faire… et elle savait comment elle était, les tendances qu’elle pouvait avoir. Mais il fallait la croire sur parole lors qu’elle disait qu’à côté de sa mère, Sutton ressemblait plus à mère Thérésa qu’au diable. Une sonnette les invita à descendre pour embarquer dans la limousine qui les menait jusqu’à la réception. Le chemin en voiture se fit plutôt silencieusement, Sutton perdue dans ses pensées et ses quelques angoisses vis-à-vis de cette soirée. Elle savait qu’elle avait parfois tendance à trop se monter la tête, mais là, ça faisait vraiment un sacré moment qu’elle n’avait pas vu ses parents.

Les deux jeunes gens entamèrent leur marche jusqu’aux portes de l’édifice, sous les flashes des journalistes. Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’ils se retrouveraient avec leurs têtes dans les journaux dès demain matin. Autant, elle avait pu jouer de cette attention lorsqu’elle habitait encore la côte Ouest, à s’amuser avec les photographes et à prendre tout ça comme un véritable jeu, adorant se retrouver au centre de l’attention… Mais depuis qu’elle était à New York, c’était loin de l’amuser autant. Peut-être aussi parce qu’elle s’enfonçait toujours un peu plus dans ses activités illégales et que ça demandait un certain degré de discrétion.  « Moi, oui... Mais toi ? »  lui demanda alors Taz. Elle ne s’était pas forcément attendue à ce qu’il lui retourne la question. Montrait-elle des signes évidents de nervosité ? « Euh… ca fait un moment que j’ai pas vu mes parents. Enfin c’est un peu compliqué. » Oh oui, il lui avait juste menti sur son adoption et l’avait séparé de sa sœur jumelle. « Alors j’hésite un peu entre la fermer et me coltiner les réflexions de ma mère… ou lui sortir tout ce que je pense, en faisant un magnifique spectacle. » avoua-t-elle avec un léger sourire. « Mais ça serait vraiment embarrassant… Pour tout le monde. Alors je crois que je vais juste prier pour que la soirée passe le plus rapidement possible… » Elle tourna la tête, apercevant Anton, et décida de le faire remarquer à Taz. Elle ne manqua pas de la taquiner légèrement sur le fait qu’il était bien évidemment le plus supportable de la soirée, en dehors de son frangin. Ce qui en fait, n’était pas totalement faux. « Évidemment. »  répondit-il souriant avant de poser son regard sur Anton. En y réfléchissant bien, elle se surprit même à se dire que ces deux-là s’entendraient plutôt bien. « Should we go talk to him or something ? » « I guess yeah. » répondit-elle en se demandant comment elle allait bien pouvoir présenter Taz. Ils n’étaient pas franchement amis… Ils n’étaient certainement pas en couple, et le présenter comme un collègue craignait peut-être un peu. Et il était inimaginable qu’elle le présente comme un hacker au talent douteux mais qui, sans hésitation, ne pouvait que progresser… Sauf si, évidemment, elle désirait qu’il ne la massacre sur place. Anton ne tenait pas franchement rigueur de tout ça, elle le savait bien, mais ça serait sans doute une sorte d’entrainement si jamais –et ça serait probablement le cas- ses parents et son exécrable petite sœur s’amenaient jusqu’à eux. Ils s’avancèrent jusqu’au jeune californien et la jeune femme l’accompagnant se tourna vers eux lorsqu’ils furent à se hauteur, Anton en fit de même. « Petite sœur. » dit-il en la serrant dans ses bras. « Tu es resplendissante. » Elle sourit en secouant la tête, il n’arrêterait donc jamais. « Voici Amelia, une amie rencontrée il y a peu. » Sutton sourit, polie, elle savait que dans la bouche de son frère ça signifiait qu’il l’avait rencontré la semaine passée et que c’était sa dernière conquête. « Je te présente Taz... » commença-t-elle, ne sachant toujours pas comment réellement l’introduite. « Un ami. » Anton tendit sa main en direction du jeune homme. « Well, ravi de faire ta connaissance Taz. »  

j'suis désolée, c'est pas terrible. Si tu veux faire intervenir les parents or anything, vas y hein

Les voilà arriver, ils ne pouvaient désormais plus reculer. Mais comme pour commencer cette soirée en douceur, le couple croisa d’abord le frère de la jeune femme. Comme elle lui fit si bien remarquer, le seul totalement fréquentable. Enfin ‘totalement’, ça restait encore à voir, mais le seul dont elle supportait sans difficulté la présence. Moment quelque peu gênant : les présentations. Sutton ne savait pas tellement comment introduire Taz. Elle improvisa totalement. « De même. » répondit-il en serrant la main d’Anton. « Maman est au top de sa forme, ce soir. J'espère que tu es venue préparée... » Sutton passa nerveuse sa main sur son front avant de soupirer. « Je compte sur toi pour t’occuper de ce problème et faire en sorte que je passe une bonne soirée. » déclara-t-elle avec un sourire en coin. Elle tourna la tête pour voir si elle ne l’apercevait, histoire de partir dans la direction opposée si c’était le cas. Non, rien pour l’instant. C’était mieux comme ça. « Puis au pire… Tu fais comme avant… » dit-elle en haussant voyant les épaules. Voyant le regard interrogateur de Taz, elle sourit avant d’expliquer. « Il s’agit seulement de faire en sorte que sa coupe de champagne ne reste pas vide trop longtemps… Et qu’il parle de lui. Encore et encore. Un sujet qu’il adore… Pour lui montrer à quel point son fils est une réussite… » expliqua-t-elle avec un sourire amusé alors qu’Anton rigolait. « Et pendant ce temps-là, cette adorable peste se fait la malle. » Sutton acquiesça d’un signe de tête, signifiant qu’il avait parfaitement bien résumé la situation. Son frère se tourna lorsqu’on prononça son nom. Il semblait connaitre cette personne. Il s’excusa auprès de sa sœur et de son cavalier et prit congé. Une nouvelle fois, la jeune Webster-Monroe posa son regard sur Taz. « T’as faim ? » Elle ne savait pas ce qu’il en était pour lui, mais son ventre de goinfre à elle commençait sérieusement à se manifester. « Toute façon, on ne dit jamais non à de la bouffe gastronomique gratuite… Ni à du champagne. » fit-elle remarquer avant de bouger, accompagnée de Taz jusqu’au buffet. Elle fit quelques sourires polis aux rares personnes qu’elle reconnaissait, sans pour autant être capable de remettre un nom sur ces visages. Elle attrapa deux coupes sur un plateau et en tendit une à Taz. « Le seul avantage de ces réceptions. » déclara-t-elle en levant son verre comme si elle allait porter un toast. « Tu t’emmerdes royalement hein ? » demanda-t-elle après avoir bu une gorgée en lui donnant un léger coup de coude, un sourire au coin des lèvres. Elle pouvait totalement comprendre que ça soit le cas… Même pour elle, qui y avait pourtant été habituée c’était le cas. Enfin, c’était soit ça, soit il était émerveillé par le changement de décor. Mais elle doutait quelque peu.

Des petits fours, encore des petits fours. Elle ne s’en lasserait jamais c’était certain. Encore plus lorsque c’était entrecoupé de gorgées de champagne. Seulement elle manqua de s’étouffer lorsqu’elle entendit une voix qu’elle ne connaissait que trop bien. « Sutton, ma chérie. » La mâchoire de la jeune femme se crispa, toujours face à Taz, aucun son ne sortait de sa bouche mais elle espérait qu’il puisse lire sur ses lèvres « help me. » elle finit par se tourner pour faire face à sa mère qui venait de poser sa main sur son épaule.  « Maman. » dit-elle avec un sourire crispé. « Tu ne nous présentes pas ? » demanda-t-elle en posant son regard sur le jeune homme qui se tenait aux cotés de sa fille. « Je te présente Taz. » lacha-t-elle brièvement. « Taz, Elisabeth Webster-Monroe, ma mère. » « Ton petit-ami ? » demanda-t-elle sans aucun tact, se fichant quasiment des présentations que venait de faire sa fille. Sutton leva les yeux au ciel avant de soupirer. « Non, et jvois pas c’que ça change. Et surtout, en quoi ça te regarde. » répondit-elle légèrement agressive ce qui fit sourire sa mère. En fait, elle aurait préféré ne pas lui répondre du tout.


nan t'inquiète, c'était très bien

« Ça ressemble à un plan imparable. » Sutton acquiesça d’un signe de tête, un sourire malicieux au coin des lèvres. Elle ne doutait pas une seule seconde que Taz manquerait une occasion de confirmer son caractère quelque peu difficile, voire carrément insupportable. Après tout, il ne fallait pas oublier que leur première rencontre –enfin plus ou moins- ne s’était pas franchement déroulée dans les meilleures circonstances. Elle était encore en train de réfléchir à savoir, à qui la faute, toujours persuadée qu’elle n’avait fait qu’aider… Sans doute pas de la meilleure manière, mais c’était une aide quand même. Bornée vous avez dit ? « Plutôt, oui. » Au moins, leurs estomacs étaient accordés. C’était déjà ça. Et puis, elle ne voyait pas tellement comment on pouvait refuser un tel banquet… Mais plus que tout, ne pas accepter une coupe de champagne. C’était la principale –meilleure- attraction de cette soirée. « Exactement. » confirma-t-il, arrachant un sourire sincère à la jeune américaine. Après qu’ils aient trinqués, elle ne put s’empêcher de se demander si, malgré tout, Taz ne s’emmerdait pas royalement. Comme il le lui avait fait remarquer, il était là parce qu’il lui en devait une, et non pas par pur plaisir.  « Non, ça va... Et puis, les petits fours & le champagne aident, comme tu dis. » « Hm d’accord. Si tu le dis. » commenta-t-elle pas franchement convaincue. Même s’il n’avait aucune raison de mentir à ce sujet.  

A vrai dire, cette soirée aurait pu continuer tranquillement… Elle aurait même pu être agréable. Ca ne se passait pas si mal entre Taz et la jeune Webster-Monroe. Mieux que ce qu’elle n’aurait imaginé. Ils échangeaient quelques mots tout en profitant des petits fours et du champagne mis à leur disposition. Mais c’était bien évidemment sans compter sur sa mère. Elizabeth Webster-Monroe… Magnat de l’immobilier de la côte Ouest, et surtout, surtout, control freak en puissance. Elle ne perdit pas une minute pour faire passer un interrogatoire à sa fille. La questionner sur sa vie n’était pas assez non, elle devait en plus, l’humilier devant Taz, sans se gêne pour poser des questions auxquelles elle n’aurait jamais voulu répondre. Sutton sentait qu’elle perdait son calme, de plus en plus… Il ne lui en fallait plus beaucoup pour exploser. « Oh look, isn't that ... » Sutton tourna brusquement la tête vers Taz, puis vers Anton qui se dirigeait vers eux. « the precious son ! » souffla le jeune homme, alors que Sutton lui sourit, reconnaissant, avant de laisser échapper un soupir soulagé. « Maman, je n'ai pas pu te présenter une tonne de personnes, tu m'as filée entre les doigts ! » « Il fallait bien que je vois ta sœur ! Ca fait des mois que nous ne nous étions pas vus… » « Quel dommage… » répondit l’intéressée entre ses dents, se retenant d’ajouter que ce n’était pas assez long à son goût. « Je suis sure que tu la reverras au cours de la soirée… » commença Anton en adressant un clin d’œil à sa petite sœur. « … Mais ces gens-là ne peuvent attendre ! » Il était doué, vraiment doué. Et c’était sans doute pour ça que Sutton l’aimait autant. « Très bien. » céda sa mère à l’adresse d’Anton. « Hm Sutton, chérie, il faudra que je t’adresse quelques mots durant la soirée. » Sutton lui adressa un sourire faussement poli, signifiant qu’elles se verraient plus tard, alors qu’elle espérait plutôt le contraire. « Oh, et trouve ta sœur. Elle se faisait un plaisir de te voir. » « J’en doute pas ! » répondit-elle du tac au tac, notant qu’elle avait une personne de plus à éviter. Elle n’avait jamais pu s’entendre avec Bryanna, elle doutait que ça soit ce soir que ça allait changer. Non, il s’agissait sans doute d’une énième occasion pour la faire sortir de ses gonds.  

Une fois partie, Sutton laissa sa tete retomber en arrière, soulagée, avant de se reprendre et reporter son attention sur Taz. « Désolée. Pour tout ça. » Elle le pensait réellement. A vrai dire, c’était pour cette raison qu’elle ne s’était pas sentie de venir toute seule. Parce que, mine de rien, elle ne se sentait pas de taille à faire face à sa mère. « Je t’assure qu’à côté d’elle… Je suis adorable ! » Ajouta-t-elle en attrapant une coupe de champagne à la volée. Elle en descendit les trois quarts puis secoua la tête. « J’ai vraiment une famille de cinglés. Et là je suis gentille… »