Cela faisait quelques temps que Joaquin y pensait mais aujourd’hui, il avait décidé d’enfin franchir le pas : il allait adopter un chien. Il vivait seul et si cette solitude ne l’avait pas dérangé depuis qu’il était arrivé ici, elle commençait de plus en plus à lui peser. C’est que trois ans ça commençait quand même faire à long. Il ne savait pas trop ce qu’il voulait comme genre de chien. Il supposait qu’il verrait au feeling, s’il avait un coup de cœur au moment de l’adoption ou pas… Mais un peu de compagnie ne pourrait pas lui faire de mal et il avait toujours aimé les chiens. Sa mère, allergique, n’avait jamais accepté qu’ils en adoptent un quand ils étaient plus jeune, et ça avait été le même cinéma à l’époque où il était marié avec Isabela qui avait toujours refusé qu’ils en aient un aussi. A présent, il n’y avait plus rien qui l’en empêchait. Plusieurs fois, alors qu’il rentrait du travail, il avait repéré un refuge non loin de son immeuble, dans son quartier. Il n’y avait encore jamais mis les pieds mais vu du dehors, il s’était toujours dit que ce devait être un bon endroit, bien tenu et qu’on lui aurait sans doute conseillé s’il avait demandé à quelqu’un. Il ne mit pas bien longtemps à rejoindre le refuge à pieds. Il n’était pas tellement pressé en même temps… Il ne travaillait pas aujourd’hui et il avait tout le temps de choisir son futur compagnon. Quand il entra, il ne vit personne. Poli, il tenta tout de même un : « Bonjour ! » Même s’il ne savait pas si que ce soit l’entendrait. Pour patienter, et parce qu’il devait bien commencer à faire le tour pour prendre une decision rapidemment, il alla directement voir les chiens. Il y en avait tellement ! Il tenta d’en caresser certains, se laissa lecher le bout du nez par d’autres… Son tour finit, il n’avait toujours vu personne apparaitre… Du coup il se dirigea à nouveau vers l’entrée pour verifier qu’il n’était pas seul mais il aurait peut-être dû s’abstenir : à peine fut-il arrive qu’il sentit une grosse masse lui tomber dessus et qu’il se retrouva au sol. Il sentit ensuite une vive douleur et se recroquvilla comme il le put pour se protèger un maximum. Seulement, il sentait les crocs de l’animal s’enfoncer dans sa chair.

Joaquin voulait adopter un chien. Il avait décidé qu’il en avait marre d’être et qu’un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. A choisir, il préférait la compagnie des animaux, c’était beaucoup plus simple et bien moins prise de tête… Vraiment, il y avait peu d’êtres humains qu’il arrivait à supporter ces derniers temps mais il fallait une fin à tout et il était plus que temps que sa solitude prenne fin. Il avait repéré alors qu’il passait devant en rentrant du boulot tous les soirs, un refuge pour animaux en bas de sa rue. Ça lui avait semblé être une bonne idée, déjà parce qu’il n’aurait à prendre ni le métro ni le taxi mais ensuite parce que les animaux dans les refuges avaient plus besoin que ceux dans les animaleries selon lui. S’ils se trouvaient c’est qu’ils n’avaient pas eu une vie très agréable et il voulait s’efforcer d’apporter un peu de réconfort à son futur compagnon.

A sa grande surprise, le refuge était vide quand il y arriva. Il avait bien tenté d’appeler pour voir s’il y avait quelqu’un mais il n’avait obtenu aucune réponse alors il s’était contenté de faire le tour du propriétaire pour déjà avoir un premier contact avec les animaux, jugeant qu’il était inutile de perdre du temps à attendre que quelqu’un ne veuille s’occuper de lui. Surtout qu’il aurait sans doute du mal à se décider donc plus il avait de temps, mieux c’était. Il était sûr de vouloir un chien cela dit. Les chats étaient bien moins affectueux et il refusait d’avoir un animal qui allait en cage ou quoi. Par contre il n’avait aucune idée de quel genre de chien il voulait… Sans doute un gros chien… Mais après… Il espérait avoir un coup de cœur et tout de suite savoir quel animal serait fait pour lui.

Au bout d’un moment, quand il eut fini son tour, il revint vers l’entrée pour voir s’il y avait du nouveau du côté du gérant ou peu importe comment son poste était défini. Soit. Il était revenu à l’acceuil et s’était à nouveau exprimé pour manifester sa présence sauf que ce n’était pas un être humain qui était apparu mais bien un chien. Un chien qui avait foncé droit sur lui et l’avait fait tomber au sol avant de finalement se mettre à le mordre un peu partout. Joaquin s’était recroquevillé pour se protéger le plus possible mais son bras gauche avait tout pris et il souffrait comme jamais il n’avait souffert jusqu’ici. Heureusement pour lui, son calvaire ne dura pas plus longtemps puisque le gérant s’était enfin manifesté et avait éloigné le chien. « Vous allez bien ? Je suis désolé, le bruit l’a surprise. Mais ne vous en prenez pas à elle s’il vous plaît. Elle n’y est pour rien dans l’histoire. » Un peu sonné, Joaquin dut attendre quelques secondes avant de pouvoir lui répondre. « Bien ce n’est pas vraiment le mot… » Il tenta de se redresser tant bien que mal et regarda à nouveau le jeune homme en face de lui. “Attaquer” le chien n’était pas sa priorité là, il voulait plutôt qu’on le soigne. « Je… Est-ce que vous pourriez me donner quelque chose pour la douleur ? Ou appeler une ambulance ? Cette chienne est le cadet de mes soucis pour le moment… » Il n’était pas un monstre, il était capable de comprendre que si elle s’était retrouvée là c’était bien pour une raison, mais il aurait quand même dû être capable de la maitriser. « Qu’est-ce ça donne ? Mon bras ? »Il avait peur de regarder parce qu’il allait encore plus tourner de l’oeil, mais vu la douleur qu’il ressentait il s’imaginait que ce n’était pas joli-joli.