Il ne faut pas croire, Aaron avait pleinement conscience du terme « journée de labeur ». Voilà pourquoi, une fois de retour à son bel appart’ payé par ses nombreuses escroqueries ainsi que ses trophées en Poker, il n’hésita pas à se dessaper entièrement, ôtant chemise, chaussures, chaussettes, pantalon, ne conservant que son boxer et le catogan qu’il avait formé avec ses cheveux pour mieux choir sur le canapé en poussant un délicieux soupir. « Bienvenue à moi » se murmura-t-il avant de n’éclater de rire de satisfaction : aujourd’hui plus que jamais, il avait fait enrager son frère aîné Daryl au-delà des mots en engageant sa fiancée pour être son avocate. Oh Maggie n’avait pas rechigné à la tâche, ayant l’habitude de faire affaire avec des escrocs de sa trempe et puis merde, rien que pour faire péter une durite à son frère, il voulait bien considérer l’américaine comme part intégrante de sa famille. Hélas, son petit goût de victoire fut de courte durée puisque bientôt, il entendit quelqu’un frapper à la porte. Aussitôt, ses sens se mirent en alerte maximale, le poussant à se diriger à pas de loup jusqu’à la porte pour mieux voir de qui il pouvait bien s’agir… Merde ! C’était cette nénette française qu’il avait arnaquée l’autre jour mais la faute à qui ? Elle n’avait pas cessé de le bassiner avec son frangin alors forcément, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Et pourtant, alors qu’en théorie Aaron n’ouvrait pas aux « inconnus », il commit l’extraordinaire idiotie de le faire pour elle… « On t’a jamais appris à attendre qu’on t’invite à entrer, gamine ? La politesse se perd de nos jours décidément ! » fit-il d’un air presque fataliste en refermant soigneusement la porte.

Aaron, se réconcilier avec Daryl ? Plutôt crever la bouche ouverte en plein désert ! JA-MAIS. Lui vivant, il n’y avait aucun risque pour qu’une telle chose arrive un jour, c’était une certitude certaine. « Ca m’étonnerait que tu sois intéressée ne serait-ce qu’une seconde par mon bien-être, gamine. » L’américain n’était pas franchement aimable mais à sa décharge, à peine rentré qu’on lui collait cette nénette insupportable entre les pattes… oui, il avait décidé par principe qu’elle était insupportable, même s’il ne la connaissait pas franchement et qu’il s’en moquait comme de sa première chemise propre. « Rien à flanquer de tes excuses, tu es chez moi alors je te présente pas la sortie, tu sais par où elle est, te prends pas la porte dans la gueule ça risquerait d’être douloureux ! » Aaron croisa les bras contre son torse après avoir fait un grand geste pour lui pointer la porte du doigt, espérant vainement que Calliopée ait la sagesse de virer son cul de son appartement si bien agencé et dans lequel il voulait se caler pépère, sans la présence de personne. « Tu as été à l’origine de ta propre arnaque ma belle, si tu ne m’avais pas fait chier avec Daryl, je ne t’aurais rien fait, au départ ce n’était pas mon but. Mais voilà, il a fallut que tu veuilles jouer les mères Theresa et crois-moi, ce genre de conneries c’est vraiment pas mon trip. Contente, tu as eu ton explication ? Maintenant si tu veux des excuses je te suggère d’attendre mille ans, la porte c’est toujours par là ! Bon vent ! » maugréa-t-il tout en se dirigeant vers son mini bar histoire d’en extirper une bouteille d’un excellent whisky. Ca ne risquait pas d’être de trop…

Aaron n’avait de cesse de soupirer depuis de longues minutes, se retenant à grande peine d’être cruel et rabaissant juste dans le but de la virer de façon définitive et sans appel de son appartement. Décidément, quand cette nénette avait une idée dans la tête, elle ne l’avait pas dans les doigts de pied, tant et si bien qu’il ne pouvait que facilement imaginer pourquoi Daryl l’appréciait… ils étaient pareils. Bons samaritains sur le retour, à faire style d’aider autrui pour se trouver un but dans la vie mais avec l’américain, ça ne prenait pas. La gentillesse, l’altruisme… bah, ce ne sont que des phénomènes de mode ou de société, rien n’est vrai. L’imperfection humaine même rend les gens égoïstes, et plus tôt elle aurait comprit ça, plus tôt elle lui lâcherait la grappe. « Ouais, ouais, ravi pour toi, je peux savoir ce que tu veux que ça me foute ? Chacun sa life ! » maugréa-t-il au sommet de sa mauvaise humeur, se demandant si elle était suffisamment garce pour porter plainte si jamais il la soulevait par le col pour mieux la dégager par la force. Oh il ne la frapperait pas, il n’était pas du genre à se rabaisser à ce genre de conneries mais tout de même… en l’occurrence la virer avec pertes et fracas était tentant, mais tentant ! Ceci étant, pour l’instant il mimait le fait de jouer du violon, preuve qu’elle pouvait bien essayer tout et n’importe quoi pour le faire pleurer dans les chaumières, ça ne marcherait pas. Il ne savait que trop bien ce que c’était que d’être dans la merde. « Bah si tu n’en n’as pas besoin, tu n’as qu’à rembourser toi-même après tout ! Mais miss je sais tout je te signale que je suis quelqu’un de renseigné, et que l’argent prit a été donné à qui de droit. Faut juste faire une mise à jour de tes infos ! Contente ? Alors maintenant dégage ou c’est moi qui le faire et crois-moi, tu risques de ne pas aimer. » Escroc, oui. Égoïste et enfoiré prêt à se jouer du malheur des plus démunis, certainement pas, autant éviter de se lancer dans un sujet disons malencontreux.

« Bien, tu t’intéresses à mon bien-être, follement heureux de l’apprendre ! » Il ne fallait pas lui en vouloir. Aaron préférait toujours frapper le premier pour n’être jamais déçu par qui que ce soit. Mais cela ne faisait pas de lui un enfoiré de première, tant et si bien que lorsqu’il entendit Calliopée se lancer dans un monologue interminable, il soupira à plusieurs reprises en tentant de se contrôler pour ne pas lui demander purement et simplement de se la fermer. Non seulement elle ne savait pas du tout à qui elle avait à faire, mais en prime elle le considérait comme un salopard… parfait, il avait gagné sa journée avec ça ! « Et bien je te suggère de filer chez l’ophtalmo et de changer de lunettes parce que tes comptes ont été renfloués, alors maintenant soit tu vérifies mieux tes infos et tu stoppes ta petite diatribe inutile, soit je t’éjecte purement et simplement de chez moi parce que là, à part agrandi mon mal de crâne, tu fais rien d’autre que de brasser de l’air ! » grogna-t-il, déjà épuisé à force de côtoyer cette nénette insipide. Non mais c’est vrai, depuis quand il se laissait presque insulter par une petite jeune sans importance ? Daryl donnait vraiment dans la classe biberon, c’était impossible autrement ! M’enfin il avait toujours eu des goûts bizarres, pas pour rien qu’il avait rencontré sa future femme alors qu’elle n’avait même pas encore la majorité sexuelle… la pauvre, celle-ci s’était mise en tête de séduire ce rat de bibliothèque à seulement dix-sept ans aussi ! « C’est tout ce dont tu voulais me rebattre les oreilles ? Pas la peine de gaspiller davantage de ta précieuse énergie alors, la porte est toujours par là et j’ai toujours envie que tu te casses… si tu n’aimes pas ma façon de faire, prendre donc un ticket et va voir Daryl, il adôôôôre recevoir des plaintes qui me concernent ! »

« Forcément, si tu regardes tes comptes après que j’ai effectué la transaction, pas étonnant que tu viennes me briser les noix avec tes petits airs supérieurs… qu’est-ce que tu veux que ça me foute que ton grand-père soit analyste financier ou président de la République française, hein ? » poursuivit Aaron, agacé au-delà des mots de voir Calliopée s’asseoir contre SON canapé en toute impunité, avec l’intention manifeste de continuer à squatter son appartement jusqu’à ce qu’il n’ait une syncope. Pas con, il pourrait essayer de simuler la chose histoire de lui flanquer au moins une bonne frayeur, qui lui permettrait de payer l’affront qu’elle lui faisait subir actuellement… quelque chose disait à l’américain qu’il n’avait pas fini de se coltiner la classe biberon au sein de SON appartement chéri. « Mais oui, Mademoiselle je sais tout est tellement persuadée d’avoir toutes les cartes en main et de tellement bien me connaître qu’elle sait direct ce qui chie entre Daryl et moi ! » se moqua-t-il sans l’ombre d’une gentillesse car elle venait d’évoquer un sujet qui lui hérissait ni plus ni moins le poil. La preuve, alors qu’Aaron était resté presque courtois jusqu’ici, son visage s’était subitement fermé et son regard était devenu brillant de colère. « Rien à cirer de ton jumeau, tu ne sais rien de ma vie alors dégage ou c’est moi qui vais le faire à coups de pompe dans le cul dans très exactement une minute montre en main. » L’américain aux yeux d’un bleu puissant n’était pas le seul fautif dans ce désastre insupportable. Daryl avait toujours privilégié Caleb, abandonnant littéralement son autre frère… à seize ans, Aaron avait donc mis les voiles.

Mais c’est qu’elle avait acheté des actions chez UHU au passage, la bougresse ! Aaron n’avait de cesse de lever les yeux au ciel dès qu’elle ouvrait la bouche mais là, rien que le fait de la voir assise sur SON fauteuil à polluer SON précieux air lui faisait voir rouge, littéralement. Calliopée était plus têtue que la plupart des femmes qu’il côtoyait habituellement et ce n’était pas le meilleur choix pour ses nerfs à vrai dire. L’américain avait follement envie de la virer à grands coups de pompe dans le cul mais punaise comme il se la figurait, elle lui ferait payer de la pire des manières aussi, il se retenait comme le bon petit soldat qu’il savait si bien être parfois. « Mais tu peux me dire ce que ça peut te foutre qu’on soit pas potes avec Daryl, gamine ?! Il ne fait même pas partie de ta famille, alors zappe et hausse nonchalamment les épaules en y repensant… je fais toujours ça » rétorqua-t-il, peu disposé à lui offrir ce qu’elle attendait avant de ne tout simplement lui rire au nez alors qu’elle le menaçait littéralement de le livrer aux autorités. « Tu ne manques pas de cran la miss, mais tu peux me dire quelles preuves tu as ? C’est bien beau de proférer de telles menaces, mais devant un juge, tu serais raillée, car c’est ta parole contre la mienne et que tu sois une fille de, ils s’en tapent dans la justice. Tu peux très bien être noble et être DE corvée DE chiottes DEvant la caserne DE très bonne heure, tu saisis ? Je me tape que tu veuilles faire une bonne action pour mister propret premier du nom, j’ai déjà essayé de lui causer en ramenant sa femme chez lui en tout bien tout honneur et c’est limite s’il ne m’a pas foutu son poing dans la tronche, alors perso quand on me frappe, je tend pas l’autre joue, y’a pas marqué « maso » non plus ! Contente ? »