Le surf. Sport extrêmement dangereux, à n’en point douter, et réflexion faite, Noah ne savait pas s’il s’agissait de l’idée du siècle mais il avait envie de retenter l’expérience. Quelque chose lui disait qu’il existait au moins une personne dans la belle ville de New York qui serait sûrement d’accord avec sa décision en la matière, d’ailleurs. « Tetuani ouuuuvre je sais que t’es là j’me suis renseigné auprès de ta secrétaire ! » grogna Noah alors qu’il tambourinait à moitié à la porte de l’appartement de Miteki, sans douceur aucune, bien qu’il ait attendu midi pour être sûr qu’il ne la réveillerait pas. Il savait par expérience que la demoiselle ne mettrait pas plus de quelques minutes avant que la curiosité ne la pique au vif, puisqu’elle connaissait l’italien et qu’il avait oublié de venir simplement frapper chez les gens par pure courtoisie. C’était même tout l’inverse : il ne se déplaçait pas pour rien, qu’on se le dise ! « J’ai chipé la Porsche de mon paternel, deux surfs et direction Los Angeles pour deux jours. Ce n’est évidemment pas négociable parce que tu sais comme je suis rancunier quand on me dit non ! » Après tout, s’il prenait la peine de venir la trouver pour retenter un sport pour lequel il ne s’estimait pas doué, il valait mieux lui dire oui direct !

« Ouais je le sais et alors ? Tetuani, c’est bien aussi ! » lâcha Noah avec insolence, sans pour autant oublier ce petit sourire lui donnant ni plus ni moins une tête à connerie. Bah, Miteki y était habituée avec le temps, et ne s’en n’était jamais plainte car contrairement au comportement de l’italien avec les autres femmes, il n’était ni insultant ni irrespectueux. Autant dire qu’elle pouvait se considérer comme une VIP ! « Ouais, ouais… on m’a sorti un truc du style : mais Monsieur Petrelli, nous sommes en pleine semaine, vous ne pouvez pas faire un road trip jusqu’à la place la plus proche… Tututu pas de mauvaises excuses ! Change-toi et ramène ta fraise illico presto ! » Noah l’attendit à l’entrée de son appartement, presque sagement – sans pour autant arrêter de scruter vaguement les recoins de son antre par pure curiosité. Autant dire qu’il esquissa un sourire moqueur sitôt qu’il entendit l’imitation de la demoiselle, se devant d’admettre qu’elle s’y prenait particulièrement bien pour imiter Petrelli père. « Ouais bah il en a quinze mille des bagnoles, il va même pas remarquer qu’elle manque ! Allez, en voiture Simone ! A non toi c’est Tetuani… » Noah l’attendit lorsqu’elle ferma soigneusement sa porte à clef, la conduisant jusqu’à la Porsche qu’il avait garée comme un chancre juste devant l’immeuble de la jeune femme. Bah, il n’était pas habitué à faire les choses dans les règles, ce n’était pas aujourd’hui que cela changerait ! « C’est parti mon kiki ! » lança-t-il à la volée une fois installé, ceinture de sécurité mise et moteur mis en marche. « Prête Tetuani ? » Il serait dit qu’il ne parviendrait jamais à l’appeler par son prénom, chose qui rendrait bien trop personnelle leur relation actuelle.

« Hey j’ai dis que je t’appelais Tetuani pas que tu avais le droit de me copier !! » grogna-t-il car sa connerie avait une sorte de copyright, c’était presque marqué dans la convention de Genève et aller contre s’avérait être un véritable crime contre l’humanité. Oui, oui, rien que ça !! Mais Noah eut bien d’autres choses en tête par la suite car Miteki semblait d’humeur joueuse – un peu comme lui bien que ce soit extrêmement bien caché le concernant – et n’hésita pas à lui sortir deux blagues de suite qui lui arrachèrent une expression quasi désespérée. Elle ne pouvait pas oser un humour pareil et oser croire qu’il allait s’esclaffer ! « Merde Tetuani, on en a pendu pour moins que ça, t’es au courant ?! Ca devrait être interdit un tel humour de chiotte ! » Certes, l’italien n’utilisait que rarement des mots sympathiques en l’encontre de son actuel acolyte mais d’un autre côté, elle était bien la seule à pouvoir se vanter que le fils Petrelli ne l’emmène se faire une virée en surf sur la plage. D’autres auraient tué pour être à la place de la demoiselle, pour sûr ! « Bah j’attends plus que toi plutôt ! Allez, ramène tes fesses que je démarre ! » soupira-t-il avant de ne monter, placer sa ceinture de sécurité et démarrer. « Tu peux choisir quoi mettre comme musique mais attention : si tu fais un mauvais choix, tu vas au surf en stop ! »

« Tu veux dire que tu n’as pas ma classe internationale ! » fanfaronna Noah sans hésiter une seconde, tout en lui tirant la langue tel le grand gamin qu’il savait si bien être quand il s’y mettait. « Hey je n’ai pas dit que je ne comprenais pas ! Ou alors si, je ne comprends pas comment on peut user d’un tel humour mais tu as mis le doigt dessus : je suis italien donc avec un standing à respecter ! » Miteki était sûrement la seule femme qu’il connaissait et qui passait outre tous ses petits travers… à commencer par sa moquerie parfois blessantes, ses TOC et autres choseries du genre. « Mon humour c’est le meilleur, y’a pas mieux ! Tu veux que j’te donne des cours ? » renchérit-il aussitôt car il ne fallait jamais lui en promettre à lui. Noah savait saisir toute opportunité lorsqu’elle se présentait ou ignorer superbement celles qui avaient le malheur de ne pas l’intéresser. « Hum… ouais ! A nouveau t’as mis le doigt dessus : disons que t’as le choix entre hard-rock, rock tout court, métal ou… enfin tu vois quoi. Je ne t’avais pas dit que le siège sur lequel tu es assise était éjectable ? Bigre, oubli de ma part, désolé ! Trop tard pour toi, j’ai déjà démarré et je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin… »

« Ah ouais, tu crois ça ! On a toujours besoin de cours d’humour, enfin moi excepté puisque je suis l’humour personnifié… » Et surtout un grand couillon mais ça, nul doute que Noah ne le dirait jamais à voix haute, sa fierté et son égo n’y survivraient jamais ! « Comment ça t’en as pris un autre ? » demanda subitement l’italien en fronçant les sourcils, craignant d’avoir compris sa phrase de travers. Pitié, si elle lui sortait un CD de musique qu’il ne supportait pas, il jurait de la débarquer illico presto quitte à la choper par les pieds. Hors de question que qui que ce soit ne pollue l’atmosphère sonore de la Porsche de son père alors qu’il conduisait l’engin de main de maître. « T’as fini de râler ? T’es pire qu’un mec ma parole !! Je conduis très bien et t’es même pas secouée, fais pas ta mijaurée tu me feras plaisir ! » Disons qu’il avait une fâcheuse tendance à aimer la vitesse mais cela ne l’empêchait pas pour autant d’avoir une conduite sûre et de respecter plutôt bien le code de la route. Du moins autant qu’il le pouvait ! « Tu es devenue frileuse depuis quand toi ? D’ordinaire, quelqu’un qui aime le surf aime toutes les sensations fortes ! »

« Comme ça fou ? Je ne suis pas fou, ma mère m’a déjà testé ! » grogna-t-il car dieu sait combien Noah détestait ce terme. Cela ne faisait que le ramener à la tristesse de sa condition mentale, bien qu’elle soit méconnue du grand public : en plus de savoir très bien comment se comporter tel un salopard fini égoïste de surcroît, l’italien souffrait malheureusement de lourds tocs qu’il ne parvenait absolument pas à corriger. Avec le temps, il avait abandonné toutes les thérapies pourries auxquelles ses parents et autres professeurs avaient voulu le soumettre pour endurer fièrement son mal sans se plaindre… ou presque, bien que le fait d’être traité de fou, même de façon humoristique, lui déplaisait au plus haut point. « Je confirme Tetuani, t’as vraiment un humour de chiotte c’est une catastrophe ! » répliqua-t-il aussitôt car Noah n’était pas homme à se laisser marcher sur les pieds, surtout par une femme. Macho ? Oh si peu ! « Oh au pire t’aura une bosse et tu vas me faire chier pendant des heures pour avoir un bisou magique ! De toute façon je ne vais pas te plaindre, tu vas te foutre de ma gueule non stop une fois qu’on sera en mode surf… mais dis-toi une chose : je vais peut-être me boire la tasse je sais pas combien de fois, mais au moins, on sera les plus sexy sur la plage ! Alors en attendant t’endure ma façon de conduire et puis c’est tout !! »

« Mais ma parole on t’a jamais causé du second degré ?? Tu devrais essayer des fois, ça relaxe et surtout ça évite de polluer mes oreilles avec des questions débiles… laisse ma mère où elle est que je n’ai pas à incorporer de mon côté la tienne dans la conversation ! » Noah haussa les sourcils devant cette idiotie dont Miteki faisait preuve… c’était d’autant plus choquant parce qu’il la savait très intelligente, et qu’elle ne faisait donc que cela pour l’emmerder. Somme toute, c’était on ne peut plus réussi, il devait bien admettre la chose. « Manipulatrice ! » grogna-t-il tout en s’arrêtant à un feu rouge pour examiner le front de la demoiselle de plus près, déposant un « bisou magique » plus pour la forme qu’autre chose, vu qu’il ne voyait ni ne sentait pas l’ombre d’une bosse contre sa peau. « Emmerdeuse va ! Maintenant que tu l’as eu ton bisou, tu vas me lâcher la grappe avec ? Non parce que ce sont pas les vendanges, au risque de t’apprendre un truc ! » Noah esquissa cependant un sourire presque moqueur alors qu’elle lui faisait croire qu’il n’était pas sexy. Bah, il se trouvait sexy, c’était le principal, il ne l’était pas pour les autres, après tout ! « J’ai eu mon permis du premier coup et sans faire de fautes au code alors je te merde hein ! »

« Je ne m’énerve pas j’explique, grosse nuance ! » rétorqua-t-il du tac au tac sans l’ombre d’une hésitation, et en prime en haussant à nouveau les épaules. « Tu m’as déjà vu en rogne pourtant, tu sais très bien que c’est mille fois plus homérique que ça ! » A ceci près que chaque phrase prononcée par Miteki semblait avoir un but précis… quelle manipulatrice celle-là alors ! Sans être foncièrement étonnée, Noah lui lança un regard à demi désespéré une fois arrêté à un nouveau feu rouge, pour qu’elle n’aille surtout pas dire qu’il n’était rien d’autre qu’un écervelé ne maîtrisant aucunement sa conduite. « Tu penses sincèrement que je vais te donner un autre de mes bisous magiques de compet ? Ca se mérite ça Tetuani ! Ils sont faits pour les blessures de guerre, les vraies ! Tu as eu un aperçu, mais je resterai ferme désormais ! » lâcha-t-il tout en bombant le torse, faisant de son discours un véritable laïus quasi militaire. Une chance vraiment que Miteki soit à peu près appréciée par Noah, sans quoi il aurait violemment freiné la seconde d’après juste pour qu’elle ne se paye une véritable bosse ! « Ouais tu l’as bien conjugué, preuve que tu l’as compris rapidement, bravo, tes neurones fonctionnent encore, et si je n’avais pas les mains sur le volant, j’applaudirais ! Et pour te répondre si j’étais vexé, je crois que tu serais la première au courant non ? »

« Heu d’habitude on dit mémé pas pépé, chérie… et puis y’a les orties ou la lave en fusion, au choix ! » précisa-t-il, histoire comme d’habitude d’avoir le point final alors qu’elle avait eu précédemment le dernier mot sur le sujet. « J’ai déjà été en colère lors de mon premier cours de surf parce que tu t’éclatais à me faire voir la tasse, espèce de vieille harpie ! » ironisa-t-il car ce moment était déjà bien loin et qu’il est vrai qu’il ne s’était plus mis en rogne depuis. Pas même une seule fois. A croire que Miteki ait définitivement un effet apaisant sur sa personne, chose extrêmement rare pour un nerveux dans son genre. « Vieille harpie, bien ce que je dis, parce qu’en plus tu me fais du chantage ! C’est HONTEUX ! » menaça-t-il alors qu’il n’en pensait pas un mot et qu’effectivement, elle lui avait donné avec son cours de surf gratuit. Le pauvre Noah était tellement rouillé que ça en faisait presque pitié… « Je veux un cours de surf gratuit et autre chose… bah quoi ? On parle de mes bisous magiques, c’est pas rien j’te signale !! Ceci dit j’ai un très bon QI aussi, et je suis pas blond. CQFD j’ai envie de dire ! »

« Merci de me faire comprendre que je suis couillon ! » rétorqua-t-il sans douceur puisque Miteki avait définitivement décidé de le prendre pour le dernier des idiots… du moins en apparence, car il était plus qu’évident que Noah n’en prenait pas pour se faire mal non plus. Le jour où quelqu’un le blesserait sincèrement n’était pas venu, loin s’en faut même. « L’équilibre n’est absolument pas le même, rien que par le fait que le trapèze est dans les airs et le surf contre une déferlante la plupart du temps. La pression, la tenue du corps… même les réflexes à adopter ne sont pas du tout similaires. Tu le savais et pas moi, il fallait bien que je me pète la gueule un certain nombre de fois avant que ça ne rentre, comme d’habitude. Mais il n’en demeure pas moins que tu t’es marrée ! » reprit-il, incapable de passer outre. Noah avait beau apprécier Miteki, il n’empêche qu’il n’oubliait jamais une moquerie, c’était impossible à ses yeux. « Ah ouais, tu promets de ne plus te moquer ? Promesse d’ivrogne ça ! Exceptionnellement je fais un deal avec toi, mais si tu te moques… c’est moi qui te fais boire la tasse ! » répliqua-t-il avant d’attendre de n’être à un nouveau feu rouge pour embrasser cette fois sa joue, histoire de changer, surtout qu’il savait que la tahitienne ne portait pas l’ombre d’une bosse sur son front. « Sympathique, hein ? Tu t’es vraiment cognée fort pour me faire autant de compliment d’un coup ! »

« Ca va je déconne ! Détends-toi ! » Noah n’était pas d’une autre humeur que taquine aujourd’hui mais ça Miteki avait dû le sentir : dans le cas contraire, il ne se serait pas lancé dans une joute verbale et aurait tout bêtement soit zappé ce que lui disait son interlocutrice, soit aboyé nettement plus fort et cruellement. Il était passé expert en la matière, il ne fallait guère l’oublier au bout du compte. « Mouais, je fanfaronnerai en disant que j’y arrive une fois que je serai effectivement sur ma planche, à pouvoir bisouter la vague sans boire la tasse comme un débutant ! » s’avança-t-il avec prudence avant de n’éclater de rire face à sa phrase. « Pourquoi, t’as l’intention de te noyer exprès ? » ne put-il s’empêcher de la provoquer avant que le sérieux de Miteki ne le frappe de plein fouet et ne lui fasse par conséquent froncer les sourcils. Merde, qu’est-ce qu’elle avait encore ?? « Heu si tu essayes de passer un message je comprends rien à ta tchoutchouka là, va falloir être plus claire si tu veux que je panne quelque chose au film ! »

« Mais je souris et je ris ! Souvent c’est très intérieur mais t’as qu’à être moins aveugle aussi ! » lui lança-t-il avant de ne faire un sourire extrêmement exagéré juste pour qu’elle arrête de lui sortir des âneries pareilles. Noah n’était pas quelqu’un de foncièrement souriant, il n’y pouvait rien hélas. Mais d’un autre côté, cela ne voulait certes pas dire qu’elle ne saurait jamais à quoi s’en tenir avec lui, bien au contraire : il restait quelqu’un de foncièrement franc et direct, quitte à sacrifier ses potentiels sourires dans l’affaire. « Heu… c’est un piège ? Non parce que je m’attends à tout avec toi, y compris à ce que tu me sortes la connerie de l’année, pour laquelle je vais devoir sortir mon air désespéré et qui va te faire répliquer que je suis aussi souriant que quelqu’un qui vient de se brûler la main ! J’ai le droit de donner ma langue au chat ? » fit-il en haussant les épaules peu amateur des devinettes devant l’éternel à vrai dire. « Ca va je roule ! C’est pas vrai celle-là, quand je blinde elle se plaint, et quand je fais attention à ce qu’elle dit, elle se plaint aussi ! Jamais contente Tetuani !! »

« Ouais bah offre-moi un rendez-vous chez l’ophtalmo et on en recause, en attendant t’en as trop dit ou pas assez je te signale quand même ! » maugréa-t-il aussitôt, soupirant d’un même temps alors que Miteki avait toujours cette fâcheuse manie d’avouer quelque chose mais à demi mot seulement. Une façon d’être qui horripilait l’italien à vrai dire, qui préférait mille fois la bonne vieille franchise de derrière les fagots car celle-ci s’avérait mille fois plus efficace. « Ah les bonnes femmes putain ! » s’exclama-t-il par la suite, reprenant sa conduite comme si de rien n’était non sans jeter plusieurs petites œillades à l’attention de son interlocutrice. « Tu gères la fougère sur une planche de surf, y’a rien à redire, mais sinon t’es une foutue emmerdeuse, t’es au courant au moins ? Bien sûr que t’es au courant, t’es même la première à le savoir à vrai dire ! » Noah haussa les épaules, ne s’offusquant absolument pas de la chose car il était certain qu’elle finirait par avouer ce truc inavouable lorsqu’elle en aurait marre qu’il fasse le grand indifférent devant l’éternel, chose qu’il allait continuer d’être juste pour l’emmerder encore un peu plus. « La dernière blague, merci je l’avais comprise ! Qui est aveugle maintenant ? »