Depuis sa dernière conversation avec Matthew, Lulani n’était plus vraiment la même. Beaucoup de choses lui traversaient l’esprit et, parmi cette longue liste de soucis quotidiens, se trouvait justement le mariage suspicieux de Kina Vryzakis qui expliquait sa présence sur l’archipel d’Hawaï. Lorsqu’ils avaient survolé en avion cette île qu’elle n’avait jamais visitée, la philippine n’avait pu s’empêcher de constater quelques petites similitudes avec son pays natal et de le trouver aussi magnifique que celui-ci, cependant une partie d’elle se disait que tout ceci n’était que poudre aux yeux. Elle s’évertuait (difficilement) à faire bonne figure, mais en plus d’être déçue d’assister à un possible faux mariage, de revoir Francis et d’être sans ses enfants, Lula avait également dépensé une somme assez conséquente pour le billet d’avion que l’avait conduite jusque ici. Le voyage s’était déroulé sans encombre et, même si tout ceci n’était pas de bon augure, la philippine fut ravie d’être attendue par la future mariée qui ne se fit pas priée pour la serrer dans ses bras et pour souligner également sa petite mine fatiguée contre laquelle Kina avait prévu tout un programme : hors de question que ses demoiselles d’honneur aient une petite mine le jour-J ! C’est ainsi que, dès le premier jour, la sœur de son ex-mari avait traîné sa meilleure amie pour une séance d’essayage et de retouche et l’avait présenté aux coiffeuses, esthéticiennes et masseurs qui s’occuperaient d’elles avant la cérémonie aux frais de la princesse. Lorsqu’elle fut enfin libre, Lula parvint à s’éclipser et trouva refuge sur la plage où elle loua une planche de surf pour renouer avec l’une de ses passions qui, contrairement au dessin, ne semblait pas l’avoir quitté. Le reste de la journée, elle le passa à jouer les touristes.

Le lendemain, la philippine passa entre les mains d’une esthéticienne et eut droit ensuite à une longue séance de détente qui, sans ses enfants, avait un goût amer. Elle culpabilisait de se trouver là, étendue sur une table à se faire masser par un parfait inconnu tandis que Walter veillait sur Toyiah et Mason. Lula, quant à elle, était réellement mal à l’aise et se disaient que ses enfants étaient sûrement les mieux lotis dans l’histoire. Certes, Hawaï était un Paradis sur Terre, mais toute cette mascarade ne présageait rien de bon. « Détendez-vous… » susurra la voix du masseur, l’incitant au lâcher prise. Il n’eut pas besoin d’insister. Lula se détendit, clôt les paupières et finit par s’assoupir. Lorsque le masseur la réveilla doucement, la philippine grommela puis grimaça. Elle était totalement déphasée ; victime d’un jet-lag supplémentaire entre le pays des rêves et la dure réalité. En jetant un coup d’œil à sa montre, la jeune femme ne put que constater son retard et s’engouffra aussitôt à l’intérieur de sa chambre de luxe pour se préparer au dîner de répétition.

Cela faisait bien longtemps que Lula n’avait pas pris le temps de s’occuper d’elle. Entre ses enfants, ses soucis financiers et son emploi du temps chargé, difficile de trouver du temps pour soi même si la jeune femme avait toujours été très naturelle autant mentalement que physiquement parlant. C’était un peu amusant de voir qu’une femme dont le métier – ou plutôt l’ancien métier – nécessitait patience et précision rechignait autant à se maquiller. Elle se contenta alors de souligner son doux regard d’une pointe de prune, d’appliquer un gloss fruité sur ses lèvres, de se recoiffer en essayant de respecter la coupe qu'un coiffeur missionné par Kina lui avait faite, et de choisir des bijoux assortis à l'une des robes que la future mariée avait choisi pour ses demoiselles d'honneur, mais même à grand renfort de contorsions, Lula n’arriva pas à la fermer. C’est à ce moment précis qu’on frappa à la porte de sa chambre. « Lula, t’es prête ? » la questionna son ex-mari, lui faisant prendre conscience qu’elle était peut-être un peu plus en retard qu’elle ne l’aurait cru. Elle commençait d’ailleurs à s’affoler et à tout renverser sur son passage. « Oui ! Non ! Pas tout à fait… » s’exclama-t-elle, espérant ainsi couvrir le raffut qu’elle faisait en courant partout à la recherche de ses chaussures et d’un moyen pour fermer sa robe. Finalement, Lula s’avoua vaincue. « Entre ! J’ai besoin de ton aide. » souffla-t-elle. Elle attrapa ses talons de la même teinte que sa robe et tenta de les mettre sans perdre l’équilibre ce qui s’avéra presque plus difficile que de se tenir sur une planche de surf et lorsque son regard se posa enfin sur Matthew, plus reposé, rasé et élégant, elle ne put s’empêcher de lui adresser un petit sourire gêné. « Je suis prête, mais c’est ma robe. Est-ce que tu peux m’aider à la fermer, s’il te plait ? » demanda-t-elle en lui tournant aussitôt le dos pour qu'il s'exécute et en plaquant ses cheveux sur le côté pour ne pas qu'il les accroche.

mouhahaha, le truc de la robe qui se ferme pas : un classique !
EDIT : OMG, je suis tombée sur ces nouveaux gifs de Kristin *ç* punaise, mais qu'est-ce qu'il attend Matt ? du coup, Lula change de tête ! :') et ça pour Matt, la tension fefuelle qu'il y a entre ces deux-là, quoi ! xD

Jusqu’à présent Lula avait su gérer son stress, mais plus le moment fatidique approchait et plus la jeune femme se sentait mal à l’aise. Ce n’était pas la présence de Matthew qui la rendait aussi nerveuse mais bel et bien celle de Francis – ou plutôt d’Elijah – son malfrat d’ex beau-frère qui avait orchestré le kidnapping de Toyiah quelques mois plus tôt en faisant de leurs vies un véritable enfer. Et ce n’était pas tout ! Lula allait être témoin d’un mariage qui, d’après Matthew, n’était qu’une vaste mascarade dont elle attendait la chute avec le souffle court. Si la philippine était présente aujourd’hui, c’était parce qu’elle ne pouvait se résoudre à abandonner sa meilleure amie le jour de son mariage. Sûrement pas après que, neuf années plus tôt, Kina se soit insurgée contre son père pour assister à l’union de Matthew & Lulani. Et puis, la jeune femme n’était pas sûre que l’américano-grecque soit au courant des antécédents de son futur époux. Kina lui avait semblé tellement épanouie lorsqu’elle lui avait rendu visite à New York pour lui annoncer la nouvelle ou encore lorsqu’elle était venue les accueillir à l’aéroport d’Honolulu alors, forcément, il fallait qu’elle soit présente. Mais ce qui l’angoissait le plus était sans nul doute la confrontation avec Francis ; il y a quelques mois encore, Lula pensait ne plus jamais le revoir et elle ne s’était pas attendue – encore moins préparée – à ce brusque revirement de situation. Elle n’avait pas réfléchi à ce qui se passerait une fois en face de lui et ne savait pas non plus comment Francis allait réagir en leur présence ; il était tellement insaisissable et imprévisible... Dans l’histoire, son seul allié se trouvait être son ex-mari qui était également le seul en qui Lula avait véritablement confiance ; elle savait qu’il était venu pour protéger sa sœur, mais surtout son ex-femme. « Voilà. » déclara finalement son ex-mari, l’obligeant à quitter le fil de ses pensées. Bien vite, la jeune femme remis ses cheveux en place et se tourna de nouveau vers lui pour le gratifier d’un sourire presque désolé, mais celui-ci s’effaça rapidement lorsqu’elle sentit le regard de Matthew s’attarder sur elle. Le souffle court, Lula n’osait plus bouger d’un millimètre. Elle attendait de connaître son verdict et se surprenait même à en avoir la boule au ventre. Inconsciemment et bien qu’ils soient divorcés depuis quelques années maintenant, la jeune femme espérait ne pas lui faire défaut. Son avis comptait plus que les autres parce qu’il avait été son premier et son plus grand amour, la seule personne à l’entrevoir telle qu’elle était réellement, qui lui avait fait cadeau de deux enfants formidables et qui, malgré les obstacles et son comportement versatile, tenait encore à elle au point de veiller constamment à sa sécurité. Lula n’était pas aveugle, elle savait parfaitement qu’il n’était pas à l’aise en sa présence, raison pour laquelle il l’avait évité ces dernières 24h presqu’autant qu’elle-même l’avait évité. Tandis qu’il la passait au crible, Lula eut l’impression d’être nue devant lui et se mit à déglutir nerveusement. « Tu es magnifique… » lui avoua-t-il enfin en lui souriant brièvement. Son cœur manqua un battement et elle ne put s’empêcher d’accueillir le compliment avec un petit sourire à fossettes tandis que le rouge lui montait aux joues. « Merci. Tu es très élégant toi aussi, ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu en costume… » répondit-elle maladroitement. C’était par politesse, certes, mais Lula le pensait vraiment. Pour elle, Matthew avait toujours été attirant et ce même avec sa petite mine des derniers jours, tout ce qu’il manquait chez lui, c’était son sourire. Son sourire avait disparu et la jeune femme ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même ; c’était en partie la barrière qu’elle dressait entre lui et leurs enfants qui le rendaient malheureux. Elle en avait conscience. Il le lui avait dit. « On y va ? » demanda-t-il en lui tendant son bras. Lula l’observa en faisant une petite moue. Elle songeait à tout ce qui l’attendait dans l’immense salle de réception et ça l’angoissait déjà. La philippine s’accrocha alors au regard de Matthew et, tout comme lui avant qu’il n’entre dans sa chambre, prit une profonde inspiration pour se donner du courage en acquiesçant un léger mouvement de tête censé lui donner un air déterminé. Elle avait voulu venir ici ? Il lui fallait maintenant assumer jusqu’au bout pour ne pas décevoir sa meilleure amie. « On y va. » sourit-elle avant d’enrouler son bras autour du sien.

La progression se fit dans un silence quasi-religieux. De temps en temps, Lula risquait une petite œillade pour tenter de discerner les pensées de Matthew, mais celui-ci était passé maître dans l’art de la maîtrise de soi. De son côté, la jeune femme commençait à être en proie à un stress grandissant. Ils arrivèrent rapidement à l’endroit où avait lieu le dîner de répétition et à peine eurent-ils mis un pied à l’intérieur de la salle de réception qu’ils furent alpaguer par une tornade blonde du nom de Kina. « Vous voilà ! Awwww, vous êtes trop mignons. » les titilla-t-elle avec malice. Lula ne put s’empêcher de rouler des yeux avant de la serrer dans ses bras, déposant un baiser sur sa joue. « Tu es superbe, boulette de riz. » murmura-t-elle avant de se décider enfin à la lâcher. Lula sourit en remarquant sa petite grimace ; elle avait toujours détesté ce surnom, mais pour la philippine, il représentait le début de leur si précieuse amitié et aussi un moyen de la taquiner autant qu’elle pouvait le faire avec ses petites insinuations visant à pousser Lula dans les bras de son frère, encore une fois... « Viens par là, toi ! » lança-t-elle avant d’étreindre son frère aîné et de l’embrasser sur la joue. « Il ne manque plus que Francis. Toujours en retard celui-là. » soupira la future mariée. Il était normal que Francis fasse partie des invités étant donné qu’il faisait partie de la fratrie Vryzakis alors qu’elle n’en faisait plus partie, mais elle ne comprenait pas comment Kina ou Arizona pouvaient le soutenir après tout ce qu’il avait pu faire. En tout cas, la simple évocation de son prénom avait suffit à la mettre dans tous ses états tant et si bien qu’elle soulagea un serveur d’une flûte de champagne. Du courage en bouteille, c’est tout ce qu’il lui fallait. En attendant, son regard s'était posé sur la fresque de photographies d'enfance des jeunes mariés et elle ne put s'empêcher de sourire en reconnaissant, de loin, celles où Kina & Lulani apparaissaient toutes les deux...

Spoiler:

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Lorsque Lula s’était éloignée de Francis, la pression était légèrement retombée. Et puis, il y avait eu l’intrusion de Julian à leur table et sa présence n’avait fait que renforcer son sentiment d’insécurité. Pourtant, elle n’en montrait rien. Bien au contraire, lorsque le futur marié engagea la conversation, Lula fut la seule à l’entretenir jusqu’à ce qu’il ne se décide enfin à y inclure Matthew. Il ne faisait aucun doute que Julian avait eu vent du caractère de chacun des invités et que l’américano-grec était à prendre avec des pincettes. Il se risqua tout de même à échanger quelques convenances avec lui, mais n’obtint pour réponses que de brèves et sèches paroles. « Je suis archéologue… Et oui, le grand frère protecteur, c’est moi. ». Interdite, la philippine jeta un coup d’œil à son ex-mari comme si c’était la première fois qu’elle le voyait aussi énervé. C’était un peu le cas. Matthew avait toujours fait en sorte de se contrôler en sa présence. Et puis, Lula avait toujours su l’apaiser que ce soit par un regard ou par un simple toucher, mais aujourd’hui, ils en étaient tous les deux au même point. « Si vous voulez bien nous excuser, je crois qu’on nous appelle là-bas. ». Intriguée, la philippine jeta un coup d’œil dans la direction opposée et distingua aussitôt la silhouette élancée de Kina se séparer de son petit frère qui ne s’obstina pas à la suivre. Elle comprit alors que son ex-mari voulait tenter une approche et après avoir échangé un regard entendu, la jeune femme se leva de sa chaise, adressa un bref sourire à Julian et le suivit à l’écart. « J’ai besoin de parler à Kina… » lui mumura-t-il, la faisant acquiescer d’un signe de tête. Lula le concevait parfaitement. Elle était même convaincue que le fait de crever l’abcès avec son frère aîné était la meilleure chose à faire. « C’est la première fois qu’elle est seule, et Francis n’a pas l’air de la suivre… Mais je peux pas te laisser ici, au milieu de… c’est un champ miné. » Reprit-il, torturé. Touchée de le savoir aussi protecteur envers elle, Lula pencha légèrement la tête sur le côté en esquissant d’un petit sourire et afficha une petite moue qui se voulait rassurante, puis acquiesça d’un nouveau signe de tête comme pour l’inciter à suivre son instinct. « J’apprécie ce que tu fais, ta présence me rassure plus que je ne l’aurais pensé, mais aujourd’hui, c’est Kina qui devrait être ta priorité. Ne t’occupes pas de moi, je ne suis pas en sucre et je suis parfaitement capable de survivre à cette foule pour quelques instants… » lui assura-t-elle, sans se défaire d’un sourire. Cependant, face à l’air peu convaincu de son ex-mari, Lula le poussa gentiment en direction de Kina. « Allez ! Va discuter avec ta sœur, c’est important. Si tu ne le fais pas, tu vas t’en vouloir, je te connais... Et si ça peut te rassurer, je vais… je ne sais pas moi ! Me repoudrer le nez, ou faire un autre truc de Barbie. » lança-t-elle avec entrain, espérant ainsi taire ses angoisses et lui arracher un micro-sourire par la même occasion. « Ils n’oseront tout de même pas me suivre dans les toilettes des dames, si ? » minauda-t-elle une dernière fois avant de tourner les talons, prête à s’éloigner sans lui avoir laissé le temps de protester ou de se torturer davantage.

Finalement, ça sera dans le suivant x)

Kina comprenait parfaitement que Matthew puisse se faire du souci pour elle. Elle allait épouser un homme au passé trouble et son frère aîné savait probablement mieux que quiconque de quoi ce genre d’individu était capable. En revanche, ce qu’il refusait d’admettre était que Julian avait changé. Il ne le connaissait pas du tout, mais se permettait quand bien même de le juger -et cette nuance agaçait profondément la jeune femme. Voilà pourquoi elle avait choisi de mettre cartes sur table dès le départ. De toute manière, cette discussion allait se solder par une dispute. Ils partageaient des avis fondamentalement opposés sur la question et aucun d’eux n’était prêt à admettre que l’autre disait la vérité. Dans ces conditions, à quoi bon jouer la carte des convenances ? Il lui apparaissait parfaitement inutile de tourner autour du pot. « Mais Kina, est-ce que tu sais au moins qui il est vraiment ? » Un léger rictus étira ses lèvres. Si son frère aîné se figurait qu’elle s’était laissé embobiner comme une débutante sans même se donner la peine de vérifier le background de son fiancé, il avait tout faux. Kina était peut-être une femme avec des attentes et des besoins, mais c’était avant tout un agent. Un parfait agent double, minutieuse, réfléchie, mais par-dessus tout : consciente de ses actes. Depuis qu’elle avait été engagée par Interpol, Kina n’avait jamais pris de décision inconsidérée. De même, elle avait longtemps résisté à Julian. En plus de s’en méfier comme de la peste, elle l’avait souvent mis à l’épreuve, mais celui-ci lui avait finalement prouvé qu’il était digne de sa confiance. Mais comment expliquer tout cela à Matthew sans compromettre sa couverture ? Même si elle était désormais au courant qu’il faisait partie de la CIA, elle ne pouvait pas lui parler de sa « double-vie » et encore moins de la manière dont elle avait rencontré son futur mari. « J'ai peur pour toi, et j'en ai totalement le droit. Je suis toujours ton frère, non ? » Elle leva les yeux au ciel. Bien sûr qu’il était toujours son frère, qu’allait-il chercher ? « Si Elijah l'est toujours après ce qu'il nous a fait, je vois pas pourquoi moi non... J'arrive juste pas à comprendre... » Cette fois, Kina le regarda avec l’incompréhension la plus totale. « Tu es injuste » se contenta-t-elle de répliquer. « Je n’ai jamais favorisé qui que ce soit et même si je ne cautionne pas ce qu’il vous a fait, j’estime que Francis, car c’est celui qu’il est pour moi, mérite autant mon amour que toi. La différence entre toi et lui, c’est que tu ne peux pas t’empêcher d’émettre des jugements sur mes choix. Mais ce n’est plus ton rôle Matthew… » Kina se mordit la lèvre, consciente qu’elle se montrait très maladroite. « Écoutes, je n’essaye pas de trouver des excuses à Elijah et je ne te reproche rien, car tu es un frère formidable et je t’aime c’est vrai, mais… tu dois bien admettre qu’il t’arrive d’être borné et… c’est en partie pour ça que je t’ai prévenu si tard à propos de mon mariage avec Julian. Car oui, au risque de passer pour une inconsciente, je sais d’où il vient et dans quoi il était impliqué. Mais il a changé ! Je sais que ça peut te paraître inconcevable, mais certaines personnes arrivent à changer Matthew. Ils ne sont pas tous comme Nikolas ! Alors sois gentil et arrête de reporter ta colère et tes frustrations sur l’homme que j’aime… Ce n’est pas notre père et il n’a strictement rien à voir avec l’enlèvement de Toyiah ! »

Kina s’était sans doute montrée un peu trop dure envers son frère aîné. Quand elle eut terminé son discours, elle réalisa son erreur, mais ne chercha pas à y remédier pour autant –consciente que c’était le seul moyen de lui faire entendre raison. Matthew avait besoin d’être bousculé. Dans une certaine mesure, il fallait qu’il soit remis à sa place et même si ça ne lui plaisait pas d’endosser ce rôle, la blondinette n’avait pas vraiment le choix. « It's not just me and my frustration, Kina... » maugréa-t-il, visiblement dépité. « C'est juste... Maman est toujours introuvable, je passe... mes jours et mes nuits à la chercher. Et je m'en veux, parce que j'ai été incapable de prévenir ça, et j'en veux à Francis pour les mêmes raisons, parce qu'il était proche de Papa & qu'il aurait dû faire quelque chose. Et toi... » Et elle quoi ? Qu’avait-il à lui reprocher ? Certes, son comportement n’avait pas toujours été exemplaire, mais ne s’était-elle pas efforcée de racheter ses fautes ? De balayer par sa bonne humeur et ses débordements d’affection les années que son statut d’agent l’avait contraint à passer loin des siens ? Kina avait toujours voulu contenter tout le monde. Elle s’était toujours considéré comme le ciment de cette famille et avait très mal vécu le fait de faillir à son rôle. Matthew releva alors les yeux vers elle et caressa ses cheveux. Ce geste fit sourire la jeune femme. Ça faisait bien longtemps maintenant qu’elle ne s’était pas sentie aussi proche de lui. Ces moments de tendresse, au même titre que ces instants privilégiés lui avaient beaucoup manqué. « If anything happened to you too... » L’américano-grecque serra la main du père de famille dans la sienne et lui adressa un regard qui se voulait rassurant. « Nothing will ever happen to me, do you hear me ?! » demanda-t-elle pour être sûre d’avoir capté son attention. « I know you’re not fan of the idea, but Julian’s here to protect me, and… I can take care of myself ! » Elle n’était plus la petite chose fragile qu’il avait connu. Bien qu’elle ne fût pas autorisée à lui parler de son véritable métier, elle aurait voulu qu’il se rende compte qu’elle avait changé. « Tu dois arrêter de te faire du souci pour nous et commencer à penser un peu à toi… » Matthew détourna le regard. « Je sais que tu as l’impression d’être en charge de cette famille et nous te serons éternellement reconnaissants pour tout ce que tu as fait pour nous, mais… tu as TA PROPRE famille Matthew. Tu as deux enfants géniaux et une ex-femme qui, quoi qu’elle puisse bien en dire, t’aimeras toujours comme au premier jour » Sur ce coup-là, la future mariée s’avançait peut-être un peu trop… « Ce que je veux dire, c’est que tu n’es pas responsable de tous les malheurs du clan Vryzakis et qu’il serait plus que temps que tu commences à vivre ta vie… »