C’est pas vrai mais bordel, ce chiot est possédé ce n’est pas possible autrement pensais-je avec agacement en mettant un pied dans mon dressing pour constater que l’irréparable avait été commis. Toutes mes chaussures hors de prix étaient pour le moins foutues sans compter qu’il avait joyeusement arrosé le sol car je venais de glisser sur une flaque de pisse pour mieux m’écrouler au sol dans un gémissement des plus douloureux. « Pôooooooo » hurlais-je énervé avant de me relever et de grimacer tant mes fringues puaient à présent. Génial, tout simplement génial ! J’adorais passer mes journées à nettoyer ses conneries. Excédé, je m’engouffrais dans ma salle de bain pour prendre une rapide douche et me changer –veillant cette fois-ci à l’endroit où je m’étais les pieds avant de partir à la recherche de Pô. Qui était Pô ? Un charmant chiot golden retriever âgé de deux ans que je venais d’adopter dans un refuge. Je ne savais toujours pas ce qui m’était arrivé pour me lancer dans l’adoption d’un clébard –peut-être mon intense solitude ; mais qu’importe car au final, les emmerdes avaient commencé ce jour-là. Un rapide tour de l’appartement m’informa qu’il se planquait derrière les rideaux, je levais les yeux en l’air. « Qu’est-ce que tu peux être con, je te signale que ton cul dépasse crétin de chien » grognais-je avec tendresse envers l’animal. D’ailleurs, cela me surprenait à la vitesse à laquelle je m’attachais à ce chien. Il était con comme un balai, froussard et destructeur comme pas possible mais je l’adorais. Mon appartement un peu moins car il commençait sérieusement à le dégrader. « Tu as gagné, tu vas aller voir ton psy pour animaux » soupirais-je en décrochant mon téléphone pour appeler mon assistante afin qu’elle décale tous mes rendez-vous de ce vendredi après-midi mais aussi qu’elle prenne en urgence, un autre rendez-vous, cette fois-ci avec un comportementaliste pour animaux. Cela urgeait alors tant pis la réunion avec mon cabinet pour décider des grandes lignes de mon projet politique. Et voilà comment quelques heures plus tard, je me retrouvais dans une salle d’attente, Pô couché à mes pieds, tentant de paraitre le plus anonyme possible. Heureusement pour moi, j’avais réussi à négocier avec mes gardes du corps pour qu’ils m’attentent en dehors du bâtiment sinon, je pouvais être sûr d’être dans la presse à scandale dès le lendemain. Ils me lâchaient plus depuis mon divorce que cela en devenait véritablement agaçant. 

 

La salle d’attente était pleine de grands-mères avec leurs chiens de poche si bien que je ne me sentais affreusement pas à ma place. Le seul homme, la trentaine avec son chien sur les genoux car il refusait de rester à mes pieds. « T’as la trouille de perdre ton service trois pièces ? Crétin ce n’est pas le véto, c’est ton psy » murmurais-je en flattant son crâne. De l’extérieur, on pourrait croire que je n’aimais pas mon chien mais c’était tout le contraire. J’adorais Pô juste que je n’étais pas un grand démonstratif devant l’éternel et que bien souvent, derrière mes phrases assassines ou mon amabilité défaillante, se cachait mon affection sincère. « Heureusement que t’es qu’un chiot de deux ans, tu pèses déjà une tonne sac à puces » râlais-je en continuant d’essayer de le rassurer –et d’éviter un coup de léchouille désagréable. C’est alors qu’une femme nous appela et je tournais la tête vers elle, retenant un sifflement « Putain je t’aime Pô » lâchais-je en voyant combien la demoiselle était des plus attirantes. Finalement, il pouvait continuer de pisser sur mes fringues et de bousiller mes chaussures car des psys aussi belles qu’elle, ça ne courrait certainement pas les rues. Autant dire que je n’avais jamais été aussi heureux que d’avoir un chien con comme un balai. « Bonjour » la saluais-je avec un léger sourire charmeur en trainant mon chien derrière moi. Ce qui m’amène ici ? Oh l’envie de l’inviter à dîner et pourquoi pas m’allonger dans son lit… Allez reprend toi Wolf ! « Un chien qui adore uriner sur mes affaires et qui passe son temps à détériorer mon appartement quand je vais au boulot. J’ai tout essayé mais rien ne marche » soupirais-je car dans le fond, j’espérais juste que Pô aille bien. C’était con, je n’étais pas le genre à m’inquiéter pour une tierce personne mais je l’avais adopté en un rien de temps pour dire ouf. « Du coup, vous êtes mon dernier espoir mademoiselle car je ne sais plus quoi faire : j’ai essayé la manière douce, de lui hurler dessus, rien ! » me lamentais-je car il était hors de question que de la frapper non plus. « Ah et j’ai essayé de me planquer dans l’armoire et de l’asperger d’eau avec un brumisateur pour le dissuader mais il a pris ça pour un jeu » me désespérais-je. Avec un peu de chance, elle me prendrait en pitié et déciderait pourquoi pas de venir me dresser au penthouse directement. Euh le dresser. LE.