Cora allait être en retard. Son travail l’absorbait tellement qu’elle n’avait pas vu l’heure et elle avait failli se faire avoir.  Le seul problème était que la circulation new yorkaise à cette heure était exécrable – en réalité elle l’était peu importe le moment de la journée – et le restaurant qu’avait choisi Vin n’était pas spécialement près. Elle allait faire son possible. La jeune femme se débrouillait toujours pour n’arriver en retard nulle part, elle estimait que faire attendre quelqu’un était très impoli et ne supportait pas vraiment qu’on la fasse attendre alors elle ne pouvait pas faire ça à son ami même si elle savait qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur. La jeune femme courut comme jamais elle n’avait couru dans le métro alors qu’elle se plaignait habituellement des voyageurs sans gêne qui bousculaient les autres sous prétexte qu’ils étaient pressés. Elle les comprenait un peu mieux maintenant. La jolie brune arriva au restaurant qu’avait proposé Vin sans trop de retard apparemment. Enfin, elle était même à l’heure mais visiblement son ami état en avance puisqu’il se trouvait déjà à table. Elle se recoiffa rapidement à l’aide d’une vitre puis s’avança dans la salle de restaurant tout sourire. Son ami se leva dès qu’elle arriva vers lui et elle le serra dans ses bras. Elle était contente de le voir parce qu’elle ne le pouvait pas aussi souvent qu’elle l’aurait voulu. Ils avaient tous les deux des jobs assez prenants… « Hey, comment tu vas ? » Elle prit quelques secondes avant de répondre, elle ne savait jamais quoi répondre à ce genre de questions, elle n’aimait pas tellement s’épancher là-dessus. « Je vais bien. » finit-elle par répondre. C’était à moitié vrai mais il devait bien le savoir de toute façon. « Juste un peu fatiguée. Et toi ? » Son sourire ne la quittait pas. « Je suis content qu'on ait pu trouvé un peu de temps pour se voir » Vin lui tira sa chaise comme un gentleman et elle put s’asseoir. « Moi aussi. C’est pas évident mais j’en ai besoin alors, merci. » Depuis la mort de Jeremy, Vin qui était son meilleur ami ne l’avait pas lâchée, reprenant le rôle que son grand frère jouait autrefois. Heureusement qu’elle l’avait. « Je reprends la même chose » « Et je prendrais la même chose. » indiqua-t-elle à la serveuse qui disparut rapidement. « Je meurs de faim ! » dit-elle alors, histoire de démarrer la conversation de façon banale. Elle n’avait rien mangé de la journée alors ça commençait à la titiller pas mal.

désolée pour ce truc

Cora avait miraculeusement réussi à ne pas être en retard à son rendez-vous avec Vin. Elle n’aimait pas le faire attendre alors elle s’était vraiment dépêchée. Néanmoins, il était visiblement venu en avance du coup il avait quand même dû attendre. Pour la jeune femme, ne pas arriver en retard était un exploit mais arriver en avancer relevait de l’impossible. Enfin au moins ce n’était pas de sa faute à elle cette fois. L’italien lui demanda rapidement comment elle allait et elle lui répondit une fois de plus par un mensonge. Il fit preuve d’assez de bon sens pour ne pas relever et plus ou moins changer le sujet, elle préférait parler de lui. « J'ai pas mal de boulot en ce moment, et j'ai acheté un terrain pour construire une maison pour moi » La jeune femme le regarda vraiment intéressée et contente pour lui aussi. Elle hocha ensuite la tête, impressionnée.  « Tu me feras visiter ? Et tu as intérêt de prévoir des chambres d’amis hein, ça ne pourra que mon changer de mon petit appartement. » Tout serait mieux que l’appartement qu’elle avait actuellement en fait. Enfin, pour le peu de temps où elle y était, elle pouvait bien vivre avec. Elle le remercia ensuite de lui accorder du temps, elle était vraiment contente de pouvoir le voir de temps en temps, il était un vraie bouffée d’oxygène pour elle. « C'est la moindre des choses que je peux faire mini-Doug » Cora soupira. « Mah, j’aurais pu comprendre que tu n’aies pas envie de coltiner la petite sœur trop collante de ton meilleur ami.  » Qui souhaitait ça, vraiment ? Mais bon, elle plaisantait, elle savait pourquoi il faisait ça et elle n’aurait souhaité le contraire pour rien au monde. Elle avait besoin d’attention après tout, comme tout le monde. Et Vin était ce qui s’apparentait le plus à de la famille ici, à New York. Ils s’installèrent ensuite à table et la serveuse vint prendre leur commande. « Copieuse » Cora prit un air innocent et afficha un sourire malicieux. « Les enfants essayent toujours de copier les grandes personnes. » se justifia-t-elle. « Tu devais être flatté que je te prenne pour modèle.» ajouta-t-elle en hochant la tête, très convaincue. En vrai, elle préférait manger que boire là, elle avait très faim et l’impression de ne pas avoir mangé depuis une semaine. « Visiblement, tu es mince comme un clou ! Tu penses à te nourrir quand je ne suis pas avec toi petite fille ? » La jeune femme hocha la tête d’un air peu assuré. « Je crois… Je suis une femme occupée tu le sais ! » se justifia-t-elle une nouvelle  fois. Il prenait son rôle très au sérieux en fait, Jeremy ne lui posait pas autant de questions lui. « Je te préviens tout de suite, tu manges entrée, plat, dessert aujourd'hui ! Et tu manges tout ! » « Ca ne devrait pas être dur ça. » Elle était prête à manger toutes les réserves du restaurant s’il le fallait. Vin redevint ensuite un peu plus sérieux. Un peu trop sérieux peut-être. « Pas trop dur le boulot ? » Cora haussa les épaules. « Je ne suis qu’une bleue tu sais, je n’ai pas eu grand-chose à faire pour le moment, ou en tout cas rien de très compliqué. » Son travail était sur le point de s’intensifier cela dit, on l’avait mis sur l’affaire des russes et elle était même épaulée par un agent du FBI, si ça respirait pas le sérieux, ça… « Enfin là ça risque de devenir un peu plus… Intéressant. Je vais travailler avec le FBI tu sais ? » dit-elle les yeux brillants. Sauf qu’elle n’était pas tellement enchantée que ça à cette idée mais le FBI quand même… Ça faisait rêver.

Cora était contente de voir Vin, vraiment. Ça lui faisait beaucoup de bien. Depuis que Jeremy était mort elle était toute seule à New York, enfin elle avait des amis et tout mais pas de famille… Et Vin, elle le considérait vraiment comme un grand-frère et d’autant plus depuis que son frère n’était plus là. Vin faisait partie de sa famille et elle avait besoin de lui. Naturellement, elle commença par lui demander comment il allait et il lui raconta notamment qu’il allait se faire construire une maison. S’il faisait ça elle voulait pouvoir visiter et pourquoi ne pas avoir une chambre où elle pourrait dormir quand elle viendrait. Parce que son appartement était tout petit quoi et changer d’air ne pourrait vraiment pas lui faire de mal. « Hum... je pense que ça peut s'arranger... mais t'es sûre que tu le mérites ? » « Bien sûr que oui ! » répliqua-t-elle sans attendre. Elle était outrée qu’il pose la question. Pour appuyer ses dires, elle fit une petite moue innocente et adorable. Enfin, elle aurait pu tout à fait comprendre qu’il ait d’autres choses à faire que de l’acceuillir chez lui ou de passer du temps avec elle. C’était un homme très occupé et elle n’était que la petite soeur de son meilleur ami et les petites soeurs pouvaient être chiantes et encombrantes parfois. « Dis pas n'importe quoi ! On trouve toujours du temps pour sa famille, et tu fais partie de ma famille » Cora se mit à sourire. « Merci. » commença-t-elle sur un ton très sérieux. « Je ne sais pas comment je ferais sans toi tu sais ? » Elle ne savait pas si elle lui avait déjà dit merci pour tout ce qu’il faisait pour elle mais tant pis si elle se répétait, c’était important. Elle le considérait vraiment comme sa famille aussi. Ils commandèrent ensuite à boire et Cora imita aussitôt Vin. Selon elle c’était tout à fait normal que les enfants imitent les adultes. « Une enfant ? Vraiment ? » La jeune femme fit un sourire malicieux. « Comparé au vieux papy que tu es oui, je ne suis qu’une enfant. » Bon elle poussait un peu mais ils avaient quand même une dizaine d’années d’écart. Elle aimait bien qu’il soit plus vieux qu’elle comme ça, elle se sentait d’autant plus en sécurité. Puis il lui rappelait vraiment son frère… Et comme lui il s’inquiétait pour elle et veillait à ce qu’elle aille bien. Par exemple il avait remarqué qu’elle ne mangeait pas beaucoup. C’est qu’elle n’avait pas spécialement le temps et qu’elle n’y pensait pas tout le temps. « Si tu es incapable de te nourrir, je t'obligerai à venir manger tous les soirs en ma compagnie tu sais ! » « Tu as conscience que ce ne serait pas une punition hein ? » Il n’avait peut-être pas voulu en faire une punition aussi. Mais soit, elle pourrait très bien s’y faire, elle n’allait pas cracher sur le fait de le voir plus souvent. Enfin, Vin lui demanda des nouvelles sur son boulot. Pour le moment elle n’avait pas trop de soucis, on ne lui en demandait pas trop. « Ne te laisse pas trop faire si on te fait faire que de l'administratif » Il n’avait pas de soucis à se faire pour ça, Cora n’était pas du genre à se taire et à se faire toute petite quand quelque chose ne lui plaisait. Elle ajouta cela dit que ça allait sans doute vite devenir intéressant vu qu’elle allait travailler avec le FBI même si l’idée d’avoir un coéquipier ne lui plaisait vraiment pas. « Comment ça ? Ce n'est pas dangereux au moins ? » Cora pinça les lèvres. Elle n’aurait peut-être pas dû parler de ça, tout de suite le FBI, c’était impressionnant. « On non ne t’en fais pas. Ce n’est pas si impressionant que ça en a l’air. » Comme si elle allait lui dire qu’elle était après la personne qui avait tué son frère. « C’est une bonne petite affaire pour me lancer. » ajouta-t-elle d’un air réellement enthousiaste dans le but de le rassurer.

Cora était convaincue qu’elle méritait d’avoir sa propre chambre dans la maison que Vin projetait de se faire construire. Il l’avait dit, elle était de sa famille et l’inverse était également vrai. De toute façon il n’avait aucun souci à se faire, ce n’était pas comme si elle comptait vraiment s’imposer chez lui, elle disait ça plus pour plaisanter qu’autre chose. « Bon d'accord, you win. » Un grand sourire victorieux vint se dessiner sur ses lèvres et elle frappa doucement dans ses mains à la manière d’une enfant. « Est-ce qu’elle sera grande ? » se prit-elle à rêver ensuite, encore pour plaisanter. Peu importe de toute façon, tout serait mieux que le placard à balais dans lequel elle vivait pour le moment. D’ailleurs elle était contente de ne pas avoir à s’y rendre directement. Ce déjeuner avec Vin était véritablement le bienvenu, elle aimait toujours le voir, il comptait beaucoup pour elle et elle ne savait pas où elle en serait aujourd’hui s’il n’avait pas été là. Il était sa seule famille à New York après tout et c’était rassurant de savoir qu’elle avait quelqu’un sur qui elle pouvait compter ici. « Idem pour moi tu sais » La jeune femme se contenta de sourire et ils commandèrent. Cora copia Vin en demandant la même chose que lui, prétextant que c’était ce que faisaient les petits avec les grands, il aurait dû être flatté qu’elle le prenne pour modèle. Il s’inquièta ensuite pour sa santé, comme le faisaient les grands avec les petits cette fois. Elle ne se nourrissait peut-être pas très bien mais elle faisait quand même attention, elle n’avait jamais risqué le malaise et était loin de l’anorexie. Mais s’il voulait manger plus souvent avec elle pour s’assurer qu’elle se nourrissait suffisamment ça n’allait pas la déranger. « Tant mieux parce que pour moi non plus ce n'est pas une punition ! » « Ca c’est parce que chaque seconde passée avec moi est comme un cadeau du ciel. Un vrai bonheur. » répliqua-t-elle fièrement en relevant légèrement le menton. Après la santé, ce fut le travail de la jeune homme qui vint dans la conversation… Elle était en danger chaque jour et elle savait que personne dans sa fille ne l’acceptait vraiment surtout après ce qui était arrivé à Jeremy. Elle ne pouvait bien sûr pas leur promettre qu’il ne lui arriverait pas la même chose donc elle se contentait de les rassurer sans être certaine que cela fonctionne. Là par exemple, cela ne semblait pas être le cas avec Vin. « J'espère que ça ira... » Cora pinça les lèvres et soutint son regard quelques secondes d’un air grave. « Je te le promets. » Il n’accorderait sans doute pas un très grand crédit à sa promesse mais c’était tout ce qu’elle pouvait faire. « J'aurais préférée que tu sois pâtissière tu sais ? » Sa remarque la fit se détendre quelque peu et elle se remit à sourire faiblement. « Pour avoir des gateaux à l’oeil ? » fit-elle d’un air moqueur. « Je n’ai été une très grande cuisinière alors je ne sais pas trop ce que ça aurait donné… » Elle aurait sans doute mis en danger la vie de beaucoup de monde.