« Y’a plus qu’à attendre la miss » énonça Neil, toujours aussi peu à l’aise à l’aise d’arriver en limousine avec chauffeur à ce foutu gala. Il n’arrêtait pas de remettre en place son nœud papillon, demeurant un fervent amateur du bon vieux jean/basket autant dire qu’il avait oublié d’être à l’aise avec cette situation, et pourtant il était ravi que sa jumelle ait accepté de l’accompagner, et ce bien qu’elle ne soit guère à l’aise elle-même avec une petite sauterie qui allait être blindée de flics… mais à la plus grande surprise de l’irlandais, elle lui avait demandé de passer prendre Azariel directement à son domicile – ayant sûrement dans l’idée que les deux jeunes hommes ne fassent connaissance. Autant dire que Neil ne s’était pas privé de le soumettre à un petit interrogatoire, extrêmement concerné qu’il était par les fréquentations sentimentales de sa jumelle, car celles-ci étaient extrêmement rares… armé de sa curiosité que d’aucun pourrait qualifier de féminine, il ressemblait presque trait pour trait à Maureen – en plus de l’être déjà physiquement – même s’il faisait son possible pour ne surtout pas mettre trop mal à l’aise son interlocuteur. Autant dire que lorsque Maureen pénétra à l’intérieur de la limousine, toute vêtue d’une robe rouge mettant diablement en valeur ses formes divines, coiffée à la perfection d’un chignon améliorée et maquillée pour l’occasion, un silence de mort y régnait. La donne lui fit premièrement froncer les sourcils avant qu’elle ne salue respectivement son frère – d’un gros bisou sur la joue – puis Azariel, à qui elle n’hésita pas de dévorer littéralement les lèvres avec envie. « Laissez-moi deviner : Neil tu n’as pas pu t’empêcher de lui faire subir un interrogatoire comme s’il était un de tes suspects chéris et tu t’es gêné tout seul ? » Dans le mille ! Il ne pouvait pas s’en empêcher, dès qu’il s’agissait de Maureen, il montrait les griffes tout en sachant pertinemment qu’en théorie, elle n’avait aucun besoin d’être protégée, restant diablement douée pour veiller ses propres arrières. Face à la non réponse de son jumeau, elle esquissa un petit rire amusé avant de ne reprendre de plus belle : « Est-ce que je questionne ta Bérénice, moi ? » « Il s’est rien passé avec elle, puis c’est ma coéquipière, merde ! » « Justement !! Il s’est rien passé mais tu aimerais bien, et tu ne me la feras pas, tu as des pétales de rose dans les yeux dès que son nom est prononcé ! Je suis sûre que tu ne l’as même pas invitée… alors qu’elle n’attend sûrement que ça ! T’es vraiment un couillon… » « Parce que toi t’es experte ! » « Moi j’suis pas une dragueuse des bacs à sable bourrée de testostérone ! » « Tu me fais chier ! » « Moi aussi je t’adore frérot. » Impayables. A chaque fois qu’ils se trouvaient dans le même habitacle, ou le même endroit, ils étaient à couteaux tirés et pourtant ils étaient capables des pires folies dès qu’il s’agissait de veiller l’un sur l’autre ou de se protéger mutuellement. Mais la fierté de Neil était encore plus développée que celle de Maureen… « J’te souhaite bien du courage avec cette harpie ! » lança-t-il sans en penser un mot à l’attention d’Azariel tout en quittant la limousine le premier puisqu’ils venaient d’arriver devant le lieu de la réception. Il eut le réflexe de refermer la portière pour donner plus d’intimité au couple et ce fut à ce moment là que la jeune femme s’assit à côté du canadien pour l’embrasser de façon plus prononcée, moins en retenue. « J’espère que mon frère ne t’a pas fait vivre un enfer… tu voulais le rencontrer alors j’ai pensé que faire le voyage serait une bonne idée, mais il est à cran en ce moment. Ca doit être sa Bérénice. »

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Je venais de passer deux bonnes heures à me préparer, avec l’aide de ma petite sœur, même si celle-ci n’avait pas été très motivée. Oui, j’avais été une vraie fille pour le coup. Mais bon, je voulais être parfait ce soir. En effet, cette soirée serait notre première soirée officielle et surtout, j’allais rencontrer son jumeau. Bon, j’avais déjà réussi à me mettre dans la poche son cousin, ainsi que sa nièce – et peut-être même son grand frère au vu du conseil que ce dernier m’avait donné la semaine précédente. J’espérais qu’il en serait de même avec le frère jumeau de la jeune femme. De plus, j’avais l’impression que ce soir serait notre soir, pour une raison que j’ignorais – je le sentais, c’est tout. J’avais donc préparé ma chambre, au cas où, de bougies que j’avais agencées un peu partout, pour donner une ambiance intimiste à celle-ci. Je savais qu’il ne faudrait surtout pas que j’en parle à Shaun, mon meilleur ami et accessoirement le cousin de celle que je considérais de plus en plus comme ma dulcinée. Non pas parce qu’il se moquerait de mon romantisme inconsidéré, mais surtout parce que le jeune homme était pompier, et que les bougies étaient l’une des causes les plus importantes des incendies. Mais je les avais placées à des endroits stratégiques, qui ne les mettaient aucunement en contact avec un quelconque tissu. En plus des bougies, j’avais acheté des pétales de roses, que j’avais disposées sur le sol, du couloir jusqu’à mon lit, comme un chemin. J’en avais également mises sur mon lit, en les disposants de telle sorte que cela forme un cœur. Bon, c’était peut-être un peu too-much, surtout que rien ne me disait que l’on le ferait ce soir à coup sûr. Mais je voulais absolument être préparé, au cas où. Au pire, nous resterions dans le salon, surtout que ma petite sœur ne serait pas là pour tenter de tout gâcher, étant partie dans les Hampton avec des amis. Entendant la sonnette d’entrée résonner, j’allais rejoindre le jumeau de Maureen. Ouah, la ressemblance physique était là déjà et c’était frappant. Je lui tendais la main. « Bonjour, enchanté de faire votre connaissance ! » m’exclamais-je. Je le voyais me regarder de haut en bas, comme s’il me sondait, avant de répondre, pas très enthousiaste. Bon, ce ne serait probablement pas aussi simple qu’avec Olivia apparemment. Et encore, heureusement qu’il ne savait pas à quoi ressemblait ma chambre à présent, et encore moins mes plans pour la soirée. Le trajet dans la limousine fût long – très long. Je savais que ce n’était que mon imagination qui me donnait cette impression, puisque la route pour aller chez la demoiselle n’était pas bouchonnée, et qu’ayant fait le parcours plusieurs fois, ce n’était pas le cas. Mais je tentais surtout de répondre aux questions du policier et avais très peur de me tromper. D’un coup, j’étais inquiet. Et s’il ne m’aimait pas ? Et s’il pensait que je n’étais pas assez bien pour Maureen ? Oui, Lexie ne m’écoutait pas lorsque je lui faisais des réflexions sur ses petits amis, mais la relation qu’entretenaient deux jumeaux étaient-elle la même que celle d’une petite sœur envers son grand frère – aussi proche soit-elle ? Enfin arrivés chez la jeune blonde, j’eus un petit sourire en coin en entendant la phrase de son jumeau. S’il savait le temps que ça m’avait pris de me préparer, il ne penserait peut-être pas que seules les femmes étaient capables de ce genre de choses. Mon souffle fut coupé lorsqu’elle rentra dans la limousine. Je répondais à son baiser – malgré la présence de son double qui me gênait quelque peu – avant de m’adresser à elle. « Ouah, tu es vraiment magnifique ! » m’exclamais-je, les yeux tout brillants. J’assistais ensuite à leur dispute fraternelle avec un sourire amusé sur les lèvres. Au final, la relation entre jumeaux n’était peut-être pas aussi différente que celle que j’entretenais avec Lexie. En tout cas, les chamailleries étaient bien similaires, et c’était peu dire. « Non, ça va. Je pense que ça s’est plutôt bien passé. Mais pour vivre une relation fusionnelle avec ma petite sœur, je sais qu’il doit penser que je ne suis pas assez bien pour toi. Mais bon, tant que tu réagis comme ma sœur et que tu n’écoutes pas ton frère, cela devrait aller je pense ! » lui dis-je dans un rire, avant de m’emparer de ses lèvres à nouveau. Oui, je le sentais bien, ce soir serait LE soir.

Autant dire que Maureen avait sourit de façon flattée dès lors où Azariel avait complimenté sa tenue. Elle s’était donné tellement de mal que cela contrebalançait la chamaillerie qu’elle venait d’avoir avec Neil, bien que ce ne soit ni la première, ni la dernière et qu’elle ait particulièrement l’habitude de ce genre de réaction de sa part. Le policier avait de très grands principes auxquels il ne dérogeait jamais, mais hélas, c’étaient ces mêmes principes qui l’empêchaient bien souvent d’être heureux, et en l’occurrence de faire le premier pas vers sa coéquipière qui ressentait pourtant quelque chose pour lui, c’était évident. Il n’y avait qu’à regarder la façon dont elle s’adressait à lui et les précautions infinies qu’elle prenait pour ne surtout pas le froisser pour se rendre compte des efforts incommensurables qu’elle faisait. Maureen trouvait cela mignon, de même qu’elle trouvait parfaitement adorable qu’il minimise sûrement le voyage longuet qu’il venait sûrement de devoir supporter en présence d’un nouveau membre de la famille O’Connor qu’il ne connaissait pas. Neil serait, et de loin, le plus difficile à apprivoiser pour la simple et bonne raison qu’ils avaient partagé bien davantage qu’avec n’importe quel autre membre de leur famille… en plus de leur lien de gémellité. « Faux, le plus beau c’est toi ! » s’exclama-t-elle avant d’éclater de rire dès qu’il reprit la parole. Le jumeau de la demoiselle avait dû se rendre compte que leur extraordinaire complicité, et ce bien que leur relation n’en soit encore qu’à ses balbutiements. Maureen allait être la première à clouer le bec de son frère si elle estimait que pendant la soirée – ou bien après, d’ailleurs – il dépassait les bornes avec Azariel. « Que tu n’es pas assez bien pour moi ? Bah Neil a beaucoup d’à priori quand il s’y met… pourtant dieu sait que j’ai de la défense et qu’il le sait mais c’est plus fort que lui, et puis je suis pareil quand ça le concerne. Il est bourru mais c’est un type en or, même si je ne suis pas forcément objective ! Tu n’as aucune crainte à avoir en tout cas… j’aime ma liberté et je détesterais qu’il cherche à me séparer de toi pour je ne sais quel à priori à la con ! Donc non, je ne l’écouterais pas, même si on passe notre temps à se sauver la mise depuis qu’on est tout p’tits. » Maureen était à des lieues d’imaginer le programme fomenté par Azariel mais cela ne l’empêcha pas de s’adonner pleinement au baiser qu’elle lui donna sitôt sa phrase finie, n’ayant soudainement que moyennement envie de plonger dans la gueule du loup. La plupart des collègues de Neil étaient réellement insupportables à ses yeux, avec leur humour gras, leurs remarques déplacées et les allusions grivoises qu’ils se permettaient toujours en sa présence, rien que pour faire enrager son frère. Fallait-il qu’elle ait un contrôle extraordinaire de sa personne pour ne surtout pas exploser et foncer dans le tas pour refaire quelques portraits, histoire de faire des exemples ! « En tout cas, si Neil dépasse les bornes, n’hésite surtout pas à me le dire, hein ? Promets-le ! J’ai promis pour Lexie alors tu le dois aussi de ton côté ! De toute façon, ce n’est pas mon frère qui « m’inquiète » ce soir mais plutôt ses collègues… ce sont des rustres, grivois et insupportables qui te déshabille pour peu que tu sois une femme un peu féminine. C’est vraiment parce qu’il a insisté… heureusement que tu es là. Je sais que tu n’aimes pas danser, mais tu me feras l’honneur quand même ? Promis, je serais douce comme un agneau… ! » Maureen battit des cils et lui offrit son sourire le plus éclatant avant de déposer délicatement ses lèvres sur celles d’Azariel. « Tu es le plus beaux des cavaliers, j’ai l’impression d’être une princesse. »

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« Nan c’est pas vrai, c’est toi ! » m’exclamais-je en riant, comme un enfant voulant avoir le dernier mot. Et j’étais prêt à faire les ‘non c’est toi’ , quoique la présence de son jumeau me mettait toujours aussi mal à l’aise, et que je ne saurais si j’aurais le courage de faire ces enfantillages devant lui. Après tout, il recherchait probablement un homme mature pour sa sœur, et ne sachant pas que j’étais d’ordinaire plutôt trop sérieux, me verrait alors d’un mauvais œil. « Oui, je comprends, c’est exactement la même chose entre ma sœur et moi. A chaque fois qu’elle me ramène un nouveau petit ami, j’ai tendance à le juger un peu trop rapidement. Et pourtant, je suis vraiment une personne qui juge peu, mais dès que ça la touche … Bah j’imagine que je ne suis plus vraiment le même, tu vois ? » lui demandais-je, ayant peur d’être parfaitement incompréhensible. Mais bon, en même temps j’avais vraiment l’impression qu’elle me ramenait les pires phénomènes, juste pour m’enquiquiner et voir ma réaction. Sérieusement, son nouveau copain était pire que tous les autres réunit. Macho au possible le gars en plus ! S’il croyait me mettre dans sa poche en faisant des blagues graveleuses et des commentaires sexistes, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Mais où allait-elle les chercher, vraiment, je me le demandais. « Ah bah, ils sont sympas les collègues de ton frère dis donc ! Je vais bien les aimer je sens ! » lui dis-je dans un rire. « Bon, je ne suis pas vraiment possessif, mais promis, je garderais mes mains sur toi toute la soirée et leur rejetterais de regards noirs dès qu’ils s’approcheront un peu trop de toi ! » répondais-je avant de répondre à son baiser. « Mais tu es une princesse ! » m’étonnais-je, le plus sérieux du monde. Je sentais que j’étais en train de tomber amoureux d’elle, et cela me faisait peur. Je n’avais jamais ressenti un sentiment aussi puissant que celui que je ressentais envers ma jolie blonde. J’étais littéralement hypnotisé par la demoiselle, et je sentais qu’elle pourrait bientôt faire tout ce qu’elle voudrait de moi, sans que je n’y aie rien à redire. Cela me terrorisait vraiment, parce que je ne savais si notre relation allait fonctionner ou non, si je me ferais à son métier, et surtout si j’arriverai à vaincre mes nouvelles peurs – que quelque chose ne lui arrive. Je la ramenais vers moi pour pouvoir rompre les centimètres qui nous séparaient, avant de partager un long baiser avec celle qui faisait chavirer mon cœur. Tout d’un coup, un bruit se fit entendre sur la voiture, me faisant sursauter. Probablement son frère qui s’impatientait à l’extérieur. « Bon, bah je crois que c’est le moment de nous jeter dans le bain ! » déclarais-je, sans grand enthousiasme, préférant grandement rester avec la jeune femme dans la voiture – voir la ramener directement chez moi – plutôt que d’y aller.

Maureen comprenait tout à fait le comportement d’Azariel envers sa petite sœur, au même titre que Neil le comprendrait s’il était resté dans la voiture. Il avait souhaité leur donner un peu d’intimité, en toute intelligence, mais il manquait avant toute chose des moments où il pourrait mieux faire la connaissance du jeune homme… bah, l’irlandais étant têtu comme une bourrique, il allait sûrement analyser le canadien sous toutes les coutures, de loin, questionner très longuement sa sœur – et ce bien que son avis ne serait pas nécessairement objectif – jusqu’à ce qu’il ne prévoit de passer un moment « entre hommes » avec l’intéressé. Il fonctionnait comme ça et Maureen était hélas pareille, bien incapable de lâcher prise dès qu’il s’agissait de la sécurité de sa famille. Mais en l’occurrence, si cette soirée lui paraissait rasoir par avance et qu’elle allait grandement se retenir de refaire des portraits à bout de bras, elle fut néanmoins extrêmement flatté qu’Azariel ne lui promette de garder ses mains sur elle toute la soirée durant, non sans oublier de fusiller du regard quiconque chercherait à l’aborder… l’idée lui plaisait énormément. Après tout, un brin de jalousie signifie que l’on tient à la personne, n’est-ce pas ? Ainsi, elle avait encore plus l’impression d’être une princesse protégée par son prince charmant, et ce alors qu’en temps normal, elle serait sûrement nettement plus « qualifiée » pour protéger le jeune homme que l’inverse… qu’importe, elle aimait tout de même l’image. « C’est vrai, tu vas jouer l’homme possessif ? Il me tarde déjà d’y être… » murmura-t-elle d’une voix malicieuse avant de ne sursauter à son tour alors que Neil s’impatientait dehors. Maureen aurait cru qu’il se serait déjà rendu à l’intérieur pour saluer tous ses collègues ainsi que son chef, mais sûrement craignait-il d’entrer seule et de voir Bérénice en compagnie d’un autre homme… la jolie blonde déposa un frêle baiser les lèvres d’Azariel et poussa un petit soupir de mécontentement : elle serait bien restée davantage dans la limousine plutôt que de devoir se rendre à cette soirée qui allait rapidement être un calvaire pour quelqu’un comme elle ! Après tout, elle restait le loup dans la bergerie, au milieu de tous ces agents de police… « C’est parti pour que l’on s’y jette mon prince, mais ne t’inquiètes pas au pire, si jamais cette soirée est trop insupportable, on pourra toujours filer à l’anglaise ! » Maureen s’empara néanmoins de la main d’Azariel avant de ne sortir de voiture et de se heurter au regard désapprobateur de Neil. « Me regarde pas comme ça, on ne te faisait pas de nièce ou de neveu ! » s’exclama-t-elle discrètement. Par chance, cette remarque parvint à détendre réellement l’irlandais qui éclata de rire avant de tendre son bras à sa sœur, qui le prit avant de s’emparer de celui d’Azariel, comme si elle avait deux cavaliers pour le prix d’un. Autant dire qu’elle avant réellement l’impression d’être une princesse, et ce bien qu’elle crut manquer d’air au moment même où ils entraient dans la réception même. Certains étaient encore en uniforme, à croire qu’ils ne vivaient que pour leur travail, et aussitôt Neil se fondit dans la masse pour saluer ses comparses. Par on ne sait quel malchance, ce fut l’ancien partenaire de son jumeau qui vint les saluer, le jeune homme et elle, en premier. Cet homme n’était rien d’autre qu’un grossier personnage, qui perdit aussitôt la vue en s’attardant puissamment sur son décolleté avant de ne se pencher pour lui embrasser la joue, plaçant une main contre ses reins qu’il s’apprêtait à descendre vers son séant musclé. Autant dire que la réaction de Maureen fut immédiate : elle lui choppa la main en lui pressant les doigts, ni vu ni connu, adoptant soudainement un air on ne peut plus glacial… « Je vous serais gré de garder vos mains chez vous, je ne suis pas un stupide morceau de bidoche qui bat des cils parce que vous accourez. Et regardez-moi dans les yeux ! »

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En effet, je n’étais vraiment pas une personne possessive, mais je pourrais essayer de faire un effort pour la demoiselle. Je n’avais pas besoin de m’approprier la personne avec qui je sortais, ou de la posséder en exclusivité. Pour moi, la possessivité ainsi que la jalousie – tous deux étant liés – résultaient d’un manque de confiance – en soi, ou en l’autre. Bien sûr, en ressentir un peu dans une relation était tout à fait normal, mais c’était lorsque cela devenait extrême que cela devenait problématique. La plupart du temps, c’était simplement la peur de perdre l’être aimé. « Oh ne me tente pas … » murmurais-je tandis qu’elle suggérait de filer à l’anglaise. Je rigolais en l’entendant dire à son frère qu’on ne lui faisait pas de nièce. Au moins, l’ambiance s’était allégée puisqu’il riait tout autant. Je pris le deuxième bras de Maureen, une fois qu’elle ait donné le premier à son frère. Je les suivais donc à l’intérieur, le cœur battant. Bon, à contrario de ma petite amie, me retrouver dans une pièce remplie de policiers ne me faisait ni chaud ni froid. J’avais l’habitude de travailler main dans la main avec eux, leur confiant mes doutes envers certaines familles, et surtout travaillant avec eux pour que les jeunes déposent une plainte. Je connaissais donc probablement certains de ceux qui étaient présents ce soir. Par contre, je ne connaissais absolument pas le malotru qui osait regarde ma petite amie comme si elle n’était qu’un simple morceau de viande – et encore, j’avais plus de respect pour la viande qu’il n’en avait pour elle. J’étais bien ravi de ne pas le connaître, et c’était peu dire. Je trouvais vraiment son comportement abject et n’en restais que bouche bée, n’honorant pas la promesse que j’avais faite plus tôt à la demoiselle. Elle m’avait pourtant prévenu, mais je ne m’attendais sûrement pas à ce que ce soit autant, ce qui me mettait sous le choc. Moi qui faisais primer le respect des femmes, voir que certains se permettaient de les traiter de cette façon me faisait froid au dos. Même Alexander, mon collègue au travail, qui était un vrai Don Juan, ne se comportait jamais de cette façon avec les femmes qu’il voulait mettre dans son lit. Il se contentait de les complimenter et de flirter sobrement. Mais jamais au grand jamais il ne les regardait de haut en bas et encore moins de manière autant appuyée. Je laissais donc ma petite amie se défendre seule, tant j’étais sous le choc. Mais dès que Maureen eut se débarrasser de sa main baladeuse, je me positionnais derrière elle, l’enlaçant de mes mains posées sur son ventre, avant de jeter un regard noir au mufle. « Désolé, j’ai manqué à mon titre de petit ami possessif. Mais pour le coup, je ne pensais pas qu’une personne comme lui pouvait exister ! Je me remettrai plus vite de mes émotions la prochaine fois. » lui murmurais-je à l’oreille avant de l’embrasser rapidement derrière celle-ci.

Le simple fait qu’Azariel soit manifestement tenté de filer à l’anglaise surprit bien évidemment Maureen mais la tenta à son tour d’un même temps. Elle esquissa un petit sourire canaille sans forcément répondre quoi que ce soit, l’expression s’échappant des traits de son visage parlant largement pour elle. Diable, quelque chose lui disait que justement, elle allait trouver le temps long jusqu’à ce qu’ils ne décident effectivement de filer tous les deux… car ils le feraient, elle en mettait sa main à couper. L’entrée en matière qu’ils venaient de subir ne fit que renforcer cette impression et autant dire que Maureen rassemblait tout son contrôle pour ne pas démonter la mâchoire de cet importun ayant osé poser ses sales pattes sur sa jolie robe… une chance que Neil ne l’ait pas vu non plus, car il se serait dépêché de lui foncer dans le lard quitte à se prendre un blâme derrière – après tout, il ne comptait plus le nombre de fois où son chef avait dû intervenir et lui mettre effectivement un blâme pour faire bonne mesure. C’était… impressionnant. A croire que la jolie blonde ne soit pas le seul vilain petit canard de la famille ! « Ah oui, tu ne pensais pas ? Oh mais Az ils sont tous comme ça, mon frère est une rareté dans ce genre de monde de types dégueus ! » Maureen soupira, sans renouveler le fait qu’il était naïf car en l’occurrence il ne s’agissait aucunement de naïveté mais plutôt de méconnaissance. Azariel ne devait sûrement pas être habitué à côtoyer ce genre d’abject personnage, contrairement aux deux jumeaux irlandais qui passaient le plus clair de leur temps à tenter d’être plus intelligents, plus malins mais surtout plus puissants qu’eux. C’était ça ou se laisser marcher sur les pieds par des limaces du genre et ça, leur fierté respective n’y survivrait pas ! « Tu t’es mis en position de garde du corps ? » plaisanta-t-elle avant de ne tourner son visage pour capturer ses lèvres, n’étant d’ordinaire pas aussi démonstrative en public mais partant du principe qu’en l’occurrence, il valait mieux prévenir que guérir car si elle avait fait preuve d’un extraordinaire contrôle pour ce premier round, le suivant risquait fort de se retrouver avec le nez cassé. « Tu sais que tu me rends raisonnable ? Il fut un temps où je n’aurais pas été aussi douce avec ce genre de connard ! » s’exclama-t-elle non sans se jeter littéralement sur l’un des serveurs qui trimballait sur son plateau plusieurs coupes de champagne. Elle la but cul sec sans aucune retenue, estimant après tout qu’il fallait bien qu’elle se remette. « Pouah j’ai vraiment l’impression d’être souillée avec ce genre de sale type, et pourtant dieu sait que je suis habituée à en côtoyer. Mais là ça m’énerve parce qu’il faut limite que je m’écrase face à ça ! Oui « ça » parce qu’à mes yeux ce n’est même pas un homme. Tu imagines que ce type est marié ? Qu’est-ce que je plains sa femme ! Faut vraiment que j’adore mon frère pour pas me barrer illico presto… » Maureen poussa un léger grognement avant de ne reposer sa coupe vide sur le premier plateau qu’elle trouva et, dans un élan sentimental, elle captura les lèvres d’Azariel. Ce genre de soirée ne la mettait décidément pas dans un état normal… « L’image de petit ami possessif me plaît assez… de petit ami tout court, d’ailleurs. »

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Je n’avais qu’une envie : la kidnapper et l’amener chez moi, où l’on pourrait ainsi profiter de la parfaite romantique chambre que j’avais faite dans l’après-midi. Autant dire qu’entre le pervers malotru qui avait regardé ma petite amie comme si elle n’était qu’un simple objet, et la traiter comme une princesse toute la soirée, mon choix était vite fait. Mais j’étais un gentleman, et ne presserais donc pas les choses. Je verrais bien comment se passerait la suite de la soirée, mais ne ferait aucune allusion à ce que j’avais préparé pour nous. Mais dès que je me sentirais encouragé dans cette direction par la demoiselle, aucune gêne – même celle ressentie envers son jumeau – m’empêcherait de la traiter comme je pensais qu’elle le méritait. « Je pensais qu’Alexander était le maximum quoi. A côté du collègue de ton frère, Alex est la personne la plus romantique qui existe au monde sérieux ! » m’exclamais-je, tout en restant le plus silencieux possible, ne voulant pas attirer l’attention sur nous. « Oui, et je ne compte pas bouger de sitôt. » lui répondais-je avant de lui rendre son baiser, tendrement. La vitesse avec laquelle elle but sa coupe de champagne m’inquiéta quelque peu. Il ne fallait pas qu’elle boive aussi rapidement, elle risquait de devenir ivre, et je ne voulais pas que notre première fois se passe de cette façon, bien au contraire. Surtout qu’il y aurait déjà bien assez de champagne dans ma chambre, en ayant prévu une bonne bouteille. Je l’embrassais affectueusement sur la joue, comme pour la rassurer et lui faire comprendre que la soirée se passerait bien – ou en tout cas se terminerait bien mieux, si elle était d’accord. « Ignore-le ! » suggérais-je. « Je suis sûr que dans son esprit, le simple fait que tu lui accordes de l’attention lui fait croire qu’il te fait de l’effet. » commençais-je, tout aussi doucement que précédemment. « L’ignorance est la pire des punitions … » continuais-je après une petite pause. Je lui souriais tendrement tandis qu’elle me disait qu’elle aimait l’image de petit ami. Possessif, je ne pouvais absolument pas le lui promettre, et la connaissant, elle n’aimerait de toute façon pas que son petit ami la force à rester à la maison et à ne plus voir personne d’autre que lui. Elle aimait bien trop sa liberté pour ça, et je ne lui avais pas demandé d’abandonner son métier et d’en prendre un autre – elle avait bien fait des études de médecine non ? Peut-être pourrait-elle continuer dans cette voie … - ce n’était pas pour me montrer possessif envers elle. « J’aime être ton petit ami, tout simplement. » confessais-je avant de lui voler un autre baiser, tout en gardant ma prise enlaçante sur elle.

Maureen n’était pas une buveuse régulièrement d’alcool – bien qu’elle soit tout à fait en mesure de tenir la cadence sans même sourciller les rares fois où ils faisaient un concours de beuverie avec son frère – mais là, il fallait qu’elle encaisse le coup et n’ait pas déjà envie de prendre la poudre d’escampette. L’irlandaise était hélas comme ça : dès qu’une chose lui déplaisait, elle n’estimait pas devoir rester et tendre l’autre joue après que l’autre ait été giflée. Une chance qu’Azariel soit présent pour lui éviter de ne devoir descendre de multiples coupes de champagne, car elle reposa aussitôt son attention sur lui et comme toutes les autres fois, c’est comme s’ils étaient seuls au monde, si l’extérieur n’existait pas et qu’ils n’étaient que tous les deux, dans une bulle protectrice. Elle aimait cet état de fait et comprenait dès lors pourquoi Neil travaillait en ce moment comme un véritable forcené… il devait vouloir passer autant de temps que possible en compagnie de sa Bérénice et ce n’était pas avec les pervers de sa brigade qu’il risquait d’être rassuré, bien au contraire. « Alexander est un coureur de jupons, pas un pervers… la nuance est importante ! Ici, d’après ce que m’en dit Neil, parce que je t’avoue que je me moque complètement de ces sales types en règle générale, ils passent le plus clair de leur temps à fantasmer sur les femmes, à se murger et ne sont presque jamais opérationnels lors d’une intervention. Mais quelque chose me dit que Neil, avec sa conscience professionnelle ne manquera pas d’être vite gradé. » A ceci près qu’elle ne savait pas vraiment pourquoi il avait tant insisté pour qu’elle ne soit présente à cette foutue soirée, Maureen demeurant chef de la Mafia et donc une cible idéale pour tout flic qui se respecte. Une chance qu’elle sache couvrir ses arrières et que son jumeau n’ait pas manqué, à plusieurs reprises, de l’aider dans ce genre de démarche… mais elle comprit rapidement le stratagème de son double au moment même où elle le vit, en compagnie de Bérénice, se diriger vers leur chef. Quoi de mieux que d’aborder celui-ci en dehors du climat de stress du travail tout en mettant en lumière les efforts récemment accomplis… quel filou celui-là ! Mais quelque chose lui disait que la demoiselle n’allait pas goûter longtemps le fait d’être « utilisée » de cette façon, pas alors que ses yeux semblaient briller de mille éclats parce qu’il s’intéressait enfin à elle autrement qu’en tant que coéquipière. « Ca me fait presque mal au cœur pour cette pauvre Bérénice… rhaa mais quel mufle ce Neil, il va vraiment falloir que je lui apprenne la vie ! » Sauf que la tension qu’elle avait ressentie dans ses épaules eut tôt fait de finir aux oubliettes à partir du moment où Azariel referma son emprise sur elle en éditant une phrase qui rendit toute la scène à laquelle elle venait d’assister totalement obsolète. « Je crois que tu vas être le seul que je ne vais pas ignorer ce soir, mon cher Az… » avoua-t-elle malicieusement. « Dommage qu’il n’y ait pas de soda ici ! Tu te rends compte ? Imagine je veux faire attention à ma ligne… ou plutôt que je veuille être à nouveau ensorcelée par toi ? Je sais, c’est une curieuse façon de te dire que moi aussi, j’aime être ton petit ami tout court… et que la moindre femme qui ose te faire ce que l’autre couillon m’a fait risque de le regretter ! Mais tu saurais sûrement m’arrêter, c’est ça qui m’amuse… tu ne te rends sûrement pas compte d’à quel point tu m’apaises. »

AZARIEL & MAUREEN

❝  a police gala ❞

Devoir attendre de terminer le gala avant de ramener ma petite amie chez moi me faisait languir. Je n’étais pas le genre d’homme à ne penser qu’au sexe, bien au contraire, mais j’avais tellement envie de lui faire plaisir que l’attente me semblait être la même que celle d’un enfant attendant ses cadeaux de Noël. Je me demandais ce qu’elle penserait de la décoration de ma chambre – faite spécialement pour l’occasion. Même si, comme moi, elle avait déjà pensé à l’idée de porter mes enfants – j’espérais qu’elle en souhaitait également une ribambelle – je savais qu’elle était tout de même moins romantique et fleur bleue que moi. Au contraire, j’avais cru comprendre qu’elle n’aimait pas tant que cela la guimauve. Ma chambre ne serait-elle donc pas trop dans l’excès ? « Oui, c’est des connards en fait … » fis-je la réflexion à haute voix. Je n’aimais pas spécialement dire des vulgarités, et d’ailleurs, celles-ci sonnaient probablement étranges venant de ma bouche, mais c’était sorti tout seul, sans que je n’y fasse vraiment attention. « Mais bon, comme je te l’ai dit, s’ils recommencent, juste ignore-les, fais comme s’ils n’existaient tout simplement pas. Tu verras, ce sera sûrement bien pire pour eux. » commençais-je doucement, tout en lui caressant doucement sa hanche de ma main droite. « Et puis, ils vont avoir du mal à te peloter, vu que je ne bougerais pas de cette position jusqu’à notre départ. » continuais-je dans un rire, tout en étant parfaitement sérieux. « Oui, un peu de soda ne nous ferait pas de mal, en effet. Mais bon, je préfère que tu n’en boives qu’avec moi, au moins, il n’y a que moi qui vois ses effets. » lui dis-je, essayant de lui montrer une quelconque possessivité, bien que l’intention n’y était pas vraiment. Je me disais bien que je connaîtrais des gens moi aussi, pensais-je en voyant arriver vers nous un policier qui m’aidait quelques fois lors de mes affaires. Voyant qu’il allait commencer à parler à Maureen, sans même prendre la peine de me saluer, j’avais peur qu’il soit au final comme l’autre malotru. « Bonsoir ! Vous savez que vous êtes accompagnée d’un sauveur là ! Il a probablement sauvé deux gamins il y a deux semaines. Sans son instinct, ils seraient probablement encore maltraités. Faut le garder celui-là ! » s’exclamait-il à l’attention de la jeune blonde. Je lui serrais rapidement la main, tout en faisant un rire gêné. Je lui présentais rapidement Maureen, en tant que ma petite amie, et nous parlâmes rapidement, sans que je bouge de ma position  de petit ami possessif pour autant. Il s’en alla rapidement pour saluer d’autres connaissances. Bon, j’avais eu peur pour rien, il n’avait rien à voir avec l’autre, et j’aurais dû m’en douter, parce que même si je ne le voyais que peu souvent, il ne m’avait jamais paru être mal élevé.

Maureen écarquilla deux grands yeux surpris alors qu’elle entendait pour la première fois Azariel prononcer le mot « connard ». S’il y avait bien quelqu’un qu’elle imaginait poli et tout en retenu pour rentrer dans le lard d’une personne, c’était bien le canadien ! Mais cela lui plaisait, pour la simple et bonne raison qu’il tempérait son feu. La jolie blonde n’était pas quelqu’un d’insultant en règle générale, c’était même tout l’inverse qui se produisait puisqu’elle trouvait que l’on pouvait bien plus écraser quelqu’un lors d’une conversation ayant ce but si l’on faisait preuve justement d’un vocabulaire plus soutenu. Maureen connaissait les deux types, soutenu et ordurier, usant des deux suivant les situations même si dans l’état actuel des choses elle avait plutôt envie d’insulter n’importe qui souhaitant s’approcher d’eux. Elle ne voulait pas être dérangée par un nouveau malotru, ni même être dérangée tout court alors qu’il s’agissait de la première sortie officielle qu’elle vivait avec Azariel. Leurs débuts n’avaient pas été des plus simples, mais elle avait l’intuition qu’ils commençaient néanmoins à trouver un certain rythme… « Tu es bien le seul à me faire frissonner de plaisir dans cette position, au moins » avoua-t-elle en murmurant à son oreille pour qu’il soit bien le seul à avoir conscience d’une telle vérité. Maureen avait une fâcheuse tendance à être pudique sur ses compliments et autres confidences, mais ça, le jeune homme devait déjà s’en être aperçut. « Tu veux me droguer au soda lorsque nous serons tous les deux, dois-je comprendre ? » s’amusa-t-elle avant de ne sursauter lorsqu’elle entendit une autre voix masculine s’élever dans l’atmosphère. Aussitôt, son sourire avait disparut et son masque avait reprit ses droits sur son visage, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque le policier en question complimenta Azariel… l’irlandaise n’en fut pas peu fière et conversa un moment avec celui-ci, après avoir été présentée en bonne et due forme comme la petite amie officielle de l’assistant social. Vraiment, c’était… grisant et diablement agréable que d’être considérée ainsi. « Tu ne parles jamais de ton travail, est-ce par pudeur ou parce que tu n’aimes pas te mettre en avant ? Pourtant, ce flic ne tarissait pas d’éloge sur toi ! Et c’est merveilleux ce que tu as réussi à faire pour ces gamins… j’aimerais bien que tu m’en parles davantage. » Il n’y avait rien de glorieux à parler du boulot de Maureen, mais l’inverse n’était pas vrai. Azariel, sans aller jusqu’à fanfaronner, pouvait se montrer tout simplement fier de ce qu’il faisait. Il en avait le droit, bien plus que quiconque ! « Tu sais, tu n’es pas obligé de jouer les grands possessifs avec moi si tu n’en ressens pas l’envie… sois naturel. Au pire des cas, je giflerai le prochain importun qui osera poser ses sales pattes sur moi et qui ne se trouve pas être toi ! »

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Je souris en entendant sa réflexion. Alors comme ça, je la faisais frissonner ? Je posais mes lèvres sur les siennes pour échanger un rapide baiser avec elle, plein de tendresse. « J’ai prévu autre chose que du soda, cette fois. » Après tout, même si cette fin de soirée ne se passerait pas comme je le souhaitais, il n’y aurait aucune raison pour que je ne débouchonne pas le champagne avec ma petite amie. J’avais pensé mettre du soda à la place du champagne, en souvenir de notre première soirée, mais Lexie m’avait déconseillé et m’avait dit que, tant qu’à faire, autant sortir le grand jeu. Mais bon, le soda aurait peut-être été plus romantique en fin de compte. Bon, je pourrais toujours glisser une bague dans un verre de soda lorsque je la demanderai en mariage. Quoique la bague serait alors peut-être collante et pas très agréable à porter … J’y repenserais le moment voulu. Mais j’imaginais déjà la demande d’un angle plus générale. Elle se passerait alors sur la plage – la partie privatisée que nous aurions achetée avec notre nouvelle maison – et je disposerais avant qu’elle n’arrive des petites loupiotes – le vent risquant d’éteindre rapidement les bougies. Les petits luminaires seraient disposés de telle façon qu’ils formeraient la phrase ‘veux-tu m’épouser’. Mais ça, elle ne le verrait que bien plus tard. En effet, je lui proposerais tout d’abord un dîner de ma confection – j’imaginais bien une salade de noix de Saint-Jacques accompagnée d’une gelée de langoustine, un risotto aux asperges et pour le dessert une farandole de mignardise. Une fois le dîner terminé, j’allumerai alors les petites loupiotes, et elle verrait ainsi s’éclairer ma question. Pour le lieu où se trouverait la bague, j’hésitais encore avec le soda, pour rappeler notre première soirée, mais ne savais pas encore où je la cacherais. « Bah je sais pas. Je n’aime pas trop parler de moi en général … » confessais-je. C’était surtout que beaucoup considéraient mon investissement incroyablement altruiste et généreux, et j’étais toujours gêné dans ces moments-là. Pour moi, ce métier m’avait paru normal, une suite logique en somme. « Mais bon, je peux faire une exception si tu le veux. » continuais-je. Après tout, j’étais assez sûr que je n’arriverais que rarement lui dire non. Déjà qu’en règle générale, j’avais déjà du mal à le dire, alors avec celle qui faisait chavirer mon cœur, je n’osais imaginer ce qui se passerait. « Ça ne me gêne pas … Enfin, être collé à toi de cette façon ne me gène absolument pas, bien au contraire. » lui dis-je, tandis qu’un grand sourire illumina mon visage. Oui, je pourrais probablement rester une vie entière dans cette position, l’enlaçant de mes bras, humant son exquis parfum, caressant sa douce peau de pêche. Oui, si je le pouvais, je ne bougerais plus jamais de cette position.

Une légère expression surprise et interrogatrice se métamorphosa sur ses traits. « Comment ça « autre chose » ? Tu en as trop dit ou pas assez ! » s’exclama-t-elle tandis que Maureen se faisait déjà des films vertigineux quant à la suite de leur soirée si elle lui proposait effectivement de filer à l’anglaise. Plus les secondes, et plus ladite envie se faisait pressante à vrai dire. L’irlandaise ne se sentait aucunement à sa place parmi les collègues de Neil, et bien qu’elle adore son frère, Maureen ne se voyait pas faire risette toute la sainte soirée sans en penser un mot. D’autant que pour l’instant, elle n’avait salué personne de son plein gré, restant en retrait en compagnie d’Azariel dont elle ne pouvait décemment lâcher le regard. A croire qu’il l’avait littéralement ensorcelée car en temps normal, jamais elle ne serait restée collée au jeune homme plus de cinq minutes, pas alors qu’elle haïssait par-dessous tout les effusions en public en règle générale. A croire que le canadien soit en mesure de mettre à mal absolument tout ce qui avait fait son tempérament avant qu’elle ne le rencontre. Ils vivaient dans une sorte de cocon protecteur, invisibles aux yeux de tous au même titre que les autres n’avaient pas la moindre valeur à leurs yeux. Mais ce qui frustrait énormément Maureen, c’est de le sentir si loin par moment. Certes, il n’était pas du genre à se mettre en avant ni à clamer sa fierté, surtout par rapport à son travail d’ailleurs, mais la jeune femme aurait été curieuse d’avoir d’autres anecdotes sur sa personne. « On va tourner la chose autrement : en dehors des moments où nous ne sommes pas drogués au soda toi et moi… tu parleras quand tu en ressentiras l’envie. Je n’ai pas envie que tu te forces, que ce soit pour ça ou pour autre chose. Je sais museler ma curiosité tu sais ! » Maureen se mit soudainement à caresser la joue d’Azariel, comme si elle redessinait chacun de ses contours avec une lueur de désir dans le regard. « Je préfèrerais être collé à toi ailleurs pour ma part… je ne sais pas si tu entends leurs conversations mais c’est extrêmement agressif pour mes oreilles ! » Sans doute fut-ce afin de ne surtout pas continuer à les entendre, mais Maureen s’empara soudainement des lèvres du jeune homme avec une passion sur laquelle elle n’avait plus envie de mettre la plus petite maîtrise, bien au contraire. Sans doute était-ce la démonstration la plus évidente de son affection mais tant pis… une fois n’est pas coutume, elle serait naturelle même en public. « Invite-moi à danser… »

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Je décidais d’ignorer sa question d’un sourire malicieux et préférais l’embrasser à la place. Notre relation me semblait vraiment naturelle, même à ce moment-là, où nous étions entourés d’illustres inconnus. Même si j’étais plutôt du genre à être démonstratif – peu m’importais si j’étais en privé ou en public – cela ne m’avait jamais semblé autant naturel et pur qu’avec la jeune femme. Bien sûr, j’avais toujours été du type à me faire des films, à préparer de grands projets romantiques, etc., mais jamais au point d’imaginer ma demande ou mon mariage en lui-même. Pourtant, dès que je la regardais, j’imaginais toutes ces choses, et bien plus encore. Il y avait des moments – beaucoup même – où j’aurais espéré vivre à une autre époque qu’au vingt-et-unième siècle. Peut-être justement parce qu’à chaque fois que je faisais des réflexions sur le romantisme perdu de mes collègues, la plupart me répondaient « hé oh, on est au vingt-et-unième siècle je te signale ! ». Le milieu et fin du dix-neuvième siècle m’auraient probablement beaucoup plus convenu. De plus, je serais mort avant les deux guerres mondiales … Et puis surtout, à cette époque, les hommes savaient courtiser les femmes – ils n’avaient d’ailleurs pas vraiment le choix. D’ailleurs, j’aurais baigné en plein dans l’époque du romantisme, le rêve non ? Bon, après j’essayais de relativiser, me disant qu’à l’époque, ni les femmes ni les enfants n’avaient de droits. Et n’étant pas macho, bien au contraire, cela ne m’aurait donc probablement pas convenu non plus … « Non, mais ça ne me gêne pas d’en parler avec toi … C’est juste que je ne sais pas vraiment quoi en dire. » commençais-je. « Mais si tu as des questions, ou des choses que tu aimerais savoir, n’hésite pas. » Je savais de toute façon qu’avec elle, je ne serais jamais gêné de parler de moi. Après tout, elle connaissait mon passé, et avait même compris l’une de mes plus grandes craintes – avant que je ne débute ma psychothérapie et que je ne la rencontre tout du moins. En comparaison, parler de mon métier et de ce que je faisais, ce n’était rien du tout. « On a tout notre temps avant d’aller ailleurs. Je pensais d’ailleurs qu’on pourrait aller chez moi pour une fois, Lexie n’est pas là en plus. » annonçais-je, comme si de rien n’était et que je venais seulement d’y penser. Au moins, si cela la rebutait, je serais fixé et arrêterais de penser à sa réaction en voyant toute la guimauve que je lui avais préparée. Ah, danser … Ce que je pouvais ne pas aimer ça. Je me sentais toujours ridicule lorsque je le faisais. « Okay … » acceptais-je sans vraiment d’enthousiasme. De toute façon, je savais que je ne me sentirais jamais ridicule en sa présence, que tout me semblerait être naturel – comme écrit par plus puissant que nous.

Maureen n’étant pas la première couillonne venue – du moins cherchait-elle à s’en convaincre – elle avait rapidement vu qu’Azariel, au lieu de répondre à sa question de façon franche, l’avait éludée d’un baiser. Ce n’était pas désagréable mais la curiosité de la jeune femme ne fit que croître de seconde en seconde alors qu’elle tentait de deviner ce qu’il avait bien pu préparer… une promenade romantique au clair de lune dès qu’ils seraient sortis de cet enfer ? Ou bien simplement le fait de la raccompagner chez elle, de lui faire un baisemain sur le palier de sa porte avant de ne lui promettre de passer le reste de la nuit avec elle… bien sûr, à chaque fois qu’ils avaient été séparés physiquement pendant la nuit – Maureen étant malheureusement elle-même souvent à l’autre bout de la planète pour ses contrats – Azariel avait tenu parole et l’avait longuement appelée. Ils ne parvenaient d’ailleurs jamais à raccrocher, intarissables qu’ils étaient alors que leurs conversations ne volaient pas forcément haut… ils se parlaient à cœur ouvert, comme l’irlandaise n’avait jamais eu la possibilité ou même l’envie de le faire auparavant. Mais hélas, dès lors qu’ils raccrochaient, les angoisses latentes de la demoiselle surgissaient à nouveau et tout restait à refaire. C’était à un point tel qu’elle était presque tentée d’acheter un chien, qui à coup sûr lui ferait une présence chaque nuit à laquelle elle pourrait se rattacher… mais qui s’en occuperait les semaines où elle ne serait pas là ? Neil allait vite déclarer forfait – il préférait de très loin les animaux aux humains – Anton ne pourrait pas davantage quant à son assistant, Dante, elle lui demandait déjà tellement de choses qu’elle se voyait presque mal lui rajouter la chose… « Alors faisons un deal : quand nous serons tous les deux ce soir, je te poserai des questions et tu m’en poseras, d’accord ? Quelque soit le sujet. » Maureen espérait simplement qu’il ne s’amuserait pas à lui poser des questions sur son boulot car dans un élan d’honnêteté, elle serait bien capable de lui répondre en risquait de fait de le mettre dans une situation délicate… au même titre qu’elle se gênerait elle-même d’ailleurs. « Chez toi ? Oh mais c’est une excellente idée ! J’ai toujours voulu savoir où tu vivais avec ta petite sœur mais je n’ai jamais osé demander… tu ne veux pas que je la rencontre pour l’instant… il me tarde déjà d’y être. » Mais avant, la danse ! Maureen vit aussitôt son air peu enchanté mais cette fois, il ne s’agirait pas du cours donné par nul autre que le frère aîné de l’irlandaise, durant lequel les deux jeunes gens seraient dans l’incapacité totale de s’avouer à quel point ils s’aimaient malgré tous les non dit ayant pu les séparer… cette fois-ci, lorsque la musique démarra, la jeune femme plaça la première main d’Azariel contre ses mains et serra l’autre dans la sienne, s’approchant ainsi de son partenaire non sans un délicieux frisson lui parcourant l’échine. « Laisse-toi guider… » murmura-t-elle à son oreille avant de n’embrasser sa joue et de commencer à le guider, avec grâce et volupté, prouvant à l’assemblée qu’ils étaient non seulement fait l’un pour l’autre de façon évidente mais qu’ils pouvaient même danser avec un extraordinaire brio pour peu qu’ils soient ensemble… « Tout va bien ? »

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Quel que soit le sujet ? Je me demandais si j’allais lui poser des questions sur son métier, mais je savais que je ne serais probablement pas enchanté par ses réponses. Mais je désirais tellement qu’elle sente que je serais là pour l’écouter, et que je partirais pour cette raison, que j’étais prêt à faire ce petit sacrifice. Bien sûr, il faudrait qu’on mette les choses à plat auparavant. Que je lui explique – et surtout qu’elle comprenne – qu’après chacune de ses confessions, il y aurait probablement un blanc venant de ma part, le temps que mon cerveau digère l’information. Mais je savais que je resterais. Je m’étais fait à l’idée qu’elle tuait, torturait, séquestrait et autres ses contrats. Donc rien de ce qu’elle pourrait me dire ne pourrait me faire fuir à présent. Ce qui me faisait réellement peur, c’était que quelque chose ne lui arrive – ou que quelque chose ne m’arrive. Parce qu’alors, je ne saurais comment je réagirais. Est-ce que je pourrais rester avec elle si je revivais le même enfer que j’avais vécu en étant adolescent ? Est-ce que je pourrais vivre dans la peur et m’imaginer les pires choses dès qu’elle ne me répondrait pas au téléphone ? Après tout, la dernière fois qu’elle ne m’avait pas répondu, c’était lorsqu’elle avait été séquestrée. Je m’étais déjà inquiété au possible, comment réagirais-je maintenant que je savais ce qu’elle risquait ? « Oui, on pourrait faire ça, en effet. » Après tout, rien ne me disait qu’elle serait prête pour ce que j’imaginais, autant avoir un projet de secours. Le fait qu’elle ne risque de partir à l’étranger à cause de son métier ne me dérangeait pas plus que cela – si tant est que je passais outre ce qu’elle y faisait – même si je savais qu’elle me manquerait, et que je m’inquiéterais probablement encore plus – si cela était possible. Peut-être que je pourrais, dans ces moments-là, lui demander de me donner l’hôtel où elle résiderait, ainsi qu’un numéro où la joindre, son téléphone portable. Au moins, je saurais où elle se trouverait et pourrait y aller si je n’avais plus de nouvelles d’elle. Oui, peut-être que l’on pourrait faire une sorte de contrat à ce sujet. Et je pourrais combler la solitude en sauvant un chien de la SPA, après tout, cela faisait maintenant des années que Lexie en désirait un. « T’aimes les chiens ? » m’entendais-je lui demander. « Ça fait un moment qu’on y pense avec Lexie, donc voilà, je voulais savoir si tu les aimais … » continuais-je après avoir rapidement secoué la tête. Après tout, ce serait hors de question si elle était allergique par exemple. J’aurais toujours des poils de chien sur moi, sans compter le fait que je comptais vivre avec elle un jour ou l’autre, elle était donc concernée. « Il me tarde d’y être aussi. » répondais-je. Et c’était la stricte vérité, qu’elle soit d’accord avec mes projets pour le reste de la soirée, je n’avais qu’une envie, rester près d’elle, en face à face, et non entourés d’inconnus. Je la laissais guider la danse, après tout, je n’y connaissais strictement rien. Mais comme je l’avais pensé, au final, cela me semblait presque naturel. Et puis mes mains, bien qu’aimant également être sur son ventre, semblaient enchantées de reprendre leur place sur ses reins. « Oui, ça va, c’est mieux que ce que je pensais. Beaucoup mieux … » lui dis-je avant de l’embrasser.

Avec délicatesse et naturel, le jeune couple occupait divinement la piste de danse, incitant même d’autres à en faire autant. Le constater arracha à Maureen un sourire des plus évidents, sans compter qu’Azariel se débrouillait bien mieux qu’il n’avait dû le penser de prime abord : s’il ne se trouvait pas fait pour la danse, alors il était tout de même fait pour danser avec elle. Mais n’était-ce pas ce qu’ils comptaient faire en liant leurs deux existences ? Danser de nombreuses années, main dans la main, jusqu’à ce que la mort de les séparent… et même après, si l’on extrapolait sur une vie potentielle après la mort. L’idée en tout cas de partager de très longs instants avec Azariel lui plaisait furieusement, même si elle savait que la nouvelle viendrait forcément aux oreilles de son père et que celui-ci, dans un élan de possessivité, pouvait tout à fait multiplier les contrats de sa fille afin de l’éloigner du canadien. Rob O’Connor était un être complexe, surtout à ce niveau là… cruel, certes, mais également profondément dévoué à ses enfants et prêt à tout pour leur montrer que leurs compagnons choisis n’étaient pas nécessairement les meilleurs pour eux. A ceci près que pour Maureen, personne ne trouverait jamais grâce à ses yeux. Les hommes ayant déjà souhaité lier sa vie à la demoiselle avaient pris peur devant la pression paternelle et quelque part, il persistait une crainte qu’Azariel ne finisse par lui tourner le dos à cause de lui. Mais par une chance extraordinaire, en l’espace d’une seconde, il parvint à lui arracher un petit rire franc alors qu’ils continuaient de danser tout naturellement et qu’il lui posait une question à laquelle elle ne s’attendait pas… « J’adore les chiens. Je pensais justement à m’en acheter un parce que malheureusement, tes coups de fil ne sont pas aussi efficaces que lorsque tu dors à côté de moi. » Et il ne fallait surtout pas y voir matière à culpabilité car ce n’était point l’idée de Maureen, elle se contentait juste de trouver amusant qu’il n’ait eut la même idée simultanément… « Mais pourquoi tu me demandes ça ? Si c’est à Lexie que tu souhaites en acheter un… à moins que tu ne veuilles d’un avis supplémentaire au moment de trouver LE chien idéal ? » Pour l’instant, elle ne pensait pas le moins du monde à la même chose que lui : elle n’imaginait pas qu’il se soit projeté avec elle et ait pensé qu’en cas d’allergie aux poils de chien, il aurait été délicat pour Azariel de vouloir acheter un animal à quatre pattes… ce n’était pas tant qu’elle s’excluait de sa vie en posant la question, mais plutôt qu’elle ne souhaitait pas s’y imposer. Leur histoire était déjà trop belle pour être vraie, tant et si bien qu’elle ne souhaitait pas mettre la charrue avant les bœufs… « Bientôt je pense que j’irai en acheter un, on pourra y aller ensemble si tu le souhaites. Comme ça, il me tiendra compagnie quand tu ne seras pas là ! » La jeune femme embrassa sa joue avec délicatesse, persuadée d’être déjà bien trop accrochée à lui sans rien pouvoir faire contre. Et ce alors qu’elle savait pertinemment que sa petite sœur passait avant elle. « Tu te débrouilles merveilleusement. Mais si tu veux arrêter de danser devant tout le monde et que l’on aille sur le balcon pour plus d’intimité… ou ailleurs, il faut me le dire. Ne te gêne jamais pour dire ce que tu penses avec moi. »

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Tandis que je remarquais que l’on pensait tous deux à adopter un chien – chacun le notre – je me demandais si on était autant synchronisés sur d’autres choses – comme comment nous pensions que se terminerait la soirée par exemple. Je n’étais d’ordinaire pas autant pressé, préférant au contraire prendre mon temps, mais depuis que j’avais préparée la chambre, c’était limite si je ne pensais plus qu’à ça. Pas forcément pour le sexe qu’il y aurait – quoique je l’imaginais déjà exceptionnel – mais plus parce que je voulais voir sa réaction lorsqu’elle verrait tout ce que j’avais fait. Je ne savais pas du tout comment elle réagirait, bien que je savais qu’elle serait surprise – l’important résidant sur le fait que la surprise soit positive et non négative. Je voulais vraiment lui accorder le plus de petites attentions que possible, bref, être le meilleur des petits amis. Donc peu m’importait vraiment si l’on passerait à l’acte ce soir ou une autre fois, mais je voulais juste qu’elle sache ce que je ressentais – même si je ne lui avais pas encore dit les mots, notre relation étant pour le moment bien trop jeune. « Une fois que tu auras rencontrée Lexie, tu pourras rester dès que tu le voudras. Mais pour le moment, bah … je ne peux que rarement découcher, désolé. » m’excusais-je, bien qu’au fond, même si j’étais attristé par le fait qu’elle fasse des cauchemars – et flatté par le fait qu’elle n’en fasse pas en ma présence – je n’étais pas désolé de faire passer ma petite sœur en premier. Elle passerait toujours en premier – même devant l’irlandaise. Tout ce que j’espérais, c’était que la rencontre entre les deux femmes de ma vie se passe du mieux que possible, sans trop de dégâts. Mais bon, Lexie m’avait bien aidé – même si cela avait été sans grand enthousiasme – à préparer la chambre non ? Peut-être qu’elle se comporterait mieux cette fois-ci, pensais-je, même si je n’y croyais pas vraiment, surtout au vu de sa réaction lorsque je lui avais dit que nous nous remettions ensemble. Elle avait été sidérée, ne comprenant pas comment je pouvais me mettre avec une fille de la mafia – surtout moi, avait-elle précisé. Elle ne comprenait pas que je puisse passer outre son métier. A vrai dire, je ne le comprenais pas vraiment non plus, et si cela n’avait pas été pour la jeune femme, je serais sûrement parti en courant, sans me retourner et y repenser. Mais on ne pouvait pas contrôler ses sentiments, j’en avais fait l’expérience lorsque nous avions été séparés. « Bah je sais pas, mais bon, si tu avais été allergique, cela aurait été compliqué non ? En plus, si je prends un chien, c’est pour rester avec lui tout le temps, donc tu aurais dû te le coltiner si tu ne les aimais pas. » tentais-je de m’expliquer, tout en gardant caché le fait que je nous imaginais déjà dans notre maison au bord de plage, et que mon chien deviendrait donc également le sien. « Oui, on pourrait aller ensemble à la SPA. Peut-être que tu pourrais rencontrer Lexie à ce moment-là. Après tout, elle ne peut pas être teigne alors que je vais réaliser son rêve non ? » rigolais-je. Je savais, connaissant ma petite sœur, que ce serait à moi de m’en occuper, et surtout qu’il resterait avec moi pendant la journée. Après tout, elle était encore étudiante et je la voyais mal l’emmener pendant ses cours. Tandis qu’au vu de ma fonction – j’étais tout de même chef du département, avec mon propre bureau, et surtout plus souvent à l’extérieur qu’à l’intérieur, je pourrais l’emmener partout avec moi. En plus, cela ferait du bien aux enfants et aux jeunes d’être près d’un chien tandis qu’ils se confieraient sur leurs plus grands cauchemars, surtout que j’avais lu que les animaux apaisaient grandement les enfants. Ce chien serait donc probablement le mien, et non celui de Lexie, mais bon, elle pourrait quand même en profiter, sans en avoir les inconvénients. « C’est comme tu veux. On peut aussi aller chez moi, et diner là-bas ? Je te cuisinerais un truc rapide si tu veux. »

« Je n’ai pas dit ça pour ça » murmura soudainement Maureen, amusée. C’était la pure vérité d’ailleurs : elle ne demandait pas à Azariel de découcher tous les soirs, ou même de la considérer comme une pauvre petite chose fragile à qui il faudrait longuement caresser la chevelure jusqu’à ce qu’elle ne s’endorme de la façon la plus paisible qui soit… au contraire, elle prenait pleinement ses responsabilités et trouvait une solution seule à ses soucis de cauchemars. Cela ne voulait pas dire que l’idée du chien allait forcément l’aider mais au moins elle aurait essayé : c’était ça ou finir par faire un malaise parce que son rythme allait probablement s’intensifier dans peu de temps et qu’elle risquait d’avoir beaucoup de mal à tenir la cadence, même en en ayant l’habitude. « Mais ce ne sera pas mon problème puisque d’une je ne suis pas allergique et de deux je pense que je vais en avoir besoin d’un. J’avais pensé à prendre Neil comme coussin mais je ne pense pas qu’il soit d’accord » ironisa-t-elle alors que la musique s’intensifiait, arborant un rythme légèrement plus rapide, leur demandant bien évidemment de dévoiler davantage de leur synchronisation corporelle… car il s’agissait bien de cela, au bout du compte. Ils n’étaient pas seulement un homme et une femme s’étant rencontrés comme ça, mais bien deux âmes sœurs pour qui la terre n’avait pas été un terrain de jeu assez grand pour les empêcher de se croiser… « Je ne crains pas la rencontre avec ta petite sœur, mais ne t’oblige pas à me la présenter si pour l’instant tu n’es pas prêt. Que disais-tu à ce sujet tout à l’heure ? Ah oui : nous avons tout le temps… » Et ce bien que la soudaine proposition d’Azariel ne mit guère de temps à envahir l’intégralité de son esprit. Par chance, la musique finissait juste à ce moment là et elle prit sa main pour le faire quitter la piste de danse – il ne faut pas abuser des bonnes choses, surtout lorsqu’il s’agit de danse – et c’est à ce moment précis que Maureen vit Neil s’éclipser de son côté, accompagné de Bérénice. Pas trop tôt, enfin il suivait ses conseils avisés ! Mais cela voulait dire que l’irlandaise et le canadien n’avaient plus réellement de raison de moisir ici, à faire de grands sourires à tire larigot alors que la jeune femme préférait mille fois profiter d’une soirée plus calme en compagnie seule d’Azariel. Elle n’acceptait pas une telle paix dans sa vie tourmenter pour gâcher de précieuses minutes… elle ne lâcha donc pas sa main, l’emmenant à l’extérieur tandis que son sourire ne la quittait pas d’une semelle, guettant pour le moindre taxi. La limousine était bien évidemment partie – ou Neil l’avait reprise pour lui seul, chose pour laquelle elle ne pouvait guère le blâmer – et il leur fallait bien un moyen de transport… « Je suis curieuse de voir comment tu sais cuisiner à vrai dire et je n’ai pas l’intention de rester une seconde de plus dans cet enfer ! Déjà que l’on est très pris toi et moi… j’aurais fait l’effort mille fois pour mon frère mais puisqu’il est manifestement parti, nous allons en faire autant. Tu me fais découvrir ton chez toi ? » demanda Maureen avec malice non sans capturer fugacement ses lèvres avant de siffler bruyamment un taxi avec ses doigts. La manœuvre fut efficace : il s’était arrêté et les avait laissé monter ! « Je ne connais pas l’adresse par contre… » avoua-t-elle sans mensonge d’aucune sorte.

AZARIEL & MAUREEN

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« Je pourrais le garder quand tu ne seras pas à New York si tu veux … » lui proposais-je. Après tout, si on adoptait nos chiens ensemble, en même temps, ils se connaîtraient déjà. Et puis, j’avais toujours adoré les animaux, juste je n’avais jamais vraiment eu le temps ni les moyens auparavant pour en adopter. Et garder son chien ne me dérangerait donc absolument pas, bien au contraire. Et puis, cela me ferait penser qu’une partie d’elle resterait avec moi, tandis qu’elle parcourait le monde. « Non, mais j’ai envie qu’on adopte nos chiens ensemble, et Lexie sera forcément présente. Et plus, comme je l’ai dit, elle devrait être de meilleure humeur que d’habitude ! » Et puis, il fallait bien qu’elles se rencontrent un jour non ? Je m’imaginais déjà vivre avec l’irlandaise, et en même temps, je voulais que Lexie continue à vivre à la maison. Donc si tout se passait comme je le voulais, elles seraient même obligées de cohabiter. Autant dire qu’elles finiraient bien par se rencontrer … Tandis qu’en choisissant de les faire se rencontrer lorsque nous adopterions un petit chien, c’était purement stratégique. Lexie désirait avoir une présence animale à la maison depuis qu’elle était petite – tout comme moi. Mais nous n’avions jamais pu jusqu’à maintenant. Au début, nos parents nous trouvaient beaucoup trop jeune, et attendaient donc que nous soyons assez matures pour pouvoir nous en occuper – ne voulant pas s’en occuper eux-mêmes à notre place. Ensuite ils étaient décédés et nous avions été envoyés en foyer, où les animaux étaient de toute façon interdits. Pendant notre séjour en famille d’accueil, avec lui, cela ne m’avait même pas traversé l’esprit. Puis je m’étais émancipé et avais été mis à l’essai pour la garde de ma petite sœur. Enchaînant alors deux voire trois boulots en plus de mes études, pour subvenir à nos besoins ainsi que payer mes études, je n’avais alors ni l’argent pour l’acheter et le nourrir, et encore moins le temps de m’en occuper. J’aurais pu en adopter un une fois que je commençais mon travail d’assistant social, mais j’étais alors au bas de la chaîne, et avais préféré m’endetter et nous acheter une belle maison, plutôt que de penser à prendre un chien. Mais maintenant était le bon moment. Le prêt immobilier était remboursé, j’étais responsable de mon service et souvent à l’extérieur et de plus l’animal apaiserait les jeunes lorsqu’ils se confieraient. Je faisais un jogging le matin et le soir, et pourrais donc prendre un gros chien, ce qui était mon rêve. Je suivais Maureen à l’extérieur du bâtiment, pour attendre un taxi. « Je ne suis pas non plus un cordon bleu, mais je me débrouille. » Je n’avais d’ailleurs pas vraiment eu le choix, ayant dû m’occuper des repas depuis que nous avions été en famille d’accueil, n’ayant pas le choix si je ne voulais pas que nous ne mangions des pâtes tous les jours. J’avais donc appris premièrement des choses simples, surtout des sauces ou des risottos ; puis m’étais mis à faire des plats de plus en plus sophistiqués. « Bon Lexie est végétarienne maintenant, donc il n’y a plus de viande à la maison, mais si tu n’aimes pas le tofu je peux toujours te faire un risotto si tu veux … » continuais-je. La viande, je n’avais tout simplement plus le droit de la cuisiner, et n’en prenais donc qu’au restaurant, lorsque ma petite sœur ne pouvait pas me voir – oui, c’était lâche, je le savais, mais en même temps, elle avait en partie raison, et c’était moi qui ne pouvais pas m’en passer. Je donnais l’adresse au chauffeur de taxi pour qu’il nous y dépose, tout en gardant la main de ma petite amie enlacée dans la mienne.

« Tu risques de le garder souvent, alors ! » s'exclama soudainement Maureen. Ce n'était absolument pas à prendre de façon dramatique mais elle regardait plutôt la vérité en face : très régulièrement, elle se rendait à l'étranger et souvent, le moment du retour restait inconnu jusqu'à la dernière minute. Voilà pourquoi elle hésitait diablement à répondre à cette véritable pulsion l'incitant à acheter un animal de compagnie... ce n'était pas risqué mais elle craignait que le chien ne soit vite malheureux. Maureen avait beau posséder un très grand appartement, cela ne faisait pas un jardin où il pourrait gambader, ni même le temps dont elle aurait certainement besoin pour le promener - à savoir matin et soir. L'irlandaise avait beau être une grande sportive amatrice du jogging, il n'empêche qu'elle ne pourrait pas se permettre de laisser ce pauvre bout de chou des semaines entières tout seul... et ce bien qu'Azariel ne vienne de lui proposer de s'en occuper à chaque fois qu'elle quitterait New York. « Je suis sensible à la proposition, je te rassure tout de suite. Mais je n'ai pas envie que ça ne devienne un travail à temps plein pour toi non plus... d'autant que toi tu possèdes une maison mais pas moi, je n'ai pas de terrain là où je suis et même si mon appartement est grand, je n'ai pas de jardin. Il risque de vite s'ennuyer et d'être malheureux, le pauvre pépère ! Il faudrait limite que j'achète ma propre baraque... après tout, ce n'est pas comme si je n'avais pas l'apport nécessaire. C'est une idée à creuser avant que je ne fasse le grand saut à la SPA ! » Mais soudainement, Maureen eut l'impression d'exclure Azariel. Leur histoire n'en n'était qu'à ses balbutiements et pourtant, le simple fait de ne pas se dire qu'elle allait acheter une maison avec lui ne manquait pas de lui serrer le coeur. Sans doute était-ce une réaction complètement stupide, puisqu'il avait sa soeur à charge et qu'il n'était pas question de lui demander de choisir... mais l'irlandaise ne pouvait guère s'en empêcher, hélas. C'était plutôt bon signe qu'elle ne veuille l'inclure à ce point dans sa vie, n'est-ce pas ? De même qu’il était extrêmement bon signe que de pouvoir enfin constater de la jolie maisonnette dans laquelle il vivait. Maureen fut aussitôt charmée, alors qu’elle venait tout juste de sortir du taxi – sans évidemment lâcher d’un pouce la main d’Azariel. Pour la peine, elle poussa un long soupir d’aise, consciente que cette soirée allait bien mieux finir qu’elle n’avait commencé : quel pied absolu ! « Tu me fais visiter ? Et puis tu sais… si tu n’es pas un cordon bleu tu auras une assistante qui se débrouille pas trop trop mal en cuisine. Bon d’accord je n’ai jamais réellement le temps de manger comme il faut ou de me mettre derrière les fourneaux mais pour toi ce soir je veux bien essayer. Seule chose : je crois que le tofu est l’aliment dont j’ai le plus horreur… ça ne devrait même pas exister, ce n’est pas humain ! Si tu n’as rien d’autre, tu sais qu’on peut se faire livrer de quoi cuisiner au pire… » Et pour l’encourager, elle embrassa sa joue. Maureen n’avait pas fait un pas vers la maison pour l’instant, attendant de n’y être invitée : après tout, cela faisait partie du jeu…

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« Ça ne me gêne pas, vraiment … » insistais-je auprès de la demoiselle. De plus, ainsi, je serais la première personne qu’elle verrait dès qu’elle rentrerait. Le rêve non ? « Justement, quand tu ne seras pas là, il profitera de mon jardin, et je l’emmènerais avec moi lors de mes joggings et pareil, il viendrait avec moi au travail. Comme ça, il ne serait jamais seul. » continuais-je. Apparemment, elle ne s’imaginait pas vivre avec moi, ou même avoir un futur avec moi, puisqu’elle semblait vouloir m’exclure. En même temps, c’était moi qui me faisais des films alors que nous ne nous étions remis ensemble que depuis une semaine seulement. Elle avait le droit de ne pas être comme moi, et d’imaginer un futur pour notre relation aussi peu de temps après que celle-ci n’ait commencée. Même si j’étais un peu déçu – après tout, il était toujours difficile de revenir à la réalité et d’arrêter de rêver – je la comprenais et n’en tenais guère. « De toute façon, tu viens avec Lexie et moi à la SPA, et qui sait, peut-être que tu trouveras le chien de ta vie ? » lui dis-je dans un rire. Je ne voulais pas qu’elle croie qu’elle ne serait pas une bonne maîtresse et se dévalorise à nouveau. Après tout, il serait toujours mieux avec elle deux voire trois semaines par moi, que dans une cage risquant l’euthanasie non ? Je ne savais pas si je prendrais une race en particulier, ou alors un bâtard. J’irais à la rencontre de chacun des chiens, et verrais avec lequel j’aurais le déclic. Oui, moi aussi je voulais rencontrer le chien de ma vie. Ou chienne d’ailleurs, parce que, comme pour la race, je ne savais pas quel sexe je choisirais. Généralement, les mâles étaient plus dominants, mais les femelles étaient plus possessives … Au moins, je n’aurais pas à faire rentrer le critère du risque de gestation, puis la SPA les stérilisait – oui, même les chiots. D’un côté, je ressentais de la pitié pour eux – après tout, ils ne pourraient plus avoir de relations sexuelles voire ne jamais en avoir s’ils étaient chiots – mais en même temps, je comprenais les bénévoles. En effet, il y avait déjà bien trop d’animaux d’abandonnés – malheureusement – et ils ne pouvaient pas prendre le risque que ceux-ci en fassent des nouveaux, cela serait tout simplement ingérable pour eux. Je ne savais pas non plus encore si je prendrais un chiot ou un adulte. D’un côté, je me disais que les chiots avaient plus de chances de s’en sortir, la plupart des gens voulant des bébés, et donc prendre un adulte serait la réaction adulte. Mais bon, comme pour le reste, je verrais bien en les rencontrant. Après avoir payé le chauffeur de taxi, je la dirigeais vers la porte d’entrée, sans quitter sa main. J’ouvrais la porte avant de la laisser entrer et d’allumer les lumières. La maison – bien que pas très grande – était une jolie maisonnette toute faite de briques. Avec Lexie, nous l’avions complètement rénovée, celle-ci étant en mauvais état lorsque je l’avais achetée. Mais en plus du prix qui était donc moins élevé – nous permettant alors de choisir une maison avec jardin à un appartement – c’était surtout son charme et potentiel qui nous avait séduits. « J’ai beaucoup de choix, ne t’inquiète pas. J’ai des courgettes, des haricots verts, des petits pois, du brocoli, des épinards et des oignons. Je peux te faire un risotto si tu veux. C’est ma spécialité ! » m’exclamais-je. En effet, à l’exception des pâtes, le risotto était pour moi le plat le plus facile à réaliser. Déjà, on pouvait mettre ce que l’on voulait dedans, peu importe le contenu de notre frigidaire, il y aurait toujours des ingrédients pour en faire. De plus, c’était quand même assez rapidement fait, environ une demi-heure suffisant. Et surtout, c’était bon.

« Tu t'en occuperais pour moi, c'est vrai ? Tu sais que je vais finir par croire que tu es parfait... » Il ne fallait certes pas en vouloir à Maureen, car bien qu'elle ait deux frères dont elle était extrêmement proche, elle restait particulièrement sauvage et solitaire. Difficile de ne pas l'être lorsque l'on fait son métier. Cela ne voulait certes pas dire qu'elle ne s'imaginait pas dans quelques années en compagnie d'Azariel et leurs... combien voulait-elle d'enfants ? Excellente question, l'irlandaise n'en savait rien. Au moins deux, si la chance lui souriait et qu'elle avait la possibilité d'en faire. Mais dans tous les cas, la question de sa maison potentielle était un petit test. Elle n'avait pas pu s'en empêcher et cherchait à voir la plus petite réaction qui lui permettrait de voir si justement, le canadien était sur la même longueur d'onde qu'elle. Il n'y eut aucune réaction particulière et fatalement, Maureen ne put s'empêcher de laisser une petite moue peupler un instant ses beaux traits de porcelaine. La jeune femme n'en dit mot et ne manqua pas de suivre le jeune homme jusqu'à l'intérieur, découvrant avec délice une maisonnette où il y faisait bon vivre. Ce fut l'exacte impression qu'eut la jolie blonde alors qu'elle demeura un moment dans le hall, osant à peine fouler cette terre inconnue comme si elle était en pleine exécution de contrat. Il n'y avait pourtant aucun ennemi ici et elle n'avait rien à craindre... si ce n'est de manger tout sauf de la viande d'après ce qu'elle avait compris. « Dois-je comprendre que vous n'êtes pas du tout carnivores ? Je vais opter pour le risotto alors, si c'est ta spécialité ! » s'exclama néanmoins Maureen avec un véritable enthousiasme alors qu'elle se rapprochait de la cuisine où Azariel avait élu domicile, non sans chercher à le scruter sous tous les angles. La question lui brûlait littéralement les lèvres et bien qu'elle soit LA spécialiste ès contrôle, bientôt ce fut comme une pulsion incontrôlable de lui livrer le fond de sa pensée... « Je suis stupide. Non je ne me flagelle pas mais figure-toi que dans le taxi, j'ai naïvement cru que tu allais me détromper quand j'ai parlé de la maison que je pourrais peut-être acheter. Je sais que tu as ta soeur et je ne veux pas du tout te séparer d'elle bien au contraire, s'il y a quelqu'un qui respectera toujours tes obligations familiales c'est bien moi mais... je ne sais pas je crois que je rêve un peu trop ma vie depuis que je t'ai rencontré ! Après tout, si ça se trouve, tu ne me supporteras sans doute pas au jour le jour et tu aurais envie de m'assassiner si on se mettait physiquement ensemble, dans la même maison. Je dois avoir faim, ne cherche pas ! » La jeune femme poussa un léger soupir avant de laisser un petit rire gêné peupler un instant l'atmosphère sonore. Pourquoi diable se faisait-elle autant de films ? C'était ridicule, et nul ne le savait mieux qu'elle. Après tout, Azariel devait veiller sur sa soeur... qui était-elle pour espérer quoi que ce soit ? Et pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que ce serait fabuleux... jusqu'à ce que ses belles chaussures à talons de manque de marcher sur quelque chose de rouge qui attira aussitôt son attention. Maureen ramassa ce qui semblait être un pétale de rose, et l'espace de quelques secondes, elle en chercha la provenance... « Tu sais d'où ça peut venir ? C'est bizarre, tu n'as pas de fleur chez toi et il n'y en n'avait pas à la soirée... »

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« Donc, faudra qu’on s’arrange avant tes départs. » commençais-je avant de rire tandis qu’elle me disait qu’elle allait finir par croire que j’étais parfait. Moi, parfait ? J’avais tant de défauts que je ne les comptais même plus. « Je ne crois pas non … » lui répondais-je. Je lui présentais rapidement le rez-de-chaussée, qui n’était en fait – si l’on ne comptait pas les toilettes – qu’une seule pièce. Nous avions voulu donner un air de loft, décidant donc de faire un très grand espace où l’on pouvait quand même distinguer les trois pièces qu’était le salon, la salle à manger et la cuisine. C’était alors surtout des amis de ma petite sœur qui étaient venus nous aider, et surtout leur famille. Comme se trouvaient parmi eux des plombiers, électriciens et même un architecte, nous nous étions permis de tout refaire, à notre goût. Nous n’aurions de toute façon pas eu le choix pour l’électricité, et les travaux de celle-ci faisant beaucoup de dégâts, nous en étions venus à la conclusion que cela ne ferait pas plus de travaux de carrément tout refaire. Nous avions donc cassé tous les murs du rez-de-chaussée, ne laissant que des alcôves pour permettre aux murs porteurs de tenir. Nous étions restés sur le thème du loft, laissant donc des pierres apparentes sur certains murs, comme celui de la partie salon et de la partie cuisine. Aimant quand même assez cuisiner, nous en avions également profité pour construire une grande cuisine américaine – cette pièce ayant été celle qui avait coûté le plus – dont l’une des parties du bar, permettant la séparation avec la salle à manger, était en fait mon plan de travail ainsi que mes plaques à induction. Tout avait été prévu pour que je puisse cuisiner ce que je souhaitais, peu importe la cuisson. J’étais fier de ma cuisine, et adorais y passer du temps. A l’étage, nous avions également décidés de tout refaire, et donc de détruire les cinq pièces pour en faire trois grandes chambres, où chacune comprendrait sa salle de bain privative ainsi que son dressing. Lexie m’avait demandé un SPA, mais même si j’aurais bien aimé, je n’aurais jamais pu me le permettre à l’époque, et nous n’avions de toute façon plus la place à présent. « C’est surtout Lexie qui a décidé d’être bouddhiste et elle arrive à me mettre ses idées dans la tête sans trop de difficultés. » riais-je. « C’est parti pour un risotto alors ! » m’exclamais-je en sortant les ingrédients et en commençant à les préparer, tout en invitant Maureen à s’installer sur l’une des chaises hautes, pour que nous puissions être face à face. « Comme je te l’ai dit, tu peux venir ici autant que tu veux, une fois que tu auras rencontrée Lexie. » lui répondais-je dans un sourire, l’invitant d’une certaine façon à s’installer avec moi si elle le souhaitait. Elle imaginait aussi acheter une nouvelle maison avec moi, et cela me faisait chaud au cœur. Mais bon, même moi je pouvais être réaliste, et nous n’allions sûrement pas faire ce type d’achat dans les mois à venir, mais plutôt dans les années à venir. C’était d’ailleurs pour cette raison que je n’avais fait aucun commentaire lorsqu’elle avait parlé de s’acheter une maison. Après tout, une maison pouvait se vendre, qu’elle en achète une ne voulait pas dire que nous ne vivrions pas ensemble. Par contre où elle marquait un point, c’est que jamais, au grand jamais, je ne chasserais Lexie de la maison, que ce soit celle-ci ou la nouvelle. Et si elle souhaitait continuer à vivre avec moi – nous – lorsque Maureen et moi achèterions la nouvelle maison, elle serait plus que la bienvenue, bien au contraire, c’était mon rêve de vivre avec ma petite sœur pour toujours. Ah, j’étais sûr que c’était Lexie qui avait placé le pétale ici, comme pour saccager mes projets. La connaissant, c’était bien son style. Je secouais la tête d’agacement et soupirais un grand coup. « Probablement Lexie ! Elle ne sait vraiment pas ranger, c’est incroyable. Je me plie en quatre pour tenter de garder la maison en ordre, et à chaque fois, c’est la même chose ! » m’agaçais-je, sans même penser au fait que le pétale était en fait un perdu parmi ceux de la chambre.

« Le grand problème de mes départs c’est qu’ils ne sont souvent pas prévus à l’avance. Il m’arrive d’être réveillée en plus nuit et de devoir prendre l’avion une heure plus tard… ça va beaucoup me gêner de te déranger de façon quasi permanente parce que je vais avoir l’impression de t’imposer mon rythme. » Maureen ne parlait même pas de sa vie mais de son rythme de vie de base : si l’on mettait de côté le fait qu’elle soit et parrain de la Mafia et tueuse à gages, on pouvait presque constater que la demoiselle ne dormait quasiment jamais, ne mangeait pas ce qu’il fallait et surtout jamais à heures fixes. Pas étonnant qu’elle ait parfois des malaises de grandes fatigues… Anton en avait déjà eu un aperçu et si l’irlandaise avait été presque effrayée de se heurter à la colère homérique de son aîné, cela ne l’avait pas incitée à lever le pied pour autant. Maureen restait une femme têtue et un simple conseil de l’un de ses frères n’était pas une raison suffisante pour qu’elle mette à mal un contrat ou ne refuse une réunion au sommet avec tous les pontes de la Mafia… ses responsabilités étaient bien plus nombreuses qu’on ne voulait bien le croire – même si elle n’en parlait jamais – et la pression sur ses épaules était énorme. Pas étonnant qu’elle n’ait guère l’habitude de passer une simple soirée en compagnie du jeune homme, à le regarder s’affairer aux fourneaux en vue de lui concocter LE risotto qui allait donner un côté plus… appréciable à leur début de soirée en demi-teinte. A croire qu’ils soient les spécialistes pour avoir de mauvais débuts de soirée qui finissaient par contre de façon merveilleuse ! Mais cela plaisait diablement à Maureen, il ne fallait pas croire… « A la condition expresse et formelle qu’elle m’accepte et ça, ce n’est pas dit. Mais même si mon monde à moi possède moins de règles normales que le tien je ne suis pas du genre à m’imposer sans arrêt chez les gens. » Non seulement la demoiselle avait toujours été éprise de liberté mais elle ne considérait pas cette maisonnette comme son « chez elle ». Il s’agissait du foyer d’Azariel et non le sien… sans doute ne parviendrait-elle pas à le faire comprendre au canadien mais Maureen restait une déracinée, quelqu’un qui ne se posait que rarement au même endroit plus de trois semaines d’à filée comme s’il était dangereux que de prendre racine… et c’était le cas. Sans oublier le fait qu’à priori, la petite sœur de son compagnon ne risquait pas de l’accepter de sitôt ! Surtout si elle connaissait son vrai métier… « Pourquoi tu t’énerves ? » demanda subitement la jolie blonde, son pétale toujours entre les mains, les sourcils froncés de surprise. « Attends, attends… ce n’est qu’un pétale, au contraire c’est mignon ! Ce serait une chaussette sale je ne dis pas mais là on ne peut pas dire que ce soit réellement dérangeant ! Soit tu es réellement maniaque soit… tu me caches quelque chose. Dois-je te tirer les vers du nez ? » Bientôt, un grand sourire étira les lèvres de Maureen. Son instinct lui disait qu’elle n’avait pas forcément tort de partir du principe qu’effectivement, il cachait quelque chose… il n’était pas homme à s’énerver pour si peu, du moins se plaisait-elle à le croire ! Et pour le pousser à parler, elle jouait malicieusement avec ledit pétale sans pour autant le lâcher une seconde des yeux.