Indianna était seulement à sa première année à N.Y.A.D.A pourtant elle se sentait bien dans cette grande école artistique. La jeune fille aurait pu se sentir perdue, rejetée, isolée des autres, peut-être même aurait-elle pu ne pas se plaire, mais cela n'avait pas été le cas. Pour la simple et bonne raison qu'elle était arrivée dans l'université en se cachant derrière une carapace : ce genre de fille super qui est considérée comme celle qu'il faut suivre, celle avec qui il faut être ami car c'est celle qui est la plus "cool". Au fond, cela ne lui correspondait pas vraiment car Indianna était obnubilée par ses problèmes familiaux et personnels mais elle se plaisait à jouer cette personne qu'elle avait longuement rêvé d'être. Oui, avoir une réputation était important pour se forger une place dans ces écoles d'arts où seuls des personnes issues d'une "certain milieu" pouvaient se permettre d'aller... La brunette n'était pas réellement issue de ce milieu en question, elle avait longtemps vécu dans le Bronx dans un immeuble miteux, et elle avait vu sa demi-sœur se tuer à la tâche pour gagner à peine assez pour les faire vivre toutes les deux, mais elle n'avait jamais perdu espoir et maintenant qu'elle pouvait toucher ses rêves du doigt, tout ne lui semblait pas comme elle l'avait imaginé. Tout d'abord Arizona était devenue amnésique à son sujet suite à son accident, l'australienne n'avait jamais pensé pouvoir se retrouver éloignée de sa demi-sœur. Et pas géographiquement parlant, mais plutôt sentimentalement et moralement parlant. Elles s'étaient toujours soutenues dans ce monde qui ne faisait pas de cadeau et maintenant la cadette des Ioannis se retrouvait sans attache, sans son pilier maître qui l'avait aidé à ne pas partir à la dérive durant ces années où elle faisait encore le deuil de sa mère et qu'elles se demandaient comment elles allaient pouvoir relever la tête de cette terrible chute. Indianna avait eu peur, mais Arizona lui avait toujours dit que tout irait bien, maintenant qu'elle l'avait raillée de sa mémoire, c'était Ella qui avait prit la relève, bizarrement. Maintenant, la jeune danseuse se sentait acceptée et importante aux yeux de tous, même si pour sa demi-sœur elle n'était plus rien. En jetant un coup d’œil aux environs, la belle australienne remarqua une petite brune qui regardait distraitement des prospectus sur la N.Y.A.D.A. La demoiselle avait toujours été du genre à aller vers les autres, et la fille en question ne fit pas exception à la règle puisque Indianna s'approcha d'elle dès que son regard se posa sur elle. Salut ! lança-t-elle gaiement. Tu t'intéresses à la N.Y.A.D.A ? Si tu veux je peux t'aider ? demanda-t-elle tandis que ses lèvres s'étiraient d'un large sourire.

Indianna savait que la N.Y.A.D.A était une prestigieuse école d'arts de la scène dans laquelle seuls les plus talentueux pouvaient se permettre d'entrer - et aussi les plus riches, soit dit en passant - mais elle savait aussi que l'université n'était pas regardé d'un bon œil par les autres étudiants new-yorkais qui suivaient leurs études dans d'autres grandes écoles de la grande ville américaine. Ils avaient une vision assez dépassée des cours qu'on pouvait avoir là-bas, ils pensaient que la danse se résumait au style classique, ballerines et justaucorps bien ajustés reluisant sous l'éclairage artificiel des vastes salles d'entraînements. Mais ce n'était pas le cas, au contraire, tous styles d'arts de la danse étaient exercés, il suffisait de trouver celui qui nous convenait le mieux dans la liste et on pouvait se spécialiser dedans. Indianna, quant à elle, préférait la danse contemporaine mais elle était initiée à d'autres genres et parmi eux elle appréciait particulièrement la gymnastique rythmique, la danse moderne, les danses orientales mais aussi d'autres types de danses comme la danse martiale. Pour le chant, ce n'était pas qu'une simple chorale, les cours aussi étaient très agréables et modernes, des improvisations, des compositions à faire... Elle avait pris goût à son environnement et n'aurait pas su s'en passer. Certes, les frais d'inscription coûtaient un bras, mais au fond, ça en valait la chandelle. Et puis elle avait aussi rencontré des personnes vraiment géniales là-bas, et ce n'était assurément pas pour lui déplaire. « Euh c’est gentil mais... non ! » s'exclama la brunette avec une légère grimace. Immédiatement, elle parut nettement moins sympathique à la jeune danseuse qui arqua un sourcil surpris devant cette réaction imprévisible. « Ah. » lâcha simplement l'australienne d'un air déçu. « Les tutus, les cahier à dessin ou autre, c’est pas vraiment mon genre. » répondit la jeune fille d'un air résolu. Indianna se demandait ce qui pouvait laisser croire à cette jeune inconnue que la N.Y.A.D.A se résumait à cela. « Ah, tu vois ça comme ça, toi ? Penses ce que tu veux, après tout. En tout cas je trouve que tu juges un peu vite. » répliqua sèchement la belle danseuse avec un haussement d'épaules. Elle avait été tout ce qu'il y avait de plus calme en parlant, elle était certes agacée par les paroles de la jeune femme mais cela ne lui faisait ni chaud ni froid, au fond. « J’suis de Columbia. J’regarde juste parce que j’ai un pote qui fait d’la danse. Mais d’la vraie danse. » qu'insinuait-elle par là ? Oui, comme les autres elle devait penser qu'ils ne faisaient que de la danse classique là-bas, pas de hip-hop, de danses de rues ou d'autres choses de ce style... Pourtant ils en faisaient bel et bien, c'était juste que le regard des gens s'arrêtaient à ce qu'ils croyaient connaître sur l'université d'arts. « De la vraie danse ? Tu penses qu'on ne fait pas de la vraie danse, là-bas ? » demanda calmement Indianna en la jugeant d'un regard incrédule. « Qu’est-ce que tu fais toi à N.Y.A.DA. ? » la questionna son interlocutrice. « De tout, du chant, de la danse... Surtout de la danse, en fait. Un peu de tous les styles, du contemporain, du moderne, aussi de la danse martiale ou des styles de la rue. » répondit-elle en appréhendant légèrement la réaction de l'inconnue. Allait-elle se moquer d'elle en l'entendant évoquer la danse de rue ?