Une belle journée s'offrait à lui en ce mois de mai. Le soleil avait déjà inondé son appartement lorsqu'il avait ouvert les yeux. Alors que la plupart des habitants de New York se sentaient d'humeur à chanter et à rire, lui était plutôt d'avis à refermer les rideaux, prendre trois anti-douleurs différents pour ses maux de tête et pour rendre le tout plus efficace, pourquoi pas ajouter quelque gouttes d'alcool dans son verre. Il regretta d'avoir voulu pirater ce système bancaire la veille, et se dit qu'il aurait peut-être mieux valu aller se coucher tôt au lieu de s'acharner sur ce système. Quoi que pour finir, il y était parvenu. Par x=y, il arrivait enfin à suivre les tracés bancaires de son beau-père, et pouvait même lui soutirer de l'argent alors qu'il l'avait pourtant fait sécurisé par l'armée. Il se sourit à lui-même en pensant que décidément, l'informatique le rendait surpuissant alors qu'il était posé sur son fauteuil toute la journée. Son téléphone sonna, et il le retira d'un geste sec de la table de nuit, comme à son habitude. Il ne s'agissait en fait que d'un simple rappel de rendez-vous à la banque, et évidemment, il était en retard. Il se leva en grimaçant (pour une raison qui lui était inconnue il avait des courbatures par tout) et partit se préparer sans trop se presser, parce que ce n'était qu'un "simple rendez-vous" et que de toute façon, il savait déjà ce qu'allait lui dire son banquier. Il sortit de son appartement en activant les alarmes, et en le fermant à double tour, puis alluma une cigarette dans le couloir. Sa voisine, qui sortait à ce moment là, lui fit une remarque désagréable concernant le tabac dans l'immeuble, et il partit en faisant exprès d'expirer longuement la fumée qu'il avait inhalé en un long tracé. La voisine leva le poing et il claqua la porte de l'escalier. Il aurait pu prendre l'ascenseur, mais il détestait l'attendre et ne supportait pas rester inactif dans une boîte d'un mètre carré, alors, il descendait huit étages les mains dans les poches sous le regard des habitants de l'immeuble qui naïvement pensaient que ce jeune, à part la cigarette, prenait soin de sa santé. Si seulement ils savait ce qu'il s'enfilait tous les jours... Ethan sortit et prit le métro en direction de Manhattan, puis descendit à la station principale. Il regarda l'heure et se dit qu'il avait encore suffisamment de temps avant son rendez-vous. Peut-être assez pour faire un tour à central park et profiter du soleil, parce qu'il n'était pas sortit de chez lui depuis plus de trois jours. Très vite, il regretta cette idée. Des enfants jouaient un peu partout (ce dont il avait horreur) et il avait la nette impression que des militaires se trouvaient un peu partout sur son chemin. En tournant pour reprendre le trottoir qui longeait les immeubles, il remarqua une silhouette sagement assise sur un banc. Il ralentit la marche, et regarda plus attentivement. Il avait déjà vu cette personne. La jeune femme tourna la tête par hasard sur le côté et le prénom lui revint. Blaithin, une rencontre au lycée. Il l'appela une première fois, juste pour voir s'il avait bien vu, puis une deuxième fois avec plus d'insistance, ce qu'il n'avait pas l'habitude de faire, parce qu'il fonctionnait sous le principe que c'était les autres qui l'interpellaient et jamais l'inverse. Sans doute l'habitude d'avoir toujours attiré l'intérêt. La jeune femme se tourna et il remarqua directement son uniforme bleu. Elle n'avait pas vraiment changé physiquement, mais il voyait bien qu'elle avait plus de maturité, ce que lui n'avait absolument pas. Plusieurs images lui revinrent en tête. Il se souvenait qu'après ses entraînements, tard le soir, son coach l'envoyait souvent ranger le matériel, et il la voyait courir sur le terrain d'à coté. C'était comme ça qu'ils s'étaient rencontrés. Au début, il n'y avait pas prêté attention parce qu'elle ne faisait pas spécialement parti de "l'élite" du lycée, et qu'en tant que leader, il avait d'autres chats à fouetter, mais après, il avait été forcé de lui adressé la parole parce que la salle de matériel était fermée, et qu'il voulait savoir où il pouvait trouver un autre professeur avant de rentrer chez lui avec une pile de cônes sous le bras.. C'était dans ses circonstances qu'ils s'étaient parlés pour la première fois. Ça aurait pu être une belle amitié, mais les événements avaient fait qu'elle n'avait plus voulu lui parler. Déjà à l'époque il avait tous les critères d'un mauvais garçon, sans compter que l'année qui avait précédé celle-là, il avait suivit sa scolarité dans un centre de redressement. Peut-être que pour elle, il avait été mieux qu'ils se soient perdus de vue. "- Ça fait un bail" lui dit-il simplement, en la regardant brièvement. Il était surprit de la revoir, mais son impassibilité habituelle faisait que n'importe qui aurait pu croire que ce n'était qu'une simple remarque. "- Tu as changé depuis le lycée. Qu'est-ce que tu fais à New York ?" Il regarda son uniforme puis descendit jusqu'à ses mains où il remarqua la trace d'une alliance. Il fronça les sourcils pendant que dans sa tête il avait mal fou à réalisé qu'elle s'était mariée. Et qu'apparemment, elle avait divorcé. Lui était en fin de compte toujours le même.

« Oui effectivement cela fait bien longtemps. Je suis agent de liaison entre le NCIS et l’armée de l’air. Et toi, tu fais quoi ?» Agent de liaison entre la NCIS et l'armée de l'air ? Ça c'était de la formation, bien loin de son travail au sein de sa petite entreprise. Même s'il était monté en grade et avait même pu entrer dans les forces de police, ce n'était pas exceptionnel. Peut-être parce qu'il avait abandonné au bout de seulement trois mois d'activité. Pourtant, son boss était assez content de lui, il lui avait même promis un poste confortable dans un système de défense assez important. Il avait tout lâché, parce que cette vie ne lui convenait pas. Trop d'argent pour lui tout seul (ce n'est certainement pas un drame, mais il était comme ça) et pas de liberté. Avec ses activités actuelle, il vivait comme il le sentait. Pas besoin d'être à l'heure au boulot, pas besoin d'être enchaîné à un bureau.
"- Moi je travaille dans l'informatique"mentit-il à la jeune femme en face de lui. Il ne pouvait pas dire qu'il vendait de la drogue, et piratait des systèmes toute la journées, quand il ne volait pas des cartes bancaires. Qu'est-ce qu'elle aurait pensé de lui aussi non... Elle se redressa et prit sa mallette en main. Ethan trouva que ça lui donnait un air responsable, qu'il n'aurait certainement pas reconnu au par avant. Le lycée remontait tellement loin dans son esprit...
Alors qu'il pensait cela, Blaithin intervint dans le sujet : « Tu as des nouvelles de la promotion ? A la fin du lycée, je n’en ai pas donc...» lui demanda-t-elle calmement. Ethan haussa les épaules, il n'avait pas vraiment cherché à en avoir. "- Tu me connais, je fonctionne sur le principe loin des yeux loin du cœur. Je n'ai plus eu de nouvelles non plus... Mais t'as du faire un long parcours pour être agent de liaison ?" lui demanda-t-il en pensant qu'il avait bien fait de ne plus garder contact avec ses anciens amis de lycée. Qui n'en était pas vraiment d'ailleurs. Il avait du mal à avaler ce qu'il s'était passé avec Blaithin il y avait un peu plus de sept ans. Mais tout ça c'était du passé. Il espérait pourtant qu'elle n'aie pas cru durant tant d'années que c'était lui qui avait révélé une chose pareille. Même s'il en était tout a fait capable. Peut être que c'était ça qui lui avait porte préjudice dans cette histoire.
«- Tu fais toujours du foot ? » demanda Blaithin en le regardant un instant. Cette question lui rappela l'épisode de fin d'année durant lequel elle n'avait plus voulu lui parler. Il ne se souvenait plus vraiment, mais ça c'était passé le soir. Il avait du ranger le matériel dans la salle (comme d'habitude) et était donc rentré plus tard. En prenant sa voiture, il s'était rendu dans le centre de Los Angeles pour faire le plein. En face de la station se trouvait un centre de désintoxication avec entre autre des réunions pour les alcooliques anonymes, mais aussi pour les drogués et un tas d'autres dépendances qui constituaient si bien les problèmes d'aujourd'hui. Alors qu'il payait l'essence, un groupe était discrètement sorti du centre et parmis eux, il y avait Blaithin. Elle avait croisé son regard et après hésitation était venue lui parler. Elle lui avait demandé de ne rien dire et semblait dans tous ses états. Sa carrière dans l'athlétisme allait être compromise si jamais il disait un mot. Ça aurait été une autre personne, il n'aurait pas su tenir sa langue et aurait joué les bourreaux en se moquant de sa victime, mais il s'agissait de Blaithin et par je ne sais quel moyen, elle avait réussi à lui faire promettre de ne rien dire. Peut-être parce que ça lui avait fait mal au cœur de voir qu'elle n'était vraiment pas bien en cet instant précis. Le marché était convenu. Il ne dirait rien. Seulement, la semaine qui avait suivi, la nouvelle s'était répandue dans le lycée. Il avait dit à Blaithin que ce n'était pas lui, mais elle ne l'avait pas cru, ce qui était assez compréhensible vu que les portes qui la menait dans les zones professionnelles venaient de se fermer devant son nez. Puis, plus de nouvelles. Jusqu'à aujourd'hui.
"- Non, j'ai arrêté le foot, le surf, tout, dès que j'ai emménagé à New York." Il avait l'intuition que cette phrase n'allait pas un plaire, mais pour une fois, il ne mentait pas.

[/i]- « Ah, il est vrai que l’on s’est tous perdus de vue. J’avais reçu un carton d’invitation pour venir à une réunion d’anciens étudiants. Mais je ne pouvais pas, je me trouvais en mission »[/i] lui répondit-elle lorsqu'il évoqua le fait qu'il n'avait pas revu ses amis de lycée. Lui n'avait pas reçu de carton d'invitation. Enfin si, mais il l'avait perdu. Quelle importance ? De toute façon il n'y aurait JAMAIS mît les pieds. Voir ses "ex-amis" dire fièrement qu'ils étaient père de famille ou qu'ils avaient réussi dans les finances ne l'attirait pas du tout. Comme il le disait plus tôt, loin des yeux, loin du cœur.
"- Si tu n'avais pas été en mission tu y serais allée ? Honnêtement, ça t'aurais fait plaisir de revoir toutes ces personnes ?" demanda Ethan qui avait certainement déjà oublié que tout le monde n'était pas aussi insociable que lui.
La discussion s'orienta ensuite sur le métier de la jeune femme: - «J’ai eu de la chance c’est tout. Mes compétences ont pu m'ouvrir des portes. Je vole depuis mes quinze ans» lui affirma-t-elle avec sa simplicité habituelle. Ethan la regarda avec un demi-sourire, un peu surpris. "- Tu ne m'avais jamais dit que tu prenais des cours de vol au lycée ?" En même temps, ils ne se parlaient pas souvent à ce moment là, mais il pensait la connaître un minimum, et il était déçu de ne pas l'avoir apprit plus tôt. De toute façon, il n'aurait pas pu lui en vouloir, elle même devait en savoir peu sur lui. Ou du moins, ce que les autres étudiants connaissaient de lui, c'est à dire son camp de redressement et son aventure avec la fille de son beau-père.
- « Ils comptent plus les heures de vol. Puis, une formation en droit à la fac aide aussi. Enfin, les classes et voilà, un peu de chance et donc voilà. Un parcours qui me plait bien. Et toi ? En informatique ? Tu vas ouvrir ton magasin après ? » Ethan eut un sourire en entendant sa dernière question. Disons que ce n'était absolument pas son objectif, mais puisqu'elle ne connaissait pas sa véritable "profession" elle ne pouvait pas se douter qu'il n'était pas près de gagner de l'argent honnêtement. "- Non, pas du tout. Je ne fais que des programmes au sein d'entreprises. Ça s'arrête là. J'ai travaillé dans la police un moment, puis je me suis arrêté", répondit-il en soupirant. Seule sa dernière phrase était vraie. Il était un peu fière de ne pas avoir mentit sur ce point là, d'autant plus qu'il n'aimait pas trop lui mentir. Il avait l'impression de se trahir.
Ethan expliqua ensuite qu'il avait tout arrêté quand il avait emménagé à NY. Blaithin sembla étonnée et lui dit que c'était surprenant parce qu'avant toutes ces activités là lui plaisaient. Elle lui demanda même s'il n'a avait plus le temps de faire du sport en salle. "- Ce n'est pas que je n'ai plus le temps, c'est juste que je n'en ai pas envie. Je me lasse très vite. J'ai vite oublié toutes ces choses" dit-il en pensant qu'elle n'avait pas tord sur le fait qu'il avait arrêté le sport.
- « Je ne suis pas étonnée de ne plus te voir à Hawaï pour le surf » répondit la jeune femme. Ethan haussa les épaules puis lui dit d'un air pensif: "- Peut-être que j'en referais un jour"
Alors qu'il s'apprêtait à lui poser une autre question, son téléphone sonna. II regarda brièvement son écran et découvrit le rappel de son rendez-vous à la banque. Maintenant, il était en retard. Il regarda la jeune femme en face de lui et lui dit assez rapidement: "- J'ai un rendez-vous, il faut que j'y aille". Il fit demi-tour sans demander son reste, et alors qu'il s'apprêtait à prendre le chemin qui le menait vers l'avenue de sa banque, il fit volte face et revint sur ses pas. "- Ce serait cool que tu me donnes ton numéro. On se perdrait pas de vue une deuxième fois comme ça" lui dit-il dans un demi-sourire, pendant qu'il griffonnait sur un bout de papier le sien avant de le lui donner, "- Au moins, tu as le mien". Il s'écarta puis partit en direction de la banque, même s'il était assez déçu d'arrêter là leur discussion.