Le sommeil du vétérinaire avait été entrecoupé. Les derniers jours, pour ne pas dire semaines, avaient été riches en émotions. Son ex petite amie Selina avait vu sa boutique saccagé. Elle savait que c’était des types qu’elle avait déjà rencontré qui avait fait ça. Ils lui avaient demandés de passer de la drogue dans ses cupcakes. Elle avait refusé t depuis, ils avaient décidés de faire de sa vie un véritable enfer. Elle voulait le protéger en ne lui disant pas qui était ces hommes. Seulement, il avait décidé de faire sa propre enquête et il comptait bien aller les voir. Il n’acceptait pas que la jeune femme soit en danger, ni leur fils Nolan. Du coup, il n’arrivait plus à dormir aussi bien qu’avant, ayant peur que sa famille soit touchée, y comprit son neveu Sam. Heureusement, il avait le travail qui lui permettait de se concentrer sur autre chose. Parfois, il se demandait si c’était une bonne idée d’y aller et de laisser Selina seule. Il n’aimait pas ça, mais il savait que s’il continuait à être sur son dos, elle allait devenir chèvre. Ca n’était pas dans son intérêt, vu qu’il comptait reconquérir la jeune femme. Alors, il lui laissait de l’espace, mais il lui avait dit qu’en contre partie, si elle voyait les hommes trop près d’elle, elle devait le prévenir aussitôt. Fixant le plafond, il soupira, encore plus quand son réveil sonna. Frappant dessus, il se leva et alla directement dans la salle de bain, pour se doucher. Une fois fait, il se sécha et aller s’habiller. Un tee-shirt, un jean et une paire de chaussures plus tard, il était prêt. Allant prendre son petit déjeuner, il en profita pour prendre le journal qui était devant chez lui et il commença à le feuilleter tout en mangeant. Une heure plus tard, il allait en voiture à son travail. Se garant dans le parking réservé au personnel, il alla vers le bâtiment et ouvrit la porte donnant à l’arrière. Allumant les premières lumières, il alla directement voir les animaux qui avaient passés là nuit ici. Leur mettant à manger, il vérifia que tout allait bien pour eux et il décida ensuite d’aller vérifier le reste du cabinet. Seulement, en passant devant une porte entrouverte, il vit quelqu’un. Fronçant les sourcils, il ouvrit doucement la porte, pensant voir un agresseur de Selina. Mais, il fut surprit en découvrant Maïa.

Maïa ?

Entrant dans la pièce, il réalisa alors qu’elle avait dormit ici.

Qu’est-ce qui se passe ?

C’était la première fois qu’elle faisait une telle chose. Pourquoi avait-elle dormit ici ? Il savait que ça n’était pas ses affaires, mais il s’en faisait pour la jeune femme.

Quelque chose ne va pas avec ta mère ?

C’était la première raison qui lui venait à l’esprit. Il savait que Maïa et sa mère étaient proches, du coup, il se demandait si ça avait un rapport ou pas.

Effectivement, jamais ô grand jamais Maïa ne prenait l’habitude de dormir ailleurs que dans sa confortable caravane, entourée de ses affaires, aseptisée à son goût, et où y régnait une agréable odeur de vanille. Fallait-il qu’elle soit troublée ou dans de graves ennuis pour déroger à ce genre de règle… car tel n’était pas son genre. Aussi eut-elle ni plus ni moins l’impression d’être prise en faute lorsque Daryl arriva comme chaque matin au cabinet vétérinaire, comprenant aussitôt qu’elle avait dormi dans les locaux. L’esprit de la jeune brune était encore embrumé par le sommeil ayant été relativement court et passablement perturbé. Elle fit pourtant front à ce flot de questions plutôt dérangeantes et ne manqua pas de pousser un très léger soupir, ne se préoccupant aucunement du fait que son patron puisse les prendre personnellement. Il valait mieux ne pas être atteint de susceptibilité lorsque l’on vivait proche ou que l’on travaillait en compagnie de Maïa… elle avait une fâcheuse tendance à ne pas accorder le moindre crédit aux évidences et à être passablement intransigeante sans même s’en rendre compte. Elle poussa à nouveau un petit soupir, toute persuadée qu’elle ne serait pas réellement opérationnelle tant qu’elle n’aurait pas avalé sa dose quotidienne de caféine, mais fit l’effort au moins de regarder Daryl pour qu’il n’aille surtout pas penser qu’elle l’ignorait. C’était plutôt curieux que ce genre de détail vienne de la frapper alors que d’ordinaire, elle n’y accordait pas la plus petite attention. « Non, ma mère est en parfaite santé » lâcha-t-elle avec un naturel déconcertant. Maïa ne se disputant jamais avec sa mère, cette évidence devait forcément frapper les autres à ses yeux et elle n’avait donc pas besoin de dire quelque chose d’autant évident. Evitons les pertes de temps, en somme.

« Des récents évènements ont été à considérer par mon esprit et j’en ai oublié de rentrer chez moi » avoua-t-elle sans détour. La jeune brune ne sachant pas mentir et en étant même incapable, inutile que de s’imaginer qu’elle mentait. « Je suis malade. Je veux dire, j’ai fais des examens après une récente faiblesse physique et il s’avère que j’ai une leucémie. Inutile de faire fonctionner votre système lacrymal, je suis parfaitement capable de travailler » le coupa-t-elle avant même qu’il n’ait pu en placer une. Maïa se dirigea par la suite à la machine à café, plus par réflexe que par fuite. S’il voulait venir lui en parler, qu’il vienne… mais comme d’habitude, elle tâcherait soigneusement de détacher tout sentiment de ladite discussion, en bonne scientifique qu’elle était.

Maïa appréciait énormément son patron. Il n’était pas du genre à se mêler de ce qui ne le regardait pas, et possédait un discours souvent scientifique, carré, dépourvu de toute dimension émotionnelle. Il ne pouvait pas savoir à quel point c’était reposant. Maïa n’avait de cesse d’entendre parler de sentiment, d’émotion en côtoyant sa mère ainsi que les danseurs venant quotidiennement à son école de danse. La jeune brune avait une fâcheuse tendance à fuir leur compagnie car ils cherchaient bien trop à la décrypter elle, en tant qu’être humain. Ne pas chercher à ressentir des choses précises faisait-il d’elle quelqu’un d’inhumain ? Non. Juste sans doute d’étrange. Mais Maïa ne s’en plaignait pas, elle préférait mille fois sa précieuse solitude à un brouhaha incessant de gens qui piaillent sur l’étrangeté de leur existence. Il n’y avait que peu de risques que Daryl la soumette à ce genre de torture, voilà pourquoi elle n’hésita pas une seconde à lui servir effectivement une tasse de café, sans le pousser à aller s’occuper des éventuels clients qui allaient arriver sous peu. Du moins était-ce la prévision qu’elle espérait… elle n’aurait ainsi pas à s’attarder plus que de mesure. « Je suis atteinte d’une leucémie aiguë lymphoblastique, il est obligatoire que j’ai un don de moelle sous peu, d’après l’odontologue que j’ai vu. » Maïa avait presque envie de répéter qu’elle était parfaitement capable de travailler avec ou sans leucémie, mais comme elle détestait se répéter, elle se tint silencieuse après cette confession. Après tout, si elle était un grand esprit et que son intelligence avait attiré l’attention de plus d’un de ses professeurs de faculté, elle ne prévoyait pas exactement de recevoir un prix Nobel dans les quelques années suivantes. Qu’avait-elle donc à perdre ? Juste la vie.

« Le cirque Cruz a appelé à deux reprises hier soir juste après votre départ. Ils auront besoin d’un vétérinaire pour effectuer tous les checkups nécessaires à chaque animal. En vue d’une inspection, sans doute. Vous préférez vous y rendre ou puis-je y aller ? » Qui dit cirque Cruz, dit bien évidemment le fait de voir JD, mais ça, il est bien évident que la jeune brune se garda de le dire à voix haute. Elle préférait passer sur un autre sujet et se concentrer sur ce qui pouvait passer comme un intérêt profond pour son travail. En vérité, elle souhaitait pouvoir parler au beau danseur dans l’hypothèse où les choses se passeraient mal pour elle.

Maïa était sûrement le meilleur élément que Daryl puisse avoir au sein de sa clinique vétérinaire : elle n’était jamais malade, ou prise de flemme, les clients l’adoraient et plus encore les animaux. Elle était même du genre à travailler bien plus qu’il ne fallait pour s’assurer que tout restait en ordre avant son départ… et bien qu’elle se sache malade, ce n’est pas pour cela qu’elle se transformait en tire-au-flanc bien au contraire. Bien plus que n’importe qui, elle aimait son travail et aurait presque pu y passer l’intégralité de sa vie sans jamais discontinuer. « Je vais m’y rendre d’ici quelques minutes alors, entendu. » Pas de familiarités certes, mais il existait entre Daryl et Maïa un respect des plus profonds en vérité. Elle ne s’étonna même pas qu’il ne se mette à lui poser des questions si précises, voire même personnelle, que ce soit sur sa maladie ou le temps qu’elle avait passé avec un certain Abraham Salvador… la donne aurait presque pu la mettre mal à l’aise si seulement elle avait été capable d’une telle émotion. « Je ne comprends pas pourquoi la délation apporte quoi que ce soit aux gens… je suppose que leur hypothalamus s’en trouve stimulé. Quoi qu’il en soit je suppose qu’il faut répondre : je plaide coupable, n’est-ce pas ? Abraham Salvador se trouve être mon géniteur biologique. Nous nous sommes rencontrés au cours de rappels de vaccins pour une voisine de celui-ci. Tout a été fait dans les règles et il a payé la consultation. » La jeune femme ne s’était pas laissée démonter, comme toujours, acceptant certes la critique mais mettant les points sur les virgules : aucune faute n’avait été commise. « Votre sollicitude me touche, Monsieur Wheeler. Nous en reparlerons à mon retour du cirque si vous le souhaitez… » Mais il lui faudrait remettre le sujet sur le tapis, car en bonne demoiselle ne se plaignant jamais, Maïa feindrait certainement d’avoir oublié.