elijah & dawn ❝ tell me this is not happening ❞

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J’écoutais Dawn qui me confiait les raisons de sa démission, fronçant les sourcils au moment elle ramena cette histoire de speed-dating sur le tapis. Cela m’énervait toujours autant et là, à plus forte raison puisque nous allions nous marier et qu’il était hors de question que quelqu’un interfère dans notre bonheur. Oui, dans un sens –purement égoïste, j’étais tout bonnement heureux qu’elle ait posé sa démission. Dans un autre sens, je m’inquiétais également pour elle car Dawn n’était pas le genre de femmes à rester tranquillement à la maison. Elle avait besoin d’exercer son Art et au fond de moi, j’étais prêt à l’encourager quel que soit sa décision. « Pourquoi est-ce que ça ser..serait une mauv..mauvaise chose ? C’est ton rê..rêve d’ouvrir un restaurant et en tant que fut..futur mari, c’est mon rôle de t’ai..aider à les réaliser » rétorquais-je ne comprenant pas son hésitation. Je me demandais si son hésitation ne venait pas sur le terrain de l’argent. Je ne voulais pas que cela devienne un sujet tabou n’ayant que peu d’intérêt pour la chose et puis, si je pouvais participer à son bonheur, cela valait tout l’or du monde. Néanmoins, j’acceptais avec plaisir son changement de sujet qui, ce dernier s’orienta sur la croisière et donc notre voyage de noce. « Amérique du Sud ou dans le pacifique » répondis-je sans bégayer pour la simple et unique raison que je nourrissais ce projet depuis des années et des années mais comme Anastasia était toujours malade en mer, je l’avais laissé mourir petit à petit. Aussi, quel n’était pas mon bonheur en songeant que peut-être, je pourrais réaliser ce vieux rêve. « Mes chocolats me man..manqueront quand même » soupirais-je car il y avait ce gros problème : je ne savais pas m’arrêter de travailler. Nous venions d’arriver dans son appartement et je déposais mon costume correctement sur une chaise, la débarrassant de sa robe également, ne pouvant m’empêcher de rigoler avec tendresse bien que je rougissais faiblement de mes idées on ne peut plus perverse car elle m’avait mis l’eau à la bouche en quelque sorte. Aussi, lorsqu’elle vint se blottir contre moi, j’entourais de mes bras sa taille, déposant un baiser fugace sur ses lèvres. « Je vais dev..devoir vous arrêter alors Mme Branigan » murmurais-je avant de l’embrasser avec passion, mes mains caressant son dos avec volupté tout en nous dirigeant vers la salle de bain. « Qui avait par..parlé d’un bain ? »

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Elijah & Dawn

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Pour la première fois de son existence toute entière, Dawn éprouvait un peu moins le besoin vivace d’exercer son art. Elijah avait pris une place tellement imposante dans son cœur, son âme et son existence qu’elle voyait son futur au travers de ses magnifiques yeux désormais. Elle laissa échapper un très léger rire en constatant qu’il était pire qu’elle en manière de prise de vacances, mais quelque part, réussir à mettre en place une croisière relevait du challenge, n’est-ce pas ? Eux qui détestaient manifestement se la jouer tire au flanc, voilà qu’ils allaient devoir planifier l’intégralité d’un voyage de noces… à ceci près que pour l’instant, les deux futurs époux n’avaient d’yeux que sur leur envie du moment, à savoir se donner passionnément l’un à l’autre après y avoir pensé toute la soirée durant. La cuisine et le chocolat furent soudainement relégués à l’état d’écho lointain tandis qu’ils prenaient un bain des plus délectables, leurs peaux respectives frissonnant au rythme de leurs baisers. La nuit fut extrêmement courte et peuplée de soupirs délicieux et autres marques sonores de plaisir. Ils avaient été seuls au monde dans l’intimité de cet appartement, protégés de tout danger mais également de la curiosité d’autrui. Au final, Dawn s’endormit tendrement entre les bras d’Elijah, espérant que ce moment ne finisse jamais, cet état de fait se mélangeant à sa hâte d’être mariée à cet homme merveilleux. Oh elle n’était pas naïve au point de penser qu’ils allaient voguer sur des mers apaisées et clémentes pour le restant de leur vie commune… il y aurait des hauts et des bas, mais elle était prête à affronter chaque difficulté main dans la main avec son chocolatier parfait.

« Bon sang ! » s’exclama-t-elle après avoir regardé sa montre, posée nonchalamment sur la table de nuit. Dawn s’était relevée un peu trop brusquement et forcément, elle tomba douloureusement du lit en embarquant le drap dans sa chute. Elle en fut bientôt recouverte tandis qu’elle se massait sa tête devenue douloureuse, avant de soupirer. « Eli, nous allons être en retard à notre propre mariage !! » s’exclama-t-elle sans même se rendre compte qu’elle venait de lui donner un surnom pour la toute première fois. La jeune femme se releva non sans peine, s’enroulant dans le drap comme si elle ne voulait surtout pas qu’il la voie nue, réfléchissant à toute vitesse en tâchant de n’oublier aucun détail. « Comment je vais faire pour me préparer sans que tu me voies ? A moins que tu n’ailles d’abord à la mairie et que je ne te rejoigne… » Paniquée, Dawn ? Jamais ! Enfin en l’occurrence, un petit peu quand même.

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La nuit avait été magique et j’étais encore en plein rêve lorsque la sensation de fraicheur me frit grogner de mécontentement. Où était donc cette chaleur bienfaitrice qui me gardait au pays des songes ? Il y avait du bruit, trop de bruit et je grognais plus fort avec que la voix paniquée de Dawn ne me plonge durement mais sûrement dans notre réalité, loin des chimères oniriques. « En retard ? » répétais-je les yeux encore gonflés de sommeil. Avait-elle trop regardé Alice au pays des merveilles et elle se prenait pour le lapin blanc ? « Pourqu..pourquoi tu as pris toute la couv..couverture ? » Demandais-je un peu de mauvaise humeur. Je n’aimais pas me réveiller aussi vite ! J’appréciais bien trop les réveils tout en douceur pour ne pas me aimer celui-là. Et puis j’avais vraiment froid avant de me rendre compte, que j’étais tout simplement nu sur le lit, seul tandis que ma fiancée me regardait avec l’air d’une personne en proie à la plus grande panique de tous les temps –du moins c’était ainsi que mon cerveau embrumé voyait les choses. En retard ? Le mariage ? Oh mon dieu, nous allions être en retard pour notre propre mariage. « Je.. je… » Bégayais-je en me relevant d’un coup. « Je vais aller à la mai..mairie pour gagner du temps ! » Commençais-je à dire tout en m’habillant le plus rapidement possible, grognant contre mes chaussettes avant de me rendre compte que je mettais les siennes. Heureusement pour moi, je n’avais pas mis sa petite culotte mais bien mon boxer sinon, je pouvais dire adieu à toute ma dignité. « Je vais t’appeler un ta..taxi quand je serais là-bas » continuais-je en essayant de trouver une idée, un plan d’action bref n’importe quoi pour que notre union ne soit pas purement et simplement annulé parce que les mariés ne seraient pas présents. Cela serait idiot, cela serait tout bonnement inacceptable. Je voulais l’épouser ! Et je l’épouserai ! Rentrant ma chemise dans mon pantalon, je l’embrassais avec bonheur avant de mettre ma veste. « On va y arr..arriver ! » La rassurais-je avant de lui dire que je partais devant et qu’elle devait se tenir prête le plus rapidement possible. Après un dernier je t’aime, je la quittais pour rejoindre la mairie. Le problème, c’est que vingt-minutes plus tard, j’étais en train de me battre avec une agence de taxi pour réussir à me faire comprendre et donner l’adresse de Dawn. Oui, j’avais oublié un léger détail : je ne parlais pas un traitre mot de français et au lieu de me retrouver devant le maire, j’étais au service des sports en train d’essayer de me faire comprendre d’un homme qui pensait que je voulais investir dans le club de foot local. « No PSG !! » tannais-je de plus en plus furieux mais aussi angoissé à l’idée de ne pas me marier. Si seulement ma femme arrivait pour me sauver !

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Elijah & Dawn

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Tout d’abord paniquée, Dawn se mit bientôt à respirer profondément pour calmer ce sentiment n’étant absolument pas digne d’elle. Certes, d’ordinaire, la jolie chef était une femme dont l’organisation pouvait laisser rêveur les plus désorganisés du monde, mais ce mariage quelque peu improvisé, en plus de la combler d’un bonheur qu’elle s’était toujours refusé jusqu’à lors, bouleversait littéralement son quotidien si planifié. Elle se prépara en quatrième vitesse, enfilant la robe parfaite et tâchant d’accompagner son habillage divin par un chignon non moins parfait, orné d’une jolie rose blanche, ainsi que d’un maquillage discret mais bien présent et illuminant les traits souriants de son visage. Il ne manquait que le taxi qu’Elijah avait promis de lui envoyer, à ceci près qu’il ne se pointait pas. Dawn, refusant de perdre davantage de temps, pris les choses en mains et n’hésita pas à se rendre à la mairie par ses propres moyens. Une chance que son français soit impeccable ! Mais la jeune femme ne voyait pas trace de son futur époux devant cette fameuse mairie. Elle eut l’opportunité de faire signe au maire devant les marier, comme pour le faire patienter, jusqu’au moment où elle aperçut Elijah batailler à l’intérieur d’une compagnie de taxi, luttant probablement à cause du fait qu’il n’avait jamais réellement parlé la langue de Molière avant ce jour…

« Veuillez nous excuser pour le dérangement, mais finalement j’ai réussi à venir jusqu’ici. Bonne journée ! » Tout sourire, Dawn était apparue comme un ange et sauvé la mise au chocolatier qui, malgré tous ses efforts, n’avait malheureusement pas réussi à se faire comprendre. « Fais-moi penser de t’apprendre le français pendant notre voyage de noces chéri… » La jeune femme se moquait qu’il la voie maintenant, et s’empara de ses lèvres avant de serrer sa main dans la sienne. Cela ne pouvait pas porter malheur vu que d’ici quelques minutes, ils seraient mariés… ils allaient prêter serment devant un homme de la République et être désormais reconnus comme M. et Mme Branigan. Autant dire que l’intégralité du corps de Dawn frissonnait à cette pensée. « J’ai croisé le maire avant de venir à ton secours… ne t’inquiètes pas, nous sommes dans les temps. Prêt ? »

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J’allais m’arracher les cheveux dans pas longtemps si je n’arrivais pas à me faire comprendre. Pourquoi les français ne connaissaient pas la langue de Shakespeare ? Franchement, cela arrangerait bien mes affaires car au lieu d’arriver à trouver un taxi pour ma future femme, voilà qu’on me prenait pour un acheteur potentiel du PSG. Mais c’était quoi déjà ce foutu PSG ? Je n’étais mais pas du tout fan de sport –car j’avais bien compris que c’était du sport et apparemment du football. Autant j’appréciais de lire et de regarder des films en bon cinéphile que j’étais, autant tout ce qui était en lien avec la musique ou le sport me laissait froid et perplexe. Chacun ses gouts mais pour l’heure, j’allais commettre un meurtre si je n’arrivais pas à faire venir ma femme à la mairie. Dawn était beaucoup plus débrouillarde que moi –heureusement ; car elle vint à ma rescousse dans sa magnifique robe de mariage. Elle était divine, non, c’était un ange tombé du ciel pour lier son destin au mien. « Tu es magnifique » soufflais-je, totalement conquis par sa beauté. Si je n’étais pas déjà amoureux d’elle, je le serais là maintenant. Elle était oui plus que magnifique, sublime ou tout autre adjectif pour souligner sa beauté. Il n’y avait pas de mots pour la décrire et j’en avais oublié tout le reste. « Tout ce que tu veux » bafouillais-je alors qu’elle venait de me dire qu’il fallait que j’apprenne le français durant notre lune de miel. Je voulais bien apprendre le russe, le polonais même le mandarin si elle le désirait tant j’étais sous son charme. Un sourire heureux étira mes lèvres tandis qu’elle me demandait si j’étais prêt. Je l’étais ! Je n’avais jamais été aussi prêt de ma vie à faire le grand saut vers l’inconnu car je savais que l’on sauterait ensemble. Main dans la main, nous nous dirigeâmes vers la mairie où allait se tenir notre mariage. L’émotion me faisait trembler mais seul le bonheur se lisait sur mes traits. Oui, j’étais heureux tandis que chaque pas me rapprochait de cette famille que j’avais tellement désiré avoir. « Je t’aime Dawn » murmurais-je à son oreille alors qu’on se présentait devant le maire. Ce dernier s’exprimant en français, je ne comprenais bien entendu aucun mot mais peu importe car je tenais la main de ma future femme. Aussi, lorsqu’il se tourna vers moi, je clignais des yeux et me laissais à dire un oui dans un accent américain à couper au couteau et son sourire me rassura. J’avais donné la bonne réponse. Je me penchais tout de même vers ma fiancée pour lui murmurer « Il m’a bien deman..demandé si je voulais t’ép..épouser hein ? » Autant s’assurer avant de commettre un impair.

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Elijah & Dawn

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Elijah n’était pas le seul à être littéralement possédé par une émotion sans précédent. Dawn avait l’impression que bientôt, elle risquait de manquer d’air. Contrairement au chocolatier de son cœur, elle comprenait absolument tout le discours du maire, parfaitement lourd de sens, et qui l’engageait pour l’éternité. La jeune femme ne faisait jamais les choses à moitié, voilà pourquoi cette union n’en n’était que plus symbolique. Elle murmura le fameux « oui » d’usage avec une conviction sans précédent, avant de tourner son regard vers Elijah qui avait dû peiner à suivre le pauvre. Son accent américain lui arracha un sourire franc, qui ne fit que s’agrandir alors qu’il lui posa la question devant lui brûler littéralement les lèvres. Il apprendrait vite que Dawn avait plus d’un tour dans son sac… c’est la raison pour laquelle elle sortit un grand écrin noir recouvert d’un joli velours, contenant leurs deux alliances. Voilà bien un détail auquel elle avait été la seule à penser. La jeune femme était parvenue à les acheter juste avant de venir sauver son actuel mari d’un français peu coopératif… et, tandis qu’elle lui enfilait son alliance, elle déclara, la voix chargée d’émotion : « Tu as dis juste ce qu’il fallait. Je crois que c’est une belle preuve ça, n’est-ce pas ? » Dawn lui tendit ensuite l’alliance qu’il était censé lui enfiler à son tour, contre la bague de fiançailles qu’elle portait fièrement et refusait d’enlever. Ces deux anneaux portaient une symbolique qu’elle ne voulait surtout pas perdre de vue toute sa vie durant. De même, la jeune femme n’hésita pas à embrasser celui qu’elle pouvait désormais considérer comme son époux, tremblant presque face au fait qu’elle était à moitié restée en apnée jusqu’à ce qu’il ne prononce ce fameux « oui ».

« Ta mère aurait été fière de toi, Dawn » déclara le maire dans un anglais parfait avant de serrer la jeune mariée dans ses bras et de s’excuser, puisqu’il avait malheureusement d’autres obligations et un timing extrêmement serré. Pour un peu, la demoiselle avait trouvé cela trop court, chargé en émotion bien évidemment mais beaucoup trop court. Elle avait hâte de préparer une cérémonie en bonne et due forme afin que toutes les étapes soient respectées… Blodwyn allait la tuer en sachant qu’elle s’était mariée sans sa présence, de toute façon ! « Je t’aime, Eli. Je vais pouvoir te le dire chaque jour avec délectation, maintenant… et même avant que tu ne montes sur la scène pour la nouvelle étape de ton concours. Tu te sens d’attaque ? Non seulement ta femme va être là pour te soutenir, mais elle va être en robe de mariée… beau tableau, non ? »

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Mari et femme. Monsieur et madame Branigan. Un rêve se réalisait, j’avais trouvé ma moitié, mon âme-sœur, la femme de ma vie, celle avec qui je fonderai cette famille dont je rêvais depuis que j’étais gosse. Je n’étais à ce moment-là, plus un orphelin qu’on avait abandonné mais bien un homme comblé, marié et si Dieu le voulait un père de famille mais rien ne pressait. Nous avions tout notre temps et puis, je voulais profiter de cette femme et la combler d’amour et de joie jusqu’à la fin de ma vie. Je crois que le sourire niais qui me démangeait les joues n’était pas prêt de s’en aller tant j’étais fier et heureux de l’appeler dorénavant Madame Branigan. « Je t’aime, Eli. Je vais pouvoir te le dire chaque jour avec délectation, maintenant… et même avant que tu ne montes sur la scène pour la nouvelle étape de ton concours. Tu te sens d’attaque ? Non seulement ta femme va être là pour te soutenir, mais elle va être en robe de mariée… beau tableau, non ? » Ah oui les huitièmes de finale, je les avais comme oublié dans toute cette agitation. Les huitièmes, il me tardait d’y aller et de la présenter à tout le monde comme ma femme. Minute, les huitièmes !!! « On va être en re..retard !! » M’exclamais-je complétement paniqué. Je devais déjà y être depuis au moins dix bonnes minutes pour connaître mon heure de passage. Oh mon dieu. Remerciant tout le monde –et même une plante verte dans l’agitation ; j’attrapais la main de ma femme et courrait en direction d’un taxi. « Pitié, j’apprendrais le français pro..promis mais amène nous à bon port ma chérie » la suppliais-je tout en commençant à imaginer ce que j’allais pouvoir faire contre mon adversaire. Je n’avais aucune note sur moi puisqu’elles étaient toutes restées dans ma valise à son appartement alors mon stress ne pouvait qu’être énorme. J’allais devoir faire du freestyle, moi qui n’en faisais jamais. Tout devait être carré, concis, clair dans ma tête pour que je puisse être à l’aise et calme durant l’épreuve et là, c’était le chaos total. « Je vais jam..jamais y arriver » marmonnais-je au comble de l’angoisse en serrant toujours la main de Dawn dans la mienne. Heureusement qu’elle était là sinon jamais je n’aurais tenu. Nous arrivâmes sur le lieu du concours une demi-heure plus tard et manque de chance, je commençais directement la compétition. Le compétiteur canadien qui était également un bon ami à moi me sauta dessus pour me préparer. On aurait dit une véritable mère poule mais il avait toujours été ainsi. D’après lui, je ressemblais tellement à son petit frère qu’il était incapable de s’en empêcher. Toutefois, je lus à son regard qu’il était complétement ahuri de voir une femme en robe de mariée avec moi. « C’est ma femme » annonçais-je fièrement tandis qu’il refermait les boutons de la veste de chocolatier sur moi « On vient de se marier ! » repris-je sans aucun bégaiement. Mon ami éclata de rire « Félicitation vous deux mais toi, concentre toi donc sur le concours ! Tu affrontes le suisse et ce n’est pas un adversaire médiocre. Allez, je compte bien ravir la seconde place cette année alors fais au moins l’effort d’avoir la première Elijah.. Anastasia n’est pas là ? » Demanda-t-il avec innocence et j’éclatais de rire avant de lui dire que non et d’embrasser ma femme pour me précipiter derrière mon atelier. « Etats-Unis contre Suisse… Messieurs, préparez-vous… 3…2…1 ! Débutez !! » Annonça l’arbitre et je me lançais dans la partie sous les yeux de ma femme.

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Elijah & Dawn

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Bien sûr que Dawn le conduisit jusqu’au huitièmes de finale, plutôt deux fois qu’une, mais elle regretta de ne pas avoir le temps de l’encourager davantage à l’aide de l’un de ses fameux discours inspirés dont elle avait le secret. Ceux-ci n’étaient pas forcément ultra fréquents, mais faisaient toujours mouche. A la place, elle lui envoyait autant de bonnes ondes qu’elle le pouvait par la pensée, l’encourageant du regard, lui souriant avec une extrême tendresse et allant même jusqu’à lui montrer son alliance pour lui faire comprendre que quelque soit le résultat, elle serait toujours là pour l’encourager… s’il ne gagnait pas cette année, rien ne dit que l’année suivante il ne ferait pas un carton total ! Cela dit, Dawn avait bon espoir de le voir remporter le prix haut la main. A ses yeux, il n’était pas meilleur chocolatier que Elijah. La preuve, il possédait une dextérité et une concentration très nettement supérieures à celle de tous les participants au grand complet. Ce fut donc sans réelle surprise que le responsable de l’organisation annonça les résultats, après la fin du chrono. « Les États-Unis se qualifient pour les quart de finale ! » Le cœur de Dawn manqua plusieurs battements et adopta un air passablement incrédule avant de ne se ruer sur la scène, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Elle ne pouvait pas attendre qu’Elijah descende de celle-ci, il fallait qu’elle lui saute dans les bras immédiatement tout de suite, poussée par cet élan d’amour dont elle n’avait pas pu faire preuve avant qu’il ne commence sa représentation. « Si tu savais comme je t’aime et comme je suis fière de toi !! » Qu’importe la foule environnante, qu’importent les regards on ne peut plus curieux, la jeune femme s’empara de ses lèvres avec toute la fougue s’écoulant actuellement dans ses veines. Comme si c’était devenu aussi vital que le fait de lui avoir dit « oui » il n’y avait pas une heure…

« Comment tu as pu douter de toi un seul instant ? Je n’ai pas eu le temps de te dire que si, au contraire, tu allais y arriver, parce que tu es non seulement le chocolatier le plus doué que je connaisse, mais aussi le plus consciencieux, organisé et… je pourrais te donner une liste extrêmement longue de compliments, tu sais ? » Dawn esquissa un sourire éclatant avant de s’emparer de sa main, tentant de calmer les battements de son cœur extrêmement effrénés. Elle salua plus longuement le concurrent Canadien ayant effectivement obtenu la seconde place, avant de s’emparer du bras de son mari. Mari… que ce mot sonnait délicieusement à ses oreilles. « Nous sommes en tenue pour un déjeuner de chef si tu es d’attaque, je connais d’excellentes adresses. Cela m’inspirera peut-être pour le plan B professionnel qu’il faudra bien que j’ai à un moment donné et puis… après, je voudrais que tu rencontres quelqu’un d’extrêmement important pour moi. » Elijah n’était peut-être pas jaloux au point d’imaginer qu’il s’agissait d’un homme, n’est-ce pas ? Qui sait…

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Les huitièmes de final se jouaient et j’avais l’impression d’appartenir à un autre monde, bien loin de toute tension ou angoisse. Je me sentais porter par mon Art mais contrairement à d’habitude, lorsque je relevais mes yeux de mon moulage, c’était pour tomber non pas sur du vide mais dans le beau regard de ma femme. Dawn m’apportait cette sérénité et ce courage qui me faisait défaut. De par sa seule présence, je me sentais l’âme d’un conquérant et si je ne pouvais lui offrir un pays, je lui offrirais la médaille d’Or. C’était une promesse que je m’étais faite la veille mais aujourd’hui, elle prenait tout son sens. Je voulais lui dire : regarde mon amour, à nous deux, nous pouvons soulever des montagnes, aller bien plus loin que nos rêves nous ont laissé l’imaginer. A nous deux, nous sommes invincibles. Et quelle meilleure preuve que celle de remporter mon ticket pour les quarts de final qui se dérouleraient cet après-midi. Avec un peu de chance, je n’affronterais pas mon ami canadien avant la finale. C’était tout le mal que je nous souhaitais car rien ne pourrait m’arrêter. Pas avec cette femme à mes côtés. Alors, lorsqu’elle se jeta dans mes bras, je ne pus que l’embrasser pour la remercier de son soutien et de sa ferveur à croire en moi tout en rigolant, heureux et libéré de ce match éprouvant pour les nerfs. Je serais toutefois la main à mon adversaire avant de saluer une dernière fois mon homologue canadien. « Je te suivrai au bout du mon..monde ma chérie » commençais-je lui dire avant de froncer les sourcils. « Si cette pers..personne est importante pour toi alors ce sera un hon..honneur que de la rencontrer » avouais-je avec un petit sourire tendre tandis que je remettais une mèche folle derrière son oreille. Oui, si cette personne était si importante pour ma femme alors il me tardait de la rencontrer. Loin de moi toute jalousie. Le passé m’avait prouvé que je pouvais lui faire confiance et puis, il était hors de question que je commette deux fois les mêmes erreurs. Nous avions parcouru du chemin en si peu de temps. J’avais encore l’impression que c’était hier que je lui envoyais des missives et des cadeaux anonymes. Comme le temps était passé vite et surtout comme c’était une évidence pour moi que d’aimer cette femme et surtout de l’avoir épousé. « Les quart sont cet après-midi puis, demi-finale et finale demain. Après, nous sero..serons libres » lui expliquais-je en glissant mon bras autour de sa taille pour aller à ce fameux restaurant. « Notre repas de ma..mariage » glissais-je avec amusement. Décidément, nous faisions tout à l’envers mais que c’était bon.

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« Réflexion faite… on va rencontrer ladite personne en premier. Ca me laissera le temps de songer au restaurant le plus parfait pour notre repas de mariage ! » Dawn était mue par un enthousiasme ne lui ressemblant pas d’ordinaire. Elle ne laissait pas ses sentiments s’afficher aussi facilement excepté en présence d’Elijah. Même Blodwyn ne l’avait jamais vue dans un état pareil… elle serait bien surprise de constater l’évolution pouvant se jouer actuellement sur le tempérament de la jolie chef. La demoiselle siffla un taxi sans attendre, s’arrêtant chez un fleuriste pour une raison totalement inconnue avant de ne donner l’adresse souhaitée. Finalement, se rendre d’abord là où elle pensait se rendre était une bien meilleure idée. Dans le cas contraire, elle n’aurait eu de cesse d’y penser tout le repas durant et n’aurait aucunement pu profiter de ce qu’elle aurait commandé et mangé. Contre toute attente, elle s’empara de la main d’Elijah une fois qu’ils furent en face du cimetière du Père Lachaise, le plus connu au monde. Aussi vrai que des personnalités illustres comme Edith Piaf étaient enterrées là, la mère de Dawn y avait eu une place privilégiée grâce à l’appui du président de l’époque, pour lequel elle avait cuisiné quelques-uns des meilleurs mets de son existence. Voilà pourquoi elle l’avait emmené ici en ce jour précis, parce qu’il était important pour elle que son mari « rencontre » d’une certaine façon la femme ayant eu le plus importance dans son existence. Ils s’arrêtèrent bientôt en face d’une magnifique tombe, toujours entretenue, où Dawn déposa le beau bouquet qu’elle avait précédemment acheté. « Elijah, je te présence Evanorah Cooper. Ma mère… je sais, cela peut paraître un peu glauque et peu réjouissant que d’être ici, mais je n’ai malheureusement pas pu revenir ici depuis des années et j’ai un peu honte. Elle m’a beaucoup manqué aujourd’hui… je sais qu’elle me manquera également lorsque nous ferons notre cérémonie à New York, tout comme Ellie, mais je ne pouvais pas repartir de Paris sans être venue ici au moins une fois. A ceci près que tu es avec moi. Alors je suis sûre qu’elle nous voit et qu’elle est fière de la décision que l’on a prise tous les deux. »

La jeune femme avait déposé un frêle baiser contre les lèvres d’Elijah, avant de se pencher quelques secondes vers la tombe de sa mère en espérant de tout cœur qu’elle pouvait l’entendre. « Je sais que je ne t’ai pas habituée à réagir sur un coup de tête, mais cet homme en vaut la peine. Il mérite toutes les folies que je suis capable de lui offrir et je compte bien passer le reste de ma vie à ses côtés… j’espère que tu te rends compte par toi-même à quel point c’est une perle. Si tu savais comme tu me manques… » Dawn s’était exprimée en français et embrassé légèrement la tombe avant de ne se relever et de tourner les talons. C’était toujours aussi difficile que de rester debout face à cette pierre tout en sachant que sa mère ne lui répondrait plus jamais… elle ravala ses larmes et se mit à respirer profondément ; Elijah n’avait jamais eu de famille, elle n’avait donc pas droit de se plaindre. Elle se contenta donc de lui serrer la main alors qu’ils étaient aux portes du cimetière, comme pour lui prouver que toujours, elle serait là pour lui. « Nous formons notre propre famille désormais… c’est tout ce dont j’ai toujours rêvé. »

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J’étais curieux. Qui ne le serait pas lorsque la femme de votre vie, votre femme même, vous annonce qu’elle a quelqu’un à vous présenter. Cela ne pouvait guère être son frère puisque je l’avais déjà rencontré –et malgré moi, j’avais donné une piètre image de moi-même ; Ni même sa fameuse meilleure amie puisqu’elle habitait à New York et que de toute de manière, j’avais plus ou moins fait sa connaissance. Je grimpais donc avec elle dans le taxi, ne lâchant pas sa main tout en continuant de me poser des questions. J’étais bien sûr très loin de me douter de la rencontre qu’elle me réservait mais pour elle, je serais même allé jusqu’en enfer si elle me l’avait demandé. J’étais prêt à toutes les folies pour ma femme et c’est pourquoi, je ne posais pas de question, attendant la rencontre. Ainsi, je voulais lui dire : regarde mon amour, j’ai totalement confiance avec toi. Pas de question, pas de doute, juste cette sérénité que quoiqu’il arrive, ce serait nous deux contre le reste du monde. L’arrêt chez le fleuriste m’intrigua. Nous allions voir une femme. Cela ne pouvait être que cela car c’était souvent pour une femme qu’on offrait des fleurs. Du moins, c’était ainsi que je résonnais à mesure que le paysage défilait mais lorsque le taxi s’arrêta devant un cimetière, je sus qui nous allions rencontrer. Cette intuition ne me fit pas défaut et je serais un peu plus la main de mon épouse dans la mienne. J’offrais un sourire réconfortant avant de la faire reculer pour me mettre devant la tombe de sa mère. « Bon..bonjour madame Cooper » débutais-je avec conviction. Ayant été élevé par un pasteur, j’étais devenu au fil des années, un catholique convaincu. Je croyais en Dieu mais aussi au Paradis et à l’Enfer. Aussi, je ne m’étonnais pas de me montrer aussi ouvert face à cette étrange rencontre. Il était naturel pour moi que de parler à cette tombe comme si j’avais réellement sa mère en face de moi. « J’aurais aimé vous ren..rencontrer pour vous dire que vous avez une fille mer..merveilleuse. Je vous promets de la chéri.chérir et de la protéger mais aussi de l’aim..aimer quoiqu’il arrive dans nos vi..vies » puis, je me retournais vers ma femme et l’embrassais. « Merci de m’avoir offert la poss…possibilité de rencontrer ta mère » la remerciais-je avant de la laisser se recueillir à son tour sur cette tombe. « Oui, nous sommes une fam..famille » repris-je ses mots avant de songer à ma famille biologique. « Je crois que je sai..sais d’où je viens Dawn » avouais-je, incertain de si c’était le moment ni même si j’avais réellement retrouvé ma famille.

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Elijah & Dawn

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Il n’y avait pas à dire, Dawn était diablement émue après ce petit intermède au cimetière. Elle l’avait autant été par la tirade d’Elijah que par son propre discours en français. Comme quoi, on ne se remet jamais totalement de la perte d’un proche… la jolie chef avait beaucoup perdu dans son existence, et quelque chose lui disait qu’elle n’aurait sûrement jamais été en mesure de se remettre de la perte de son époux. Si elle n’était pas venue la veille pour lui faire comprendre la force de ses sentiments et pour lui faire comprendre qu’elle lui pardonnait tous les faux pas qu’ils avaient eu l’un comme l’autre… leurs chemins auraient pu rester séparés et cette idée lui était insupportable. Elle en serra automatiquement la main d’Elijah de façon d’autant plus vive, avant de manquer de s’étrangler tandis qu’il lui lançait un boulet de canon sans continuer. En mettant ainsi de côté le fait qu’il leur faille appeler un taxi s’ils voulaient profiter de leur repas de mariage, Dawn se planta devant son beau chocolatier, soudainement incrédule. « Comment ça tu sais d’où tu viens ? Chéri, tu en as trop dis ou pas assez… tu as retrouvé ta famille biologique ?! Je veux dire… tu as pu les voir, les rencontrer ? » La jeune femme semblait pendue aux lèvres de son mari alors qu’elle espérait de tout cœur que cette révélation soit de bonne augure pour le jeune homme. Il méritait d’avoir la famille la plus aimante du monde, lui qui n’avait pu profiter que d’une confiance à toute épreuve donnée par Anastasia, et une protection continue de la part d’un prêtre, d’après ce qu’elle avait compris. Elijah ne lui en avait jamais réellement parlé ouvertement… Dawn était curieuse d’en savoir plus, bien sûr, mais elle se refusait à s’imposer de cette manière s’il ne voulait pas lui en parler à cœur ouvert. Il avait le droit de prendre son temps pour s’ouvrir… ils avaient tout le temps du monde, désormais, pas vrai ?

« Il était normal que tu la rencontres… je compte aussi faire en sorte que tu rencontres Jack de façon plus approfondie, et que tu passes du temps avec Zoé. Ce qui est à moi est à toi, si tu sautes, je saute. J’ai encore peur de me dire que j’aurais pu décider de ne pas venir te retrouver à ton mondial du chocolat… j’aurais pu te perdre pour toujours ! » Dawn soupira avant de prendre le visage d’Elijah en coupe pour le gratifier d’un délicat baiser. Ils étaient plus forts à deux désormais… rien n’allait les séparer, non rien. « Tu m’en parles uniquement si tu veux m’en parler, d’accord ? Je ne suis pas connue pour être douée en torture, tu peux respirer tranquillement. » Tout en esquissant un petit sourire taquin, Dawn tâchait de dédramatiser. Elle ne savait pas du tout comment elle était censée réagir, à vrai dire.

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Dawn me posa une succession de questions auxquelles j’avais beaucoup de mal à répondre. Ma gorge était serrée. Depuis des années et des années, j’avais imaginé un tas d’histoire sur ma famille biologique. Ils étaient de grands explorateurs alors ils n’avaient pas le temps de s’occuper de moi ou alors ils étaient des agents gouvernementaux et pour ma sécurité, ils m’avaient placé au sein de l’église Branigan. En réalité, ce n’était rien de tout cela. Je n’étais que le fruit d’une liaison adultérine et ma mère m’avait abandonné car elle ne voulait pas s’encombrer d’un enfant, d’un bâtard. Aussi, je ne savais pas si je devais répondre à autant d’enthousiasme de la part de ma femme. Me verrait-elle autrement si je n’étais plus le chocolatier orphelin mais juste un enfant non désiré. Toutefois cette pensée me déserta. Non, cette femme avait le cœur sur la main pour se détourner de moi ainsi. Nous nous étions jurés amour dans la richesse et la pauvreté alors nous n’allions pas commencer à renier nos vœux ? Ma femme du s’apercevoir que j’avais besoin de temps car elle enchaina sur notre rencontre avec sa mère mais aussi sur de nouvelles rencontres avec son frère. Je déglutissais difficilement. « Ton frère doit me pren..dre pour un couard et un déb..débile mental » soupirais-je en me passant une main dans les cheveux. Après notre première rencontre, je me doutais de son opinion sur Anastasia et moi. « mais Dawn ne comprends-tu pa..pas ? Je t’aurais aim..aimé quoiqu’il arrive, qu’importe le temps éco..écoulé. Je t’aurais att..attendu ma chérie » lui expliquais-je tout en la couvant d’un regard tendre. Oui, j’aurais pu l’attendre des siècles même une éternité tout en l’aimant du fond de mon cœur même en sachant qu’elle me détestait. Heureusement, ce n’était pas le cas et nous étions heureux à présent. Ensemble. Bien sûr la curiosité de ma femme reprit ses droits et elle m’interrogea. C’était normal et je comptais bien lui dire mais c’était difficile pour moi de m’exprimer à ce sujet sans en ressentir toute la déception et l’amertume que cette histoire me faisait éprouver. « J’ai deux frères et une sœur » commençais-je en cherchant visiblement mes mots. « J’ai ren..rencontré l’un de mes frè..frères. Il s’appelle Jeremiah. Notre père a eu une liai..liaison il y a vingt-sept ans avec une femme. Ma mère. Elle croy..croyait qu’il allait l’entretenir mais il n’a pas vo..voulu du coup, elle m’a aban..Abandonné. Je… J’ai peur de rencontrer mon autre frère. Il est méde..médecin. Et si il ne voula..voulait pas me voir ou me parler ? » Soupirais-je car voilà le fond du problème. Se découvrir une famille c’est un fait mais être rejeté par celle-ci était tout autre. Avec Jeremiah, le courant était bien passé mais je craignais beaucoup de rencontrer Wayne et Anna. « Allons ma..manger non ? » lui souriais-je avec douceur. Je ne voulais pas penser à des choses tristes, pas le jour de notre mariage.

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« Tu m’aurais attendu… mais si je n’étais jamais revenue ? » Dawn se mordilla la lèvre inférieure. Peut-être que cette pensée n’avait de cesse de la hanter depuis la veille. Elle estimait qu’il ne devait pas y avoir le moindre tabou entre eux, et cela commençait par les sentiments qu’ils pouvaient bien ressentir dans la vie de tous les jours. Ils venaient de passer une étape capitale dans leur vie commune… ils étaient désormais mariés ! Mais la jeune femme ne perdait pas de vue tout ce qu’il leur restait encore à accomplir pour qu’ils ne parviennent à trouver un équilibre leur convenant. « Pardon. Je sais que ce n’est pas forcément le meilleur moment pour en parler, mais je ne veux pas avoir peur de te poser certaines questions, et en retour… je veux que tu comprennes que même si ce n’est pas le bon moment, tu peux venir me parler de tout. Absolument tout. » Évidemment, Dawn ne voulait pas remplacer Anastasia, et en retour, elle ne voulait pas qu’Elijah lui cache des choses. Elle était suffisamment maligne pour ne pas s’offusquer au début, mais à la longue, elle pourrait finir par en être blessée. Il ne faut pas croire, sous cette épaisse couche de pierre ayant recouvert son cœur tant d’années d’à filée, la demoiselle était extrêmement sensible. « Et ton frère… Jeremiah, que t’a-t-il conseillé ? Je veux dire, il a bien dû te donner des détails sur ton second frère et ta sœur je suppose. Peut-être peux-tu te fier à son jugement si le courant est effectivement bien passé ? Cela peut être complexe au début mais Eli… c’est ta famille. Comment pourraient-ils ne pas t’accepter ? »

Dawn assista impuissante à ce changement complet de sujet au bout de quelques secondes à peine, mais c’était bien mal la connaître s’il pensait qu’il allait s’en tirer comme ça sous le fallacieux prétexte qu’ils avaient un repas de mariage à consommer… « Si tu passes par là, nous avons aussi une nuit de noces à consommer ! » s’exclama-t-elle afin de ne capter à nouveau son attention et qu’il ne finisse de l’écouter avant même que de penser à autre chose. La jeune femme laissa échapper un léger rire avant de déposer un tendre baiser contre ses lèvres, en guise d’encouragement. Elle ne voulait pas qu’il puisse fuir ce genre de conversation… au contraire, il ne pouvait pas savoir à quel point elle se sentait plus importante lorsqu’il l’incluait dans ce genre de détails concernant son passé. « Mon frère va probablement t’en vouloir et être froid avec toi au départ… parce que j’étais dans un sale état et que je lui ai crié dessus pour la toute première fois le jour où j’ai quitté précipitamment ton appartement. Mais il n’est pas idiot… s’il se rend compte de notre engagement commun, de mes sentiments pour toi, il va se contenter de cela et de fait de considérer comme un membre de la famille. Quant à ton frère et ta sœur… peut-être que s’il est médecin, tu peux aussi aller le voir comme ça, histoire de, sans forcément donner ton identité. Voir comment il réagit… comment il est. Tu connais sa spécialisation ? Je sais, tu peux me maudire jusqu’aux tréfonds des enfers car je continue à en parler alors que de toute évidence tu veux que j’arrête… mais je déteste quand tu m’éjectes de ton passé comme ça. Tu préfères que l’on considère ça comme tabou ? »

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« Alors j’aurais continué à t’ai…aimer de loin et si..silence » affirmais-je avec conviction. Oui, même si elle n’était pas revenue, j’aurais continué à l’aimer et à l’attendre avec fidélité et amour. Ne comprenait-elle pas qu’elle était aussi importante pour moi que l’air que je respirais ? Que sans elle, ma vie n’était plus qu’un vieux film en noir et blanc et que c’était comme si on me disait du jour au lendemain que j’étais allergique au chocolat ? Dawn était la pièce maitresse de mon existence, c’était elle qui faisait battre mon cœur, rythmait mes pensées les plus intimes et évidentes qui soient. Elle était mon tout, mon univers, ma vie, mes rêves, mon présent et mon futur. Sans elle, je n’étais rien, elle avait mis de la lumière dans ma triste existence juste d’un regard alors maintenant qu’elle m’avait donné son amour, ce serait comme mourir de mille et une morts si je devais la perdre. Dieu m’avait accordé une autre chance avec cet ange et il me faudrait être atteint de folie pure pour la gâcher ou la rejeter. « Je t’aime Dawn » ajoutais-je avec évidence. Ce je t’aime expliquait tout et rien mais il faisait sa loi dans mon cœur. Je lui assurais en retour que je comprenais tout à fait qu’elle se pose des questions et qu’elle veuille avoir les réponses qui en découlaient. « Il m’a dit d’aller vo..voir Wayne et de me présen..présenter mais tu ne peux pas com..comprendre Dawn. Ma vie a été dédiée à rechercher une fam..famille et chaque jour, je voyais des couples qui choisissa..choisissait d’autre enfant que moi. J’ai grandi avec ce besoi..besoin d’amour mais aussi d..de me sentir rejeter. Ils sont biologiquement ma fam..famille mais ils ne sont en..encore rien pour moi comme je ne suis ri..rien pour eux » avouais-je piteusement. Je ne pouvais pas me dire que nous étions de la même famille car nos liens restaient encore à être prouvé mais aussi à être construit mais cela me faisait du bien de savoir d’où je venais, de connaître enfin la vérité aussi cruelle fut-elle. Toutefois ma femme ne me laissa pas penser à autre chose car elle enchaina sur notre nuit de noce et je l’embrassais pour toute autre réponse. Il me tardait de la consommer car j’aimais lui faire l’amour et voir son regard se voiler de plaisir. Elle était encore plus belle dans ces moments-là même si, je la trouvais toujours aussi belle quoiqu’elle fasse. Elle pourrait être uniquement vêtue de haillon que je la trouverais irrésistible. Dawn m’expliqua alors que son frère risquait d’être froid avec moi et je m’estimais heureux de ne pas recevoir un coup de sa part. Je l’aurais mérité pour avoir fait souffrir une femme aussi exceptionnelle que la mienne mais très vite, elle continua sur une plausible rencontre avec Wayne. Son idée se tenait ! « Je ne sais plu..plus ce que Jeremiah m’a dit et je ne veux pas t’ej..ejecter de mon passé. Je n’ai pas pour hab..habitude de parler de moi c’est tout mais pour to..toi je veux bien faire cet eff..effort car je veux tout partager avec toi, ma femme » la rassurais-je avant de l’embrasser. Je ne pouvais guère me passer de ses lèvres trop longtemps. « Je répon..répondrai à toutes tes questions mais là.. j’ai faim » avouais-je en rougissant surtout quand mon estomac se manifesta bruyamment. Les émotions, ça creuse !

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« Peut-être que justement, j’espère qu’ils ne seront pas stupides au point de rejeter quelqu’un d’aussi formidable que toi ! » s’exclama-t-elle avant d’éclater de rire face au grondement on ne peut plus sonore de l’estomac d’Elijah. Elle lui prit soudainement la main comme s’il s’agissait d’une nouvelle promesse qu’elle lui faisait puis, à la manière d’une professionnelle, siffla un nouveau taxi à l’aide de deux de ses doigts. Elle savait exactement où ils iraient manger. Elle connaissait les meilleures adresses parisiennes, certes, mais il en était une en particulier qu’elle voulait expérimenter… à savoir le restaurant de son concurrent le plus féroce à l’école hôtelière. Il s’appelait Valentin et avait presque maudit Dawn pour avoir eu la première place alors que lui n’avait eu que la deuxième à la remise des diplômes. Ils s’étaient longtemps affrontés, mais toujours dans le plus grand respect et aujourd’hui, ils n’avaient de cesse d’échanger des conseils via de longs mails. Ils s’appelaient, même, de temps en temps. Dawn avait promis de venir un jour dans son restaurant si elle passait sur Paris, tandis que Valentin lui avait promis la même chose s’il venait un jour à New York. Pour sûr, il allait être flatté qu’elle choisisse son restaurant pour son repas de noces… « Je voudrais parler directement au chef s’il vous plaît… donnez-lui le nom de Dawn Cooper, je pense qu’il devrait s’en souvenir » s’introduit-elle sans lâcher la main d’Elijah une seconde, dans un français absolument parfait. « Valentin était mon rival à l’école. C’est un français bourru mais il est adorable. Il a eut du mal à se remettre du fait d’avoir eu la deuxième place en fin d’études… c’est ma façon de le remercier d’avoir été si sport en évitant de m’arracher la tête parce que j’ai eu la première. » Dawn esquissa un sourire franc à son époux avant que son ancien nom de famille ne soit hurlé à l’autre bout du restaurant par un cuisinier dont le charisme avait embaumé immédiatement la pièce. Ce ne fut que pour le saluer comme il se doit que la jeune femme lâcha la main de son époux, gratifiant son ancien rival d’une étreinte on ne peut plus sincère. « C’est Dawn Branigan maintenant » énonça-t-elle fièrement, en anglais, afin qu’Elijah ne soit surtout pas exclus de la conversation. « Vois-tu, Val, je viens de me marier et puisque le meilleur de nous deux ne veut pas salir sa belle robe blanche, elle compte s’adresser au deuxième meilleur pour son repas de noces. » Valentin salua Elijah en grandes pompes, comme s’il faisait automatiquement partie de la famille, avant de leur offrir sa meilleure table, dans un coin discret. Il les félicita longuement avant de repartir faire chauffer ses fourneaux en cuisine.

« J’ai demandé à Anastasia quel était ton plat préféré… tu n’as donc rien à commander, juste à déguster mon ange. » Et pour l’occasion, une bouteille de leur meilleur champagne fut offerte par Valentin en personne. Joli cadeau pour leur mariage… « A nous » énonça fièrement Dawn tandis qu’elle brandissait sa flûte pour trinquer juste avant d’en boire une longue gorgée. « Je n’ai pas l’intention de te faire subir un interrogatoire… ce n’est pas mon genre. On va jouer ça autrement : tu poses une question, j’y réponds et je t’en pose une. Ca te mettrait moins mal à l’aise ? » On ne la lui faisait pas. Puisqu’il n’aimait pas parler de lui… autant rendre la découverte plus amusante et moins stressante. « Je t’aime. »

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Oui j’espérais moi aussi de ne pas être rejeté bien que j’étais préparé à cette éventualité. Je l’étais tellement que je n’arrivais même plus à faire un pas dans leur direction sans y songer. Je me souvenais que trop bien de cette sensation qui vous retournait l’estomac quand, vous voyiez des parents, des couples amoureux venir se présenter pour adopter un enfant et repartir toujours avec un autre que vous. Cette fois, ce serait différent car quoiqu’il arrive, Anastasia et maintenant Dawn seraient présentes pour moi. Nous allions former une famille disparate mais unie avec Zoé, Jack également. Oui, quoiqu’il arrive, je ne serais plus jamais seul et j’espérais que là-haut, le pasteur Branigan était fier de ce que j’avais réussi à accomplir. Je levais un cours instant mes yeux au ciel pour lui sourire avant de suivre ma femme dans un taxi direction, un restaurant huppé d’après ce que j’avais compris. Je clignais des yeux, surpris, une fois dans l’enceinte du restaurant. Le connaissait-elle pour se montrer aussi autoritaire ? J’avais l’impression de revoir la chef Dawn et malgré moi, mon cœur se mit à battre la chamade. Elle était si sexy dans ces moments-là mais je réussis à me calmer pour garder un certain ordre moral. Dawn m’expliqua alors ce qu’il en retournait et je souris, amusé. « Tu es in..inoubliable » la taquinais-je et la suite me donna raison car l’homme en question n’avait bien sûr pas oublier ma femme mais je fus étonné d’être aussitôt adopté. C’était tellement nouveau pour moi d’agrandir ainsi le champ de mes connaissances. Toutefois, ma timidité maladive me poussa à rester discret et un peu en retrait de ma femme. J’étais ainsi fait et puis, je n’osais pas trop parler. Mon bégaiement était un véritable handicape pour moi mais je me promis à nouveau que dès notre retour, j’allais tenter de le surmonter. Valentin nous mena à une table en retrait ce que j’appréciais à sa juste valeur et Dawn me surprit en m’annonçant qu’elle avait parlé avec Nana. Un sourire heureux étira alors mes lèvres. « Tu es la fem..Femme de mes rêves les plus fo..fou » la remerciais-je ainsi à ma façon avant de prendre sa main sur la mienne au-dessus de la table. J’avais tant besoin de la toucher pour m’assurer que je ne rêvais pas. Cette journée était simplement miraculeuse. « D’accord » acceptais-je de bon cœur face à sa proposition. Il était pour moi beaucoup plus aisé de me livrer de cette façon. « Je t’aime ma Dawn… A toi l’hon..honneur de com..commencer. Que veux-tu sav..savoir ? »

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Chaque compliment d’Elijah la comblait d’une intense béatitude, mais Dawn se surprit également à sentir ses joues rougir légèrement face à celui qu’il venait juste d’énoncer. Elle avait encore du mal à réaliser comment quelqu’un d’aussi exceptionnel avait plus la choisir elle… la jolie chef imaginait tout à fait sa vie en solitaire, comme si ce n’était pas une option mais une obligation. Au départ, elle ne voulait s’attacher à personne de peur d’avoir quelqu’un de cher à perdre à nouveau, mais désormais, la jeune femme n’imaginait pas un seul évènement de sa vie qui ne serait pas partagé avec son doux époux… « Tu sembles toujours douter du fait que tu mérites le meilleur ! » s’indigna-t-elle en feignant d’être vexée alors qu’un grand sourire peuplait toujours ses lèvres. Elle serra doucement sa main avant de boire une gorgée de champagne, tout en souhaitant que ce moment ne finisse jamais. Elle était prête à tuer quiconque la priverait de la plus petite seconde de leur mariage… « J’aime quand tu m’appelles ma Dawn… j’aime l’idée de t’appartenir » avoua-t-elle fièrement tandis qu’elle cherchait une question qui ne le mettrait pas nécessairement mal à l’aise. Hélas, dans ce genre d’interrogation ou de questionnaire personnel, il y avait environ soixante dix pour cent de chance de mal tomber… elle se tordit légèrement les lèvres en une grimace adorable puis, finalement, se risqua à se lancer : « Je suis désolée si je te mets mal à l’aise, et surtout, si tu ne veux pas répondre à une question tu n’y réponds pas, d’accord ? Aucun stress. »

Dawn posa sa flûte pour prendre la seconde main d’Elijah sans lâcher son regard d’une semelle. « Est-ce que tu as déjà été amoureux quand tu étais plus jeune ? » Mauvaise question. Bien sûr que c’était une mauvaise question… mais la curiosité de la jeune femme avait à nouveau reprit le dessus et fatalement, elle n’avait pu la retenir. Elle déglutit avec difficulté, ne craignant pas tant la réponse mais l’expression de son mari quand il allait encaisser la chose. Et si, au bout du compte, il ne voulait pas parler de son passé avec elle ? Soudainement prise par ce vent de panique qui la possédait sans crier gare, elle se reprit quasi instantanément : « C’était maladroit… je suis désolée mais je ne voulais pas commencer par ta famille ! Sinon donne moi un type de sujet… »

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« Mais j’ai la mei..meilleure femme » lui souriais-je avec bonheur tout en portant sa main à mes lèvres pour y déposer un baiser sans la quitter du regard. Que j’aimais cette femme, elle était tellement… Il n’y avait aucun mot pour la décrire ni même mesurer mes sentiments à son égard. Elle était tout simplement indispensable à ma vie et je fus reconnaissant au Destin d’avoir unie nos deux vies car je comprenais à quel point mon existence aurait été terne sans elle. Toutefois, ce fut avec un certain rougissement que j’accueillais sa remarque suivante. M’appartenir ? De drôles de pensées m’envahirent alors et pas des pensées des plus chastes. Dire que l’on prenait pour un homme sage et peu portait sur la chose alors que c’était tout autre. J’avais pensé que je ne connaitrais jamais cette union du corps, du cœur et de l’âme avec une femme et mes fantasmes s’étaient lentement fané sur l’autel du temps mais depuis que j’avais rencontré Dawn, ils avaient repris vie avec force et entrain. Aussi, il ne m’était pas rare de repenser à eux non sans rougir bien évidement. J’étais gêné de penser à ma femme ainsi, j’avais l’impression de lui manquer de respect en songeant à elle dans des scénarios tous plus loufoques que coquin. Dawn en pompom girl ou en soubrette, Dawn en uniforme d’infirmière… Bon sang, il fallait que j’évite ce genre de choses en plein restaurant. Heureusement, le regard plein d’amour qu’elle me dédiait m’aida à redescendre sur Terre. Dawn et son jeu de questions/réponses qui semblait l’incommoder. Je ne comprenais pas, elle avait des questions, de la curiosité mais donnait l’impression de ne pas oser me questionner. Je trouvais cela tellement adorable que je l’encourageais d’un sourire. Je déchantais rapidement. Avais-je déjà aimé avant elle ? Pas à ce point-là mais oui. Le spectre de Lavigna me tomba dessus brusquement et je baissais la tête avant de la relever. Le passé était le passé et pour la première fois de ma vie, ce souvenir ne me faisait plus souffrir. Non, l’amour de ma femme en avait chassé la douleur pour ne laisser qu’amour et douceur. « Ma Dawn » l’arrêtais-je dans ses excuses avec ce surnom qu’elle semblait tant aimer.

« J’aimerai te rép..répondre. Peut-être comprendras-tu ma réa..réaction avec ton frère et celle d’Ana..Anastasia » débutais-je avant de prendre une grande inspiration et me concentrer pour ne pas bégayer. Je savais que je pouvais le faire, j’y arrivais lorsque je parlais avec Nana alors je pouvais réitérer cet exploit avec ma femme tout de même. « Ne m’interro..interromptes pas sinon j’y arri..arriverai pas » la priais-je puis serrant sa main dans la mienne, je me lançais. « Deux ans après avoir ouvert la boutique, j’ai rencontré une femme. Elle s’appelait Lavigna et j’en suis tombé amoureux. Je..je… je pensais que c’était la femme de ma vie et nous avons très vite emménagé ensemble. La boutique ne fonctionnait pas encore beaucoup mais je pensais que ce n’était pas grave. Alors je l’ai demandé en mariage sauf que Lavigna m’a rejeté ce jour-même quand elle a su que la boutique n’était pas viable. Elle ne voulait pas d’un homme sans argent et elle est partie. Quand la boutique a connu son essor, elle est revenue mais Nana lui a botté les fesses » racontais-je en ayant un sourire aussi fier qu’attendri alors que je parlais de ma sœur. « Mon cœur s’est fermé à l’amour jusqu’à ce que je te rencontre toi. La femme de ma vie. Et toi ? » Demandais-je timidement à mon tour.

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« Voilà qui explique beaucoup de choses… » murmura Dawn, ne sachant pas si elle devait être davantage amusée par le comportement d’Anastasia ou bien si elle devait en avoir peur. A ceci près que la jolie chef n’avait jamais lâché personne comptant réellement pour elle. Jack en était une preuve évidente, Zoé également et probablement Elijah allait-il le comprendre très rapidement. Dawn était une sorte de maman poule ne souhaitant pas à être apparentée à ce genre d’appellation. Une sorte de couveuse qui se cache… « Moi ? Et bien que ta boutique sois viable ou pas, ce n’est pas ce qui me fera te lâcher mon amour. Il faudra que l’on brûle mon corps avant ! » s’exclama-t-elle avec une franchise qui l’étonnait. De son côté, on ne pouvait pas dire que la demoiselle ait connu autre chose que des amours absents ou contrariés. Elle ne s’en plaignait, puisqu’elle avait choisi de dédier l’intégralité de ses efforts à son art, mais maintenant que son mari la couvait du regard, lui lançant toutes les œillades les plus tendres et bienveillantes, elle se rendait compte de ce qu’elle avait manqué jusqu’ici. « Je n’ai jamais été amoureuse. Pour ma défense, j’ai perdu ma mère à seize ans et j’ai dû me débrouiller toute seule… Ellie vivait en Suisse, Jack parcourait le monde et ne pouvait donc pas revenir en France et comme j’avais promis à ma mère de sortir major de l’école hôtelière, je ne me suis intéressée qu’à cela. Pour ma défense, à nouveau… la déception de ma première fois m’a suffit pour des années. Disons que le jeune homme que j’avais choisi m’a flanquée à la porte alors qu’il faisait moins dix et qu’il neigeait, sans me rendre mes vêtements. Ce qui t’explique que Jack ait un peu du mal de son côté aussi avec ceux qui me font du mal. »

Dawn haussa légèrement les épaules pour mieux ingurgiter une gorgée de champagne. Elle n’avait pas envie de ressasser un passé douloureux et humiliant. « C’est aussi la raison pour laquelle, puisque personne ne m’avait jamais courtisée, j’ai tout de suite été touchée par tes lettres. » La jeune femme esquissa un petit sourire tendre avant que son regard ne se durcisse subitement : « Que cette femme ne croise jamais mon chemin » se contenta-t-elle de dire avant d’en rire de bon cœur, bien qu’elle soit fondamentalement très sérieuse. « Le plus beau jour de ta vie ? Je veux dire… en dehors d’aujourd’hui, évidemment. »

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Le soulagement m’arracha un soupire. J’étais serein désormais car je lui avais confié la seule chose que je cachais. Bien sûr, ce n’était pas grand-chose car mes histoires passées étaient justement des histoires passées et combien même l’avenir me replaçait sur la route de Lavigna, cette fois-ci, il n’y aurait ni douleur, ni rancune ni rien. Sans elle, jamais je me serais mis en tête de jouer aux admirateurs anonymes de peur de souffrir, sans elle, jamais je n’aurais été avec celle qui était aujourd’hui ma femme. En quelque sorte, Lavigna m’avait placé sur la route de mon bonheur et je savais que rien ni personne ne ferait me détourner de Dawn. Ma Dawn. « Notre amour est solide » affirmais-je avec la conviction d’un homme sûr de lui. Oui, notre amour allait braver tous les tempêtes et nous faire sortir plus fort à chaque coup dur. J’avais confiance en nous et c’était pour moi quelque chose de nouveau. J’étais connu pour être quelqu’un de peu confiant, de timide mais cette femme me donnait cette force qui m’avait toujours manqué. Pour elle, je voulais bien me transformer en géant et lui faire une rue pavée d’or s’il le fallait bien que je sache qu’elle n’était pas du tout intéressé par la petite fortune qu’Anastasia et moi-même avions amassé grâce à notre boutique. Dire que ma sœur m’avait informé qu’un concurrent essayait de venir sur le marché du chocolat. Mon sens de la compétition se gaussait déjà car sans me vanter et en toute modestie donc, ce n’était pas un chocolatier amateur qui allait rivaliser avec un professionnel mainte fois récompensé et bientôt détenteur de la médaille d’or des championnats du monde des chocolatiers. J’avais foi en mes capacités parce qu’Anastasia et Dawn croyaient en moi. Et tant que cela durerait, je me sentirais fort ! Dawn me raconta alors sa propre expérience malheureuse et je me sentis l’âme d’un homme violent. Cet homme ne méritait rien d’autre que du mépris de ma part. Comment pouvait-on faire cela à une femme qui plus est à ma Dawn « Je comprends mieux » admis-je néanmoins en comprenant la réaction de Dawn et de son frère. Connaitre le passé de quelqu’un était un bon moyen de le comprendre m’avait toujours dit le pasteur Branigan. Un sourire tout ce qu’il y a de plus simple mais heureux fleurit sur mes lèvres et j’entrelaçais mes doigts aux siens. « Je ne pe..pense pas la rencontrer à nou..nouveau » bafouillais-je en perdant ma concentration. Il était dur pour moi de poursuivre une conversation entière sans que mon bégaiement ne revienne au galop. « Notre mariage ser..sera le plus beau jour de ma v..vie » lui assurais-je avant de répondre néanmoins à sa question « La première fois que le pas..pasteur Branigan nous a offert à Noe..Noël des chocolats. J’avais 10 ans et c’était la pre..première fois que j’en goutais. Et toi ? » Lui demandais-je en retour avant qu’un serveur vienne déposer nos entrées sur la table, interrompant ainsi la conversation.

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❝ tell me this is not happening ❞

« Laisse-moi deviner : cela a été une révélation en chocolat ? » déclara-t-elle malicieusement avant de reprendre ses mains dans les siennes, persuadée que les entrées pouvaient attendre. Ils avaient tout le temps du monde, pas vrai ? Du moins jusqu’aux prochaines qualifications qui approchaient doucement mais sûrement Elijah de la finale de son tournoi. Dawn fit mine de réfléchir quelques secondes, et, bien que ce soit une évidence absolue à ses yeux, énonça : « Le jour où je suis effectivement sortie major de l’école hôtelière… mais également le jour où j’ai reçu ta première lettre. » La jeune femme lâcha délicatement les mains de son époux sans pour autant le quitter des yeux, l’expression de son visage dégageant à la fois une sorte de gêne et une tendresse à couper le souffle. Jamais encore elle n’avait été tendre, ou affective, et encore moins romantique envers quelqu’un. Elijah le serait toujours plus qu’elle, quelques soient les efforts qu’elle puisse faire dans ce sens. « Je sais, ça sonne ridiculement romantique, mais c’est pourtant la vérité. Le premier jour où tu m’as écris, j’avais jeté un client dehors parce qu’il m’avait insultée. Ma patronne m’avait retenu ma journée de salaire et donc, cela faisait ça de moins que je pouvais mettre dans mon combat juridique pour sauver Jack d’affaire. J’étais… comment dire ? En compagnie d’une magnifique bouteille de whisky irlandais, de douze ans d’âge, et j’étais prête à ingurgiter mon troisième verre quand j’ai reçu mon courrier, apporté par mon voisin. Je pensais à un canular, au départ. Mais il y avait un petit bracelet peuplé de cœurs qui se trouvait à l’intérieur de l’enveloppe… alors je me suis dit : quel homme serait suffisamment stupide pour faire un canular avec un cadeau à l’intérieur ? J’ai aussi cru que ce n’était pas pour moi… mais il faut être honnête, il n’existe pas énormément de personnes dans le monde portant mon prénom. C’était donc à moi, la chef désespérée par son manque cruel de spontanéité avec autrui, prête à se payer une cuite d’anthologie au whisky, que l’on écrivait quelques-uns des mots les plus merveilleux au monde. A moi. Je peine encore à y croire… je t’ai embauché peu de temps après, si je ne m’abuse. J’ai beaucoup hésité entre toi, et un autre chocolatier mais son arrogance me déplaisait. »

Dawn reprit son souffle, devenu court, et n’hésita pas à finir sa coupe de champagne cul sec alors que cela ne se faisait pas et qu’elle avait l’impression d’être la moitié d’une pochtronne se faisant… il fallait contrebalancer l’émotion évidente étant la sienne. « Je me félicite chaque jour de t’avoir choisi toi. Je sais maintenant qu’à ce moment là, je ne t’avais pas uniquement choisi parce que tu fais les chocolats les plus divins de toute l’histoire du chocolat… mais parce que je voulais que tu sois là, toujours tout près. Hem… à ton tour d’être original envers les questions, je crois que j’ai trop parlé et j’ai chaud aux joues ! »

Invité

« Oui » rigolais-je en réponse à sa question. Oui, ce magnifique moment de ma vie avait été le départ de toute une passion et de tout un avenir. Je me demande ce que je serais devenu si par le plus grand des hasards, le pasteur Branigan ne nous avait pas offert de chocolat ce noël-là. Peut-être aurais-je été un tout autre homme et n’aurais-je jamais rencontré ma femme. Il faut croire que le destin ne tenait qu’à peu de choses, ce qui le rendait d’autant plus magnifique que cruel. Heureusement pour nous, aujourd’hui, était le début de notre avenir à deux et il promettait d’être merveilleux, je n’en doutais pas une seule seconde. Dawn se confia alors à moi et je fus pour le moins ému de savoir à quel point mes lettres l’avaient touché. Une sorte de fierté somme toute masculine s’insinua en moi et je ne pus m’empêcher de serrer sa main plus intensément dans la mienne. Quel que soit son passé, j’étais bien décidé à lui offrir un présent et un avenir où seuls l’amour, la joie et le bonheur seraient présents. Je ne voulais plus qu’elle soit triste ou qu’elle se sente seule. Je ne veux que le sourire sur ses lèvres, que la joie dans son regard et le bonheur dans sa vie. S’il fallait que je me batte pour cela, je le ferais car quoiqu’il arrive, j’aimerai cette femme jusqu’à la fin de ma vie, jusqu’à mon dernier souffle. Il était hautement improbable qu’un jour, mon regard ne se détourne d’elle à un moment donné. Impossible. Elle avait réussi à capturer mon cœur entre ses mains et si jamais elle n’en voulait plus alors il cesserait de battre à jamais. Je ne savais bien sûr pas de quoi serait fait l’avenir mais la certitude d’aimer cette femme corps et âme était tout ce que je possédais. « Je suis tombé am..amoureux de toi dès que je t’ai vu » avouais-je avec tendresse non sans rougir. Je n’étais toujours pas habitué à parler de mes sentiments de vive voix. Et je n’étais pas le seul car Dawn était si adorablement gênée que je ne pus m’empêcher de contourner la table pour venir cueillir un baiser sur ses douces lèvres. « Vous êtes magnifique Dawn Branigan » confiais-je dans un murmure avant de l’embrasser à nouveau, scellant notre amour de la plus magnifique des manières essayant par ces simples baisers de lui faire comprendre qu’elle me rendait heureux et qu’elle n’avait a être gênée de telle confidences. Je repris place sur mon siège et le moins que l’on puisse dire, c’est que le reste de notre séjour à Paris fut à l’image de ce repas : intense, romantique, amoureux et agréable.

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» elijah & dawn ❝ eli or booze ? ❞
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