Les mariages, je détestais ça mais en ma qualité de témoin du marié, je ne pouvais guère me tirer à la première occasion. « Bordel, arrête de gesticuler comme ça, tu me donnes mal au crâne » râlais-je en voyant mon ami tracer un sillon dans la pièce où nous attendions pour rejoindre la nef où le mariage se déroulait. « Je voudrais bien t’y voir moi ! Et si elle ne venait pas ? Et si elle se rendait compte que je ne la méritais pas ? » paniqua-t-il ce qui me fit soupirer pour la énième fois depuis ce matin. C’est qu’il commençait à me taper sur le système ! « Elle va venir, tu vas te marier et ne t’avise jamais plus de m’associer au mot mariage ce serait gentil » râlais-je à mon tour car rien qu’à l’idée que mon père m’ait trouvé une autre fiancée à marier me faisait frissonner d’effroi. Non merci mais alors pourquoi ma princesse à l’escarpin venait de s’imposer à mon esprit ?! Et merde, malgré le temps passé, elle continuait à m’obséder pourtant, depuis cette fameuse soirée et notre baiser échangé, je ne l’avais plus entendu ni vu à croire qu’elle avait disparu de la Terre. En même temps, je n’avais pas cherché à la joindre préférant garder mes distances avec cette créature du diable. Le problème, c’est que je n’arrêtais pas de penser à elle, je n’avais même pas touché une autre femme depuis cette foutue soirée. Or, l’abstinence, ce n’était pas trop mon truc mais plus aucune femme ne trouvait grâce à mes yeux. En fait, elle avait carrément bousillé ma vie et tout ça à cause de ce mariage qui commençait sérieusement à me les casser. « C’est quand même bien que tu aies pu engager ce groupe, le chanteur est génial et je suis sûr qu’il va lui plaire ! Quand tu m’as dit que tu les avais annulé, franchement j’avais été déçu mais je comprends, tu voulais te la jouer à la suspense ! » rigola-t-il et j’acquiesçais mollement, perdu dans mes pensées. Puis, ce fut l’heure de rejoindre le reste de l’assemblée et subir ce long mariage.

« Si quelqu’un dans l’assemblée s’oppose à cette union, qu’il le dise ou se taise à jamais » débita le prêtre. Et ce fut à ce moment-là que mon esprit fit tilt. Groupe annulé pas annulé ?? C’était quoi cette embrouille ? Bien sûr que j’avais annulé ? Non ? Je ne comprenais rien à rien car j’avais pourtant donné des instructions claires à la stagiaire alors de quoi me parlait le marié ? Une heure plus tard, je devais bien reconnaitre qu’il y avait un problème en voyant le groupe s’installer. Ce n’était pas le bon ! J’étais donc furieux contre mon employée et m’apprêtais à lui passer une soufflante au téléphone quand une furie me tomba dessus. « Je peux tout vous expliquer ! » mais trop tard, le mal était fait.

Elle avait la main lourde chose que je n’avais pas soupçonnée mais si par le passé, j’aurais aimé voir une telle émotion sur son visage, aujourd’hui, je m’en serais bien passé. Non pas que je craignais les regards des autres –cela faisait belle lurette que cela ne m’affecté plus ; mais au-delà de la douleur physique, ce fut celle intérieure qui me blessa le plus. Elle m’avait condamné sans autre forme de procès comme les gens que je fréquentais habituellement. Je n’avais même pas pu en placer une et disons-le clairement, cela se ressentait à mon visage qui s’était crispé et à mon regard qui s’était durci. « Ne me giflez plus sinon vous allez connaître l’expression œil pour œil, dent pour dent » articulais-je avec froideur et une colère contenue. Je voulais bien qu’elle soit en colère mais de quel droit pouvait-elle m’agresser ainsi ? Elle s’attendait à quoi ? A ce que je me sois transformé en prince charmant l’espace de quelques semaines ? Que notre baiser échangé lui donnait plus de droit sur moi que les autres en avaient ? Finalement, je m’étais trompé à son sujet. Elle ne valait pas mieux que les autres. Et puis c’était quoi cette histoire de magie et de varicelle ? Elle avait fumé la décoration dégoulinante de romantisme avant de venir ? A moins qu’elle se croit dans un mauvais Harry Potter. « Je dois avouer qu’il n’y a que vous pour souhaiter une varicelle à votre ennemi mais soit, si cela peut vous permettre de vous détendre et d’écouter ce que j’ai à vous dire. » répliquais-je froidement avant de tousser légèrement. Ma gorge commençait à me gratter et je me raclais la gorge à nouveau provoquant une autre quinte de toux. Voyant que nous étions le point de mire de l’assemblée, je l’attrapais par le bras et l’amenait dans la petite pièce où j’avais poireauté avec le marié durant des heures et des heures (45 minutes en réalité mais l’espace temporal est déréglé en cas de mariage bref) pour plus d’intimité. « Vous êtes calmée ? Sachez que j’avais bien annulé ce groupe mais apparemment la stagiaire a bouffé la communication en route. Vous n’allez bien sûr pas me croire après tout, je ne suis juste qu’un salopard à vos yeux alors quoique je dirais, rien ne vous ferez changer d’avis. » Repris-je avant de desserrer ma cravate en toussant à nouveau. Bon sang, qu’est-ce qui m’arrivait ? Et puis c’était moi où il faisait un peu plus chaud qu’avant ? Quoi qu’il en soit, je sortis rapidement mon BlackBerry de ma poche et composais un numéro. « Janice, je vous passe Mlle Lewis, peut-être pourriez-vous lui expliquer pourquoi le groupe que je vous avais chargé d’annuler est en train de s’installer » grognais de bien mauvaise humeur en lui tendant le téléphone. Nul doute que mon assistante allait s’empresser de lui dire la vérité mais ce que j’ignorais, c’était qu’elle allait un peu trop s’épancher. « Toutes mes excuses Mlle Lewis, j’avais chargé Matilda la stagiaire d’annuler le groupe mais il semblerait qu’elle ne l’est pas fait. J’espère que Monsieur Wolf n’est pas trop en colère. Vous savez, je crois que cette jeune femme est amoureuse de lui et qu’elle n’ait eu simplement envie de vous mettre des bâtons dans les roues. Il parlait souvent de vous ces derniers temps » Une fois la conversation terminée, je tendais la main pour récupérer mon téléphone, dardant sur elle un regard toujours aussi froid et colérique. En réalité, j’étais surtout en colère contre la terre entière. Sans vraiment prendre conscience de mes gestes, je commençais à me gratter de plus en plus fort la main gauche.

L’agacement et la déception semblaient se battre en moi avec férocité. Je n’aimais pas le jugement des autres et surtout pas celui de ma sainte ni touche. En plus, je commençais à en avoir marre de cette sensation qui me piquait un peu partout. J’avais une furieuse envie de me gratter tant ça me démangeait de toute part mais je résistais tant bien que mal. Seul un tic nerveux semblait dire à la terre entière que je m’énervais de minutes en minutes. « Je dois être allergique aux mariages » répondis-je de mauvaise grâce encore vexé de la gifle qu’elle m’avait mis en public. Mon conseiller en communication allait encore s’arracher les cheveux si je lui ramenais une nouvelle fois une femme en colère. Mon père et lui semblaient d’accord sur la moindre petite chose qui faisait mon quotidien et le verdict était sans appel : doit se marier et fonder une famille pour donner confiance aux investisseurs. Bordel depuis quand être marié était un gage de confiance ? Non parce que j’étais quand même le fruit d’un adultère au passage donc pour la confiance, vous repassez quand vous voulez. Je toussais à nouveau avant de desserrer ma cravate tant je commençais à avoir chaud. « Ne dites pas de bêtise Miss Lewis, vous n’êtes pas une sorcière quoi je dise et vous m’avez pas donné la varicelle » rétorquais-je cette fois-ci agacé. Je toussais encore une fois. « Il fait chaud ou quoi dans cette église ? » grognais-je avec peu d’amabilité. Si je commençais à couver quelque chose, je craignais pour mon entourage. J’étais imbuvable dans ces cas-là. « Bordel, ça me gratte ! » râlais-je cette fois-ci en me dirigeant vers un des miroirs sur pied, ouvrant ma chemise avec nervosité. « Putain » lâchais-je estomaqué. Sur mon torse s’éparpillaient plein de petits boutons. « LEWIS » criais-je avec fureur « qu’est-ce que vous m’avez fait ??! » lui demandais-je me tournant vers elle pour qu’elle voit l’étendu des dégâts. « C’est de votre faute, c’est vous qui avez souhaité ça alors vous vous démerdez comme vous voulez mais vous annulez votre truc, votre sort ! » C’était une sorcière, génial, j’étais dingue d’une sorcière ! Puis, pris d’une quinte de toux, je me laissais tomber dans un fauteuil, un frisson me parcourant l’échine. Génial, j’allais être malade. « Prenez mon portable et appelez mon chauffeur, je rentre chez moi. Vous le trouvez sous le prénom Paul. » Lui demandais-je tout en lui lançant mon portable. Je me sentais faible et je détestais cette sensation.

« Et je raterais le mariage de mon ami ? » repris-je ironiquement « J’ai fait le pantin pour lui, c’est largement suffisant et puis, c’était convenu que je ne reste pas jusqu’à la fin ! » ajoutais-je avec mauvaise humeur. Les mariages, ce n’était vraiment pas mon truc en temps normal mais avec ces boutons qui me démangeaient de plus en plus, cela devenait carrément le calvaire le plus ignoble de la terre. D’ailleurs, je ne pouvais m’empêcher de me gratter l’avant-bras et la nuque mais rien à faire, c’était de pis en pis. « Pour votre gouverne, je n’ai pas pour habitude d’harceler des femmes qui s’enfuient en courant après m’avoir embrassé alors je n’ai aucune culpabilité à avoir quant au fait que je ne vous ai pas rappelé et puis j’étais en voyage d’affaires en suisse ! » même si en réalité, le voyage d’affaires était un voyage d’agrément avec un jeune homme qui s’était révélé être une jeune femme tout ce qu’il y a de plus désirable. « C’est l’abstinence qui me file des boutons plutôt » marmonnais-je tout bas en songeant que je n’avais pas touché une seule femme depuis un mois. Une grande première pour moi mais tout cela c’était de sa faute à elle. Rien qu’à elle. Et vous savez le pire dans tout ça ? C’est que je fantasmais encore sur elle au point de l’imaginer dans une petite tenue d’infirmière. Cette femme aurait ma peau d’une façon ou d’une autre mais j’espérais le plus tôt possible car je virais dingue avec la sensation de démangeaison. « J’en ai ma claque, ça me gratte de partout ! » râlais-je avant de refermer ma chemise histoire de ne pas sortir totalement débrayé. Avec la scène qu’elle m’avait faite devant des témoins, je voyais déjà les gros titres des journaux : Wolf fait encore une victime au mariage d’un proche. Ces journaleux ne me lâchaient jamais la grappe aussi ne serais-je pas étonné en voyant un papier à scandale dès demain dans les journaux. « Allons-y puisque vous tenez tant que ça à jouer les infirmières » lâchais-je avant de sortir de la pièce en toussant. J’avais froid désormais. BORDEL LES MARIAGES ÇA ME RENDAIT MALADE ! C’était véridique, prouvé, attesté, adjugé ! Heureusement, la circulation était relativement fluide si bien qu’on ne mis qu’un gros quart d’heure pour rejoindre mon appartement situé dans un hôtel particulier appartenant à la famille depuis des générations. Il était étrange de parler de famille quand cela faisait à peine dix mois que je connaissais son existence. Ma foi, je n’allais pas cracher dans la soupe à présent. Une nouvelle quinte de toux me secoua des pieds à la tête, me laissant faible tandis que je fermais les yeux en posant mon front sur la vitre fraiche. La dernière chose que j’entendis avant de m’endormir, fauché par cette fièvre soudaine fut la voix de mon chauffeur demandant si madame désirait de l’aide pour amener monsieur dans sa chambre. « Hum… » Marmonnais-je une heure plus tard, en émergeant d’un sommeil perturbé. Ma chambre était plongée dans le noir et un rapide coup d’œil m’informa que je ne portais plus qu’un boxer. Pas de trace de ma sainte ni touche. Rejetant la couette, je sortis de ma chambre en titubant presque quand je percutais un corps diablement délicieux.

La sensation de n’être qu’une loque était quelque chose de désagréable en plus je me sentais sale et l’idée d’une bonne douche était quelque chose de très tentant. Excessivement. Je crois que c’est cela qui me poussa à quitter la chaleur de ma couette, frissonnant en constatant que je ne portais plus qu’un caleçon. Minute, depuis quand j’étais presque à poil ? Vainement, j’essayais de rassembler mes souvenirs mais rien ne venait. Je ne me souvenais pas de m’être déshabillé mais bon, je ne paniquais pas. De tout de manière j’étais trop fatigué pour émettre la moindre objection. « Bordel » marmonnais-je la bouche pâteuse en m’extrayant de mon lit et de ma chambre. J’avançais totalement au radar, les yeux à moitié bouffis encore gorgé de sommeil. Le mariage, la gifle, la proposition d’une infirmière aussi irritante que sexy au diable et le retour en voiture. Le reste, c’était le trou noir et l’idée d’avoir été déshabillé par Shaelynn me mettait aux abois. Bon sang, je rêvais d’elle depuis notre baiser et je n’étais même pas conscient quand elle me déshabillait si ce n’était pas avoir un foutu karma, je ne sais pas comment ça s’appelait ! Etait-elle déjà partie ? Forcément. Après tout, quel intérêt avait-elle à veiller sur un salopard de la pire espèce ? Aucun. Cette idée me plongea dans un état de profonde tristesse et d’amertume. « On dirait une gonzesse bordel » marmonnais-je en avançant dans le couloir avant de buter contre quelqu’un. « Vous êtes encore là » demandais-je avec un air de petit gamin qui me fit me détester un peu plus. Vas y, pendant que tu y es, supplies-là de te border pensais-je avec colère. « Vous devriez vous recouchez, je vais aller vous chercher un gant mouiller à passer sur votre visage pour faire tomber votre fièvre. » me poussa-t-elle à retourner dans ma chambre. Ok, j’avais une tête sûrement de déterré mais elle aurait pu se sentir troublée d’être devant moi alors que je ne portais qu’un caleçon ou même me reluquer avec autre chose qu’une tête épouvantée. Bien sûr, j’étais loin de me douter de la raison d’un tel empressement. « Ouais » marmonnais-je de mauvaise humeur en retournant comme un gosse puni dans ma chambre, me recouchant sous la couette tout en me grattant le bras ave énervement. « Journée de merde, mariage à la con et sapin de sainte ni touche » continuais-je de marmonner avant de fermer les yeux et de me passer la main sur le visage comme pour me détendre mais je fronçais les sourcils en sentant un truc bizarre sous mes doigts. J’allumais la lumière et arquais un sourcil en voyant une trace de rouge à lèvre sur mes doigts. Doucement un petit sourire amusé vint fleurir sur mes lèvres et je me recouchais en éteignant la lumière, attendant patiemment qu’elle revienne.

Celle-ci revint vers moi, une petite bassine et un gant de toilette. Je la laissais faire avant de brusquement attraper son poignet. « Je trouve injuste que vous profitiez de mon sommeil pour abuser de moi » plaisantais-je bien que mon regard était sérieux. « Pourquoi tant de gentillesse à mon égard, j’avoue que je n’arrive pas à suivre votre logique Miss Lewis » soupirais-je en caressant l’intérieur de son poignet avec mon pouce. « Vous m’avez ensorcelé petite sorcière, je n’arrive pas à vous sortir de ma tête » confiais-je sous le coup de la fièvre. « Qu’est-ce que je vais pouvoir faire de vous » poursuivais-je en enlaçant mes doigts aux siens. Une fois remis, j’allais certainement me sentir coupable d’un tel épanchement mais pour l’heure, je n’en avais plus rien à foutre. Elle était là avec moi et c’était le principal.

Cette femme avait réponse à tout que cela en devenait rapidement agaçant et frustrant mais j’étais bien trop fatigué et cassé par cette maladie débile que je n’arrivais pas à relever ses propos mis à part en grognant comme un homme de Cro-Magnon. Dormir, dormir, elle en avait de bonne elle ! Je n’aimais dormir, c’était une vulgaire perte de temps et en plus, surtout, je n’appréciais pas de dormir devant quelqu’un. C’était quelque chose qui me révulsait tant j’avais l’impression de me montrer vulnérable, faible. Non, c’est pourquoi j’avais toujours fait en sorte de virer mes maitresses avant de me coucher. « Pas envie de dormir » marmonnais-je en sentant toutefois ce traitre de Morphée me reprendre dans ses bras. Je crois que je n’eus même pas conscience que je me rendormais mais lorsque je me réveillais, j’étais seul. Ce constat m’agaça car une partie de moi aurait aimé qu’elle reste tandis que l’autre s’en félicitait. Un simple coup d’œil à mon réveil me signala que j’avais dormi trois heures. Etait-elle partie depuis longtemps ? La seule chose que je constatais, était qu’elle n’avait pas tenu sa promesse, elle n’était pas restée à mes côtés. A quoi t’attendais-tu Wolf ? A ce qu’elle reste et joue bien gentiment les infirmières ? Pensais-je avec ironie et amertume. Oui dans le fond, j’avais espéré que ce serait le cas mais il fallait visiblement que je regarde les choses en face : elle n’avait de cesse que de fuir en avant en semant des objets derrière elle. Cette fois-ci notais-je avec amusement cynique qu’il s’agissait de son téléphone portable. Attrapant l’appareil, je me relevais, tanguant un peu à cause d’un vertige, regardant sans trop quoi chercher dans les contacts et les messages. Je me faisais office d’un voyeur mais je m’en fichais. Pas de chéri dans le répertoire, elle était donc célibataire ? Quoique cela ne voulait rien dire. Je soupirais agacé par ma propre pensée. Je m’en foutais d’elle merde !! Si seulement mon cœur pouvait en dire de même. Une heure plus tard, douché, habillé, j'allais me lancer à la poursuite de Cendrillon quand je manquais de m'écrouler, cloué par cette foutue crève à la con. Je du regarder les choses en face, je n'étais pas en état de faire une chasse à l'homme ou plutôt au sapin de noël fugueur. Elle ne perdait rien pour attendre car j'étais certain que nos chemins se recroiseront un jour ou l'autre.
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