Je m'étirais doucement, m'extirpant peu à peu de mon sommeil, j'avais dormi, oui j'avais enfin dormi, une bonne nuit, comme il pouvait m'en manquer à cause de tous ses cauchemars incessant. Je baillais m'étirant comme un chat, avant de me mettre debout comme une furie d'enfiler les premiers vêtement qui me tombaient sous la main, de prendre un petit déjeuner en vitesse, et de faire une petite course matinale jusqu'au pont de Manhattan, oui j'aime bien faire des courses sous la neige en gros manteau dans une tenue inapproprié humant l'air frais, rejetant une fine fumée blanche et sautant comme une idiote dans les rues désertes, où les seuls courageux étaient emmitouflés sous quarante couches de vêtement, et grognaient comme pas possible. Enfin, moi l'hiver étant ma saison préférée je ne me plaignais pas, je n'avais pas eu beaucoup le plaisir au-part avant mon arrivée New York, de vivre dehors où un épais manteau blanc avait fait son apparition, et où sous nos pas, les flocons semblaient craquer. Oui il faisait froid, oui j'avais le nez gercé, oui j'aimais ça, et non ce n'est pas une tempête qui allait foutre en l'air le programme de la journée. Cela faisait plusieurs semaines qu'on préparait une petite folie au pont de Manhattan, après avoir prévenue les autorités, et organisé tout cela avec des gars adepte du saut à l'élastique, il ne manquait plus que notre invité de Marque, soit Alexandra. Cela fait un moment qu'on se connait, on s'entend bien, très bien même, mais elle ne supporte pas l'idée que je fasse tout et n'importe quoi dans des endroits improbables, puisqu'elle n'en a pas vraiment le courage. C'était marrant de nous mettre toutes les deux, car à la fin elle finissait toujours par prendre peur, et même à des rendez-vous bénins où je n'ai rien préparé à son intention, elle arrive vêtue de vêtements anciens qui ne craignaient plus rien et semblait perplexe à chaque fois qu'elle me voyait. J'étais arrivée tôt le matin, il n'y avait pas de voiture, à cause de la tempête, beaucoup trop étaient enneigé et peu étaient les courageux qui venaient battre le temps. Je n'étais pas la dernière et une fois qu'on avait installé tout le matériel, je pouvais envoyer un message à Alex, sachant qu'elle serait dans peu de temps. On se penchait au-dessus du pont regardant l'eau qui semblait commencer à geler. C'est une bonne matinée aujourd'hui, surtout pour faire des folies. Alexandra arriva, sans trop de surprise septique en me voyant, je la voyais m'interroger du regard sur ce que j'allais bien pouvoir lui faire subir, et surtout par ce temps. « Salut ! » me dit-elle. Je lui fis un large sourire, avant de la saluer à mon tour. Sans surprise elle enchaîna en me posant la question qui la taraudait. « Alors, pourquoi tu m'as fait venir ici ? » Je me tournais pour lui montrer l'installation qu'on venait de finir, avec les bons citoyens de cette ville. Elle regarda tout cela avec de grands yeux. Je passais derrière elle afin de l'arrêter au cas ou elle se mise à courir pour s'échapper et de ne rien tenter. « Un petit saut à 10h de matin ça te dit ? »

Sans trop de surprise, elle fut bien sûr totalement bouleversé par la nouvelle, si bien qu'elle en plaque ses mains contre sa bouche pour en étoffer un petit cri de panique. Je n'en attendais pas moins à vrai dire, c'est tout à faire normal de réagir comme ça je pense, non ? Enfin si j'étais à sa place je pense que je réagirais comme ça. Mais comme je ne suis pas à sa place et bien moi je fonce tête baissée dans n'importe quoi. Elle essaye de se raisonner avant de me dire. « Moi là bas ? Jamais ! » Je regardais Alex avec une mine de chat battu comme le chat potté et son fameux regarde, afin quelle essaye de craquer, mais elle semblait plus terrorisé qu'autre chose. « Ah non Salem, le saut à l'élastique c'est pas franchement mon truc » Je regardais Alex en fronçant les sourcils, elle qui tentait de chercher une échappatoire. Je le prise par le bras avant de la tirer doucement un peu plus près de bord du pont, et des équipements, tout en lui disant. « Comment peux-tu dire que ce n'est pas ton truc alors que tu n'as sans doute, jamais essayé ? » j'essayais de la convaincre moi, qui aime tellement ça. « Tu verras, on se sent un peu crispé au début, mais une fois la tête en bas et la première descente faite, on se sent libre et surtout le plus important, vivante ! » Je tendais les bras sur les côtés comme pour imiter un oiseau en plein vole, tout en capturant l'air que pouvait nous offrir cette vue d'ensemble sur le pont. Et oui si je fais ça c'est bien pour me sentir vivante, car il n'y a rien de plus important que ça, être vivant...

Je voyais déjà Alexandra s'affoler, se disant que cette chose c'était le diable en personne, que sauter d'aussi haut c'était la mort, et que je devais être vraiment siphonnée ou pire. Mais bon, comme on dit, il faut traiter le mal par le mal non ? Et jusque là, elle n'avait pas encore fait de crise cardiaque, heureusement pour moi. « J'en... j'en sais rien, c'est mon instinct féminin qui me l'a dit. » je roulais des yeux à cette phrase digne d'Alex. Il faut ce dire que c'est facile pour moi, c'est comme mon quotidien, oui je suis complètement à côté de la plaque ou dans un monde un peu paranormal, mais j'aime cela et puis ça ne changera pas. J'ai besoin de ça pour me sentir vivante, vivante ! Je me suis déjà vue morte, vraiment morte. Après je n'avais que la moitié de mon corps hors d'état, et c'était vraiment horrible de se réveiller tous les matins se disant qu'on pourrait aller courir, et de ne pas pouvoir faire un pas sans une foutue chaise, ou tomber par terre jusqu'à fondre en larme d'avoir été si débile. Elle continua à essayer de chercher une échappatoire, ça ne m'étonnait plus à force, mais au final elle finissait par me suivre, bien qu'aujourd'hui ça soit plus sérieux. « Mais pourquoi tu te prives de ce plaisir, hein ? Tu pourrais y aller à ma place, tu sais ça me dérange pas, au contraire, je serais contente de te faire plaisir. » je souriais à Alexandra, en fait elle était si adorable, qu'au final elle arrivait toujours à me faire rire. Les gars derrières moi, qui avaient fait l'installation, s'étaient accoudés à la rambarde un peu impatient, en attendant qu'on puis enfin commencer. « Oh allez Alex ! Les autres fois je ne t'ai pas tué si ? Puis je le ferais ne t'en fais pas. » Elle était toujours hésitante pour cette situation et je n'avais plus les mots. « Tu me laisserais aller aux toilettes avant, au moins ? » Je rigolais après ça puis je le regardais un peu plus sérieuse. Alex en fait, elle me fait penser à moi, quand j'avais plus vraiment envie de vivre après l'accident, sauf qu'elle était surement moins dépressive que ça. Je ne me battais plus pour rien, et même après avoir retrouvé l'usage de mes jambes j'étais septique, mais depuis, j'aime vivre tout ce que je fais à fond. « Alex... Tu me fais confiance ? » Lui demandais-je en lui tendant la main afin qu'elle la prenne. « Et puis on est sur un pont, tu peux toujours faire pipi ici. »

Elle me prit la main après un souffle, j'étais contente, ce que j'avais préparé n'allait pas tomber à l'eau, je l'amenais à l'équipe gaiment, avant de faire de courtes présentations. Elle ne semblait pas alaise, vraiment pas. « C'est bon, je me retiendrais. » Me marmonna-t-elle. « Au pire je fais pipi en sautant. » Essaya-t-elle d'ironiser, avais-je gagné ? J'ai peut-être des passe-temps, comment dirais-je... pouvant être effrayant, mais quand on ne teste pas, on ne peut pas vraiment savoir ce que cela va faire. On a toujours une pointe d'adrénaline, se dire qu'on saute dans le vide, se demandant si le fil ne va pas lâcher, ce qu'on va ressentir. Notre coeur se serre et nous voilà parti, on tombe on tombe, qu'on en cri, après on se crispe, tout semble ralentir et nous revoilà parti dans les airs. Après le même schéma se reproduit et on se met à rire bêtement, se disant qu'au final, cela en vaut vraiment la peine. Soudain la main d'Alex m'échappa et je me retournais pour la voir courir sur le pont. « Désolée Salem, j'ai pleins de trucs à faire à la maison . » Sans attendre je me mis à sa poursuite, mais c'est courait quand même beaucoup plus vite que d'habitude, peut-être à cause de la non-envie de me suivre dans ce projet alors que je ne faisais ça que pour elle. Je m'arrêtais en cours de route, même si je gagnais du terrain, j'en avais marre de me donner du mal pour rien. Je fis demi-tour après avoir crié assez fort pour qu'elle puisse entendre : « Très bien part, moi je fais ça pour toi, au pire je m'en fous, c'est pas moi qui ai peur du noir et qui suis timide ! »

Mon plan avait marché, soit elle allait s'énerver, ou encore rebrousser chemin. Je fis quelques pas en arrière, doucement, continuant à la guetter de loin. Quand elle s'arrêta la main sur la hanche, surement par les coups d'un point de côté, je fis demi-tour, comme si je l'avais complètement oublié. Je regardais les gens qui étaient là, que j'avais au préalable prévenu qu'elle serait difficile à entraîner dans une telle aventure. Je tendais les doigts comme pour faire un décompte. 5, 4, 3, 2, 1,... « Ok t'as gagné. De toute façon avec mon point de côté je ne serais pas allée très loin. » Elle était arrivée à côté de moi et on marchait toutes les deux vers l'élastique qui n'attendait qu'elle. Avais-je gagné ? Je ne voulais pas être violente avec elle, mais il faut bien traiter le mal par le mal, et surtout, si elle ne le fait pas, je ne lui en tiendrais pas compte, au contraire, je ne force jamais personne, j'ai juste les bons mots pour les faire changer d'avis, c'est surement ça. Elle était de plus en plus crispé à chaque pas. « T'es SÛRE que l'élastique va pas craquer pendant que je "vole" ?" dis-je avec affolement... ou que je vais pas faire une crise cardiaque en cour de route ? » Je lui souris. « Écoutes, je dois être à peine plus lourde que toi, et même les gaillards qui sont ici avec nous l'ont fait, et ils sont encore en un seul morceau. Alors je doute vraiment qu'il craque sous ton énooorme poids. » ironisais-je pour essayer de la détendre. « Et ça se trouve ils vont mal m'attacher et j'vais tomber sans rien, je vais arriver dans l'eau et ... plouf ! Ou bien même, ça se trouve l'élastique sera trop long et je vais me retrouver enroulée dedans, sous l'eau, incapable de nager pour remonter à la surface et ... Non, pire, imagine qu'il y ai une gigantesque bourrasque et que je sois projetée contre la structure, que je me brise comme une brindille ? A moins qu'un aigle me prenne pour une proie et me saute dessus pendant que je vole ? T'imagines si tous les gens me regarde pendant que je tombe ? Et si je perds mon pantalon pendant la descente ? Mon Dieu Salem... » Pour la faire taire, je le serrais fort dans mes bras, elle était toute tremblante, paniquée, j'ai cru qu'elle allait finir par manquer d'air. On a pas tous les mêmes centres d'intérêt que moi, je suis une casse cou, mais bon, je suis aussi une fille très simple, avec un passé en miette aussi. Mais je ne veux surtout que le bonheur des autres, et non leur malheur. Je ne me recroqueville que rarement sur moi-même. J'essaye une vie à la carpe diem, en essayant de gommer les vices et les peurs des autres, c'est ça que j'aime. « Tout va bien se passer, on a revu les montages des dizaines de fois, rien de ce que tu as dit ne devrait arriver. Et la sangle tiendra ton pantalon, aucune chance qu'il te lâche en plein vole. » Je la sanglais avec l'aide des autres, qui vérifiaient bien toute une dernière fois, ils semblaient heureux de voir qu'ils n'étaient pas venus pour rien. J'ai envie de dire, que si ce n'était pas elle, je me serais laissé tomber du pont sans grande difficulté. Elle monta sur la structure, les muscles crispaient. « Tu diras à mes colocataires que je les aimais bien. Au fait, j'aime pas les pivoines, alors t'avises pas d'en mettre sur ma tombe. » je rigolais à ses mots. Au moins, elle gardait une part d'humour dans cette situation, bien que ça ne soit peut-être pas volontaire. Je lui tendis le pouce pour le dire que j'avais reçu son message 5 sur 5. Puis tout le monde se mit à faire un compte. Au '3' je vis Alex tomber an avant j'eus un haut le coeur pour elle, comme si je tombais avec elle. Je me penchais vers le pont, pour voir comment elle s'en sortait. Elle était encore crispée. Mais elle n'avait pas crié, peut-être tétanisé. J'avais réussi à faire quelque chose ? Vraiment. Une joie m'emplis et quand le mobile se stabilisa. On la remontait sur le pont. « Alors ... ? »