Rude soirée pour Dawn. Depuis l’arrivée de Zoé dans son immense appartement, la vie de la jolie chef cinq étoiles s’était trouvée complètement chamboulée. Comment diable parvenait-elle à supporter le fait de devoir préparer des bâtonnets de poisson pané ? C’était au dessus de ses forces. Fallait-elle qu’elle adore sa nièce et soit prête à tous les efforts du monde, y compris ceux-ci, pour lui être agréable à ce point. Mais Zoé restait sauvage vis-à-vis de la jeune femme. Elle restait encore murée dans un profond silence, et les rares fois où elle en sortait, c’était pour hurler après Dawn en lui sortant des atrocités. Bien qu’âgée de seulement huit ans, la fillette était particulièrement douée pour faire culpabiliser le seul être au monde extrêmement peu doué pour les relations humaines. Elle peinait à comprendre cette enfant, et plus cette impression la prenait aux tripes, plus sa sœur lui manquait. Ellie aurait immédiatement su comment prendre son enfant dans ses bras, comment consoler chacun de ses chagrins, de ses peurs, de ses cauchemars… Dawn possédait autant de douceur qu’un oursin et de bienveillance qu’un alligator, chose qui n’était pas peu dire. Elle se forçait à davantage d’humanité car il s’agissait là de la dernière volonté de son aînée, mais cela lui coûtait atrocement. Sa culpabilité grandissait de jour en jour, tant et si bien que chaque soir, après son service au restaurant, elle s’enfermait des heures durant dans sa grande chambre froide, sans aucune lumière, et laissait de longues larmes couler le long de ses joues pâles. Ce soir risquait de ne pas faire exception face à la dispute que les deux demoiselles avaient eue, si toutefois un impondérable n’était pas tombé contre le coin du nez de Dawn de façon totalement incongrue. Une fois Zoé enfin couchée et endormie, Dawn poussa son premier soupir de détente avant que celui-ci ne soit coupé par un impudent frappant à la porte de son appartement. Petite œillade vers l’horloge du salon, une heure du matin. Qui pouvait bien venir la voir à une heure aussi tardive ? S’il s’agissait encore de son voisin avec son gratin de courgettes, elle jurait devant dieu, en qui elle ne croyait pourtant pas, qu’elle lui faisait bouffer son plat sans sel et sans sauce ajoutée.

La jeune femme ne prit même pas le temps de demander qui c’était que déjà, elle avait ouvert la porte et découvert non sans être horrifiée Alejandro, un jeune homme qu’elle connaissait relativement peu et qui semblait dans un bien piteux état. Que faisait-il ici ? Pourquoi avait-il le visage dévasté de blessures ?! Dawn était entrain de se poser mille questions, toute figée sur place qu’elle était. « Alejandro ?! » eut-elle finalement la force de dire avant de s’avancer aussitôt pour le soutenir et l’inciter à rentrer sans autre forme de procès. Elle parvint, non sans mal, à l’asseoir sur le premier fauteuil à portée de main et referma la porte coulissante de son salon afin que Zoé n’ait surtout pas la mauvaise idée de se réveiller et de venir admirer l’effrayant spectacle. « Mais comment tu t’es débrouillé pour être dans un tel état ?! Il faut te conduire à l’hôpital, je ne suis pas médecin au cas où tu aurais oublié ! Tu m’entends au moins ?... » Dawn, que rien ne paniquait jamais d’ordinaire, se retrouvait à avoir les mains tremblantes et le regard sévère, presque prête à passer un savon mémorable au jeune homme dont elle n’était pourtant aucunement responsable. Elle eut tout de même le réflexe d’aller chercher une trousse de secours, au cas où, avant de s’agenouiller à nouveau devant lui. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle était censée faire, en vérité !

Les coups. Un énorme craquement. Des gémissements. Des respirations haletantes et surtout des cris. Des cris d’encouragement. Mon cœur bat à toute allure et ça me fait du bien. Je me sens vivant. Mi madre me tuerait si elle me voyait, si elle savait … La vérité c’est que je suis un bagarreur dans l’âme. Je l’ai toujours été depuis l’enfance quand Chuyo venait me faire chier à l’école en me traitant de gringo parce que quand on regarde mon physique, on a du mal à me croire mexicain. Je me suis calmé depuis le temps, depuis le Mexique et les Venice 5 à Los Angeles, mais la vérité c’est que parfois, j’en ai besoin. Je devrais faire de la boxe, m’a suggéré Amaury. Mais ça ne m’exciterait pas autant que les combats de rue clandestins auxquels il m’arrive de participer. Je regarde trop de films, je vis trop dans le passé aussi peut-être mais peu importe. Je le fais, c’est tout. Faut arrêter de chercher des raisons à tout dans la vie. Voyez-moi comme un cliché ambulant, un mexicain qui ne peut pas rester loin des ennuis bien longtemps. Quelqu’un qui ne changera jamais si ça vous arrange. Ma respiration devient peu à peu irrégulière. La sueur coule sur mon front tandis que je prends un nouveau coup au ventre en grimaçant. On fait un deux contre deux. Je crois que j’ai perdu la main. Mon adversaire est un type de la fac qui a deux ans de plus que moi. Notre combat est équitable tandis que mon « équipier » essaie de s’en sortir avec un binoclard qui … vient d’atterrir par terre. Pourquoi je n’ai pas eu le binoclard déjà ? Une clameur atteint la foule quand le premier combat se termine avec la victoire de mon équipier. Tout le monde attend maintenant le résultat du nôtre. Mon adversaire se déconcentre quand il voit le binoclard par terre et je tente d’en profiter. J’ai le goût du sang dans la bouche et une côte qui est peut-être touchée. On atterri par terre. Je suis prêt à porter le coup fatale quand soudain, quelqu’un crie : « Les flics ! »

Merde ! Aussitôt, le chaos se déchaîne. Je me relève précipitamment tout comme le type qui était mon adversaire y a à peine deux secondes. Maintenant on est plus rien les uns pour les autres, on s’est même jamais vus. C’est chacun pour sa gueule. La sirène se fait entendre. La voiture arrive. Une cinquantaine de personnes qui courent dans tous les sens au beau milieu de la nuit. Bordel total. Les flics n’aiment pas beaucoup notre façon de passer nos nuits. Je me casse pour sortir de la ruelle. Le froid est mordant ce soir et le ciel n’a pas d’étoiles. Je cours le plus vite possible en me ménageant. Le type m’a un peu amoché, même si ça aurait pu être pire. Le truc c’est que j’ai mal à chaque fois que e respire, ce qui est problématique. Je change plusieurs fois de direction pour être sûr que les flics ne me suivent pas. Si au début, il y avait d’autres personnes du combat qui couraient dans la même direction que moi, je me retrouve vite tout seul à courir … vers je ne sais où. Tant que mes jambes peuvent me porter. Tant que mon cœur bat. Tant que les flics ne me tombent pas dessus. J’aurais pourtant que ce que je mérite mais si on peut éviter … L’adrénaline coule à flot dans mes veines. C’est con de faire ça pour se sentir vivant. Ce qui est encore plus con c’est que si la policia n’avait pas débarqué, j’aurais eu une chance d’avoir mon fric vu que j’étais sur le point d’achever l’autre mec. Mierda. Autant vous dire que tout un tas de mots dans ce genre m’ont traversé l’esprit quand j’ai compris que les flics étaient toujours derrière moi. Putain ! Je peux même entendre leurs voix en fait. Je grimace. Je suis trop loin de l’appartement pour … Noho. Dawn. Mon cerveau a hésité une fraction de secondes parce que quand même, il est une heure du matin. Sauf que je n’ai pas le choix. Mes jambes commencent à faiblir et les flics vont finir par me choper. Si ça arrive … je vais avoir des gros problèmes, du genre mes parents qui vont débarquer de Los Angeles. J’ai tâché de me souvenir où se trouve son appartement. Je n’y suis allé qu’une fois pour aller y prendre un café après le boulot. Tant pis. J’ai tourné dans une rue puis, dans une autre, faisant jouer ma mémoire. Je serre les dents pour résister à la douleur puis, à mon grand soulagement, je me retrouve devant l’immeuble de Dawn. Quelques minutes plus tard, je profite du miroir dans l’ascenseur pour voir à quoi je ressemble. La lèvre ouverte, l’arcade aussi et un énorme bleu sur le haut de la pommette. Du sang sur toute la partie gauche de mon visage. En soulevant mon haut , j’ai le déplaisir de voir que mon ventre est aussi coloré que ma tête avec un énorme hématome violet foncé qui en occupe toute une partie au niveau des côtes. Bien, bien … ça aurait pu être pire. Vague mouvement de main dans mes cheveux tandis que je sors à l’étage de Dawn. Qu’est-ce que je vais lui dire exactement ? C’est en frappant à sa porte que je m’aperçois que je tiens à peine debout. J’ai été tellement concentré sur les flics, je me suis tellement démené pour leur échapper que … La porte s’ouvre et le visage stupéfait de la jeune femme apparaît. « Alejandro ?! » Yeux au sol. Je ne suis pas du genre à être gêné mais là je dois avouer que y a quand même de quoi. « Salut … » ai-je murmuré. Mon souffle s’est calmé, même si j’ai toujours un peu de mal à respirer à cause de la douleur. Je respire dans un étau. Dawn s’arrange pour me faire entrer, me soutenir, fermer la porte et me mener au canapé. Je me laisse faire en sentant mes jambes légèrement flageolantes. Quand je me retrouve assis dans un fauteuil, un soupir de soulagement sort de ma bouche. « Mais comment tu t’es débrouillé pour être dans un tel état ?! Il faut te conduire à l’hôpital, je ne suis pas médecin au cas où tu aurais oublié ! Tu m’entends au moins ?... » continue-t-elle. Je ne peux m’empêcher de grimacer. Dawn, paniquée ? Je relève les yeux vers elle tandis qu’elle va chercher la trousse de secours. « Je t’entends, je t’entends. » ai-je grimacé. « Et pas besoin pour l’hôpital. Je dois avoir quelques côtes fêlées ou cassées … Rien qui ne peut guérir tout seul. » ai-je fait calmement pour essayer de la rassurer. Sourire en prime. Surtout pas l’hôpital … Puis je me rappelle que j’oublie le principal. Le fait d’être au chaud, dans son appartement confortable et plus dans la ruelle dans le froid me fait me sentir beaucoup mieux. « Je suis désolé de débarquer comme ça Dawn .... Je te promets ça n’arrivera plus. Je … Panique pas d’accord ? C’est rien. » ai-je poursuivi en la regardant droit dans les yeux quand elle s'agenouille devant moi.

Et dire que Dawn pensait que la soirée ne pouvait pas être plus étrange… d’ordinaire, la jeune femme ne se permettait jamais de céder à la panique, analysait toujours chaque situation froidement, posément, afin de voir apparaître la meilleure solution de façon logique et naturelle. Mais là, on ne pouvait pas dire qu’elle soit aidée : après tout, si elle connaissait un peu Alejandro, ils étaient loin d’être excessivement proches et elle ne connaissait pas réellement sa vie, ses fréquentations ou même, de façon plus générale, ses passions. Elle s’apercevait désormais qu’elle le connaissait encore moins que ce qu’elle croyait. Être sa meilleure cliente au sein du magasin Levis ne fait pas tout, semble-t-il. Une chance finalement que sa nièce lui ait été confiée et qu’elle soit donc contrainte de toujours garder une trousse de secours à proximité. Mais cela ne l’empêcha pas de blêmir légèrement avant même que de revenir au salon, alors que le latino lui expliquait avoir probablement quelques côtes fêlées. La frontière reste mince entre fêlée et cassée, à vrai dire. Dans un cas, il n’y a effectivement pas grand-chose à faire mise à part du repos et le fait d’éviter de porter du poids, mais dans l’autre, la possibilité de se voir perforer un organe, à commencer par les poumons, reste plutôt vive. Dawn avait une double raison de paniquer et pourtant, elle parvint à redevenir maîtresse de ses pensées et de ses actes en un temps record. A croire qu’elle avait fini par devenir un robot que rien ne sait plus toucher. Fondamentalement, elle partait du principe que cela allait être du beurre sucré : au pire des cas, elle aurait à le recoudre exactement comme elle le faisait pour un volatile qu’elle venait de farcir. N’était-elle pas la meilleure dès qu’il s’agissait de cuisine ? D’accord, Alejandro n’avait évidemment pas la tête d’un animal qu’elle s’apprêtait à rôtir, mais si cela l’aidait à ne paniquer, c’était toujours bon à prendre. Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure avant de découvrir avec bonheur qu’elle avait justement un kit de suture. Pour un peu, quelques jours plus tôt, elle avait eu envie de tuer l’assistante sociale lui ayant refilé cette trousse absolument inesthétique, pour laquelle elle peinait toujours à trouver un recoin isolé pour que Zoé ne mette pas la main dedans pour farfouiller… mais elle avouait que finalement, ladite trousse lui serait d’un grand secours pour ce soir ; à tel point qu’elle osa un bref sourire se voulant encourageant envers le blessé ne semblant pas du tout avoir bonne mine. « Tu as bien fait de venir » le coupa-t-elle dans son élan sans forcément mettre énormément de chaleur dans sa voix. A vrai dire, Dawn ne savait jamais comment réagir de façon naturelle dans une situation pareille. Le fait de ne plus avoir réellement de famille, sans doute. « Au contraire, si ça se reproduit, je préfère te savoir chez moi plutôt que d’apprendre des semaines plus tard que tu a péris dans une ruelle de New York ! Au pire des cas, je vais te pourrir, mais ce sera vraiment le pire des cas. Tu as de la chance, je ne peux même pas te menacer avec l’un de mes ustensiles de musique, ils sont trop loin et je n’ai pas envie que tu t’écroules. » Dawn préférait s’amuser de la situation histoire de conserver son cher contrôle tant aimé. Difficile de la blâmer dans ces conditions !

« J’ai de quoi te recoudre l’arcade. La plaie n’a pas l’air profonde, et bon même si tu n’es pas de la volaille j’ai quand même l’habitude. C’est ça ou je te conduis à l’hôpital, ton choix… pour la lèvre, je vais juste désinfecter, je ne pense pas pouvoir faire autre chose et après je vais regarder quand même ton abdomen. » Pour l’instant qu’il semblait stable, l’arcade lui semblait plus urgente car elle saignait encore. Dawn se racla donc la gorge pour se donner du courage, mis des gants sur ses mains aux doigts si fins et commença déjà par désinfecter la plaie pour avoir une visibilité. Elle grimaçait à la place d’Alejandro, imaginant à quel point la somme de ses blessures devait être douloureuse… mais après tout, elle ne s’était jamais battue avec personne, elle ne pouvait donc pas savoir. « Tu vas quand même me dire ce qui t’es arrivé ? Je pense que j’ai le droit de te le demander… » Et dire qu’elle ne se pensait pas maternelle pour trois prunes, elle allait réviser ses réflexes, au bout du compte !

Je me sens vraiment con sur le coup de faire un truc pareil à Dawn. Je suis un vrai hypocrite, un pur menteur parfois, surtout quand je prétends rester en dehors des problèmes depuis que je suis à New-York. Je pense que ça reste vrai dans un sens, je ne fais plus de conneries à la hauteur de celles que je faisais à Los Angeles dans le gang mais parfois, je cherche toujours la merde, comme quand je m'engage dans ces combats de rue. Okay, j'en fais beaucoup moins souvent qu'à mon arrivée en ville mais j'en fais toujours. Heureusement que je réussis à rester discret pour le boulot, même si ma boss doit commencer à se poser des questions. Bosser chez Levis ce n'est pas comme bosser chez Abercrombie & Fitch mais quand même, revenir défiguré tous les lundi, ça finit par se voir. Peu importe. C'est parfois difficile de demander de l'aide, même si dans le cas présent, je n'avais pas vraiment le choix. Sûr que notre relation vient soudainement de prendre une tournure un peu étrange. Dawn est une très bonne cliente du magasin, voire notre meilleur cliente et on a sympathisé, on s'est vus peu de fois en dehors de ce contexte et c'est grâce à ça que je sais où elle habite. Une chance, parce que sinon je serais encore dehors en train de me demander si oui ou non j'ai réussi à échapper aux flics. Toujours ce foutu besoin d'adrénaline, ou autrement dit, une excuse de merde pour faire n'importe quoi, comme dirait mon père. Je me suis donc retrouvé assis sur le canapé de Dawn, essayant de faire attention à ne pas le tâcher vu que je saigne. J'arrête pas de me dire que j'ai vu pire et que la douleur est supportable. Et c'est vrai, elle est largement supportable par rapport à ce que j'ai pu connaître dans le passé.

Même si Dawn et moi ne nous connaissons pas encore vraiment, je savais qu'elle ne paniquerait pas longtemps. Je l'ai vue blêmir en me regardant mais maintenant, c'est moi qui la regarde prendre la situation en main. Je pourrais sourire si ça ne faisait pas mal à ce point. Aoutch. « Tu as bien fait de venir » dit-elle simplement avec sa trousse de premiers soins dans la main. Elle tente un sourire rassurant qui fait son effet, même si je me dis que la voir sourire de cette façon est ... étonnant. Cette fille est vraiment spéciale et ce soir, je suis heureux de l'avoir trouvée, si je puis dire. Bon le fait de la confronter à une telle situation à une heure pareille me met toujours mal à l'aise, ce que je finis par lui avouer avant de lui dire qu'une telle chose ne se reproduira plus. « Au contraire, si ça se reproduit, je préfère te savoir chez moi plutôt que d’apprendre des semaines plus tard que tu a péris dans une ruelle de New York ! Au pire des cas, je vais te pourrir, mais ce sera vraiment le pire des cas. Tu as de la chance, je ne peux même pas te menacer avec l’un de mes ustensiles de musique, ils sont trop loin et je n’ai pas envie que tu t’écroules. » répond elle, ayant visiblement décidé de prendre ça sur le ton de la plaisanterie. Sa réponse me fait sourire aussi, tant mis si ça fait mal. Je me sens soulagé qu'elle réagisse de cette façon, même si ça n'enlève rien à mes conneries ... et au fait que je sois complètement maso en repensant à l'idée que cette course poursuite avec les flics a été à mon goût ... N'importe quoi. « Une chance pour moi que tes ustensiles soient loin alors ... Mais dans le cas contraire, j'aurais compris. Si ça peut te faire plaisir, l'autre mec ne m'a pas loupé ... Bon il est dans un sale état aussi mais ça tu dois t'en douter. » ai-je avec un léger sourire à mon tour. Oui, j'ai toujours l'art de l'ouvrir quand il ne faut pas. C'est mon côté mexicain insolent qui ressort. Même si c'est vrai, l'autre type, je l'ai tout de même bien amoché. J'aurais pu enfoncer le clou si les flics n'avaient pas débarqué, ou ça aurait été le contraire ...

Je me sens bien dans l'appartement de Dawn, mieux disons. Le calme ambiant me donne soudain une certaine envie de dormir après avoir couru tout ce temps, mais va falloir que je me traine jusqu'à chez moi à un moment, je voudrais juste être sur d'y arriver en vie. Mais je comprendrais que Dawn veuille me tuer avant. Elle s'est donc agenouillée devant moi pour une inspection des dégâts. « J’ai de quoi te recoudre l’arcade. La plaie n’a pas l’air profonde, et bon même si tu n’es pas de la volaille j’ai quand même l’habitude. C’est ça ou je te conduis à l’hôpital, ton choix… pour la lèvre, je vais juste désinfecter, je ne pense pas pouvoir faire autre chose et après je vais regarder quand même ton abdomen. » explique-t-elle. Je hoche la tête dans un premier temps, toujours avec un sourire en coin. « Bien, je vais accepter mon nouveau rôle de volaille avec plaisir alors ... » ai-je répondu avec un grand sourire. L'hôpital ... je m'en passerais bien dans la mesure du possible. J'ai toujours détester m'y rendre et ce, depuis la déclaration de la maladie de ma mère. Bien sûr, elle n'a pas pu se faire soigner comme il faut là-bas, pas assez d'argent. En même temps, je doute que l'hôpital de Tijuana aurait été beaucoup mieux que les soins d'Hector. En gros, c'était choisir entre l'enfer et l'enfer ... Quant à moi, j'imagine que les conséquences auraient été les mêmes. Ma mère à l'hôpital, j'aurais été confié à Hector et ... J'aurais subi les mêmes trucs, peut-être pas aussi longtemps, mais je les aurais subis quand même. Je me serais peut-être ... Peu importe. Je n'aime pas aller à l'hôpital, point barre, donc faudrait peut-être que j'arrête mes conneries. Perdu dans mes pensées, je ne réagis pas quand Dawn se met à nettoyer mon arcade. Mon visage reste de marbre tandis qu'elle reprend la parole. « Tu vas quand même me dire ce qui t’es arrivé ? Je pense que j’ai le droit de te le demander… » Je reviens sur terre en interceptant son regard pendant quelques secondes, avant de détourner les yeux. Comment je vais lui expliquer ça ? « Oui, bien sûr ... » ai-je commencé en soupirant avant de reprendre. « Il m'arrive de participer quand je m'ennuie à ... des combats de rue. Un peu comme dans Fight Club en fait ... Cherche pas de logique à faire ça, ça serait compliqué à t'expliquer. En tout cas les flics ont débarqué, ils aiment pas ce genre de truc ... Il fallait que je trouve un endroit avant de ne plus pouvoir être capable de courir ... » ... est c'est là que j'ai pensé à toi, aurais-je pu dire. Malheureusement pour elle. Je baisse à nouveau les yeux quelques secondes. « Encore désolé. » ai-je dit piteusement.