PABLO & ZEPPELIN we float through each other's lives

Debout derrière la vitre sans teint et les mains placées sur ses hanches, Zeppelin toisait le suspect d’un regard presque compatissant voire douloureux. Pourquoi ? Parce que l’homme assis dans cette salle d’interrogatoire impersonnelle et intimidante n’était autre que Pablo. Le Pablo qui avait croisé son chemin à plusieurs reprises, qui l’avait pour ainsi dire défendu lorsqu’elle avait été prise dans une bagarre d’ivrogne, avec qui elle avait discuté et sympathisé autour d’une glace et auquel Zeppelin s’était même attachée. Aujourd’hui, le jeune homme se trouvait être dans de sales draps. Pablo Fernandez était assez célèbre : en plus d’être DJ à ses heures perdues, il était également pilote de F1 et c’est pour cette raison que les témoins - présents à la soirée V.I.P - n’avaient pas eu aucun mal à le désigner comme la dernière personne avec qui Candice avait été vue. Les agents fédéraux qui avaient faits une descente jusqu’à chez lui pour l’arrêter n’avaient pas cherché à creuser plus que cela et l’avaient embarqués sans plus de cérémonie dans leurs locaux, au 26 Federal Plaza. C’était la procédure standard, mais une fois n’est pas coutume, Zeppelin n’était pas en accord avec ses collègues. Tandis qu’elle l’observait en silence, son cœur manqua un battement lorsque le regard de Pablo croisa le sien sans le savoir alors qu’il contemplait la pièce où il se trouvait.

Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et Zeppelin se ressaisit en fronçant légèrement les sourcils pour se redonner l’air professionnelle qu’elle était censée arborer dans ce genre de situation. « Il a dit quelque chose ? » demanda Ross. Pour toute réponse, Zeppelin secoua la tête de gauche à droite. Pourquoi parlerait-il alors que personne n’était venu l’interroger depuis son arrivée, une demi-heure plus tôt. « Pourquoi est-ce que personne ne l’interroge ? ». Ross parut quelque peu surpris de la question de Zeppelin puisqu’elle connaissait la procédure aussi bien que lui, mais consentit tout de même à lui répondre sur un ton qui ne laissait aucun doute quant à sa surprise. « Tu le sais bien, on vérifie son casier en quête de ce qui lui délierait la langue. » répondit-il en montrant le dossier qu’il tenait à la main. « Et tu as trouvé quelque chose d’intéressant ? » demanda-t-elle en désignant la chemise d’un mouvement du menton. « Non, rien. » avoua-t-il, ayant l’air presque déçu. « Il ne devrait pas se trouver là. » murmura-t-elle sur un ton résigné. « Non. Je refuse de croire qu’il a quelque chose en rapport avec cet enlèvement. Il était sûrement là au mauvais endroit, au mauvais moment, mais ce n’est certainement pas un kidnappeur. Regardes-le, Ross ! Il n’en a pas le profil. » s’emporta-t-elle, tout en désignant le pauvre homme d’un geste de la main. On pouvait lire sur son visage qu’elle était complètement révoltée par son arrestation. « Les apparences sont parfois trompeuses... ». Zeppelin eut un mouvement de recul soudain. Ross n’avait aucune idée de l’effet qu’avaient produit ses paroles : c’était exactement ce que l’américaine avait dit à Pablo lorsqu’il lui avait avoué qu’elle le surprenait. Ross avait raison. Peut-être que son jugement était faussé parce qu’elle le connaissait personnellement. Elle resta un moment interdite avant de lui arracher le dossier des mains et sans que Ross n’ait eu le temps de réagir, Zeppelin poussa la porte de la salle d’observation. « Zepp ! Mais enfin qu’est-ce que tu fous ? ». L’agent fédéral se retourna et lui répondit sèchement : « Mon job ! ». Ross pinça les lèvres et ouvrit la bouche, s’apprêtant à lui dire que c’était une très mauvaise idée étant donné son niveau d’implication, mais Zeppelin ne l’écoutait déjà plus et entra à l’intérieur, puis referma aussitôt la porte derrière elle.

Il y eut un moment de flottement au cours duquel Zeppelin fixa Pablo avec sévérité dans l’unique but d’être crédible pour l’interrogatoire qui allait suivre, puis s’installa en face de lui en posant le dossier du jeune homme qu’elle feuilleta quelques instants avant de le refermer aussi sec. « Mr Fernandez, avez-vous une idée de la raison pour laquelle vous êtes ici ? ». Question purement rhétorique. Zeppelin se moquait de savoir s’il en savait quelque chose ou non, elle était pressée d’avoir sa version des faits et fit glisser une photo de Candice qu’elle tapota de son index. « Cette fille a disparu et plusieurs témoins vous ont vu en sa compagnie le soir de sa disparition. Pouvez-vous me dire quelle était la nature de votre relation et ce qui s'est passé au cours de cette soirée ? ». Elle était très professionnelle. Trop professionnelle. Son ton était d'une froideur qu'on ne lui avait jamais connu jusque là, en particulier pour cette dernière question.

Tout avait pourtant bien commencé en cette nuit de décembre, durant laquelle Pablo avait une fois de plus assuré une ambiance de feu à l’Awesome. Les clients déchainés qui dansaient sous ses yeux en étaient la preuve formelle, et plus l’heure avançait, plus le latino s’amusait. La musique était définitivement sa deuxième passion, et il était ravi de cette opportunité qu’on lui offrait pour se produire dans un des clubs les plus branchés de la ville. Mais très vite, tout avait basculé. Alors qu’il rentrait à peine chez lui, encore tout étourdi par les relents d’alcool et de musique qui frappaient dans sa tête, le jeune homme entendit quelqu’un tambouriner violemment contre sa porte. Plus que surpris, le latino se précipita vers l’entrée les sourcils froncés, et à peine eut-il entrouvert la porte qu’un groupe d’hommes fondit sur lui sans lui laisser aucune chance. La ferraille glacée des menottes autour de ses poignets, ces agents qui braillaient des choses incompréhensibles dans ses oreilles endolories, et les mouvements vains qu’il exerçait pour tenter d’échapper à l’emprise de ce qui se trouvait être un groupe d’agents fédéraux.

Pablo n’aurait pas su dire depuis combien de temps on l’avait emmené dans cette salle mais tout ce qu’il savait, c’était que la chaise sur laquelle il était installé était atrocement inconfortable. La tête tantôt appuyée contre la table, tantôt à la renverse, le latino essayait désespérément de trouver une position un tant soit peut confortable pour attendre. Attendre sans comprendre ce qui était en train de lui arriver d’ailleurs. Il était rentré chez lui très tard (ou plutôt très tôt, à l’heure où d’ordinaire les New-yorkais se réveillent) et n’avait même pas eu le temps de se poser cinq minutes. Au lieu de ça, il avait été violemment catapulté dans cette pièce, et les seules informations qu’il avait réussi à capter traitaient d’une histoire de disparition, et d’une fille qu’il était censé avoir fréquenté.

Alors qu’il commençait doucement à perdre patience, la porte de la pièce s’ouvrit, laissant entrer à la plus grande surprise du latino… Zeppelin. Dans un premier temps, un sourire éclaira littéralement son visage. Le fait de croiser le regard d’une personne qu’il connaissait avait quelque chose de rassurant, qui le soulagea… jusqu’à ce qu’il remette les choses dans l’ordre dans son esprit. C’est d’ailleurs le dossier qu’elle tenait à la main qui fit déchanter Pablo. Evidemment, Zeppelin faisait partie de l’équipe des agents fédéraux, et elle n’était très certainement pas dans son camp à lui. Alors, son visage se referma immédiatement et il braqua un regard noir sur la jeune femme. « Mr Fernandez, avez-vous une idée de la raison pour laquelle vous êtes ici ? » Mr Fernandez ? Venait-elle vraiment de l’appeler Mr Fernandez ? Le regard du latino se remplit d’incompréhension et il ne daigna même pas répondre, se contentant d’attendre la suite des évènements avec énormément de déception. « Cette fille a disparu et plusieurs témoins vous ont vu en sa compagnie le soir de sa disparition. Pouvez-vous me dire quelle était la nature de votre relation et ce qui s'est passé au cours de cette soirée ? » Le ton qu’adoptait Zeppelin était glacial, et il ne fit que décupler l’incompréhension du jeune homme. Un sourire amer se dessina d’ailleurs sur son visage alors qu’il secouait la tête d’un air désabusé. « T’es sérieuse là ? Zeppelin, c’est quoi ça ? Tu m’accuses de l’avoir enlevée ? Pourquoi… comment tu peux croire que j’ai quelque chose à voir là-dedans ?! » Il était furieux, mais sans pouvoir s’en empêcher, Pablo releva un regard désespéré vers sa voisine histoire de chercher la vraie Zeppelin, celle qu’il connaissait et qui se cachait quelque part derrière cet agent sans cœur qui se trouvait actuellement en face de lui.

Elle l’avait vu. Zeppelin avait pu observer le visage de Pablo changer de couleur et d’expression lorsqu’elle avait ouvert la bouche. La jeune femme ne pouvait pas le blâmer, bien au contraire, elle s’en voulait de lui poser toutes ces questions et de porter sur lui des accusations qu’elle savait n’avoir aucun fondement, mais elle savait aussi que sans preuves du contraire, Pablo resterait le principal suspect. « T’es sérieuse là ? Zeppelin, c’est quoi ça ? Tu m’accuses de l’avoir enlevée ? Pourquoi… comment tu peux croire que j’ai quelque chose à voir là-dedans ?! ». La jeune femme ne laissa rien paraître, mais sa réaction fut un véritable déchirement. Ils avaient passé un peu de temps ensemble, assez pour savoir que Pablo ne collait absolument pas au profil recherché et assez pour s’y attacher. Ce n’était pas dans les habitudes de Zeppelin, connue pour être associable à ses heures, mais l’agent fédéral s’était rapidement attaché à lui notamment à cause du comportement dont il faisait preuve face à elle. La jeune femme savait pertinemment que d’autres personnes l’observaient derrière la vitre sans teint et dû faire preuve de self-control pour ne pas avouer à Pablo qu’elle croyait dur comme fer en son innocence. Il fallait qu’elle reste crédible, pas seulement pour le ‘suspect’, mais pour les autres agents qui l’observaient et attendaient le moment propice pour prendre sa place et la retirer de l’affaire sous prétexte qu’elle le connaissait. Ce qui allait suivre risquait de lui fendre le cœur une bonne fois pour toute, mais Zeppelin n’avait vraiment pas le choix. « Agent McFersen. » rectifia-t-elle aussitôt, lui sommant de se montrer moins familier avec elle. « J'essaie de retracer la soirée de cette personne portée disparue et il se trouve que vous êtes la dernière à l’avoir vue, je ne vous accuse de rien. Pour l’instant. Je pose les questions et vous y répondez, c’est aussi simple que ça alors ne perdons pas plus de temps, voulez-vous ? » dit-elle en le fixant de ses yeux bleus perçant. Après l’avoir toisé du regard, elle s’appuya de nouveau contre le dossier de sa chaise en poussant un soupir et reprit. « Je reprends : pouvez-vous me dire quelle était la nature de votre relation avec cette jeune femme, ce qui s’est passé au cours de cette soirée bien arrosée – à ce que j’ai pu comprendre – et si vous avez remarqué quelque chose d’anormal. ». Zeppelin jeta un coup d’œil au miroir sans teint, comme si elle tentait de percevoir ses collègues pour en jauger la réaction, chose parfaitement ridicule puisqu’elle ne pouvait les voir. Elle s’évertuait à être professionnelle, à ne pas trop montrer son opinion sur la culpabilité de Pablo, mais c’était très difficile. Encore plus de savoir qu’après ça, le lien qui s’était tissé entre eux allait être sérieusement fissuré.

J'ai pu te répondre ils me manquaient grave ces deux-là.

Pablo n’avait pas encore prit le temps d’analyser ce qui était en train de lui arriver, mais tout ce qu’il savait, c’était qu’il tombait de haut. Premièrement à cause de cette accusation qu’on portait sur lui pour des faits qu’il était tout bonnement incapable de commettre. Mais aussi et surtout à cause de l’implication de Zeppelin dans toute cette histoire. Cette fille qu’il pensait être à part, et qui lui causait d’ailleurs tant de tracas lorsqu’il se trouvait près d’elle, s’avérait finalement être contre lui. Et soudain, tout s’éclaira dans la tête du latino. Il comprit instantanément pourquoi il avait eu autant de mal à la cerner, autant de mal à se laisser aller en sa présence. Quelque part, il avait du sentir qu’elle se jouait de lui. A ses yeux, tout ce qu’ils avaient pu vivre depuis leur première rencontre apparaissait désormais comme un coup monté, une mission qui avait été donnée à la jeune femme pour le ramener jusqu’ici, et ainsi lui faire porter le chapeau dans cette affaire de disparition. Lorsque Zeppelin le somma de l’appeler par son grade et non par son prénom, la mâchoire du jeune homme se serra et sa mine désespérée se transforma en un regard noir qu’il braqua sur son interlocutrice qui, visiblement pas affectée le moins du monde par la situation, reprit ses questions sans ciller.

Pablo avait l’impression de vivre un véritable cauchemar, et en venait presque à attendre le moment où il allait se réveiller en sueur dans le calme et le silence de son appartement. Mais les minutes passaient, la voix de Zeppelin se faisait de plus en plus cinglantes à ses oreilles, et le cauchemar continuait… Sa carrière de pilote ne se portait déjà pas au mieux depuis la naissance de sa fille, et la sorte de dépression qui l’avait suivie. Mais ce nouveau coup dur allait certainement l’anéantir à tout jamais. C’est à cet instant précis que le jeune homme prit réellement conscience que ce rêve qu’il avait eu tant de mal à atteindre était bel et bien fragile. Mais pour l’heure, la question n’était pas. Il aurait assez de temps pour se lamenter sur son sort s’il finissait en prison pour cet enlèvement qu’il n’avait même pas commis. « Je reprends : pouvez-vous me dire quelle était la nature de votre relation avec cette jeune femme, ce qui s’est passé au cours de cette soirée bien arrosée – à ce que j’ai pu comprendre – et si vous avez remarqué quelque chose d’anormal. » Le regard qu’il porte vers Zeppelin alors qu’elle continuait son interrogatoire fut alors empreint de dédain et d’animosité. Mais au moment où il ouvrit la bouche pour lui apporter un semblant de réponse, il remarqua qu’elle jetait un coup d’œil en direction d’un grand miroir. Bien sûr, le latino avait déjà vu maintes te maintes fois cette situation dans les séries qui passaient presque tous les soirs à la télévision. Et au lieu de répondre à la jeune femme, c’est un petit rire amer qui s’échappa de ses lèvres qui s’étirèrent d’un sourire d’autant plus crispé. Sans manquer de jeter lui aussi un coup d’œil en direction du miroir sans teint, il s’approcha lentement de la table, posant nonchalamment ses bras sur cette dernière pour se retrouver au plus près de Zeppelin. Son regard azur se fit encore plus perçant, et ne quitta plus les yeux de sa voisine. « Alors, il dure depuis combien de temps ton petit jeu ? Depuis le premier jour ? C’est eux qui t’ont envoyé vers moi pour pouvoir me coincer ? » murmura-t-il en désignant l’équipe qui était certainement en train de les épier de l’autre côté du miroir. Une nouvelle fois, un sourire amer vint se dessiner sur ses lèvres, avant qu’il ne secoue la tête par dépit, en déclarant plus pour lui que pour que Zeppelin ne l’entende : « J’arrive pas à croire que tu aies tout manigancé… »

A la minute où son regard avait croisé le sien, Zeppelin avait compris que cet interrogatoire allait être de loin le plus pénible d’entre tous et, à présent, la règle qui interdisait à un agent d’interroger un suspect qui lui était proche prenait tout son sens. L’américaine avait voulu se montrer forte, prouver à ceux qui épiaient la scène derrière la vitre sans teint qu’elle était parfaitement capable d’être objective et c’était pour cela qu’elle utilisait le vouvoiement ainsi qu’une attitude froide. Si elle continuait ainsi, la jeune femme allait probablement réussir à se faire détester du seul homme avec lequel elle avait passé un bon moment comme ça ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Zeppelin était particulièrement douée pour se mettre tout le monde à dos : ça avait commencé par Alekseï et bientôt Pablo finirait lui aussi par lui tourner le dos. Certes, les deux jeunes gens ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais Zeppelin s’était tout de même attachée à lui, mais si elle devait tirer un trait sur lui pour être sûre qu’il ne soit pas inculpé pour un enlèvement qu’il n’avait certainement pas commis, c’était un prix qu’elle était prête à payer. Après tout, la solitude ne l’avait jamais vraiment dérangée et puis, elle avait toujours sa famille. Elle arqua un sourcil interrogateur en voyant Pablo changer d’expression et se pencher à son tour sur la table pour lui lancer un regard qu’elle n’aurait jamais cru voir. Toute trace de timidité face à Zeppelin semblait s’être envolée comme par magie et elle put alors entrevoir une facette de la personnalité de Pablo à laquelle elle n’avait jamais été confrontée. « Alors, il dure depuis combien de temps ton petit jeu ? Depuis le premier jour ? C’est eux qui t’ont envoyé vers moi pour pouvoir me coincer ? ». Zeppelin adopta de la même position que Pablo : son visage à quelques centimètres du sien, Zeppelin ne bougea d’un pouce, s’efforçant de rester neutre face à la tactique d’intimidation du pilote de F1. Son regard était plongé dans le sien malgré la furieuse envie de le détourner. « N’inverses pas les rôles, c’est moi qui pose les questions ici et pour information, cette fille a disparu bien après notre rencontre. » chuchota-t-elle à son tour pour ne pas se faire entendre du reste de son équipe. « J’arrive pas à croire que tu aies tout manigancé… ». Manigancé ? La pensait-il vraiment capable de faire une chose pareille ? Si elle avait tenu à faire tout ça, c’était justement afin de prouver son innocence et lui éviter la prison, mais Pablo ne semblait pas vouloir coopérer. « Et bien sûr puisque c’est moi qui pose les questions, tu m'accuses de t'avoir piégé. » souffla-t-elle, excédée par la réaction du jeune homme et secouant la tête de gauche à droite. Zeppelin commençait à perdre son sang froid et à trahir la véritable raison de sa présence ici. « Je te conseille vivement de répondre à mes questions si tu veux sortir d'ici, on peut rester là encore très longtemps, tu sais... Si tu es innocent, tu n'as pas à tourner autour du pot, les réponses devraient venir spontanément. ».

S’il avait su ce qui l’attendait, Pablo ne se serait certainement pas autant prit d’affection pour Zeppelin. Car quoi qu’il en dise, c’était effectivement ce qui était arrivé. Et c’est précisément pour cela qu’il avait toujours eu du mal à se comporter normalement avec elle. Pour la première fois depuis des lustres, le latino avait vu en elle autre chose qu’une simple conquête à mettre dans son lit. Il avait voulu être plus diplomate, plus gentleman avec elle… et voilà où cela l‘avait mené ! Ca lui apprendrait à s’essayer au sentimentalisme ! Maintenant il était planté en face d’elle dans cette salle d’interrogatoire glaciale, et l‘idée d’avoir pu sympathiser avec elle lui apparaissait comme une grossière erreur. Il pensait s’être fait avoir comme un bleu, et gardait un gout amer en bouche. Pourtant, sans le quitter des yeux, Zeppelin affirma que cette histoire d’enlèvement s’était passé bien après leur rencontre. Mais devait-il la croire ? Tentait-elle de le déstabiliser pour qu’il réponde enfin à ses questions et qu’il se soumette à l’interrogatoire de rigueur sans ciller ? Quelque chose s’était véritablement brisé dans la relation qu’ils entretenaient, et même s’ils ne s’étaient pas croisés si souvent que ça auparavant, Pablo était désormais incapable d’avoir confiance en elle.

Peu à peu, le latino voyait Zeppelin perdre son sang froid et au fond, c’est exactement ce qu’il recherchait. Il n’avait clairement rien à faire là, et ne tolérait pas d’être traité comme le pire des criminels alors qu’il était innocent. Alors, un peu à la manière d’un gamin capricieux, le jeune homme s’évertuait à évincer chacune des questions de son interlocutrice. « Je te conseille vivement de répondre à mes questions si tu veux sortir d'ici, on peut rester là encore très longtemps, tu sais... Si tu es innocent, tu n'as pas à tourner autour du pot, les réponses devraient venir spontanément. » déclara-t-elle alors, sur un ton que Pablo ne parvint pas à identifier clairement. Lui donnait-elle un conseil ? Etait-elle vraiment en train de s’emporter contre lui ? Dans le doute, le latino se contenta de hausser les épaules en ajoutant : « J’ai pas à répondre à tes questions, je suis innocent ! Et tu devrais le savoir… » Il ne put cacher sa déception et pour la première fois, il baissa les yeux tout en laissant échapper un soupir qui en disait long. « Je ne sais rien de cette fille, je l’ai vue une fois dans ma vie et si j’avais su, je l’aurai renvoyée d’où elle venait vite fait bien fait ! » déclara-t-il finalement, sans forcément se rendre compte qu’il venait en quelque sorte de céder, ou du moins de livrer les premières informations qui pourraient être retenues en sa faveur… ou contre lui.

Oh bah... pardon c'est tout petit !
J'aurai peut-être du attendre demain pour le faire celui-là !

« J’ai pas à répondre à tes questions, je suis innocent ! Et tu devrais le savoir… ». Zeppelin commençait légèrement à perdre patience. Bien qu’elle puisse comprendre l’énervement de Pablo face à la situation dans laquelle il se trouvait, l’américaine ne pouvait s’empêcher d’être frustrée par ses allégations : comme si elle était capable de piéger volontairement une personne innocente ! Le pilote de F1 avait même l’air d’insinuer que Zeppelin s’était servi de lui dès le début. Bon d’accord, leur première rencontre ne s’était pas vraiment passé dans des conditions idéales, mais tout de même ! Imaginer qu’elle était capable d’une telle chose la frustrait au plus au point. D’ordinaire, Zeppelin était la dernière personne à s’intéresser à ce que les autres pouvaient penser d’elle, mais l’avis de Pablo semblait beaucoup compter pour elle, après tout, même si ce n’était pas vraiment l’effet que ça donnait, elle se démenait pour lui éviter la peine d’emprisonnement. « Raaaaaaah, t’es vraiment de mauvaise foi ! » s’exclama-t-elle. Et voilà comment, en à peine quelques secondes, Zeppelin venait de se voir évincer d’une affaire… encore une fois. « Je ne sais rien de cette fille, je l’ai vue une fois dans ma vie et si j’avais su, je l’aurai renvoyée d’où elle venait vite fait bien fait ! ». Excédée, elle se tapa le front de sa main et secoua la tête de gauche à droite : on ne pouvait pas faire plus mauvais comme timing. Il venait tout juste de lui avoué que –finalement- il connaissait bel et bien cette fille et un autre agent n’allait pas tarder à faire irruption pour prendre sa place dans : « Cinq… Quatre… Trois… Deux… Un... » décompta-t-elle, fermant les yeux en soupirant lorsqu’un collègue pénétra dans la pièce. « Zepp ? ‘Faut qu’on parle. » déclara-t-il. « Je suis occupée : ça peut pas attendre, Joe ? » tenta-t-elle. L’agent secoua la tête de gauche à droite. « Justement non, cette affaire n’est plus de ton ressort. ». C’était la deuxième fois. La deuxième fois qu’on la virait comme une malpropre d’une affaire : la première lorsqu’elle s’était retrouvée face à Alekseï et la seconde avec Pablo. « Bien. » lança-t-elle, refermant le dossier d’un coup sec avant de se lever de sa chaise. « T’aurais vraiment dû coopérer. » dit-elle à l’adresse de Pablo, la mâchoire serrée par la colère et l’humiliation. Elle n’avait pas son mot à dire puisque le motif était tout à fait légitime. Zeppelin comptait tout de même assister à l’interrogatoire en tant que spectatrice derrière la vitre sans teint et intervenir si jamais les choses dérapaient. « S’il réussi à t’envoyer en taule, je viendrais t’apporter des oranges. » lâcha-t-elle en se dirigeant vers la sortie, s’efforçant à garder la tête haute. Une fois la porte refermée, elle entra dans la seconde pièce où les têtes se tournèrent dans sa direction. « WHAT ?!? » lâcha-t-elle, mauvaise. « Bien tenté. » répondit l’un d’entre eux avant de s’intéresser sur ce qu’il se passait de l’autre côté. L’agent Dixon était assis sur le fauteuil qu’avait occupé Zeppelin quelques instants plus tôt. « Sacré numéro cette Zeppelin, hm !? On dirait que vous avez le chic pour choisir des filles qui vous mettent dans des situations impossibles. ».


so, je pensais qu'on pouvait éclipser l'interrogatoire et faire l'après interrogatoire quand elle vient le voir ou alors qu'elle s'occupe de quelqu'un d'autre qui est retenu dans la même pièce que lui... xD

Pablo était têtu, et ce n’était pas un scoop. Et bêtement, il était en train de se mettre dans de sales draps sans même s’en rendre compte. La déception de voir Zeppelin contre lui était telle qu’il restait borné et s’obstinait à ne pas répondre à ses questions. Mais en la voyant perdre patience, le jeune homme se résigna tout de même à avouer à demi-mot qu’il connaissait la fille en question. Zeppelin se mit alors à décompter devant le regard éberlué du latino qui ne comprenait décidément rien de son comportement aujourd’hui. Mais très vite, il comprit où elle voulait en venir. Un homme entra dans la pièce en déclarant : « Zepp ? ‘Faut qu’on parle. » Pablo fronça les sourcils sans comprendre précisément ce qui était en train de se passer, mais en ayant l’intime conviction qu’il était peut-être allé un peu loin en jouant les fortes têtes en face de la jeune femme. Et lorsque le collègue de Zeppelin lui annonça qu’elle n’avait plus rien à faire ici, le latino déglutit quasi-douloureusement. Même s’il avait cru être manipulé depuis le début, la jeune femme restait la seule personne qu’il connaissait ici, et par conséquent la seule à qui il pouvait se raccrocher. Et par sa bêtise, elle venait visiblement d’être retirée de son dossier. Cependant, Pablo ne montra rien de son inquiétude et garda ce regard froid braqué sur elle, jusqu’à ce qu’elle se lève en lâchant un dernier : « S’il réussi à t’envoyer en taule, je viendrais t’apporter des oranges. » des plus amers. Le latino suivit la silhouette de Zeppelin jusqu’à ce qu’elle quitte la pièce, puis se retourna vers le nouveau venu la mâchoire serrée. « Sacré numéro cette Zeppelin, hm !? On dirait que vous avez le chic pour choisir des filles qui vous mettent dans des situations impossibles. » déclara-t-il en se croyant certainement plus malin. Immédiatement, Pablo le fusilla du regard , sans pour autant lui faire le plaisir de répondre.

♦ ♦ ♦

Allongé sur une sorte de banc des plus inconfortables, Pablo fixait le plafond sans comprendre ce qu’il venait de lui arriver. L’interrogatoire avait été interminable, et même s’il avait fini par obtempérer et avouer qu’il connaissait cette fille et qu’il avait passé une partie de la soirée avec elle, il avait du mal à croire qu’il était tiré d’affaire. On l’avait ensuite emmené dans une cellule de garde-à-vue sans lui donner plus de précision, et depuis, le jeune homme attendait sans même savoir l’hure qu’il était. Alors lorsqu’il entendit le verrou de la porte remuer, il se redressa brusquement et lança un regard plein d’espoir en direction de celle-ci. Mais en voyant apparaitre Zeppelin, il se renfrogna immédiatement et détourna les yeux. « Je n’ai pas besoin d’oranges. » cracha-t-il en faisant référence à ce qu’elle lui avait promis un peu plus tôt dans la journée, avant de s’allonger de nouveau sur cette planche qui lui servait de lit.

Il n’y avait qu’une vitre. Un simple miroir semi-réfléchissant qui séparait Zeppelin de Pablo, mais pour la jeune femme, c’était comme s’il se trouvait à des kilomètres d’elle. Il était proche et pourtant si inaccessible parce qu’on venait tout simplement de l’évincer d’une affaire. A travers cette vitre qui séparait la salle d’observation de la salle d’interrogatoire, elle ne le quittait pas des yeux. Il était assis et menotté face à l’un des pires interrogateurs de la section de recherche des personnes disparues comme un vulgaire criminel alors qu’elle le savait innocent. Sa frustration était tellement intense qu’elle s’était rapidement transformée en une colère sans nom, obligeant Zeppelin à quitter la pièce. Elle avait voulu assister à l’interrogatoire jusqu’au bout, mais la pression était telle que l’américaine n’en trouva pas la force et décida de se plonger corps et âme dans d’autres dossiers pour faire passer le temps plus vite. Pourtant, malgré l’occupation, le temps semblait avancer au ralenti comme pour la narguer et lorsqu’enfin Pablo quitta la salle d’interrogatoire, la nuit commençait déjà à tomber sur la ville de New York. Certains collègues étaient parties depuis bien longtemps, avaient proposé à Zeppelin de prendre un verre avec eux, mais son esprit n’était pas vraiment à la fête alors, elle avait décidé de rester et d’attendre l’occasion de lui rendre visite. Il lui fallait cependant une bonne excuse pour y accéder et surtout une bonne raison à lui donner, surtout après l’accrochage qu’ils avaient eu un peu plus tôt dans la matinée. C’est pour cela qu’avant de s’y rendre, Zeppelin quitta les locaux new yorkais du F.B.I pour passer commande chez un restaurateur du coin, se souvenant brièvement d’une discussion qu’ils avaient eu à propos de la nourriture et de leurs mets préférés, puis revint quelques minutes plus tard et se dirigea vers les cellules de détention provisoire. Comme la procédure l’exigeait, l’américaine dû confier ses armes, s’enregistrer et fut fouillée avant d’être autorisée à y entrer. Lorsque le garde lui ouvrit la cellule, elle put voir le visage de Pablo passer de l’espoir à une expression beaucoup plus renfrognée : Zeppelin ne s’était pas non plus attendue à une effusion de joie venant de sa part, c’était au contraire la réaction la plus logique qu’elle avait envisagé. Logique, mais douloureuse malgré tout. « Je n’ai pas besoin d’oranges. ». Le ton de sa voix était sec, agressif. Un ton qu’elle ne lui avait jamais connu. Zeppelin dû faire un véritable effort pour ne pas laisser entrevoir sa réaction et revêtit de nouveau son air autoritaire. « Et nous, on a pas besoin d’un procès pour négligences envers un prisonnier : je t’ai apporté de quoi manger. » dit-elle en posant le tout à côté de lui, mais il semblait toujours en colère contre elle alors elle lâcha un soupir lourd de sens. « Tu peux m’en vouloir autant que tu veux, ça ne te fera pas sortir plus vite, tu sais ? Bien au contraire. ». Il ne se rendait pas compte à quel point elle avait voulu l’aider, allant même à l’encontre du protocole interdisant un agent à interroger une personne de son entourage.

Cette solitude forcée au fin fond de sa cellule de garde-à-vie obligeait Pablo à cogitait. Tout ce qu’il lui était arrivé depuis qu’on était venu le chercher chez lui repassait dans sa tête, un peu comme s’il s’agissait de l’histoire d’un autre. Et pourtant, c’était bel et bien lui qui était allongé dans cette pièce froide et austère, sans savoir ce qu’on allait lui annoncer ni même ce qui allait se passer dans les minutes et les heures qui allaient suivre. Et bizarrement, le latino ne parvenait même pas à être inquiet ; il était bien trop sonné pour ça. Le réflexe de réclamer un coup de téléphone ne lui était même pas venu à l’esprit, et c’était sans doute mieux comme ça. Pour l’instant, il valait mieux que cette histoire ne s’ébruite pas trop. Pablo ne savait pas exactement ce qu’il risquait, ni même ce qu’il avait fait de mal, et il préférait par conséquent rester seul dans la confusion. Cependant, lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir, une vague d’espoir vint l’envahir. Mais celle-ci fut bien éphémère puisqu’en voyant le visage de Zeppelin, le jeune homme reprit sa place et sa mine résignée en grommelant une phrase pas très agréable. Pablo détourna rapidement les yeux pour ne pas risquer de croiser le regard de la jeune femme, et préféra se reconcentrer sur le plafond de sa cellule.

« Et nous, on a pas besoin d’un procès pour négligences envers un prisonnier : je t’ai apporté de quoi manger. » lança-t-elle alors, à la plus grande surprise de Pablo. Et effectivement, Zeppelin déposa un sachet d’où émanait des effluves plus qu’alléchantes aux côtés du latino. Sans vraiment comprendre où elle voulait en venir, il posa un regard surpris sur ledit sachet, puis sur Zeppelin. « Merci… » articula-t-il en s’efforçant de paraitre un tant soit peu aimable. Mais bien vite, le jeune homme détourna une nouvelle fois son regard d’elle et ajouta en se renfrognant : « Mais j’ai pas faim. » Ce qui bien entendu était faux, puisque son estomac criait famine depuis plus d’une heure. Mais Pablo était bien trop fier et vexé pour se jeter sur ce que Zeppelin venait de lui apporter, même s’il reconnaissait que cette petite attention le touchait.

« Tu peux m’en vouloir autant que tu veux, ça ne te fera pas sortir plus vite, tu sais ? Bien au contraire. » ajouta-t-elle alors, au grand dam de Pablo qui ferma les paupières quelques instants en soupirant. Elle avait raison et au fond, il le savait. Depuis le début. Mais il se sentait tellement perdu et incompris qu’il ne pouvait s’empêcher d’être sur la défensive, même avec Zeppelin. Après un long moment de silence, il décida néanmoins de se redresser et posa un regard empreint de désespoir sur la jeune femme. « Qu’est-ce que je fais là ? » balbutia-t-il en abandonnant presque complètement l’expression sévère qui ornait son visage depuis le début. « Je vous ai dit que je n’avais rien à voir avec tout ça ! Tu le sais toi, pourquoi tu leur dis pas ? Pourquoi je suis encore ici ? » A bout de nerfs, le jeune pilote préféra se taire avant de craquer ou au contraire de s’emporter une fois de plus. Il enfouit alors son visage entre ses mains en lâchant un nouveau soupir, n’attendant même pas une quelconque réponse de la part de Zeppelin.

Lorsqu’elle était petite et qu’on lui avait demandé ce qu’elle voulait faire plus tard, la réponse de Zeppelin sonnait presque comme une évidence : elle voulait être agent du F.B.I. Non seulement parce que sa mère en était une, mais aussi parce qu’elle-même avait été arrachée aux siens pendant les dix premières années de sa vie. Travailler ici et retrouver des personnes portées disparues ou rendre justice à celles qui, malheureusement, étaient découvertes sans vie lui tenait énormément à cœur. Elle adorait son job. Sincèrement. Seulement parfois, il lui arrivait de se poser des questions. C’était le cas présentement. Zeppelin était convaincue que l’innocence de Pablo et elle était prête à faire des pieds et des mains pour le prouver, mais elle avait été injustement déchue de ses droits sur l’affaire en cours et il ne lui restait plus qu’à attendre qu’un collègue accepte enfin de jeter un œil au dossier avec autant de passion et d’acharnement que Zeppelin au cours de chacune de ses enquêtes.

Elle n’avait strictement rien à faire dans la cellule où se trouvait Pablo. Non seulement Zeppelin devait se pencher sur d’autres dossiers, mais le jeune homme lui avait parfaitement fait comprendre qu’il ne voulait plus la revoir. Zeppelin espérait cependant que ses paroles avaient été prononcées sous l’effet de la colère. Elle avait fait exprès de lui ramener de quoi manger. Normalement, ce n’était pas à elle de s’occuper du confort des prisonniers, mais personne d’autre ne semblait s’en soucier et disons que celui-ci était considéré comme un V.I.P* à ses yeux. « Merci… ». Contente de le voir un peu moins agressif envers elle, Zeppelin esquissa un petit sourire qui s’effaça presqu’aussitôt lorsqu’il reprit la parole. « Mais j’ai pas faim. ». Zeppelin poussa alors un soupir lourd de sens et secoua la tête de gauche à droite. Son comportement l’excédait un peu plus à chaque instant, cependant l’américaine savait se montrer compréhensive. Pablo n’était pas vraiment en très bonne posture et elle pouvait comprendre la colère et le sentiment d’injustice qu’il éprouvait sûrement. Elle n’était pas dupe non plus. Zeppelin savait parfaitement qu’il mentait. Il avait faim. Il tenait juste à garder sa fierté jusqu’au bout.

« Qu’est-ce que je fais là ? » lâcha-t-il finalement, obligeant Zeppelin à se stopper net pour le regarder. Elle n’eut aucun mal à percevoir le désespoir dans ses yeux et en éprouva aussitôt un gros pincement au cœur. « A vrai dire, je me pose la même question. » répondit-elle dans un soupir. « Je vous ai dit que je n’avais rien à voir avec tout ça ! Tu le sais toi, pourquoi tu leur dis pas ? Pourquoi je suis encore ici ? ». Il enfouit alors sa tête dans ses mains et Zeppelin le regarda avec peine et compassion. Elle était tout aussi frustrée que lui, voire deux fois plus. « J’ai essayé de leur dire. J’ai même caché le fait qu’on se connaissait pour avoir les renseignements nécessaires, mais tu l’as vu toi-même : ils l’ont bien vite compris et m’ont retiré de l’affaire. C’est le protocole. » dit-elle. Zeppelin jouissait pourtant d’une très bonne réputation au sein de l’agence et pourtant, aucun de ses collègues ne semblaient prêts à l’écouter. Pis encore, ils semblaient tous s’être ligués pour l’écarter. En fait, elle ne prenait de conscience de tout cela que maintenant. Son directeur l’avait congédié en usant d’un congé forcé, on l’avait retiré d’une affaire à cause d’Alekseï et maintenant à cause de Pablo. Quelque chose clochait, c’était évident. Elle n’était plus prise au sérieux. Il fallait qu’elle se rende à l’évidence : son moment de gloire était bel et bien terminé. Peut-être devrait-elle songer à se reconvertir. Pourquoi ne pas s’installer à son propre compte et devenir détective privée ? C’était une idée à creuser. En tout cas, Zeppelin était véritablement fatigué de tout ça. Fatiguée d’avoir constamment à rendre des comptes. Elle se disait qu’au moins, être détective privée lui permettrait de gagner en liberté. Zeppelin pourrait choisir sa clientèle, ses horaires et surtout : elle serait son propre patron. Peut-être était-ce la bonne solution après tout. « Ecoutes. Si tu me donnes plus de détails, je pourrais enquêter de mon côté et leur apporter les preuves nécessaires. Je t’assure qu’il n’y a aucun piège là-dedans, je te sais innocent et je compte bien le prouver quitte à m’attirer des ennuis ; ça ne sera pas la première fois. Rendre justice c'est ce pourquoi j'ai signé après tout... » dit-elle, très sérieusement.

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout de suite pensé à la publicité Volkswagen : « Excusez-moi, c’est possible d’être surclassé ? »

Pablo était vidé, complètement exténué alors qu’il n’avait rien fait de particulier. Pourtant, il avait l’impression d’être encore plus fatigué qu’après une course ou même une matinée entière de sport. Mais en réalité, sa fatigue était bien plus psychologique que physique. Depuis plusieurs heures, on lui en demandait beaucoup trop, on le traitait comme le pire des criminels alors qu’il était innocent, et cette pression qui pesait sur ses épaules le détruisait à petit feu. Il aurait voulu avoir l’air costaud, faire comme si tout cela ne l’atteignait pas et jouer les gros bras devant Zeppelin, mais il en fut tout bonnement incapable. Au lieu de ça, il s‘effondra sur ce qui lui servait de lit et plongea son visage entre ses mains dans un geste des plus désespérés. Mais, pour la première fois depuis qu’il avait mis les pieds ici, Pablo eut le sentiment que la jeune femme le soutenait. Jusque là, il avait plutôt pensé qu’elle se trouvait contre lui, du côté de ses collègues et qu’elle ne l’avait côtoyé que pour mieux le prendre dans ses filets. Mais peu à peu, il redécouvrait le visage de cette Zeppelin qu’il connaissait et qu’il appréciait tant. « J’ai essayé de leur dire. J’ai même caché le fait qu’on se connaissait pour avoir les renseignements nécessaires, mais tu l’as vu toi-même : ils l’ont bien vite compris et m’ont retiré de l’affaire. C’est le protocole. » Un peu interloqué par ce qu’elle venait de lui dire, Pablo releva la tête vers elle, la bouche entrouverte en tentant de comprendre ce qu’elle avait fait pour lui, et qu’il n’avait visiblement pas saisi au premier abord. Elle avait essayé de récupérer des informations en feignant de ne pas le connaître et soudain, tout s’éclaira dans l’esprit du jeune homme. Son entêtement lors de l’interrogatoire l’avait donc complètement discrédité, et avait par la même occasion valu à Zeppelin d’être évincée de l’affaire. Par sa faute, et par sa bêtise, elle s’était certainement mis à dos tout le reste de son équipe. Aussi, le jeune pilote baissa une nouvelle fois les yeux, bien plus honteux que résigné cette fois-ci.

« Ecoutes. Si tu me donnes plus de détails, je pourrais enquêter de mon côté et leur apporter les preuves nécessaires. Je t’assure qu’il n’y a aucun piège là-dedans, je te sais innocent et je compte bien le prouver quitte à m’attirer des ennuis ; ça ne sera pas la première fois. Rendre justice c'est ce pourquoi j'ai signé après tout... » L’opinion que le jeune homme s’était faite de Zeppelin au cours de ces dernières heures lui semblait tellement éloigné de la jeune femme qui se trouvait actuellement en face de lui… Pablo en arrivait même à se demander comment il avait pu la soupçonner de trahison. Bien sûr, tout ce qu’elle lui disait là pouvait également faire partie d’une stratégie, d’un coup monté pour tenter de lui faire avouer quelque chose… Mais à cet instant précis, les yeux dans les yeux, le latino avait envie de lui faire confiance. Quelque part, il avait comprit qu’elle était avec lui et non contre lui, et le fait de ne plus se sentir seul au monde lui faisait un bien fou. Cependant, et malgré la gentillesse de Zeppelin, un élément le chiffonnait. Aussi, le jeune pilote se releva enfin et s’approcha d’elle en déclarant : « Attends… attends, tu t’es déjà attiré assez d’ennui à cause de moi, tu ne crois pas ? Je… Si j’avais su que tu avais fais ça… » Curieusement, Pablo retrouvait cette timidité et cette manie de ne pas savoir comment s’exprimer en face de Zeppelin, et ce n’était pas forcément mauvais signe. En tous cas, si ça pouvait leur éviter les tensions qu’ils avaient connues durant l’interrogatoire, il préférait ça. « Je suis désolé. J’aurai du te faire confiance dès le début… Mais, sérieusement, je ne veux pas t’attirer plus d’ennuis Zeppelin. Je crois que je ne mérite pas vraiment que tu fasses tout ça pour moi… » avoua-t-il bien malgré lui d’un air dépité, avant d’ajouter : « Ils pensent tous que je suis coupable ? Qu’est-ce qu’ils vont me faire ? Je suis censé rester ici en attendant quoi ? »

Bwahahah, cette pub ! J'ai l'impression qu'ils la passent à chaque fois que j'allume la télé !
'tain tu sais que j'avais pas avancé un RP aussi vite depuis fort fort longtemps ?

Zeppelin poussa un long soupir. L’époque où la jeune femme comptait parmi les meilleurs agents lui semblait tellement loin désormais. Tout avait changé lorsque le F.B.I avait connu un changement radical dans sa direction. Le nouveau directeur était très pointilleux concernant les procédures et, forcément, cela n’était pas toujours au goût de l’américaine, un brin anticonformiste. Ce n’était pas spécialement le fait de se plier aux règles qui la dérangeait, mais le temps qu’ils pouvaient perdre à le faire. Elle travaillait pour la cellule de recherches des personnes disparues et on lui avait toujours dit que chaque seconde pouvait être déterminante pour la survie d’une personne. Ce l’était pour son département, mais ça l’était aussi pour tous les autres. Quelque fois, Zeppelin n’avait tout simplement pas le temps d’attendre un foutu mandat ou autre dérogation émanant d’un ordre supérieur. Elle n’était pas de nature très patiente. En fait, elle ne l’avait jamais été. C’était son plus grand défaut, celui qu’on lui reprochait constamment dans le métier, et pour cause, ses collègues l’avaient même affublés d’un surnom des plus glamours ‘the neanderthal animal’. Rester là, à s’occuper d’autres affaires pendant que Pablo se retrouvait victime d’un malentendu ; il en était tout simplement hors de question. Ce fut seulement lorsqu’elle lui avoua lui avoir un peu forcé la main pour l’aider et non pour l’entasser que le jeune homme sembla enfin comprendre que Zeppelin n’était pas une ennemie dans l’histoire, mais une alliée. L’expression qu’il afficha lui indiqua aussi que l’idée de l’américaine ne l’enchantait pas vraiment et le mettait mal à l’aise. Un sourire étira même son visage lorsqu’elle nota de nouveau les traits qui le caractérisaient si bien : cette manière qu’il avait de se comporter en sa présence. Des manières qui avaient totalement disparues au cours de l’interrogatoire. « Attends… attends, tu t’es déjà attiré assez d’ennui à cause de moi, tu ne crois pas ? Je… Si j’avais su que tu avais fais ça… ». Zeppelin haussa les épaules. Ca ne la dérangeait pas le moins du monde de tenir tête à sa direction. Ils pouvaient la suspendre si ça leur chantait, elle n’en avait rien à faire du moment que Pablo obtenait enfin justice. « Je suis désolé. J’aurai dû te faire confiance dès le début… Mais, sérieusement, je ne veux pas t’attirer plus d’ennuis Zeppelin. Je crois que je ne mérite pas vraiment que tu fasses tout ça pour moi… » balbutia-t-il de sa moue si gêné qu’elle eut presque l’impression de se trouver face à un enfant. « Ca va. J’imagine que ça n’a pas été facile de se retrouver dans une salle d’interrogatoire, à être suspecté d’un enlèvement que l’on n’a pas commis. Tu n’es pas le premier à te retrouver ici à tort et si je reste là sans rien faire pendant que mes collègues t’entassent… eh bien disons que je ne suis pas digne de porter un badge. Au pire je serais suspendue, c’est pas la mort… » lui assura-t-elle en essayant de se montrer la plus convaincante possible, cependant, elle avait déjà subi trois mises à pied et doutait d’en réchapper avec une quatrième. « Que veux-tu dire par : je ne mérite pas que tu fasses tout ça pour moi ? T’as le droit à la présomption d’innocence comme tout le monde. Et puis d’ailleurs, tu es innocent. Tu ne mérite pas de finir en taule pour quelque chose que tu n’as pas commis. Sauf si tu me caches quelque chose d’autre… allez, je suis sûre que tu mixe sur de la musique téléchargée illégalement. » dit-elle, sur le ton de la plaisanterie pour détendre un peu l’atmosphère pesante qui régnait dans la cellule. Honnêtement, après un tel interrogatoire et une telle pression, il avait sûrement besoin d’une dose de légèreté aussi subtile soit-elle. « Ils pensent tous que je suis coupable ? Qu’est-ce qu’ils vont me faire ? Je suis censé rester ici en attendant quoi ? ». Zeppelin poussa un énième soupir et se laissa glisser contre le mur pour s’y appuyer. « Je t’avoue que pour l’instant je ne sais pas grand-chose. J’imagine que ce que tu leur a dis les a intrigué et qu’ils sont actuellement à la chasse aux preuves. Enfin, je vais essayé de retrouver cette fille avant eux si tant est qu’elle soit toujours en vie pour te disculper, au pire, tu devra attendre les résultats des analyses, j’imagine. ». Elle inspira profondément et fut comme aimantée par l’odeur alléchante de la nourriture. « Tu devrais vraiment avaler quelque chose. ».

Même s’il ne daignerait jamais l’admettre devant qui que ce soit, Pablo avait un peu peur de ce qui allait lui arriver. Pas seulement pour sa carrière d’ailleurs ! Car cette fois, on parlait de sa vie entière. Le jeune homme n’avait absolument rien d’un criminel, et même s’il savait se battre, il ne ferait certainement pas le poids face aux compagnons de cellules qui deviendraient ses voisins s’il se retrouvait en prison. Pablo ne voulait pas vraiment y croire, il ne volait pas croire que la justice puisse se tromper au point de l’enfermer lui, Pablo Fernandez, pour une sombre affaire d’enlèvement qu’il n’avait même pas commis. Et pourtant, tout lui paraissait tellement abracadabrant depuis le début de la journée qu’il s’attendait au pire. Alors, lorsqu’il avait commencé à comprendre que Zeppelin était bel et bien une alliée, le jeune homme s’était senti quelque peu rassuré. A vrai dire, il ne savait pas trop ce qu’elle valait en tant qu’agent fédéral mais au moins, il n’était plus seul contre tous. Elle avait voulu l’aider, et c’est tout ce qu’il désirait retenir, se sentant déjà honteux d’avoir pu la soupçonner du contraire. Peu à peu, il se rendait compte qu’en refusant de coopérer, il l’avait complètement discréditée auprès de ses collègues et qu’elle avait été évincée de l’affaire par sa faute, comme si elle avait été incapable de la résoudre. Et curieusement, Zeppelin comprenait. Elle ne semblait pas être remontée contre lui ni même rancunière, bien au contraire. La perspective d’être suspendue de ses fonctions quelques temps ne lui faisait visiblement pas peur et en y pensant, Pablo s’avoua intérieurement qu’avec elle, il était entre de bonnes mains.

Se voulant rassurante, Zeppelin lui assura une nouvelle fois qu’elle le pensait innocent et ajouta même un trait d’humour en faisant mine de le soupçonner de mixer sur de la musique téléchargée illégalement. Et même s’il n’avait pas trop le cœur à ça, la tentative de la jeune femme porta ses fruits puisque Pablo se mit à rire en secouant la tête. « Non… même pas ça ! Je suis inintéressant au possible ! » renchérit-il en affichant un maigre sourire. « Je t’avoue que pour l’instant je ne sais pas grand-chose. J’imagine que ce que tu leur a dis les a intrigué et qu’ils sont actuellement à la chasse aux preuves. Enfin, je vais essayé de retrouver cette fille avant eux si tant est qu’elle soit toujours en vie pour te disculper, au pire, tu devra attendre les résultats des analyses, j’imagine. » répondit-elle alors lorsqu’il lui demanda ce qu’il faisait encore là. Et sa réponse, aussi précise soit-elle, ne fit qu’empirer la crainte que ressentait Pablo qui, retrouvant son sérieux, laissa échapper un énième soupir. « Ca veut dire que je vais rester ici encore longtemps ? Dis-moi au moins que les journalistes ne sont pas au courant… s’ils apprennent ça, je suis foutu. Je crois que cette fois je pourrai vraiment dire au revoir à ma carrière… » lâcha-t-il d’un air las.

« Tu devrais vraiment avaler quelque chose. » proposa alors Zeppelin en posant ses yeux sur le sac qui trônait toujours sur le banc voisin. Pablo le regarda à son tour et, incapable de résister plus longtemps à l’odeur qui s’en dégageait, se précipita vers ledit banc. Il entrouvrit le sac et afficha un nouveau sourire en constatant qu’elle s’était souvenue de ses gouts en matière de cuisine. C’est donc un regard plein de reconnaissance qu’il lui adressa, avant de se pousser histoire de lui faire une place près de lui et de déclarer : « Je le ferai uniquement si on partage ! »

Le règlement intérieur de l’agence interdisait les agents d’établir un quelconque rapprochement avec un éventuel suspect, mais pour Zeppelin, Pablo était l’exception qui confirmait la règle. Elle n’avait strictement rien à faire dans la cellule de garde-à-vue à discuter du bout de gras et pourtant, la jeune femme n’en éprouvait aucune gêne. On avait pris la liberté de l’exclure de l’affaire ? Parfait ! Elle aussi prenait quelques libertés et tant pis si ça en énervait plus d’un. Elle n’osait à peine imaginer la réaction de sa mère lorsque celle-ci viendrait à l’apprendre. Il n’y avait d’ailleurs que deux étages qui la séparaient de son département et elle avait espoir que la rumeur ne s’y répande pas aussi rapidement qu’une traînée de poudre. Zeppelin ne craignait pas vraiment la colère de Piper, des deux sœurs, elle était celle qui la subissait le moins. Rien ne l’obligeait à rester avec Pablo – ou plutôt – tout l’obligeait à rester éloignée de lui, mais l’américaine n’avait eu aucun mal à percevoir sa détresse et à sentir son besoin de parler, surtout après ce qu’il venait de subir. Elle s’était donc donnée pour mission de lui tenir compagnie pour lui changer les idées et cela semblait fonctionner pour l’instant puisqu’il s’autorisa enfin à rire en sa présence. « Non… même pas ça ! Je suis inintéressant au possible ! ». Zeppelin redressa le menton en affichant un air pas du tout convaincu et croisa les bras sur sa poitrine. « Tu ne vas me faire croire que tu es blanc comme neige ! Un pilote de F1 qui n’aurait jamais été verbalisé pour excès de vitesse ? » insista-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté, taquine. Cependant, la réponse précédente qu’elle lui avait fournie sembla réduire à néant toute tentative pour lui faire oublier un tant soit peu sa condition actuelle. « Ca veut dire que je vais rester ici encore longtemps ? Dis-moi au moins que les journalistes ne sont pas au courant… s’ils apprennent ça, je suis foutu. Je crois que cette fois je pourrai vraiment dire au revoir à ma carrière… ». Zeppelin afficha un petit sourire gêné, soupira et passa une main dans ses cheveux qui termina sa course sur sa nuque un peu tendue par l’anxiété. « Excuses-moi, je ne voulais pas te mettre la pression, mais c’est ma routine quotidienne alors j’ai tendance à en parler de manière détachée et je me rends compte après coup que ça ne n’aide pas. Etant donné que tu ne leur as pas donné grand-chose et en l’absence de preuves tangibles, ils n’auront pas d’autres choix que de te libérer. T’inquiète pas, ça ira. ». Zeppelin tenta de se rattraper du mieux qu’elle le pouvait pour alléger sa conscience et dévia finalement sur le sachet d’où se dégageait une odeur alléchante. « Je le ferai uniquement si on partage ! » répondit Pablo, l’invitant ainsi à partager son repas. Elle hésita un moment, puis sourit. « Deal. » abdiqua-t-elle avant de venir s’asseoir à ses côtés et de piquer deux-trois spécialités. « C’est bien la première fois que je prends ma pause ici. Si on oublie la décoration minimaliste, elle est plutôt sympa la vue. » constata-t-elle en jetant un coup d’œil à l’étroite petite cellule comme si elle la découvrait pour la première fois. Sur ce commentaire, elle glissa la main dans sa poche et en tira son cellulaire. « Je viens de te googler sur internet : tu peux être tranquille, il n’y est pas fait mention de ton arrestation. En revanche, tu m’as menti il y a des photos assez compromettantes, Mr Fernandez. Regardez-moi ça ! » le taquina-t-elle en agitant l’objet sous son nez. Zeppelin pouffa de rire en secouant la tête de gauche à droite avant de lui tendre le téléphone. « Si je me souviens bien, tu n’as pas utilisé le joker coup de fil à un avocat. Et je ne suis pas censée savoir qui tu contactes alors fais-toi plaisir, c’est le téléphone de l’agence tu peux exploser le forfait. ».

Un peu à la manière d’un yoyo, l’ambiance se réchauffait avant de se refroidir presque instantanément depuis que Zeppelin avait fait irruption dans la pièce. Et pourtant, Pablo lui était de plus en plus reconnaissant d’avoir daigné venir le voir ici, alors qu’elle n’avait strictement rien à faire avec lui, du moins d’un point de vue professionnel. Mais depuis quelques minutes, le latino la retrouvait en tant qu’amie, et non pas en tant qu’agent fédéral qu’il avait soupçonné à tort de le mener en bateau. Lorsque la jeune femme évoqua ses potentiels excès de vitesse, Pablo ne put que la regarder en affichant une grimace coupable. S’il y avait bien un délit auquel il était habitué, c’était celui là ! Il lui arrivait un peu trop souvent de se croire sur un circuit alors roulait à travers les rues de New-York. Il n’était pas de ces imprudents qui bravaient tous les dangers en risquant leur vie à chaque carrefour, mais la vitesse lui apportait cette adrénaline dont il était pour ainsi dire accro. Alors oui, sur ce point-là, il était entièrement coupable et n’eut même pas besoin de le dire à voix haute pour que Zeppelin se mette à sourire.

Pablo avait beau accepter la main qu’elle lui tendait en essayant de le faire sourire, il n’en restait pas moins inquiet pour sa propre situation. L’issue de toute cette histoire, un éventuel procès, sa carrière, les médias… Tout paraissait vouloir s’amalgamer et dresser devant lui un mur infranchissable. « Excuses-moi, je ne voulais pas te mettre la pression, mais c’est ma routine quotidienne alors j’ai tendance à en parler de manière détachée et je me rends compte après coup que ça n’aide pas. Etant donné que tu ne leur as pas donné grand-chose et en l’absence de preuves tangibles, ils n’auront pas d’autres choix que de te libérer. T’inquiète pas, ça ira. » Le fait de s’imaginer libre le rassurait un peu, mais ce fut aussi et surtout la dernière phrase de Zeppelin qui lui fit lever un regard une peu plus assuré vers elle. Aussitôt, il hocha la tête avant d’inviter la jeune femme à le rejoindre pour partager le repas qu’elle lui avait apporté. Chose qu’elle accepta en venant s’asseoir près de lui. En attendant d’être libéré, Pablo devait s’efforcer de penser à autre chose. Zeppelin avait tellement fait pour lui… Même s’il ne pouvait pas directement la remercier ici et maintenant, elle ne méritait pas non plus de le voir déprimer toute la soirée. Alors le latino décida de se faire violence, et de faire de son mieux pour passer au-dessus tout ça, même si l’épreuve s’avérait difficile. Mais en toute circonstance, il pouvait compter sur sa voisine, qui ne tarda d’ailleurs pas à reprendre la parole en plaisantant : « Je viens de te googler sur internet : tu peux être tranquille, il n’y est pas fait mention de ton arrestation. En revanche, tu m’as menti il y a des photos assez compromettantes, Mr Fernandez. Regardez-moi ça ! » Alors qu’il avalait les premières bouchées de ce qu’elle lui avait apporté, Pablo fit mine de s’étouffer en s’approchant pour voir de quoi elle pouvait bien parler. « Non ! Je suis sûr que c’est faux ! Il n’y a aucune photo compromettante de moi ! » A vrai dire, et même s’il n’était jamais allé vérifié, le fêtard invétéré qu’il était se doutait bien que quelques dossiers devaient circuler sur lui… Et alors qu’il n’en avait jamais rien eu à faire, il se surprit à être quelque peu honteux en songeant à ce que Zeppelin pourrait voir. Logiquement, il n’y avait rien de trop osé, mais devant la mine amusée de la jeune femme, Pablo craignait le pire.

Mais avant qu’il n’ait pu voir quoi que ce soit, Zeppelin lui tendit son téléphone en l’incitant à l’utiliser pour appeler un avocat, chose que Pablo n’avait effectivement pas eu l’occasion de faire avant. Fébrilement, il se saisit de l’appareil en adressant un léger sourire à celle qui était décidément sa sauveuse, et composa rapidement le numéro d’Aladiah. Elle serait certainement en mesure de lui donner les coordonnées de son avocat, qu’il ne connaissait évidemment pas par cœur. Les échanges téléphoniques du jeune pilote durèrent plusieurs minutes, pendant lesquelles il s’éloigna un peu de Zeppelin, non sans lui adresser quelques regards pleins de reconnaissance. Puis, il revint s’installer près d’elle et lui tendit son portable en déclarant : « Il… il va contacter… tes collègues, j’imagine. » En vérité, Pablo ne savait pas précisément comment les choses allaient se dérouler maintenant, mais il faisait pleinement confiance à Aladiah. « Merci Zeppelin, tu… je sais pas comment j’aurai fait sans toi. » ajouta-t-il timidement, non sans engloutir une nouvelle portion de son plat favori. La jeune femme était tout bonnement en train de lui sauver la mise, ou du moins d’essayer de le faire, mais une question turlupinait toujours autant Pablo. Alors, tout en baissant les yeux, il se risqua à demander : « Zeppelin… ? Est-ce que je peux te demander… pourquoi tu fais ça ? Je veux dire, outre le fait que tu veuilles rétablir la justice… enfin… le repas, le téléphone… tu n’étais pas obligée, et si tes supérieurs apprennent ça… » Le jeune homme laissa sa phrase en suspens, se contentant de relever la tête pour planter son regard dans celui de Zeppelin.

« Non ! Je suis sûr que c’est faux ! Il n’y a aucune photo compromettante de moi ! ». Pablo semblait tellement gêné que Zeppelin ne put s’empêcher d’en rire. Effectivement, ce n’était qu’une ruse pour détendre l’atmosphère qui était déjà beaucoup moins électrique qu’à l’origine, mais elle apprécia la réaction que cette fausse accusation engendra chez Pablo. Zeppelin coupa alors le moteur de recherches avant que le pilote n’ait eu le temps de discerner la vérité et lui tendit son cellulaire pour qu’il puisse user de son droit.

Pendant tout le temps que dura la conversation, Zeppelin l’écouta d’une oreille distraite en picorant de temps en temps. Elle n’était pas censée avec lui pendant qu’il passait son coup de fil, mais Pablo ne lui avait pas non plus demandé de sortir. « Il… il va contacter… tes collègues, j’imagine. » balbutia-t-il en lui rendant son téléphone qu’elle s’empressa de fourrer dans l’une des poches de sa veste en cuir rouge. « Merci Zeppelin, tu… je sais pas comment j’aurais fait sans toi. ». L’intéressée redressa alors la tête pour le regarder, surprise par des remerciements auxquelles elle ne s’attendait pas et afficha un sourire avant de les balayer d’un signe de la main. « Ne me remercie pas, va. Je ne fais que mon boulot. » dit-elle alors que cette enquête-ci était sans aucun doute celle dans laquelle Zeppelin s’investissait le plus et ce, même en y étant destituée. Elle allait même à l’encontre des ordres. « Zeppelin… ? Est-ce que je peux te demander… pourquoi tu fais ça ? Je veux dire, outre le fait que tu veuilles rétablir la justice… enfin… le repas, le téléphone… tu n’étais pas obligée, et si tes supérieurs apprennent ça… ». Zeppelin fit mine de réfléchir quelques instants et lorsqu’elle eut terminée, avala tranquillement sa bouchée avant de lui répondre dans un haussement d’épaules. « Screw them. » lança-t-elle, sans retenue. « C’est juste que, depuis notre première conversation, j’ai su que nous n’étions pas si différents l’un de l’autre. T’es quelqu’un d’impulsif, mais tu n’es pas une mauvaise personne et encore moins un kidnappeur. Honnêtement, je ne réussirais pas à dormir sur mes deux oreilles en sachant qu’une personne que j’apprécie et qui est innocente se retrouve sous les verrous pour un acte que je sais qu’il n’a pas commis. ». Zeppelin n’était pas vraiment douée pour montrer son attachement aux personnes qui lui étaient proches et, fort heureusement, son téléphone portable se mit à sonner ne laissant aucune chance à Pablo de répliquer. « Désolée, je dois prendre cet appel. » dit-elle en s’empressant de le sortir de sa poche pour décrocher. La communication dura à peine quelques minutes et se termina par un « Je fais ça de suite ; » annonçant ainsi la fin de l’entrevue Pablo-Zeppelin. Elle s’excusa auprès de lui et quitta précipitamment la cellule en lui promettant de revenir, cependant le pilote fut libéré bien avant que Zeppelin n’ait eu le temps de revenir le voir.

TO BE CONTINUED