« Chouuuue, j'ai la nouvelle de l'année à t'annoncer ! On se retrouve au botanique de Brooklyn dans quarante minutes ça te va ? » J'attendais la réponse de ma meilleure amie avant de raccrocher le téléphone. Mon ton avait été plutôt joyeux, rieur et tout ce qui allait avec alors que j'avais envie d'étrangler quelqu'un. Mon père venait à peine de quitter mon appartement après une crise de nerf monumental. Regardant autour de moi, je vis mon meilleur ami, les yeux ronds comme la lune face au bordel qu'était notre appartement. Mon cher paternel était venu, la bouche en cul de poule, pour m'annoncer que j'allais bientôt me marier. J'avais tellement ris à cette idée que j'avais presque failli m'uriner dessus et lorsque, par curiosité, j'avais demandé à qui j'étais sensé passer la bague, j'avais pâlis. Mon père avait promis ma main à Elvia, ma meilleure amie. Nos deux paternels s'étaient arrangés depuis si longtemps sur notre union que nous n'avions pas notre mot à dire. Du moins, c'était ce que mon cher paternel pensait. Regardant mon ami, je leva les épaules et dis « Je rangerais quand je rentrerais. Faut que je prenne l'air avant de prendre le verre qu'il y a par terre et de crever les deux yeux à mon père » Je ne pouvais pas supporter cette façon qu'il avait de me contrôler et je ne m'étais pas gêné pour lui dire. Je grimaça légèrement lorsque je vis le vase en cristal brisé en mille morceau sur le sol. Je n'y avais pas été de main morte, balançant toute sorte d'objets d'un bout à l'autre de la pièce, jouant au freesbie avec des assiettes. La colère qui m'avait envahit était telle que j'avais fais un carnage. En revenant de ma petite discussion avec la belle européenne, il faudrait vraiment que je passe par une boutique pour acheter des assiettes sinon ce soir, nous allions manger dans la casserole, chose que je ne supportais pas. Attrapant ma veste, je sortis rapidement et claqua la porte derrière moi. Il n'y avait que trois kilomètres qui me séparait du jardin botanique de Brooklyn et c'est donc pour cela que je m'y dirigea à pieds. Il fallait que j'évacue tout ce que je venais d'apprendre, il fallait que je souffle avant d'étrangler quelqu'un de mes deux mains. J'avais déjà une avocate pour retrouver Azariel – ce qui était fait – une autre pour foutre l'usurpateur d'identité en prison et maintenant, il m'en faudrait une pour m'éviter d'aller en prison après avoir étouffer mon père dans son sommeil. Grognant, je profitais de l'air frais – voire glacial – de la ville. À ce moment même, ma mère me manquait. Depuis qu'elle m'avait laissé cette lettre il y a quatre ans de cela – m'avouant la véritable identité de mon père – je n'avais qu'une envie ; en finir avec lui. Tomber sur la jeune Neige avait d'ailleurs été un de mes dernier plaisir. Elle lui en voulait comme la peste et c'était tant mieux, je n'étais pas seul ! Après une trentaine de minutes de marche, je posa mes fesses sur un banc à l'entrée du botanique. Elvy ne pouvait pas me louper et si c'était le cas, je lui en voudrais ! Le parc était vide pour un dimanche après-midi. Enfin, vu le temps qu'il faisait, cela en était presque compréhensible. Faisant craque mes os, je tourna la tête et vis ma meilleure amie. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres en la voyant. Elle allait halluciner lorsqu'elle allait apprendre la nouvelle. Enfin, je devais d'abord m'intéresser à elle, histoire de voir si elle n'était pas déjà bien enfoncé dans la merde avant d'en rajouter une couche. Me levant pour l'enlacer, je lui fis signe de s'asseoir et dis « Comment vas-tu elvy chérie ? » Pour une fois, je ne l'appelais pas choue. Elvia était bien la seule femme que j'arrivais à appeler par un autre nom que le sien ; cela témoignait de notre proximité mais surtout, de notre amitié.

Bien qu'Elvia n'avait rien de très féminin et de reconnaissant dans cette tenue, il ne me fallut guère longtemps pour la reconnaître. Après tout, elle était ma meilleure amie et même sous un tas de foin, j'arriverais à la reconnaître entre milles. Je ne savais vraiment pas comment elle faisait pour réussir à survivre dans cette vie qui était tellement.. folle ! Son père voulait un héritier mâle et il semblerait que l'arrangement avec mon père soit en raison de cette volonté. Si Elvia et moi ne faisions plus qu'un, son histoire pourrait sûrement être révélé au monde entier puisque je serais le nouvel héritier. Doux jésus, cette idée me donnait presque envie de vomir. La suisse avait tout ce qu'il y a de plus agréables à regarder mais c'était la seule femme que je ne considérais pas comme une conquête mais bel et bien comme une amie. Elle était ma moitié amicale mais sûrement pas sexuelle. Il fallait que je chasse ces images de ma tête avant de devenir fou ! « Faut juste que je passe dans une boutique en rentrant parce qu'on a plus d'assiettes en fait. On a voulu jouer au freesbie mais il les a jamais rattrapé ce pauvre con » Je fis une petite moue comme pour mon montrer que j'étais déçu qu'il n'ait rien rattrapé. En fait, j'étais déçu qu'aucun bris de verre ou de porcelaine ne lui aient fait de mal. Je ne pouvais pas me permettre de péter un plomb contre mon père tous les jours, surtout de cette envergure, mais il me connaissait ; quand on me pousse trop, on me trouve au tournant et ce n'est pas toujours très beau à voir. Il en avait fait l'expérience aujourd'hui. « Bon assez de suspens, vend-moi du rêve un peu ! » La regardant, je souris légèrement. C'est qu'elle est impatiente la petite suisse ! « Je sais pas... Je vais peut être te raconter ma vie avant parce que tu risquerais de mourir de rire si je te le dis tout de suite, autant tâter le terrain avec ma vie pitoyable ! » J'avais bien des choses à lui avouer, comme ma petite romance avec la jeune Williams qui s'avérait être, plus ou moins, ma demi sœur. Et puis mon histoire d'usurpation et le fait que j'avais enfin retrouvé mon frère et ma jumelle. Il y avait tellement de choses à expliquer mais elle semblait quelque peu préoccupée par l'annonce principale de notre rencontre. « Une vraie impatiente cette petite Elvy ! Je vais faire vite promis » lançais-je à son égard. La regardant, je lui fis un léger sourire. « T'es prête à crever de rire en plein Brooklyn ? » autant tâter le terrain. Je sentais – gros comme une maison – que la brunette allait rapidement me demander d'accoucher ma petite révélation. Me raclant la gorge, je grattouilla ma tête avant de dire « Ton père et mon père ont décidé de nous.. marier. Il paraît qu'ils ont fait un pacte quand je suis né. Je suis sensé t'épouser avant mes vingt cinq ans en fait » Étrangement, dire cela à vois haute me faisait plus peur que rire. Je tenais tête à mon père autant que je le pouvais mais je n'allais pas pouvoir éternellement lui dire non. Regardant la jeune femme, j'attendais une réponse. Une réponse qui était bien trop longue à arriver à mon goût. Fronçant les sourcils, je secoua son épaule légèrement. « Tu vois, je t'avais dis t'allais clamser » lâchais-je aussi insensible que je pouvais l'être.

« Ils ont fumé un arbre ou quoi ? Ca les gêne pas de te faire épouser une nénette plus vieille ? » La regardant, j'haussai rapidement les épaules. J'étais bien tenté de lui dire que c'était dans les vieux pots qu'on faisait la meilleure confiture mais connaissant ma chère et tendre meilleure amie, mieux valait éviter. Elvia était bien la seule – et unique – femme sur terre avec qui je n'avais pas envie de passer le pas de l'amitié. Nous étions comme les deux doigts de la main, proche comme jamais, amis pour la vie mais notre relation s'arrêtait là. Autant dire que j'avais été plus que choqué de la nouvelle que m'avait annoncé mon père il y a quelques heures. Il aurait pu me faire épouser cette petite garce de Pippa Middleton, je n'aurais pas autant rechigné mais là, c'était comme se marier à de la famille. Certes la mère de la suisse et ma mère n'était 'que' meilleure amie mais tout de même. « Les bras m’en tombent, je te jure ! » Et encore, elle n'avait pas été là lors de la scène. Elle serait sûrement devenue folle de rage et aurait balancé maintes choses à travers la pièce avec moi. J'étais dépassé par tout ce qui se passait mais je le prenais plutôt 'bien'. Si mon père croyait qu'il allait pouvoir m'avoir aussi facilement, il se mettait le doigt dans l'oeil et se grattait l'omoplate avec. Elle était ma meilleure amie, un point c'est tout. S'ils voulaient des héritiers, ce n'était pas de moi qu'ils allaient les avoir. Laura avait un utérus prêt à accueillir qui le voulait – je ne me voilais pas la face – et Elvia avait d'autres chats à fouetter. La jolie brune semblait pensive, perdue et je la comprenais mais il fallait qu'elle se ressaisisse et plus vite que cela. Je connais Elvy par cœur, elle n'allait pas ruminer bien longtemps et c'était tant mieux pour moi, j'allais déjà avoir une Laura folle à lier quand j'allais lui annoncer la nouvelle alors autant éviter les problèmes. La regardant, je l'écoutais parler ; une raison à cette union forcée ? Plutôt simple, son cher père voulait des héritiers, il voulait faire sortir sa fille de l'ombre mais seulement au bras d'un homme digne de ce nom et il semblerait que le blaireau, ce soit moi. « J'sais pas trop. D'après ce que mon père a tenté de me raconter, ce serait une histoire d'héritier. Ton père veut le meilleur pour toi et il semblerait que le meilleur, ce serait moi. C'est assez ironique quand tu vois la gueule de ma vie à paris. Tu crois qu'ils savent que je me suis tappé tout Paris ? Peut être qu'ils font comme si de rien n'était. En plus d'être con, ils sont aveugles et ignorants » Au moins, c'était dit. Soufflant, le tripota ma crète de ma main gauche et dis « Le pire c'est que j'ai pété mon vase en cristal avec toutes ces conneries et ça se snif pas cette saloperie » non pas que j'étais un drogué mais autant le dire, gérer un strip club impliquait des activités sous-jacentes plus ou moins légales. Grognant légèrement, je continua « Mais tu sais pas le pire ? C'est que j'ose pas lui dire que ce crétin n'est pas mon père biologique et donc, qu'il n'a aucun pouvoir sur moi » Je dévoilais un petit bout de mon secret à ma meilleure amie. Pour la suite, il faudrait attendre un peu... Juste un peu. J'étais énervé, elle déboussolait. Nous allions trouver un petit plan pour leur faire à l'envers, je n'en doutais pas une seule seconde. Enfin, pour le moment, je devais encore me calmer, rompre avec Lexie et lui avouer toute la vérité et seulement la vérité.

« D’autant que je suis plus vieille que toi, ça le fait même pas en prime ! » Un très léger sourire se dessina sur mes lèvres mais je tenta de le cacher derrière une petite mou. Si elle voyait que je me moquais d'elle, Elvia risquait de me sauter à la gorge et de m'étriper sur le champ alors autant éviter de la titiller. Ma suisse préférée était une vraie petite bombe à retardement et je ne voulais vraiment pas la brusquer. Je leva les épaules comme pour lui montrer que, moi non plus, je ne comprenais pas vraiment l'intérêt de tout cela seulement, le contrat était prêt et nous allions devoir trouver un sacré subterfuge pour échapper à tout cela. Qu'allait-on inventer comme connerie pour nous sortir de ce merdier ? Elvia ne pouvait pas faire un geste sans avoir un appel de son père, il faudrait donc que je me débrouille pour nous sortir de ce sordide plan. Winnie pourrait m'aider, elle n'avait pas vraiment le choix pour tout dire. Sans faire trop attention, la 'vérité' sur mon père avait filé de ma bouche et je regrettais déjà ce que je venais de dire. Pour le moment, seule Laura était au courant de tout ce merdier. Je n'avais voulu mettre personne d'autres au courant, enfin à part Elvia, Winnie et Dante mes meilleurs amis. Les autres pourraient aller se dorer la pilule en Laponie avant que j'ouvre la bouche sur ce sujet. Ma mère m'avait prévenu il y a quatre ans par une lettre plus que claire et j'avais gardé ce secret pour moi, c'était ma seule façon de me protéger. Je faisais confiance à mon amie, il n'y avait pas à dire mais j'avais tellement peur qu'en en parlant, je réalise encore un peu plus ce que tout cela voulait dire. Cet homme et moi n'avions aucun lien de parenté mais cela voulait aussi dire qu'il pouvait me couper les vivres du jour au lendemain sans aucune raison. Il en était bien capable, autant le dire. C'était sans compté que j'avais préféré être sûre de cette information avant d'ouvrir ma bouche. Ma mère avait eu le coude léger pendant les derniers mois de sa vie alors peut être avait-elle tout inventé pour me donner une raison de me battre et de la venger. Elle ne l'avait jamais aimé et ça, ça se voyait très bien dans ses yeux. Elle avait été si malheureuse avec lui et se rapprocher de sa famille suisse n'avait pas aidé, loin de là même. Il rendait si bien aux yeux du monde, de la famille et à la maison, nous entendions son ton sec et hautain sur les employés, sur ses 'amis' russes. Leurs visages venaient encore me hanter, ces marques, ces cicatrices et ce teint pâlot m'avait fait peur des années durant. « Mais comment ça se fait que tu ne m’en as jamais parlé ? Tu sais pourtant que je suis une tombe… surtout avec tout ce que tu sais sur moi ! » J'haussais légèrement les épaules comme pour m'excuser mais cela n'allait pas marcher, pas avec la jolie blonde. Me raclant la gorge, le tripota ma crête et souffla. Plus je parlais de ce 'problème', plus il devenait réel et c'était quelque chose que je ne supportais plus du tout. « Ca fait quatre ans que je suis au courant mais j'avais pas envie d'y croire. J'attendais des preuves concrètes et je les ai eu y a quoi, quarante huit heures. Je t'ai déjà parlé de la petite jeune de vingt deux avec qui je 'sortais', Lexie ? Bah en rencontrant son frère, j'me suis rendu compte que la minette avec qui j'avais l'intention de coucher n'était personne d'autre que ma demi sœur. C'est dégueulasse avoue » J'avais des envies de m'enfoncer deux doigts dans la gorge pour oublier tout ça. C'était comme embrasser Laura, c'était vraiment dégueulasse. « J'y croyais pas à tout ce délire, vu que ma mère était fragile dans les derniers mois de sa vie et puis après recherche, c'était vrai et la découverte fut... chaotique. C'est un mec plutôt beau, c'est de famille » Je lui dis un clin d'oeil, tentant de détendre l'atmosphère qui était aussi tendu que le string de mes strip teaseuses. Tout cela était de la folie mais ça ne m'étonnait guère venant de ma famille ! Famille de Dingo bonsoiiiiir.