Comment la vie pouvait elle basculer aussi vite? C’était la question que Nate se posait depuis qu’il avait vu Mary, sa femme qu’il aimait tant et avec qui il avait eu deux enfants, se faire tirer dessus et qu’elle était décédée des suites de ses blessures à l’hôpital quelques heures plus tard. Il n’avait rien pu faire, il n’avait eu rien le droit de faire. Le protocole était le protocole et il avait dû le respecter que ce soit sa femme ou quelqu’un d’autre qui soit en train d’agoniser sur le sol. C’était injuste et le patron de Nate l’avait bien compris mais il n’avait su lui répondre que de changer de métier s’il n’était pas content. D’ailleurs, le jeune papa avait déjà pensé à cela. En effet, il avait vu à quel point tout peut se finir vite et il ne voulait pas courir le risque de mourir aussi vite pour ses fils. Ils étaient sa seule raison de vivre maintenant et il voulait tout leur donner pour qu’ils aient une belle vie, une belle vie signifiait aussi un père alors depuis quelque temps le jeune australien se demandait ce qu’il pourrait faire de sa vie autre que la police. Ce soir plus que les autres il se le demandait alors que son patron n’avait pas l’air de comprendre que c’était assez dur pour lui sans en plus en rajouter en lui refusant d’échanger ses heures avec l’un de ses collègues qui voulait bien pour pouvoir emmener l’un des jumeaux chez le médecin. Au final, c’était Winnie qui s’en était chargé comme bien souvent pour ne pas dire tout le temps. Ce boulot lui prenait bien trop de temps et cela ne pouvait plus durer, il ne profitait pas des jumeaux et s’en rendait compte que maintenant. En sortant de chez le médecin, sa belle sœur n’avait pas manqué de lui envoyer un message pour lui signaler qu’il n’y avait rien de grave concernant Lukyan mais il n’avait qu’une hâte : rentrer chez lui. Il n’aimait pas savoir son fils comme cela et vouloir être près de lui au plus vite n’avait fait que rendre ses heures de boulot plus longues. Lorsqu’il en était finalement arrivé au bout, vers vingt heure trente il avait pu rejoindre son appartement dans le quartier de Staten Island. Complètement vanné par sa journée, il avait bien vite ouvert la porte et l’appartement dans lequel il vivait maintenant avec Winnie car elle avait emménagé avec eux et il l’avait laissé se refermer derrière lui. La porte avait claqué et au moment même où elle avait fait autant de bruit le petit Lukyan s’était mis à pleurer dans l’appartement. Là, Nate avait fait attention à Winnie qu’il n’avait même pas vu jusque là et la jeune femme lui avait fait clairement comprendre le fond de sa pensée. A en voir sa tête, la soirée avait été longue, il avait mis du temps à s’endormir et il venait de ruiner les efforts de la jolie blonde. Il avait tous les torts certes mais il ne supporta ni le ton ni les mots qui sortirent de sa bouche et encore moins l’attitude qu’elle eut, allant directement vers la chambre des jumeaux pour reprendre le petit garçon et tenter de l’endormir alors qu’il allait le faire. C’était tout de même lui le père et même s’il appréciait tout ce qu’elle faisait, il voulait garder son rôle. Très vite, il déposa son blouson et rejoignit la chambre où son fils pleurait dans les bras de sa tante. Même complètement sur les rotules, il ne supportait pas que son petit soit dans cet état et il avait envie de l’avoir près de lui. « Donne le moi ! » Son regard était assez dur envers la jeune femme, il n’avait pas envie de passer trois heures à parlementer avec elle et elle avait plutôt intérêt de s’exécuter rapidement. La blondinette n’eut pas l’air d’apprécier vraiment la manière de faire de Nate mais lorsqu’il prit son fils de ses bras elle ne le retint pas. Nate le cala dans ses bras et s’installa sur le fauteuil à bascule qui était tout près faisant comme il avait vu Mary faire de nombreuse fois et le petit commença rapidement à se calmer. « C’est bon je gère comme tu vois ! » Il ne voulait rien dire d’autre que dégage, en plus gentil bien sur mais c’était ça. Quelques minutes plus tard le petit s’était rendormi et Nate l’avait posé dans son lit. Prenant soin de fermé la porte de la chambre des jumeaux derrière lui, il rejoint ensuite Winnie. Il n’en avait pas fini avec elle. « Je ne t’empêche pas de partir d’ici, si tu n’en peux plus je prendrais une baby sitter, je prendrais des congés en attendant de trouver mieux, je m’occuperais de mes enfants moi-même mais ne me parle pas comme tu l’as fait et ne me fait pas ressentir dans ton regard comme tu le fais que je suis bien trop absent pour eux ! Je n’ai pas le choix, je dois faire vivre ma famille et je n’ai personne d’autre sur qui compter que moi-même pour le faire ! Je suis à bout moi aussi depuis plusieurs semaines et est ce que je me permets de te parler mal ? Je ne pense pas ! » Il n’hurlait pas dans l’appartement, il avait compris son erreur mais son ton était sec et son regard était dur. Il adorait Winnie lorsqu’il était au collège et qu’elle avait été sa meilleure amie mais là, depuis qu’elle vivait ici depuis le décès de Mary, il ne la supportait pas, il ne la supportait plus, il ne supportait surtout plus cette atmosphère de tension qu’il y avait entre eux et il était bien décidé à ce que cela cesse.

La fatigue, la rancoeur, le chagrin, tout cela avait gâché petit à petit la relation que Winnie et Nate avaient, une si belle relation d’amitié qui avait duré pendant des années avant que Nate de Mary ne tombent amoureux et qu’elle ne se dégrade. Tout était bel et bien fini entre eux mais le jeune homme regrettait cela, au fond de lui il gardait une profonde affection pour la jolie blonde et la remerciait pour tout ce qu’elle faisait pour lui, pour les petits. Elle l’aidait considérablement à vivre bien et d’un côté c’était sa présence qui l’empêchait de s’effondrer comme il avait pu montrer ses faiblesses avec Lena, car face à Winnie il était devenu trop fier, tout comme elle, elle l’était avec lui. Ce soir, il voyait bien qu’elle en était au même stade que lui sauf que ce fut lui qui fit déborder le vase de son côté et la riposte ne tarda pas. Elle lui avait parlé sur un ton qu’il n’appréciait pas et avec lequel elle n’avait pas à le faire et elle s’était comme enfuit dans la chambre des jumeaux. C’était trop facile, trop facile de refuser la conversation en faisant cela et trop facile de courir s’occuper du petit alors qu’il était là et après de lui reprocher qu’il ne s’occupait pas de ses enfants. Bien vite, Lukyan se calma et il sortit de la chambre après avoir déposé un baiser sur le front de l’autre petit garçon de deux ans. Dans le salon, la douceur qu’il avait pu employer dans la chambre de ses fils disparu et se fut la colère, le silence pendant ces longues semaines qui parla. Cependant, lorsque la jeune femme trouva les mots pour lui répondre alors qu’il ne s’y attendait pas il resta là sans voix. La seule chose qu’il sut faire en quelques minutes ce fut de sortir son téléphone et de composer le numéro de son patron. « Oui capitaine James, c’est Nate Lennox-Baxter. Virez-moi… Je ne peux pas démissionner je perdrais trop pour mes enfants mais virez moi ! C’est un service que je vous demande ! » Le haut-parleur en marche la jeune femme pu alors entendre la réponse de son patron. Venez chercher votre lettre de licenciement demain Nate. Il raccrocha. Il ne reviendrait pas sur sa décision. Il avait pris la bonne, celle qu’il aurait dû prendre dès le décès de Mary car il ne supportait plus de faire ce métier sans elle mais surtout de faire ce métier et de se remémorer la scène de sa mort sous ses yeux. Il n’en pouvait plus non plus de passer si peu de temps avec ses enfants. C’était trop beaucoup trop et Winnie l’avait finalement poussé à faire la bonne chose mais leur disccussion n’en était pas terminée pour autant. « Voilà ! Je vais avoir du temps pour m’occuper de MES enfants et de MON appartement, pas besoin d’une nourrice, JE vais le faire ! Je n’en peux plus de ce boulot où je vois ta sœur mourir sous mes yeux tous les jours, je n’en peux plus de rentrer à la maison et de voir les reproches dans tes yeux ! Merde ! Je sais prendre soin de MES enfants comme je savais prendre soin de MA femme ! C'était ta petite soeur aussi, tu pouvais veiller sur elle hein, je peux te reprocher ça aussi bien que tu me reproches sa mort ! Si j’avais pu j’aurais donné ma vie à la place de la sienne parce que tout le monde aurait été beaucoup plus heureux que ce soit moi qui parte ! » C’était ce qu’il avait sur le cœur. Il n’en pouvait plus et lui dire ça était un soulagement mais la peine lui faisait monter les larmes aux yeux. Non, il ne voulait pas pleurer devant elle. Au contraire, il s’énerva encore plus et toutes les larmes qu’il avait quelques secondes plus tôt dans les yeux repartirent par le même endroit qu’elles étaient venues. « Alors voilà, tu me fais chier Wii à être si parfaite, à pouvoir arranger ton planning comme tu le veux pour t’occuper des petits alors que je ne peux pas le faire et tu me fais chier à en faire beaucoup plus que tu ne le devrais et tout le reste ! Je n’en peux plus de cette situation alors je pense vraiment, que tu devrais partir. Maintenant que je n’ai plus d’emploi je vais avoir du temps pour m’occuper des petits et je n’aurais plus besoin de toi ! Tu ne veux pas partir parce que Mary t’as demandé de veiller sur nous ? Très bien ne pars pas de toi-même c’est moi qui te fou dehors ! Je pense qu’elle préfèrerait me voir heureux avec les petits même si je galère et que je veux tuer ce bonhomme qui me l’a prise qu’avec toi à se regarder de travers à chaque fois que l’on se croise et à ne plus se supporter alors qu’on s’adorait ! » Il la regardait droit dans les yeux en disant ses dernières phrases et son ton se faisait plus dur. Il ne lui avait jamais parlé de la sorte mais maintenant il ne voulait plus de cette situation et la Winnie qui était sa meilleure amie, avec qui il pouvait partager de belle chose lui manquait beaucoup trop pour que la situation continue à se dégrader de la sorte. « Demain tu quittes l’appartement je ne te laisse pas le choix. » Ce n’était pas une proposition c’était un ordre et il ne lui laissa pas le temps de répliquer puisqu’il quitta précipitamment la pièce pour aller s’enfermer dans sa chambre, qui n’avait malheureusement pas de verrou, en prenant soin de ne pas faire claquer la porte cette fois. C’était actuellement beaucoup trop dur pour lui et une fois allonger sur son lit la tête dans le coussin il s’autorisa à hurler de rage et à laisser les larmes couler sur ses joues avant d’entendre la porte s’ouvrir derrière lui. Elle n’avait pas compris ? Il voulait la paix et s’il n’arrivait pas à l’avoir dans sa propre maison, dans l’état de nerfs qu’il était, il serait capable de la mettre dehors dès ce soir.

il venait de démissionner et même si sa décision paraissait comme un coup de tête elle était en fait murement réfléchie car il y pensait depuis plusieurs semaines et s’étaient renseigner pour pouvoir faire autre chose de sa vie, autre chose qui lui prendrait moins de temps où lui permettrait de travailler à domicile. Il ne s’attendait pas à ce que Winnie approuve son choix loin de là mais lorsqu’elle l’applaudit avec toute l’ironie qu’il pouvait lire dans son regard, il se retint de la prendre et de la jeter dehors violement. Non il ne voulait pas lui donner des arguments pour le traiter de mauvais père et qu’on lui enlève ses enfants, ce qui lui restait de plus cher sur cette terre. « Ne t’inquiètes pas pour les petits et pour leurs besoins, ils seront bien mieux à vivre avec moi-même si je dois me serrer la ceinture tous les mois pour qu’ils aient ce qu’ils veulent qu’avec un père absent toujours obligés de se coltiner leur tante ! » Ça c’était lancé ce n’était pas gentil mais ce n’était rien à comparer de la réaction qui allait suivre. Nate préféra éclater de rire pour camoufler sa colère et ne pas taper dans un mur mais là le ton monta lorsqu’il ouvrit la bouche, elle allait dire qu’il l’avait tué, trop s’en était beaucoup trop pour lui elle ne pouvait pas dire ça ! « Tut e prends pour qui ? Dis que je lui ai tiré dessus pendant que tu y es ! Et puis ce n’est pas moi qui aie voulu être flic à la base ! C’était son rêve à elle mais bien trop bornée tu n’as jamais voulu écouté lorsqu’elle voulait te le dire chapeau la grande sœur ! Je ne l’ai suivi dans ce boulot que pour pouvoir veiller sur elle ! J’ai échoué oui mais toi tu as échoué au niveau de l’écoute car autrement tu aurais su ça et tu aurais su écouter ta sœur et ton meilleur ami qu’ils te disaient qu’ils s’aimaient vraiment et que cela resterait le cas que tu ne le veuilles ou non ! » C’était le temps des reproches et bien elle allait en prendre aussi pour son grade puisqu’elle ne se gênait pas à l’habiller pour l’hiver. La situation avait trop duré, c’était une bonne chose qu’elle éclate mais ni lui ni elle ne savait l’ampleur des dégâts qui allaient en résulter. « Tu ne parles pas, tu ne sais que me fusiller du regard pour tout me reprocher comment veux-tu que je sache que ça ne va pas pour toi? Et puis maintenant tu vas pouvoir y retourner ne t’inquiètes pas pour moi tout va bien se passer et on sera très content de récupérer un peu d’air frais sans ta présence tout le temps ! » Il parlait en son nom mais aussi en celui des jumeaux. Si elle n’était pas capable de passer à autre chose, elle ne pouvait pas rester. Les petits n’avaient jamais autant pleuré et ce n’était pas parce qu’ils ressentaient la mort de leur mère, non ils étaient encore trop petits, c’était bien parce qu’ils ressentaient cette ambiance froide et tendue qu’il y avait dans l’appartement en permanence. Lorsque Nate partit dans sa chambre, il pensait avoir la paix mais c’était peine perdue car Winnie l’avait suivi. Lorsqu’elle lui confirma qu’elle ne partirait pas le jeune homme essuya les larmes de son visage, il ne voulait pas se montrer faible face à elle et se releva pour se planter à quelques centimètres d’elle pour la regarder dans les yeux. « Winnie je ne t’en laisserais pas le choix ! Si tu ne changes pas, si tu n’acceptes pas, si tu ne ravales pas tes reproches et ta rancœur tu partiras… » il ne reviendrait pas sur sa décision, il était le père, celui qui savait ce qui était bon pour sa famille et coute que coute il ferait ce qu’il avait décidé. « Si tu ne pars pas demain car tu es juste incapable d’avouer que je n’y suis pour rien dans la mort de ma femme comme le rapport l’a dit c’est moi qui partirait. Je retournerais chez mes parents je n’en ai rien à foutre de régresser de la sorte tant que tu n’es plu dans mon champ de vision, dans ma vie, dans notre vie ! Les petits ne vivront pas une journée de plus dans cette ambiance ! Mary t’a peut être fait promettre des choses mais moi je lui en ai promis aussi le jour de mon mariage et mes promesses valent bien plus que les tiennes pour la famille que j’ai fondé avec elle que tu le veuilles ou non ! » Il était sérieux, si elle ne quittait pas son appartement, ce serait lui qui partirait et ses parents seraient presque soulagés de le voir revenir chez eux dans cette dure période, ils seraient en plus enchantés de voir leurs petits-enfants et d’aider leur fils à trouver un nouvel emploi. « Et aujourd’hui j’ai inscrit les jumeaux à la crèche… Je devais sentir ce qui allait se passer, ils ont besoin de sortir, de connaitre des autres enfants de leur âge et ils iront ce n’est pas à toi de décider, il faut qu’ils s’habituent avant d’aller à l’école. Maintenant tu m'excuses mais je vais te demander de sortir de ma chambre si tu ne veux pas que je te jette dehors dès ce soir ! » Les petits allaient avoir deux ans le premier janvier, ils devaient apprendre à vivre en communauté car en septembre prochain ils iraient à l’école de plus cela laisserait du temps à Winnie et à lui-même et cela leur ferait du bien, ils ne pouvaient plus continuer à être surprotégés de la sorte.

Les compliments étaient étouffés par leur colère et pourtant ils s’appréciaient au fond et ils reconnaissaient bien que chacun faisait du mieux qu’il pouvait dans cette situation qui n’était pas facile. Tout ce côté positif entre eux avait complètement disparu actuellement. On aurait dit qu’ils se détestaient depuis des années… C’était assez triste à voir et Nate avait bien compris qu’il n’avait rien fait pour arranger les choses… Il n’avait fait qu’en rajouter, il était monté sur tout ce qu’elle disait en enchérissant à son tour. En fait, il avait juste voulu la blesser autant qu’elle pouvait le blesser lui et visiblement ils avaient tous les deux réussis leur pari… Chacun avait les nerfs qui lâchaient, chacun pleurait et chacun n’avait plus envie de voir l’autre dans la même pièce que l’autre. Les reproches allaient bon train et finalement, après lui avoir dit plusieurs fois qu’elle quitterait l’appartement le lendemain même, Winnie avait pris la poudre d’escampette plus vite. Elle avait baissé d’un ton et s’était dirigée vers la porte d’entrée pensant bien sûr à lui dire qu’elle repasserait prendre ses affaires lorsqu’il ne serait pas là. Nate n’avait rien eu le temps de dire après qu’elle lui ait répondu, il n’avait rien trouvé à dire non plus. Il était juste scotché. Alors voilà leur amitié se terminait de la sorte ? C’était assez triste pour ne pas dire très triste. Le jeune homme se laissa tomber sur son lit la tête dans le coussin pour hurler une nouvelle fois lorsqu’elle quitta la pièce comme il lui avait demandé mais lorsqu’il entendit la porte d’entrer se fermer son cœur se serra. Non il ne pouvait pas la laisser partir, il ne pouvait pas laisser leur histoire d’amitié se terminer comme ça… C’était juste impossible. Il courut dans la chambre des jumeaux pour allumer le baby-phone, prit le second qu’il accrocha à sa ceinture, puis il prit ses clés qui étaient sur le bar depuis qu’il était entré et sortit de l’appartement, refermant délicatement la porte et s’élançant à toute allure dans les escaliers. Très vite, le jeune homme la rattrapa alors qu’il l’avait appelé plusieurs fois sans qu’elle ne réponde ni même qu’elle ne daigne s’arrêter. C’est dans le hall qu’il mit fin à sa course poursuite, un peu plus et elle quittait carrément l’immeuble, il en avait mit du temps certes mais il ne pouvait pas laisser les jumeaux sans rien pour entendre, savoir si tout allait bien pour eux, la précaution du baby-phone était donc indispensable. Là il ne dit rien et laissa parler son cœur prenant la jeune femme dans ses bras pendant de longues secondes avant de lui dire : « Je suis désolé… Je n’aurais jamais dû te parler comme ça, ni te dire ce que je t’ai dit.» A ses mots il sentit la jeune femme se relâcher un peu plus et enfin lâcher ses larmes alors qu’il laissait aussi les siennes partir. Ils étaient beaux tous les deux à pleurer en plein milieu du hall d’entrée alors que tout le monde pouvait les voir… Mais Nate s’en fichait, le plus important n’était pas le regard des autres mais bien sa relation avec Winnie et le fait qu’elle soit importante et pour lui et pour les jumeaux. Après quelques minutes d’étreintes sans dire un mot le jeune homme la desserra, prit sa tête entre ses mains pour déposer un doux baiser sur son front. « Je veux que tu restes avec nous, comme Mary le voudrait… Mais tu ne peux pas être elle… Tu ne dois pas être elle Winnie… Mary est partie, sa place n’est pas à prendre et tu n’as surtout pas le devoir de prendre toutes ses responsabilités. » Elle avait mis sa vie entre parenthèse pour eux et ça il devait le reconnaitre mais il ne voulait pas que cela continue, il n’avait pas le droit de lui imposer cela et la situation continuerait d’être tendue si ils continuaient ainsi. « Je ne suis pas parfait loin de là mais je pense que je suis assez objectif, j’ai au moins cette qualité, pour te dire que je ne veux pas que ça continue comme ça… Je veux retrouver ma Winnie et les jumeaux leur tante, pas une deuxième maman… Je veux que tu vives ta vie, pas celle de ta sœur et pour ça je veux que tu retournes au travail, que tu repointes le nez dans ta société… Que tu reprennes la vie que tu avais avant de devoir débarquer à l’appartement…» Le ton était beaucoup plus calme c’était sur mais il restait des choses à évoquer, des choses dont ils ne pouvaient pas parler aux yeux de tous. Il la prit alors par la main pour lui demander : « Tu remontes avec moi ? Je pense qu’on a d’autres choses à évoque comme toute cette rancœur par rapport à Mary mais ce n’est pas le bon endroit et puis même si je suis équipé pour écouter les jumeaux je n’aime pas savoir qu’ils sont seuls là-haut. » Le jeune papa avait montré le baby-phone en même temps qu’il parlait ce qui le rendait plutôt ridicule avec son uniforme mais il s’en fichait la seule chose qui comptait pour lui était qu’elle remonte avec eux et qu’elle oublie tout ce qu’il avait pu lui dire de méchant pendant que lui essayait d’en faire de même…

La prendre dans ses bras avait été un automatisme pour Nate qui le faisait à chaque fois avec l’un de ses fils lorsqu’il y avait quelque chose qui n’allait pas et là il y avait beaucoup de choses qui n’allaient pas… Elle n’était pas l’un de ses fils mais elle avait été l’une de ses amies proches, très proches et il voulait que cette relation revienne. C’était surement pour cela qu’il l’avait retenu, qu’il s’était même excusé et qu’il s’était laissé aller maintenant sa fierté complètement de côté. Elle valait plus qu’un égo surdimensionné… Bien plus mais lorsqu’elle était elle et pas lorsqu’elle tentait d’imiter sa sœur. Lorsqu’il lui eut dit ce qu’il avait sur le cœur, elle ne tarda pas à répondre sans vraiment avoir de conviction dans la voix. Il ne l’avait pas convaincu avec ses paroles mais il avait, grâce aux jumeaux, gagné un peu de temps, elle remontait maintenant avec lui. Alors qu’il lui laissait prendre le temps de remonter, lui monta bien plus vite et entra dans l’appartement pour aller directement vers la chambre des petits pour vérifier que tout allait bien ce qui était le cas. Là il reposa et éteignit les baby-phones et entendit la porte se fermer. Il espérait bien que Winnie n’avait pas profité de son inquiétude pour les jumeaux pour déguerpir et qu’elle avait simplement fermé la porte avant de partir. Il sortit rapidement de la pièce où tout allait bien et fut soulagé de voir la jeune femme était là et qu’elle avait déposé ses affaires. Même si elle n’était pas là éternellement et qu’elle allait peut être repartir après leur discussion, il avait tout de même l’occasion de lui parler. Il revint vers elle et se replanta juste devant elle planta son regard bleu dans ses yeux déposant ses mains sur le haut de ses bras en faisant de petits mouvements de bas en haut. « Je ne pensais pas ce que j’ai dit Wii… Tu le sais… Ici e ne m’en serais jamais sorti si tu n’avais pas été là depuis le décès de Mary… Maintenant ça va être différent j’aurais plus de temps pour eux mais tu dois rester avec nous… Les jumeaux ont besoin de toi… Et j’ai besoin de mon amie… » Il se livrait vraiment car il voulait qu’elle revoit en lui celui qu’il était vraiment plutôt que de voir juste l’assassin de sa sœur ou celui qui ne l’avait pas décourager à devenir policière. « Je te jure que si les jumeaux retrouvent leur tante Winnie, ils seront les plus heureux… Il faut que tu te retrouves… Si tu veux vivre ailleurs quelques jours pour cela je comprendrais mais j’aimerais que tu restes avec nous… Pour cela il faut que tu redeviennes toi et que tu reprennes ce que tu aimes faire… C’est-à-dire bosser dans ton entreprise… D’ailleurs si tu as besoin d’aide pour calmer tous ceux qui veulent te mettre dehors je peux t’aider j’ai le temps maintenant que je n’ai plus de boulot … » Un sourire se dessina sur les lèvres de Nate à la suite de cette phrase. Il voulait son amie, la tante des petits et non qu’elle se mette dans la peau de sa sœur car cela ne lui allait pas du tout. « Tu sais pour en revenir aux petits… Ils sont petits… Ils pourront s’adapter à un nouveau rythme de vie, un rythme de vie calé sur le tien et le mien alors que toi… Tu ne peux pas faire tout comme Mary, vous êtes très différentes même si vous vous entendiez si bien… Laisse-toi une nouvelle chance avec nous en reprenant ta personnalité. » Il lui caressa tendrement la joue avant d’afficher un nouveau sourire plus que sincère. Il espérait l’avoir convaincu, il espérait qu’elle allait enfin déposer complètement les armes ce qui n’était pas encore gagné avec cette tête de mule. Après un long silence il finit par ajouter… « Et ne t’inquiètes pas pour une chose, je me sens bien assez coupable pour la mort de ma femme sans que personne n’ait besoin d’en rajouter une couche… Je devrais vivre avec ça jusqu’à la fin de ma vie, je pense que c’est assez dur comme ça… » Ce n’était pas méchant, il voulait justement clairement lui dire que lui-même se sentait coupable, qu’il n’avait pas besoin en plus d’être accusé en place public car il allait s’effondrer face à cela alors qu’il avait tout de même deux petits à continuer d’élever et pour qui il devait continuer à vivre dignement, pas facile lorsqu'on a failli au devoir de sa protection de sa femme...

Tout s’apaisait dans l’appartement de Staten Island et c’était une bonne chose. C’était le calme après la tempête et c’était vraiment bien… De plus, cette mauvaise atmosphère, cette tension permanente dans l’air avait disparu. L’abcès avait enfin été crevé entre les deux amis et ils allaient pouvoir repartir sur de bonnes bases, c’était une certitude dans la tête de Nate. Une certitude qui avait tout de même besoin d’être confirmée et pour cela Nate devait mettre sa fierté de côté et ouvrir son cœur à la jolie blonde qu’il avait devant lui pour lui dire ce qu’il ressentait. Il lui avait parlé sans crainte, comme il le faisait à sa meilleure amie qu’elle était autrefois et cela lui avait fait du bien, énormément de bien. Maintenant c’était au tour de la jeune femme de lui présenter ses excuses et lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Cela faisait du bien au jeune blond de voir que tout était bien qui finissait bien, même mieux que cela n’avait jamais été car jamais ils n’avaient parlé de Mary avant et c’était là qu’ils avaient commis une erreur depuis le début. « Allez ma Wii, tu es chez toi ici… D’ailleurs tu pourrais personnaliser le bureau plus qu’il ne l’ait hein, je n’y vois vraiment pas d’inconvénient et si cela te permet de te sentir mieux chez toi… Si tu veux aussi changer un peu la décoration… Elle est de Mary elle me tient à cœur mais je comprendrais que tu ne t’y sentes pas à l’aise… » Elle avait véritablement une place dans cette appartement et il fallait qu’elle prenne ses marques, qu’elle s’y sente bien pas qu’elle s’y sente comme quelqu’un de passage comme c’était le cas au vu de son installation précaire en ce moment même dans le bureau. Quant au reste de l’appartement, il était conscient que Mary était présente partout et que cela pouvait être très lourd pour la jeune femme comme ça l’était pour lui mais il n’arrivait pas à faire le pas et à la changer et puis il avait peur qu’elle le prenne mal, en plus de cela il n’avait aucun goût voilà pourquoi il l’autorisait honnêtement à s’en mêler… « Pour ce qui est de ce que tu as dit… Ne t’inquiètes pas ça passera, j’oublierais… Je sais que c’est plus fort que toi comme c’est plus fort que moi de penser que je suis responsable… Tu n’as pas été injuste d’un côté je suis responsable… Je n’ai pas su protégé ma coéquipière qui s’est mise en danger lors de cette intervention… J’ai cette culpabilité qui ne partira pas de si tôt je crois… Mais toi, pourquoi tu ne m’as pas parlé de cette rancœur ?» La discussion était le remède à tous les maux il le savait bien car il avait appliqué cela pendant toute la durée de son couple mais c’était plus facile à dire qu’à faire. « Il faut qu’on parle de ça, qu’on partage ce qu’on ressent pour se comprendre mais aussi car le temps d’en parler aux jumeaux arrivera plus vite qu’on ne le croit ! » Le ton était sérieux et triste mais Nate était bien décidé à ce qu’il ne le reste pas même si il était aussi bien décidé à aller au bout de cette conversation car il l’avait attendu bien trop longtemps. Changeant complètement de sujet, il préférait maintenant revenir sur leurs emplois à tous les deux, des choses importantes dans leur vie. « Pour mon boulot, tu sais, ça faisait longtemps que j’y pensais, je ne supporte plus de faire ça… Tu m’as poussé à faire la bonne chose mais ne t’inquiètes pas je ne vais pas rester là à me morfondre, je vais trouver quelque chose d’autre ! Par contre, toi, tu retournes dès demain dans ton entreprise car je te rappelle que je suis maintenant là pour garder les jumeaux et qu’il y a aussi la crèche si j’ai à sortir ! Plus rien retient l’un de nous deux obligatoirement ici ! » Il déposa un nouveau baiser qui montrait bien toute l’affection qui lui portait sur le front avant de déclarer doucement. « C’est bon de pouvoir te parler comme cela à nouveau… C’est ce qui m’a surement le plus manqué, ce dont j’avais le plus besoin depuis le décès de ma femme…»

Maintenant qu’ils s’étaient parlés et que Winnie allait rester pour de bon et parce qu’il le voulait et elle aussi à l’appartement, Nate voulait qu’elle sache qu’elle pouvait prendre ses marques. Le bureau n’était pas confortable et peut chaleureux pour elle et le jeune homme voulait réellement qu’elle s’y sente bien, cependant elle avait l’air d’avoir besoin de son accord pour faire le moindre changement ici. Après tout elle était chez lui, il la comprenait mais tout de même, s’il l’avait accueilli ce n’était pas pour vivre avec une boule au ventre à cause de l’ambiance ni à cause du fait qu’elle se sente mal chez lui, chez sa sœur anciennement, chez eux maintenant alors il lui avait donné cette autorisation qui serait peut être un déclic pour elle. Si elle avait aussi envie de changer un peu la décoration dans l’appartement, autre que dans le bureau, il l’avait aussi autorisé. Il adorait la décoration présente mais il pouvait vraiment comprendre qu’elle, elle ne s’y sente pas à l’aise car cela lui rappelait trop sa sœur. Mais visiblement pour le moment elle préférait vivre dans l’espace de sa sœur en redevenant elle-même plutôt que de tout changer tout de suite… Nate ne désapprouvait pas cette décision, au contraire, si elle changeait les choses doucement et petit à petit tout le monde de sa petite famille s’y habituerait mieux. Il sourit donc pour approuver sa décision. Lorsque la jeune femme revint sur sa culpabilité, sur sa responsabilité dans l’accident, il fut apaiser d’entendre qu’elle ne le tenait pas ou plus pour responsable du meurtre de sa sœur et même si lui s’en sentait toujours autant responsable, cela lui faisait du bien d’entendre de la jeune femme que c’était à son meurtrier qu’il fallait en vouloir et non pas à lui. C’était peut être le début de quelque chose pour Nate, le début de l’acceptation qu’il n’était pas fautif dans la mort de sa femme… Une conclusion qui mettrait tout de même longtemps à faire son bout de chemin et à raisonner juste dans la tête du jeune homme qui n’était pas prêt à totalement l’accepter. « Je sais ce que la tristesse fait ne t’inquiètes pas… Je sais aussi que c’est dur d’en parler, dur de le faire à des personnes qui ne peuvent pas comprendre car personne ne peut comprendre totalement la situation de chacun mais il faut qu’on communique un minimum maintenant pour que cela ne se reproduise pas… » Pour le bien de ses fils il avait ouvert son cœur ce soir à la jeune femme et cela lui avait fait du bien. Jamais il n’arriverait totalement à exprimer la peine qu’il avait mais c’était un bon début. Alors qu’il lui parlait de son travail, le premier pied à l’étrier pour qu’elle reprenne sa vie, sa personnalité la jeune femme s’inquiéta de savoir s’il avait des idées pour sa nouvelle vie… Sa réponse n’allait pas être très rassurante mais il était motivé, c’était un bon début. « Je n’ai pas d’idée et je n’ai pas eu d’opportunité c’est pour cela que je n’avais pas eu le courage de démissionner avant… Mais je vais chercher et je vais trouver ! » La jeune femme fit une petite moue et fit part de sa fatigue, une fatigue qui se lisait sur son visage. Elle mit alors son épaule dans le creux de son bras et finit par s’endormir. Le jeune homme sourit en la voyant ainsi et alluma la télévision pour s’assurer qu’elle était véritablement bien endormie avant de s’enlever pour regagner sa chambre. Après quelques minutes il se décida finalement à éteindre la télé et à se retirer doucement calant la tête de la jeune femme au milieu des coussins et la recouvrant de deux petites couvertures qui étaient là et servaient aux jumeaux d’habitude. Il regagna ensuite son lit ne manquant pas de mettre le réveil, pour aller récupérer sa lettre de licenciement mais aussi pour lever Winnie afin qu’elle aille au travail.