Soupire. Dieu que le cours pouvait être lent et ennuyant. Pourtant c’était une véritable passion et ce depuis son plus jeune âge. Il avait toujours su ce qu’il voudrait faire plus tard ou tout du moins il avait toujours eu deux idées précises en tête : musicien ou archéologue … également maître du monde pendant une période mais ça lui était vite passé. Petit, il pouvait passer des heures entières devant un documentaire sur l’histoire sans même que ses deux sœurs aînées ne parviennent à l’agacer assez pour qu’il détourne son attention. Il avait été évident pour lui de se tourner vers l’archéologie une fois le lycée terminé et Mathéo adorait plus que tout les fouilles auxquelles il avait pu participer jusque-là. Néanmoins, ce jour-là l’américain était incapable de se concentrer. Son esprit vaquait ici et là et s’intéressait à des sujets différents les uns des autres. En réalité, il attendait avec impatience la fin du cours et sursauta lorsqu’il sentit son iPhone vibrer dans la poche de son jean. Sortant son téléphone, son pouce glissa et tapota rapidement l’écran pour lire le message envoyé par son meilleur ami : « my place as soon as you can ! » Sourcils légèrement froncés, Mathéo fut d’autant plus heureux de quitter l’amphithéâtre et fila droit en direction de l’appartement où vivait Danjel, s’empressant de monter les marches menant à la porte lorsqu’il fut sur place. Quelques coups donnés et attendant en silence, enfin face au brésilien Mathéo arqua un sourcil avant de prendre la parole. « Qu’est-ce qui se passe ? » Demanda-t-il alors que déjà il entrait dans l’appartement et remarqua sans le moindre mal une valise dans un coin. « La date de la fin du monde a été avancée ? » Ses sourcils toujours froncés, il fit de nouveau face à Danjel. Il ignorait pourquoi mais il avait une étrange sensation de déjà-vu et il savait que s’il lui avait demandé de venir aussi rapidement c’était pour quelque chose d’important bien que Mathéo soit incapable de deviner quoi.

meurtre à coup de gif et gosh j'ai tellement pas l'habitude de faire si petit avec toi

Assis sur son canapé, les coudes posés contre ses genoux, Danjel gardait ses poings serrés l'un contre l'autre, son front calé contre ceux-ci alors que ses yeux restaient fermés. Il attendait la venue de son meilleur ami, de sorte à récolter quelques derniers conseils avant de partir de New York, ce qui était peut-être une erreur. Mais depuis que Sora lui avait annoncé être enceinte de lui, il ne parvenait plus à réfléchir correctement. Son cerveau était en ébullition et, si un jour il était heureux de savoir que sa petite amie attendait son enfant, il se voyait le lendemain hors de lui, complètement abattu par la nouvelle et l'idée des responsabilités qui l'attendaient. Son choix s'était donc porté sur un break de quelques jours, voire plusieurs semaines, le temps pour lui de faire le point et de se ressourcer en Argentine pour trouver une solution adéquate. Quand finalement il entendit frapper à la porte, le brésilien finit par se lever en soupirant et se dirigea jusqu'à l'entrée, jetant un bref regard à sa valise qu'il avait précédemment préparée et qui attendait dans un coin de la pièce. Ouvrant la porte, il se retrouva immédiatement face à Mathéo, qu'il fit entrer sans attendre. « Qu’est-ce qui se passe ? » C'était difficile à dire. Était-il en train de péter les plombs pour avoir décidé de partir ainsi alors qu'il était totalement amoureux de Sora ? Possible. Il espérait que son meilleur ami puisse lui apporter son aide et un peu de lueur pour éclairer son esprit embrouillé. « La date de la fin du monde a été avancée ? » Danjel aurait pu prendre cela comme une plaisanterie, mais à la vue des sourcils froncés de Mathéo, il comprit qu'il était presque sérieux et qu'il s'inquiétait d'avoir aperçu la valise dans le coin de l'entrée. Lui faisant signe de le suivre, le brésilien se dirigea en direction du salon et commença par lui proposer une bière. Passant rapidement par la case cuisine, il revint avec deux bières décapsulées et en tendit une à son meilleur ami avant de se laisser tomber dans un des fauteuils. Se grattant la nuque, il tenta de réfléchir au meilleur moyen d'aborder le sujet, mais il se rendit bien compte qu'il n'y avait rien de mieux que d'aller droit au but, ce qu'il fit. « Sora est enceinte... » déclara-t-il en baissant son regard. Un accident, cela arrivait à beaucoup de monde. Mais il n'avait jamais imaginé qu'il ferait un jour partie de ces jeunes insouciants qui mettaient leur copine enceinte. « Je vais partir un moment chez mes parents. » rajouta-t-il pour expliquer la présence de sa valise, tout en redressant son regard afin de fixer Mathéo, attendant sa réaction avec une certaine réticence.

Il sentait la mauvaise nouvelle arriver. En peu de temps il avait appris à connaître Danjel et surtout à reconnaître les expressions qui se créaient dans le regard du jeune homme. Il lui avait suffit d’un bref coup d’œil vers lui et d’apercevoir la valise dans un coin de l’appartement pour comprendre que, peu importait ce qui pouvait bien se passer, Danjel allait lui annoncer son départ, le tout était de savoir la raison de ce dernier. Considérant avoir posé assez de questions et qu’il était à présent temps pour son meilleur ami de prendre la parole, Mathéo resta silencieux sans dévier son regard un seul instant, restant quelque peu perplexe quant à l’explication qui allait venir. Toutefois, au lieu de s’exprimer directement, le brésilien lui fit signe de le suivre ce qu’il fit sans s’y opposer acceptant également la bière qu’il lui offrit – sentant en son for intérieur qui allait en avoir besoin lui aussi. Assis sur le canapé du salon, l’américain regarda Danjel faire un aller-retour entre la cuisine et la pièce où il se trouvait, puis une fois la bière décapsulée en main, il le suivit du regard tandis qu’il prenait place à ses côtés, attendant de nouveau en silence une explication. « Sora est enceinte... » Boum ! La nouvelle venait d’être comme un électrochoc pour Mathéo. À présent il comprenait mieux l’expression qui avait pris place dans le regard de son meilleur ami, mais également la présence de sa valise. Bouche bée, il fut incapable de formuler la moindre phrase, le moindre mot et se contenta de le regarder comme s’il ne comprenait pas ce qu’il venait d’annoncer. « Je vais partir un moment chez mes parents. » Mathéo resta encore quelques secondes de plus à le fixer avant de secouer la tête de droite à gauche afin de se reprendre tout juste avant de boire une gorgée de la bière qu’il avait entre les mains. « Je vois … » Commença-t-il en se doutant qu’une telle phrase n’allait pas les faire avancer. « Je vais pas te dire que tu fais une erreur, venant de moi ça serait plutôt ironique … je pense même que tu fais bien, ça te permettra de te mettre les idées en place. » Oui, il le connaissait par cœur. Mathéo faisait partie des ces gars qui avaient charrié Danjel lorsqu’il s’était mis officiellement avec Sora et plus que n’importe qui il comprenait parfaitement son envie de fuir au plus vite pour avoir ressenti la même chose après la naissance des jumeaux de Chuck. « Mais tu devrais la prévenir avant Dan, elle risque déjà de pas aimer, je pense pas que tu tiennes à ce qu’elle te déteste encore plus. » Oh, elle allait le haïr mais Mathéo préférait éviter de souligner ce point, il savait être là pour soutenir son meilleur ami et non pas l’enfoncer.

La réaction de Mathéo fut imminente. En même temps, comment aurait-il pu rester passible en apprenant une telle nouvelle ? Il connaissait le brésilien par coeur et ne s'était pas gêné pour le charrier au moment où il s'était officiellement mis avec Sora, le connaissant comme un charmeur incapable de tenir en place. Alors lui, devenir père... c'était un peu la palme d'or de la blague sur ce coup. C'était en réalité beaucoup trop de responsabilités d'un coup : Danjel faisait déjà des efforts pour être digne de l'amour de sa petite amie en apprenant à rester fidèle (ce qui n'était pas une mince affaire pour un Don Juan comme lui). Lui demander de prendre des responsabilité en tant que parent était trop lui demander, pour l'instant du moins. La nouvelle l'avait frappé comme un coup de tonnerre et il n'avait pas trouvé d'autre solution que de fuir de New York pour aller mettre de l'ordre dans ses idées sur son continent d'origine. « Je vois … » La réaction de son meilleur ami était lente, car calculée. Danjel le connaissait pour toujours vouloir faire au mieux afin de l'aider, il respectait donc le temps qu'il mettait à trouver les mots justes. Et quels mots justes ! « Je vais pas te dire que tu fais une erreur, venant de moi ça serait plutôt ironique … je pense même que tu fais bien, ça te permettra de te mettre les idées en place. » Savoir que Mathéo était de son côté le soulageait quelque peu. Se sentir soutenu était toujours plus agréable et encourageant que d'être rabaissé et pour ça, Danjel adressa un demi-sourire à son meilleur ami pour le remercier. Après tout, il était vrai qu'il était le mieux placé pour le comprendre étant donné ce qu'il avait vécu à la naissance de jumeaux de Chuck, et donc le moins bien placé pour lui faire la morale. « Mais tu devrais la prévenir avant Dan, elle risque déjà de pas aimer, je pense pas que tu tiennes à ce qu’elle te déteste encore plus. » Il avait raison. Le concerné hocha de la tête positivement et porta sa bière à ses lèvres pour en boire une gorgée. « Je vais le faire... » répondit-il en ayant la réelle intention d'appeler Sora avant de partir. Même s'il ne voulait pas être confronté à ce moment où, il le savait, la guatémaltèque allait lui demander de rester et se retiendrait certainement de fondre en sanglot, il le ferait. Par respect pour elle premièrement, mais aussi parce qu'il en était beaucoup trop amoureux pour l'abandonner comme un vrai lâche. Soupirant en baissant la tête comme si l'univers s'abattait sur ses épaules, Danjel se sentit faiblir face à son meilleur ami. Il avait tendance à se montrer insensible, mais devant Mathéo, impossible pour lui de jouer ce jeu. « J'ai tellement peru de la perdre avec ces conneries... je suis censé faire quoi ? » demanda-t-il désespérément en redressant sa tête pour plante un regard noyé de détresse dans celui de l'américain. Il était à la dérive, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps, et il aurait aimé avoir une personne capable de lui dicter le bon choix à prendre, chose qui était tout bonnement impossible..

Mathéo comprenait tellement le désarroi qui pouvait gagner son meilleur ami. Bien sûr, la situation à laquelle il avait été confronté l’année précédente n’était pas tout à fait la même que celle à laquelle Danjel faisait face mais elle comportait tout de même un bon nombre de similitudes. Tous les deux éprouvaient cette sensation de ne pas être du tout prêts à faire face à de si grandes responsabilités que celles qu’impliquait le fait de devenir parent. Ils étaient tout de même assez jeunes, en plein dans leurs études et avec l’avenir devant eux et pourtant, à chaque fois l’annonce d’une naissance à venir faisait peur, elle donnait l’impression que toutes les possibilités d’avenir disparaissaient, que toutes les portes allaient se fermer alors que parvenir à ses fins avec en plus un enfant à charge était ce qu’il y avait de plus honorable. C’était ce que l’américain avait fini par comprendre lorsqu’il était parti en Égypte à la fois pour ses études, mais aussi pour réfléchir, cependant il doutait que sa vision des choses soit d’une grande aide pour le brésilien, pas alors qu’il était si perdu et qu’il s’efforçait déjà de rester aussi fidèle que possible pour la femme qui l’aimait et qui, clairement, l’avait changé. Toutefois, même si Mathéo considérait que son meilleur ami devait en effet partir pour prendre du temps afin de réfléchir, il fut incapable de passer sur le fait qu’il devait prévenir sa petite amie avant de le faire. Lui-même l’avait fait par le biais d’une lettre et même s’il aurait préféré le faire de vive voix, il avait tout de même été un minimum respectueux et sincère envers Chuck. « Je vais le faire... » Le jeune homme opina du chef et but une nouvelle gorgée de bière. Il n’appréciait guère le fait de voir Danjel si perdu, pas alors qu’il avait toujours eu l’air si sûr de lui, y compris lorsque tous leurs amis lui avaient déclaré qu’il ne tiendrait jamais longtemps avec Sora. « J'ai tellement peur de la perdre avec ces conneries... je suis censé faire quoi ? » Doucement, son regard avait fini par dévier vers le bas et sa tête s’était également baissée. Lui-même n’aurait jamais cru capable Danjel de s’attacher aussi sincèrement à une femme, pas en connaissant son passé avec la gente féminine, mais Mathéo était aussi bien placé pour savoir ce qu’une seule personne pouvait changer chez quelqu’un. Il releva alors la tête et lui adressa un léger sourire pour tenter de lui apporter un minimum de soutien. « Je te proposerais bien de garder un œil sur elle, mais je pense qu’elle va refuser de me voir et … il est probable que tu ais à me supporter à Buenos Aires. » Mathéo avait presque oublié ce détail qui lui était revenu en mémoire lorsqu’il avait été question du départ de Danjel. Lui-même – et uniquement pour ses études cette fois-ci – devait s’envoler en Argentine pour une ou deux semaines. « Elle t’aime … je doute que tu la perdes mais sincèrement partir est la meilleure solution pour vous deux, t’as besoin de savoir où tu en es, de savoir ce que tu veux et Sora dans les parages ça ne t’aidera absolument pas. » Heureusement que cette dernière – ou que sa propre petite amie – n’était pas dans le coin car l’américain était persuadé qu’il s’en serait rapidement pris une, cependant il était sincère et conscient d’avoir raison.

Faisant rouler sa bouteille de bière entre ses paumes, le regard de Danjel restait suspendu dans l'air, presque vide d'expression. Il avait l'impression d'être enfermé dans une transe désagréable sans savoir comment s'en sortir. Sur ce coup, il était vraiment soulagé de pouvoir compter sur son meilleur ami. Il avait toujours été là pour le soutenir, mais c'était la première fois qu'il faisait réellement appel à son aide, s'en étant toujours sorti seul. Pour ce coup, il était réellement perdu et n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait faire. Mathéo -en plus d'être son meilleur ami- était très bien placé pour le conseiller étant donné qu'il avait lui aussi dû faire face à la grossesse de Chuck il y a quelques temps. Et, quand bien même il n'avait pas manqué de le taquiner gentiment quand il lui avait annoncé être en couple avec Sora, il l'avait toujours encouragé, sachant pertinemment que la guatémaltèque comptait pour lui, bien plus que n'importe quelle femme avait pu compter dans sa vie. « Je te proposerais bien de garder un œil sur elle, mais je pense qu’elle va refuser de me voir et … il est probable que tu ais à me supporter à Buenos Aires. » Laissant un rire crispé souffler entre ses lèvres serrées, Danjel finit par redresser son regard sur le jeune homme en fronçant ses sourcils. Le supporter à Buenos Aires ? Il ne lui avait jamais parler de s'envoler pour l'Argentine, il se voyait donc surpris et ne manqua pas de lui demander des explications, à sa manière. « Quoi ? » D'un côté, si Mathéo pouvait s'envoler avec lui pour l'Amérique du Sud, il n'allait certainement pas le refuser. Devoir affronter ses parents en leurs racontant ce qu'il traversait n'allait pas être simple, et il allait certainement avoir besoin du soutien d'un vrai ami, pour cette confrontation et pour la longue réflexion qu'il allait avoir concernant Sora. « Elle t’aime … je doute que tu la perdes mais sincèrement partir est la meilleure solution pour vous deux, t’as besoin de savoir où tu en es, de savoir ce que tu veux et Sora dans les parages ça ne t’aidera absolument pas. » Baissant la tête, Danjel laissa s'échapper un long soupir. Il avait raison : rester à New York près d'elle n'allait pas les aider à réfléchir. Et elle l'aimait, il en était certain... mais était-ce suffisant pour qu'elle le laisse partir quelques temps à Buenos Aires ? Il en doutait. « Je sais... » souffla-t-il en passant une main dans sa nuque, son autre main tenant fermement sa bière. Il finit par redresser la tête et avala une gorgée de sa boisson avant de fixer à nouveau Mathéo, le regard brillant d'une lueur de douleur. « Mais j'ai tellement peur que ça... l'anéantisse... » C'était ça qui le faisait douter. Sora avait déjà traversé tellement d'épreuves, avait tellement souffert et lui avait toujours été présent pour la soutenir et l'aider à aller de l'avant. Mais qu'allait-il en advenir maintenant qu'il était la source du problème, celui qui allait la faire souffrir ? La laisser seule sans personne sur qui compter était la pire chose qu'il pouvait lui faire subir, il en était conscient. « Je suis largué... complètement. Je sais que ça nous permettra de réfléchir et de ne pas prendre de décision à la légère... mais elle est tellement fragile... j'ai pas envie d'être celui qui la fait souffrir une fois de plus... » déclara-t-il d'une voix cassée. Oui, il était perdu, tiré entre son besoin de solitude pour réfléchir et son amour pour Sora. Partir pour son bien ou rester pour celui de Sora ? Le dilemme était trop dur à résoudre.

Il y a toujours des situations dans la vie qui nous mènent à se demander quelle décision prendre et si celle choisie est la bonne. À vrai dire – et selon Mathéo – il n’existait jamais de vraies bonnes décisions, qu’une soit choisie plutôt que l’autre menait toujours à déplaire à quelqu’un si bien qu’il en était venu à se convaincre qu’au final le mieux était de parfois être égoïste et se faire passer avant tout le reste. C’était ce que lui-même avait fait lorsqu’il n’avait pas eu la moindre idée du chemin à prendre concernant son couple et son avenir. Il avait été tellement paniqué à l’idée des responsabilités qui l’attendaient avec la naissance que les jumeaux qu’il avait eu ce besoin de partir loin pour réfléchir. Certes, il avait regretté rapidement d’avoir abandonné Chuck de la sorte, mais ça lui avait tout de même permis de savoir ce qu’il devait faire et où il en était, ce dont Danjel avait clairement besoin. « Quoi ? » Son regard se posa sur son meilleur ami tandis qu’il amenait une nouvelle fois sa bière à ses lèvres pour l’en vider de son contenu en opinant du chef avant de prendre la parole. « C’est pour les cours, une petite semaine sur un site archéologie … alors si je peux faire d’une pierre deux coups, autant sauter sur l’occasion. » Mathéo était incapable de refuser de partir à la découverte de civilisations perdues, pas lui le mordu d’histoire. Et si en plus il pouvait s’assurer d’être un soutien pour Danjel une fois en Argentine, c’était bien évidemment un plus. Repartant ensuite sur le plus important, l’américain s’efforça de tenter de remonter le moral de son meilleur ami et de faire taire un minimum l’angoisse qui était visiblement en train de le ronger, du moins Mathéo fit de son mieux. « Je sais... Mais j'ai tellement peur que ça... l'anéantisse... » Un sourire désolé étira le coin de ses lèvres. Il aurait aimé lui dire qu’il comprenait et trouver les mots justes, mais en réalité ce n’était pas le cas car il savait à quel point Sora pouvait être fragile. « Elle est forte, plus qu’on le croit. » Se risqua-t-il finalement. Il ne connaissait pas Sora comme Danjel la connaissait, mais les rares fois où il avait vu la jeune femme semblaient lui suffire à se convaincre lui-même qu’elle serait capable de tenir, après tout ne s’en était-elle pas sortie toutes ces années ? « Je suis largué... complètement. Je sais que ça nous permettra de réfléchir et de ne pas prendre de décision à la légère... mais elle est tellement fragile... j'ai pas envie d'être celui qui la fait souffrir une fois de plus... » Mathéo termina sa bière qu’il posa ensuite sur la table basse et reporta son regard en direction de son meilleur ami, une légère moue prenant place sur son visage tandis qu’il massait sa nuque. « Seulement si tu restes ça sera uniquement pour elle et même si c’est égoïste, il faut aussi que tu penses à toi et pas que tu vives que pour elle, ça ne sera jamais bon. » S’il avait pu se permettre, l’américain se serait risqué à faire une plaisanterie sur le fait que, pour une fois, il ne cessait de prononcer des paroles sages, mais Mathéo préféra rester silencieux et être un tant soit peu sérieux.