Je m'étais réveillé avec une drôle d'envie de biscuits au beurre salé. Sur le coup j'avais trouvé ça assez bizarre de vouloir manger ça au petit déjeuner, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes. Il faut dire que je suis du genre à avaler un petit déjeuner typiquement anglais le matin. C'était une vieille habitude qui datait de mon enfance. Non pas que je sois d'origine anglaise, mes parents m'ont toujours habituée à manger ce type de nourriture le matin... J'avais réfléchis un bon quart d'heure, les genoux repliés, roulée en boule sous ma couette. En ce moment, n'importe quoi était une bonne excuse pour rester un peu plus sous la couverture, dans la tiédeur de ma chambre. Le problème venait seulement quand je regardais les chiffres rouges de mon réveil, et que je me rendais compte qu'il était impossible que je dise à mon patron que j'avais eu besoin d'un quart d'heure pour réfléchir à mon envie de biscuit bretons. Déjà il aurait cru que je me fichais de lui, et en plus je n'aurais jamais osé. Donc je m'étais lentement extirpée de mon lit et j'avais posé les pieds sur le parquets froid, le cerveau encore embrumé par un profond sommeil. C'était peut-être à cause de l'hiver qui enveloppait New York ou à cause de mes trois mois de travail acharné, mais en tout cas, j'étais épuisée et chaque matin se lever devenait un combat difficile à gagner.
Le pire, c'était que prendre les transports en communs étaient un façon certaine de me mettre en retard avec tout les embouteillages qui bouchaient les rues. Donc j'étais obligée de prendre mon vélo pour aller au travail. Non pas que je ne sois pas sportive, mais avec le froid du dehors, combiné au vent que je me prenais dans le visage, c'était devenu très désagréable. Mais j'avais pris mon courage à deux mains et j'avais enfourché le vélo rouge, posant mon sac dans le panier en métal accroché devant. J'avais pédalé comme une folle pour arriver à temps au bureau, mais j'avais réussi à me prendre tout les feux rouges sur la route, et j'étais arrivée avec une bonne dizaine de minutes en retard. C'est dans le hall d'entrée des bureaux Greenwalt que je repensai à ce début de matinée raté, comme souvent depuis les deux dernières semaines. Je montai dans l'ascenseur, et appuyais mollement sur le bouton à côté du chiffre 6. La cabine fut secouée un instant, avant que je la sente monter. L'ascenseur s'arrêta, et les portes se rouvrirent, inondant l'étroite pièce d'une lumière éclatante. Je marchais rapidement dans le couloir désert, tout le monde était déjà dans son bureau ou occupé en réunion, je me précipitais dans le bureau de mon patron, sans même penser à frapper. "Excusez-moi pour mon retard" je baissais les yeux tout en cherchant une excuse. Je sentis le rouge me monter aux joues, puis finalement, je lançais le plus gaiement possible. "Mon réveil n'a pas sonné..." le réveil avait bel et bien sonné, mais le petit réveil qui attendait dans ma tête de me dire que je me réveille n'avait pas sonné, on peut prendre ça comme un demi-mensonge, du coup...