« Votre rendez-vous de quinze heures a été annulé. Monsieur Chang me fait vous dire qu’il aimerait vous rencontrer concernant le projet d’hôtel à Hong Kong… Ah oui maître Stevenson a appelé concernant votre affaire privée. Le dossier avance mais il aurait besoin d’un peu plus d’éléments pour consolider les charges. » m’annonça mon assistante d’un ton très professionnel. Elle était aussi efficace que discrète chose que j’appréciais et le fait qu’elle est presque le double de mon âge n’était pas pour me déplaire. Au moins, je n’aurais pas envie de coucher avec elle. Nous nous mîmes sur les dossiers en cours puis, elle me laissa pour regagner son bureau. Je n’avais jamais imaginé combien ce travail me plairait. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. A peine sorti de prison, j’étais propulsé dans ce monde aux codes si bien établis mais à force de patience, j’avais commencé à m’y faire. Je n’aimais bien sûr pas les mondanités mais le travail de terrain me plaisait réellement. Père, d’ailleurs, en me voyant si acharné à la tâche, commençait sérieusement à revenir sur cette idée de mariage. « Si seulement, il pouvait simplement l’oublier » soupirais-je en m’enfonçant dans mon confortable mais néanmoins hors de prix, fauteuil en cuir.

« Monsieur. Une certaine Mlle Lewis désire un entretien impromptu avec vous. » m’annonça la voix de mon assistante par l’interphone. Ce nom me disait quelque chose. Ah oui, l’organisatrice du mariage de mon meilleur ami. Un des rares que j’avais gardé de mon passé. « Faites-la entrer dans une quinze de minutes je vous prie Suzanne » lui répondis-je. « Bien monsieur ». Sans plus m’attarder sur le cas de cette femme, je me replongeais dans les plans du futur hôtel d’Hong Kong si bien que le quart d’heure passa rapidement et je relevais la tête quand une furie rentra dans mon bureau. « Votre choix était contestable. Ces musiciens avaient autant de talent qu’une huitre n’a d’intelligence. Faites donc votre travail un peu mieux et je n’aurais pas à perdre mon temps à réparer vos erreurs ou vos manque de jugement » lui répondis-je aussi calmement que froidement. Diable, c’était une harpie et non une romantique qu’ils avaient engagé. Enfin que j’avais engagé sous les recommandations express de la mariée. Toutefois, elle était furieusement belle et je me surpris à l’imaginer au lit. Avec le caractère qu’elle avait, cela devait être une véritable tigresse.

Mlle Lewis que j’imaginais être une petite souris blanche amoureuse de film à l’eau de rose et qui me filait déjà des boutons rien que d’y penser, se révélait être une femme des plus attirantes pour ma libido libérée. Ajoutez à cela que la colère la sublimait. Je me demandais si je pouvais la rendre encore plus en colère qu’elle ne l’était à l’heure actuelle. Hum c’était quelque chose à méditer mais néanmoins, je n’avais pas énormément de temps à perdre aujourd’hui. Peut-être une prochaine fois. De toute de manière, ce n’est pas comme si elle allait m’échapper, elle devait l’organiser ce foutu mariage. Dire que mon pote acceptait de se laisser passer la corde au cou ! La femme qui arriverait à cet exploit avec moi, n’était pas encore née. « Ne sous-estimez pas les capacités d’une huitre Mr Wolf. La vie apporte souvent bien des surprises. » répondit-elle avec aplomb. « Quand à mon manque de jugement je serais ravis d’entendre vos suggestions. Il est évident que s’y connaitre en musique est une des grandes qualités des directeurs hôteliers de nos jours et que vous devez mieux vous y connaitre que moi. » Je ne pus m’empêcher de sourire ironiquement. Si elle savait que le directeur hôtelier était barman la nuit et donc était au courant des dernières nouveautés musicales sur le marché… Je n’avais qu’une chose à dire : merci de bosser dans un bar qui fait office également de petite salle de concert privée. « Mademoiselle Lewis, vous avez la langue bien pendue, je dois bien vous l’accorder mais les personnes bourrées de préjugés et d’apriori ne sont pas ma tasse de thé donc je vous prierais de garder pour vous votre… manque de jugement » lui répondis-je tout simplement en croisant les bras sur mon torse pour la toiser avec tout le mépris que j’accordais aux gens. « Sachez simplement que j’ai pris le temps d’écouter le groupe que vous avez engagé et que leur registre est d’un ennui terrible surtout connaissant les goûts musicaux de mon ami. Je sais que sa femme veut le mariage de ses rêves mais n’est-il pas juste que mon ami puisse également prendre plaisir au cours de la soirée ? » Lui demandais-je tout en la jaugeant du regard avant d’ouvrir un tiroir de mon bureau et de sortir un dvd que je lui lançais. « Ecoutez ce groupe. Ils font partie de la nouvelle scène de New York, vous m’en direz des nouvelles. Il y a une TV dans ce meuble derrière vous » l’informais-je avant de me replonger dans les plans du dernier hôtel du groupe sans lui accorder plus d’attention que ça.

Allais-je l’étrangler ? Ou tout simplement la renvoyer de mon bureau ? Bordel, elle ne pouvait pas prendre mes critiques pour argent comptant et retourner faire son travail au lieu de me déranger dans le mien ? Mais non, mademoiselle était du genre têtu et elle avait le toupet d’insinuer que je ne connais pas mon meilleur ami ? C’était la meilleure mais encore une fois, elle prenait la défense de l’épouse. Ce n’était pas de sa faute si on ami avait été castré par sa future épouse ? C’était malheureux de le voir tout dégoulinant de bons sentiments à chaque fois qu’ils se décidaient de sortir en ville pour parler un peu. Je n’aimais pas l’amour et encore moins les gens amoureux alors une bonne femme qui gagnait son pain en mariant les autres non… C’était trop pour moi ! Toutefois, l’homme d’affaire que j’avais appris à devenir gardait son calme. Avec le recul, je devais avouer qu’elle était rafraîchissante. Ce n’était pas tous les jours que je tombais sur quelqu’un qui me tenait tête. Diantre, elle était même sexy si on passait outre son caractère instable ! « Il est vrai, que je ne connais pas vraiment l’homme castré qu’il est devenu. Je trouve cela répugnant qu’un homme s’abaisse autour pour une femme qui ne songera qu’à une seule chose : sa paie à la fin du mois » soupirais-je tout en me laissant aller contre le large dossier de mon fauteuil en cuir pour mieux l’observer. Elle était belle. Pas une beauté froide comme les mannequins que je mettais régulièrement dans mon lit mais mignonne. « Enfin peu importe ! Je n’ai pas envie de me faire chier à ce mariage même si, soyons honnête, j’ai plus de chance de gagner au loto que de m’amuser ce jour-là » lui répondis-je tout en sortant un DVD d’un de mes tiroirs pour le lui lancer. Au moins, occupée comme le serait, je pourrais reprendre l’étude des plans de mon futur hôtel. Le premier que je ferais naître en tant que président du groupe hôtelier fondé par mon père. Seulement, à peine avais-je baissé la tête sur les papiers éparpillés que la télévision s’éteignait et qu’elle me regardait comme si ce serait réellement une catastrophe d’engager ce groupe. Je fronçais les sourcils. Ce groupe était souvent venu jouer dans le bar où je bosse en tant que barman et ils m’avaient fait une bonne impression… « Oui ils jouent à New York. Je peux savoir ce qu’il se passe ? Vous avez l’air d’avoir vu un fantôme… et pas de mensonge sinon ce groupe est engagé d’office. Vous êtes peut-être l’organisatrice du mariage mais c’est moi qui règle l’addition au final donc j’ai tout à fait la latitude d’engager ce chanteur » lui expliquais-je froidement tout en me levant pour contourner mon bureau et m’y appuyer, les mains dans les poches de mon pantalon tout en ne la lâchant pas du regard.

Quel agréable revirement de situation ainsi cette femme était capable d’être prise au piège comme une vulgaire souris blanche ? Malgré moi un sourire carnassier prit place sur mes lèvres. C’était si tentant de jouer avec ses nerfs, de la voir perdre ce petit air de sainte ni touche que rien n’agace. Etait-elle aussi volcanique que je le pensais ou était-elle comme ses riches femmes qui arrivent à vous insulter tout en gardant le sourire ?! Je penchais pour la première solution. Cette femme avait du caractère mais elle ne s’autorisait apparemment pas à le laisser filtrer sous la couche de glace. Je voyais déjà un beau « défi » s’afficher sur son front. Je la voulais à présent avec une telle intensité que je restais au départ sans réaction. C’était peu souvent que je me retrouvais devant un tel cas de figure. Mon meilleur comptait sur cette femme pour organiser le mariage parfait pour sa future femme et lui et je m’imaginais pas lui dire : Excuse-moi mec, je n’ai pas pu m’empêcher de m’envoyer en l’air avec ton organisatrice ! Bien sûr, elle a démissionné car elle ne veut plus avoir à faire à moi. Malgré moi, la déception fut aussi grande que fulgurante. Cette femme m’était inaccessible du moins tant que ce foutu mariage n’aurait pas eu lieu mais après ?! Après, j’aurais toute latitude pour séduire et la faire crier de plaisir mais pour l’heure, je comptais la faire simplement crier de colère. « Je salue vos efforts et l’argument ! Vous devriez éviter de jouer au poker, le bluff ce n’est vraiment pas pour vous chérie » lui répondis-je avec un sourire moqueur. Piètre menteuse la demoiselle mais toujours aussi diablement attirante avec ses hanches pleines, ses petites mimiques adorables qui devaient rendre plus d’un homme fou de désir. « Si vous me donniez la véritable raison… Sans cela, je ne vois pas ce qui m’empêche de les engager pour le mariage. Ils sont vraiment bons en dépit de ce que vous pensez et le chanteur… comment dire ! Enfin vous voyez certainement ce que je veux dire non ? » lui demandais-je tout en jouant avec elle. Apparemment, il y avait quelque chose en lien avec ce fameux chanteur. Sinon, elle n’aurait pas insisté sur lui auparavant en disant qu’il était vraiment nul et en le maquant avec la future mariée. Un ex-amant ? Plausible ! Dans ce cas-là, je n’engagerai jamais ce groupe car il était hors de question qu’elle m’échappe et encore moins pour les bras d’un pauvre chanteur qui commençait à peine à percer dans le milieu. Non, cette femme serait à moi aussi longtemps que je le désirerais et je ne partageais aucunement mes possessions. « Toutefois, je suis prêt à me résigner à subir le groupe que vous avez choisi mais il me faudra une compensation chérie… » Lâchais-je tout en la déshabillant du regard, les bras toujours croisé contre mon torse.

Décidément cette femme me plaisait de plus en plus. J’avais presque envie de l’attirer à moi pour la réconforter entre mes bras. Bordel, j’avais vraiment pensé à la prendre dans mes bras comme un vulgaire amoureux transit ? Non, je la voulais simplement offerte à mon bon plaisir, gémissante, me suppliant de la prendre encore et encore. Voilà c’était beaucoup mieux. Nettement même. Toutefois, cette absurde pensée ne cessait de m’obséder. J’avais envie de la protéger de tout et de n’importe quoi à commencer par moi. Décidément, il était temps que je sorte la nuit pour autre chose que bosser sinon j’allais perdre la tête car le jour où Dillon Wolf se montrera tendre et amoureux avec une femme, les poules auront des dents. Non, cette femme n’était qu’un défi de plus dans ma vie et s’il me prenait l’envie de la serrer tendrement contre moi, c’était simplement dans le but de mieux la séduire. Voilà. J’avais enfin une réponse concrète à cette lubie passagère. Du moins, cette petite voix continuait de me tarabuster l’esprit avec ses idées à la con. En tout cas, il était plaisant de voir son air de biche traquée tandis qu’elle plaquait ses mains sur ses seins en vierge effarouchée. Suivant les mouvements de ses bras, je ne pus m’empêcher de remarquer la rondeur de ses seins tentateurs. Bordel, savait-elle l’effet qu’elle produisait chez les hommes ?! Cela devrait d’être interdit d’être autant désirable ! « Sachez ma chérie » commençais-je en appuyant volontairement sur le surnom affectueux que je lui avais donné pour l’agacer avant de poursuivre « que je n’ai aucun mal à séduire les femmes… et si vous tenez pas à ce que je vous prouve que ce sont bien les femmes qui m’attirent, je vous prierai de ne jamais insinuer que je suis homosexuel. Je n’ai rien contre eux mais cela ne fait pas partie de mes préférences sexuelles » . Comme pour appuyer mes propos, je laissais à nouveau mon regard s’attarder sur son corps désirable, appréciant de plus en plus le tableau qu’elle m’offrait. Une simple question effleura mon esprit : Rougissait-elle quand on lui faisait l’amour ? Cette question méritait une réponse et je comptais bien l’obtenir.

Quand elle parla peu après du contrat, j’arquais un sourcil, l’air intrigué. « Et qui me prouvera que vous me direz bien la vérité ? Vous m’avez bien menti il n’y a pas plus de deux minutes. Comment pourrais-je vous faire confiance Mademoiselle Lewis ? C’est un marché de dupe que vous me proposez » lui répondis-je tout en me rapprochant d’elle, la faisant ainsi reculer jusqu’à ce qu’elle tombe assise sur l’élégant canapé en cuir noir. « J’ai plutôt autre chose à vous proposer. Accordez moi toute une soirée en votre compagnie loin de l’organisation du mariage et en contrepartie, je n’engagerai pas ce groupe » lui proposais-je en m’asseyant sur la table basse devant elle. « Et là, j’accepterai de vous signer ce bout de papier » . J’affichais un sourire mi- taquin, mi- moqueur. Cette femme serait à moi. Elle n’imaginait pas à quel point, elle s’était jetée dans la gueule du loup en venant de trouver dans ma tanière.

L’honneur n’avait jamais permis à un homme de manger à sa faim. J’étais bien placé pour le savoir puisque c’était mon honneur qui m’avait conduit en prison. Si Chiara n’avait pas été enceinte et si j’avais pu trouver un boulot acceptable, jamais je ne me serais compromis dans ce foutu braquage de banque. Et surtout, je n’aurais jamais été trahi. Tu parles de l’honneur. Personne n’était capable d’une telle valeur, il fallait être honnête. Miss Lewis aussi honorable qu’elle semblait l’être ne serait-elle pas soumis aux mêmes bassesses face à un cas critique ? Assurément. Je n’avais même aucun doute tant je n’avais aucune considération pour mes semblables. L’espèce humaine n’avait aucune valeur, c’était la loi de la jungle qui prédominait les rapports sociaux et cette belle biche l’apprendrait à ses dépends quand elle passerait entre mes draps. Je tiquais toutefois au surnom des plus débiles dont elle venait de m’affubler. Finalement, ce n’était pas la séduire que j’allais faire mais belle et bien la tuer surtout si elle osait me ressortir ce surnom débile à souhait. « Chérie… Ne jouez pas avec le feu » marmonnais-je avant de sourire à sa réponse. « Rendez-vous galant ? Je ne pensais pas avoir parlé en ces termes. J’ai simplement demandé une soirée en votre compagnie. J’avoue que j’avais en tête de faire le tour des scènes musicales de New York pour vous prouver que j’avais du goût en matière de musique mais si vous désirez un rendez-vous galant… c’est comme bon vous semblera mademoiselle Lewis » rétorquais-je avec un sourire de plus en plus taquin.

Malheureusement, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me sorte qu’elle avait besoin d’une babysitter. Aussitôt une alarme interne résonna à mon esprit. Je ne donnais pas dans les mères de famille. Oh non ! C’était beaucoup trop de complication car le plus souvent, elles recherchaient des hommes « assurance vie » pour le bien de leurs gnomes. « Attendez une minute… Vous avez un enfant ? » Lui demandais-je soudainement calmé dans mon désir. Il était hors de question que je fornique avec une femme mère célibataire à moins qu’elle ne fût pas célibataire. « Vous êtes mariée ? » ajoutais-je dépité. J’avais peut-être beaucoup de défaut mais je ne couchais ni avec les mères célibataires ni avec les femmes mariées. C’était une question de survie. Seulement, allez dire cela à mon désir. Ce dernier n’avait de cesse de la réclamer à corps et à cris. Décontenancé, je me relevais pour me diriger vers mon bar personnel, histoire de reprendre pied sur terre. La savoir prise par un autre me rendait fou de colère mais je devais me faire une raison : elle n’était réellement pas pour moi. « Voulez-vous boire quelque chose ? » marmonnais-je à son égard avant de me servir un verre de scotch.

Bien sûr que c’était un crime d’avoir un enfant ! Je ne couchais jamais avec des mères de famille non merci, je n’étais pas fan des gosses et encore moins des complications. Bien sûr, j’étais hypocrite ayant moi-même un enfant avec Chiara. Enfin, dans ce cas précis, je me faisais plus l’impression d’être un donneur de sperme qu’un père. Je n’avais jamais connu mon fils et je ne le connaitrai certainement jamais à moins que je mette mon plan à exécution et fasse de la vie de Chiara un enfer sur Terre. En réalité, plus le temps passait et plus l’idée de me venger d’elle me paraissait totalement dérisoire. Non, c’était à James que j’en voulais le plus et lui, il allait payer au-delà des mots. Pour l’heure, j’étais trop occupé avec Miss Lewis et ses douze marmots. Bordel douze ??! Je clignais des yeux, essayant de me persuader que j’avais mal entendu mais la détermination que je lisais dans son regard me prouvait le contraire. « Bordel mais vous êtes une poule pondeuse ou quoi ? Vous ne connaissez pas le mot contraception ? » Lui demandais-je avec mon tact habituel mais ce qui changeait de d’habitude, était mon ton plus incrédule que méchant. En réalité, j’étais tellement estomaqué qu’une femme aussi jeune soit la mère de douze enfants que j’en restais sur le cul. Dire que je la prenais pour une sainte ni touche, voilà que madame couchait avec tellement de monde qu’elle avait réussi à tomber en cloque douze fois ! Un exploit en soi. Néanmoins, bien que je sois déçu d’apprendre cette information, mon désir pour elle n’avait pas diminué d’un iota. J’étais bien dans la merde. « Et du hum. Même homme ? » Demandais-je un peu hagard. Mine de rien, je sentais comme un aiguillon de jalousie derrière mes mots. Elle se refusait à moi alors qu’elle avait partagé le lit de bien des hommes à moins que ce ne soit le même. Mais bon sang, quel homme sensé serait prêt à donner douze enfants à une femme ? Certainement pas moi ! Il était hors de question d’une que j’épouse une femme et de deux que je lui fasse un gosse. Non merci !

Reposant mon verre de scotch qu’heureusement je n’avais pas bu, j’ouvrais une bouteille d’eau pétillante et la but directement au goulot. J’avais besoin de remettre mes pensées en ordre. Je lançais toutefois un coup d’œil dégouté à ma bouteille de scotch. Cette femme était définitivement trop dangereuse pour moi. Il ne s’était fallu de peu avant que je ne casse mes huit mois de sobriété pour un moment d’égarement. « Finalement, oublions le deal » lâchais-je avant de faire le tour de mon bureau et secouer la tête. Définitivement, cette femme n’était pas pour moi quoiqu’en pense ma libido. « Je n’engagerai pas ce groupe en échange, vous serez ma cavalière pour une soirée. Avant que vous montiez sur vos grands chevaux, il s’agit de la soirée annuelle que le maire de New York donne en faveur des œuvres de charité. J’ai besoin d’une personne qui sache faire preuve d’un peu de cervelle et qui n’exige pas de m’épouser après. Si vous craigniez pour votre vertu, sachez que ce sera un rendez-vous professionnel si je puis dire. A mon bras, vous toucherez beaucoup de clients fortunés. C’est du donnant donnant » expliquais-je froidement avant de soupirer « je peux vous mettre en contact avec un service de nourrice à domicile » . Que quelqu’un me dise pourquoi je m’entêtais à vouloir passer du temps avec cette femme malgré tout ?! J’étais maso !

Ma libido continuait de se battre avec ma raison et c’était un beau carnage ! Cette femme en si peu de temps avait réussi à tout retourner sur son passage. Avec son air de ne pas y toucher, avec la colère que je sentais sous ses airs froids et de temps en temps à cette lueur de fragilité, elle mettait mes nerfs à vif. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas ressenti ce cocktail explosif d’émotion auprès du sexe opposé. A vrai dire, je ne pensais pas que c’était encore possible. Aussi, il était préférable pour l’un et pour l’autre que je me tienne éloigné de cet aimant à problème surtout qu’elle n’était pas inaccessible. 1. Elle était l’organisatrice du mariage d’un de mes rares amis donc hors de question que de foutre en l’air le tout pour une partie de jambes en l’air même si je soupçonnais que ce serait peut-être une des meilleures de toute ma vie. 2. Elle était mère de famille et pas des moindres, d’une douzaine de gnomes enragés. Or, les enfants et moi, ce n’était pas le grand amour. C’est pas que je ne les aimais pas –enfin j’en faisais pas une folie ; mais je n’avais rien de bon à offrir si ce n’est ma noirceur. Non, je préférais me contenter de ceux qui étaient dans mon Centre pour enfants en difficultés. Au moins eux, je les comprenais. 3. Elle était romantique. Cela se sentait à sa manière d’être, à sa façon d’organiser ce foutu mariage et il était mais hors de question que je finisse dans le lit d’une romantique. C’était les emmerdes assurés !

Non, pour toutes ces raisons, il fallait que je me tienne loin de cette femme mais allez dire cela à ma libido qui se mourait d’envie de la coucher sur la banquette et de l’honorer comme il se devait. Bêtement, j’avais envie de lui prouver que tous ses hommes ne me valaient pas, que j’étais THE amant incontesté et incontestable. C’est pourquoi je m’autorisais une dernière sortie avec elle. C’était une façon comme une autre de jouer les alcooliques anonymes sauf que là, ce serait plutôt les amants anonymes. Je mettais bien de l’alcool dans mon bureau pour me tenter et me prouver que je valais mieux que mon beau-père. Aussi, en la pendant à mon bras toute une soirée, je me tentais et arriverais à ne pas craquer. J’étais fort, volontaire et… il fallait que je me trouve une maîtresse rapidement pour calmer mes ardeurs avant la soirée. Néanmoins, je fus surpris quand elle m’annonça qu’elle n’était simplement que la tutrice. « Toutes mes condoléances » répondis-je laconiquement. Au fond de moi, une certaine petite voix libidineuse sautillait de joie. « Nous nous reverrons à cette soirée. Ma secrétaire prendra contact avec vous pour les détails. Soyez à l’heure et présentable, c’est tout ce que je vous demande » ajoutais-je avant de retourner à mon travail, sonnant par-là que l’entretien était terminé. Il me tardait de croiser à nouveau le fer avec elle et pour une raison inconnue de mes employés, c’est souriant que je continuais cette journée de boulot.

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