SALEM & LOAN ❝ be safe ❞

Est-ce qu’elle était prête à partir … c’était la question qu’on lui avait posé le matin-même et la philippine avait été incapable de répondre quoi que ce soit, elle avait juste sourit dans l’espoir que ça suffise et ça avait été le cas. En réalité, elle était loin de l’être et loin de le vouloir ce qui, la concernant, était bien une première. C’était aussi la première fois qu’elle avait autant peur à l’idée de partir sur un territoire en guerre avec son pays d’adoption – enfin plus ou moins. Il y avait des chances qu’elle ne revienne pas, qu’elle ne puisse plus jamais fouler le sol américain et la jeune femme se sentait paniquer à cette simple pensée. Le fait que ses hormones commencent déjà à faire des leurs ne l’aidait pas non plus, mais elle était parvenue à s’en accommoder même si le fait de pleurer bien plus qu’elle en avait l’habitude lui était insupportable. Il y avait bien trop de choses qu’elle souhaitait faire et dont elle ne faisait que prendre conscience. Elle voulait voir son fils, c’était la première chose qui lui avait semblé être importante. Elle voulait connaître Nolan et rattraper un tant soit peu l’erreur de l’avoir abandonné.

Loan voulait également rayer une bonne fois pour toute son père de sa vie ou du moins faire disparaître ce besoin d’avoir de l’intérêt pour lui. La philippine voulait retourner dans son pays natal quelques temps pour y voir ses grands-parents. Elle voulait rattraper ses erreurs passées et demander pardon à sa sœur pour tout. Malheureusement, étant supposée partir pour l’Afghanistan le vingt-cinq septembre, Loan savait pertinemment qu’elle n’aurait jamais le temps de tout faire et qu’il était probable qu’elle ne puisse jamais le faire. Être pessimiste comme ça ne lui ressemblait pas, c’était toutefois ce qui lui avait permis de trouver le courage d’appeler Salem pour lui donner rendez-vous à Fort Hamilton où elle avait quasiment élu domicile depuis quelques jours. La jeune femme passait son temps sur la base pour s’assurer que tout serait près dans les temps et qu’elle serait parfaitement prête à partir même si ce n’était pas le cas. Pourtant, Loan passa une partie de sa journée dans son bureau à ranger ses papiers et à ranger la pièce tout en s’assurant que tout était déjà parfaitement en ordre avant samedi.

Laissant les heures défiler sans s’en préoccuper, tandis qu’elle avait la tête en appuie sur sa main et son coude posé sur son bureau, la philippine se laissa aller dans ses pensées qui toutes se mirent à tourner sur ce qui risquait de se passer une fois au front et sans parvenir à se retenir la philippine se mit à pleurer comme elle avait l’habitude de le faire en ce moment. En prenant conscience, elle se leva d’un coup de son fauteuil et essaya de se calmer en fouillant dans le meuble derrière elle afin de trouver les mouchoirs qui lui permit de se sécher les yeux en évitant d’étaler tout son maquillage. « Tu voulais me voir ? ». Dans un sursaut, Loan fit face à la porte d’entrée de son bureau et posa les yeux sur Salem qui était arrivée sans qu’elle ne l’entende, ce qui avec ses sanglots n’était pas surprenant. « Oh … euh oui … entre. ». La jeune femme fit le tour de son bureau et passa derrière sa sœur afin de fermer la porte pour qu’elles soient tranquilles et alla reprendre place à son bureau en faisant comprendre à sa jumelle de s’assoir. « Il y a certaines choses dont il faudrait que je te parle. ». Le ton parfaitement calme, Loan se pinça légèrement les lèvres et ravala les dernières larmes qui l’assaillaient. Elle avait besoin de rester aussi sereine que possible face à sa sœur et priait déjà pour ne pas s’effondrer sans prévenir comme quelques minutes auparavant.

Même si elle ignorait comment s'y prendre avec sa sœur pour lui dire tout ce qu'elle tenait à dire avant son départ, Loan allait s'efforcer d'y parvenir. Elle avait les nerfs à fleur de peau depuis quelques jours et le son départ proche n'arrangeait en rien son état. Elle savait qu'elle allait probablement être un soldat exemplaire une fois sur le terrain, qu'elle allait suivre les ordres à la lettre et laisser sa vie personnelle derrière elle, mais la philippine ne s'y faisait toujours. Loan était persuadée que même une fois en vol pour le Moyen-Orient elle ne serait toujours pas consciente de ce qu'elle s'apprêtait à vivre et même si c'était égoïste de sa part elle n'avait pas la moindre envie de revenir totalement bouleversée par l'expérience qu'elle allait connaître là-bas. Le pire était qu'elle ne savait pas du tout pour combien de temps elle allait en avoir et elle espérait ne pas revenir pour cause de blessure, en un seul morceau serait bien mieux, mais ce n'était pas à elle de choisir.

Seulement, Salem présente dans son bureau, la jeune femme devait faire abstraction de tout ça pour se focaliser uniquement sur ce qu'elle avait à lui dire en priant pour que la tension ne monte pas à nouveau entre elles comme ce fameux soir à Coney Island. Loan tenait sincèrement à Salem et la perspective de partir en étant d'autant plus en froid avec elle la rendait malade surtout si elle risquait de ne pas revenir comme de nombreux soldats qui étaient déjà tombés avant elle. Une fois certaine d'avoir ravalé ces larmes qui n'auraient jamais dû être présentes, elle se focalisa sur sa sœur et ancra son regard dans le sien en continuant de trouver le bon moyen de démarrer cette conversation. « Hm ? ». Ramener au présent par la voix de Salem, son regard dévia et Loan se redressa dans son fauteuil en soupirant. Elle n'était vraiment pas douée pour demander pardon et elle avait bien du mal à se lancer, à croire que ces mots allaient lui écorcher la langue alors qu'elle les pensait sincèrement. « Je suis désolée ... pour tout. ». Loan s'humecta les lèvres et croisa nerveusement ses mains pour tenter de rester aussi sereine que possible. « Je le suis pour t'avoir déçu, pour ce que j'ai fait à Caleb, pour avoir abandonné Nolan. Je tiens à toi Salem, je te l'ai peut-être jamais dit ou montrer correctement, mais c'est la vérité et ça me tue qu'on en soit arrivé à ne plus se connaître. Tu es ma sœur, ma jumelle et je ne peux pas cesser de m'en vouloir de t'avoir déçu et de t'avoir perdu. ».

La philippine sentit les larmes revenir l'assaillir et elle mordit l'intérieur de sa joue avec autant de force que possible en maudissant cette nouvelle sensibilité qui commençait sincèrement à l'agacer. « Je ne veux pas partir en sachant que je ne t'aurais pas demandé pardon. Même si tu le fais pas, je voulais te le demander et ... ». La jeune femme soupira lentement en baissant la tête. Son état était catastrophique et Loan était plus frustrée que jamais face à son incapacité de retenir ses larmes. Elle ne pleurait pas, jamais devant les autres et voilà que rien que ses hormones pouvaient faire d'elle une véritable fontaine. De nouveau, elle mordit l'intérieur de sa joue et releva doucement la tête en reniflant pour poser les yeux sur sa jumelle. « Pardon ... je suis juste un peu à cran en ce moment. ». De mémoire, elle n'avait jamais autant demandé pardon à Salem, un évènement qu'elle aurait probablement noté en rouge dans son calendrier si elle avait eu un tant soit peu d'humour, ce qui n'était pas du tout le cas aujourd'hui.

Le fait de savoir qu’elle allait devoir partir en Afghanistan l’avait d’autant plus poussé à revoir sa situation actuelle et faire quelques modifications dans sa vie. Si elle devait ne pas revenir de son déploiement – ce qui était tout à fait probable étant donné ce qui s’y déroulait – Loan tenait plus que tout à faire ce qu’elle pouvait pour se rattraper un tant soit peu avant de partir. Elle avait déjà vu Nolan et la jeune femme devait avouer que le soutien de Caleb ce jour-là lui avait permis de faire diminuer son stress face à son petit garçon de trois ans. Néanmoins, ce petit rapprochement avec son fils était à double tranchant. Si elle était heureuse de pouvoir faire ce dont elle avait rêvé dès la naissance du garçon, elle craignait de trop penser à lui une fois sur le front. Toutefois, cette fois ce n’était pas à ça que Loan voulait penser. Elle voulait se rattraper auprès de sa sœur et ne pas partir en sachant qu’elles étaient toujours aussi en froid même si ses mots risquaient de ne pas y échanger grand-chose. La philippine aurait aussi aimé ne pas être aussi à fleur de peau qu’elle pouvait l’être dernièrement. Pleurer devant autrui ne lui ressemblait pas, pas même devant sa propre jumelle ayant toujours été trop fière pour ça, mais c’était à croire qu’elle ne parvenait vraiment plus à se contrôler ces derniers jours.

« C'est pas à moi que tu devrais dire tout ça... ». Le regard posé sur sa jumelle, Loan ne prononça plus un seul mot, lui laissant le temps de parler à son tour. A ses yeux, c’était bien à elle qu’elle devait le dire parce qu’elle aussi avait le droit de l’entendre s’excuser pour tout ce qu’elle lui avait fait subir depuis leur enfance et surtout ce qu’elle lui avait fait endurer involontairement en jouant avec le feu une fois sa relation avec Caleb lancée. « Des excuses ne changent pas grand-chose... Nolan est toujours là, la situation est toujours la même, et moi... ». A son tour, Loan baissa les yeux. Elle savait que Salem lui en voulait énormément concernant son choix par rapport à l’abandon de Nolan et même si elle comprenait parfaitement le point de vue de sa sœur, ça ne l’empêchait pas d’avoir mal à chaque fois qu’elle se répétait que le choix de sa jumelle ne s’était pas porté vers elle montrant combien elles pouvaient être éloignées l’une de l’autre. « Moi, je n'attends pas d'excuses de ta part. J'attends des actes, j'attends... que tu prennes tes responsabilités. Enfin. ». La philippine redressa doucement la tête et garda son regard ancré dans celui de Salem, laissant quelques minutes de silence s’écouler entre elles avant de se redresser dans son fauteuil sans dévier son regard.

« Tu n’as pas parlé avec Caleb récemment ? ». Question purement rhétorique étant donné que si ça avait été le cas sa sœur ne lui aurait sans doute pas dit les mots qu’elle venait de prononcer. La jeune femme massa rapidement le bas de son visage et poussa un long soupire tout en s’humectant les lèvres. « J’essaye de grandir … j’essaye de changer et de m’améliorer. J’ai promis à Caleb de passer du temps avec Nolan et c’est ce que j’ai commencé à faire. » avoua-t-elle en déviant de nouveau son regard. Elle n’avait pas honte de ça, mais honte de ce qu’elle allait dire, de ce qui allait suivre. « Mais je continue à croire qu’il aurait été mieux sans moi. Même si je fais des efforts, même si je m’améliore je ne serais jamais une mère parfaite pour lui … si je reviens en un morceau. ». Le regard posé en direction de son bureau, Loan préféra ne pas le relever craignant ce qu’elle allait lui dans celui de Salem. Elle voulait sincèrement faire des efforts, elle tenait à s’améliorer, à connaitre son fils, à se rapprocher de sa sœur, à se faire pardonner auprès de Caleb et se moquer éperdument de l’avis de son père, mais la jeune femme savait que ça ne se ferait pas en un jour et qu’elle continuerait de faire des erreurs.

so pour ma défense j'étais en géo quand je l'ai fais avec un prof qui fait tout sauf de la géo et qui nous a sorti que les Calvinistes étaient protestants ... juste au cas où on les aurait imaginé catholiques Auré est 'témoin' so désolée pour cette chose

Elle avait pour habitude de savoir que son « frère » et sa sœur se parlaient assez régulièrement, tout du moins pour les choses importantes. Ils avaient toujours été assez proches, plus rapidement que Loan n’avait pu l’être de Caleb tant elle avait pu le haïr et se méfier de lui dans les premiers temps. Salem avait toujours fait comprendre de manière implicite ou explicite à sa sœur de quel côté elle était lorsqu’elle avait commis l’irréparable et à ses yeux sa jumelle prendrait toujours le partie de leur « frère » expliquant la surprise qui l’avait gagné lorsqu’elle avait supposé que Caleb avait prévenu Salem alors qu’il n’en était rien. « Non, pas vraiment. J'ai eu beaucoup de préoccupations ces derniers temps, et pas vraiment envie qu'il soit impliqué là-dedans. ». La philippine arqua un sourcil. Elle était bien curieuse de savoir ce que sa jumelle sous-entendait par là, néanmoins elle doutait que le moment soit bien choisi pour dévier une nouvelle fois la conversation et ainsi risquer de lui donner l’impression d’éviter de prendre ses responsabilités.

Si elle avait décidé de grandir comme elle lui avait si bien dit elle se devait d’éviter de se mêler des affaires des autres tant que ses propres problèmes n’étaient pas tout d’abord résolus. Toutefois, Salem restait sa sœur jumelle et malgré les différents que toutes les deux pouvaient avoir, Loan était bien incapable de faire taire l’inquiétude qui la gagnait et lutta contre cette dernière pour garder ses questions pour elle. « Personne ne t'a jamais demandé d'être une mère parfaite, Loan... ». Si son regard avait une nouvelle fois dévié vers un endroit de la pièce, la jeune femme ne tarda pas à se reprendre pour croiser les yeux de Salem sans dire le moindre mot. La philippine se contenta seulement de pincer ses lèvres signe qu’elle n’arrivait tout de même pas à se voir comme une mère bien qu’elle se soit décidée à faire l’effort d’essayer, pas pour elle mais bien pour Nolan parce qu’après tout elle devait bien ça à son fils. « Juste d'être la mère de ton fils. Et je suis certaine que tu reviendras. Les Duke ne tombent pas au combat. ». Le regard toujours ancré dans celui de sa sœur, Loan opina du chef toujours en silence. Elle réfléchissait … elle pensait à ce que son avenir allait être – et était – et au fait qu’il était loin d’être celui qu’elle avait imaginé petite.

Tout était si rose à cette époque et elle était entrée dans le monde des adultes, un monde dans lequel ses erreurs finissaient par avoir bien plus d’impacts que lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Loan s’enfonça dans son fauteuil sans pour autant détourner le regard. Quant à revenir en un seul morceau, contrairement à sa jumelle elle avait quelques doutes à ce sujet. « Malheureusement, j’ai la malchance de ne pas être une Duke comme les autres … mais si je dois revenir ça ne sera pas pour l’honneur de notre famille. ». Pour dire vrai, plus le temps passait et moins ça avait de l’importance à ses yeux même si ça ne signifiait pas qu’elle se moquait de sa famille. Loan était qui elle était et elle avait enfin pris conscience que le fait de suivre les pas de son père et de tenter de rendre fier Richard n’était pas ce qui allait l’aider à s’en sortir et que, au contraire, c’était ce qui depuis toujours la tirait vers le fond du trou. Un soupire s’échappa de ses narines, le seul point positif dans cette conversation – hormis le fait que Salem lui parlait – était qu’elle avait arrêté de pleurer. « Promets-moi de faire attention à eux et à toi pendant mon absence … j’aimerais continuer d’avoir un semblant de famille à mon retour. ».