OLIVIA & ARIZONA ❝ il faut se réveiller ❞

La nouvelle était tombée … ou peut-être était-ce elle sous le choc ? Elle n’en savait trop rien, elle avait simplement fait obstruction du reste pour se répéter la terrible nouvelle dans sa tête encore et encore. Il était mort … comme ça, aussi simplement que ça. Une nouvelle fois elle venait de perdre un proche, un ami qu’elle appréciait et qu’elle avait soutenu encore quelques mois auparavant et à présent il n’était plus. Elle avait dû mal à encaisser cette nouvelle mort dans sa vie et pourtant elle savait qu’elle ne devait pas être la pire. Ses pensées avaient rapidement tourné autour de sa meilleure amie, autour d’Olivia qui en plus d’avoir perdu si brusquement son petit ami avait également perdu le père de sa fille. Quoi qu’elle fasse, elle passait ses journées à y penser. Elle n’arrivait pas à se focaliser sur ses patients même si ces derniers ne remarquaient rien. Pourquoi la mort semblait-elle vouloir s’acharner sur autant de monde en ce moment ? Qu’est-ce que l’être humain avait bien pu faire pour mériter autant de souffrance, autant de pertes, autant de morts ? Timothy avait été son ami, l’un de ceux qu’elle aimait taquiner et à qui elle parlait librement.

C’était son ami et il était mort en laissant derrière lui bien des personnes qui allaient souffrir. Son emploi du temps au Lenox Hill ne lui donnait pas tellement le temps d’aller s’assurer qu’Olivia allait bien, mais elle pensait à elle tous les jours et le fait que la jeune anglaise ne réponde pas aux coups de téléphone qu’elle pouvait lui passer lui donnait déjà un avant-goût de l’état dans lequel elle devait se trouver. C’était à l’hôpital qu’elle avait appris la nouvelle lorsqu’elle était revenue un matin et qu’elle avait vu deux de ses collègues qui n’osaient pas la regarder dans les yeux. Immédiatement elle avait senti que quelque chose n’allait pas et son inquiétude elle ne l’avait pas fait taire bien longtemps. La question avait franchi la barrière de ses lèvres bien rapidement et elle s’était attendue au pire, ce qui avait été le cas. Le reste l’australienne ne s’en souvenait pas tellement. Tout était flou dans son esprit. Arizona se souvenait juste avoir senti ses forces la quitter et ses jambes avaient cessé de la porter. Elle n’avait pas besoin de choc émotionnel en plus, la plupart des résidents de son année le savaient, les médecins également.

Elle était fragile depuis sa sortie du coma, bien plus que ce qu’elle pouvait laisser voir et cette nouvelle aurait pu la détruire si elle n’avait pas pensé tout de suite à Olivia. La jeune femme avait été en état de choc durant deux jours, le temps d’assimiler l’information, le temps de se remettre du fait qu’elle venait de perdre un ami puis elle avait fait comme toujours, elle s’était efforcée d’avancer en encaissant. Sa journée, elle l’avait passé comme les autres à travailler, à s’occuper de ses jeunes patients sans se plaindre de n’avoir aucune opération à effectuer. Arizona s’était fait à la décision du chef. Elle devait pratiquer le moins possible et se contenter des visites auprès de ses patients tant que la mémoire ne lui serait pas revenue et maintenant qu’elle était de nouveau chamboulée, la jeune femme était loin d’être d’humeur à grogner. Elle fit juste en sorte que le temps passe vite et avait quasiment couru en direction des vestiaires pour se changer lorsque l’heure de partir était arrivée. Il était hors de question qu’elle rentre chez elle. Olivia ne décrochait peut-être pas le téléphone, mais elle ne pourrait pas refuser de lui ouvrir la porte alors que l’australienne savait parfaitement harceler lorsqu’il le fallait.

Ainsi, au lieu de rejoindre Carnegie Hill, ce fut vers Park Avenue qu’elle se rendit, à l’adresse exacte de la jeune anglais et une fois devant sa porte elle n’éprouva aucune honte à sonner à plusieurs reprises sans laisser un instant de répit à la locataire. Lorsque la porte s’ouvrit, elle fit face au regard noir de sa meilleure amie qui tentait tant bien que mal de calmer le bébé qu’elle tenait dans ses bras, mais Arizona ne fit pas attention même si elle s’en voulait tout de même de l’avoir fait pleurer. « Liv ne me regarde pas comme ça, je n’aurais pas eu à insister si tu avais daigné décrocher le téléphone. », dit-elle en soupirant, ses bras se croisant contre sa poitrine sans quitter sa meilleure amie des yeux. « Je peux entrer ? ». A vrai dire Arizona ne comptait pas lui laisser le choix, mais elle préférait tout de même le lui demander. Elle regrettait de ne pas être venue plus tôt et elle n’avait probablement aucune excuse suffisante pour la jeune femme, mais elle était sa meilleure amie, une personne à qui elle tenait plus que tout et qu’elle considérait presque être de sa famille, il était hors de question qu’elle la laisse seule maintenant qu’elle était devant Olivia.

Son inquiétude vis-à-vis de sa meilleure amie ne se dissipa pas lorsque cette dernière ouvrit la porte, ce fut plutôt le contraire mais elle ne fit aucune remarque. Elle s’en voulait de ne pas avoir pris de ses nouvelles auparavant. Elle s’en voulait de ne pas être venue la voir plus tôt et même si elle-même avait sa propre vie à gérer ainsi que ses propres problèmes, ce n’était pas une excuse valable à ses yeux. L’australienne avait toujours fait de son mieux pour être là pour ses proches, que ces derniers soient de sa famille ou non et avec Olivia elle avait quelque peu la sensation d’avoir échoué. La jeune anglaise avait été dans le coma et elle se souvenait parfaitement de la peur qui lui avait retourné l’estomac lorsqu’elle l’avait appris. Ses gardes lui avaient permis d’aller voir la jeune femme à plusieurs reprises, de voir Timothy également et de tâcher de remonter le moral du jeune homme comme elle l’avait pu même s’il n’y avait rien de plus difficile. Elle avait ensuite appris que son amie s’était réveillée, qu’elle était hors de danger et Arizona avait naïvement cru que les choses allaient définitivement s’arranger pour eux deux, qu’ils avaient traversé assez d’épreuves comme ça sans avoir besoin d’en connaitre de nouvelles.

Comme beaucoup, la résidente était tombée de bien haut lorsqu’elle avait eu connaissance de la mort de Timothy et elle avait encore bien du mal à se remettre du fait d’avoir perdu un ami alors elle ne préférait même pas imaginer la douleur qui avait pu s’insinuer dans le cœur de sa meilleure amie. Elle aurait dû venir plus tôt. Elle aurait dû s’assurer dès qu’elle avait su qu’Olivia allait bien, mais elle ne l’avait pas fait et cette journée allait être sa tentative de se rattraper auprès de la jeune mère. La froideur à laquelle elle fit face lorsqu’Olivia lui ouvrit la porte ne parvint même pas à la surprendre. Elle devait être vidée, à la fois fatiguée par sa fille qui était encore si petite et détruite par la disparition du père de l’enfant. Toutefois, Arizona ne comptait pas baisser les bras, elle n’allait pas laisser Olivia dans cet état plus longtemps même si elle ne pouvait pas être certaine d’être celle qui allait parvenir à l’aider à sortir de sa léthargie. Malgré son silence et à la colère qui l’avait envahi du fait qu’elle ait probablement réveillé Jade, Olivia la laissa tout de même entrer chez elle ce qui pour l’australienne était tout de même un bon pas en avant. Ne prononçant pas le moindre mot une fois dans l’appartement, Arizona rejoignit simplement le salon où elle prit place et regarda l’anglaise se diriger vers la cuisine afin de faire chauffer de l’eau pour un probable thé qu’Arizona doutait d’être capable d’avaler.

Le thé était une boisson qu’elle n’aimait que très peu et qui remplaçait le café uniquement lorsqu’elle n’avait pas le droit de boire ce dernier comme ces derniers temps. Olivia revenue dans le salon, elle s’assit en face d’elle mais aucun son ne sortit de sa bouche et Arizona fut forcée de comprendre que c’était à elle de faire le premier pas et que sa meilleure amie ne comptait pas se lancer. La jeune femme s’enfonça un peu plus dans le canapé et soupira tout en croisant les bras contre sa poitrine, son regard ne quittant pas son amie une seule seconde. « Je te demanderais bien si tu tiens le coup, mais je crois que j’ai ma réponse. ». Il n’y avait qu’à voir l’état de mutisme dans lequel la jeune anglaise semblait s’être enfermée pour comprendre qu’elle n’allait pas bien ce qui était parfaitement normal d’ailleurs. « Liv … pourquoi tu n’as pas décroché ? Pourquoi est-ce que tu n’es pas venue me voir ? Tu sais pourtant que j’aurais tout fait pour t’aider même si ça comprend ne pas parler … ». Ses sourcils se froncèrent face à l’incompréhension qui la gagnait. Elle pensait qu’elles étaient assez proches pour qu’Olivia ait au moins conscience de ce fait mais elle n’avait pas appelé. Elle n’avait même pas dénié décrocher à chaque fois qu’Arizona avait essayé de la joindre et même si elle comprenait parfaitement sa période de deuil pour être elle-même passée par là, elle pensait que son amie aurait au moins donné un tant soit peu de ses nouvelles pour que l’australienne ne s’inquiète pas autant.